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Tri de vos biodéchets obligatoire : mieux comprendre la loi
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Publié le 03.05.2024 à 09:30
Tri de vos biodéchets obligatoire : mieux comprendre la loi
Simon Verdiere
Depuis le 1er janvier 2024, le tri des déchets organiques ou « biodéchets » est devenu obligatoire dans toute l’Union Européenne, échéance fixée par une directive adoptée en 2018. Qu’implique cette nouvelle et en quoi cela vous concerne-t-il ?
C’est une bonne nouvelle pour la planète puisque les biodéchets sont extrêmement nocifs pour l’environnement s’ils sont traités avec les déchets résiduels, que cela soit par incinération ou par enfouissement. À l’inverse, les biodéchets peuvent être valorisés en compost ou en énergie renouvelable lorsqu’ils sont triés.
Dans certains pays d’Europe, les biodéchets étaient déjà collectés efficacement depuis plusieurs années mais pour d’autres, comme la France, la mise en place de cette collecte était jusque-là plus lente et laborieuse.
Dégâts environnementaux des déchets organiques
@WikimediaCommonsLa législation européenne prévoit qu’au plus tard pour le 31 décembre 2023, les biodéchets, entendus comme tous les déchets organiques, de cuisine ou de jardin, doivent être « soit triés et recyclés à la source, soit collectés séparément et non mélangés avec d’autres types de déchets » (Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets).
Pour cause : les déchets organiques peuvent être extrêmement polluants s’ils ne sont pas traités à part. Or, en Europe, ceux-ci composent en moyenne un tiers des déchets résiduels, à savoir de tous les déchets ménagers non-triés.
Cette pollution est inévitable peu importe le mode de traitement en aval. Sans tri à la source, les déchets organiques sont mélangés aux déchets résiduels qui sont soit brûlés dans des incinérateurs, soit enfouis via des systèmes de décharge.
Par décomposition, par fermentation dans les décharges à ciel ouvert ou encore par incinération, les déchets organiques dégagent du « biogaz », principalement composé de méthane, qui pollue l’atmosphère s’il n’est pas capturé. Ce gaz aurait un potentiel d’effet de serre entre 25 fois à 30 fois plus élevé que le CO2.
Par enfouissement, en plus de dégager du méthane en se décomposant, les déchets organiques mélangés aux eaux de pluie produisent un jus appelé le lixiviat. Théoriquement, les décharges sont protégées par des barrières actives (bâches imperméables) et passives (couches argileuses) qui visent à assurer leur étanchéité. Pourtant, dans les faits, les risques de fuite sont très nombreux. Or, ce jus de décharge est très toxique, chargé en nitrates et métaux lourds, et vient polluer fortement les sols et les nappes phréatiques.
Le traitement des biodéchets par nos modes de traitement traditionnels est donc extrêmement nocif pour l’environnement, tant pour l’atmosphère que pour les sols.
Comment sont traités les biodéchets triés ?
@PexelsEn plus d’éviter des émissions de gaz à effet de serre en les triant séparément, les biodéchets peuvent être valorisés en engrais pour l’agriculture ou en énergie. Cela peut s’organiser de deux façons : le compostage et la biométhanisation.
Les déchets alimentaires sont trop souvent gaspillés en étant jetés alors qu’ils constituent une source importante d’engrais naturel. Le compostage, malheureusement délaissé depuis le 20ème siècle avec la naissance de l’agro-industrie et l’utilisation accrue d’engrais chimiques, est une manière courante de les valoriser. Les déchets organiques, en se décomposant, se transforment en fertilisant naturel pour les sols.
Le compostage peut être de proximité, à savoir domestique (directement dans les ménages) ou collectif (points de collecte par localités), ou industriel. Ce dernier se déroule dans des sites de compostage à grande échelle qui traitent des tonnes de biodéchets par an, collectés et acheminés depuis plusieurs localités. Le compostage de proximité, lui, présente l’avantage d’éviter les émissions de carbone liées au transport.
Comme expliqué plus haut, les déchets organiques émettent de grandes quantités de méthane en se décomposant. C’est pourquoi une autre manière de les valoriser consiste à capturer ce gaz afin d’en faire de l’énergie, plus précisément du gaz naturel renouvelable, par le processus de biométhanisation. Cette méthode consiste à faire dégrader les déchets organiques en l’absence d’oxygène dans des unités de biométhanisation. Cette décomposition va générer du biogaz, composé principalement de méthane et de CO2, permettant ainsi la production d’électricité et de chaleur qui vont alimenter différents réseaux.
Après fermentation, la matière organique qui n’a pas été transformée au terme du processus, appelée le « digestat », peut elle-aussi servir de fertilisant pour les sols.
L’utilisation de la méthode de valorisation après collecte des biodéchets dépend de chaque collectivité et des disponibilités d’unités de biométhanisation ou sites de compostage dans la région.
Malgré tout, derrière l’entrain que peut susciter cette solution, entre accaparement des terres, pollution des sols et des eaux, incidents explosifs et promotion de l’agro-industrie, de nombreuses zones d’ombre persistent dans le domaine. Une réalité qui n’occulte pas l’importance de faire évoluer nos comportements de société, mais qui doivent encourager à résister contre l’instrumentalisation industrielle des avancées écologiques.
Une collecte qui s’organise déjà depuis plusieurs années
@PixabayLa législation européenne impose donc un tri effectif de tous les biodéchets au 30 décembre 2023. Certains pays n’ont pas attendu l’échéance de l’Union Européenne pour commencer le tri.
La ville de Milan est un exemple en la matière. Dès 2012, un ramassage des déchets alimentaires en porte-à-porte a été instauré dans plusieurs quartiers avant d’être déployé dans toute la ville. En parallèle, une grande campagne de sensibilisation et d’information a été mise en œuvre pour assurer la participation de tous les habitants. Les résultats ont été visibles rapidement : de 2011 à 2015, la quantité de déchets alimentaires collectée par habitant est passée de 28kg à 95kg par an.
« 87% des déchets organiques de la ville et son agglomération sont triés par an ».
Aujourd’hui, la collecte est organisée deux fois par semaine pour les ménages et presque tous les jours pour les hôtels et restaurants, pour éviter les odeurs et autres désagréments. Cette collecte régulière participe à son succès : 87% des déchets organiques de la ville et son agglomération, à savoir 140.000 tonnes de biodéchets, sont triés par an.
L’Autriche fait également figure d’exemple avec une interdiction de mettre en décharge des déchets organiques actée depuis 2009. Le pays applique un principe de proximité en encourageant au maximum le compostage domestique et le compostage agricole décentralisé – donc à la ferme même. Quant aux ménages pour lesquels cela n’est pas possible, une collecte séparée en porte-à-porte est organisée dans tout le pays, et des points de collecte ont aussi été installés. Ces efforts dans la collecte des biodéchets ont permis au pays de récolter séparément près de 80% des biodéchets produits en 2022.
En Belgique, à Bruxelles, les déchets verts sont collectés séparément depuis 2012. Les déchets alimentaires sont quant à eux récoltés via des sacs oranges depuis 2017 sur base volontaire. Cette récolte est devenue obligatoire en mai 2023. Ces déchets collectés chaque semaine permettent d’alimenter une usine de biométhanisation en Flandres, à Ypres.
Si ces cas font figure d’exemples, ils n’atteignent pas non plus encore 100% de leurs déchets organiques collectés en marge des déchets ménagers résiduels. Cela démontre le travail de sensibilisation qu’il reste encore à fournir même dans des villes déjà bien avancées dans leur tri.
Pas encore gagné partout
@jokevanderleij8/PixabayMalheureusement, les cas présentés ci-dessus représentent plutôt des exceptions. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, en 2022, seuls 9 pays membres étaient en bonne voie pour remplir l’objectif d’atteindre au minimum 55 % de préparation en vue du réemploi et de recyclage de déchets ménagers, dont les biodéchets représentent un enjeu majeur.
En France, le tri à la source des biodéchets était déjà prévu depuis 2015 dans la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte et prévoyait sa généralisation pour 2025. Après l’adoption de la directive européenne, cette date de généralisation a été avancée à 2024. Cela faisait donc déjà 8 ans que les autorités locales étaient au courant que le tri des biodéchets devait être mis en vigueur. Et pourtant… En 2019, ce n’étaient encore que 6% des collectivités qui avaient mis en œuvre des modalités de collecte de biodéchets.
Depuis le 1er janvier 2024, malgré l’obligation pour les collectivités de proposer des solutions de collecte, le tri n’est pas encore respecté partout. Certaines municipalités ne proposent rien du tout, d’autres se contentent d’installer quelques composteurs pour toute une ville et s’estiment dès lors conformes à loi. Une problématique soulignée par l’ONG Zero Waste France, pour qui la loi n’est pas assez précise et stricte dans ses obligations.
Ces derniers militent pour que les autorités adoptent un décret d’application de la loi définissant des critères plus restrictifs, comme l’obligation de fournir suffisamment de points de collecte volontaires à maximum 100 mètres pour chaque habitant, ainsi que des sanctions en cas de non-respect de ces règles.
Enfin, l’ONG souligne avant tout l’importance de la sensibilisation des citoyens et citoyennes, pour les encourager à changer leurs habitudes et adhérer au tri des déchets organiques. À cette fin, elle encourage l’augmentation de moyens humains et financiers pour atteindre l’objectif de collecter séparément tous les déchets organiques du territoire.
Beaucoup d’efforts vont devoir être fournis dans les 18 pays membres restants qui sont encore loin des objectifs fixés par l’Union Européenne, alors que ces objectifs ne sont eux-mêmes pourtant pas encore assez restrictifs pour limiter complètement les dégâts des biodéchets sur l’environnement.
En résumé
Les conséquences environnementales causées par l’absence de traitement des biodéchets sont encore assez peu connues de l’opinion publique et pourtant si importantes. La directive obligeant les pays membres de l’Union Européenne à trier les biodéchets à la source est une avancée visant à réduire l’impact de ces déchets sur les émissions de gaz à effet de serre.
De nombreuses collectivités et citoyens doivent pourtant encore y adhérer, et cela devra passer par une sensibilisation sur l’importance de trier ses biodéchets et, surtout et avant tout, de les réduire autant que possible et d’en finir avec le gaspillage alimentaire.
– Delphine de H.
Sources :
« Milan, Francfort, Brastislava, Séoul : le tri des biodéchets a ses pionniers », RTBF, 20/11/2023https://www.rtbf.be/article/milan-francfort-brastislava-seoul-le-tri-des-biodechets-a-ses-pionniers-11289275
« Réduire et trier les biodéchets », Zéro Waste France, https://www.zerowastefrance.org/demarche-zero-waste/composter-et-trier-les-biodechets/
« Biodéchets : définir clairement les conditions de leur tri à la source », Zero Waste France, https://www.zerowastefrance.org/biodechets-definir-clairement-les-conditions-de-leur-tri-a-la-source/
Image d’entête @melGreenFR/Pixabay
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5 façons d’utiliser l’ortie, plante aux multiples vertus
Simon Verdiere
Souvent considérée comme nuisible en raison de ses propriétés urticantes, l’ortie a pourtant de nombreuses vertus. Disposant de caractéristiques nutritionnelles utiles, la plante est aussi connue pour ses qualités médicinales. Dans le jardin, elle est, par ailleurs, une alliée précieuse puisqu’elle peut servir à la fois de fertilisant et de protection pour les cultures. Plus surprenant, elle permet même de faire des vêtements. Enfin, elle favorise la préservation de la biodiversité. Portrait d’une herbe sous-estimée.
Si l’ortie (nom scient. Urtica, famille Urticacées) si mauvaise réputation, c’est sans aucun doute parce qu’elle « pique ». La plante est en effet recouverte de poils urticants qui se fichent dans la peau et libèrent une substance riche en acides lorsqu’on la touche. Toutefois, malgré cet inconvénient, elle est loin d’être sans intérêt. Voici cinq raisons de se pencher sur ce végétal étonnant.
1. Un aliment de premier choix
«Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard ».
De prime abord, il ne nous viendrait donc sans doute pas à l’idée de manger une plante urticante. Et pourtant, une fois plongée dans l’eau bouillante, elle perd tout pouvoir de nuisance. Il est aussi possible de la faire sécher plusieurs jours pour arriver au même résultat.
On peut ensuite l’utiliser de nombreuses manières. Elle était d’ailleurs très prisée depuis la préhistoire et a sauvé bon nombre de personnes de la famine : «Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard. Il y a peu encore, elle était vendue sur les étals des marchés comme l’oseille et le cresson », explique Jean-François Astier, auteur de L’Ortie, une panacée oubliée, à APEI-Actualités. Mais avec l’intensification de l’urbanisation et l’accès facilité à la nourriture, la consommation de cette plante sauvage a cependant été largement oubliée par la majorité de la population.
Pourtant, il existe beaucoup de recettes pour préparer ce mets abandonné. La plus connue est sans doute la soupe, mais il est possible de la manger aussi bien crue que cuite, en salade, en quiche, en pesto, en tourte, en jus, en infusion, en cake, etc.
D’un point de vue nutritionnel, les orties sont en outre extrêmement intéressantes. Particulièrement riches en protéines, elles ont ainsi une forte teneur en vitamine C, fer, minéraux, silicium et antioxydants.
2. Une plante médicinale
Si les orties représentent déjà un atout pour la santé au niveau de l’alimentation, elles sont également connues pour soigner certains petits maux dans une certaine mesure. Elles sont par exemple très bonnes pour les reins et la vessie puisqu’elles ont des facultés diurétiques (qui favorise la production d’urine).
Associée à l’argile verte en cataplasme, elle permet aussi de soulager l’arthrite, les rhumatismes et les douleurs articulaires. Elle peut de même être utilisée contre l’acné, des aphtes, des gingivites ou encore pour la stimulation du lait maternel.
3. Fertiliser et protéger le jardin
Souvent coupée pour éviter les irritations dans le jardin, l’ortie n’est malheureusement que rarement utilisée a posteriori. Pourtant, en plus de pouvoir être consommée par l’être humain, elle peut aussi être recyclée dans le potager avec un intérêt particulier.
Il est en effet très facile de fabriquer un purin d’ortie, comme l’expliquait la journaliste spécialisée du Monde Nathalie Guellier. Il faut pour cela faire macérer de jeunes pousses non montées en graines avec de l’eau. Pour un kilogramme de plantes, dix litres d’eau sont nécessaires.
Le temps d’imprégnation dépend ensuite de l’usage souhaité du purin. Pour protéger ses cultures des insectes et des champignons, 48 h de trempage sont suffisantes. En revanche, si l’on veut faire de l’engrais, une quinzaine de jours sont indispensables et la mixture ne doit plus faire de bulles lorsque l’on remue.
Restera enfin dans tous les cas à filtrer le mélange pour ne garder que la partie liquide qui sera une précieuse alliée pour le jardin. Il faut, pour finir, noter que l’ortie peut également représenter un merveilleux activateur de compost.
4. Faire des vêtements
Difficile d’y croire, et pourtant, il existe bel et bien des vêtements réalisés à base de fibres d’orties. Ici, ce ne sont pas les feuilles qui sont utilisées, mais bien les tiges. À l’instar du chanvre ou de la jute, la fibre d’ortie possède des propriétés thermorégulatrices. Elle permet ainsi de conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été.
Légère et résistante, elle a aussi des qualités antibactériennes. En outre, elle dispose d’une bonne élasticité ce qui en fait un vêtement confortable à porter. Enfin, cette technique représente évidemment une alternative intéressante à la culture de coton et aux textiles synthétiques qui nuisent à la planète.
Contrairement à beaucoup d’autres plantes très gourmandes en eau et en pesticides, les orties ne demandent elles pratiquement aucun entretien et poussent très facilement. Elles ont également l’avantage de pouvoir être récoltées en France métropolitaine et peuvent donc être produites au niveau local.
5. Préserve la biodiversité
Reste aussi de bonnes raisons de tout simplement laisser les orties prospérer y compris dans nos jardins. En effet, la plante favorise grandement la biodiversité. Elle permet d’abord d’assainir les sols en consommant les excédents de phosphate et de nitrate présents dans la terre. Un facteur qui aide évidemment la vie souterraine à mieux se développer.
De nombreuses espèces prolifèrent également dans les orties : papillons, coccinelles, punaises ou araignées. De multiples insectes butineurs y pondent d’ailleurs leurs œufs. Cette faune sert, en outre, d’alimentation à d’autres animaux comme les oiseaux ou les mammifères.
On l’aura compris, les usages de l’ortie sont donc abondants, aussi bien pour l’être humain que pour le reste de la nature. De quoi réfléchir à deux fois avant de les considérer comme une simple « mauvaise herbe » et de bêtement s’en débarrasser.
– Simon Verdière
Image d’entête @MabelAmber/Pixabay
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Les phtalates responsables d’1 naissance prématurée sur 10
Simon Verdiere
Une nouvelle étude alerte sur les risques de prématurité « effrayants » liés à l’exposition des phtalates. Ces perturbateurs endocriniens et métaboliques seraient responsables d’une naissance prématurée sur dix aux Etats-Unis. Utilisées pour assouplir certains plastiques ou améliorer l’odeur de produits cosmétiques, ces substances chimiques ont envahi notre environnement. Pour lutter contre un tel fléau sanitaire, les scientifiques réclament une limitation des usages.
Jouets, cosmétiques, peintures, emballages alimentaires ou encore châssis en PVC… Les phtalates ont littéralement envahis notre quotidien depuis quelques dizaines d’années. Ces produits chimiques utilisés à grande échelle au niveau industriel sont en effet relégués dans l’environnement et peuvent ainsi pénétrer le corps humain par ingestion, inhalation ou absorption cutanée. En 2014, une étude menée sur le continent américain suggérait déjà que 98% de la population totale des Etats-Unis étaient contaminées par des métabolites de phtalates DEHP et DiNP.
Les jouets en plastique ont été régulièrement épinglés pour leur teneur élevée en phtalates. Depuis, la règlementation européenne vise à réduire leur contamination. – PixabayUne contamination à grande échelle
« Une fois dans le corps, les phtalates sont rapidement métabolisés et excrétés dans l’urine et les fèces, de sorte que la moitié des phtalates sont éliminés du corps en moins de 24h après y avoir pénétré », explique Dr Martin Juneau, cardiologue et directeur de l’Observatoire de la prévention de l’Institut de Cardiologie de Montréal.
« Malgré cette élimination rapide, la population est exposée en permanence aux phtalates puisque ces produits sont présents dans des produits de consommation utilisés pratiquement tous les jours ».
L’état actuel de la science reconnait les dangers d’une telle exposition. En effet, les phtalates sont des perturbateurs endocriniens et métaboliques avérés, associés à de nombreux risques pour la santé et en particulier chez les enfants. « Dans une analyse de l’ensemble des études sur l’impact de l’exposition aux phtalates sur la santé humaine, les auteurs ont trouvé des preuves solides d’associations défavorables pour le neuro-développement, la qualité du sperme, et le risque d’asthme chez l’enfant », détaille le médecin. Des associations entre l’exposition aux phtalates et l’incidence du diabète de type 2, l’endométriose, le TDAH, des cancers du sein et de l’utérus ont de plus été identifiés avec un niveau de preuve modéré.
Un risque de naissance prématuré dangereusement accru
Une nouvelle étude menée par le Dr Leonardo Trasande, du centre médical Langone de l’Université de New York, révèle l’effet des phtalates sur les risques d’une naissance prématurée. Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont analysé le niveau de phtalates présent dans l’urine de plus de 5 000 femmes enceintes aux États-Unis. Les résultats laissent sans voix : les 10% de femmes présentant les taux les plus élevés de phtalates avaient un risque accru de 50% d’accouchement prématuré – défini par une gestation inférieure à 37 semaines – par rapport aux 10% avec les taux les plus faibles. Bien sûr, d’autres facteurs sont également responsables d’un accouchement prématuré, « comme l’âge de la mère, des soins prénatals inadéquats, un faible statut socio-économique et la pré-éclampsie », expliquent les auteurs de l’étude.
Pour autant, « une classe de produits chimiques synthétiques, comme les phtalates qui sont utilisés dans les produits de soins personnels et les emballages alimentaires, induisent non seulement une inflammation et un stress oxydatif mais sont aussi des perturbateurs endocriniens, avec divers degrés d’effets œstrogéniques et anti-androgènes », relève Dr Leonardo Trasande.
Les effets des phtalates sur les femmes enceintes seraient particulièrement nocifs et, dans certains cas, pourraient provoqué des accouchements prématurés. – PixabayEn extrapolant ces données à l’ensemble du pays, les chercheurs estiment que près de 56.600 naissances prématurées pourraient être liées à l’exposition aux phtalates en 2018, soit environ 10% des naissances prématurées cette année-là. Au vu de l’omniprésence de ces substances à travers le monde, les scientifiques estiment que 5 à 10% des naissances prématurées dans la plupart des autres pays pourraient également être liées aux phtalates.
La réglementation actuelle reste insuffisante
Conscients en partie des risques pour la santé générés par la présence de ces produits chimiques dans notre environnement, les autorités publiques tentent de réguler leur utilisation. « Par exemple, l’utilisation de certains phtalates dans les jouets destinés aux très jeunes enfants a été interdite, puisque ces derniers mâchouillent et sucent leurs jouets. Dans les produits cosmétiques, l’utilisation du DEHP, le phtalate le plus problématique pour la santé, est interdite en Europe et au Canada », détaille Dr Martin Juneau.
Malgré ces efforts, les industriels restent friands de ces composés à moindre coût et aux propriétés intéressantes. Ils n’hésitent dès lors pas à remplacer le DEHP par d’autres substances de la même classe, comme le DINP et le DIDP. À New-York, les scientifiques suggèrent que ces remplaçants s’avèrent parfois pires que la molécule originale et cumulent des effets « effrayants » : « les schémas d’association suggèrent que le remplacement du DEHP est à l’origine de l’augmentation des naissances prématurées. Cette découverte est très préoccupante car le DiNP et le DiDP remplacent le DEHP dans les emballages alimentaires », explique Dr Leonardo Trasande.
Limiter la propagation des phtalates pour contenir les risques
Pour éviter au maximum leur contamination, les chercheurs demandent que l’utilisation des phtalates soit soumise à une réglementation plus stricte. « Cette découverte met en lumière les conséquences néfastes de la substitution du DEHP par des phtalates chimiquement similaires et la nécessité de réglementer les produits chimiques ayant des propriétés analogues en tant que classe », reprend le principal auteur de l’étude.
En tant que consommateur, quelques mises en garde s’imposent : consommez autant que possible des aliments bruts et limiter au minimum la nourriture provenant de restaurants de type fast-food ; en cuisine, utilisez des ustensiles et des contenants en verre, porcelaine, acier inoxydable ou en bois plutôt qu’en plastique ; pour les autres produits de consommation comme les cosmétiques ou soins corporels (pâte dentifrice, shampoings, etc.), veillez à lire attentivement la liste des ingrédients ; enfin, de manière générale, privilégiez les produits naturels et qui contiennent peu d’ingrédients.
– Lou A.
Photo de couverture de Christian Bowen sur Unsplash
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Dans l’Oise, ce lieu collectif est une utopie écologique devenue réalité
Simon Verdiere
À une heure de Lille et Paris, au carrefour des vallées de l’Aisne et de l’Oise, se trouve un tiers-lieu d’innovations rurales engagé pour l’agroécologie, la transition énergétique et le vivre ensemble : « l’Hermitage ». Focus sur un lieu où la ruralité s’inscrit dans une volonté de changer de paradigme.
Crise écologique, effondrements, prise de conscience collective, remise en question individuelle, les raisons sont nombreuses pour vouloir faire un changement de cap radical… Ces dix dernières années ont été marquées par un grand retour au rural. Ce changement de paradigme a pris de l’ampleur pendant la crise sanitaire Covid-19. Pour beaucoup de personnes ce choix de revenir à la campagne est motivé par des convictions sociales et écologiques. Un nouveau cadre de vie qui est propice à créer et vivre collectivement, à l’encontre de la philosophie individualiste d’une société industrielle hors-sol.
Pour que cet exode urbain dépasse la simple tendance des « vacances à la campagne » sans aucune considérations d’ordre écologique et sociale, il est indispensable de créer un nouveau projet de société. De repenser entièrement notre manière de vivre à l’échelle locale, à travers le prisme de l’écologie, de l’intelligence collective et de valeurs sociales. Pour cela, il faut favoriser l’échange entre personnes venues de tous horizons, décloisonner les secteurs d’activités, retisser des liens entre villes et campagnes, revaloriser les territoires ruraux et en marge. C’est le défi que s’est donné « l’Hermitage ».
Aux origines de l’Hermitage
Le projet est né en 2017 des aspirations d’un groupe de personnes hétérogènes : agriculteurs, ingénieurs, travailleurs, du village et d’ailleurs, qui souhaitaient se fédérer pour imaginer et construire concrètement le monde de demain. Suite à leur première campagne de financement participatif, ils ont pu construire le tiers-lieu baptisé « l’Hermitage ». Un tiers-lieu ? C’est l’appellation donnée aux espaces ouverts et hybrides (entre le domicile et le travail) ayant pour principale vocation de faciliter la rencontre entre de personnes d’horizons différents. En pleine croissance, les tiers-lieux répondent directement aux problématiques des collectivités locales en créant de nouvelles dynamiques économiques et sociales sur les territoires.
L’Hermitage à droite, et une partie de la microferme à gauche / Crédits photo : l’Hermitage.Les fondateurs du projet témoignent :
« L’époque de transitions tous azimuts dans laquelle nous vivons amène nos sociétés à réinventer leur rapport à la technologie, à l’environnement, aux échanges économiques, aux individus et groupes d’individus. Malheureusement, tout ça doit se faire en même temps. Alors pourquoi cloisonner ? »
En invitant à décloisonner les savoir-faire, l’Hermitage a pour ambition d’être un laboratoire d’initiatives et d’expérimentations citoyennes. Un espace de 30 hectares où il est possible de travailler collectivement, de rencontrer des personnes aux profils différents, de bénéficier des compétences et d’y apporter les siennes, de partager des moments conviviaux, de s’initier à à l’agroécologie et la permaculture, à la réparation d’objets, au brassage de bière ou encore de se former aux métiers du numérique.
Le café-cantine en travaux / Crédits photo : l’HermitagePour mettre en œuvre ces activités, l’Hermitage a lancé un campagne de financement participatif qui a remporté un franc succès avec 88 000 euros récoltés. Grâce à cette campagne, des projets aussi essentiels qu’utiles sont imaginés, notamment : un café-cantine, une Université Citoyenne des Transitions, l’accélération du développement de la MicroFerme, le lancement d’une association réunissant consommateurs et producteurs locaux, un Fablab, une formation au numérique pour les jeunes, la sauvegarde et le partage de la forêt.
La rentrée à l’Hermitage
La campagne de financement participatif comporte plusieurs paliers. Ayant atteint la première étape, l’Hermitage va pouvoir lancer son café-cantine, l’Université Citoyenne des Transitions, un fablab ainsi que la formation au numérique.
La brasserie éco-responsable du tiers-lieu / Crédits photo : l’HermitageAu café-cantine, l’idée est de proposer des produits proposés bio et de saison, cultivés dans les jardins de l’Hermitage et chez les producteurs locaux; avec les bières artisanales et brassées sur place de la brasserie éco- responsable Écol’Aux Mousses :
« Le café-cantine se veut un espace de convivialité, de rencontres et d’animation pour toutes et tous : Autrêchois, voisins des villages environnants, visiteurs en séminaires et entrepreneurs en compagnonnage à l’Hermitage. »
Une autre ambition est de créer une Université Citoyenne des Transitions, programmation accessible à toute personne qui souhaite participer aux séries d’ateliers, conférences, débats, projections et formations sur la thématique des transitions. La dimension citoyenne de cette activité est primordiale pour les fondateurs du projet : elle permet de repenser la transmission des connaissances et savoir-faire, afin que toute personne qui ait envie de transmettre quelque chose puisse le faire. Experts, amateurs et passionnés seront donc réunis dans un esprit de transmission, de transversalité et de partage, pour que chacune et chacun puisse s’instruire librement, et se donner les moyens d’agir à son niveau et collectivement à la fois. Parce-que agir individuellement n’est pas suffisant face aux enjeux actuels, et qu’à plusieurs on va bien plus loin :
« À l’Hermitage, nous sommes convaincus que c’est en partageant nos connaissances, nos idées et nos envies que nous inventerons ensemble les réponses aux grands défis de notre siècle ! »
Mais l’Hermitage, c’est aussi la « Rural Hacking Factory ». Soit un Fablab, une formation et un Repair’Café à la fois ! Le Fablab est un laboratoire de fabrique numérique, dédié à gagner en autonomie face aux technologies informatiques et électroniques : programmation, graphisme, modélisation 2D et 3D, électronique et objets connectés, machines à commande numérique. Toute personne peut y venir développer son projet en fabriquant et testant ses prototypes.
Quant au Repair’Café, il se veut être un lieu de réparations diverses, contre l’obsolescence programmée et la surconsommation. Le matériel nécessaire est mis à disposition pour que toute personne puisse venir réparer l’objet de son choix. L’objectif est d’inviter à ne plus jeter mais à réparer pour mieux réutiliser et, surtout, apprendre à faire cette réparation de ses propres mains !
Des projets plein la tête
Peu à peu, avec les soutiens reçus, les activités prennent une nouvelle ampleur. À commencer par la microferme. Depuis 2018, cette microferme pédagogique de culture raisonnée, sur 3 hectares, a vu le jour. L’objectif est de démontrer que l’on peut tendre vers une véritable autonomie alimentaire locale, tout en recréant de l’emploi agricole sur de faibles surfaces de production. Pour cela, l’Hermitage a fait le choix d’hybrider les méthodes de production : maraîchage traditionnel, aquaponie, agroforesterie et espaces paysagers productifs. Et pour diffuser ces produits, les fondateurs du projet ont créé une association réunissant consommateurs et producteurs voisins.
La forêt du tiers-lieu / Crédits photo : l’HermitageDans cet esprit de permaculture, visant à relier tous les éléments du système les uns avec les autres, y compris les êtres humains, l’Hermitage souhaite préserver ses 21 hectares de forêt. Cette forêt n’a aucune vocation productive, elle n’a jamais été exploitée en sylviculture. Les arbres qui la peuple sont âgés pour la plupart, fragiles et très exposés au changement climatique. Le but est donc d’en faire un espace de sensibilisation et d’apprentissage au fil des saisons, d’agrément pour les voisins et leurs familles, de préservation de la biodiversité locale et de ses plantes endémiques.
Pour en savoir plus sur les activités en cours et les projets futurs de l’Hermitage, vous pouvez consulter leur site. Bien au-delà de l’exode urbain « tendance », cette initiative rurale montre que l’on peut penser et créer dès maintenant le monde de demain à l’échelle locale grâce à la force du collectif.
– Camille Bouko-Levy
Photo de couverture : À la microferme, tout le monde met les mains dans la terre ! / Crédits photo : l’Hermitage
The post Dans l’Oise, ce lieu collectif est une utopie écologique devenue réalité first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 29.04.2024 à 06:00
La première liste des champignons menacés d’extinction
Simon Verdiere
Pour la première fois, une évaluation générale de l’état de santé des quelques 25 000 espèces de champignons sur l’Hexagone a été réalisée. Le risque de disparition de chacune d’elles a été évalué, dressant ainsi la première Liste rouge des espèces fongiques menacées de France. Alors qu’aucune espèce fongique n’est protégée sur le territoire, 9% des champignons à chapeau s’avèrent déjà menacés d’extinction.
Menée en coopération avec l’Office français de la biodiversité (OFB), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et le soutien de nombreux mycologues amateurs et professionnels, l’analyse parue le 3 avril dernier dresse un constat sans appel : près de 9 % des bolets, lactaires et tricholomes pourraient disparaître si aucune mesure de conservation n’est mise en œuvre. Actuellement, aucune espèce fongique n’est encore protégée dans l’Hexagone.
12 espèces rares de champignons ont été placées sur la liste rouge des espèces menacées par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – Source photo : Pixabay
Bolets, Lactaires et Tricholomes en danger
En effet, parmi les 319 espèces recensées dans ces trois groupes sur le territoire hexagonal, « 12 espèces sont menacées comme Le Bolet rubis, le Lactaire des saules réticulés et le Tricholome équestre des chênes, tandis que 16 autres apparaissent quasi menacées », détaille l’étude. Ces trois espèces de champignons, dites « à chapeau », sont composées d’une partie souterraine filamenteuse, le mycélium, et d’une partie extérieure portant le chapeau, qui contient les spores leur permettant de se reproduire.
« Les bolets, les lactaires et les tricholomes s’observent principalement en forêt et parfois en milieu ouvert, des plaines côtières jusqu’en haute montagne »
Elles ont la particularité d’établir un lien privilégié avec les arbres qui les entourent, constituant un élément fondamental de l’écosystème forestier : « nombre d’entre eux vivent en symbiose avec des arbres, qui leur apportent des sucres issus de la photosynthèse et reçoivent en retour de l’eau et des éléments nutritifs ».
Malgré leur rôle essentiel, de nombreuses espèces sont dangereusement menacées d’extinction. Parmi elles, le Lactaire des saules réticulés apparaît « en danger critique », alors que le Bolet de plomb, le Bolet rubis et le Lactaire jaunissant boréal sont classés « en danger » et que le Bolet rose pastel, le Lactaire mamelonné des tourbières et le Tricholome équestre des chênes se trouvent être « vulnérables ».
Les champignons ne sont pas à l’abri du danger
Diverses pressions pèsent en effet sur ces espèces, la première d’entre elles étant la destruction et la dégradation de leurs habitats naturels. Les experts pointent notamment du doigt la sylviculture intensive, entrainant l’abattage des vieux arbres et les coupes rases. De manière générale, « des pratiques de gestion forestière inadaptées, remplaçant par exemple les chênes indigènes par des pins, conduisent notamment le Bolet rose pastel, une espèce de chênaie, à se trouver lui aussi vulnérable ».
Les champignons sont principalement menacés par la disparition ou la dégradation de leur habitat naturel. En cause : les activités anthropiques. – Source photo : Pixabay
Les champignons d’altitude sont quant à eux directement affectés par l’expansion urbaine en montagne, particulièrement par les infrastructures touristiques comme les stations de ski et les installations de remontées mécaniques. « C’est le cas du Lactaire des saules réticulés qui se voit classé « en danger critique » et du Lactaire nain alpin ». D’autres espèces pâtissent également de l’augmentation des aménagements récréatifs en montagne, comme l’ouverture de pistes de VTT.
À titre d’exemple, le Lactaire jaune et lilas n’avait été aperçu que dans deux stations : l’une en bordure d’une tourbière dans le Jura et l’autre au bord d’un ruisselet dans les Alpes.
« Malgré des prospections régulières, le champignon n’a pas été revu dans cette seconde station, suivie depuis 1988, après le terrassement d’une station de ski en 2000 », regrettent les chercheurs.
Un état de lieux très préoccupant
Le changement climatique constitue une menace majeure supplémentaire, entraînant notamment la déshydratation des habitats des espèces vivant dans des environnements frais et humides, ainsi qu’une augmentation de la fréquence des tempêtes, des sécheresses et des incendies pour les espèces forestières. « D’autres pressions comme le drainage et le remblaiement des zones humides, l’épandage d’engrais et de fongicides ou le pâturage intensif affectent aussi ces espèces », conclut finalement l’étude. Une menace directement exercées par l’agro-industrie.
Source : « La Liste rouge des espèces menacées en France – Champignons de France métropolitaine : bolets, lactaires et tricholomes », UICN.
Si les chiffres avancés sont déjà préoccupants pour les espèces fongiques du territoire, il y a fort à parier qu’ils soient pourtant largement sous-estimés : l’état des lieux révèle un manque d’informations pour 25 % des champignons évalués, qui se voient dès lors classés dans la catégorie des « données insuffisantes ». « Cette situation encourage le développement de prospections de terrain et l’amélioration des informations disponibles, car si seuls 3,8 % des champignons apparaissent aujourd’hui menacés, ce pourcentage devrait augmenter lorsque les connaissances auront progressé pour préciser leur état de conservation », espèrent les auteurs.
Ces derniers alertent sur l’importance de réaliser périodiquement un état des lieux rigoureux des espèces fongiques de France car, malgré les menaces qui s’exercent sur leurs habitats naturels, aucune espèce de champignons ne fait à ce jour l’objet d’un programme de conservation dédié ou de mesures spécifiques de protection.
« L’état des lieux souligne en particulier l’importance de la lutte contre le changement climatique et de la préservation des milieux naturels, notamment forestiers, pour sauvegarder la diversité des espèces et le patrimoine mycologique de notre territoire ».
– Lou A.
Photo de couverture de cottonbro studio
The post La première liste des champignons menacés d’extinction first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 26.04.2024 à 09:35
La France verse 10 millions d’argent public pour torturer des singes
Simon Verdiere
La France doit cesser l’expérimentation sur les animaux. C’est le message de Victor Prandt au nom du mouvement Révolution Écologique pour le Vivant dont il est le référent en Auvergne-Rhône-Alpes. Bon rappel d’une réalité infernale particulièrement invisibilisée – et pourtant présente dans notre quotidien jusque dans nos fonds publics -, voici leur tribune, très instructive.
Le 16 avril dernier, l’ONG One Voice révélait que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) allait recevoir 500 guenons envoyées par un élevage de singes mauriciens grâce à de l’argent public.
En d’autres termes, 10 millions d’euros investis pour forcer ces guenons à mettre au monde des petits avant d’expérimenter sur ces derniers, puis abattre l’immense majorité de ces êtres. Cette nouvelle enquête nous rappelle que l’État, ici par le biais de cette institution publique qu’est le CNRS, continue de financer les sévices subis par des millions d’animaux chaque année.
La vie des animaux de laboratoire se réduit à un enchaînement de souffrances. Dans le cas des primates à longue queue, bien qu’étant une espèce menacée d’extinction à l’échelle mondiale, des campagnes associatives ont révélé l’extrême cruauté qu’ils subissent lors de leur capture, mais également pendant leur transit dans les aéroports.
Suite à un courrier d’Aymeric Caron, député de la Révolution Écologique pour le Vivant (REV), la compagnie aérienne Air France a finalement annoncé arrêter le transport de primates en juin 2023. Cette petite avancée doit être félicitée, mais il reste tant à faire pour limiter les souffrances de cette espèce et de tous les autres animaux (chiens, lapins, cobayes, poissons…) qui, chaque année, sont mutilés et tués au nom de la science.
La recherche française nie la réglementation européenne
@GAIMARD/Pixabay
Instaurée en 2010, la réglementation européenne relative à l’utilisation des animaux à des fins scientifiques a la prétention d’être ambitieuse afin de réduire la souffrance animale.
Celle-ci repose sur la règle des 3 R : remplacement, réduction et raffinement. Cette règle s’appuie sur le fait qu’il est possible de remplacer les modèles animaux par des cellules ou tissus (in vitro) ou des modèles numériques (in silico). Elle pousse à diminuer le nombre d’animaux utilisés aux expériences jugées indispensables et à “raffiner” l’expérimentation, à savoir réduire, supprimer ou soulager la douleur ou la détresse des animaux.
Cette réglementation semble pourtant se réduire à sa forme de slogan publicitaire sans considérer le fond. Elle n’intègre aucune contrainte juridique et est assortie d’un grand manque de contrôles depuis sa création. Le constat malheureux mais prédictible est que 14 ans plus tard, la situation reste inchangée.En France seulement, plus de 2,1 millions d’animaux sont utilisés chaque année (1).
Dans l’Union Européenne, ce sont tous les ans 22 millions d’animaux qui sont utilisés dans les laboratoires ou élevés puis tués sans même “servir” (respectivement 10 et 12 millions) (2).
La loi peut et doit évoluer
@OneVoice
Devant la faiblesse de la réglementation européenne, la mise en place d’un droit à l’objection de conscience semble être une solution particulièrement intéressante pour inciter le secteur de la recherche à réduire l’utilisation d’animaux de laboratoire de façon effective.
Déjà à l’œuvre en Italie depuis 1993, cette loi, qui permet aux étudiants et chercheurs de refuser de pratiquer des expériences sur des animaux, impose à toutes les structures publiques ou privées qui pratiquent l’expérimentation animale de reconnaître l’existence de ce droit (3) à toutes les personnes concernées.
Plusieurs États américains ont également légiféré sur le sujet. Dans l’État de New York, tout élève peut refuser, sur des principes moraux ou religieux, de disséquer un animal ou d’assister à une dissection sans être pénalisé. Les enseignants doivent alors proposer à l’étudiant un projet alternatif (4).
Avec pour objectif, in fine, d’en finir définitivement avec l’expérimentation animale, Aymeric Caron, député REV, s’apprête à déposer une proposition de loi, visant notamment à inscrire ce droit à l’objection de conscience dans les établissements recourant à cette pratique..
Ce texte, enrichi par l’audition de spécialistes, a vocation à réduire les souffrances infligées aux animaux et à inciter les laboratoires et universités à développer le matériel et les conditions imposés par les protocoles de substitution.
L’argent public devrait servir à développer les alternatives éthiques
« seuls 18,8% des expériences sont consacrées aux maladies humaines ».
Difficile de continuer à justifier la torture d’animaux par les avancées pour la santé humaine quand on sait que seuls 18,8% des expériences sont consacrées aux maladies humaines (5).
Un singe de Maurice et son enfant (2019) @Willywaw/Wikicommons
Et quand l’expérimentation animale sert effectivement pour les recherches sur la santé, ses résultats sont remis en question. 9 médicaments sur 10 échouent durant la phase d’essais cliniques sur l’humain malgré 100% d’essais pré-cliniques sur les animaux (6).
Une étude de 2015 (7) a examiné l’efficacité des tests toxicologiques réalisés sur des primates afin de prédire les résultats sur les humains, analysant les données de plus de 3 000 médicaments. Les résultats ont démontré que l’absence d’effets secondaires chez les animaux ne permettait pas de prédire le même résultat chez les humains.
Le coût de la souffrance animale se chiffre en milliards d’euros chaque année en Europe et les résultats ne sont pas au rendez-vous sans avancée médicale majeure. Malgré les obligations légales, le défaut de soutien public aux approches alternatives persiste.
Alors qu’il existe des alternatives pour la communauté scientifique, celles-ci ne sont pas enseignées aux chercheurs et ne sont pas intégrées dans le narratif qui accompagne la recherche et l’éducation. Elles manquent cruellement de financement alors qu’elles sont aussi efficaces, voire bien plus, que les tests sur animaux.
La technologie permet aujourd’hui de reconstituer des organes en 3D, des logiciels ultra performants permettent de simuler la réaction à la douleur ou simplement un mécanisme respiratoire. En refusant de financer ces alternatives éthiques, l’État se place en complice d’une barbarie à contre-temps.
La recherche devra se passer d’animaux : c’est le sens de l’histoire
Affe vor Skelett (Singe devant un squelette) Gabriel von Max (1840–1915)
La pertinence de continuer à baser des avancées scientifiques sur la torture d’êtres vivants reste à prouver. Sortir de la recherche avec animaux est une nécessité éthique et une question de santé publique. La France se doit d’être un exemple et de développer des politiques responsables et efficaces en matière de protection animale afin de garantir la fin de ces expériences.
Alors que la communauté scientifique s’accorde sur les capacités des animaux de laboratoire à ressentir la douleur et les émotions, notre devoir moral est ici en jeu : nous devons tout faire pour encourager la révolution du secteur de la recherche qui s’impose à l’humanité.
Image d’entête @OneVoice
Publié le 25.04.2024 à 15:52
3 poulets géants s’imposent à Paris contre les élevages OGM
Simon Verdiere
Ce mercredi 24 avril à 10 h, L214 déploie trois gigantesques poulets sur la place de la Bourse à Paris. Chacun représente un poulet issu d’élevages appartenant à trois marques du groupe LDC, le n° 1 du poulet en France : Le Gaulois, Marie et Maître CoQ. Une mise en scène contre la sélection génétique effrénée des poulets et les pratiques d’élevage les plus cruelles.
Le matin du mercredi 24 avril, trois poulets géants de 5 m de hauteur et 11 m de largeur ont été gonflés sur la place de la Bourse.
@214
Un lieu qui a été choisi en référence au chiffre d’affaires record de 6 milliards d’euros du groupe LDC, qui vise les 560 millions d’euros de bénéfices en 2026-2027, en s reposant entre autres sur des méthodes d’élevage des poulets particulièrement intensives.
Pour sensibiliser et informer les passant.es, ce jour-là, les militant.es portent également une banderole et distribuent des tracts avec un slogan simple : « Aidez Ross ».
Qui est Ross ?
Ross, le prénom fictif donné à l’un de ces poulets, est une référence à la souche de poulets « Ross 308 », obtenue par une sélection génétique poussée, qui fait grossir les poulets anormalement vite.
@L214
En effet, ces derniers atteignent leur taille adulte en seulement 40 jours : soit une croissance 4 fois plus rapide qu’en 1950.
Les oiseaux issus de cette sélection génétique effrénée souffrent de nombreuses pathologies : cardiaques, pulmonaires, musculaires, squelettiques, etc. Le groupe LDC, qui détient les marques Marie, Maître CoQ et Le Gaulois, a encore recours à la souche Ross 308, alors que 120 entreprises françaises se sont déjà engagées à s’en détourner.
Le comédien Raphaël Mezrahi interprète Ross le poulet
Ce même jour, L214 diffuse une vidéo du poulet Ross, animé et doublé par l’acteur et humoriste Raphaël Mezrahi. Il présente une nouvelle enquête et y décrit les conditions de vie de ses congénères.
Déplumé, blessé, peinant à supporter son propre poids, Ross incarne les poulets difformes de la souche Ross 308 utilisés pour les marques Le Gaulois, Maître Coq et Marie.
Dans la vidéo, Raphaël Mezrahi commente : « Certains meurent de faim parce qu’ils n’arrivent plus à se déplacer pour atteindre les mangeoires. D’autres succombent à des problèmes pulmonaires à cause de l’air saturé par l’ammoniac. »
Pour Ambre Bernard, chargée de campagnes agroalimentaires pour L214 : « Les poulets issus d’une sélection génétique aussi poussée que la souche Ross 308 endurent de terribles souffrances.
@L214
Le Gaulois, Maître Coq et Marie ont recours à ces souches pour accroître leur rentabilité, sans se soucier des graves préjudices causés aux animaux. C’est inadmissible ! Ces marques doivent tourner le dos à l’utilisation des souches à croissance rapide et aux pratiques d’élevage les plus cruelles en s’engageant à respecter le European Chicken Commitment (ECC). »
L’enquête montre des animaux violentés
« Les poulets, enfermés à vie dans un hangar, sont entassés les uns contre les autres, à 20 oiseaux par mètre carré »
@L214 Enquête sur l’élevage de poulets les Deux-Sèvres 2024
Les images de l’enquête commentées par Raphaël Mezrahi sont celles d’un élevage des Deux-Sèvres (79) approvisionnant un abattoir Le Gaulois. Elle montre une situation représentative des élevages intensifs fournissant la marque.
Les poulets, enfermés à vie dans un hangar, sont entassés les uns contre les autres, à 20 oiseaux par mètre carré. Certains ne survivent pas à ces conditions extrêmes : leurs cadavres sont piétinés par leurs congénères.
Âgés d’à peine plus d’un mois, les poulets sont envoyés à l’abattoir. Les images montrent un ramassage violent : les ouvriers attrapent brutalement les oiseaux par les pattes pour les entasser dans des caisses. Un oiseau, visiblement trop affaibli ou malade pour être envoyé à l’abattoir, est projeté contre le mur et tué.
L214 demande au groupe LDC de s’engager à respecter le European Chicken Commitment (ECC)
@L214
Le groupe LDC, propriétaire des marques Le Gaulois, Marie et Maître CoQ, se présente comme le numéro 1 de la « volaille » en France. L214 demande à LDC de s’engager à respecter les critères du European Chicken Commitment (ECC), comme 120 entreprises françaises l’ont déjà fait.
LDC refuse d’y souscrire sous prétexte qu’il a créé son propre label, « Nature d’Éleveurs ». Ce label autorise pourtant les densités d’élevage pouvant atteindre 20 oiseaux par mètre carré, et surtout le recours à la souche de poulets Ross 308.
Envie d’aider Ross ? Rendez-vous sur cette page. L214 propose notamment d’envoyer gratuitement des stickers à apposer sur les barquettes Le Gaulois :
Commandez vos stickers à apposer en supermarchés sur les barquettes Le Gaulois. Stickers gratuits envoyés par 10
– L214
« LDC annonce un chiffre d’affaires annuel en hausse de 6 % », Ouest France, 4 avril 2024.
Commission européenne, 2016. Rapport de la Commission européenne au Parlement européen et au Conseil sur l’incidence de la sélection génétique sur le bien-être des poulets destinés à la production de viande.
The post 3 poulets géants s’imposent à Paris contre les élevages OGM first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 24.04.2024 à 06:00
L’aphantasie : vivre sans images mentales
Simon Verdiere
Il n’existe pas qu’une seule façon d’être au monde. L’aphantasie, terme dérivé du grec signifiant « absence d’imagination », se caractérise par l’incapacité à visualiser des images mentales. Contrairement à la cécité mentale qui affecte la perception visuelle réelle, l’aphantasie impacte uniquement la capacité à créer des images dans l’esprit. Concrètement, si vous essayez de vous représenter le visage d’un ami proche et que vous ne parvenez à rien voir, vous êtes peut-être aphantasique. Explications.
Il y aurait environ 2 % de personnes dans le monde à ne pas avoir « d’œil mental ». Cette partie de la population serait incapable de se figurer le visage d’un proche ou la forme d’un fruit. Mais l’absence d’images mentales ne se limite pas à la vision. L’aphantasie peut également affecter d’autres sens, comme l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût.
On distingue ainsi l’aphantasie visuelle (incapacité à visualiser des images), de ses dérivés : l’akouphantasie (incapacité à entendre des sons dans sa tête), l’anosmie mentale (incapacité à sentir des odeurs imaginaires), l’agueusie mentale (incapacité à goûter des saveurs imaginaires), l’anesthésie mentale (incapacité à ressentir des sensations tactiles imaginaires).
L’intensité de l’aphantasie varie d’un individu à l’autre. Certains peuvent visualiser des images fugaces, tandis que d’autres ne perçoivent aucune image mentale, quelle que soit la force de leur concentration.
Un monde sans images
L’impact de l’aphantasie est de plusieurs degrés sur la vie des personnes touchées. Certaines d’entre-elles peuvent éprouver des difficultés à mémoriser des informations visuelles, comme des souvenirs, ou à intégrer des concepts abstraits. Bien sûr, elles peuvent développer des stratégies alternatives d’apprentissage et de mémorisation, comme l’association d’images à des mots clés ou l’utilisation d’une autre mémoire fonctionnelle, comme la mémoire auditive ou tactile.
Pour autant, contrairement aux croyances éventuelles, ce trouble ne signifie pas forcément une absence de créativité. Les personnes aphantasiques peuvent exceller dans des domaines artistiques et imaginatifs en utilisant d’autres sens et en s’appuyant sur leur logique et leur intelligence abstraite. En effet, en l’absence de la forme d’imagination la plus commune, d’autres formes de conceptions peuvent être stimulées : narrative, kinesthésique ou encore sensorielle.
Par ailleurs, les rêves des personnes aphantasiques peuvent être différents de ceux des personnes qui visualisent. Ils peuvent être plus abstraits, basés sur des sensations et des émotions plutôt que sur des images.
Comment survivre à l’école quand on est aphantasique ?
Le système scolaire étant déjà lacunaire pour bon nombre d’élèves au profil non conventionnel, il peut évidemment constituer un obstacle, voire une souffrance, pour les personnes aphantasiques. En effet, de nombreuses méthodes d’enseignement actuelles s’appuient sur la visualisation et la mémorisation.
Tout comme la dyslexie peut rendre la lecture et l’écriture difficiles, l’aphantasie peut rendre l’apprentissage de certaines matières plus complexe, en particulier celles qui nécessitent une projection visuelle, comme la géométrie, la physique ou l’histoire.
A l’instar de la dyslexie, l’aphantasie fait également partie des troubles invisibles, impliquant que les personnes qui en souffrent peuvent ne pas être diagnostiquées et ne pas recevoir le soutien dont elles ont besoin, comme des adaptations pédagogiques adaptées à leur fonctionnement cognitif. De fait, l’aphantasie n’est pas synonyme d’échec scolaire. Avec un soutien adéquat, les élèves aphantasiques peuvent réussir à l’école et même exceller dans certains domaines.
Une évolution de l’être humain ?
@amouton/Pixabay
De façon contre intuitive, l’absence d’images mentales pourrait même être considérée comme une force et une source d’amélioration de l’être humain dans certains aspects, toute proportions gardées dans une perspective équilibrée et nuancée.
L’absence d’images mentales parasites peut favoriser une concentration plus profonde sur le moment présent et l’objectif en cours. Dans un monde saturé d’images, cette façon de vivre le monde peut ainsi représenter un atout en permettant de se détacher des stimuli visuels perturbateurs.
Qui plus est, dans le cas d’une aphantasie visuelle, le souvenir d’informations non imagées, comme les sons, les odeurs et les concepts abstraits, peut être également renforcé. En effet, sans le biais des images, l’esprit peut se concentrer sur des concepts et des structures logiques pragmatiques, aiguisant la pensée analytique et la résolution de problèmes. L’aptitude à la réflexion philosophique et mathématique peut ainsi, paradoxalement, être décuplée.
En somme, l’aphantasie ne se résume pas à une simple absence, mais permet l’exploitation d’autres formes d’existence au monde, rappelant qu’il n’existe pas qu’une seule manière de percevoir le réel.
Un mystère en cours d’exploration
Longtemps ignorée, l’aphantasie suscite un intérêt croissant dans la communauté scientifique depuis quelques années, notamment dans les domaines de l’imagerie cérébrale et de la génétique. En effet, le terme « aphantasie » apparaît pour la première fois en 2015 dans les travaux du neurologue Adam Zeman, mais le phénomène en lui-même est connu depuis bien plus longtemps.
Le cousin de Charles Darwin et anthropologue Francis Galton, notamment considéré comme le père de l’eugénisme, publie dans les années 1880 Inquiries into Human Faculty, où il décrit pour la première fois l’incapacité de visualiser des images mentales. Il utilise le terme « imagerie mentale » et propose à l’époque un questionnaire pour évaluer la capacité des gens à visualiser la réalité matérielle. Charles Darwin lui-même, quelques années plus tôt dans son autobiographie, mentionne son propre manque d’imagination visuelle et sa difficulté à visualiser des concepts abstraits.
Sculpture de Charles Darwin à la Faculté des Sciences de l’UNAM. Wikimedia.
Toutefois, après ces deux mentions, le principe d’aphantasie tombe dans l’oubli. Il faudra donc attendre 2015 pour que le neurologue de l’université d’Exeter, Adam Zeman, et le professeur de neurosciences cognitives à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (Sydney, Australie), Joel Pearson, inventent le néologisme « aphantasie ».
S’il n’existe pas encore de test standardisé pour diagnostiquer l’aphantasie, des questionnaires et des outils d’imagerie mentale sont en cours de développement pour parvenir à mieux comprendre ce rapport spécifique aux images et peut-être étendre notre connaissance du vivant au-delà des humains…
L’aphantasie et les animaux : penser et vivre sans images
Ce phénomène fascinant soulève effectivement des questions sur la nature de la pensée et de l’imagination. Si les humains peuvent vivre sans images, qu’en est-il des animaux ?
Certaines espèces animales semblent avoir des capacités cognitives similaires à celles des personnes aphantasiques.
Par exemple, les abeilles et les fourmis naviguent en utilisant des repères olfactifs et spatiaux, sans nécessairement créer de cartes mentales. De même, les oiseaux migrateurs utilisent des indices magnétiques et célestes pour se repérer, sans avoir besoin de visualiser leur destination.
@Fotoblend/Pixabay
L’absence d’images mentales ne signifiant pas une absence de pensée ou d’intelligence, les animaux développent des stratégies alternatives pour s’adapter à leur environnement et survivre.
Le sens olfactif est particulièrement développé chez de nombreux animaux, leur permettant de suivre des traces, de trouver de la nourriture et de communiquer entre eux. Le goût joue également un rôle important dans la perception du monde pour les animaux. L’ouïe est un autre sens crucial pour la survie de nombreuses espèces. Elle permet de détecter les prédateurs, les proies et les dangers environnementaux. Le toucher est également important pour la communication, la manipulation d’objets et la perception de l’environnement.
On sait par ailleurs grâce à de nombreuses études scientifiques que les animaux apprennent et mémorisent des informations à travers l’expérience et l’association de stimuli. Ils peuvent ainsi développer des compétences complexes sans avoir besoin de visualiser des images mentales.
L’intelligence animale ne se résume donc pas à la capacité anthropomorphique de visualiser des images. Certaines espèces, comme les primates et les corvidés, font preuve d’une intelligence sociale remarquable. Elles coopèrent entre elles, communiquent de manière complexe et utilisent des outils pour atteindre leurs objectifs. D’autres animaux, comme les dauphins et les chauves-souris, excellent dans la navigation et la perception spatiale. Ils utilisent des sens comme l’écholocalisation et le sonar pour se déplacer dans leur environnement.
L’aphantasie humaine, ne signifiant pas une absence de conscience ou d’intelligence, peut de cette façon nous éclairer sur la diversité des formes de pensée dans le monde animal. Les animaux développent des stratégies alternatives pour s’adapter à leur environnement et survivre, démontrant ainsi une intelligence tout aussi fascinante que celle des humains.
Pour finir, l’aphantasie et vous
Voici le test de la pomme pour aider à comprendre l’aphantasie : fermez les yeux et imaginez une pomme rouge.
@Belbury, original image components by Mrr cartman, Caduser2003, Bernt Fransson and IconArchive.com
Pouvez-vous voir la pomme dans votre tête ?
Si oui, quelle est sa taille ? Sa forme ? Sa couleur ?
Pouvez-vous voir la peau de la pomme ? Est-elle lisse ou rugueuse ?
Pouvez-vous sentir la pomme ?
Pouvez-vous goûter la pomme ?
Répondre non pourrait être le signe d’une forme d’aphantasie.
– Ano
Sources :
https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=aphantasie-pourquoi-arrive-pas-visualiser-image-mentale
https://institutducerveau-icm.org/fr/actualite/imaginer-sans-images-mentales-enquete-sur-les-caracteristiques-des-personnes-aphantasiques/
https://www.reddit.com/r/Aphantasia/?rdt=49680
https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2017/04/12/vivre-sans-images-dans-la-tete/
Image entête @LeandroDeCarvalho/Pixabay
The post L’aphantasie : vivre sans images mentales first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 23.04.2024 à 06:00
Surpopulation : le mythe qui cache le vrai problème des inégalités
Simon Verdiere
Une vague humaine nourrie au soleil vert ? Des hordes d’âmes en peine cherchant à se nourrir ? Sommes nous voués à subir cette vision pessimiste et apocalyptique de l’avenir ? La surpopulation frappe-t-elle à nos portes ? Devrons-nous bientôt barricader nos portes et fenêtres ? Démystifions la croyance fortement répandue que la surpopulation est responsable de la misère dans le monde.
Comme disait Ghandi, « il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins humains, mais pas assez pour assouvir leur avidité ». En effet, l’on n’est pas trop nombreux sur Terre. Le problème est, en réalité, notre rapport au monde et à la concentration des ressources aux mains d’une minorité. Décryptage en règle du mythe tenace de la surpopulation.
La menace de la surpopulation : comment tout a commencé
Le concept de la surpopulation est né en Angleterre en 1798, lorsque le révérend Thomas Robert Malthus a vu que la production alimentaire augmentait progressivement, alors que les gens se reproduisent de façon exponentielle. Sur la base de calculs simples, il « prédit » que le monde sera en manque de nourriture d’ici l’an 1980. Malthus, alarmé par ses résultats, encourage une réduction de la population…
via monthlyragonline
Dans son essai sur le principe de population, motivé par la crainte d’une marée humaine, Malthus appelle à accroître la mortalité chez les pauvres par d’horribles procédés :
« Tous les enfants nés, au-delà de ce qui serait nécessaire pour maintenir la population à ce niveau, doivent nécessairement périr, sauf si un nouvel espace leur est fait par les décès de personnes adultes … Pour agir de manière cohérente, par conséquent, nous devrions faciliter, au lieu de bêtement et inutilement chercher à les entraver, les opérations de la nature dans la production de cette mortalité; et si nous redoutons la visite trop fréquente de l’horrible famine, nous devrions encourager assidûment d’autres formes de destruction (…). Au lieu de recommander la propreté aux pauvres, nous devrions encourager des habitudes contraires. Dans nos villes, nous devons rendre les rues plus étroites, entasser plus de gens dans les maisons, et encourager le retour de la peste. » (R. Malthus, Livre IV, chap V.).
Ce qu’ignorait Malthus, c’est que l’humanité allait développer des solutions pour nourrir abondamment l’espèce humaine au delà de toutes espérances. La faim touchera principalement les populations victimes de l’accaparement occidental des richesses. Ainsi, la peur de la surpopulation va conduire Malthus à penser que certaines maladies ne devraient pas être guérie par souci de contrôle de la population :
« Mais par-dessus tout, nous devons réprouver des solutions spécifiques pour les maladies ravageuses; ainsi que ces hommes faussement bienveillants qui ont pensé qu’ils faisaient un service à l’humanité en projetant des programmes pour l’extirpation totale de troubles particuliers. » (R. Malthus, Livre IV, chap V.)
Aussi dur que cela puisse paraître, la volonté de « dépopulation » a été définie par ceux qui soutiennent cette pensée et voient la mort comme un mal nécessaire pour sauver l’humanité et la planète. Naturellement, ce sont les plus pauvres et les personnes les plus fragiles physiologiquement qui en sont les victimes : un programme eugéniste, validiste et classiste.
Le révérend Thomas Robert Malthus. Wikimedia
En 1968, dans La bombe de la population, Paul Ehrlich, de l’Université de Stanford a adopté et propagé la théorie de Malthus. Il a affirmé que la reproduction humaine excessive allait submerger la planète et prédit que le monde subirait des famines massives, tuant des centaines de millions de personnes, dès la fin des années 70. L’évocation de tels scénarios a conduit au transfert d’importantes sommes d’argent à l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population).
La population mondiale pourrait entrer dans l’État du Texas
Beaucoup s’imaginent que le problème de la surpopulation est une affaire d’espace. Et non ! À ce jour, il y a plus de 8 104 870 500 personnes sur terre. La superficie du Texas est de 696 241 km2. Si nous divisons cet espace par 8 104 870 500 personnes, nous obtenons 86m2 par personne. Ceci représente un espace suffisant pour que chacun puisse vivre dans une large maison individuelle avec le reste de l’humanité comme voisin, tout ça sur la seule superficie du Texas. Et ceci ne prend même pas en compte qu’une famille moyenne fait 4 personnes qui partagent volontiers leur habitation.
via reseauinternational
Ce calcule ne signifie pas qu’une telle division territoriale et concentration serait une bonne chose. Un tel entassement d’une population qui continue de surconsommer comme nous le faisons actuellement serait la bonne recette pour un désastre écologique. Ce raisonnement par l’absurde donne cependant une idée de la façon dont il faut penser la problématique. La surpopulation n’est PAS une question d’espace. Donc, quel est le vrai problème ?
Les villes sont surpeuplées, pas le monde !
Les conditions d’une surpopulation apparente existent seulement dans les villes, pas ailleurs. Il s’agit donc d’une « illusion » propre à l’urbanisation et à la concentration des individus en un même lieu.
via reseauinternational
En pratique, la population urbaine est en hausse constante depuis la révolution industrielle. Depuis 2008, plus de la moitié de l’humanité est devenue urbanisée. En cause, l’exode rural. En effet, il y a davantage de possibilités de gagner de l’argent, donc de survivre, dans les villes que dans les campagnes. Les villes sont prises d’assaut par une population venant parfois de très loin afin de s’y installer. La forte population en ville n’est ainsi pas directement liée à la reproduction. Par opposition, les campagnes se vident.
Pas assez de nourriture ? La rareté est un mythe
Paradoxalement, le monde actuel abonde de ressources, de quoi largement combler les besoins de tout le monde. Mais, chaque année, les pays riches gaspillent plus de 220 millions de tonnes de nourriture. Pendant ce temps, les populations qui ne disposent pas de l’argent nécessaire pour avoir accès aux denrées alimentaires sur le marché mondial ou local, meurent de faim.
via canalblog
Le mythe de la surpopulation tente de camoufler une réalité tragique : l’humanité ne manque de rien, mais ne distribue pas équitablement. Porter la cause sur la surpopulation profite ainsi aux logiques élitistes en détournant le problème de fond : la distribution des richesses et l’accès aux ressources.
La surpopulation ne provoque pas la faim dans le monde, la mauvaise gestion en est à l’origine
Les sociologues Frédéric Buttel et Laura Raynolds ont publié une étude sur la croissance démographique, la consommation de nourriture, et autres variables dans quatre-vingt-treize pays. Les statistiques ne montrent aucune preuve que la croissance rapide de la population provoque la faim. Cependant, ils ont trouvé que les populations des pays les plus pauvres ont moins à manger. En d’autres termes, la pauvreté et les inégalités causent la faim, pas la surpopulation.
via wikipedia
La pauvreté n’est pas du fait de la rareté et de la surpopulation. Elle est organisée par des politiques et des manoeuvres qui empêchent les personnes affamées d’avoir accès à la nourriture et aux terres arables. Comment oublier la « dette » que les pays du Sud global « doivent » aux pays du Nord alors que le niveau de vie des pays du Nord repose en grande partie sur l’exploitation des pays du Sud.
« L’histoire de la dette du tiers monde est l’histoire d’une formidable ponction par la finance internationale sur les ressources des personnes les plus démunies. Ce processus est conçu pour se perpétuer, grâce à un mécanisme diabolique qu’est la reproduction de la dette sur une plus grande échelle encore, un cycle qui ne peut être rompu que par l’annulation de la dette. » – Third World Debt, a Continuing Legacy of Colonialism.
Pas assez de terres ?
Contrairement à l’idée reçue, la terre ne manque pas d’espaces productifs. Même en 100% bio, les scientifiques s’accordent aujourd’hui à dire qu’il serait possible de nourrir l’humanité toute entière couplé à une régulation du gaspillage. Le mythe des rendements bio « insuffisants » pour nourrir le monde reste cependant tenace dans les discours. De plus, même si l’alternative fait polémique, il existe aujourd’hui de très nombreuses alternatives pour produire beaucoup, même en biologique, sur de très petites surfaces en hors-sol.
Pourquoi est-ce si difficile d’admettre, comme l’indique les chercheurs, que nous vivons sur une planète spacieuse qui pourrait fournir à tout le monde de quoi vivre dignement si nous étions en mesure de l’utiliser intelligemment ? Ces solutions, bien plus complexes que la peur démographique, nécessitent un effort, une réflexion, un changement et surtout du courage.
Propriété et contrôle de la Terre
On entend souvent dire que la pauvreté serait le résultat de la surpopulation, le manque d’éducation ou même la paresse. Certains à l’extrême droite vont jusqu’à prétexter honteusement une infériorité liée à l’origine. Mais parce que la plupart des gens ne pensent jamais à remettre en question les fondements du système actuel, peu se rendent compte comment la société est orientée vers l’enrichissement matériel par l’accaparement des terres productives dans les pays émergents et la mise au travail forcée des individus.
Nécessairement, les possédants sont plus enclins à reporter la responsabilité de la faim sur les pauvres plutôt que sur un manque de redistribution. Alors, à nouveau, on blâme le nombre. Le passage suivant de The World’s Wasted Wealth: the political economy of waste de J.W. Smith, décrit cette réalité :
« La faim dans les pays sous-développés d’aujourd’hui est tout aussi tragique et absurde. Les colonisateurs européens ont bien compris que la propriété des terres donne le contrôle sur le produit. Les puissants ont simplement redistribué les titres fonciers de valeur entre eux, entrainant l’éradication de traditions millénaires d’usage courant. (…) Pour cette raison, la plupart des terres sont inutilisées ou sous-utilisées jusqu’à ce que les propriétaires décident d’en faire un usage plus rentable. Ceci est le mode d’utilisation des terres qui caractérise la plupart des pays du Tiers-Monde aujourd’hui, et c’est ce qui génère la faim dans le monde. »
Agriculture et logement durable : créer l’abondance pour tous
Des alternatives à l’agro-industrie existent. Le succès de Cuba à surmonter une crise alimentaire à travers l’autonomie et l’agriculture durable, pratiquement sans pesticides, est un excellent exemple. Même dans les villes, des solutions urbaines se développement à vive allure partout à travers le monde. Respectueuses de l’environnement, des alternatives agricoles saines se voient parfois plus productives à long terme que leurs homologues destructeurs de l’environnement. La permaculture en est un excellent exemple.
L’habitat durable et l’agencement intelligent de la ville sont d’autres alternatives qui devraient être mises en œuvre à l’échelle mondiale au lieu de pointer du doigt la population croissante. Les possibilités sont infinies, de la yourte aux éco-villages à l’intégration de hautes technologies dans les futures éco-villes. Naturellement, ces solutions, aussi positives soient-elles, ne peuvent occulter le fait d’une nécessaire critique structurelle de la propriété en matière de production alimentaire.
La destruction de la Terre : la surpopulation ou un système dépassé ?
La surpopulation est trop souvent jugée coupable de la destruction de la planète, mais avons-nous jamais pensé à pointer du doigt nos pratiques destructrices ? Nous continuons à perpétuer le même schéma au nom du profit et de l’illusion d’une croissance infinie malgré les nombreuses solutions existantes. Nous savons désormais que ce n’est pas une question du nombre de personnes qui habitent notre planète. C’est une question de responsabilité personnelle et collective.
Pour vivre équitablement et en autonomie, il « suffit » d’y mettre les moyens techniques, politiques et financiers. Par opposition, céder au mythe de la surpopulation, c’est faire le jeu des puissants et des pires dictatures dont l’habileté est d’orienter les véritables causes d’une problématique vers un épouvantail insaisissable : le nombre.
La vérité, c’est que nous avons le choix d’évoluer vers un style de vie favorable à la terre entière, concevoir des villes durables qui permettraient l’autosuffisance et la collaboration pour le bien de tous. Nous ne serions plus considérés comme une menace pour la planète, mais comme un élément parmi les éléments. Nous devons enfin travailler avec la nature et non contre elle. Nous sommes une partie de la nature et il est temps de cesser de se sentir coupable d’exister. Par contre, nous devons faire preuve d’autocritique dans nos actions individuelles (consommations) et nos choix collectifs (politiques sociales, production..). Il est encore possible de transformer cette société si nous cessons de prétendre à notre supériorité face à la nature.
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Si nous avons construit ce monde, qu’est-ce qui peut vous faire croire que nous sommes incapables d’en construire un autre ? À partir de maintenant, faisons la promesse de ne plus utiliser notre main-d’œuvre, notre créativité et notre intelligence pour construire des armes de guerre, des technologies non-durables et produisons du sens à la place, de la résilience, du progrès utile.
Nous avons aujourd’hui le potentiel et l’intelligence de créer des technologies durables, des produits bénéfiques et un système harmonieux qui permettraient à l’humanité de prospérer au bénéfice de tous. Ceci n’est pas une utopie, mais l’irréalisé. Mais ce monde plus beau n’aurait pas de sens s’il n’est pas destiné aux 7 milliards de personnes sur la planète, sans exception.
– Mr Mondialisation & Elina St-Onge
Photo de couverture : Pixabay
Sources :
http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20150511.RUE9028/oui-l-agriculture-biologique-peut-nourrir-la-planete.html
Overpopulation is not the problem – a sustainable world begins!
http://www.prolifeinfo.ie/mcms_print.php?nav=p-25120
http://www.theguardian.com/commentisfree/2010/aug/26/urban-planning-overcrowding
http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=40698#.VE0iE4vF-mA
The Entire World Population can Sink into the State of Texas
http://overpopulationisamyth.com/
http://www.pop.org/content/debunking-myth-overpopulation
http://www.globalissues.org/article/7/causes-of-hunger-are-related-to-poverty
http://informationwarfareblog.com/a-simple-solution/
http://leaksource.info/2013/03/09/overpopulation-debunked-every-person-in-the-world-could-fit-inside-australia-with-14-acre-of-land-each/
http://www.globalissues.org/article/205/does-overpopulation-cause-hunger
http://theratchet.ca/no-population-bomb
http://www.slate.com/articles/technology/future_tense/2013/01/world_population_may_actually_start_declining_not_exploding.html
Rédigé avec l’aide du Collective-Evolution
The post Surpopulation : le mythe qui cache le vrai problème des inégalités first appeared on Mr Mondialisation.Publié le 22.04.2024 à 06:00
L’extrême droite s’empare de l’écologie et c’est mauvais signe
Simon Verdiere
Devenant de plus en plus incontournable, le sujet de l’écologie est aujourd’hui abordé par la plupart des formations politiques françaises, y compris l’extrême droite. Dans sa stratégie pour paraître plus « respectable », le RN essaie d’afficher un visage dans le domaine. Pour autant, derrière les faux semblants, le parti de Marine Le Pen démontre par ses actes qu’il ne se soucie guère de ce sujet, bien au contraire.
Largement en tête des sondages (dont on pourrait discuter la pertinence) en vue des Européennes de juin prochain, légitimé par le spectre politico-médiatique libéral, le RN tente d’élargir un peu plus son électorat en évoquant une thématique majeure du XXIe siècle. Pourtant, comme sur le secteur social, lorsque l’on gratte le vernis, on se rend vite compte de la supercherie.
Un ancrage historiquement anti-écologiste
Avant de s’intéresser au discours actuel et surtout aux actes du RN en matière d’environnement, il convient d’abord de rappeler l’histoire de ce parti dans le domaine. Et depuis toujours, le mouvement a bien pris soin de taper sur « la gauche ». On se souvient par exemple de Jean-Marie Le Pen qui avait popularisé l’expression « gauche pastèque » dans les années 80.
Sur un plateau, il avait ainsi comparé les écologistes à ce fruit « vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur ». Une formule d’ailleurs reprise toute honte bue par Olivier Véran, porte-parole du gouvernement en 2022. De cette manière, la droite et l’extrême droite affirment leur claire démarcation de l’écologie politique, notamment liée à la décroissance.
Longtemps méprisée par cette partie de l’échiquier politique, la défense des conditions de vie sur Terre devient toutefois de plus en plus incontournable. Il est ainsi beaucoup plus compliqué d’afficher un climatoscepticisme décomplexé comme le faisait auparavant Marine Le Pen.
L’écologie « positive », une nouvelle escroquerie de Bardella
Pour malgré tout se saisir de ce sujet, le RN, comme l’ensemble de la droite, essaie s’appuie sur l’idée qu’il existerait plusieurs types d’écologie. L’écologie, soutenue par la gauche, serait « punitive », déraisonnable ou fanatique.
À l’inverse, l’extrême droite s’est alignée sur la stratégie libérale, tentant de s’afficher comme censé et responsable. Comprendre par là, ne surtout par remettre en cause l’ordre établi.
Ainsi, pour s’opposer à la gauche et son « catastrophisme », le RN entend porter une écologie « positive ». Évidemment, derrière ce genre d’expression ne se cache pas grand-chose de concret. L’idée est surtout de se placer en opposition aux véritables écologistes que l’on cherche à diaboliser.
Le rejet de l’altérité comme boussole
En ce qui concerne le secteur social, le RN a toujours porté un projet permettant d’asseoir son obsession identitaire. Ainsi, il faudrait « moins aider les étrangers » pour pouvoir s’occuper des Français (dans les faits, le RN ne se soucie pour autant pas du tout des classes populaires).
Sa politique écologiste repose sur la même logique xénophobe. L’un des thèmes phares du parti dans ce domaine est d’ailleurs le « localisme ». En soi, cette pratique consistant à produire et consommer au niveau local peut tout à fait être vertueuse pour le climat. Toutefois, elle est insuffisante en elle-même, puisque si elle permet effectivement d’éviter le transport de marchandises émetteur de gaz à effet de serre, elle ne garantit en rien de bonnes conditions environnementales de production (pollution, type d’énergie, gestion de l’eau ou des sols…).
Cependant, le localisme a l’avantage de constituer une merveilleuse passerelle pour les thèmes identitaires de l’extrême droite. Ainsi, en vantant les denrées régionales sous un prétexte écologique, le RN flatte aussi le sentiment nationaliste en affirmant la supériorité de la France sur les autres.
Une ribambelle de votes anti-écologiques
Dans les faits, au-delà des coups de communication, on sait par l’observation des votes des élus d’extrême droite que ces derniers agissent objectivement à l’encontre de l’intérêt environnemental.
En 2019, une enquête du Monde révélait ainsi que les eurodéputés du RN ont œuvré à l’encontre du climat notamment en rejetant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De même, ils se sont largement positionnés contre le développement des énergies renouvelables (un sujet sur lequel la France est toutefois déjà très en retard). Dans le même temps, le RN s’est aussi opposé aux accords de Paris (qui sont pourtant bien insuffisants).
Pour séduire l’électorat rural réactionnaire, Marine Le Pen a promis qu’elle démantèlerait les éoliennes de l’hexagone si elle arrivait au pouvoir. Une idée climaticide qui ferait la part belle aux énergies fossiles. Un lobby auquel le RN semble bien soumis puisqu’il a refusé la taxation des superprofits des grandes entreprises du pétrole, du charbon et du gaz.
Derrière son apologie d’une écologie "enracinée", le #RN défend un programme destructeur pour le vivant.https://t.co/XgLx1JL5qU pic.twitter.com/cn9flhdXIr
— Graziella MELIS (@GraziellaMls) May 2, 2023
En matière d’agriculture, le RN ne brille pas non plus par son action pour la planète puisque ses votes sont largement orientés en faveur des industriels. Il a par exemple voté contre le « pacte vert » et donc contre la réduction des pesticides et l’essor de la paysannerie biologique.
En matière de logement, le RN s’est également positionné du côté des plus riches en s’opposant à l’obligation de rénovation des passoires thermiques. Et pour bien démontrer qu’il se moque de cet enjeu crucial, il a aussi voté contre la mise en place d’un fond européen pour aider les plus précaires à rénover les habitations ou acheter des voitures électriques.
L’extrême droite du côté du capitalisme
On l’aura compris, le bilan écologique du RN est loin d’être reluisant, en particulier au parlement européen. Leurs attaques récurrentes à l’encontre des forces de gauche qui portent réellement le combat environnemental en sont d’ailleurs une belle démonstration.
Le même constat a en outre été fait dans les pays où l’extrême droite a accédé au pouvoir, notamment aux États-Unis de Trump ou au Brésil de Bolsonaro. Dans tous les cas, ce camp politique est avant tout animé par une obsession identitaire, mais elle se place également du côté du capitalisme.
Un mode de fonctionnement qui reste bel et bien incompatible avec la sauvegarde des conditions de vie sur Terre puisqu’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies relève définitivement du fantasme.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Montage Mr M x Wikimedia x Unsplash
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