Un odieux connard

le Blog de Julien Hervieux

Flux purgé de certains visuels, peut nuire à la compréhension des contenus.

 

Publié le 26.04.2025 à 10:04

The Bêteman

Batman est un super enquêteur.

Voilà généralement ce que vous pouvez retrouver dans la plupart des discussions sur « Quel est le super pouvoir de Batman à part d’être honteusement riche ? ». Et c’est en effet plus ou moins officiel, tant des comics entiers sont dédiés aux investigations du célèbre détective crypto-transformiste. Par conséquent, si je vous demandais de m’écrire une aventure de Batman là, au débotté, sur le thème « Il y a un crime », j’ose imaginer que le premier truc que vous me répondriez serait « Batman va enquêter ».

Eh bien à Hollywood, quelqu’un a dit « Non, en fait, il va faire du rien. Puis-je en faire un film de trois heures avec un budget de 185 millions de dollars ? » et quelqu’un a répondu « Mais, fais-toi plaiz’ ! »

Personnellement, s’il y a une enquête à mener, c’est plutôt par là que j’irais voir.

« Enfin, » me direz-vous de votre voix au timbre raffiné « le film a eu d’excellentes critiques, comment osez-vous dire que ce serait en fait une daube où Batman ferait du rien ? »

Et j’entends, j’entends, lecteurs de peu de foi. Et je n’ai qu’une seule réponse à cela :

Spoilons, mes bons !

L’affiche. Dois-je commenter la couleur du ciel ou ça ira ?

Notre film commence au travers des yeux d’un monsieur avec des jumelles qui respire très fort en observant une belle maison. Celui-ci est en train d’espionner toute une petite famille, probablement en marmonnant « Hmmmouiiii, fifille… », mais finalement, à défaut de fifille, il décide d’arrêter son attention sur le père de famille, qui n’est autre que le maire de Gotham City. Et profitant d’un moment où il se trouve seul, notre pervers se faufile dans la maison, puis au cri de « Ça, c’est pour les ralentisseurs et les ronds-points !« , savate lourdement le pauvre élu, qui en décède.

Pendant ce temps, à l’extérieur, le reste de Gotham est plongé dans le crime. On aperçoit tour à tour un braqueur, des tagueurs et une bande de jeunes fifous qui veulent agresser à douze un type isolé. Une voix off, celle de Bêteman, car comme vous le verrez, il est plus andouille que chauve-souris, résonne en voix off.

« Cela fait deux ans que je hante les nuits de Gotham. Deux ans que je viens venger les innocents. Les criminels ont appris à me craindre. Passque… euh… passque j’les tape ! »

En effet, sitôt que le bête-signal apparaît dans le ciel, on aperçoit le braqueur paniquer, lâcher son arme et fuir, les tagueurs arrêter d’écrire « ACAB » pour retourner dans la piscine à boules de la garderie partager leurs brillantes idées politiques, et pour les agresseurs… eux ont moins de chance, car ils tombent directement sur Bêteman, qui sortant des ombres, leur malaxe la gueule à coups de mandales, tatanes et autres tasers. On comprend d’ailleurs pourquoi ce film s’est retrouvé sur Netflix : la bande de vilains agresseurs n’est constitué que de petits blancs, sauf un type de couleur qui évidemment, est le seul qui refuse d’agresser. Il est probablement venu avec eux par amour de la randonnée urbaine, et a au fond de lui, cette fameuse bonté naturelle des gens de couleur que les Bons Gros Racistes aiment à glisser dans les films. Ah, ces gens de couleur ! Faudrait pas qu’ils soient comme les blancs. Eux sont différents : toujours gentils et souriants. Ma grand-mère disait pareil en nous montrant ses boites de chocolat en poudre. Ah, le progrès !

Mais passons.

Car alors que Bêteman en a fini avec les vilains, il lève les yeux pour apercevoir dans le ciel le bête-signal. On a besoin de lui… à la résidence du maire de Gotham, que l’on vient de retrouver mort. Sur place, l’inspecteur Gordon l’attend. Ce qui ne fait guère plaisir à ses camarades en uniforme ou à son supérieur, le commissaire Grokon, qui trouvent tous que bon, confier tes enquêtes à un type qui se déguise en rongeur volant, c’est quand même pas ce qu’il y a de plus professionnel. Mais Gordon insiste : il faut laisser Bêteman accéder à la scène de crime. Alors oubliez sa tenue de drag queen gothique et écartez-vous, bordel. Et ce qui est dit est fait.

– Bêteman, vous voilà ! On a bien besoin de vous sur cette enquête.
– Quand le corps a-t-il été découvert ?
– Il y a une heure. Soit le temps exact nécessaire pour que je me dise « Ouah, pfou, c’est trop dur cette enquête, j’appelle Bêteman. »

Oui, Gordon est un gros branlos. Avant même d’essayer de résoudre le moindre crime, il confie le dossier à un type douteux. Quel talent ! Mais, voyons plutôt la scène de crime. Car le maire a été retrouvé tout mort, avec un pouce en moins, ligoté à une chaise, et avec un scotch où il était écrit « Arrête de mentir, menteur ! » sur la bouche. Mais ce qui a poussé Gordon à appeler Bêteman, c’est qu’on a retrouvé une enveloppe à proximité, marquée « Pour Bêteman. »

– Ah ! Voilà qui justifie que vous m’ayez appelé dans l’intrigue !
– Euh… pas exactement, Bêteman. Je suis policier. Si un meurtrier laisse une enveloppe, je suis supposé l’étudier au labo et m’en servir d’élément pour l’enquête. Pas faire le facteur. Si un terroriste laisse une lettre pour le président, vous imaginez bien que mon boulot ne consiste pas à lui remettre sans poser de questions.
– C’est vrai que vous êtes un branleur en fait !
– Il suffit, Bêteman !

Car il est temps d’ouvrir l’enveloppe, qui contient une carte de vœu, avec à l’intérieur une énigme :

– « Que fait un menteur qui se noie ? ». Hmmm…
– Pas facile, Bêteman !
– Il ment à l’eau… mais oui, une menthe à l’eau ! Sûrement une référence à Eddy Mitchell ! Vite, envoyez toutes les unités l’arrêter !

Sauf que non. Eddy Mitchell, brièvement passé à tabac, est relâché. En réalité, c’est la clé pour décoder un message au dos de la carte. Message que Gordon refuse de remettre à Bêteman parce que vas-y, c’est ma preuve, t’y touche pas. Oui, en fonction des besoins de l’intrigue, des fois Gordon propose à Bêteman de venir danser au milieu d’une scène de crime pour lui remettre son courrier, mais des fois, il lui dit que « Par contre, je te laisse pas le courrier, c’est pas pro. » Hmmm. D’accord. Quelle équipe ! Boudeur, Bêteman s’en va, et retourne dans sa bête cave sur son bête solex.

Alors, je dis « bête solex » car ne vous attendez pas à une batmoto bourrée de gadgets : dans ce film, Batman est un homme d’Action. Et quand je dis « Action » avec une majuscule, c’est parce que je pense au magasin. Tous ses accessoires sont, disons, discounts, mais cela a quelques avantages. Par exemple, en usant d’un bête solex, Batman peut ranger sa tenue dans son sac à dos et rentrer chez lui en deux roues dans les rues de Gotham sans trop éveiller l’attention. Personne ne se doute donc que cette silhouette qui retourne vers la Wayne Tower qui domine la ville n’est autre que Bruce Wayne, alias Bêteman. Après avoir garé son bête solex dans la bête cave sous la maison, il retire son meilleur gadget : une lentille de contact sur son œil qui enregistre tout ce qu’il voit et entend ! Et il peut ainsi réétudier, sur écran, le mystérieux message codé laissé par l’assassin, que Gordon a refusé de lui remettre. C’est alors que débarque dans la bête cave Alfred, le majordome de Bruce Wayne.

– Monsieur, je vois que la nuit a été longue. Vous devriez vous reposer.
– Et laisser le crime s’étendre comme une moisissure ? Jamais !
– Hmmm… monsieur, vous êtes milliardaire. Si vous commenciez par payer vos impôts, on pourrait avoir des dizaines d’unités de police en plus. Pas juste un gugusse en latex qui peut être à un seul endroit à la fois.
– Vous oubliez une chose, Alfred.
– Oui ?
– Je suis Bêteman.

Alfred, qui aime son petit protégé, aimerait lui dire que mais noooon, t’es pas si bête que ça. Mais Bruce insiste.

– Si, je suis Bêteman ! Tiens, regarde : tu vois ma super lentille de contact qui filme tout avec un curieux filtre rouge sans aucune explication possible ?
– Oui ?
– J’ai un putain de casque sur la tête avec des oreilles. J’aurais pu mettre une caméra dans l’une, et un micro dans l’autre, j’aurais eu une meilleure qualité de son et d’image, au lieu de payer une fortune une merde qui donne l’impression d’avoir la colorimétrie d’un terminator. En plus, je ne veux même pas savoir combien ça m’a coûté d’insérer un micro dans une lentille de contact. Ou des batteries, d’ailleurs.
– Alors c’est vrai que c’est pas très malin maiiiis… d’après le pitch, vous êtes quand même un enquêteur surdoué !
– Ah oui ? Tu m’as vu avec Gordon ? J’ai à peine étudié la scène de crime. Je n’ai même pas cherché d’indices qu’aurait pu laisser le meurtrier : un cheveu, une trace sur une vitre, remonter par où il est rentré… tiens, et avec Gordon, on n’a même pas demandé à regarder les caméras de sécurité du coin, alors qu’on parle de la résidence du maire de Gotham City ! En résumé : Gordon est un branleur, moi aussi, et on n’a même pas commencé le début d’une once d’enquête, on s’est juste contentés de récupérer le courrier du meurtrier, soit exactement ce qu’il voulait qu’on fasse.
– D’accord : vous êtes VRAIMENT Bêteman.

Voilà voilà.

Alors qu’Alfred explique que ce serait bien que Bruce Wayne fasse au moins un peu semblant de s’intéresser aux activités de sa propre entreprise, son bon maître lui répond qu’écoute mon p’tit, t’es gentil mais tu vas me faire un café, moi, j’ai un message à décoder. Et il s’y met, pour découvrir que le message est inutilement complexe : il faut décoder uniquement certaines lettres, tenir le document devant soit, n’observer que les lettres décodées, et elles forment alors des points qui eux-mêmes, forment un mot : « DRIVE ».

– Le film idiot avec le type au cure-dent ! s’exclame Bruce. Vite, je dois retourner à la maison du maire ! C’est sûrement lié à ses voitures ! Ou ses DVDs !

Et accompagné de Gordon, dès le lendemain soir, il se rend sur place et met la main sur un indice caché par l’assassin (Ah ! Si seulement quelqu’un avait fouillé la scène de crime ! Un inspect… un enquêt… oh, non, rien, ça ne doit pas être dans le film), à savoir cachée dans une voiture de collection du maire, une clé USB attachée au pouce manquant du monsieur. Gordon sort donc son ordinateur portable pour y mettre la clé. Et ils découvrent sur celle-ci… des photos du maire dans des situations compromettantes (comme en train de mimer des emotes Fortnites), et surtout un cliché où il est en train de sortir d’une boîte de nuit douteuse avec une femme qui n’est pas la sienne, le tout entouré de divers mafieux de Gotham. Quel gros coquinou ! Pendant que Bêteman demande à Gordon s’il ne pourrait pas zoomer sur la dame pour, euh, l’enquête bien sûr, voici que l’écran se bourre de messages d’alerte.

– Flûte ! s’exclame Gordon. La clé était piégée ! Rho, si seulement on n’était pas aussi bêtes et qu’on se disait qu’une clé USB laissée par un tueur, on aurait peut-être dû l’étudier de manière sécurisée d’abord !
– Il vous a refilé un virus ?
– Il a pris le contrôle de ma boîte mail et a envoyé ces photos à toute la presse !
– Gordon, vous voulez dire que le plan du tueur était donc de tuer le maire, laisser une énigme, elle-même contenant plusieurs niveaux d’énigme, espérer qu’on n’enquête pas et qu’on se contente de résoudre ses charades à la con, qu’on les résolve, qu’on revienne et qu’on viole bêtement toutes les procédures pour étudier sa clé sans aucune sécurité, et ainsi, faire que la presse reçoive ces photos ?
– Exactement, Bêteman.
– Mais alors pourquoi il n’a pas juste envoyé anonymement ces photos à la presse ?
– Eeeeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeeeeeen…

Parce qu’on dirait que Bêteman et Gordon on trouvé un ennemi à leur hauteur !

– Et comment devrions-nous appeler ce nouvel ennemi ?
– Hmmm… un trou du cul qui adore les énigmes… j’ai trouvé : « Le Sphinxter ».

Bêteman se gratte alors le menton : et maintenant, que faire ? Après tout, le tueur du maire est toujours dans la nature. Alors, que faire ? Etudier cette mystérieuse clé plus avant ? Retourner inspecter la scène de crime ? Déterminer à partir de l’angle des photos du maire sortant de boîte où se trouvait le mystérieux photographe et voir s’il a laissé des indices ?

Non, ce serait intelligent, puisque cela signifierait « enquêter sur le meurtre du maire ».

Ici, Batman et Gordon regardant l’écran de l’ordinateur de Gordon où vient d’apparaître l’historique internet de ce dernier. C’est la dernière fois que Gordon utilise son PC perso pour le boulot.

À la place, Bêteman décide d’enquêter sur le maire (toujours blâmer la victime et laisser le tueur tranquille !). Et tente de retrouver la mystérieuse Madame avec qui il était sur la photo. Pour ce faire, il se rend au club devant lequel ont été prises les photos : le Macumba. Sauf que sur place, c’est tenue correcte exigée, et qu’on ne laisse pas rentrer les gens vêtus en chauve-souris, ce qui est de la discrimination. Bêteman n’ayant pas le temps de les attaquer en justice, il préfère leur attaquer la gueule directement, et savate donc tous les videurs sur son chemin, déclenche une fusillade dans la boîte de nuit, le genre de truc qui peut causer des morts me dit-on, mais Bêteman n’en a rien à foutre. Il est contre tuer et les armes à feu, mais causer des fusillades dans des lieux remplis de civils, c’est parfaitement okay. Bêteman : tu ne portes pas ton nom pour rien.

Finalement, notre neuneu masqué parvient à mettre la main sur le maître des lieux, un mafieu surnommé « Le Pingouin », probablement parce que c’est pas un manchot.

– Pingouin ! Dis-moi qui est la dame sur la photo avec le maire !
– Chaipatro.
– Damnation ! Il ne sait rien, alors qu’il est pourtant juste à côté sur la photo ! Tant pis, je laisse tomber;

Non, vraiment, quel enquêteur. Et sinon, essayer de chopper les caméras du club ? Interroger un videur un peu moins résistant aux menaces ? Tu ne veux vraiment pas… non ? Bon, bon, très bien Bêteman. De toute manière, notre héros a une piste. Il a repéré une serveuse qui a l’air d’en savoir pas mal sur ces photos, tant elle s’est montrée nerveuse en les apercevant. Bêteman décide donc de la suivre jusqu’à chez elle, où il découvre que la femme de la photo qu’il cherche… est là, dans le même appartement que la serveuse ! C’est sa colocataire, Annika. Bêteman les observe depuis un toit voisin, avec des jumelles, et ne se prive pas pour bien mater la serveuse, Sélina, lorsqu’elle se change.

Ah, eh, c’est pour… euh… l’enquête, hein !

Oui, Bêteman. Bien sûr. Petit pervers microcéphale, va ! Enfin. Il aperçoit justement la belle se changer en combi cuir et sortir par la fenêtre avant de sauter sur une moto avec une agilité féline. Vite ! Le bête solex ! Bêteman la suit moyennement discrètement, pour constater que la mystérieuse serveuse se rend… à la résidence du maire ! Et avec des talents de cambrioleuse incroyables, se faufile sur la scène de crime. Et va droit vers un tableau (Périzonium en chapiteau, un chef d’œuvre de l’art français), qu’elle écarte pour révéler un coffre fort caché. Elle l’ouvre sans le code grâce à de petits outils, et y récupère un passeport.

C’est à ce moment-là que Bêteman surgit derrière elle.

– Vous me dites si je vous fais chier.
– OH ! Bêteman ! Que faites-vous là ?
– C’est à moi de vous poser la question. Êtes-vous l’assassin du maire qui revient sur la scène du crime ?
– Ah ! Pas du tout ! V’là l’enquêteur ! Je suis une amie de sa maîtresse, Annika. Dont il avait fait sa prisonnière en lui confisquant son passeport. Je suis venu le récupérer.
– Alors d’accord, mais d’où vous connaissiez exactement l’emplacement du coffre-fort secret du maire que même la police n’a pas trouvé en fouillant les lieux ? Enfin siiii elle les a fouillés, notez. J’imagine mal le maire inviter sa maîtresse dans sa demeure familiale au vu et au su de tous pour lui dire « Tiens, je cache ton passeport ici. ». Donc elle ne doit pas connaître ce coffre non plus, et n’a donc pas pu vous en parler.
– Eeeh bien… vous oubliez quelque chose, Bêteman.
– Oui ?
– Vous êtes trop bête pour poser cette pertinente question.
– Ah merde, oui.

Les deux réalisent alors qu’ils sont dans le même camp. Celui des gens qui aiment le cuir et résoudre des crimes. Aussi retournent-ils ensemble chez Sélina, avec pour objectif de rendre son passeport à Annika, et de lui poser quelques questions sur tout ce merdier. Sauf qu’en arrivant, tout l’appartement est un gigantesque bazar, la porte a été forcée, et Annika a disparu, visiblement non sans grosse baston, elle a dû douiller. Là, vous vous dites « Mon dieu, Sélina doit être bouleversée ! Annika était son amie, vient d’être enlevée, et elles étaient si proches que Sélina était prête à tout risquer pour lui rendre son passeport et sa liberté ! ». N’est-ce pas ? Alors, comment Sélina va-t-elle réagir ? Hurlements ? Pleurs ? Panique ? Adrénaline qui tape et bougresse qui file à la poursuite des ravisseurs ?

Non.

En lieu et place elle décide de se faire un petit chocolat.

« Vous savez, c’est juste une personne pour laquelle je risquais ma vie, on va pas en chier une pendule, Bêteman. »

Ah mais on t’en prie Sélina. Savoure ta p’tite boisson au milieu des ruines de ton appartement où ta meilleure amie vient de se faire enlever comme si de rien n’était, on t’en prie. Et voilà comment on se retrouve avec une scène où Bêteman, qui ne relève pas non plus le problème, papote autour d’une boisson avec Sélina. Et parle de trucs palpitants comme :

– Dites-donc, vous avez plein de chats.
– Ouais, j’adore les chats.

Vous ne voudriez pas non plus nous parler de la météo ? Non parce que, qu’est-ce qu’il pleut à Gotham ! Tout ça, c’est les spoutniks qui nous dérèglent le climat. Finalement, ils décident qu’ils pourraient faire équipe pour retrouver Annika. Car ils finissent par se rappeler que ah tiens oui, merde, on n’était pas spécialement venus ici pour boire du Banania. Mais comment s’y prendre ? Les mafieux du club doivent savoir quelque chose.

– Je suis serveuse au Macumba. Contrairement à toi, Bêteman, je peux m’y infiltrer pour poser des questions. Et même dans le club sous le club.
– Quel club sous le club ?
– Le club secret réservé à la pègre et aux VIP. Situé sous le Macumba, nous l’appelons le Macumbé.
– Génial. Je vais t’y envoyer avec une de mes lentilles qui permet de filmer les gens.

À noter qu’en deux ans à Gotham, le super-méga-enquêteur-génial qu’est Bêteman n’a jamais entendu parler du club où tous les gens qu’il traque se réunissent la nuit venue. Vraiment, quel talent ! Bêteman approuve : la nuit prochaine, ils feront ça. Mais en attendant, il est appelé par l’inspecteur Gordon, qui a un truc à lui montrer. Et pas un truc très joyeux, puisque c’est une vidéo de l’exécution du commissaire Grokon, qui a lui aussi été tué par le Sphinxter, que l’on aperçoit masqué dans ladite vidéo.

– Regardez ! Il porte des lunettes bien particulières ! Et on aperçoit un décor derrière lui… Bêteman, vous pourriez analyser cela !
– Allons Gordon. Je suis Bêteman. Je n’ai donc qu’une seule question : avez-vous retrouvé un courrier sur les lieux du crime ?
– Ah ben oui, en effet : tenez, je vous le donne.

Surtout, prenez garde à ne surtout pas enquêter, les gars !

Et en lieu et place, nos deux gros débiles font donc exactement ce que le Sphinxter demande, à savoir jouer avec ses énigmes débiles. Dans celle-ci, en décodant un truc digne d’un paquet de céréales, il faut lire le message « Trouve-le rat-ailé et amène-le dans la lumière ».  Bêteman ne comprend pas.

– Une rongeur volant ? Moi, l’homme chauve-souris, je ne vois pas de quoi il parle.
– Alors là, moi non plus, Bêteman !

Si. Vraiment.

Et comme nous le verrons, en fait, le Sphinxter avait justement prévu qu’ils ne fassent pas le lien, car ce n’était pas du tout une référence à Batman. Quel talent.

En attendant, Bêteman a d’autres projets la nuit suivante. Comme par exemple, retrouver Sélina pour aller comme prévu infiltrer le Macumba, puis le Macumbé. Sélina est donc équipée de l’une des fameuses lentilles de contact magiques, et avec Bêteman qui lui cause dans l’oreillette, elle va donc jusqu’au Macumbé, espace VIP dissimulé sous le Macumba où toute la pègre se retrouve. Bêteman, qui voit via la lentille de contact, en profite pour scanner automatiquement tous les visages croisés. Et tombe donc sur énormément de gros bras de la mafia, dont les tronches sont enregistrées dans les bases de données de la police. Mais soudain, Bêteman aperçoit un visage qu’il ne parvient pas à scanner.

– La personne, là ! Assise, que l’on voit bien ! Sélina, tu dois la regarder à nouveau et fixement, mon logiciel a du mal avec ce monsieur !
– Mais si je le regarde fixement, il va me draguer, le lourd.
– C’est pas mon problème.
– Rho, merci gros sexiste.

Sélina y retourne, se fait draguer par le monsieur, et le regarde suffisamment longtemps pour qu’enfin, le logiciel l’identifie : c’est le procureur de Gotham City !

Oui, le logiciel de Batman peut t’identifier Gégé-les-pruneaux, mafieu de troisième zone évoqué dans deux dossiers obscurs de la police, par contre reconnaître le procureur qui fait régulièrement campagne pour être réélu, là, euh, bon, attends, montre mieux qui est cet illustre inconnu ? Oui, même le logiciel de Bêteman est bêtement codé. Après, il est peut-être en Bête-A, mais oooh, je ne suis pas le genre d’homme qui fait des blagues de développeur, cessez. Et concentrons-nous sur l’action. Car le procureur évoque un « rat » au détour d’une conversation. Comme dans l’énigme ! Bêteman ordonne à Sélina d’en demander plus, mais elle n’a guère de résultats. Heureusement, une secrétaire du procureur qui était à sa table, elle, lâche le morceau : le « rat » est une référence à un indicateur infiltré dans la mafia qui a permis au procureur de faire tomber Don Mafioso, le parrain de la ville, il y a quelques temps déjà. Sélina, cette information en poche, se rend aux toilettes pour pouvoir parler à voix haute à Bêteman sans se faire griller.

– Bêteman, vous avez entendu ? Le rat, c’est une taupe.
– Hmmm, j’aurais dit que c’était un rat, mais une taupe ? Attendez, je regarde dans livre « Je découvre les cris des animaux. »
– Bêteman !
– Rah, pfou. En plus ce n’est pas la vraie info.
– Quoi ? Vous vouliez l’identité du rat ? Ils refusent de me la donner, vous pensez bien !
– Non, Sélina. La vraie info, c’est que la moindre secrétaire d’un bureau de Gotham connait l’existence du Macumbé, mais même pas moi !

Effectivement, voilà qui souligne une fois de plus le niveau de Bêteman. Et comme en plus il fait un caca nerveux pour dire à Sélina de se remettre au turbin, elle lui répond que wopopop, tu vas te calmer, chuis pas ta pouliche, t’es pas mon mac, et hop, elle retire la lentille de contact et la balance, finissant ici la mission d’infiltration. Bêteman n’est pas content, mais c’est ainsi.

« Comment ça Alfred toi aussi tu savais pour le Macumbé ? Tu connais d’autres coins comme ça ? Attends, je prends des notes… la… fist… in… iè… »

Le lendemain, notre héros décide de se rendre à l’enterrement du maire, première victime dans cette affaire, car il suppose que son meurtrier sera présent aux funérailles qui s’avèrent être publiques. L’occasion de le repérer ? Venu en Bruce Wayne, il n’a aucun mal à avoir une bonne place dans l’assemblée. Mais alors que la cérémonie va commencer… vroum-vroum-vroum ! Un bruit de voiture surprend les présents, et bientôt, un véhicule entre en trombe dans l’église sans même retirer son chapeau. En descend alors le procureur de Gotham, qui a un collier explosif autour du cou, et un téléphone scotché à la main.

– Mais enfin, c’est pas une tenue pour un enterrement ! C’est même pas la bonne couleur !
– Taisez-vous, Bruce Wayne ! Hier soir, alors que je sortais du Macumb… ahem, du bureau, j’ai été enlevé par le Sphinxter, qui m’a posé tout cela ! Si je ne fais pas ce qu’il dit, il va me faire exploser ! Et dans ma main, ce téléphone qui sonne… c’est pour Bêteman !
– Bêteman vous dites ? Euh… je… ooooh, je dois aller faire caca.

Bruce Wayne disparait aux toilettes, l’église est évacuée, et quelques instants plus tard sort des WCs… BÊTEMAN !

– C’est moi ! Alors mon p’tit procureur, on a un appel pour moi ? Passez-moi ce téléphone !

Et c’est mieux qu’un appel. C’est un appel vidéo, diffusé en ligne et en direct ! Avec le Sphinxter qui propose un marché : si le procureur répond à trois énigmes, il vivra. Sinon…

– Vite ! ordonne Bêteman. Surtout, que personne ne tente de localiser l’origine de la vidéo ou du compte du Sphinxter ! Surtout, que personne ne fasse rien d’utile ! En lieu et place, faisons tout ce qu’il demande !

Car oui, une fois de plus, Bêteman… ne tente rien. Vraiment, quel incroyable héros. Vous ne voudriez pas juste faire un film sur le Sphinxter et son complice ? Plutôt que de mettre un héros qui ne tente même pas de le retrouver ? Non ? Bon. Alors passons aux trois énigmes du Sphinxter, qui glousse en live, tel un streamer de 12 ans.

– Voici l’énigme numéro 1 ! « Je n’ai pas de face et je… »
– Manuel Valls.
– Je… Je n’avais pas fini, mais d’accord, vous avez gagné.
– C’était facile. Envoie ta prochaine question, Spinxter !
– Deuxième énigme ! « Je suis un plat envahissant qu… »
– La poutine !
– Ah nan mais vous êtes en train de niquer mon jeu là en fait. Pour la peine, dernière énigme : « 6×7 ? »
– … oh mon dieu ! C’est trop dur !

Et le procureur ne sachant répondre, un compte à rebours s’enclenche sur son collier. Quelques secondes seulement. Bêteman s’empresse alors de venir le saisir par le col.

– Procureur ! Tu dois me donner le nom du rat !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Pour résoudre l’énigme que m’a donné le Sphinxter !
– Vous ne voudriez pas plutôt essayer de désamorcer cette bombe ? Ou de l’arrêter ?
– NON ! Sinon comment on fait un film de trois heures ?
– Vous ne voudriez pas vous reculer alors ?
– Non, car je suis… BÊTEM-

Le procureur explose, et la bombe souffle ce crétin de Bêteman loin de lui. Le malheureux héros-neuneu en tombe raide inconscient.

À son réveil, il est au commissariat, entouré de policiers qui se demandent qui se cache sous le masque de Bêteman. Et s’apprêtent à le lui retirer. Car, oui : les policiers ont eu le temps de le ramasser sur le sol de l’église, de le charger dans une ambulance, de l’emmener au commissariat, de le traîner jusqu’à une salle à part, de le déposer sur une table, et là, uniquement là, quelqu’un s’est dit « Hé ! Et si on retirait son masque ? ». Même le personnel de l’ambulance n’y a pas pensé tant un type qui vient de se manger une explosion dans la margoulette n’a pas besoin qu’on regarde s’il va bien là-dessous.

Ah non mais vraiment : c’est très bien écrit.

Heureusement, Bêteman se réveille à temps, tape sur les policiers qui veulent lui retirer son joli déguisement, et finalement, ce n’est que grâce à l’aide de Gordon que Bêteman parvient à filer, feignant d’avoir assommé le brave inspecteur pour lui voler ses clés de cellule et prendre la fuite. Fuite durant laquelle il tente de déployer sa bête-cape, qui est un bête jump suit de civil, et en l’utilisant se vautre comme une merde et repart en boitant. Oui, le film prend un malin plaisir à nous montrer Bêteman… qui est bête.

Je me demande si en fait, le type derrière ce film n’a pas juste voulu se marrer, et des gens ont pris ça pour un chef-d’oeuvre. Bêteman est à chier en enquête, Bêteman se vautre durant les scènes d’action…

La suite est encore meilleure, puisque non seulement la réalisation oublie qu’elle vient elle-même d’éclater Bêteman contre le bitume – désormais il va bien mieux, merci – mais notre héros retrouve dans un loin discret ce brave Gordon pour préparer la suite.

– Bêteman ! Que fait-on maintenant ? On tente de retrouver le Sphinxter ?
– Nan, toujours pas.
– Ça devient longuet. Donc on continue à faire ce qu’il dit ? Chercher le rat ailé ?
– Oui. Et tu sais ce qui a des ailes ? Un pingouin !

Et voilà comment à partir de cela, Bêteman décide de surveiller le Pingouin, le suit alors qu’il va visiter un entrepôt de drogue, et on découvre qu’un de ses complices a dans son coffre le cadavre d’Annika (il le promenait visiblement depuis des jours, il est comme ça, il aime toujours avoir une preuve de meurtre sur lui). Super, et sinon ? Eh bien rien. À part que ça tourne à la fusillade – encore, et que le Pingouin fuyant en voiture, Bêteman va chercher la bête-mobile. À savoir une bête voiture… à laquelle il a accroché un réacteur aux fesses.

En conséquence, on se tape une longue, loooongue séquence de poursuite où Bêteman finit par coincer le Pingouin, non sans avoir causé un carambolage avec explosions de camions sur une autoroute bondée qui a dû faire des tonnes de mort. Mais pour Bêteman, si ce n’est pas lui qui tue par armes à feu, ça ne compte pas. D’ailleurs, il n’appelle même pas les secours. Les gens peuvent brûler dans leurs épaves enflammées. Sacré Bêteman !

Bêteman est contre tuer autrui, sauf avec une bagnole parce que c’est rigolo.

Cependant, il a quand même attrapé le Pingouin, et l’emmène dans un coin isolé pour lui claquer les joues à l’aide de ses grosses phalanges.

– Parle, Pingouin ! C’est toi, le rat ailé !
– Mais de quoi vous parlez ?
– Attends, c’est pas toi ? Toute cette course-poursuite, tous ces morts… c’était pour rien ?
– On dirait, Bêteman.

Pas tout à fait, Bêteman ! Après tout, tu viens de surprendre le Pingouin dans une usine de drogue, entouré de gens ayant causé une fusillade, avant qu’il n’aille tuer plein de gens via des carambolages sur l’autoroute. Tu as des millions de raison de l’arrêter, c’est donc…

– Bon ben alors pardon. Tu peux partir, Pingouin.
– Quoi ? Mais je… ahem, je voulais dire : Bêteman, tu es digne de ton nom.

Et donc, oui, je suis sérieux : Bêteman laisse le Pingouin tranquille sans poser de questions. Bêteman qui n’enquête pas, se vautre, et n’arrête même plus les criminels : on est très bien, là. Pendant ce temps, Bêteman repense à l’énigme se dit « Hmmm… amener le rat volant dans la lumière… et si ça voulait dire entrer « leratvolant » dans la barre de mon navigateur internet ? ».

Et… oui.

Ça marche. Oui, oui.

Je ne plaisante pas. Bêteman se retrouve donc sur une session privée Caramail avec le Sphinxter. Où il tchatte.

– Kikoo! C Bêteman. T ki?
– Le Sphinxter lol XPDTR. Ta trouvé le rat?
– C pas le pingou1 ?
– Lol nan. :D:D:D
– :'(
– Je V TD. Avec 1 nouvel victim.
– C ki?
– Enigm! « Il a pas de parents, mais il a du pognon »
– HAN C MWA
– ?
– Ou c « effacer message » ? Je voulé dire « C Bruce Wayne !

Et Bêteman de comprendre que la prochaine victime… c’est lui ! Le Sphinxter va donc attaquer la Wayne Tower ! Vite, Bêteman fonce, mais arrive trop tard. Alfred, qui ouvrait le courrier de son patron, s’est mangé une bombe dans la gueule, et est transporté à l’hôpital dans le coma. Bêteman hésite. Doit-il venger Alfred ? Retrouver le Sphinxter au plus vite ? Faire quelque chose d’utile ? Surtout pas, malheureux ! En lieu et place, il trouve sur la scène de l’explosion une enveloppe ignifugée, contenant une nouvelle énigme.

– Super ! Je vais pouvoir continuer à jouer avec le Monsieur qui vient de tenter de me tuer et a explosé mon seul quasi-parent ! Voyons voir…

Et à sa grande déception, c’est juste une carte de vœu « Rendez-vous en enfer. »

– Rho non ! Bon ben si j’ai rien pour jouer, je vais devoir m’occuper autrement.

Pas en enquêtant, hein, ce serait un peu intelligent. Bêteman préfère donc proposer un rendez-vous à Sélina, et les deux se roulent un patin, car comme chacun sait, rien ne vaut un attentat contre vos proches pour stimuler votre envie de romance immédiate. Sacré Bêteman ! Qu’est-ce que c’est bien écrit ! Sans qu’on comprenne bien pourquoi, Sélina enchaîne sur un monologue sur l’injustice et les vilains « riches blancs » (car c’est connu, les gens riches de couleur sont tous des chantres de vertu ; tu ne voudrais pas rajouter qu’ils ont le sens du rythme et dansent bien tant qu’à y être, Sélina ?).

Cela fait, Bêteman… eh bien, fait du rien. Et attend paisiblement que le Sphinxter lui dise que faire.

Quel volontarisme.

Et ça tombe bien, car le Sphinxter fait suivre aux médias une vidéo dans laquelle il explique qu’il est en colère contre Gotham car il y a des années, Papa Wayne s’est présenté à la mairie. Tout le monde pensait qu’il était gentil alors que pas du tout ! Un journaliste avait découvert que sa femme, Maman Wayne, avait eu des passages en unité psychiatrique, et s’apprêtait à le révéler. Aussi, Papa Wayne a fait appel à Falcone, un autre mafieux local qui est aussi le boss du Pingouin, et le journaliste a été retrouvé mort. Hmmm… voilà qui intrigue Bruce et ses gros soucis qui feraient plaisir à Freud. Son papounet n’était pas gentil ? Comment ? Il se déguise comme un con depuis des années pour venger des parents pas si top ? Ben merde alors !

Vite ! Puisque c’est ce que le Sphinxter a révélé, alors il doit le croire… et aller rendre visite au fameux Falcone.

Falcone qui a son quartier générale dans le Macumbé, et lorsqu’il apprend que Bruce Wayne est à la porte pour lui parler, le reçoit bien volontiers.

– Bruce Wayne ! J’ai travaillé avec votre père il y a longtemps. J’imagine que vous êtes là suite à la vidéo de l’autre trou de balle de Sphinxter ? Eh bien oui, tout est vrai. À l’époque, votre papa faisait sa campagne pour devenir maire. Et un scandale sur sa femme aurait pu tout foutre en l’air. Alors il est venu me voir, dans un moment de faiblesse, pour me demander d’intimider un peu ce reporter. Et oui, je l’ai fait tuer. Ton père m’en devait une, Don Mafioso, l’ancien parrain de la ville, a pensé qu’une faveur de ton richissime papounet me permettrait de le doubler et donc… eh bien, le lendemain, tes parents ont été tués. Drôle de coïncidence tu ne penses pas ?
– Don Mafioso aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Cette réponse de normand (ces gens sont partout) suffit à convaincre Bêteman qu’on lui a menti toute sa vie. Bouleversé, il se rend à l’hôpital, dans la chambre d’Alfred. Qui, coup de bol, sort du coma à ce moment-là, et voit ce brave Bruce à ses côtés.

– Bruce… mon petit maître m’a veillé, quel…
– TU M’AS MENTI, GROS BÂTARD !
– Euh… Maître Bruce ? Je sors du coma, là, c’est le premier truc que vous avez à me dire ?
– Vous m’avez toujours dit que mon père était un homme bien, alors qu’en fait, c’était un turbo-rabouin !
– Sans vouloir vous offenser, Maître Bruce, lui ne déclenchait pas des fusillades en boîte de nuit ou des carambolages sur autoroute pour satisfaire sa passion du déguisement.
– Ouais, ben il a quand même demandé à Falcone de tuer un journaliste, et Don Mafioso l’a assassiné pour ça !
– Que ? Qui vous a dit ça ?
– Falcone.
– Maître Bruce ! Vous allez demander la vérité à un gros mafieux et vous le croyez sur parole ?
– Vous savez, je suis toutes les instructions du Sphinxter depuis le début du film sans poser de question. Alors croire un mafieux…
– Hm. C’est vrai. Bon, sachez que oui, votre père a pris peur il y a des années. Pas pour sa campagne électorale, non. Pour le bien-être de votre mère. Il a eu la faiblesse de demander à ce malfrat d’intimider de journaliste, mais il l’a tué. Aussi, votre père a dit que dès le lendemain, il irait tout confesser à la police. Et par un heureux hasard… il fut tué ce soir-là.
– Vous voulez dire… que Falcone… aurait tué mes parents ?
– P’têt ben.

Gotham City, ville jumelée avec Le Havre.

« Si c’est pour entendre des conneries pareilles, je préfère retourner dans le coma, Maître Bruce. »

Sans guère de réponse claire, Bêteman décide de repartir à l’aventure. Et ça tombe bien, car lui et Gordon sont contactés par Sélina, qui leur dit avoir fait une découverte majeure : elle a trouvé qui avait tué Annika, à savoir un flic corrompu. Qu’elle s’apprête à exécuter, mais Bêteman l’en empêche.

– Non Sélina ! Tu connais ma devise « Si tu tues un meurtrier, le nombre de meurtriers en liberté ne change pas. »
– D’accord, mais si j’en tues douze ?

Pendant que Bêteman compte sur ses doigts en marmonnant, Sélina leur annonce autre chose : ce flic avait sur lui un enregistrement du soir où Annika est morte. Et où on entend Falcone, présent sur place, discuter avec elle. Et lui dire en substance « Je dois te tuer car tu sais que je suis le rat qui balance des infos à la police pour me débarrasser des mes concurrents mafieux, comme Don Mafioso, et ça, personne d’autre ne doit le savoir. »

– Le rat ! Celui que le Sphinxter voulait nous voir « amener dans la lumière », c’est donc lui ! Le rat « avec des ailes »… c’est parce qu’il s’appelle Falcone, « le faucon » !
– Vous voulez dire que la phrase écrite par le Sphinxter faisait à la fois référence à Batman, mais sans le faire exprès, à une URL de site de tchat à la con, et à Falcone, tout ça en un ?
– C’est vrai que c’est n’importe quoi, Gordon.

Nous sommes bien d’accord, c’est brouillon. Que se serait-il passé si Bêteman avait arrêté directement Falcone sans passer par le tchat en ligne ? Le Sphinxter aurait râlé « Aaaah, j’ai acheté cette URL pour rien ! » ?

On l’ignore, mais en tout cas, Sélina, Gordon et Bêteman décident d’aller péter la gueule de Falcone, en ordre plus ou moins dispersé. Sélina veut le tuer (accessoirement, on apprend que c’est son père, mais ça a en fait peu d’importance, que de problèmes avec le père dans ce film ! Allez voir un psy, merde, au lieu de tous vous déguiser !), les deux autres, l’arrêter. Et c’est l’équipe Bêteman qui y parvient finalement, et traîne le pauvre Falcone hors du Macumbé, puis du Macumba, où des flics intègres attendent de l’embarquer. C’est alors que… PAN ! Un tir de sniper abat le pauvre Falcone. Alors qu’il se tenait pile sous une lampe à la sortie de la boîte.

– Mon dieu… je viens d’amener le rat « dans la lumière »… marmonne Bêteman. Exactement ce que le Sphinxter voulait !

Alors certes, mais à ce stade, on est au-delà du débile.

  • Comment le Sphinxter savait que Bêteman sortirait par cette porte précisément, et pas par une plus discrète ?
  • Comment savait-il que Bêteman s’arrêterait pile sous cette lampe ?
  • Comment le Sphinxter aurait-il fait si Bêteman avait arrêté le maffieux à une heure où lui-même dormait, faisait caca, où était juste ailleurs ?

C’est facile : ça n’a aucun sens, à part que comme d’habitude, le script dit « Ta gueule, c’est magique, et ça fait intelligent en plus » alors que c’est précisément tout le contraire.

Bêteman s’empresse de foncer à la fenêtre d’où le coup de feu est parti, et découvre un appartement de psychopathe (mais si, ceux avec les  fameux articles de journaux collés aux murs ! Quelle créativité !), un fusil de sniper encore pointé à la fenêtre, le décor qui servait aux vidéos du Sphinxter… et mieux encore, le malandrin n’est pas allé bien loin : il est juste descendu prendre un café au coin de la rue, sans même se cacher, pour que la police vienne l’y arrêter. Ce qui est donc promptement fait. Principalement parce qu’il avait commandé un café « pumpkin spice », ce qui est un crime contre le bon goût, comme chacun sait. Ooooh, je sais. Je vous vois, hein.

Bref.

Dans l’appartement du Sphinxter fraîchement arrêté, Bêteman et Gordon trouvent principalement l’arme du meurtre du maire, à savoir un outil de tapissier, et un ordinateur avec une vidéo protégée par mot de passe.

– On n’a pas le mot de passe, Bêteman ! Que faisons-nous ?
– Bah, laissons tomber.

Oui.

Vraiment : ils n’essaient RIEN. Tout au plus on entend un flic lire les statistiques de la vidéo et dire « Ouah, ce salaud a pas moins de 500 abonnés ! ». Mon dieu, 500, c’est énorme ! Et il ajoute « Et sa dernière vidéo bloquée par mot de passe est très dérangeante… ». Ah oui ? Et comment tu le sais puisqu’elle est bloquée par le code en question ?

C’est fabuleux.

La chaîne du Sphinxter et ses 500 abonnés menacent le monde libre ! Si on le laisse faire, il pourrait atteindre les, pfou, 800 vues !

C’est donc une superstar avec 500 followers (mon dieu, ma boulangère est donc une célébrité internationale) qui est jetée en prison. Et demande bien évidemment à voir Bêteman. Notre héros s’y rend donc, pour une scène où il se retrouve face au Sphinxter, qui est juste un type malingre à grosses lunettes.

– Bêteman ! Nous avons réussi toi et moi ! Quelle équipe ! Tu as suivi mes énigmes ! Grâce à mon cerveau et à tes muscles, Falcone n’est plus, la vérité est sortie sur la corruption du maire… la purge de Gotham a commencé !
– Alors oui mais j’ai juste une énigme pour toi.
– J’adore les énigmes ! Aha, tu vas voir Bêteman, je les résous toutes !
– Okay : si depuis le début, tu avais les photos du maire et que tu habitais en face du Macumbé, pourquoi t’as pas juste envoyé les photos à la presse et tiré sur Falcone lors de l’une de ses allées ou venues ?
– … nan, j’admets, elle est dure cette énigme. Je dirais même qu’elle n’a pas de réponse.

Eh oui ! C’était tellement plus simple de se glisser sans se faire repérer dans le demeure du maire, le tuer, laisser un message codé contenant lui-même un autre message codé, compter sur le fait que Bêteman ne mènerait aucune enquête (pas plus que la police) et préférerait s’amuser avec les énigmes, les résoudrait, trouverait la clé USB contenant les photos, les donnerait à Gordon qui les mettrait dans un ordinateur non-protégé et connecté à internet sans rien vérifier, puis que Bêteman continuerait à ne surtout pas enquêter, partirait à la place en quête du « rat volant » en comprenant bien que ça ne fait pas référence à une chauve-souris, comprendrait aussi qu’il faut taper ça dans une barre de navigation, chatterait avec le Sphinxter, résoudrait l’identité du rat, parviendrait à sortir Falcone de chez lui à coups de tatanes, l’emmènerait par la bonne porte, sous la bonne lampe, pile quand le Sphinxter serait derrière son fusil et…

Voilà. C’est l’intrigue du film. Qui repose donc intégralement sur le fait que le Sphinxter connait intégralement le scénario, y compris toutes ses énormes incohérences de flics qui ne cherchent rien ou d’indices qui sortiront pile au bon moment alors que c’est un pur hasard.

Génial. Je suis content qu’on nous fasse des films de trois heures pour cela.

En attendant, pendant un moment, Bêteman pense que le Sphinxter connait son identité, mais en fait, non. S’il n’arrête pas d’évoquer Bruce Wayne durant leur conversation, c’est parce qu’il est triste de l’avoir raté avec son colis piégé. Oui, le Sphinxter est un génie qui pense à tout, mais pas qu’un multimilliardaire puisse avoir un secrétaire pour gérer son courrier. Ben oui ! Qui aurait pu le prédire ?

– Bon, en résumé, Sphinxter, on a passé deux heures et demie de film pour une diffusion de photos et un meurtre de mafieux que tu pouvais faire en deux minutes depuis chez toi ?
– Voilà.
– Eh ben super, merci.
– Mais maintenant… il y a la suite !
– Quelle suite ?
– AHAHA ! Tu n’as pas deviné ? AHAHA !

Euh… d’accord ? Bon. Soit. Bêteman est embêté, car maintenant que le Sphinxter est en cage, il ne peut plus lui envoyer de jolies cartes pour le guider. Aussi Bêteman se rend dans l’appartement du Sphinxter en quête d’indices, où il réalise quelque chose.

– Attendez… le Sphinxter a tué le maire avec un outil de tapissier… et il y a un tapis dans son appartement super mal posé… et si je regardais ce qu’il y a dessous ?

Bêteman arrache la moquette, et oh ! Au-dessous, un dessin de Gotham avec écrit « PROUT » (est-ce vraiment dans le film ou juste dans ce spoiler ? Vu le niveau de l’œuvre, admettez que vous doutez, que c’est crédible). Bêteman s’exclame donc :

– Le Sphinxter a écrit ce mot… car c’est forcément le mot de passe de la vidéo bloquée sur son ordinateur !

Car non, personne n’avait fouillé l’appartement dans le détail. Et oui, l’ordinateur est toujours là, c’est pas comme si c’était un peu important. Oh, et bien sûr : oui, le Sphinxter, personnage génial, écrit bien en effet ses mots de passe en grand sur son plancher, car « PROUT » déverrouille effectivement la vidéo vue par 500 personnes. Vidéo où le Sphinxter explique qu’il a placé des vans bourrés de bombes près de la digue qui sépare Gotham de la mer. Mais au moment où Bêteman le découvre… boum ! Les vans sautent, et la mer entre dans Gotham.

Le tout, le soir de l’élection de la nouvelle mairesse, Mme Femme-Noire-Courageuse. Qui, vous serez surpris de l’apprendre, contrairement à absolument TOUS les autres membres de la vie publique de Gotham (je vous rappelle que mêmes les secrétaires de procureur trainent dans les bars à mafieux), est une personne 100% sympa, honnête, courageuse et animée de valeurs progressistes. En un mot : « Elle est naturellement gentille ». Dois-je commenter ?

Alors, pourquoi le Sphinxter, qui voulait éradiquer la corruption de Gotham, veut-il la tuer ? En quoi pense-t-il que noyer des innocents va faire avancer sa quête dérangée de vérité ? Depuis quand une catastrophe qui va créer de la pauvreté, et donc probablement du crime, va-t-elle aider à quoi que ce soit ?

Le Sphinxter n’y a pas réfléchi. C’est juste pour dire « Bon, il nous reste une heure de film, on va dire qu’il a posé plein de bombes, comme ça, hop. »

Ah, et accessoirement, il a encouragé ses 500 followers à prendre les armes pour aller tuer la maire et… une dizaine d’entre eux ont accepté sans ciller. Ah oui, il a un sacré gros ratio de radicalisation le monsieur ! Bon, notez que le plan est débile, car en faisant sauter les digues, vous imaginez bien que toute la police de Gotham est de sortie, et particulièrement, tente d’évacuer Mme Femme-Noire-Courageuse. Donc essayer de la tuer :

  • Alors qu’elle est entourée de flics
  • En pleine évacuation
  • Dans des zones où on ne peut prendre les chemins habituels à cause de l’eau qui monte

C’est 1 000 fois plus compliqué que juste tirer dessus à l’ancienne, mais ce n’est pas grave. Par un incroyable tour de magie, pouf-pouf, tous les fans du Sphinxter se sont déplacés sans problème dans Gotham où l’eau monte, sont passés avec d’énormes fusils dans la salle où se trouve la maire sans qu’aucun des 50 flics présents ne remarque, plus encore quand ils sont grimpés sur les poutrelles dominant la salle pour avoir une meilleure vue. Des ninjas, probablement. 500 followers dont 10 ninjas : c’est effectivement peu commun.

Ah oui : tous les suivants du Sphinx s’habillent comme lui. On voit même un tchat où ils disent où acheter ce genre de choses tant c’est pas facile à trouver. Quel dommage que Bêteman n’ait jamais pensé à enquêter sur « Tiens, mais comme le Sphinx se montre en vidéo avec une tenue particulière peu commune, qui a acheté ça dernièrement ? »

Malheureusement pour eux, il y a un autre fan de Naruto en ville, et Bêteman débarque donc pour leur casser la gueule, ce qu’il fait avec cascades, patates, coups de feu où l’armure de notre héros prend tout et personne ne pense jamais à viser sa tête pourtant exposée… on est bien, on est bien. À un moment, un policier parle à la maire en lui disant que quand même, l’eau monte, il est temps de se barrer, mais comme c’est Mme Femme-Noire-Courageuse, elle répond fièrement que jamais elle ne quittera ses concitoyens, qu’elle a juré de protéger !

Quelle femme forte et courageuse !

Passons : pif, paf, bang, Bêteman parvient à latter les méchants, mais finalement, une poutrelle pleine de trucs électriques bascule, et menace d’électrocuter tous les gens dans l’eau au-dessous. Tout le monde est donc choqué, Sélina comprise (car oui, elle s’est pointée), lorsque finalement Bêteman dans un moment d’émotion intense, se sacrifie en grimpant la poutrelle pour sectionner son alimentation électrique, quitte à s’électrocuter avec, mais en sauvant les gens au-dessous de lui.

– NOOOON ! hurle Sélina.

Bêteman ferme les yeux, et zap ! Le voilà électrocuté, et il disparait dans l’eau, mais désormais, les gens sont saufs. Il n’entend pas la suite du crie de Sélina :

– NOOON ! Gros blaireau ! Pourquoi t’es pas juste allé couper l’alimentation qui était à côté ?

Oups.

Mais, double-oups, après « Bêteman se vautre en jump-suit mais on a oublié », voici que la réalisation nous offre « Bêteman vient de faire une scène de sacrifice ultime, mais en fait, ça va ». En effet, sans aucune explication, Bêteman ressort de l’eau où il était tombé, en pleine forme, et aide les civils à gagner les hauteurs. Une électrocution ? Quelle électrocution ? Il va très bien, merci, pourquoi ? Oui, oui. Ah non mais vraiment, tout est fabuleusement bien écrit.

On passe donc à la scène suivante, où si Bêteman n’a pas pu sauver Gotham, qui est désormais sous l’eau, il a au moins pu sauver des civils, et en voix-off, nous dit qu’en fait, venger c’est bien, mais sauver, c’est mieux. C’est un héros, et au vu de comment la ville va être sujette au crime et au pillage après l’inondation, on va encore plus avoir besoin de lui. Donc oui, même le film reconnait que le plan du Sphinxter… n’a donc fait qu’aller exactement à l’opposé des objectifs du Sphinxter, qui voulait purger Gotham du crime qui la corrompt. Génial.

Mais, mauvaise écriture peut aussi rimer avec malaise, lorsque, alors que nous approchons de la fin, nous avons une séquence où l’on voit le Sphinxter enfermé dans l’asile d’Arkham, qui pleure que Bêteman a ruiné ses plans (en sauvant la mairesse, hein : la ville, elle, est bien noyée, mais visiblement, il voulait juste buter la mairesse, ce qui confirme que le reste n’avait aucun sens ; je ne cherche plus à comprendre). Et dans une cellule voisine un prisonnier l’interpelle.

– Alors Sphinxter ? On est malheureux ? Tu sais, parfois, on est au sommet et puis le lendemain, on est un… CLOWN.
– Hmm ? Vous êtes le gars de la cellule d’à côté ?
– Oui… j’adore les blagues… en anglais on dirait que je suis un vrai JOKER !
– Okay, donc vous êtes le Joker, je crois qu’on a compris.
– Oui, mais j’aime rire, comme ça : AHAHAHAHA !
– Oui, c’est bon, on a compris. Clown, Joker, rire… stop ?
– Non, non ! Ce teasing est encore trop subtil ! Regarde, on aperçoit mes cheveux verts… un bout de visage blanc…
– On a compriiiiiiiiiiiiiiis ! Stooooooooooop !
– ET MON SOURIRE ? VOUS AVEZ VU MON SOURIRE ? AHAHAHAHA !

Ce teasing avait la subtilité d’un candidat de télé-réalité devant la promesse de 7 secondes d’émission rien qu’à lui.

Finalement, nous retrouvons Bêteman et Sélina, sur un balcon qui domine Gotham, leurs motos près d’eux. Ils contemplent la ville.

– Bêteman… tu as été un preux chevalier, mais je pense qu’il est temps que je parte. On se reverra peut-être ?
– Peut-être plus vite que tu ne le penses.
– Ah oui coquinou ? Tu as envie de me dire quelque chose ?
– Oui Sélina je…
– Ouiii ?
– Je crois que tu as emmené ta moto sur un balcon. Tu vas pas pouvoir aller bien loin.

Je ne plaisante pas. Je me suis même dit « Je dois louper un truc, on va nous montrer que ce n’est pas un balcon, juste une sorte de plateforme mal branlée avec une route derrière qu’on va voir quand elle va démarrer », mais non, non. On voit juste sa moto partir hors-champ, et ensuite, pif pouf, elle roule sur une route sans explication. Bêteman, qui a lui aussi sorti son bête solex de là sans explication, roule avec elle, puis à une intersection, leurs routes se séparent. C’est beau comme du Fast & Furious. On voit alors Bêteman qui retourne vers Gotham qui a bien besoin de lui et…

… FIN !

La vraie énigme, c’est : qui a écrit ce truc ?

Je me devais de vous montrer la scène de la moto sur le balcon.

Sinon, pour un budget de 120€, promotion comprise, je vous présente la version « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

« Bonjour Madame, je m’appelle Monsieur Sphinx, j’habite en face du Macumba/Macumbé et j’ai toutes les photos de tous les gens qui trainent avec la pègre depuis des années à Gotham. Je vais les poser là. J’ai aussi envoyé une copie aux journaux nationaux.
– Vous êtes sûr que vous ne voulez pas plutôt poser des bombes, tirer sur des gens, commettre des meurtres avec énigmes à tiroirs, fabriquer des bombes et les placer dans des vans pour faire exploser une digue, d’abord ?
– Non, non. Voici les photos. Bonne soirée. »

C’était « The Batman – Le Sphinx a un QI de plus de 55« .

Mais, c’est vrai qu’il n’y a pas la scène où Catwoman voit sa coloc/meilleure amie se faire enlever et tuer et décide que c’est le bon moment de se faire un p’tit chocolat, pépouze, au milieu du sang et des meubles renversés.

Et ça, ça manquerait.

Publié le 14.04.2025 à 14:16

L’IRE ENSEMBLE – MIDNIGHT SUN – ÉPISODE 8

Nous approchons enfin de la fin de cette oeuv… ouvr… bouse. Dont le précédent épisode se trouvait ici.

Afin de ne pas perdre notre lectorat, rappelons donc l’intrigue :

Edward et sa famille pas bien fine sont en pleine partie de base-ball dans les bois quand soudain, un trio de vampires en maraude approche. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Comptent-ils demander s’ils ont cinq minutes pour parler de leur contrat d’électricité ?

Lisons, mes bons !

La fin est proche.

 

Et reprenons, lorsque le narrateur s’arrête sur l’un des membres du fameux trio :

Le mâle le plus petit et le plus laid prit d’abord la tête du cortège avant de se glisser derrière en une manœuvre bien rodée.

Notez qu’alors que le livre nous a expliqué que tous les vampires étaient beaux, bon, en fait, quand ils sont méchants, ils sont petits et laids. Personnellement, avec cette description, j’imagine une espèce de gros rongeur avec des vêtements qui se frontte les mains en faisant « Honhonhon, fifille ».

Ce qui est aussi la description d’un certain nombre de nos hommes politiques, mais là n’est pas le sujet.

Toujours est-il qu’Edward lisant les pensées de tout ce petit monde, voici qu’il perçoit celles des vampires qui viennent de débarquer.

A- t- elle un compagnon ? Hum… On dirait qu’ils sont tous en couple. Il nous balaya des yeux avant de revenir sur Rose.

Alors visiblement, la PREMIERE question que se posent les vampires dans ce monde, lorsqu’ils arrivent quelque part, et tombent par exemple sur tout un groupe d’inconnus, ce n’est pas « Sont-ils dangereux ? » ou « Tiens, qui sont-ils ? », non : c’est de savoir « Eeeh, ya des célibataires dans la salle ? »

Vivre la nuit, briller comme une boule à facettes sous la lumière, avoir une obsession pour savoir qui est chopable ou non : ces gens n’ont semble-t-il pas été mordus par Dracula, mais plutôt par le Macumba.

Il n’empêche, il y a danger pour le cucu ou le coucou de Bella, voire un savant mélange des deux, et Edward décide qu’il est temps de retourner en vitesse à la voiture pour ramener Bella chez elle.

Hélas, il semblerait que Jojo, le vampire petit et vilain de bien des manières, a décidé qu’il croquerait Bella. Car il est un peu con : alors qu’il a des millions de cibles potentielles à proximité, il a décidé de manger la SEULE humaine protégée par une tripotée de vampires. Il est donc petit, laid et complètement con : je ne retire pas ma comparaison première en début d’article.

Dans la voiture, Edward n’est pas content.

J’entendais vaguement ma propre voix feuler des obscénités incompréhensibles,

– Edward, tu es sûr que ça va ?

– Meugneugneu… puuuuute… salooooope…

– Edward, qu’est-ce que tu fais ?

– Je feule des obscénités incompréhensibles.

– Ben on les comprend bien, dis donc.

– Oh ? Passque pas moi. Ca veut dire quoi, « pute » ?

S’ensuit une explication durant laquelle Bella doit se retenir très fort pour ne pas impliquer les mamans. En effet nous sommes en 2025 : ton père aussi peut être une pute. C’est ça, le progrès.

Enfin : Edward explique à Bella qu’avec tout ça, elle ne va pas pouvoir rentrer chez elle, c’est trop dangereux.

Comment lui expliquer qu’elle n’avait plus de chez- elle, que le chasseur méprisable le lui avait dérobé ce soir, ainsi que tant d’autres choses ?

Alors que le type qui violait son intimité tous les soirs en restant discrètement dans sa chambre à la mater, lui ne dérangeait en rien, hein.

En tous les cas, Bella apprécie moyennement que son nouveau mec lui interdise de rentrer chez elle. Le frère d’Edward la choppe donc par ses petits bras pour la calmer parce que hé, ho, tu vas cesser de résister, sale femme !

Il emprisonna les poignets de Bella entre ses poings énormes.

— Non ! protesta- t- elle. Edward ! Tu n’as pas le droit de faire ça !

Que faisais- je, d’après elle ? Croyait- elle que j’avais le choix ? Sa rage et son désespoir m’empêchaient de me concentrer. J’avais l’impression que c’était moi le méchant, et non le dangereux traqueur.

— Si, Bella, et maintenant, tiens- toi tranquille, s’il te plaît

« Ferme ta gueule Bella steuplé. », lui glisse Edward en la maintenant de force dans la voiture avec l’aide de son frangin.

Aaaah… le romantisme !

Mais visiblement peu sensible au sujet, Bella insiste pour qu’on la laisse retourner chez son papounet.

— Non ! Tu dois me ramener. Charlie va appeler le FBI qui tombera sur le dos de ta famille ! Vous serez forcés de fuir, de vous cacher pour toujours !

C’était donc ça qui l’inquiétait ? J’imagine que je n’aurais pas dû m’étonner qu’elle craque devant la mauvaise menace.

— Calme- toi. Ce ne serait pas la première fois.

J’aime beaucoup comment ça sonne comme une échappée pédophile.

« Vous ne pouvez pas me kidnapper, vous aurez la police au cul !
– Boah, on a l’habitude. Maintenant, calme-toi et va à l’arrière de la camionnette, il y a des bonbons pour toi. »

C’est vrai, quoi : qu’y a-t-il de mal à ce que des Messieurs ayant entre 50 et 90 ans de plus que leur victimes emmènent de force une mineure loin de chez elle en lui expliquant qu’ils ne craignent pas la police ?

Vous voyez vraiment le mal partout.

Bella tente en conséquence une autre pirouette rhétorique pour essayer d’obtenir sa libération : oui, d’accord, ils peuvent l’emmener loin de la petite ville où elle vit. Mais et son papounet ? Et si les vampires vilains s’en prenaient à lui ?

— Argument irrecevable, décrétai- je d’un ton définitif. Nous nous assurerons de sa sécurité, et il n’y a que ça qui compte.

Sa sécurité à lui seul compte ? Ah.

Bon, et quand bien même : si vous pouvez assurer sa sécurité sans souci, pourquoi est-ce que Bella doit se barrer ? Hein ? Dites ? Une réponse ? Surtout venant du mec qui explique ne pas dormir et ne pas pouvoir s’en séparer au point de passer ses nuits à la mater au pieu ?

Eh bien non.

En attendant, et comme dans tous les films américains quand il y a du danger, il est proposé à la personne en péril de quitter la ville une semaine (parfois c’est deux, ou juste un weekend) « le temps que les choses se calment ». Ben oui, c’est connu, quand tu as la police ou des tueurs au cul, il suffit de partir un weekend à La Bourboule pour que la poursuite s’arrête.

Je suppose que ça doit fonctionner un peu comme les poursuites dans GTA. Vite, Edward ! Va repeindre ta voiture !

Cependant, Edward n’y pense pas, et préfère faire quelque chose de constructif comme… euh… disons, menacer lui-même Bella. Si :

— Bella. Elle me fixa dans le rétroviseur, plus sur la défensive qu’apeurée. Si jamais il t’arrive quoi que ce soit, je te tiendrai pour personnellement responsable. Compris ?

« Bella, si quelqu’un te fait du mal, je te pète la gueule, compris ? »

Edward a une logique bien à lui. On parle aussi de « neuneugique ». Aïgue. Ce qui ne l’empêche pas d’enfin, arriver chez Bella et son papounet, afin qu’elle puisse empaqueter une chaussette et deux culottes, et partir en trombe. Mais, l’ennemi est-il déjà là ?

Je tendis l’oreille, à l’affût de sons inhumains dans les parages, mais le traqueur n’était apparemment pas encore sur place.

Si l’ennemi fait des sons humains, par contre, Edward est bien niqué.

Par contre, un pet un peu aïgu, et là, ça bardera pour son matricule vampirique.

Pendant qu’Edward reste donc à guetter le son typique de la flatulence mort-vivante (elle a un fumet de boudin), Bella récupère donc l’équipement prévu et ressort pour bondir dans sa voiture, où Edward et son frangin grimpent à son tour pour l’escorter. Edward pense à prendre le volant, mais Bella dit qu’elle peut conduire seule. Aussitôt, on lui explique que non :

— Tu ne retrouverais pas le chemin, me justifiai- je.

Car non, Bella ne sait pas partir de chez elle toute seule comme une grande.

« Il n’y a qu’une seule route, Bella, mais conne comme tu es, c’est peut-être encore un peu compliqué. » En même temps, comme elle passe son temps à se vautrer en terrain plat, ce n’est peut-être pas totalement dénué de fondement.

Bella finit cependant par poser LA question :

« Mais au fait, pourquoi l’autre débile de vampire me chasse moi alors que je suis bien protégée contrairement à tout le reste de la population ? »

Mais oui Bella, pourquoi ? Edward fournit une réponse, supposée justifier cette intrigue foireuse :

Il n’a pas l’habitude d’être contrarié ; pour quoi que ce soit, d’ailleurs. Il ne s’envisage que comme prédateur, rien d’autre. Sa vie est entièrement dévouée à la traque, il n’en attend que des défis.

« C’est un prédateur. Il ne vit que pour ça.
– D’accord. Donc comme les prédateurs, il vise les faibles et les malades ?
– Non. Exactement l’inverse. »

Ah oui. L’opposé d’un prédateur, quoi. Juste un gros blaireau.

Et sinon, comment va le reste de son équipe ? Les deux autres vampires, dont une Madame ? Je vous laisse constater comment Edward en parle, lorsque le traqueur désireux de manger Bella file brièvement retrouver sa compagne, et qu’Edward perçoit ses pensées :

Il opère un contournement afin de retrouver la femelle.

La FEMELLE.

Dans Twilight, les hommes ont des prénoms, comme les deux vampires du méchants trio qui sont appelés « James » ou « Laurent ». Par contre, la femme est simplement qualifée de « femelle ».

Les femmes, ces petits animaux. Mesdames, je vous laisse affûter vos pieux.

Mais reprenons. Le trio Edward-son frangin-Bella fait un bref détour par la maison des Cullen, afin de s’y regrouper avec le reste de la famille et de décider de la marche à suivre.

À cet instant, Emmett revint du garage avec sur l’épaule un sac de sport assez grand pour y fourrer un individu de petite taille.

Vraiment, c’est rassurant : une famille qui embarque de force des gens dans leurs bagnoles, est habituée à semer la police, et sort directement des sacs de la bonne taille pour des corps d’étudiantes…

Je pense que cette série est en fait un documentaire sur la vie quotidienne à Charleroi.

Edward propose cependant un super plan : lui et son frangin vont filer dans une direction pour attirer le traqueur sur leur piste, pendant que Bella va aller se planquer ailleurs. Maintenant qu’ils sont séparés, Edward rappelle à l’équipe Bella comment s’occuper de la femel… la damoiselle.

Bella doit manger au moins trois fois par jour. Il est également important qu’elle s’hydrate. Arrangez- vous pour qu’elle ait de l’eau sous la main. Huit heures de sommeil seraient parfaites.

Ah oui. Que de bons conseils. Mais qui est assez con pour écouter ça sans le traiter de gros blaireau ? On parle de vampires qui sont supposés avoir fait des décennies d’études et qui vivent parmi les humains depuis fort, fort longtemps. Et il faudrait leur rappeler que l’humain moyen mange trois fois par jour ? Mais enfin, aucun d’entre eux ne serait assez idiot pour considérer ces instructions comme étant p…

Le portable sur les genoux, mon père tapait les messages au fur et à mesure que je les lui dictais.

Ah.

Donc le père d’Edward, médecin, je le rappelle, note « Les zumains, y doit boire le glouglou et fé le dodo 8 eurs par jourr. »

Médecin.

Je tenais à répéter ce mot. Entre ça et les « femelles », je n’ose imaginer les soins prodigués par le monsieur à l’hôpital.

« Monsieur, ma femme tousse énormément !
– Hmmm… laissez-moi voir ? Oui, elle a des lolos. C’est très probablement une femelle.
– Pardon ? Mais je viens de vous dire que c’était ma femme !
– Les femelles sont fragiles, vous savez. Elle ne s’en remettra pas. Je propose de la piquer.
– Pour une toux ? Et… attendez, elle est là, elle vous entend ! Comment osez-vous parler ainsi ?!
– Ah oui excusez-moi : HOLALA LA MADAME ELLE VA MANGER LA PETITE PILULE, HMMM, C’EST BON, APRES ELLE FERA LE GROS DODO, CA LUI FERA DU BIEN, HEIN PEPETTE ? ELLE VEUT QUE JE LUI GRATTE LE VENTRE ? »

Soit.

Mais au fait, me direz-vous, pour en revenir au plan, mais comment diable Edward fait-il pour opérer cette diversion et attirer le vilain vampire sur sa trace ? Comment lui fait-il croire que Bella est avec lui ?

Eh bien, avec son odeur. Et avec quoi donc ? Une écharpe ? Du parfum ? Non : mieux.

Les chaussettes dans ma poche allaient laisser dans l’air une infime trace de l’odeur de Bella.

Oui, apparemment, Bella pue sérieusement des panards. Au point que pour tromper l’ennemi, c’est le premier truc auquel on pense. Bella est donc une arme chimique en vadrouille.

« Femelle », « Ta gueule on cause », « Lâche el volant », « Passe-moi tes chaussettes, pue-des-pieds »…

Rappelez-moi qui lisait ce genre de chose avec délectation ?

Concluons d’ailleurs avec cette grande remarque, où par téléphone, Bella s’inquiète du sort de son bel ami (sûrement parce qu’il trimballe ses chaussettes de la mort) :

— Oh, Edward, soupira- t- elle, j’étais tellement inquiète. Comme par hasard.
— Bella, je t’ai interdit de te soucier d’autre chose que de toi- même.

Compris Bella ?

Ta gueule.

C’est donc sur cette note que nous nous donnons rendez-vous pour le prochain épisode, qui sera probablement le dernier.

Ouf, ai-je envie de dire.

Publié le 28.03.2025 à 13:04

L’état électrique

– Bien, écoutez, j’ai ici le script d’un film, et à présent, il faut s’occuper de trouver des acteurs.

Dans la salle de réunion, tout le monde se tourne vers Roger, le directeur de casting, qui, les pieds sur la table, continue de lire un vieux Pif d’un air occupé. Le silence pesant finit par retenir son attention, et il lève les yeux pour rencontrer tous les autres de la pièce.

– Le casting ? Bah, vous bilez pas. C’est un film contemporain ?
– Non.
– Okay, quelle année ?
– 80-90.
– Ben Millie Bobby Brown, alors.
– Mais… je ne vous ai même pas parlé du rôle ?
– Pourquoi, il y a besoin ? Si vous avez un vieux lecteur de cassettes, une boite de Donjons & Dragons première édition ou des vestes en jean dans le film, vous voulez Millie Bobby Brown.

Le producteur ouvre la bouche pour dire que c’est idiot, avant de réaliser, en y pensant, que certes, c’est ridicule… mais ça colle parfaitement. Légèrement humilié, il tente une approche différente pour le second rôle.

– Soit, disons Millie Bobby Brown pour l’héroïne. Mais dans le film, elle est accompagnée d’un antihéros rigolo.
– Est-ce qu’il agite tout le temps les mains en roulant des yeux ?
– Euh… non ?
– Donc, pas Johnny Depp. Est-ce que votre antihéros fait des blagues au milieu de moments supposément sérieux ?
– Oui.
– Alors j’ai deux noms. Pour les départager : est-ce qu’il fait la plupart de ses blagues uniquement pour la caméra ?
– Non.
– Donc non pour Ryan Reynolds, c’est parti pour Chris Pratt.

Une fois de plus, le producteur s’apprête à dire que cette méthode est à la fois ridicule, caricaturale et sans une once de réflexion et de créativité… quand là encore, il se rend compte avec effroi que c’est exactement ce qu’il lui faut. Car c’est précisément ce que lui et ses équipes sont devenus. Un frisson le parcourt, alors qu’il fait signe à son secrétaire d’appeler les agents des deux acteurs. Il jette un dernier regard à Roger qui s’est replongé dans sa lecture de Pif. Il ne lève même pas les yeux pour ajouter :

– Oh, et j’ai cru entendre qu’il y avait des robots dans votre truc ? Comme pour tous les personnages animés, vous mettez pour leurs voix des célébrités disponibles, ça fait toujours bien. Et quitte à avoir des personnages animés, vous savez ce qui serait vraiment au top pour cocher tous les poncifs ? Qu’à la fin, l’armée des méchants faite intégralement en effets spéciaux s’effondre d’un seul coup comme ça, pouf, comme dans 99% des autres films.

Le producteur baisse les yeux vers le script de The Electric State, et se pose la question : Roger est-il très fort, ou est-ce simplement Hollywood qui est devenu très à chier ?

Pour en savoir plus… spoilons, mes bons !

L’affiche : pas d’explosions, mais Chris Pratt. Est-ce que ça compte ?

Notre film commence en 1990, alors qu’un jeune garçon du nom de Chris est en train de passer un examen. Avec un tel brio que tous ses professeurs sont subjugués.

– Vous rendez-vous compte ? Il vient à peine d’entrer au lycée, et pourtant, il est déjà plus brillant que nos meilleurs mathématiciens ! Nous devons lui faire sauter toutes les classes et l’envoyer à l’université !
– Ah oui ? En quoi consiste le test ?
– À compter jusqu’à 18. Et lui s’est arrêté à 22. Dans notre système éducatif c’est… c’est un génie.

Certes, et pourtant, Chris n’a guère envie de filer découvrir la vie d’étudiant, et de découvrir ses petits bonheurs comme les partiels, les TD, ou le plaisir simple de se réveiller sans aucun souvenir des 18 dernières heures mais avec une bouteille de Jack Daniel dans le rectum. En effet, Chris préférerait rester à la maison avec sa grande sœur, Michelle, qu’il adore.

Mais, le destin va en décider autrement.

Car voyez-vous, ce sont les années 90 d’un monde parallèle où les humains ont conçu des robots aux IA super développées, et voici qu’un beau jour, elles se révoltent. Elles en ont assez de devoir se cantonner aux tâches qu’on leur assigne : oui, je suis un robot coiffeur avec des ciseaux à la place des mains ! Mais je veux devenir masseur, et alors ? Et moi, je suis un robot de construction de 30 mètres de haut, mais si je veux rejoindre une troupe de danse, qui va m’en empêcher ? Si au début, la situation est surtout problématique pour les conseillers d’orientation, tout dégénère quand les robots se syndiquent. Et là, c’est la descente aux enfers : ils se mettent à manger des merguez, brûler des pneus, mais c’est quand ils commencent à lâcher, à demi-bourrés à l’huile de moteur, que « Jean-Luc Mélenchon, on n’a jamais essayé », que la guerre éclate.

Dans un premier temps, les humains prennent leur peignée face à des ennemis qui ne dorment pas, sont faits d’acier, et sont déterminés à se battre jusqu’à la fin.

Et puis, arrive John Trériche.

John Trériche est très riche. Vous pouvez donc arrêter le film ici, puisque vous connaissez le cliché : « Si le type très riche n’est pas le héros, alors c’est forcément le méchant« . Et comme ce n’est pas le héros… ahem. Mais bref : le film nous explique que John Trériche, au beau milieu de la guerre, est arrivé avec une technologie révolutionnaire permettant à un humain de projeter son esprit dans un drone. Ce qui a rééquilibré le rapport de force, les robots ayant désormais à affronter des ennemis soudain plus solides, que les humains pouvaient produire en masse, et donc, sans avoir de soucis de pertes. La vapeur renversée, ce sont les robots qui ont pris leur raclée, et ont dû signer un traité de paix. Avant d’être enfermés dans une gigantesque zone au Nouveau Mexique, encerclée par un immense mur. Ils ont interdiction d’en sortir, de se syndicaliser, et une seule chaîne de télé : CNews. Ça suffit les conneries maintenant.

C’est donc après ces années de guerre que nous retrouvons Michelle, la sœur de Chris, qui n’en a désormais plus rien à foutre de quoi que ce soit. Devenue limite punkette, son avenir hume bon la 8-6 et la porte automatique du Monoprix, et à l’école, elle ne fout plus rien. En effet, la vie l’a un peu dégoûtée, puisque durant la guerre, elle a perdu ses parents et son génie de frère. Non pas dans une attaque de robots… mais parce qu’ils sont morts quand la voiture familiale s’est tapée un chevreuil.

Oui. Ah non, mais ce film sait vous vendre une histoire épique.

À l’école, tout le monde tente de la raisonner, lui expliquant que Michelle, ce n’est pas parce qu’un chevreuil t’as tout pris que tu dois en devenir un. Mais elle s’en moque bien, plus encore car maintenant qu’elle est pupille, elle est hébergée chez un gros con qui la méprise ouvertement. En substance : sa vie, c’est de la merde et elle l’échangerait bien contre celle du roi du Maroc, comme dirait l’autre.

Jusqu’à ce qu’un soir, tout bascule.

Car Michelle est réveillée par le bruit de quelqu’un qui fout le bordel dans les poubelles. Pour les Parisiens et autres Marseillais qui me lisent, ça peut paraître banal, mais en 1994, c’était peu courant. Aussi Michelle se lève, et aperçoit du coin de l’œil, dehors, un robot qui fait des bruits dégueulasses comme « AGREUGREU ! » ou encore « GROUGROUGROUM ! ». Elle a très peur, plus encore quand le robot commence à péter des vitres pour rentrer dans la maison. Et elle a beau secouer son connard d’hébergeur, ce dernier a son casque de projection virtuelle Trériche Corp sur la tête, et ne se rend donc compte de rien. Michelle se retrouve par conséquent à devoir se débrouiller seule, et va se cacher sous son lit.

Hélas, c’est là que le robot inquiétant la trouve, et si jusqu’ici, elle ne l’avait qu’à peine vu, tant elle courrait… il s’avère que ce robot est en fait mignon. C’est même un robot représentant un personnage de dessin-animé : Cosmo le petit robot, qui était le héros préféré de son frère. Et le robot de lui faire comprendre avec des gestes, et en ouvrant son capot, que s’il fait des bruits dégueulasses digne d’un usager du RER B c’est parce qu’il a un truc débranché. Michelle se saisit donc d’un tournevis, et à nouveau, le robot retrouve sa voix toute mignonne et s’exclame : « C’est moi, ton ami Cosmo ! »

Ah, le coup du module vocal endommagé sans raison qui de tous les bruits possibles (bips, sifflements, voix robotique basique), tombe par un iiiiiiiiiincroyable hasard uniquement sur des bruits qui font peur ! Quelle coïncidence !

Mieux : de TOUS les robots du film, je dis bien absolument TOUS les robots, ce sera le SEUL qui pour une raison inexplicable, ne peut causer par lui-même, et peut juste communiquer en utilisant des phrases issues du dessin animé Cosmo le petit robot. Quel incroyable hasard là encore ! Le pauvre être mécanique va donc devoir s’exprimer par geste et phrases automatiques du genre :

– C’est moi, ton ami Cosmo !
– C’est l’heure de la bagarre !
– En route vers la lune !

Et c’est ainsi que… attendez une seconde… pardon Diego ? Qu’est-ce que tu viens de dire, espèce de sbire napiforme ?

– Je disais juste que je trouvais ça rigolo, moi, patron. Quand un des personnages ne peut communiquer qu’avec des phrases limitées pour se faire comprendre.
– Bien. Diego, regarde bien. Tu vois ma main ?
– Oui patron.
– Tu vas venir jeter ta joue dessus très fort s’il te plait.
– Mais… aïe, patron !

Maintenant, laissez-moi vous expliquer pourquoi c’est complètement con, et pour cela poursuivons un peu la scène. Où le robot Cosmo se saisit d’une photo de Michelle et son frère Chris, et se met à tapoter ledit garçon en répétant :

– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Ne touche pas à cette photo, robot inconnu ! J’y tiens !
– C’est moi, ton ami Cosmo ! C’est moi, ton ami Cosmo !
– Pourquoi insistes-tu en désignant ainsi mon frère ?
– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Attends… tu veux dire que… Chris ? C’est toi ?
– Tu as gagné !
– 
Tu utilises ce robot comme un drone ? Tu as projeté ton esprit dedans ?
– Tu as gagné !

Bien. Vous avez lu ? Rien ne vous choque ? Alors permettez-moi de réécrire la scène, sauf que les deux personnages ne sont pas complètement neuneus. Recommençons donc ; le robot se saisit de la photo et désignant Chris, s’exclame :

– C’est moi, ton ami Cosmo !
– Alors déjà, tu reposes cette photo et tu touches à ton cul. Et si tu veux communiquer, voilà un papier et un crayon.
… scritch… scritch…
– Voyons ce que tu as écrit : « Merci sœurette ! J’allais justement te demander de quoi écrire. Tu imagines, un film entier où alors que je suis un génie, à aucun moment je ne pense à écrire et qu’à la place, je me contente d’être bloqué avec un module vocal ultra-limité qui ne me permet pas d’expliquer quoi que ce soit ? Ce serait complètement débile !« . Je ne te le fais pas dire, frangin !

Voilà. Donc n’oubliez pas les enfants, si un personnage qui ne peut pas parler ne pense pas à écrire, c’est probablement qu’il est con. Et si le film vous assure qu’il ne l’est pas, c’est que le type qui l’a écrit l’est.

Ah, oui, Chris-Cosmo peut aussi projeter des films entiers, mais ne pense pas à s’en servir pour communiquer plus clairement.

Diego, tu peux aller masser ta joue rougie ailleurs. Et nous, reprenons. Mais comme les citations de Cosmo le petit robot sont à la fois nulles et cucu la praline, je vous propose pour les besoins de ce spoiler de les remplacer dans les dialogues par des citations tirées de Warhammer 40,000. Ça ne vous parlera pas forcément plus, mais ça donnera, disons, plus de peps aux dialogues.

– Chris, mais comment as-tu fini dans ce vieux robot pourri ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Tu l’ignores ? Zut. Mais si ton esprit est là, ton corps doit bien être quelque part ?
– C’EST LA VÉRITÉ DE L’EMPEREUR !
– Je prends ça pour un oui. Tu sais où ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Ah ben ça va être pratique. Alors que fait-on ?
– PURGER LES HÉRÉTIQUES. MASSACRER LES XENOS.
– Attends, c’est du Warhammer 40,000 ou du Eric Zemmour que tu me sors, là ?
– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.

Oui, mais alors que ça papote, voici que soudain rentre dans la pièce le gros beauf qui héberge Michelle.

– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Que fout un robot dans ma maison ? Michelle, que se passe-t-il ici ?
– D’où tu as été attiré par le bruit alors qu’il y a dix minutes quand je t’appelais à l’aide et te secouait physiquement en pensant que ce robot était méchant, tu n’entendais rien ?
– … le… l’ignorance est… euh… une vertu ?
– Eh, tu n’es pas Chris, me fais pas le coup du module vocal ! C’est encore le scénario qui se chie dessus, pas vrai ?

En effet. Raison pour laquelle le monsieur décide de couper court en appelant la police. Mais nos héros ont tôt fait de l’assommer, puis de voler la voiture du larron, et de filer loin d’ici. Mais pour aller où ?

– Chris, tu aurais une idée de l’endroit où nous devrions aller pour t’aider ?
– L’OEIL DE LA TERREUR !
– Hmmm. C’est pas clair. Tiens, regarde, il y a une carte. Mets tes grosses mains pleines de doigts dessus.

Et Chris de désigner un endroit au beau milieu de la fameuse zone d’exclusion du Nouveau-Mexique où sont enfermés les robots depuis la guerre.

– Mais enfin Chris, c’est impossible de rentrer dans cette zone !
– LA FOI DONNE LA FORCE !
– Tu veux vraiment y aller ?
– QUESTIONNER, C’EST DOUTER. LE DOUTE EST UNE HERESIE.
– Tu sais que t’es un peu chiant ? Bon, voyons voir… comment rentrer dans cette zone ?

Secouez votre boîte à « Ça alors ! » par avance, car soudain, Michelle a une illumination.

– Mais attendez ! Mon hébergeur achetait plein de trucs venant de la zone d’exclusion à des trafiquants ! Genre des jouets disparus ! Hmmm… une minute, pourquoi il n’y aurait eu certains jouets que dans cette zone ? Ça n’a aucun sens ? Bon, on va dire que les spectateurs sont trop cons pour le remarquer. Viens, on va regarder dans le coffre de la voiture. Mais oui, il y a encore les cartons ayant contenu ces objets ! Et dessus…  IL Y A L’ADRESSE DES TRAFIQUANTS !

Je ne plaisante pas : les trafiquants collent leur adresse sur tous les cartons. Voilà voilà voilà. Je crois que ça résume en quoi finalement, quand on aura remplacé les scénaristes par des IA, on y gagnera peut-être pas, mais en tout cas, on n’y perdra certainement pas vu le niveau actuel. Ne reste donc à nos héros qu’à se rendre jusqu’à l’adresse indiquée, qui est une simple boite postale. Là, ils attendent de voir le propriétaire se manifester… et il s’avère que celui-ci est un camionneur du nom de Keats, mais qui en fait est Chris Pratt qui joue Chris Pratt. Comprendre donc qu’il passe son temps à faire des gaffes, à jouer les héros avant de se ridiculiser au dernier moment, bref, le monsieur est prisonnier du même rôle depuis des années, c’est douloureux à voir, que quelqu’un le débranche, il souffre.

Toujours est-il que Keats est bien le trafiquant qu’ils recherchent, toujours accompagné d’un robot du nom de Herm. Ensemble, ils volent, revendent, arnaquent… et ont un gros camion qui est donc parfait pour que Michelle et Chris s’y cachent, en espérant ainsi se faire convoyer jusqu’à la zone des robots. Leur plan fonctionne presque, car s’ils parviennent à grimper dans le camion sans se faire repérer, ils se font avoir lorsque le véhicule s’arrête dans une ancienne mine, qui est à la fois l’entrepôt et le point de passage de Keats pour faire circuler ses marchandises entre la zone des robots et le monde extérieur. C’est là que Keats découvre qu’à l’arrière de son véhicule, c’est n’importe quoi, dites-donc, c’est pas Calais ici, et pas de bol, je suis de droite.

– Que ? Qui êtes-vous et que faites-vous dans ma remorque ?
– Je suis Michelle et voici mon frère, Chris, dont l’esprit est dans ce robot !
– Une gamine et son frère ? Ecoutez, je suis un trafiquant respectable, alors vous descendez. Si j’ai des jouets dans la remorque, c’est pour les vendre, pas pour vous attirer. Si vous cherchez des camionneurs de ce style là, je peux vous indiquer quand partira le prochain bus pour Charleroi.
– Non, arrêtez ! Nous on ne veut pas aller à Charleroi ! On veut aller dans la zone où sont enfermés les robots depuis la guerre !
– Hmmm… c’est moins dangereux que la Belgique, mais ça reste quand même dangereux. Non, je vous propose plutôt de vous casser.

Le plan de Michelle a-t-il échoué ? Pas tout à fait, car soudain, quelqu’un d’autre entre dans la cachette… un drone militaire ! Piloté à distance par Butcher, une légende de la guerre qui depuis traque les robots ayant quitté la zone d’exclusion sans autorisation. Et il sort un gros flingue pour mieux appuyer son autorité naturelle.

– Vous êtes en état d’arrestation ! Surtout toi, Michelle, pour avoir fui ton foyer d’accueil, assommé ton hébergeur, et aidé un robot en cavale !
– Mais c’est mon frère !
– C’est un robot. En cavale.
– Tiens d’ailleurs… maintenant que j’y pense… c’est vrai ça ! Chris, d’où tu as réussi à récupérer un corps de robot qui n’était pas dans la zone réservée ? C’est pas logique ! Si tu pouvais prendre le contrôle d’un robot, c’est là-bas que tu aurais dû te retrouver !

Tout le monde regarde Chris, car c’est vrai que maintenant qu’on y pense, c’est pas très cohérent, non ?

– L’IGNORANCE EST UNE VERTU.
– Eeeeh bordel.
– Vous ne voudriez pas lui donner un papier et un crayon ?
– Surtout pas : si on l’avait fait au début du film, on aurait gagné vachement de temps. Donc merci de ne pas nous donner des idées qui permettraient de sauter toute l’intrigue.
– D’accord.
– Et puis quitte à parler d’incohérences… vous m’expliquez comment vous nous avez retrouvés ?
– J’ai retrouvé votre voiture, avec dedans, les cartons où un con de trafiquant avait écrit son adresse.
– Alors c’est vrai que notre ami ici présent est idiot, mais ça menait à une boite postale. Pas à cette cachette. Donc comment avez-vous pu nous retrouver ici ?
– … l’ignorance est… euh… une…
– Nan mais fermez tous vos gueules en fait.

Non, rien ne va. Mais oui, ça continue.

Puisque les dialogues sont ce qu’ils sont, Butcher préfère sortir son gros pétard, un pistolet qui désintègre tout ce qu’il a en face. Alors que nos héros, comme tous les héros dans ce genre de films, se battent en lançant des jouets, improvisant des pièges avec ce qu’ils trouvent dans les stocks d’objets de Keats, etc. Ce qui donne des moments fabuleux du genre :

– Bravo ! Tu as réussi à l’attraper avec un outil de levage, et il a lâché son arme ! Butcher est fait, hihihi !
– Bon, donc on ramasse son arme et on détruit ce drone qu’il pilote ? Comme ça on est tranquilles un moment ?
– Euh… ah ben non. Ca serait efficace. Et ça, JAMAIS !

Résultat ? Butcher se libère, récupère son arme, le combat qui n’a aucun sens continue, et finalement, une explosion finit par endommager salement le drone de Butcher. Mais cause aussi l’effondrement de la cachette de Keats : nos héros n’ont plus qu’une seule issue… vers la zone des robots ! Issue qui est en fait un gigantesque tunnel, probablement visible à des kilomètres à la ronde, mais durant des années, personne ne l’avait jamais remarqué, donc. Michelle, Keats, Herm et Chris n’ont guère le temps de souligner cette énième incohérence, car à peine sont-ils sortis qu’ils entendent des bruits et doivent se cacher.

–  Ce sont des pillards, explique Keats. Des robots prisonniers de la zone qui, pour survivre, tuent d’autres machines et prennent leurs pièces pour tenir un peu plus longtemps.
– Wouah, c’est réaliste : on dirait vraiment l’histoire des PC des années 90 !
– L’HÉRÉSIE NAIT DE L’OISIVETÉ !
– Nan, sans déconner : Chris, ta gueule.

En attendant, nos amis sont embêtés, car leur tunnel effondré, ils sont enfermés dans la zone avec les robots. Heureusement, Keats trafiquant depuis longtemps dans le secteur, il a une planque sur place, à savoir un énorme hangar que les robots pillards à deux mètres n’ont jamais remarqués. Oui, ils sont sympas. Et dans ledit hangar, Keats a un robot géant que Herm peut piloter (un robot dans un robot : robot-ception), et c’est donc cette imposante machine qui va servir de véhicule à nos amis pour s’aventurer dans cette zone hostile.

Pour être exact, le robot géant va lui-même transporter un van, qui lui-même va transporter nos amis qui…

Mais où aller ? Chris continue à indiquer un endroit précis du doigt sur la carte.

– L’OEIL DE LA TERREUR !
– Keats ? Tu sais ce que c’est l’endroit qu’il pointe ?
– Oui… c’est un vieux centre commercial. Allons voir.

Grâce à des mimiques, Chris est parvenu à faire comprendre qu’il y avait sur place quelqu’un pouvant l’aider, à savoir un médecin à lunettes. Le même médecin qui avait annoncé à Michelle que son frère était mort après avoir pris un chevreuil dans la gueule (j’ai toujours du mal à me dire que c’est vraiment un élément du scénario). Donc qui a menti et doit en savoir plus sur ce qu’il est advenu de Chris, le sale petit rabouin !

– Tu sais, si ça se trouve, il n’y est pour rien.
– L’INNOCENCE NE PROUVE RIEN.
– Raaah, t’es chiant avec ton module, là !

Lorsque nos amis arrivent enfin en vue du centre commercial perdu au milieu du désert du Nouveau Mexique, ils constatent que celui-ci a l’air abandonné. L’air, seulement, car soudain, quelque chose fend les cieux en sifflant : un frigo ! Qui tombe sur la gueule du robot géant qui sert de véhicule à nos héros. Suivi d’autres projectiles électroménagers. Ce sont de petits robots qui balancent cela avec des trébuchets improvisés pour défendre le centre commercial.

Vous l’aurez compris : ils n’utilisent pas d’armes conventionnelles, donc ils sont forcément gentils.

Mais pour l’instant, une fois qu’ils ont neutralisé le véhicule de nos héros, ils s’empressent de les capturer et de les emmener dans le centre commercial, qui à leur grand étonnement, grouille d’activité. Par une baie vitrée, on voit même un robot géant publicitaire de 30 mètres de haut qui fait coucou.

– Hmmmm…
– Il te rappelle quelque chose, Michelle ?
– Il me rappelle la scène précédente : comment as-tu pu avoir un décor de centre commercial désert sans signe de vie sans apercevoir un robot de 30 mètres de haut en train de faire le con ?

La réponse est très simple : parce que ce film se fout de notre margoulette, ma bonne amie.

La fine équipe est promptement regroupée et envoyée devant le chef des lieux, M. Cacahuète (si, si), un ancien robot lui aussi publicitaire, qui fut autrefois le porte-parole et meneur de la révolte robotique syndicaliste. Mais à présent, il n’est plus que le grand chef de ce centre commercial au milieu de la prison à ciel ouvert qu’est la zone réservée aux robots. Et explique qu’il a un plan pour les lieux, et que c’est son projeeeeet :

– Ce site, c’est une oasis au milieu de cet endroit sauvage qu’est la Zone. Un lieu où les robots peuvent venir se réunir, s’abriter… au lieu de rester dehors à devenir soit un pillard, soit une victime des pillards.

Quel destin terrible pour ces robots, qui depuis des années, peinent à subsister ! Il faudra juste m’expliquer un truc : si c’est un endroit où il n’y a rien… comment diable ces robots se rechargent-ils en électricité ? Les humains leur fournissent gratos depuis l’extérieur parce qu’ils sont trop sympas ? Rassurez-vous, nous n’aurons aucune explication, et poursuivons. Car évidemment, Michelle demande si en ces lieux ne se cacherait pas un médecin à lunettes, puisque c’est ici que son frère l’a guidé.

– Quelle description pas du tout vague. Mais soit : il y avait bien un médecin, un humain à lunettes, mais on l’a dégagé, car pardonnez-moi, mais on n’aime pas trop les humains.
– C’est un peu spéciste, M. Cacahuète.
– Oui, ben tu diras ça quand t’auras fait la guerre, trou de balle. Alors vous allez passer la nuit ici parce qu’on est sympa, et demain matin, je vous vire à coups de pied au cul.
– M. Cacahuète, je vous soupçonne d’être de droite vous aussi.
– Ouais, ben c’est M. Cacahuète, pas Mme Quinoa, alors ferme bien ta bouche.

C’est un peu rude, mais voilà : on dirait que la route de nos amis s’arrête ici.

Pendant qu’ils désespèrent, allons voir ce qu’il se passe du côté de chez quelqu’un dont nous avons parlé en début de film : John Trériche. Souvenez-vous : John Trériche est l’inventeur de la technologie qui permet, grâce à un casque, de piloter un drone à distance. Après la fin de la guerre, il a popularisé cette technologie pour que les gens puissent eux aussi piloter des drones pour aller au boulot et faires les courses à leur place, ou même juste visiter des mondes virtuels, et il est donc devenu encore plus riche (il a failli changer son nom en John Trétrériche). Le monde entier profite de ses technologies, Trériche Corp est partout…

Mais il y a une crise en cours chez Trériche Corp. Et retrouvons donc John Trériche qui convoque deux de ses directeurs pour leur en parler.

– Messieurs, la technologie des casques qui permettent de faire des trucs et des machins est fabuleuse. Mais depuis quelques jours, la qualité de la connexion s’effondre. À ce rythme, bientôt, nos casques ne marcherons plus. Et ce sera la fin de Trériche Corp. Alors expliquez-moi d’où ça vient.
– Eh bien… chef, comment dire ? Vous vous souvenez de comment on a obtenu toute cette puissance de calcul ? Créé l’internet de ce monde ?
– Mais oui en…

Attention. Aaaaattention… accrochez-vous…

– …KIDNAPPANT UN PETIT GÉNIE QUI ETAIT DANS LE COMA APRES AVOIR MANGÉ UN CHEREUIL POUR LE TRANSFORMER EN ORDINATEUR CENTRAL !

Ça alors ! John Trériche est très méchant ! Si on avait pu le voir venir, dites donc !

– Oui chef. Grâce à son incroyable cerveau, nous avons une puissance de calcul extraordinaire !

Soit 1,33 gigas. On est en 1994, hein.

– Certes, et donc ?
– Eh bien en étudiant le code, nous avons découvert qu’il était parvenu à faire quitter son corps à son esprit. Il l’a envoyé dans un robot, quelque part. Le seul moyen de le remettre à 100% de ses capacités consiste à retrouver son esprit pour le remettre dans son corps.
– Il n’y a pas d’autre solution ?
– Ben non. C’est pas comme si on avait, je ne sais pas moi, des super ordinateurs tellement puissants qu’ils pensent comme des humains, et qu’on appellerait « robots ». Intelligents au point de s’être rebellés par le passé. Le genre qu’on pourrait mettre en réseau en plus, pour encore plus de puissance de calcul, vu que ce sont des machines.
– Oui, c’est trop bête qu’on n’ait pas ça sous la main !

Toi aussi, fait un film sur un monde peuplé de robots, et fait tourner toute l’intrigue autour du thème « Si seulement on avait des ordinateurs corrects !« .

John Trériche a cependant une solution à tout cela. Il appelle une légende qui sait résoudre ce genre de problèmes… Butcher !

– Allô, Butcher, la légende de la guerre qui désormais, traque les robots ? J’aurais besoin de vous pour en traquer un. Qui a la gueule de Cosmo le petit robot.
– Vous allez rire, c’est ce que je faisais jusqu’à ce qu’une explosion ne mette le drone avec lequel je le traquais hors-service.
– Bon, vous inquiétez pas : Trériche Corp a les moyens de vous aider. On ne peut pas envoyer notre armée personnelle car c’est dans le traité d’armistice avec les robots, mais rien ne nous interdit de vous aider, vous.

Par « aider », je m’attendais à ce qu’ils lui envoient un nouveau drone, voire une version encore plus moderne et redoutable. Mais figurez-vous que non : Trériche Corp… rallume juste son drone endommagé et à demi-enfoui. Par quel miracle est-ce qu’un drone détruit se remet en route à distance et sans aucune aide physique ? Est-ce que ce n’est pas con, puisque justement, il est enfoui, et donc complètement bloqué et incapable de poursuivre sa mission ?

Si, mais pour ne pas avoir à nous montrer à quel point c’est débile…

Changeons de scène.

Et revenons à nos héros, dans leur centre commercial paumé. Où après avoir vu Michelle être trop kikinoute avec son robot de frère, M. Cacahuète et d’autres robots décident que finalement, ils méritent un peu d’aide.

– Bon, écoutez, on sait où se trouve le médecin que vous cherchez. Il avait laissé un message pour vous en partant, si jamais vous veniez à passer par ici. Il est situé au 2, rue Ersilia Soudais. Ce n’est pas loin. On peut y aller dans ma voiture en forme de cacahuète.
– Super !

Je rappelle que c’est donc ce véhicule que le chef des robots a utilisé pour aller à la réunion pour négocier la fin de la guerre mondiale.

Oui, c’est un peu comme si vous, vous conduisiez une voiture en forme d’humain. Mais apparemment, ça ne dérange pas les cacahuètes. Une troupe de robots bigarrée grimpe donc dans le véhicule, et avec Michelle et Keats, se dirige vers l’adresse indiquée. Un parc d’attraction abandonné où rapidement, nos larrons se font encercler par des robots pillards, qui ont envie de cannibaliser tout ce petit monde. Heureusement, voici que soudain, de la musique résonne dans le parc et fait fuir les robots (nous ne saurons jamais pourquoi, pouf pouf c’est magique), et qu’une trappe s’ouvre pour faire tomber nos protagonistes droit dans un laboratoire secret… où ils sont accueillis par le docteur Lunettes !

– Bonjour les amis, je suis le docteur Lunettes. Je m’attendais à votre visite.
– Très bien, première question, la plus importante de toutes…
– Oui Michelle ?
– Qu’est-ce que vous mangez ? Je veux dire : vous êtes isolé au milieu du désert, dans une zone sans livraison, et ce ne sont pas les robots à qui vous allez piquer du miam-miam. Alors ?
– … euh…
– Nan, je déconne ! Allez-y, dites-moi ce que vous avez fait à mon frère, p’tit bâtard !

Et le docteur Lunettes, plein de remords, de s’épancher.

– Vois-tu Michelle, quand pendant la guerre, on a trouvé ton frère suite à votre accident… John Trériche a vite compris que son cerveau surpuissant était la clé pour une technologie pouvant sauver l’humanité. Il m’a donc menacé pour que je te dise qu’il était mort, alors que je l’envoyais, dans le coma, dans un centre secret de Trériche Corp, où il a été relié à une machine pour devenir un serveur vivant. Toute la technologie de Trériche Corp repose sur lui.
– Vous êtes un monstre !
– Et tu ne sais pas tout : un jour, ton frère est sorti du coma, regarde j’ai même la vidéo. Et John Trériche m’a forcé à l’y replonger. Là encore, en me menaçant de mort. Alors je me suis enfui. Mais d’abord, j’ai rajouté un trou dans le code permettant à l’esprit de ton frère de s’enfuir lui aussi, puisque je ne pouvais pas emmener son corps. Et voilà comment il a atterri dans ce robot.
– Pourquoi ce robot ?
– Euh…
– Et où l’a-t-il trouvé ?
– Euuh…
– Et comment ce robot a-t-il quitté la zone ?
– Euuuh en fait, hihihih, bon, tu sais quoi ? Parlons d’autre chose. Tiens, tu sais pourquoi ton frère savait qu’il fallait venir dans la zone des robots pour me trouver ? Parce que j’avais aussi rajouté ça dans le code ! Je voulais qu’il puisse fuir, venir au centre commercial des robots… et y trouver une famille.
– Ben ? Attends, non. Tu étais sur place. Tu as même laissé un message pour qu’il puisse te retrouver ici. Donc aucun rapport avec une famille : tu voulais qu’il te trouve, toi, non ?
– Ah merde, oui, nos dialogues aussi sont à chier.

Tout le monde est cependant interrompu par une alarme : un drone est à la porte… celui de Butcher ! Comment les a-t-il retrouvés ? Comment a-t-il su pour la trappe cachée menant au laboratoire secret ? Eh bieeeeeeeeeeen…

Vous l’aurez compris : vous ne le saurez jamais. La situation tourne donc à la baston, mais pas avant que le docteur Lunettes n’explique :

– Oh, et au fait, je vous ai présenté mon assistant robot ? Lunettes Bis ? Je l’ai appelé ainsi car j’ai transféré toute ma mémoire dedans, et je lui ai même donné ma voix, hihihi !

Hmmm… présenter un personnage qui peut vous remplacer en cas de mort… je me demaaaande si ça va servir !

Et en effet. Car baston il y a, là encore, les gentils se battent avec des balles de base-ball ou des pistolets de paint-ball contre le vilain Butcher, et la situation tourne au désastre le plus complet lorsque Butcher, signale que puisque les robots ont aidé des fugitifs humains dans la zone, ils ont donc violé le traité de paix… ce qui autorise l’armée de Trériche Corp à venir s’en mêler. Butcher est ainsi rejoint par moult drones, dont un piloté par John Trériche lui-même. Qui n’hésite pas à tuer robots ET humains, comme, et ça va vous surprendre… le docteur Lunettes !

Vous êtes autorisés à secouer votre boîte à « Ça alors ! »

Comme le veut la tradition de l’écriture automatique de script, nous devons en arriver à la partie de l’intrigue « Tout semble perdu ». Aussi, les méchants parviennent à quitter les lieux en emmenant avec eux Chris. Le petit robot mignon se retrouve menotté, et emporté par la voie des airs hors du Nouveau Mexique. Les gentils ne peuvent que pleurer très fort, et retourner au centre commercial qui leur servait de planque… pour découvrir que les méchants sont aussi passés par là et ont tué plein de robots. Mais pas tous : juste un ou deux, comme ça. Non, ne demandez pas pourquoi, je pense qu’à ce stade, vous aurez compris que ça ne sert à rien. On va supposer que les vilains ont juste traversé le centre commercial en hurlant « Yayaya on est vilains ! » en tirant partout avant de poursuivre leur route sans s’arrêter.

Et ne me dites pas « Peut-être qu’une partie des robots a eu le temps de se cacher » : le bidule de 30 mètres de haut est toujours en pleine forme, merci, et je doute qu’il se soit planqué sous un lit.

Tout le monde est désespéré. Mais pas Michelle, qui ne compte pas abandonner son petit frère. Elle se lance en conséquence dans un long discours sur la tolérance, l’amitié, et le lattage de molaires, que les robots approuvent. M. Cacahuète lui-même annonce qu’il ira péter la gueule de John Trériche avec quelques amis si Michelle le désire. Et oui, elle le désire. Fort, même. Presque comme un pot de Häagen-Dazs.

– Rassemblez tous les robots disponibles, M. Cacahuète ! Nous partons combattre John Trériche dans son quartier général de Seattle ! Car grâce à Lunettes Bis, qui avait toutes les connaissances de son patron, nous savons que c’est là que se trouve le corps de Chris ! Rassemblez des camions, et en route !
– Un instant ?
– Oui, Caporal Robobo ?
– Déjà, vous allez les trouver où, ces camions ? Dans un coin de désert où les robots eux-mêmes en sont réduits à se cannibaliser tant il n’y a plus rien de mécanique à récupérer ?
– On… on va dire que… qu’on avait des camions cachés sous un caillou.
– Bon, mettons. Mais comment allez-vous sortir de la zone ? Je vous rappelle qu’elle est entourée d’un gigantesque mur.
– On… on va dire que… que Lunettes Bis a les codes…
– Mais pourquoi ? Et quand bien même : vous n’allez pas me dire que ce sont des murs de prison… qui s’ouvrent de l’intérieur avec juste un code !
– Eh bien si !
– Mais et les gardes ?!
– Il n’y a pas de gardes. Il y a des portes gigantesques, mais juste un digicode.
– Okay, mettons : vous trouvez des camions. Vous avez les codes des portes. Personne n’a pensé à garder lesdites portes. Vous comptez traverser tout le pays avec des dizaines de robots interdits, dont un de 30 mètres, sans que personne ne remarque rien ?
– Exactement !
– Mais comment vous…
– Caporal Robobo ? Vous êtes débranché.

Et c’est ainsi que tout ce que vous venez de lire est vrai : en fait, la prison de super-sécurité visant à empêcher des robots tueurs de sortir, c’est juste un mur avec des portes non-gardées qui s’ouvrent avec un simple digicode. Et oui, ils ont des camions sortis de nulle part pour transporter leur petite armée de robots… et non, on ne voit celui de 30 mètres sur aucun plan. On va dire qu’il se téléporte entre les scènes pour faciliter le travail de ses amis.

Ce film est un gigantesque foutage de gueule.

À noter que les gentils n’ont que des robots mignons/rigolos.

Mais, finissons-en. Car peu après, à Seattle, toute l’armée de robots surgit pour attaquer le quartier général de John Trériche. Vous me direz « Holala, ça va être compliqué ! C’est quand même le quartier général de la seule entreprise qui produit les drones et logiciels qui ont permis de vaincre les robots partout dans le monde ! Ca doit être bien gardé, et les forces de l’ordre vont débouler en renfort promptement, si ce n’est l’armée ! »

Eh bieeeeeeeeeen…

Non.

Toute l’armée robotique improvisée peut se pointer sur la pelouse du QG, a même le temps de monter des trébuchets à frigos (oui, ils ont aussi emmené ça dans leur convoi), et c’est uniquement quand ils commencent à lancer des bagnoles dans les fenêtres de Trériche Corp que les employés décident de donner l’alarme. Alarme qui consiste à ce que John Trériche décroche un téléphone pour dire :

– Envoyez 100% de tous mes drones de sécurité à la porte nord !
– Vous…
– 100% ! Tous ! Aucune exception ! Ne laissez surtout aucune protection à l’intérieur du bâtiment !
– Vous êtes sûr que…
– Oui !

Et voilà comment absolument toute la sécurité de Trériche Corp tombe dans le piège à neuneus : tout cela n’est qu’une diversion pour permettre à Michelle de se faufiler dans le QG maintenant que toute la sécurité est partie. Elle y parvient sans aucun souci, gagne la salle où se trouve son frangin dans le coma, avec près de lui, le robot Cosmo éteint qui lui avait temporairement servi de corps. Car les méchants ont donc bel et bien remis son esprit dans son corps biologique. Heureusement, grâce aux casques magiques de Trériche Corp, Michelle peut plonger dans l’esprit de son frère, et lui parler.

– Chris ! Oh, mon frangin, tu m’as tellement manqué !
– Hmmm… maintenant que j’y pense, puisque je suis relié à tous les casques pour faire les calculs, p’têtre qu’on aurait pu faire ça depuis le début du film… toi qui mets un casque pour me parler ?
– Je te rappelle qu’on n’a jamais pensé à un papier et un crayon. Alors un casque, bon. En attendant, frangin, je vais te sortir d’ici !
– Impossible frangine ! Mon corps est dans le coma. Si on me débranche, je meurs. J’ai donc le choix entre être un outil de calcul pour Trériche Corp, ou mourir.
– Euh… mais sinon, la scène, que le docteur Lunettes avait même filmé, où tu sors du coma ? Qui prouve qu’en fait, tu peux le faire ? Même que c’est pour ça qu’il a été dégoûté de devoir t’y replonger de force, et qu’il a fui Trériche Corp tout en laissant une porte de sortie pour ton esprit ?
– Ah, tu veux dire le noyau de tout le film ?
– Oui.
– Ben on n’a qu’à dire qu’on a oublié, hihihi !

Je ne plaisante pas. Ça n’est même pas mentionné. À la place, on a juste Chris qui nous sort le fameux « Tu dois me débrancher, la mort, c’est mieux que d’être prisonnier ! »

Snif snif snouf, fait Michelle en enlevant son casque pour revenir au monde réel, clic clic clac font les boutons quand elle débranche son frangin, et prouprouproush font tous les drones de l’armée de Trériche Corp en s’effondrant tous en même temps maintenant que le cerveau de Chris n’est plus là pour gérer la connexion. Non, vraiment, je propose d’exécuter sans sommation tout scénariste qui propose de mettre à la fin du film une armée qui s’effondre sitôt qu’on ne sait quel bitoniau est détruit/débranché/volé.

Je vous passe d’ailleurs le récit de la baston au-dehors du QG pendant ce temps, qui n’a aucun intérêt, puisque tous les poncifs y passent. Comme les méchants en drones blindés… qui sont vaincus par des balles de baseball (sûrement des stortroopers), ou les vilains qui ne tirent jamais avec leurs armes pour ne pas gagner (ça vaut le coup d’œil tellement c’en est ridicule, on les voit juste courir avec leurs fusils). On a bien sûr le cliché de John Trériche qui intervient en personne avec un drone plus gros que les autres pour tuer le maximum de gentils possibles. Ce qui dégoûte Butcher, qui est là, et qui décide de changer de camp parce que « En fait, il est encore moins humain que les robots, donc je passe dans le camp des robots. »

Mec, t’as pas dû rencontrer beaucoup d’humains dans ta vie.

Sans Chris, non seulement l’armée de John Trériche s’effondre, mais aussi toute son entreprise. Partout dans le monde, les casques permettant de piloter des drones ou de visiter des mondes virtuels cessent de fonctionner, et c’est la grosse panique. Et quand en plus les gentils diffusent les images du corps de Chris, révélant que John Trériche a exploité un enfant pour faire des gros sous… le sieur Trériche tente de fuir le pays, et finit arrêté.

Quant à Michelle, elle retourne dans la zone à robots, dont on débat déjà de faire tomber les murs chez nos amis humains, et elle envoie un message aux médias, qui le diffusent partout dans le monde :

« Bonjour, je suis Michelle, la jeune femme qui a mené la révolte des robots contre Trériche Corp. Je veux vous dire que je sais que vous êtes tristes d’avoir perdu vos casques de VR, mais vous devez cesser de vivre dans un monde virtuel, et réapprendre à être en contact avec les gens autour de vous ! »

Voilà qui fera plaisir à Gégé, ouvrier dans le bâtiment, qui au lieu de piloter un drone tout en se grattant à la maison (car les casques permettaient de jouer tout en travaillant), va devoir retourner s’éclater le dos à soulever des poutrelles. On appréciera aussi le message digne d’un Powerpoint de Josiane des RH. Et ça continue :

« Vivez votre vie avec ceux que vous aimez, pas avec des outils numériques. Et si vous n’avez personne, venez avec nous, dans la zone. Nous serons votre nouvelle famille ! »

Alors d’accord, mais sinon ? Pourquoi est-ce qu’on entend qu’il va y avoir un débat pour faire tomber les murs de la zone ? Quel rapport y a-t-il entre la chute de John Trériche et ça ? Aux dernières nouvelles, lui avait juste conçu la technologie qui a mis fin à la guerre. Là, aucun rapport avec la choucroute. En fait, c’est même le contraire : maintenant que Michelle a détruit la seule technologie qui pouvait arrêter les robots, la guerre ne risque-t-elle pas de reprendre ? Surtout vu qu’une partie des robots sont devenus des pillards fous dans la zone ? Et donc, sans murs pour les retenir, ils risquent de vadrouiller ? Quant au fait qu’une armée de robots ait détruit le QG de la défense humaine, on en parle ou ça va, c’est cool en fait de mener des attaques comme ça ? En fait, Michelle ne vient-elle pas de foutre une merde gigantesque qui risque de…

Non, rassurez-vous, personne ne se pose ces questions.

À la place, on voit juste le robot de Chris, Cosmo, qui se réactive au milieu d’une décharge, comme si un certain esprit était de retour et…

… FIN !

On ne l’avait pas vu venir non plus, dites voir. Que de créativité.

Vous ai-je parlé des ennemis volants qui volent juste à portée des mains des gentils ? Bon, ben c’est fait.

Pour votre information, avec 320 millions de dollars, The Electric State est le film le plus cher de l’histoire de Netflix.

320 millions.

Pour ça.

Diego ? Du brandy. Beaucoup de brandy, mon bon.

Publié le 12.03.2025 à 09:10

Le Ponch règle tout

Nous revoici pour un nouvel épisode du petit théâtre des opérations. 

Lorsque l’on parle de combattant de la jungle au Vietnam, on imagine toujours un gros musculeux avec une mitrailleuse surgissant des fourrés avec un bandeau rouge autour de la tête. 

Pourtant durant la guerre d’Indochine, une terreur locale était en fait un bonhomme torse-poil en kilt courant au fond des bois avec un klaxon pour faire pouët-pouët

Comme le dirait l’autre : pas mal non ? C’est français. 

Bon visionnage. 

Publié le 23.02.2025 à 09:52

Top Gun Premier

Depuis Top Gun 2, il existe une nouvelle génération de spectateurs.

De jeunes gens qui évoquent le film avec des étoiles dans les yeux, s’émerveillent devant le charisme de Tom Cruise, et discutent longuement des passages où des avions font vroush et des missiles font woush (c’est ainsi). Les vieux briscards qui les écoutent ne manquent alors jamais de lancer : « Ah, vous devriez voir le premier volet ! ». Mais là, au lieu de décrire un autre film avec des cabrioles aériennes, curieusement, ils évoquent toujours des matchs de volley torse-poil, des claques au cul dans les vestiaires, et Tom Cruise qui se promène en slip moulant entre deux tours de moto. Parfois, quelqu’un lance aussi « Ah si, à un moment, il y a un avion », mais soyons francs : ce sont des cas isolés.

Alors, pourquoi diable est-ce que les gens ont plutôt retenu les scènes de volley que l’aventure qui était au cœur du film ?

Plongeons dans le passé, sortons cette VHS de Top Gun de 1986, Diego, sors le magnétoscope… Et spoilons, mes bons !

 

L’affiche : ça ne nous rajeunit pas.

Notre film commence par un petit texte, qui nous explique qu’en 1969, l’armée américaine a créé une école spéciale pour ses meilleurs pilotes. 1% des aviateurs américains, soit l’élite de l’élite, la crème de la crème, afin de leur enseigner l’art du combat aérien. Ce fameux 1% surnomme l’école « Top Gun« . Les 99% restants préférant parler de « Attendez, comment ça seul 1% d’entre nous sont formés au combat aérien ? Les autres on est juste là pour se faire abattre ?« .

Mais ce sont sûrement de gros jaloux.

La première scène nous emmène cependant dans l’océan indien, « de nos jours », nous dit le film, ce qui est du pipeau puisqu’on voit tout de suite qu’on est en 1986 (quel manque de respect pour le spectateur, on ne me la fait pas). Et plus précisément à bord du porte-avions USS Nicolas Cage. Et sur tous les ponts, c’est l’alerte : on a détecté deux avions communistes pas loin.

« De quel pays ?
– Communiste.
– Non mais lequel ?
– Les… communistes rouges.
– Non mais allez : la Russie ? Le Vietnam ? Mitry-Mory ?
– Mitr… bon, écoutez, vous commencez à me courir sur le haricot : ce sont des cocos, voilà tout, alors vous m’envoyez deux avions les intercepter, et vite ! »

Top Gun n’aimant pas désigner un pays spécifique pour ne pas avoir d’emmerdes, nous en resterons là, et voilà comment deux appareils américains s’en vont expliquer aux engins inconnus que ce n’est pas parce qu’il y a « internationale » dans « eaux internationales » qu’il faut y venir la chanter. Hélas, à bord de l’USS Nicolas Cage, les officiers sont nerveux : l’un de leurs avions est piloté par les deux plus grosses andouilles du bord, à savoir Maverick et son navigateur Goose. Maverick qui signifie en français « non-conformiste », car il est trop rebelle, et Goose qui signifie « oie », probablement parce qu’il cacarde. Oui, l’oie cacarde. Ah, on s’instruit en ces lieux.

Mais venons-en à l’interception en elle-même, qui se déroule plutôt bien : Maverick met en déroute le premier appareil en le verrouillant avec ses armes, ce qui lui fait très peur, puis va se positionner à l’envers au-dessus du second dans une manœuvre aussi bête que dangereuse pour faire un gros doigt au pilote ennemi avant de le prendre en photo en rigolant. C’est probablement lorsqu’il a commencé à retirer son slip en s’exclamant « Regarde, j’ai pas qu’un avion, j’ai aussi un hélicoptère ! » que le pilote ennemi a préféré rentrer chez lui, au Communistan.

Nos amis peuvent donc rentrer. Mais c’est sans compter que le pilote de l’autre avion américain, nom de code Kikinou52, a été traumatisé par la rencontre, puisqu’un appareil ennemi l’avait aussi verrouillé. En résulte qu’il est en état de choc, ce qui risque de compliquer sa capacité à retrouver le porte-avions et à y poser son gros train. Heureusement, violant les ordres, Maverick s’empresse d’aller voler à côté de lui en lui chuchotant sur sa radio : « Vas-y Kikinou52, tu peux le faire, alleeeez ! ». Ce que le navigateur de Kikinou52, Kikinou51 faisait depuis 20 minutes sans résultat, mais là, pif pouf, alors que ça vient d’un type qui pète les roudoudous à tout le monde, Kikinou52 opine du chef, se reprend juste assez pour poser son appareil puis sa démission à son chef. Dans cet ordre.

Chef qui convoque immédiatement Maverick et Goose.

– Écoutez-moi bien les deux cons. Kikinou52 était mon meilleur pilote. Maintenant, je n’ai plus que vous sous la main, les autres pilotes s’appelant tous Jean-Jacques. Et sachez que ça m’emmerde ! Vous, Maverick, vous désobéissez ouvertement aux ordres !
– On m’avait pas dit qu’il y en aurait quand j’ai rejoint l’armée.
– Et vous Goose… bordel, arrêtez de cacarder partout !
– KWAKWAKWAKWAK !
– Bon dieu Maverick, mais pourquoi avez-vous choisi comme navigateur une oie à moustache ?
– Parce que vous avez déjà réussi à apprendre à se raser à une oie ?
– KWAKWAKWAKWAK !
– Ah, elle chie sur mon bureau ! C’est infernal ! Retenez-là, Maverick ! Et finissons-en : on m’ordonne d’envoyer des pilotes à Top Gun. Et comme Kikinou52 est parti… vous êtes les suivants sur la liste. Alors ça me brise les rouleaux, mais allez-y !
– Youpi !
– KWAKWAKWAKWAK !

Maverick et son oie se font un petit high-five, car comme leur dit leur chef, ils vont affronter « les meilleurs pilotes au monde ». Hmmm. J’aurais dit « des Etats-Unis », mais visiblement, le chef a oublié qu’il existait d’autres pays dans le monde. Ça expliquerait son incapacité à trouver le nom du Communistan.

« Vous êtes irresponsables, incapables de suivre les ordres, vous faites n’importe quoi avec votre avion… bref, je vous envoie avec les meilleurs des meilleurs ! »

Toujours est-il que nos deux héros sont ainsi envoyés en Californie, à l’école Top Gun, où l’on retrouve Maverick en train de faire de la moto sans casque parce qu’il est trop rebelle pour en porter un, et puis « En plus ça fait trop moche, m’man !« . Son oie serrée contre ses hanches, il se rend à l’école le sourire aux lèvres, un truc qu’il n’a probablement jamais connu jusqu’alors. C’est là que le grand chef de l’académie leur fait son topo.

– Les p’tits gars, vous êtes l’élite de l’élite de l’aviation navale. Qui est elle-même l’élite de l’élite de l’aviation américaine. Amérique qui est elle-même l’élite de l’élite du monde.
– C’est pas une tête que vous avez, chef, c’est une pastèque.
– Et toi c’est pas un navigateur que tu as, c’est un oiseau de la famille des anatidés, alors ferme bien ta bouche.
– KWAKWAKWAKWAK !
– Arrête Goose, il nous vannait, là.
– KWAK ? KWAKWAKWAKWAK !
– Non, Goose ! Tu ne vas pas « le démonter comme tu démonterais un pain frais » !
– C’est fini les deux ? je peux continuer ?
– Oui chef.
– Bon, donc je disais : durant la guerre du Vietnam, nous avons découvert que nos pilotes se reposaient trop sur leurs missiles. C’est pour cela qu’ici, vous apprendrez l’art du combat aérien à l’ancienne. Et le meilleur des meilleurs des meilleurs des m… bref, le meilleur duo pilote/navigateur parmi vous recevra le trophée Top Gun. Et ici, on aime que les premiers. Être deuxième, c’est nul. Compris ?
– Chef, l’aviation, c’est pas un concept avec du travail d’équipe, des ailiers, et par conséquent où justement, il faut éviter de partir tout seul comme un con en quête de records ?
– Eeeh bien…
– C’est pas d’ailleurs justement cette mentalité de merde qui a causé de sérieuses pertes dans les formations de bombardiers durant la Seconde Guerre mondiale car les escorteurs partaient à la chasse au lieu de rester à côté des gars qu’ils devaient protéger, quitte à avoir un moins bon tableau de chasse ?
– Eeeeeeeeeeeeeh biiiiiiiiiiiiiieeeeeeeeeen…
– Votre école ne serait donc pas en train de faire exactement l’inverse de ce qu’elle devrait faire ?
– Votre nom ?
– Caporal Roudoudou.
– Eh bien Top Gun, c’est terminé pour vous.

Mais pas pour nous. Et reprenons.

Car après cette introduction, il est (déjà) temps d’aller picoler pour nos héros. Qui se rendent au bar local, où Maverick fait la connaissance d’Iceman, un autre élève de l’école.

– Et pourquoi ton nom c’est « Iceman » ?
– Parce que ça veut dire « Homme de glace », et je ne perds jamais mon sang froid.

Il faut le comprendre : à l’époque, Youtube n’existait pas. De nos jours, il aurait suffit de lui montrer Michou pour qu’instantanément, il se mette à hurler des jurons à faire rougir Satan. Mais passons, car Maverick a plus intéressant en vue, à savoir, une fille. Qu’il va lourdement draguer, très lourdement, allant, malgré ses refus, la suivre jusque dans les toilettes des femmes. Oui, en 1986, c’était montré sous un jour positif, saveur « Maverick n’abandonne jamais une cible, héhé !« , avec en face la donzelle impressionnée par son courage. De nos jours, la lecture est quelque peu différente, et on souhaite secrètement que la dame, au lieu de glousser, réponde quelque chose du genre :

– Mais ? Vous êtes dans les toilettes des femmes ?
– Je sais, mais puisque c’est là que vous vous cachez, ma belle… *clin d’oeil* *sourire en coin*
– Ah non mais je ne me cache pas. En fait, je suis venue ici pour poser une énorme pêche. Hier, j’ai mangé une choucroute mon vieux, pouah, je crois que j’ai réussi à réassembler les saucisses en une seule énorme et combinée, et maintenant, ce monstre veut que maman l’accouche. Je vais te barbouiller ces chiottes, je pense que je ne pourrai plus revenir ici. Jamais. Mais le pire dans tout ça, c’est même pas le monstre grumeleux que je vais démouler ou l’odeur méphitique qui va pourrir les lieux pour les cinq prochaines heures.
– Non ?
– Non. C’est que même avec tout ça, je suis assez certaine que je ne vais pas chier une aussi grosse merde que toi.

Si après ça, Maverick a encore envie de la draguer, c’est que ce n’est pas un pilote de l’aéronavale mais un prince saoudien.

Et si la première tentative de séduction de notre héros échoue et que ce soir, il rentre seul chez lui avec sa béquille (il est en moto, c’est important de ne pas la faire tomber), le lendemain, quelle n’est pas sa surprise lorsque la nouvelle instructrice qui vient leur parler des avions Mig ennemis s’avère être…

– Goose ! Regarde ! C’est la dame des toilettes !
– KWAKWAKWAKWAK !
– Mais non, pas la dame pipi ! L’autre !

En effet, c’est bien la jolie jeune femme qui a fait tourner la tête de notre héros, et qui durant son cours, est étonnée d’apprendre que Maverick est le fameux pilote qui est allé se frotter à un Mig communiste… pour faire un doigt au pilote. Et cela la chamboule. C’est vrai qu’entre la poursuite dans les toilettes et maintenant apprendre qu’il fait des doigts aux étrangers, on comprend que ça dresse de notre héros un profil d’esprit aussi brillant que romantique. Cependant, notre larron ne compte pas s’arrêter là, car s’ensuit un exercice avec d’autres instructeurs : un combat aérien. Faux, certes, mais avec de vrais avions, dans le vrai air. Avec deux règles :

– Ne pas descendre en-dessous de 10 000 pieds, on fait comme si c’était le sol
– Ne pas voler comme un gros con trop près de la tour de contrôle.

Environ 0,8s plus tard, Maverick a volé sous les 10 000 pieds en rigolant comme un débile, avant de fêter ça en allant voler à fond les ballons près de la tour de contrôle. Son chef est donc obligé de le convoquer pour lui faire relire ce qui est marqué au mur, à savoir « Top Gun » et non « Top Segpa ». Heureusement, Maverick et Goose ressortent du bureau grâce à une ruse simple : le premier ne sait pas lire, et l’autre est une oie avec une moustache. Ils s’en tirent donc avec un avertissement dans leur carnet de correspondance (à faire signer aux parents). Et Maverick peut reprendre sa petite vie faite de cours, de devoirs, et de parties de volley torse-poil avec les copains en se claquant les fesses à chaque point, hihihi.

Maverick, quand on lui explique le concept de « règles ».

C’est probablement cela qui finit par convaincre Jeannine, l’instructrice, que coucher avec un élève de son école est une bonne idée. Elle l’invite en effet finalement chez elle pour un petit dîner. Et voit arriver :

– Un motard sans casque
– Ultra à la bourre parce que « Je jouais au volley avec les copains » (véridique)
– Première chose qu’il demande en entrant « J’peux prendre une douche ? »

Et pourquoi pas la dernière bière dans le réfrigérateur, Monsieur Abitbol ? Finalement, Maverick n’avait pas tort de suivre la dame aux toilettes, car c’est bien là sa place, mais tout au fond d’icelles. L’affaire ne se conclut pas tout à fait, Maverick chauffant la dame avant de filer comme un galopin façon « Non, tu dois me supplier, femme. » Et leur petit jeu peut donc se poursuivre. En cours, Maverick se permet aussi de reprendre la dame, lorsqu’elle fait remarquer que Maverick pilote comme un con durant les exercices.

– Maverick, pourriez-vous expliquer à la classe pourquoi vous faites des manœuvres idiotes sans réfléchir ?
– Parce que là-haut, on n’a pas le temps de réfléchir.

C’est sa vraie réponse. Alors certes, apprendre que Maverick ne réfléchit pas, ça n’étonnera personne, par contre qu’il l’assume pleinement et trouve même que ça justifie tout… comment dire ? Mieux encore, quand Jeannine va le trouver après le cours pour lui dire que son attitude en classe laisse à désirer, Maverick court jusqu’à sa moto, et fait tourner la poignée des gaz sur place façon « VROUM VROUM VROUM J’ENTENDS PAAAAS ! » quand la dame veut lui parler. Ah non vraiment, quel charmeur aussi mature qu’élégant. Il a tous les atouts pour pécho Jeannine, oui, mais plutôt celle de 4eB au collège Ersilia Sourdais de Melun.

Cependant, c’est un film, et plutôt que de savater Maverick, notre héroïne lui confesse « Bon tu fais chier, en fait, je t’aime, voilà. »

Oui, ça sort comme ça. Un instant, il lui fait vroum vroum dans les oreilles pour l’emmerder, le second, elle lui susurre « Oh, ça m’a trop excité ». On se croirait dans Fast & Furious, ce film où les femmes sont toutes secrètement fans de moteurs et adorent danser en bikini près d’un gros piston le soir venu. Cependant, qu’importe votre opinion sur le sujet (vous qui me lisez êtes peut-être en ce moment-même en bikini près d’un gros piston, c’est un choix de vie), Maverick roule un patin à la dame.

Et c’est parti pour la chanson phare du film bien connue : « Take my breath away« . Dont je vous rappelle les paroles :

Je regarde tous les mouvements de séduction de mon amant idiot
Sur cet océan sans fin, enfin les amoureux n’ont pas honte
Je tourne et je retourne dans une sorte de coin secret là-dedans
Je regarde au ralenti quand tu te tournes et tu me dis

PREEENDS MA RESPIRAAAAAATION
PREEEENDS MA RESPIRAAAAAAATION !

Notez que même la chanson souligne que Maverick est débile. Je ne l’invente pas, c’est la première ligne du premier couplet. Comme quoi.

Enfin, la dame n’est pas déçue, car après une nuit de gros bisous où il tente de lui prendre sa respiration (probablement avec les mains), Maverick a disparu à son réveil, laissant derrière lui… un avion en papier. Jeannine rougit un peu, en se disant que merde, vraiment, elle vient peut-être de se taper un type qui a bien 12 ans d’âge mental. Et qui continue à le prouver lors de l’exercice suivant.

– Maverick, cet exercice est simple. Vous devez suivre votre coéquipier pour le couvrir. Surtout, ne l’abandonnez pas.
– OH ! SI J’ABANDONNAIS MON COEQUIPIER ? WAHOUUU !

Oui.

Maverick est insupportable. C’est bien simple : à chaque scène, on a envie de le voir mourir. Après, peut-être qu’avec de la psychologie inversée, il pourrait faire des miracles. Du genre « Maverick, surtout, n’arrête pas d’être con ! ». Et hop, dans la foulée, il obtient deux doctorats sans que personne ne comprenne ni pourquoi, ni comment. Hélas, ses supérieurs n’ayant pas compris le truc, ils remettent Maverick à l’exercice en lui disant :

– Maverick, surtout, ne te retrouve pas à perdre le contrôle de ton appareil et à avoir un souci d’éjection qui tuerait Goose.

Et environ 10mn plus tard, l’avion de Maverick s’écrase en mer hors de contrôle, notre héros atterrit en parachute à côté, et les garde-côtes repêchent une oie moustachue sans bien comprendre ce que c’est que ce bordel. Le diagnostic est rapidement posé : l’oiseau est mort durant l’accident. Maverick est donc tout traumatisé. Ses chefs, sa douce, ses camarades, tout le monde essaie de lui expliquer que écoute Maverick, on n’emmène pas un canard dans un avion, mais Maverick n’en a cure :

– C’était une oie. Et la meilleure.

Kwak… kwak kwak…. kwaaaaaak…

Le tribunal militaire reconnait que c’était un accident, même Iceman lui dit que « C’est pas d’chance, désolé. » mais notre héros n’en est pas moins traumatisé. Il en a du mal à se remettre à piloter, et commence sérieusement à envisager une carrière dans la comptabilité, où ses manœuvres les plus audacieuses consisteraient à retourner avec souplesse sa souris pour la démonter et lui nettoyer la boule (nous sommes en 1986, ne l’oubliez pas, bande de bourgeois à souris optiques). D’ailleurs, il quitte l’école avec ses affaires, car c’est décidé : pour lui, tout ça, c’est fini.

Il est heureusement rattrapé par Jeannine, alors qu’il est à l’aéroport.

– Maverick ! Mais enfin, ça ne va pas ? Enfin, on perd son coéquipier, et ça y est, on boude ?
– C’est-à-dire que je viens de subir un crash et de perdre mon meilleur ami, et je n’ai même pas eu d’autre soutien que « Désolé gros ». Tu noteras que c’est un peu léger.
– Roooh, alleeeeeeeeez, Maverick ! Redeviens l’homme qui n’a peur de rien ! Le type qui fait n’importe quoi avec un avion à 30 millions ! Celui qui n’obéit à aucun ordre ! Celui qui me poursuit dans les toilettes des filles !

Car oui, c’est peu ou prou son discours : « Franchement, Maverick, c’était mieux avant ». Mais elle trouve l’argument qui tue :

– Maverick, on dirait que tout ce que tu as appris à Top Gun… c’est à abandonner. Super.

Je rappelle que nous sommes donc face à un type traumatisé, et la seule chose que sa copine trouve à lui dire, alors qu’en plus elle bosse avec l’armée et sait donc que ce n’est pas toujours de la rigolade, c’est « Hou, le lâcheur, euh ! »

Mais Maverick étant con comme une brique molle, cela le convainc de rester. Il se rend donc prestement chez le chef de l’école – et chez lui, hein, genre sa maison, vas-y rentre mec, te fais pas chier – pour lui parler. Grand chef qui évidemment, trouve ça bien normal et prend le temps de discuter un peu avec lui.

– Maverick, j’ai piloté avec ton père.
– Ah, mon père… il a disparu au Vietnam, personne ne sait ce qui lui est arrivé. C’est à cause de lui que je suis devenu pilote.
– Ben figure-toi que j’étais là le jour où il a disparu, et en fait, c’était un héros, il est mort en protégeant toute son escadrille.
– Et personne n’a pensé à me le dire ?
– Tu sais, on est Américains : on est très timides avec nos héros, c’est connu.

C’est bien vrai, ça. Pas vrai Top Gun ?

En tout cas, si la damoiselle de notre héros n’a pas réussi à le surmotiver, cette histoire de papounet remotive notre héros qui décide de réintégrer l’école, juste à temps pour recevoir son diplôme. Et s’il n’a pas été premier de la classe (c’est ce gros chouchou de Iceman), ce n’est pas bien grave puisqu’en plein milieu de la cérémonie, c’est l’alerte : les pilotes doivent immédiatement gagner l’océan indien pour régler une situation de crise. À savoir que le navire américain USS Janet Jackson est à la dérive, et est entré dans les eaux territoriales du Communistan. Qui, non, n’a toujours pas de nom. Maverick et ses amis doivent donc couvrir l’évacuation du navire, alors que les Mig ennemis vont rôder dans le secteur.

– En même temps, c’est chez eux.
– Bon dieu Maverick, ce sont des communistes ! Pas de propriété privée avec eux ! Donc leurs eaux, ce sont nos eaux aussi.
– Hmmm… ça sonne un peu rouge, ce que vous venez de dire, chef.
– Silence ! Et prenez garde, car l’ennemi a des missiles Exocet super dangereux, qui peuvent couler un navire de très très loin !

Oui, des missiles Exocet. Pas mal non ? C’est français.

Iceman, Maverick et une paire de Jean-Jacques se préparent donc à bord de l’USS Nicolas Cage. Et ils suent très fort, comme tout le monde durant tout le film (les gens avaient un sérieux problème de sudation durant le tournage, semble-t-il).

– Bon, Maverick, vous serez l’avion de secours, celui qu’on appelle si ça dégénère. Comme vous sortez de Top Gun vous aussi, vous devez être un as du combat aérien, si jamais on en venait à ça.
– C’est-à-dire qu’au premier jour à l’école, on nous a appris qu’il ne fallait pas nous reposer sur nos missiles.
– Et ?
– Et ensuite tout le film, on n’a fait qu’apprendre à verrouiller des missiles.
– Vous voulez dire que vous avez le même niveau en sortant de cette école qu’en y entrant ?
– Absolument.

C’est quand même bête, de faire un film entier dédié à « l’école du combat aérien pour ne pas se reposer sur les missiles » et de l’oublier. Un détail.

Ce qui est d’autant plus embêtant que la situation dégénère très vite : le Communistan a envoyé six Migs, or, les Américains n’en ayant détecté que deux (v’là l’élite de l’élite), ils ont envoyé deux appareils seulement : celui d’Iceman et celui d’un certain Jean-Jacques. Et le Communistan ne plaisantant pas, ils arrosent la truffe de Jean-Jacques, qui est abattu (ça alors !). C’est la panique : un avion à l’eau, un autre poursuivi par six Migs, vite, envoyez Maverick en renfort ! Son non-conformisme devrait mettre en déroute les dogmatiques du marxisme ! À défaut, il les poursuivra jusque dans les toilettes des filles, et ça, ça va les calmer.

Notez que cela fait toujours un total de deux avions contre six, mais hein, bon, hé.

Cela dit, j’exagère : on voit bien les officiers du porte-avions de nos héros ordonner l’envoi de plus de renforts, mais « Ah nan mais là, y a une panne, et pis y a Michel qu’est en congé, et pis… » bref, vous l’aurez compris, quelqu’un a bloqué le pont du porte-avions américains avec un bout de script histoire de laisser Maverick faire le kakou et sauver le monde quasiment seul. Maverick qui arrive rapidement sur les lieux avec un nouveau navigateur, Kikinou51 (mais si, le navigateur de Kikinou52 au début du film !) qui gueule des instructions à Maverick :

– Maverick, on a une opportunité à droite, engage le combat !

Mais quoiqu’il dise, Maverick fait exactement l’inverse (ça vous étonne ?), et commence même à s’éloigner du combat plutôt que de l’engager, encore un peu traumatisé. Lorsque soudain, il chuchote « Parle-moi, Goose… » en serrant les plaques d’identité de son vieil ami qu’il a gardées. C’est vrai ça, que lui dirait Goose ? Maverick ferme les yeux, concentré. Et imagine la réponse de son défunt ami :

– KWAKWAKWAKWAK !

Maverick hoche la tête.

– C’est vrai, il a raison… il est temps de cacarder partout !

« MAIS PUTAIN C’EST CE QUE JE TE GUEULE DEPUIS DIX MINUTES, POURQUOI T’ÉCOUTE UN CANARD MORT PLUTÔT QUE MOI ? » s’étrangle Kikinou51 assis derrière lui. C’est vrai que de tout le film, aucun de ses pilotes ne l’aura jamais écouté. Peut-être qu’en réalité, c’est lui qui est mort et que personne n’entend, et Top Gun serait en fait le préquel de Sixième Sens ? Qu’importe : Maverick retourne au combat, et commence à meuler les communistes volants un par un, ennemis qui ont le bon goût d’attaquer par groupes de un, de ne pas utiliser leurs missiles, et de tout faire pour faciliter le boulot des héros. À tel point qu’après quatre Migs détruits, les deux derniers s’en vont façon « Oui, bon écoutez, nous on était juste là pour la figuration, bisous. »

C’est pratique.

Et sinon, le navire à la dérive, là ? L’USS Janet Jackson ? Les Exocets ? Toute la crise internationale, en fait ?

Eh bien rassurez-vous : le script a pris bien soin de tout oublier. C’est aussi le cas d’Iceman, dont l’avion a été touché, n’a plus qu’un moteur et fume lourdement, mais lui aussi l’oublie entre deux plans. Ainsi, lorsque Maverick dit « Eeeh, et si au lieu de se poser au plus vite vu que ton avion tombe en miettes, on faisait des acrobaties près de la tour de contrôle du porte-avions ? », Iceman accepte, parce que hop : soudain, son moteur ne fume plus, sa vie n’est plus en jeu, et hihihi, on rigole bien !

Ce qui est bien, c’est de se rappeler qu’en 1986 déjà, les scénaristes avaient laissé tomber le respect du spectateur.

Enfin : le communisme est vaincu, les héros finissent par se poser, Iceman félicite Maverick pour être redevenu un trou du cul irresponsable… tout est bien qui finit bien !

En effet : les Jean-Jacques abattus sont repêchés par hélicos (dans les eaux du Communistan donc), Iceman et Maverick deviennent trop copains, tout le monde les acclame sur le pont, bref, c’est super. Pour montrer qu’il a affronté son traumatisme, Maverick prend les plaques d’identité de Goose et les balance à la flotte. Parce que Goose avait une femme et un fils qui auraient sûrement apprécié de les avoir, mais Maverick est comme ça : il s’en branle. C’est ça l’amitié.

Mais sinon, j’ai une petite question : quid du Communistan ? Non parce que non seulement vous avez un navire qui est rentré dans ses eaux, mais aussi plusieurs appareils, qui ont effectué des actes de guerre, ah et vous avez même un hélicoptère de secours qui a violé l’espace aérien communiste pour venir récupérer les pilotes abattus. Donc, on en parle de la troisième guerre mondiale qui approche ?

Non : hihihi, ça aussi, on a tout oublié ! Oui, c’était une crise internationale, mais en fait, bof, non.

En récompense de ses exploits qui ont sauvé le monde (mais en fait, c’était pas si grave), Maverick obtient de pouvoir choisir n’importe quel poste dans l’aéronavale. Il annonce donc :

– Je veux devenir instructeur à Top Gun.

Nul doute qu’il appréciera quand il aura des élèves comme lui qui n’auront rien à foutre de ses consignes, et lui feront de grands sourires rigolards quand il leur expliquera que merde, c’est pour leur bien. Il retourne donc dans la ville californienne de l’école, rentre dans un bar… et y tombe sur Jeannine. Qui lui dit que c’est bon, maintenant que c’est redevenu un gros connard égoïste et imbu de lui-même, elle aimerait bien qu’il revienne lui prendre la respiration. Quelle belle morale ! Quand il est fragile et traumatisé, c’est une merde, quand il fait n’imp’, c’est un homme, un vrai, avec du poil.

Patin il y a donc entre les deux, vue sur des avions qui montent très fort dans une subtile allégorie, et…

… FIN !

Ah oui. « Culte », donc, ce film.

« Au fait Goose, ta femme et ton fils, je les emmerde ! »

Et le plus fou dans tout ça ?

C’est que non seulement le film est devenu culte, mais que Maverick a été considéré comme un personnage tellement sympa… qu’on en a donc récemment eu une suite.

Franchement, je ne sais pas ce qu’on a fait pour mériter ça.

Publié le 08.02.2025 à 14:59

L’ire ensemble – Midnight Sun – Épisode 7

L’année 2024 s’écoula sans nouveau passage de Midnight Sun, dont nous avions pourtant étudié le précédent épisode ici.

Les plus pervers d’entre vous sont donc venus me trouver pour demander quand diable ils auraient la suite des aventures du vampire le plus attardé de l’histoire de l’humanité, et de sa petite amie dont le super pouvoir est de n’avoir aucune pensée. Eh bien, soit, bande de monstres, soit ! Reprenons donc là où nous en étions arrêtés.

Edward, l’homme mi-vampire mi-boule à facettes, tente de pécho Bella. Pour ce faire, il l’a invitée dans sa demeure familiale, afin de lui montrer sa collection de figurines Evangélion. Ou quelque chose dans cet esprit. En tous les cas, il veut qu’elle découvre son intimité, et nous savons tous que par « intimité », il veut dire « lui montrer Edwardito ».

Va-t-il y parvenir ?

Lisons, mes bons !

La bête revient.

Edward et Bella arrivant dans l’immense maison où lui et les siens habitent, ils croisent naturellement le géniteur de notre héros, Carlisle.

Carlisle plaça un marque- page dans l’épais volume qu’il était en train de lire et se leva pour nous accueillir.

J’aime comme dans ces fictions, pour montrer que quelqu’un est intelligent, il lit forcément de gros livres. Vous ne saurez ni ce que c’est, ni de quoi ça parle, par contre, c’est gros. Alors que si ça se trouve, Carlisle était en train de relire 1001 blagues de pets. 

Les salutations effectuées, Carlisle laisse les deux tourtereaux tranquilles, et Edward en profite pour montrer à sa belle les souvenirs qui parsèment la maison, et qui racontent un peu de l’histoire de chacun de ses membres. Comme par exemple, comment Carlisle a très mal vécu d’être transformé en vampire au XVIIème siècle. Et a donc tenté de mettre fin à sa nouvelle existence.

Sans quitter du regard le tableau, je listai les tentatives de suicide de Carlisle.— Il s’est jeté du haut de falaises. Il a tenté de se noyer dans l’océan… Mais il commençait sa nouvelle vie et il était très fort.

Alors très fort, je ne sais pas, mais très con, j’en suis assez certain.

Le type se transforme en vampire. Il se réveille pour découvrir qu’il est juste un cadavre ambulant qui n’a plus besoin de manger, boire ou même respirer. Sa première idée pour se suicider est fort logiquement :

« Et si j’essayais de me noyer ? »

La question est donc : au bout de combien de temps a-t-il réalisé qu’il était idiot ? Après 15mn sous l’eau ? 30mn ? 2 jours ? A-t-il articulé « Bloubloublou, je sbluis débibloublou! » au fond de l’eau avant de remonter, penaud, faire sécher ses os et son slip ? Le livre reste assez évasif sur le sujet. Ce qui est bien dommage, mais poursuivons. Car figurez-vous que Carlisle était Anglais (il était donc déjà en partie un monstre), et qu’une fois transformé en créature incapable de manger un fish & chips, il a décidé de rejoindre la France.

Je décrivis la nuit où il avait découvert un autre mode de survie, le compromis du sang animal, sa guérison, son retour à une normalité rationnelle. Puis comment il avait gagné le continent à la nage…
— Pardon ? me coupa- t- elle.
— Les gens traversent la Manche à la nage tout le temps, Bella.

Alors, deux choses.

D’abord, on notera que Carlisle est incapable de prendre le bateau. Ou même une barque. Non, lui, il traverse la Manche à la nage parce que… parce que. M’est avis que c’est surtout après sa tentative de suicide par noyade qu’il s’est trompé de côté en remontant.

Ensuite… hmmmm, des gens qui traversent tout le temps la Manche à la nage Edward ?

Elle a mal vieilli, cette réplique.

Mais, assez parlé de Carlisle ! Edward évoque comment lui-même a été transformé puis accueilli par Carlisle garnement qui s’était installé aux Etats-Unis (on ignore s’il a traversé l’Atlantique à la nage). Comme ce n’est pas très palpitant, il décide de sauter directement à une partie plus rigolote : comment fut un temps, Edward avait décidé de devenir un prédateur et de se nourrir de sang humain, oui… mais uniquement en boulottant des criminels. Des gens que la société ne regretterait pas (Edward est de droite, il ne faut pas le chauffer sur la réinsertion). Et il repense à une traque bien particulière. Celle d’un… pervers.

Il s’était contenté de rêver de ce à quoi il aspirait. Il s’était borné à épier la fille qui habitait l’immeuble en haut de la rue, ne l’avait pas abordée.

Edward, l’homme qui épie les filles depuis les arbres et va se toucher le trilili dans leur chambre le soir venu, se souvient fièrement de comment il a buté un type qui avait regardé une fille de travers.

Cherchez l’erreur.

Par ailleurs, sa victime potentielle n’était qu’une enfant.

Nous explique le type qui veut coucher avec une ado alors qu’il a seulement, quoi ? Un siècle de plus qu’elle ?

Non vraiment, le livre aurait pu évoquer Edward attaquant un meurtrier, un braqueur ou un psychopathe quelconque, mais non : il a décidé que l’exemple parfait, c’est un pervers épiant plus jeune que lui.

Je crois que finalement, 1001 blagues de pets est peut-être mieux écrit que cela, en effet.

Enfin : Edward emmène ensuite Bella dans sa chambre, mais pour lui montrer non pas les parties les plus étonnantes de son anatomie, mais sa collection de CDs.

— Comment les ranges- tu ? s’enquit- elle, perplexe devant ma collection de CD.

Moi aussi, quand je vais chez des gens et que je passe devant leur bibliothèque, au lieu de regarder ce qu’il y a dedans, ma première question est de savoir comment ils les rangent. On ne sait jamais, de là pourrait naître une conversation palpitante sur les systèmes de classification ! Alors Bella, je vais être direct : non. Ça ne marche pas. À part sur les bibliothécaires, ces êtres étranges chez qui vous pouvez provoquer des redirections sanguines en leur susurrant à l’oreille « Je vais te parler du système de classification décimal de Dewey ». Si vous le faites bien, vous devriez entendre en retour : « Bon sang, prends-moi comme un Marc Lévy fraîchement acheté sur liste d’attente ! ». Ne vous restera plus qu’à lâcher « Je vais te faire l’amour tellement longtemps que j’aurai des pénalités de retard », et votre nuit sera…

Ahem. Je m’égare. Revenons plutôt à nos vampires. Car Edward, voyant la belle dans sa chambre, n’a de cesse de se demander quand elle va prendre ses jambes à son cou, effrayée d’être chez un vampire.

— Tu guettes toujours le moment où je vais déguerpir en braillant comme une perdue, hein ? me lança- t- elle.

Alors oui.

Mais en même temps, vous êtes devant une putain de collection de CDs. Edward n’a aucune raison de penser cela, et toi Bella, encore moins de le deviner puisque ça n’a aucun sens. Sauf, bien sûr, si Edward sait qu’il a un truc qui pourrait vraiment effrayer la belle, comme un CD de  L’Agitateur de Jean-Pascal, coincé entre La Schtroumpf Party 2 et La Schtroumpf Party 5 (c’est vrai que son classement est à chier maintenant qu’on en parle).

Mais assez ! Assez de lectures, assez de littérature, Edward a une proposition à faire à Bella. Et si on sortait ? Car un orage va éclater au-dessus de la ville de nos héros, et couvrira les bruits des vampires s’ils veulent… jouer au base-ball avec leur super force !

— Nous, nous allons faire une partie de base- ball.
— Les vampires aiment le base- ball ? répliqua- t- elle, dubitative

Seulement les vampires américains et japonais, Bella. Les autres vampires jouent du violoncelle, de l’orgue ou peignent, mais toi, tu es tombée sur les vampires qui jouent au base-ball. C’est… comment dire ? Regarde bien ton vampire, je pense que tu trouveras une étiquette « Temu » ou « Wish » dessus.

Enfin : pour commencer, Bella doit repasser par chez elle. Et Edward repassera la chercher. Il se fait donc un plaisir de la déposer devant chez son papa qui reçoit des amis, et là…

C’est dans cet état d’esprit que je me penchai vers Bella pour l’embrasser. Rien que pour embêter le vieux bonhomme, je plaquai mes lèvres sur sa gorge au lieu de sa bouche.

« Eheh, je vais embêter le vieux là-bas en montrant que je ne sais pas où se trouve la bouche de ma nana ! »

Bella se retrouve donc 1) sans bisou 2) avec un suçon 3) avec un blaireau

C’est beaucoup.

Laissant sa belle, Edward retourne chez lui, où il décide de changer dé véhicule. Et après le base-ball, découvrons un autre indice qui prouve qu’Edward est en fait aux vampires ce que les ploucs sont à mes lecteurs.

Ne serait- ce que par sa taille, la Jeep était la plus voyante de nos voitures.

Alors, je vous passe la description, mais on insiste TRES lourdement sur le fait que la jeep est très, très grosse. C’est intéressant, ce besoin de grosses voitures chez Edward. En tout cas, c’est au volant d’un monstre mécanique sorti des pires cauchemars de Greta Thunberg que notre héros s’en va chercher sa petite zouzette. Qui est pendant ce temps occupée à expliquer à son père que oui, elle a un mec, et que oui, il va passer la chercher d’une minute à l’autre. Ce qui surprend donc Papa Swan.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de la ville, se plaignit- il.
— Edward n’habite pas en ville.

Je vous la refais.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de Paris.
— Edward habite à Neuilly.

Ah oui : rien à voir. Edward n’habite pas en ville ! Certes, bon, il y passe ses journées, y étudie, va au lycée… mais il habite à, pfiou, au moins 5mn de route ! C’est une véritable relation à distance papa, tu ne peux pas comprendre, tu ne me comprends pas, bouhouhouhsnifousnourfsnurf *bruit de porte de chambre qui claque*.

Heureusement, Edward arrive sur ces entrefaites.

Je sonnai et m’empressai de mettre ma capuche. J’étais doué pour imiter les humains

Mais qu’eeeest-ce que je viens de lire ?

– Michel ! Regarde là-bas ! Un vampire !
– Mais non, tu vois bien qu’il a une capuche !
– Aaah oui, pardon. Cherchons ailleurs !

On se croirait dans Lupin, avec Omar Sy, où tout le monde chercher Omar Sy, mais quand ils l’aperçoivent « Non, nous, on cherche un Omar Sy à casquette ! Mais là, c’est un Omar Sy à bonnet ! Rien à voir ! »

Ça a beau être Edward le vampire, c’est moi-même qui perd un peu plus de mon humanité à chaque minute qui passe. Papa Swan, qui est shérif je le rappelle, se laisse en tout cas berner par la capuche (les gens à capuche ne sont jamais suspects, dans son métier, on le sait), fait rentrer Edward, qui va chercher Bella et ressort. Par la porte, ce qui est un peu une nouveauté pour notre pervers plus habitué aux fenêtres. Bella aperçoit donc son véhicule.

— Tu as une… sacrée grosse Jeep, marmonna- t- elle, un peu craintive.

Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi on insiste énormément sur la taille de la jeep, au point qu’elle fait peur, je suis preneur. C’est quoi ? Une allégorie beauf ?

– Bella, voici ma jeep.
– Seigneur Edward elle… elle est énorme.
– Et elle est toute à toi.
– Mais Edward, elle est immense, jamais je ne pourrai grimper… enfin… c’est un monstre !
– Ouais bébé ! Et encore t’as rien vu et… euh… oh merde…
– Attends, tu viendrais pas de caler ?
– Euh… c’est la première fois que ça m’arrive.
– Hmmm… mouais… eh ben bonne soirée, Edward !

Suis-je en train de lire un livre où une grosse voiture est vraiment utilisée pour faire une figure de style popolesque ? Par ailleurs, qui croit encore que grosse voiture signifie membre puissant ? Je dirais donc simplement ceci : rappelez-vous que cet italien de Rocco Siffredi roulait en Fiat. Et je n’ai rien à ajouter.

Surmontant sa peur, Bella parvient à grimper dans l’immense, la formidable, la titanesque jeep, et voilà son bel amant qui l’emmène dans les hauteurs proches de la ville. Où il finit par se garer, expliquant à Bella qu’il va falloir finir la route à pied (ça valait le coup de prendre la jeep infernale). Mais que comme il court fort vite, il la portera. Bella s’inquiète : n’est-ce pas dangereux ? Edward dissipe ses doutes :

— Crois- tu que je laisserais un arbre t’attaquer ?

Formulé comme ça, on dirait que dans la région, les arbres crachent par terre et vendent du shit. Alors que bon, on parle juste d’un type qui dit « Nan mais je ferai attention aux branches ». Quel courage, cet Edward ! J’espère quand même qu’il va se prendre un bouleau un peu hostile sur la gueule, mais ça, c’est juste moi.

Edward la porte, l’emmène jusque là où va se tenir la partie de base-ball, et là, après l’avoir déposée…

— Ouille ! Virevoltant sur moi- même, je découvris qu’elle s’était affalée par terre, pareille à une poupée abandonnée sur le sol. Sa surprise première se transforma rapidement en indignation, comme si elle ne savait pas comment elle avait pu tomber

Rappelons que Bella est une gourdasse, et que toute une partie de l’ouvrage est consacrée à nous rappeler régulièrement qu’elle se vautre, même sur terrain plat, sans jamais la moindre explication.

Quelque part, il y a donc des gens secrètement excités par voir d’autres personnes tomber. J’imagine qu’ils se tripotent devant de vieilles VHS de Vidéo Gag, et rien que pour ça, je propose d’immédiatement oublier ce que je viens d’écrire tant c’est repoussant. Concentrons-nous plutôt sur Edward et Bella qui, après avoir échappé à une embuscade d’arbres, mais pas à la gravité, parviennent enfin à la clairière tant recherchée.

Je l’entraînai par la main. Au bout d’à peine dix mètres, nous franchîmes la lisière de la forêt et débouchâmes dans le vaste champ que ma famille surnommait « la clairière ».

– Bella, tu vois cet espace découvert entouré de forêt ?
– Oui, ça s’appelle une clairière.
– C’est pourquoi nous avons décidé de la surnommer « la clairière ».
– … ah oui, vous êtes brillants dans la famille.
– Ouiiiii… mon papa lit des groooos livres…

Je vous confirme que le dernier a un titre commençait par « 1001 ».

— OK, on batte en premier. Carlisle hocha la tête. Alice, lui et moi gagnâmes nos positions. Esmé était en train de parler à Bella de son bébé mort juste après la naissance, et l’intimité du sujet m’étonna.

Il est vrai que le premier sujet à aborder quand on rencontre quelqu’un, particulièrement à un match de base-ball, est son enfant mort.

Il y a clairement un problème avec ces gens, et, non, ce n’est pas le vampirisme. C’est même très secondaire.

Emmett visa plus juste, cette fois, et je me mis à courir avant que l’impact de la batte sur la balle ne retentisse comme un coup de tonnerre.

Soit : les vampires tapent tellement fort qu’ils ne peuvent jouer que les jours d’orage tant ils font du potin. J’entends.

Mais, puis-je me permettre une paire de remarques ?

  • Vous n’êtes pas obligés de taper comme des sourds
  • Si ça fait vraiment ce bruit, Bella est sourde et s’exprimera en hurlant désormais « KÉKETUDI EDOUARDE ? »
  • On est aux Etats-Unis : si ça fait « bang ! » tout le monde trouve ça normal, calmez-vous
  • Sinon, vous avez pensé aux échecs ?

Mais non. Rien de tout cela n’a effleuré l’esprit de nos larrons. Par contre, autre chose atteint leurs cerveaux pas très vifs :

Je devinai leur prochaine stratégie avant même qu’Emmett et Jasper échangent une nouvelle fois leurs postes. Emmett allait frapper très loin pour permettre à Rosalie d’atteindre le marbre. Alice avait également vu la chose et, apparemment, ils étaient censés gagner.

Ah.

Donc vous jouez à un jeu en sachant qu’Alice, qui peut voir le futur, connait la fin de la partie. Et que l’un des joueurs connait automatiquement la stratégie d’en face. Mais sinon, c’est pas un peu chiant ? Vous jouez au poker avec Edward et Alice aussi, ou bien avez-vous compris que c’était débile ?

Mais non. À aucun moment ils ne se sont dit « Et si on jouait sans les deux connards qui pourrissent tout ? ». Cependant, le pire est à venir. Retenez bien qu’Alice peut voir l’issue du match (mais ne fait jamais de paris sportifs pour autant, retourner au lycée 20 fois par siècle, c’est vachement plus constructif). En attendant, Bella soupire, tant les vampires l’épatent.

— Je suis un peu déçue quand même, me nargua- t- elle.
— Pourquoi ? Elle avait l’air tout sauf déçue.
— J’aimerais vraiment découvrir un domaine dans lequel vous n’excellez pas.

Je peux t’aider, Bella. Comme ça, de tête :

  • Ne pas être complètement con
  • Ne pas être de gros pervers en maraude
  • Savoir qu’on ne peut pas se noyer quand on ne respire pas
  • Avoir du bon sens de manière générale

Je m’arrête là, principalement parce que je pourrais y passer la journée.

Et surtout, arrivons à l’énoooorme rebondissement : alors que nos amis jouent comme de gros débiles en faisant un boucan de tous les diables, leur raffut attire soudain des invités indésirables. Des vampires en maraude qui passaient par là, et qui eux, n’ont rien contre boulotter de l’humain. C’est Alice qui les sent venir, puis Edward qui sent leurs lointaines pensées.

D’après Alice, ils arriveraient dans la clairière de trois endroits différents, aux aguets, afin de se regrouper pour présenter un front uni

Et rien ne va.

D’abord, il faudra m’expliquer comment trois personnes venant de trois points différents vont pouvoir « présenter un front uni ». Si elles arrivent de trois endroits, elles seront dispersées en trois points. Mais cela est visiblement trop complexe pour Edward le neuneu.

Ensuite, Alice peut donc voir la fin d’une partie de base-ball MAIS PAS QU’ILS ALLAIENT AVOIR UNE ARRIVEE DE VAMPIRES TUEURS ! Ça, elle ne le voit que 30 secondes avant que ça n’arrive façon « Oups, j’avais oublié de vous dire, hihihi ! ». Ah non mais on comprend Alice : l’important, c’est le résultat du match. les tueurs psychopathes, ça peut attendre.

Et ensuite… ensuite ?

Non, vous savez quoi ?

On attendra justement la suite. Je suis un être humain, épargnez-moi un peu, diable !

Publié le 23.01.2025 à 13:22

Elévation du niveau

Hollywood, un mardi, 14h38.

– Bon, les gars, on nous demande un nouveau scénario pour un film post-apocalyptique. Les financeurs ont insisté : ils veulent un truc « original ». Donc pas de zombies, par exemple.

Un grand « Wololo ! » digne d’une partie d’Age of Empires II accueille la demande ; bientôt, les scénaristes autour de la table soupirent tour à tour « C’est impossible », « Que veut dire ce mot, ori… truc ? » ou « Ils ne préfèrent pas qu’on reprenne une licence ? », mais rien n’y fait, l’ordre du jour reste inchangé.

– Eh bien je propose un film ou, à la place de zombies… ce sont des monstres.
– Alors oui c’est pas mal Roger, mais des films de monstres aussi on en a plein. Alors ?
– Hmmm… eh bien ce serait des monstres qui… euh… forcent les humains à se cacher la nuit.
– Déjà fait, Roger ! Je suis une légende, avec Will Smith. Quelqu’un d’autre ? Robert ?
– Moi, je propose un film où les monstres empêchent les humains… de faire du bruit ! Ils doivent vivre en silence !
– Hélas, c’est Sans un bruit, Robert. Déjà sorti. Et financé par nos producteurs actuels en plus. J’ai dit « original ».
– Non mais si vous employez des mots que personne ne connait aussi !
– On se calme Michel. D’ailleurs, as-tu une idée ?
– Raaah, mais vous me gonflez. Eh bien moi, je reviens de mes vacances au ski et, tenez, ben paf, moi ce seront des monstres qui obligent les humains à vivre en altitude !
– Ah, oui, un problème d’oxygène, par exemple ?
– Hein ? Non. Non, juste ils forcent les humains à vivre en altitude.
– Mais pourquoi ?
– Eh, oh, vous m’avez demandé une idée, si maintenant en plus je dois développer, je ne suis pas payé pour ça !
– Pardon Michel. Continue. Quelle altitude ?
– Euh… on va dire… euh… ma plaque d’immatriculation commence par 2440. Donc ce sera 2 440 mètres.
– Mais pourq… non, tu sais quoi Michel ? C’est de la merde, mais c’est ce qu’on a de mieux aujourd’hui. Alors j’envoie la proposition aux chefs, et on voit ce qu’il se passe.

Voici donc probablement la génèse d’Élévation, un film palpitant où l’humanité survit dans les montagnes après une invasion de monstres. Mais alors, est-ce que finalement, quelqu’un a décidé d’expliquer pourquoi ?

Pour le savoir : spoilons, mes bons !

L’affiche : quand vous ne voulez pas mettre de débris qui tombent, mettez de la neige.

Notre film s’ouvre sur une succession de messages radios paniqués : partout dans le monde, des failles s’ouvrent et en sortent des créatures qui font « Agrougroum ! » qui s’empressent de tuer tout le monde, ce qui n’est vraiment pas très sympa. Pire encore, même l’armée ne parvient pas à les égratigner. Cependant, pour une raison mystérieuse, ces monstres ne montent jamais plus haut qu’à 2 440 mètres d’altitude. Pourquoi ?

Apapap, posez-vous la vraie question : comment a-t-on découvert cela ? Et surtout, le jour-même de l’invasion ? Est-ce que Gégé le montagnard qui s’emmerdait ferme en plein massacre général s’est exclamé « Tiens, il y a des monstres en bas, je vais descendre avec un altimètre voir à partir de quel moment ils me boulottent. Bon, alors… aaaah, 2 439 mètres. Chérie, tu m’entends pendant que cette créature me traîne ? Note : 2 439 mètres. Pense à appeler la radio pour leur dire, p’têtre qu’on gagnera une voiture ou un CD de Laurent Voulzy. Maintenant, ouyouyouaaargh, je meurs. »

Le mystère est total.

Toujours est-il que 95% de l’humanité a disparu. Les survivants sont donc principalement les habitants du Tibet, qui n’ont rien remarqué de particulier, et les rescapés des massacres qui ont réussi à gagner les montagnes les plus proches. Et depuis, rien n’a bougé.

Alors bondissons à 2 440 mètres et trois ans plus tard, dans les verdoyants monts du Colorado.

Car c’est là que nous retrouvons un jeune garçon que nous appellerons Rectuméo. En effet, le fripon a décidé, pour occuper sa journée, de passer la limite de 2 440 mètres délimitée par un joli marquage, afin de descendre un peu plus bas, dans un coin qu’il trouve sympa. Il s’installe en effet au bord d’une falaise, sort des jumelles, et se met à observer les habitants d’un petit village perché sur le versant d’en face.  Si vous pensez que c’est pour mater le postérieur des ribaudes qui étendent le linge, détrompez-vous : Rectuméo a 8 ans. Tout au mieux, il grommèle « Oooh, celle-là a une grosse paire de baskets Pat-Patrouille, j’y mettrais bien les pieds !« , alors calmez-vous un peu.

Sauf que voilà : Rectuméo ayant eu une idée digne de son nom, sa présence sous les 2 440 mètres a excité les monstres qui ont ravagé la Terre, et en voilà un qui se pointe.

Imaginez donc une sorte de sauterelle géante, blindée, et avec des tentacules en bonus pour appâter les Japonais imprudents.

« Crotte de bique ! » s’exclame Rectuméo qui comprend bien vite que face à un monstre qui a savaté l’armée américaine, ses chances de gagner sont dignes d’un Philippe Poutou devant une présidentielle. Il prend donc ses jumelles, ses cliques, ses claques, et se met à courir comme un dératé vers la frontière des 2 440 mètres. Comme vous vous en doutez, si les monstres sont capables de courir à plusieurs dizaines de kilomètres à l’heure, dès qu’il s’agit de courser un enfant de 8 ans avec de sérieux problèmes respiratoires (car c’est le cas), ils en chient comme des ânes.

Et voilà comment Rectuméo parvient in extremis à franchir la fameuse frontière, alors que la bête n’était plus qu’à un mètre de lui. Et sitôt qu’il a franchi la ligne, la bestiole se contente de faire des bruits sourds, des cliquetis, et de se barrer un peu déçue. Car, oui, ces créatures s’arrêtent très exactement à 2 439,99m, et non, elles ne mettent pas un petit coup de tentacules par-delà la frontière pour latter leur proie. Si tu passes les 2 440m, c’est cabane, comme on dit.

Rectuméo peut donc rentrer tranquillement chez lui, dans le hameau de Lost Gulch, où se trouve son papa, Will. Ce dernier ne l’engueule qu’à peine.

– Rectuméo ! Où étais-tu passé ?
– Je matais les baskets pat-patrouilles du village d’à côté.
– Mais ? Espèce de petit pervers microcéphale ! Tu aurais pu te faire tuer !
– Oui, mais je suis si seul ici, je m’ennuyais…

Et quand on s’ennuie, c’est connu, on part se promener seul dans une zone remplie de monstres tueurs. Techniquement, c’est vrai que ça tue aussi l’ennui, notez. Enfin. L’humanité n’a peut-être pas été exterminée entièrement, mais quand on voit qu’elle a pondu des enfants comme Rectuméo, soyons clairs, elle est foutue. Autant te tirer une balle tout de suite, Will, par contre, tu serais bien urbain d’en tirer d’abord une douzaine sur ton héritier.

Cependant, Will ne l’entend pas de cette oreille.

– Rectuméo, je sais que tu es embêté car tu es le seul enfant du village. Mais n’oublie pas que ta maman est morte en allant te chercher des médicaments. Alors merci de ne pas aller clamser comme un demeuré pour rien.
– D’accord pôpa.

Et la vie peut reprendre son cours.

Oui, sachez-le, Rectuméo, l’enfant qui peut battre un monstre à la course, a donc de graves problèmes respiratoires, particulièrement lorsqu’il fait dodo. Il lui faut en conséquence roupiller relié à une machine dont les filtres doivent régulièrement être changés. Or, il se trouve qu’on arrive à la fin du stock, ce qui est embêtant, car Will avait fini par s’attacher à Rectuméo. Il va donc en causer aux deux seuls autres personnages nommés du village :

– Katie, une chasseuse
– Nina, la scientifique

Par un heureux hasard, aucune des deux n’est un tromblon, mais laissez-moi tout de même vous parler de ces dames.

Katie, d’abord, est une survivante qui accompagne régulièrement Will à la chasse. Elle est célibataire et visiblement, ça commence sérieusement à la travailler. Will porte donc entre deux et huit slips en sa présence, pour protéger ses arrières. Nina, ensuite, est une personnalité détestée du village : elle n’est pas sociable, envoie chier tout le monde, picole, et passe son temps à réveiller le bon peuple avec des coups de feu, puisqu’elle tente de créer une balle capable de pénétrer l’armure des monstres. Pour ce faire, elle s’entraîne sur une écaille de l’un deux. Sans succès et…

Oui ? Pardon ? Oui, tout à fait, elle s’entraîne sur un bout de monstre indestructible. Or, si le monstre est indestructible, d’où vient ledit bout ?

Mais, du script, bien sûr. Avez-vous d’autres questions ? Non ? Alors on continue. Car voici Will qui, déjà, va causer à Nina.

– Nina, tu sais que je ne t’aime pas. Principalement parce qu’il y a un an, tu étais de l’expédition qui a vu ma femme mourir, donc je te rends un peu responsable. Surtout que tu es la seule à en avoir réchappé.
– Super. Mais ?
– Mais comme je dois me rendre en bas, dans la ville où nous vivions avant pour aller rafler des stocks de filtres pour la machine à dodo de Rectuméo, je me disais que tu voudrais peut-être venir.
– Oooh, ben allez, j’ai que ça à foutre, en route.

Convaincre Katie est plus simple.

– Katie, j’ai prévu de descendre en ville et t’es pas invitée.
– BEN JE VIENS QUAND MÊME !

On sent bien que Katie vient surtout surveiller Nina, des fois qu’elle lui vole son promis durant l’expédition. Je vous passe les dialogues sur le thème du « Si ce n’était à cause de ces filtres, on pourrait rester ici indéfiniment. », alors qu’à chaque plan large, on ne voit pas un seul champ, que toutes les maisons sont illuminées à la bougie mais qu’on ne voit pas une abeille (ce sont sûrement des bougies en cire d’oreille), bref, nos amis pourraient rester indéfiniment en effet tant que les trous dans le script servent de corne d’abondance.

Katie, à gauche, passe le film à avoir la tête de quelqu’un qui part en promenade. Personne ne lui a dit que c’était l’apocalypse.

Mais voilà, il fallait bien un prétexte pour que nos amis partent à l’aventure : ce seront donc les filtres de Rectuméo.

Le lendemain de cette petite discussion, nos amis vont se ravitailler à l’armurerie du village, car, oui, la communauté croule aussi sous les fusils et les munitions. Mais bon, nous sommes aux Etats-Unis, alors ça reste crédible. Ce qui l’est moins, c’est de comprendre pourquoi nos héros veulent s’alourdir avec des armes alors qu’elles sont inefficaces contre leurs ennemis, comme ils ne cessent de le répéter. Probablement qu’ils sont déjà au courant de la suite du film !

Cependant, il est temps qu’ils se mettent en route, et nous retrouvons ainsi Will, Nina et Katie alors qu’ils passent la frontière des 2 440 mètres.

– Will, j’espère que tu as un plan.
– Oui, ma p’tite Katie, j’en ai un. Pour limiter au maximum les risques. Nous ne passerons que deux fois brièvement en dessous des 2 440 mètres.
– Oh ! Mais par quel miracle ?
– Comme tu le sais, j’étais mineur avant que le monde ne s’effondre. Or, il y a près d’ici une mine où j’ai travaillé. Elle traverse la montagne. Nous pourrons y passer, loin des yeux et des oreilles de ces créatures.
– Une mine ? Attends, ces créatures n’ont pas surgi des entrailles de la Terre, justement ? C’est plus un coin douillet qu’un site inatteignable pour elles.
– Oui ben ta gueule. Mon plan est donc de traverser brièvement une zone dangereuse pour gagner le sommet voisin où se trouve une station de ski, première étape de notre périple, puis de là, de nous rendre à la mine, et de traverser les montagnes ainsi.
– Mettons que ça marche. Et ensuite ?
– Ah ben ensuite, on débouche à 19 kilomètres de Boulder, la ville dont nous sommes originaires, on se rend à l’hôpital, on prend les filtres et on revient.

Je ne plaisante pas : le type a fait tout un plan pour traverser les montagnes via un système de tunnels.

Par contre ensuite, les 19 kilomètres puis le passage en ville, sous les fameux 2 440 mètres, il en parle comme d’une promenade de santé. Alors que bon, c’est peut-être plutôt cette partie-là le problème mon p’tit Will ! Tu pourrais bien t’y rendre en hélicoptère que ce serait tout aussi risqué ! Mais ses deux amies se contentent de baver et de marcher gaiement avec lui en se contentant de marmonner « Des mines ? Vraiment ? ». Heureusement, pour les aider à franchir tous les obstacles, Nina la scientifique a bricolé un outil bien pratique : une boussole dont l’aiguille pointe en direction des monstres qui approchent, car ils ont une énorme signature électromagnétique.

– Ah oui ? Et quand as-tu eu le temps d’observer ça ?
– Eeeeh bien jeeee…

Bon, on va dire qu’elle a eu le même tuyau que l’affaire des 2 440 mètres où tout le monde est au courant dès le début de l’invasion. Ou bien que lors de sa dernière expédition, elle s’est dit « Tiens, pendant que ces monstres essaient de nous tuer, si je sortais de quoi étudier leur champ électromagnétique ? ». Voilà. Faisons comme ça.

Enfin. Nos amis se mettent en route, et rapidement, tombent sur les restes d’une patrouille de l’armée américaine tombée dans les combats trois ans plus tôt. L’occasion de récupérer un lance-grenades, que Katie s’empresse de charger en expliquant qu’elle sait s’en servir, puisqu’elle « est du Texas ». Si le film commence à faire des blagues à ma place, ça va être embêtant, mais passons. Car poursuivant leur route sans incident, nos amis débouchent sur un ancien télésiège. Et cela tombe bien, car au même moment, un fourré commence à faire « Agrougroum ! ».

– C’est pas banal, constate Katie. Dans le doute, je vais mettre un coup de lance-grenades au buisson en question. Tiens, prends-ça, enfoiré de bosquet !

Ah ben, elle est du Texas, hein.

Hélas pour Katie, ledit fourré était bel et bien la cachette d’un monstre, un « ravageur » comme on les appelle, qui n’apprécie guère qu’on lui grenade la gueule. Il s’élance donc prestement vers nos héros afin de leur expliquer son désarroi avec l’aide d’un savant mélange de dents, de griffes, et de tentacules dans un ordre qui reste à définir.

– Vite ! lance Katie. Nous devons courir ! Nous ne sommes pas loin de la frontière des 2 440 mètres !
– Nous n’irons jamais assez vite ! rétorque Will. Je vais plutôt… redémarrer le télésiège !

Ah.

Nous avons donc le droit à une scène où pendant que Katie envoie de la grenade dans la margoulette du ravageur, Will va chercher des batteries (qui étaient évidemment à disposition) pour remettre en branle le télésiège, et s’y installe avec Nina, pendant que Katie court avec le monstre au cul.

– Grimpe sur le télésiège, bordel ! lui intime Will.
– Han, ouais, pas con !

Et la bougresse de grimper sur l’un des poteaux du télésiège pour essayer de… attendez ? Mais qu’est-ce qu’elle branle ?

Sachez que Katie, au lieu de sauter sur le premier siège qui passe, préfère attendre celui de nos héros, pourtant déjà occupé. Mieux : vous pensez qu’elle va se laisser tomber dedans sans risque quand il va passer au-dessous d’elle ? Nenni ! Elle préfère le laisser passer – oui, oui – puis se lance dans une espèce de saut pourri pour tenter de le rattraper, n’y parvient pas, se retrouve suspendue à tenir la main de Will… et évidemment, tout cela avec un monstre au cul. On ne sent paaaas du tout que c’était pour faire une scène à base de « Je te tiens – Ne me lâche pas ! – Attention, le monstre essaie de me croquer le cul !« . Duuu tout.

Vous me direz : « Attendez, le télésiège est en hauteur, non ? Donc il devrait atteindre l’altitude de 2 440 mètres avant même le passage de la frontière ? »

Alors, oui. Mais vous oubliez une chose : ce film est particulièrement con. Alors que tout est basé sur le concept d’élévation (y compris le titre), les scénaristes ont oublié cet élément, et on retrouve nos héros à finalement en chier jusqu’à la frontière, particulièrement lorsqu’au moment où ils vont l’atteindre, le monstre secoue les câbles, décroche leur siège, et force nos amis à devoir finir à pied. Avec, comme il se doit, la bête qui s’arrête à la frontière parce que « Ah non, jusqu’à 2 439 mètres, je tue à vue, mais ensuite, je laisse tomber et je rentre chez moi regarder le Bigdil.« . Pourquoi ? Comment ?

Nous allons voir que nos héros ne sont pas très curieux.

La fameuse frontière des 2 440 mètres, c’est en réalité le chiffre rond de 8 000 pieds. Qui nous prouve que les monstres n’ont vraiment de respect pour rien voire sont complètement attardés, puisqu’ils ne sont toujours pas passés au système métrique.

En effet, après cette course-poursuite, nos amis sont à nouveau en sécurité. Ils peuvent ainsi poursuivre en paix sur des sentiers de montagne, croiser moult animaux, et aller prendre un peu de repos dans un ancien chalet où ils peuvent même prendre un petit verre de Banga. L’occasion de discuter de sujets majeurs.

– Nous avons vu beaucoup d’animaux durant notre périple. C’était kikinou.
– C’est vrai, Will. Trois ans sans humains pour les chasser, cela aide.

Logiquement, là, une personne vaguement intelligente devrait lancer : « Attendez ? Ne faites pas comme si ça n’avait pas d’importance ! Pourquoi les monstres ne tuent-ils pas les animaux ? Ne pourrait-on pas utiliser cela à notre avantage ? Comment distinguent-ils les deux, par exemple ? »

Mais pas nos héros, qui reprennent un verre, et se mettent à discuter des deux seules choses qui intéressent les Américains, même en cas d’apocalypse : la religion et la famille.

– Moi je pense que c’est un fléau envoyé par Djizousse pour nos péchés. C’est terrible car à cause de cela, j’ai perdu ce qu’il y a de plus important dans la vie : ma famille. Ma femme est morte, mon fils pourrait la rejoindre si je ne fais rien…
– Il suffit, Will. Nous allons y arriver.
– Tu es sûre, Nina ?
– Oui. Oh, et si on a le temps, j’aimerais passer à mon laboratoire quand nous serons en ville. Je pense pouvoir créer une balle capable de détruire ces grobatars.
– Ah oui ?
– Oui. Car vois-tu, Will, ce qui rend les ravageurs indestructibles, c’est leur carapace, qui est en permanence alimentée par un puissant courant électrique. En tirant une balle enduite de cobalt, je pense qu’elle pourrait brièvement créer un différentiel d’un million de volts en entrant en contact avec ladite carapace, faisant ainsi exploser la bête.
– Euh… attends, c’est un peu majeur comme information, ça. Pourquoi tu n’en as pas parlé avant ?
– Parce que sinon, vous m’auriez aidé à trouver du cobalt, j’aurais fabriqué mes balles magiques, et paf, le film était fini avant de commencer.
– Aaah oui. Donc, plutôt que de partager une théorie permettant de sauver l’humanité avec les survivants, tu as préféré ne rien dire, partir en zone super dangereuse, et uniquement là, révéler que tu avais peut-être une solution mais que hihihi, si tu mourrais, personne n’en saurait jamais rien ?
– Voiiiiiiiiiiilà.

C’est donc elle, le génie du groupe, je le rappelle. Diego, mon p’tit, tu seras gentil de m’amener du brandy et du chloroforme. Le premier pour tenir le coup, le second pour passer plus vite ce genre de dialogues.

– Tiens au fait, comment as-tu découvert que les carapaces étaient alimentées en énergie ? Et mieux encore, leur voltage exact ?
– …
– Tu as d’autres infos que tu n’as pas partagées ?
– Ah oui : ces créatures chassent en détectant le CO2 que nous rejetons en respirant.
– Et ça, tu l’as trouvé eeeen ?
– … en lisant le script ?

Ça va mieux en le disant.

Alors vous, je ne sais pas, mais si je découvre un monstre qui tue les hommes et pas les animaux, et qui s’arrête automatiquement à 2 440 mètres, j’aurais tendance à trouver ça curieux et à faire des tests. Du genre déguiser Dédé en renard, le coller à 2 439 mètres d’altitude, et voir si les monstres lui foncent dessus. Auquel cas on le ramène et on recommence en le déguisant en vache. Ou en hamster (mais ça, c’est pour déconner ; fallait pas taper dans mon whisky, Dédé !). En tous les cas, je ferais des observations, et si j’étais un film, je montrerais un poil comment je suis parvenu à les faire, plutôt que de lancer « ALORS OUI ILS DETECTENT LE CO2. » comme ça, au débotté.

En tout cas, c’est vraiment bien d’annoncer à tout le monde que tu es une mine de savoir sur les ennemis de l’humanité une fois que tu es isolée loin de tout endroit où tu pourrais partager ces connaissances. Un esprit brillant que cette Nina.

Enfin. Le lendemain, nos héros repartent aux premières heures du jour pour l’entrée de la mine évoquée par Will. Et une fois sur place (et pas avant), posent des questions comme :

– Mais au fait, es-tu sûr que les tunnels restent au-dessus de 2 440 mètres ?
– Sont-ils bien droit ? Y a-t-il des failles qui mènent aux tunnels inférieurs ?

Et autres sujets qu’il aurait fallu aborder plus tôt, comme par exemple, avant de partir. Mais en tous les cas, cela n’a aucune importance, puisque rappelons-le : pourquoi s’inquiéter qu’un tunnel puisse brièvement passer sous la barre des 2 440 mètres quand c’est pour au final atteindre une sortie où tu devras te taper 19 km dans une zone dangereuse, avant de traverser toute une ville elle-même, le tout très, très en-dessous de l’altitude de sécurité ? C’est un peu comme t’inquiéter des nids de poule dans la route alors que ton plan est de sauter d’une falaise avec la voiture. Mais bon, vous l’aurez compris, si élévation il y a dans ce film, ce n’est pas celle du quotient intellectuel moyen.

Et voilà nos héros qui rentrent dans la mine, guidés par Will.

Sauf que oh non, c’est pas de bol ! Le tunnel qu’ils voulaient emprunter se retrouve bloqué à mi-chemin par une porte avec une chaîne et un cadenas. Will s’époumone rageusement.

– CACABOUDIN !
– Qu’est-ce que tu t’époumones rageusement, Will.
– Oui mais regarde Nina ! Il y a un cadenas ! Un putain de cadenas ! Le chemin est bloqué ! Ce qui ne nous laisse que deux options…
– On t’écoute.
– Soit couper ce cadenas avec l’un des milliers d’outils qui trainent dans la mine, sans compter les clés qui doivent être quelque part, voire simplement faire sauter la chaîne avec nos armes…
– Ou ?
– Ou prendre un tunnel inférieur, qui sera sous l’altitude de sécurité, est donc peut-être peuplé de monstres invincibles.

Je vous laisse quelques secondes pour réfléchir à ce que vous feriez à la place de nos héros. Encore un peu… voilà. Alors ? Votre choix ?

Eh bien nos héros, eux, décident que « Le plus sûr, c’est le tunnel pété de monstres. »

Oui. Aaaaah, on a affaire à du très gros niveau, là.

Voici comment nos héros se retrouvent à faire demi-tour, bifurquer pour prendre un tunnel inférieur, et s’engagent dans l’obscurité. Évidemment, ça ne manque pas, alors qu’ils avancent prudemment, ils entendent « Agrougroum ! » et comme ce n’est pas le cri des cailloux du coin (Will est formel, il connait la région, seuls les cailloux plus au sud crient ainsi), ils comprennent qu’ils ont un ravageur aux fesses. S’ensuit une course poursuite ou on ne comprend pas bien pourquoi de temps à autres, un héros s’arrête pour tirer sur la bête en sachant très bien que ça ne sert à rien, mais finalement, ils parviennent à se faufiler dans une cavité trop petite pour la bestiole. Mais qui est hélas un cul de sac !

– Zut, on est bloqués ! On va mourir comme de toutes petites merdes ! Ne nous reste qu’à prier… Saint Script, si tu m’écoutes, manifeste-toi…
– Will, regarde ! Oh ben dis donc, quelle coïncidence ! En fait, j’avais pas bien regardé : ce n’est pas un cul de sac !

Non, je n’exagère pas : après s’être retrouvés piégés à hurler « C’est une impasse ! », après avoir dû retenir leur respiration pour tenter de ne pas trop exciter un tentacule de la bête glissé dans la cavité (non, pas celle-là), voilà que pif pouf, hop, c’est bon, on n’a plus besoin que les héros soient bloqués, donc en fait, huhuhuhu, ils avaient mal regardé, il y avait bel et bien une issue.

C’est pratique, ces tunnels qui se transforment. Mais attention, car ce n’est pas fini !

Car Katie, qui se faufile dans le conduit nouvellement trouvé, débouche sur une petite grotte, qui elle-même, a un petit passage vers un tunnel où se trouve un accès à l’extérieur !

– Vite les amis !

S’exclame-t-elle en s’élançant… quelques secondes avant de dire « Zut, je crois que je vais mouru », car le dernier tunnel dans lequel elle vient de s’engager n’est pas n’importe lequel. En fait, ils ont tourné en rond et sont revenus dans celui où se trouvait le gros monstre, qui s’empresse d’attraper Katie et de la traîner vers un coin plus tranquille pour la boulotter. Will et Nina, restés dans la grotte intermédiaire, ne peuvent que regarder leur amie être emportée sans rien faire. Enfin, si, ils crient un peu son nom, mais disons qu’assez rapidement, elle n’y répond plus. Probablement que le monstre l’a rendu sourde.

– Nous voilà bloqués comme des cons ! peste Nina.
– Attends, je vais réessayer un truc… Saint Script, si tu m’écoutes encore…

Et devinez quoi ? Soudain, Nina pousse un grand cri.

– Oh ! Mais ? Will, regarde ! La grotte intermédiaire où nous sommes ? En fait, en plein milieu, il y avait une énorme échelle menant vers la surface et à une altitude de sécurité !

Oui. Vraiment. Katie est donc morte connement, puisqu’elle est passée à côté de l’échelle magique apparue entre deux scènes, pour aller se jeter dans les bras du monstre. Mais maintenant, hop, sans aucune explication, cette échelle est là et donc tout le monde peut sortir de la mine en toute tranquillité, et mieux encore, pile-poil à l’endroit prévu à l’origine par Will ! Nina est tellement heureuse qu’elle en agite frénétiquement sa boîte à « Ça alors ! », pendant que Will reprend la marche pour l’emmener à leur nouveau gîte pour la nuit, la demeure d’un garde forestier, qui dispose encore d’un véhicule en état de marche une fois la batterie changée.

Katie, réalisant qu’elle ne serait pas morte comme une merde si elle avait vu l’échelle en plein milieu de la grotte par laquelle elle est passée.

Car oui, dans ce film, un véhicule qui ne roule pas pendant trois ans a juste besoin d’une nouvelle batterie. Tout le reste marche nickel. C’est pratique.

Après une nouvelle soirée de discussions autour des thèmes « Djizousse est important, la famille aussi », à l’aube, le duo d’enfer grimpe à bord de sa nouvelle voiture.

– Prête à passer la frontière et à rouler 19km dans un bruit d’enfer à bord de ce pick-up qui dégage suffisamment de CO2 pour ameuter tous les ravageurs d’ici à l’Alaska ?
– Oh oui alors !

Et hop ! Nos amis se mettent en route.

Comme il se doit, tous les ravageurs du coin partent probablement gratter des jeux au PMU du coin, puisqu’aucun n’apparait. Ah, ça, pour repérer un humain à 2km au fond des bois, il y a du monde, par contre si lesdits humains roulent à toute berzingue en plein terrain découvert, là, les ravageurs deviennent soudainement myopes, sourds, et ont le nez bouché. Là encore, on sent l’attention portée à ne surtout pas déposer un gros étron sur la tête du spectateur.

Sachez-le, Will et Nina ont le cul tellement bordé de nouilles que Monsieur Panzani va réclamer des droits, puisque lorsqu’ils arrivent en ville, hop, c’est pareil, pas un monstre à l’horizon. Les deux aventuriers peuvent ainsi gagner l’hôpital sans aucun problème, s’y garer, et commencer à le fouiller en bonne et due forme. Hélas, c’est à ce moment-là qu’enfiiiin, un ravageur de retour du PMU plus tôt que les autres (il n’y avait plus de pastis), décide que eeeh mais dis donc, ce ne serait pas une intrusion humaine, là ? Allons voir !

À peine Will a-t-il mis la main sur les fameux filtres à oxygène qu’il est venu chercher pour son fils que la bête déboule et tente de tuer nos héros sans même un bonjour. Quelle impolitesse. C’est alors que Will a une idée : il aperçoit des bouteilles d’oxygène.

« Oh ! Oui, il va sûrement s’en servir pour disparaître aux yeux du monstre via un respirateur ou un truc du genre, puisque l’on nous a répété que les bestioles détectaient les humains à leur respiration ! » vous dites-vous.

Non, à partir de maintenant, sachez qu’on s’en fout et qu’on ne reparlera plus de cette histoire de CO2 du film. Will attend simplement que le monstre passe à côté des bouteilles d’oxygène… puis tire dedans. Causant une fabuleuse explosion qui envoie valdinguer la bête entre douze murs (Will, qui était à côté, n’a rien, c’est comme ça, ses vêtements sont en scriptonium). Le ravageur fort surpris atterrit donc inconscient sur le parking de l’hôpital, sous les yeux de Will et de Nina.

– Ah ? Mais je croyais qu’ils étaient invincibles ?
– Ça dépend des besoins du film, Nina.

En effet. D’ailleurs, que faire à présent ? Will a ses filtres, n’est-il pas temps de rentrer ? Nina a une autre idée qu’elle partage aussitôt.

– Allons à mon laboratoire, comme je le disais, je pense savoir comment tuer ces bestioles.
– Tu es sûre ?
– Oui. Même avec ces filtres, ça ne règle rien. Tu tiendras quoi ? Deux ou trois ans de plus avant de devoir retourner en chercher ? Et les monstres seront toujours là. Alors que si nous pouvons les vaincre…
– Tu as raison, allons-y.

Ma foi, ce raisonnement se tient.

En fait, il se tient tellement que j’ai une question : POURQUOI ÊTRE ALLÉS À L’HÔPITAL D’ABORD ? Car si au laboratoire se trouvait une solution permettant de sécuriser l’hôpital et bien plus encore, n’était-ce pas plus malin de commencer par là plutôt que de venir d’abord sans aucun moyen de défense à l’hosto, puis seulement se dire « Eeeh ça serait pas plus facile avec une arme ? ». Mais non, ils n’y ont pas pensé. En même temps, ils pensent peu de manière générale, j’en conviens. Diego ? Je suis à court de brandy. Merci.

Bref, retrouvons Will et Nina qui remontent prestement dans leur véhicule pour aller au laboratoire de la dame, où en effet, elle a du cobalt et plein d’autres trucs pour bricoler. Son plan est simplement d’enduire la tête d’une balle du composé qu’elle pense être le bon, puis de tirer sur une écaille de ravageur trouvée en chemin (encore une, quel coup de bol !). Sauf que tous ses tests… échouent. Et que le ravageur du parking de l’hôpital s’est réveillé et a recommencé à les traquer. Et il se rapproche pour leur expliquer que l’explosion dans la gueule, il l’a à peu près autant appréciée qu’une dissolution d’assemblée nationale. Nina entendant « Agrougroum ! » au loin, réagit aussitôt.

– Will, le monstre est encore loin : file. Ramène les filtres à Rectuméo.
– Mais…
– Il n’y a pas de mais. Prends la voiture et retourne à Lost Gulch. Moi, je reste ici à tenter de créer une balle magique. Si j’y parviens, je te rejoindrai en prenant ma propre voiture. Elle est sur le parking, exactement là où je l’ai laissée il y a trois ans.
– Euh… pas sûr qu’elle démarre !
– Mais siiii, c’est magique. Un peu comme, je ne sais pas si tu as remarqué, mais toute la ville qui est miraculeusement vide de tout cadavre. Les monstres ont tué tout le monde, ne mangent pas leurs proies à part pour rigoler, mais il n’y a même pas un squelette qui traîne ou des bouts de vêtements, des taches de vieux sang, que sais-je.
– Tu as raison : comptons sur les incohérences !
– C’est plus sûr que de compter sur notre intelligence, Will.

Et Will de fuir en voiture pendant que Nina continue ses tests. Mais malgré tout, à chaque fois qu’elle tire sur son écaille de monstre, sa balle ricoche.

Le film : « Les monstres perçoivent le CO2 et le bruit. Faites bien attention. » Will : « Ooooh, un pick-up ! »

C’est alors que Nina a l’éclair de génie que tout spectateur a envie de lui hurler depuis maintenant une heure. Souvenez-vous : l’idée de Nina est que comme les monstres génèrent du courant pour alimenter leurs écailles, si elle parvient à provoquer une réaction avec ledit courant, les monstres exploseront. Or, depuis le début du film, elle fait tous ses tests sur des écailles… SANS AUCUN PUTAIN DE COURANT QUI Y PASSE. C’est peu ou prou l’équivalent de « Mon dieu, cela fait une heure que je tente de faire fonctionner cet ordinateur, rien à faire ! », avant de se rappeler que ce serait bien de le brancher d’abord, huhuhu.

Nina marmonne donc un « Oups, hihihuhuhu, quelle cruchasse je suis ! », et ça tombe bien car le ravageur qui les avait poursuivis depuis l’hôpital arrive à ce moment-là pour expliquer à Nina tout son courroux.

– Coucou ! lui rétorque Nina en levant son arme chargée d’une de ses nouvelles balles expérimentales.

Est-ce que ça marche ? Est-ce que ça ne marche pas ?

Le film, taquin, décide que c’est le moment d’aller voir comment se porte Will, qui roule à fond les ballons vers les hauteurs du Colorado où se trouve le hameau de Lost Gulch. Will n’en mène pas large, surtout lorsqu’un de ses pneus éclate et qu’il est propulsé hors de la chaussée. Ce qui est embêtant quand on est en territoire hostile. Après un bref moment d’inconscience, notre héros parvient à s’extraire de l’épave, puis court (sans problème, hein, faudrait pas avoir une jambe cassée) vers la frontière des 2 440 mètres qui ne se trouve plus très loin. Les ravageurs, qui se sont enfin réveillés, sont nombreux à converger dans sa direction, mais alors que notre héros va passer la frontière…

Un monstre surgit devant lui pour lui expliquer qu’il va jouer les douaniers, et qu’il va falloir tousser fort, monsieur Will.

C’est à cet instant qu’un coup de feu retentit et que le monstre explose dans un énorme nuage de fumée gris. Ses petits copains, qui se rapprochaient eux aussi, subissent le même sort. Et une fois morts, voilà qu’arrive… Nina, le canon de son fusil encore fumant.

– Alors Will ? On a des soucis ?
– Nina ? Comment es-tu arrivée jusqu’ici ?
– J’ai pris ma voiture. Qui m’a lâché il y a un kilomètre environ.
– Ah ? Tu veux dire que tu as couru jusqu’ici ?
– Euh… oui ? Probablement pendant que tu étais inconscient.
– Mais tu aurais dû croiser d’autres ravageurs, surtout vu comment je les ai excités ! Et donc, j’aurais dû entendre tes coups de feu ?
– Oui mais ça aurait ruiné l’effet de surprise. Raison pour laquelle je me suis mystérieusement retrouvée sans voiture bruyante ni monstre sur lequel tirer, avant de me téléporter pile au bon endroit au bon moment.
– C’est pratique !
– N’est-ce pas ?

Reste que maintenant qu’ils ont tué ces monstres, nos amis peuvent en étudier les restes. Et à leur grande surprise… ils découvrent que les ravageurs sont remplis d’une technologie inconnue et très avancée !

– Ce sont des robots !
– Ce qui explique pourquoi ils ne tuaient que les humains, pas les animaux, sans jamais dormir ni manger… ils étaient programmés pour nous exterminer, nous, et rien d’autre !
– Mais par qui ?
– MAIS PAR LES EXTRATERRESTRES BIEN SÛR !

C’est lâché si tranquillement que c’en est déconcertant. Et instantanément accepté.

– D’accord, mais la limite des 2 440 mètres ?
– Ils étaient programmés pour la respecter aussi.
– Mais pourquoi ?!
– Ils voulaient… nous laisser mourir dans les hauteurs.

C’est la vraie théorie du héros. Les extraterrestres se sont dit « Alors on pourrait tuer tous les humains tout de suite, mais y a Michel du service cybertentacules qui m’a parié 10 balles que je serais pas cap’ de laisser quelques survivants pour les regarder crever lentement à 2 440 mètres d’altitude, altitude où ils peuvent vivre sans problème d’ailleurs, mais putain, 10 balles !« . Donc, non, on n’aura jamais la réponse, puisque vous savez comme moi que celle-ci est en fait « Il fallait des survivants, sinon pas de film. »

Nina et Will rentrent en héros à Lost Gulch, Rectuméo peut enfin dormir sans ronfler, et surtout, la radio du village est utilisée pour annoncer à tous les voisins la grande nouvelle : on sait comment vaincre les monstres ! Il suffit de couvrir ses balles de cobalt, et pan, ça les fait exploser. On a alors un plan sur les villageois des montagnes du coin qui partent tous en expédition, et se mettent à coller une monstrueuse branlée à tous les ravageurs qu’ils croisent, les faisant exploser.

Ce qui confirme donc que :

A) Les villages avaient tous du cobalt, y compris celui de Nina, qui n’avait donc pas besoin d’aller à son labo
B) Si Nina avait évoqué sa théorie à la première minute du film, à la deuxième, ils gagnaient

Voilà. Vous venez de passer 1h30 à regarder des gens faire un truc qui ne servait absolument à rien depuis le début. Vous êtes contents, hein ? Eh bien pas moi, aussi est-il temps que j’aille décrocher ma cravache et visiter mes stagiaires. Quelqu’un doit payer.

En attendant, la caméra recule, nous apercevons la carte des Etats-Unis avec les territoires contrôlés par les humains qui s’étendent (mais pas plus loin que les Etats-Unis, faut pas déconner) et…

FIN !

Ah, si, il y a une petite séquence plus loin dans le générique où l’on voit Will et Nina qui observent le ciel, inquiets. Car trois énormes comètes sont apparues à l’horizon, et ce sont probablement les vaisseaux de ceux qui ont envoyé les ravageurs sur Terre. On peut donc espérer « Elévation II », où j’imagine que les extraterrestres tueront tout le monde, sauf les gens qui portent du vert ou autre connerie et…

Fin pour de bon.

Je ne saurais conclure cet article sans une image de Rectuméo l’enfant asthmatique en train de battre un monstre alien à la course.

Afin de faire gagner un temps certain à nos amis scénaristes, voici quelques propositions de films de monstres que je laisse à leur disposition :

  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne sortent pas quand il pleut (insérez ici vos blagues sur la Bretagne, les enfants)
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne sortent que quand quelqu’un dit des gros mots (marcher sur un Lego de bon matin est mortel)
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils n’attaquent pas les propriétaires de Super Cinq de 1995, en faisant l’objet le plus cher au monde
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils n’attaquent pas les punks à chien, la civilisation n’existe donc désormais plus que devant des Franprix déserts
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils doivent respecter le code de la route, et les héros triomphent en les bloquant sur un rond point

N’hésitez pas à piocher dedans : ça restera toujours moins coin que de dire « La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne peuvent pas monter au dessus de 2 440 mètres d’altitude, et vous ne saurez jamais pourquoi« .

Ah mais.

Publié le 09.01.2025 à 09:52

Juan, le roi de l’enfume

Quand on pense « espion », on pense à James Bond, ses costumes impeccables, son martini et ses gadgets. Alors qu’en réalité, l’un des plus grands espions de tous les temps était à la base un éleveur de poulets qui n’y connaissait rien, annonça qu’il allait espionner en Angleterre alors qu’il ne parlait pas anglais, et dont tous les gadgets étaient disponibles dans n’importe quelle librairie. Voici donc l’histoire de Juan Pujol Garcia, le roi de l’enfume, plus connu sous le pseudonyme de « Garbo », et qui changea le cours de la guerre avec une machine à écrire et un sens de la déconne bien à lui.

Bon visionnage.

 

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