02.07.2025 à 06:00
Nadine Méouchy
Depuis le 8 décembre 2024 et la chute du régime de Bachar Al-Assad, la question de l'unité nationale a suscité de nombreux débats en Syrie et à l'étranger. Soit pour dénoncer une menace provoquée par les tentations autonomistes des minorités, soit pour mettre en garde contre le péril qui pèse sur celles-ci. Les massacres perpétrés dans la région alaouite puis dans la montagne des Druzes et l'attentat du 22 juin contre une église de Damas ont avivé les polémiques. Pour comprendre ce qui se (…)
- Magazine / Syrie, Islam, Islam politique, Droits des minorités, Minorités, Histoire, Confessionnalisme , Transition politique, Druzes , Tribune, sunnismeDepuis le 8 décembre 2024 et la chute du régime de Bachar Al-Assad, la question de l'unité nationale a suscité de nombreux débats en Syrie et à l'étranger. Soit pour dénoncer une menace provoquée par les tentations autonomistes des minorités, soit pour mettre en garde contre le péril qui pèse sur celles-ci. Les massacres perpétrés dans la région alaouite puis dans la montagne des Druzes et l'attentat du 22 juin contre une église de Damas ont avivé les polémiques.
Pour comprendre ce qui se joue en Syrie autour de la question des minorités, il faut remonter au moins au XIXe siècle. Jusque-là, dans les empires musulmans, les « protégés » chrétiens et juifs bénéficiaient d'un statut de reconnaissance qui était inexistant pour les communautés dites dissidentes de l'islam, c'est-à-dire globalement issues de la vague de sécessions chiites qui débuta au VIIe siècle. Elles étaient alors uniquement définies par leur statut. Les musulmans sunnites pour leur part, appartenant à la majorité dans l'empire, ressentaient une proximité avec le pouvoir central. Le concept d'égalité n'existait pas encore.
Au XIXe siècle, la situation change lorsque l'empire ottoman décrète deux trains de réformes « modernistes » (1839, 1856) et proclame l'égalité de tous les sujets du Sultan-Calife. Dans le même temps, sous l'influence de l'Europe, la promotion de l'idée nationale et la valorisation de la modernité militaire, administrative et politique ouvrent à des minorités confessionnelles et ethniques (Kurdes, Arméniens) la possibilité de se constituer en communautés nationales pour revendiquer leur État. Ce long XIXe siècle s'achève à la fin de la Grande guerre avec la chute de l'empire ottoman en 1922.
Après l'entrée des troupes françaises à Damas en juillet 1920, la tutelle coloniale de Paris délimite des frontières : informé des revendications autonomistes ou nationales des minorités religieuses, Paris s'emploie à fragmenter la Syrie selon des lignes communautaires : création du Grand Liban, création de l'État alaouite et du Gouvernement des Druzes, et attribution d'un statut particulier au sandjak d'Alexandrette1.
L'échec des révoltes anti-françaises (1919-1927) conduit les nationalistes arabes syriens à brandir sur la scène politique la revendication de l'unité et de l'indépendance. C'est en 1936 que le principe de l'unité du territoire syrien est obtenu. Dans les deux communautés, druze et alaouite, quand la France annonce le retour de ces deux entités à « l'unité syrienne », des chefs religieux et civils traditionnels se prononcent pour le maintien de leur statut séparé. Des notables alaouites demandent même leur rattachement à la France ou au Liban. Chez les Alaouites, comme dans d'autres communautés minoritaires, les partisans du rattachement à Damas viennent en majorité des nouvelles générations éduquées, principalement issues des professions libérales. Derrière les inévitables compétitions pour les postes dans l'État s'affirme une vision du monde différente, d'autres horizons intellectuels et politiques promus par ces jeunes générations nationalistes.
En 1946, le dernier soldat français quitte le territoire syrien. Dans la vie politique après l'indépendance et dans le sillage des courants panarabiste et panislamiste en plein essor, les « unités » concurrentes — unité arabe, unité grand-syrienne, unité nationale syrienne — finissent progressivement par s'entrecroiser voire se superposer pour définir une Syrie arabe syrienne, toujours dans les frontières de 1946.
L'arrivée de Gamal Abdel Nasser, le héros de la guerre de Suez (1956) et le héraut du nationalisme arabe, propulse la Syrie dans les bras de l'Égypte au temps de la République arabe unie (1958-1961). Quel autre pays que la Syrie aurait ainsi renoncé à sa souveraineté au nom d'une aspiration unitaire arabe devenue alors une donnée de sa culture politique ?
Le régime des Assad (1971-2024) qui prend le contrôle du pays porte, au nom de la nation arabe, les coups les plus graves à l'unité de la société, en jouant sur les différences confessionnelles. Pourtant, lorsque se lève la révolte (thawra) en mars 2011, les manifestants pacifiques en appellent à l'unité de la société et du pays comme pour conjurer le sort funeste que le régime lui destine.
Alors que s'est-il passé pour que quatorze années plus tard, Druzes, Alaouites, mais aussi Kurdes et chrétiens se drapent dans une méfiance vis-à-vis des libérateurs du pays qui cherchent à réunir ce que la dictature a fragmenté ? Pour le comprendre, il faut saisir la profondeur historique de ce « passé qui ne passe pas » chez les minoritaires. La communauté druze dont le ralliement constitue un enjeu majeur en constitue un bon exemple.
La farouche volonté des Druzes de vivre de manière autonome se construit dans la montagne libanaise et le Wadi Al-Taym (sud de la Bekaa) où la communauté se réfugie au XIe siècle pour fuir les persécutions. Société fermée dont les propres dynasties gouvernèrent l'émirat du Mont-Liban sous les Ottomans (XVIe-XVIIe siècles), les Druzes se sont forgé une histoire prestigieuse et une réputation de paysans-guerriers jamais démentie. Leur rapport au pouvoir central d'Istanbul ou de Damas fut toujours celui d'une rivalité qu'il s'agisse de la gouvernance de leur montagne ou de l'intégration de leurs combattants dans l'armée officielle. Dans le cadre de luttes internes entre clans druzes du Mont-Liban, la bataille de Aïn Dara (1711) signa la défaite des clans dits « yéménites » qui s'exilèrent dans le Jabal Hauran (devenu ensuite Jabal Druze). Les Druzes du Jabal Hauran, hors, donc, de l'émirat autonome du Mont-Liban, se trouvèrent de fait placés pour la première fois sous l'autorité directe du gouverneur (wali) de Damas, ordonnateur du prélèvement fiscal et de la conscription pour le compte d'Istanbul.
C'est ici que l'histoire des Druzes de Syrie prend une voie différente de celle de leurs coreligionnaires du Mont-Liban. Alors qu'au XIXe siècle dans le Mont-Liban, les Druzes se heurtèrent aux Maronites, une autre minorité, dans des conflits confessionnels, les Druzes de Syrie se confrontèrent directement au pouvoir central ottoman, en la personne de son représentant, le gouverneur de Damas. À la fin du XIXe siècle, le refus de fournir des hommes pour des combats qui ne sont pas les leurs constitue une des raisons des répressions qui s'abattirent sur eux.
Les prises de parole récentes de Hamoud Al-Hennawi, l'un des cheikhs Al-Aql de la communauté2, s'inscrivent, souvent avec une symbolique semblable, dans la mémoire de la Grande révolte syrienne (1925-1927) contre l'occupant français, comme un gage de fidélité aux combats communs d'hier et aux combats de 2024 aux côtés des sunnites pour la libération du pays. Mais cette voix ne fait pas l'unanimité. Comme la plupart des communautés dites minoritaires, les Druzes — ou à tout le moins une partie d'entre eux — eurent et ont la tentation de la protection étrangère, qu'elle soit britannique puis française et actuellement israélienne.
Dans la Syrie à majorité sunnite, les Druzes du Jabal entretiennent une relation de méfiance avec la capitale Damas, d'autant plus que la province druze a mis à profit l'affaiblissement du pouvoir des Assad pour gagner en autonomie. Un autre cheikh al-Aql, Hikmat Al-Hajari, considère le repli identitaire comme une nécessité existentielle pour la communauté : « Pour nous maintenant, il s'agit d'être ou de ne pas être » (nahnu al-ân fî marhaleh an nakûn aw lâ nakûn, avril 2025).
C'est pourquoi, depuis le 8 décembre 2024, date à laquelle le pouvoir central est passé aux mains de sunnites islamistes, la tentation de la séparation est grande chez une partie des Druzes. Il est vrai que, depuis 1936, maladresses, incompréhension et mauvaise gestion de la part de Damas envers les minorités ont marqué leur histoire.
La création de l'État moderne en 1920, au Liban comme en Syrie, devait garantir l'égalité des hommes et des communautés. Le modèle de l'État-nation, importé par le mandat français, ne pouvait pas permettre de transformer, par un coup de baguette magique, une société de communautés en société de citoyens. La mission était donc contradictoire et les minorités crurent d'autant moins en cet État que la tutelle coloniale — comme aujourd'hui celle des Occidentaux — reprenait le discours sur leur nécessaire « protection ». Tout au long de la période contemporaine, les communautés minoritaires syriennes s'adaptèrent à l'État moderne, mais sans jamais abandonner cette mémoire de l'époque ottomane construite sur le thème de la victimisation.
Certaines minorités pensent encore que leur sécurité se trouve en dehors de l'État central ou bien passe par leur contrôle de l'État et de la force armée. Les exemples récents, alaouite en Syrie et chiite au Liban, en sont une démonstration.
Le régime des Assad (1971-2024) entreprit de distiller dans l'esprit des communautés minoritaires la peur d'un islam menaçant, désincarné et atemporel. En raison de l'appartenance des Assad à la communauté alaouite, celle-ci est sans conteste la plus touchée par l'entreprise systématique de déshumanisation des sunnites. Les Alaouites forment une communauté longtemps défavorisée et marginalisée, caractérisée par une forte concentration dans la montagne qui a fini par porter leur nom. Bien que de composition et d'histoire très différentes, Druzes et Alaouites sont attachés à leur aristocratie religieuse et sociale dont l'influence dépend aussi du niveau d'autonomie de la communauté — une autonomie que le mandat français avait offerte aux minorités en échange de leur adhésion à son action.
La communauté alaouite est pointée du doigt depuis 1970 par la société sunnite pour sa proximité avec la dictature des Assad et les nombreux bénéfices en découlant ; elle a été particulièrement stigmatisée pendant la révolte (thawra) et la guerre civile (2011-2024). Dans un contexte de déferlante meurtrière du régime contre la population sunnite, la majorité de celle-ci opère un repli identitaire. Ce mouvement progresse depuis le début des années 1980, favorisé par le recul du nationalisme arabe et, entre autres, par les massacres commis par le régime des Assad dans la ville sunnite de Hama (1982).
A l'automne 2013, le passage de la majorité des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) sous les étendards de l'islam radical et du djihadisme se fait sans douleur et sans renoncer à l'idée fondatrice de l'unité. Mais cette fois-ci, une unité dont les sunnites syriens se veulent les promoteurs et les garants face aux minorités dont ils contestent le statut de victimes et reprochent le silence devant les crimes du régime. Ce sont, pensent-ils tout haut, les sunnites qui ont été les victimes du pouvoir de Damas. Il est donc normal que la libération se fasse à leurs conditions comme en témoignent les premiers mois de la gouvernance d'Ahmed Al-Charaa.
Désormais, pour les sunnites, le terme « chaab » (peuple), renvoie à eux-mêmes : « Il fallait libérer notre peuple des prisons » affirme Jamil al-Saleh, un officier commandant la division 74 de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) dans la marche sur Damas, à Syria TV, le 27 avril 2025. « La libération des gens de la ville est la libération des nôtres », poursuit-il en évoquant les villes de Hama et Homs. Pourtant, ce fonctionnement identitaire de type minoritaire, loin de se construire sur le rejet de l'Autre, repose sur la volonté de conquérir l'État et de contrôler l'armée pour assurer leur sécurité. En témoigne la campagne qui a permis à HTC et à des factions islamistes-djihadistes de s'emparer du pouvoir et qui évita de porter le feu contre des civils chrétiens, et même contre des soldats de l'armée du régime en déroute.
S'il est vrai que dans un contexte régional et interne déstabilisant, la tentation de se réfugier dans le cadre communautaire est grande, l'urgence de construire l'avenir d'une Syrie pacifiée pour tous l'est bien plus encore. On voit poindre, dans la présidence de Charaa, un quasi-retour à l'État réformateur ottoman des Tanzimat3 dans l'armée, les institutions, l'éducation, le développement économique et les relations avec les chefs religieux communautaires. Mais ce pouvoir est monochrome et identitaire, et il se méfie de certaines libertés individuelles. Son principal atout : il a le soutien d'une population sunnite ultra paupérisée, habitée par le deuil des siens et le souvenir des humiliations. C'est une population à laquelle la libération a rendu, croit-elle, son rêve historique d'unité et son État et qui se regroupe autour d'Ahmad Al-Charaa.
Alors que le nationalisme arabe, négateur de toutes les réalités communautaires et tribales, est moribond, que l'actuel régime syrien semble s'inscrire dans le sillage des débats réformistes musulmans sur la compatibilité de l'islam avec la modernité, que ce même régime anciennement djihadiste proclame son acceptation des frontières de la Syrie indépendante et sa volonté de paix, le temps est venu pour les minorités d'être à la hauteur du tournant historique que vit la Syrie.
Face au profond traumatisme collectif sunnite et aux blessures de leur mémoire du présent, il revient désormais aux communautés minoritaires syriennes d'inverser leur approche et de sortir de l'éternelle revanche historique contre un empire musulman disparu. Elles doivent regarder le présent en face et considérer enfin l'État de droit moderne, à reconstruire, pour ce qu'il se veut être en Syrie : un garant de l'égalité de tous. Il leur revient de tirer les leçons de l'histoire du XXe siècle : depuis 1918, les minorités ne sont pas des victimes, mais bien des acteurs de leur histoire contemporaine.
Dans l'Orient menacé de tant de déstabilisations violentes, l'intérêt des minorités n'est pas dans la « revanche », mais rejoint celui des sunnites : il est de défendre l'unité nationale et d'établir une relation de confiance avec les actuels gouvernants sunnites. C'est la condition pour qu'elles puissent se positionner avec force sur la scène politique et joindre leurs voix à celles des sunnites désireux d'inventer une nouvelle manière de faire nation, en conformité avec les slogans de la thawra de 2011.
1Un sandjak est une ancienne division administrative de l'empire ottoman. Le sandjak d'Alexandrette a été cédé par la France à la Turquie en 1938 et est devenu le Hatay.
2Dans la communauté druze, seuls les hommes initiés à la doctrine ont accès aux textes sacrés, sont garants de l'identité religieuse du groupe et sont considérés comme des Sages. Aucune famille ne devant prétendre au monopole de la direction spirituelle de la communauté, le cheikh Al-Aql est une autorité religieuse lorsqu'il est reconnu par tout ou partie des initiés et des non-initiés ; des concurrences familiales et/ou politiques peuvent donc conduire deux ou trois cheikhs Al-Aql à coexister.
3« Réorganisation » en turc ottoman. Le terme désigne un ensemble de réformes modernisatrices entamées en 1839 par l'empire ottoman.
01.07.2025 à 06:00
Umer Karim
Malgré d'indéniables succès stratégiques, l'Arabie saoudite est désormais confrontée à une remise en cause de sa doctrine sécuritaire en raison de l'émergence d'Israël comme seule puissance dominante de la région. Depuis la guerre de juin 1967, le Proche-Orient est marqué par la supériorité militaire du seul acteur régional non arabe, Israël. Cette supériorité, combinée à ses ambitions coloniales et territoriales, a assigné à Tel-Aviv un rôle d'acteur de premier plan, mais sans modifier à (…)
- Magazine / Iran, Israël, Ligue arabe, Pays du Golfe, Arabie saoudite, États-Unis, Gaza 2023-2025, Organisation de la coopération islamique (OCI)Malgré d'indéniables succès stratégiques, l'Arabie saoudite est désormais confrontée à une remise en cause de sa doctrine sécuritaire en raison de l'émergence d'Israël comme seule puissance dominante de la région.
Depuis la guerre de juin 1967, le Proche-Orient est marqué par la supériorité militaire du seul acteur régional non arabe, Israël. Cette supériorité, combinée à ses ambitions coloniales et territoriales, a assigné à Tel-Aviv un rôle d'acteur de premier plan, mais sans modifier à lui seul l'équilibre des forces, y compris après les accords de paix avec l'Égypte (1979) et la Jordanie (1994).
Dans la péninsule arabique, Israël est resté politiquement insignifiant. Même les accords d'Abraham (2020) qui ont mené à la normalisation d'Israël avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et, à un moindre niveau, le Soudan, n'ont pas permis de l'intégrer dans les dynamiques régionales avec un véritable impact stratégique. Les tentatives de la plupart des États du Golfe de se rapprocher de l'Iran, et la réconciliation entre celui-ci et l'Arabie saoudite le prouvent.
Mais les attaques lancées par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël ont entériné un changement de la position israélienne dans le paysage politique régional. Cela est dû à la capacité d'Israël à projeter sa toute-puissance militaire et à imposer son autonomie stratégique, non seulement au Levant mais aussi des deux côtés, arabe et iranien, des voies maritimes du Golfe. La dernière attaque d'Israël contre l'Iran, qui a débuté le 13 juin 2025, est l'aboutissement de sa supériorité stratégique dans la région, entérinée par les États-Unis. Cette évolution a des conséquences évidentes pour l'équilibre régional, en particulier pour l'Arabie saoudite, qui veut conquérir une position de leader régional.
L'Arabie saoudite a conquis un rôle régional prépondérant depuis la fin de l'Égypte nassérienne en 1970. Malgré l'apparition de « challengers » arabes occasionnels, comme la Libye de Mouammar Kadhafi ou l'Irak de Saddam Hussein, la place dominante du royaume saoudien dans le monde arabe sunnite, grâce à sa puissance financière fondée sur le pétrole et à son soft power religieux, n'a jamais été vraiment contestée. Il a toutefois été confronté à un test après les révolutions arabes de 2011, quand l'Iran a réussi à étendre son influence sur quatre capitales régionales — Beyrouth, Damas, Sanaa et Bagdad — tandis que le Qatar et la Turquie défiaient également, mais en vain, son influence régionale. Surtout, la faiblesse militaire de l'Arabie saoudite est apparue au grand jour avec son intervention militaire au Yémen (2015) et son incapacité à déloger les Houthistes de la capitale yéménite, Sanaa.
Avec la chute du régime de Bachar Al-Assad le 8 décembre 2024 et la prise de pouvoir des rebelles sunnites en Syrie, Riyad a acquis à Damas un nouvel allié, renforçant son influence, cette fois aux dépens de l'Iran. Toutefois, comme en 1967 quand elle a profité du coup porté par Israël à l'Égypte et à la Syrie, sa nouvelle position est le résultat indirect des opérations militaires israéliennes. Mais aujourd'hui Israël ne se contente plus d'influer épisodiquement sur l'architecture sécuritaire de la région. Il veut dicter ses conditions en tant qu'unique hégémon1 régional grâce à sa force militaire et technologique incontestée. L'attaque contre l'Iran est un exemple éclatant de cette stratégie. Or son hégémonie ne peut que menacer la gouvernance économique des États du Golfe ainsi que les tentatives d'intégration régionale de l'Iran2.
Ces dernières années, l'Arabie saoudite a tenté un début d'engagement avec Israël tout en dénonçant fermement ses actions dans la région, critiques qui se sont accentuées depuis le 7 octobre 2023. Elle préside le groupe de contact arabe sur Gaza mandaté lors d'une session extraordinaire par la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) pour dialoguer avec les parties prenantes internationales afin de mettre fin à la guerre3. De même, Riyad a dirigé les efforts arabes pour proposer en mars 2025 une contre-initiative de reconstruction du territoire palestinien — financée par les États du Golfe — comme solution de rechange au plan du président américain Donald Trump de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Proche-Orient », un projet qui signifierait le nettoyage ethnique de ses habitants.
La plus grande victoire politique de Riyad vis-à-vis d'Israël est sans doute advenue le 13 mai 2025, lorsque le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) a réussi à convaincre Donald Trump de lever les sanctions imposées à la Syrie. Ainsi, en utilisant judicieusement son levier économique et celui de ses investissements, l'Arabie saoudite a, pour la première fois, réussi à peser sur une administration américaine afin qu'elle change un pilier de sa politique régionale dans un sens contraire aux intérêts d'Israël. C'est précisément ce qui manque à Israël dans ses relations avec les États-Unis : elles restent en grande partie une voie à sens unique même si la dynamique perdure.
L'Arabie saoudite a bien compris que la stabilité et la paix dans la région étaient primordiales pour atteindre les objectifs de son plan Vision 2030, attirer des investissements à grande échelle et faire du royaume un hub pour des projets de connexion inter et intra-régionaux comme le Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC)4. Ce qui a contraint l'Arabie saoudite à adopter l'approche « zéro problème »5 avec tous les acteurs de la région, d'où son rapprochement avec le Qatar, la Turquie, l'Iran, et la trêve avec les rebelles houthistes au Yémen.
L'attaque israélienne contre la République islamique a déclenché une cascade d'événements ayant abouti au bombardement par les États-Unis, dans la nuit du 21 au 22 juin, des installations nucléaires iraniennes, suivi de tirs symboliques de missiles, en riposte, contre une base américaine au Qatar. Pour l'instant, cette confrontation n'a pas dégénéré en une guerre régionale qui aurait pu entraîner le ciblage des infrastructures pétrolières à la fois en Iran et dans le Golfe, ainsi qu'une éventuelle tentative iranienne de bloquer le trafic maritime dans le détroit d'Ormuz, un passage stratégique. Cela dit, elle a conduit à la violation par Téhéran de la souveraineté aérienne d'un État du Golfe, le Qatar. Un tel épisode a le potentiel de saboter les efforts de l'Arabie saoudite pour parvenir à un rapprochement avec l'Iran.
Il est également certain que le bénéfice politique que l'Arabie saoudite a obtenu avec la chute de Bachar Al-Assad et l'affaiblissement de l'Iran, et qu'elle tente d'exploiter pour engranger des dividendes politiques et économiques grâce à la paix et à la stabilité régionales, est mis à l'épreuve. Avec le risque d'une reprise des hostilités entre l'Iran et Israël toujours à l'horizon, l'ambitieuse stratégie saoudienne de transformer le royaume en un hub de connexion et d'investissements pourrait devenir difficile à atteindre. En outre, le relatif affaiblissement du régime iranien encouragera davantage Israël à imposer sa vision de l'ordre régional dans tout le Proche-Orient. On a pu en avoir un exemple lorsque le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a exigé des États arabes du Golfe et des Européens qu'ils partagent les coûts de la guerre contre l'Iran, des propos vivement condamnés par les Émirats arabes unis.
En outre, en cas de futures tensions avec Israël, l'armée de l'air saoudienne, même si elle est bien mieux équipée et plus professionnelle que son homologue iranienne, reste dépendante des États-Unis. Et puisque Washington continue de soutenir l'ascension d'Israël comme l'hégémon de la région, l'Arabie saoudite devra diversifier ses relations en matière de sécurité. Si l'on tire les leçons des exemples de l'Iran et de l'Ukraine, on constate que leur faille principale a été l'absence de dissuasion crédible de leur part.
Tandis que l'Arabie saoudite est confrontée à cette nouvelle réalité régionale, elle devra aussi réviser son approche sécuritaire. Il lui faut chercher de nouveaux partenaires pour sa sécurité qui ne l'assisteront pas seulement dans le secteur de la défense mais qui pourront aussi l'aider à atteindre un niveau de dissuasion minimum crédible.
Cependant, ces choix vont forcément compliquer les relations entre Riyad et Washington. Ils plongent les dirigeants saoudiens dans un dilemme stratégique sans précédent : si la menace systémique contre le royaume s'est réduite, le nouvel hégémon régional, Israël, ne saurait être considéré comme un véritable partenaire.
Traduction de l'anglais par Philippe Agret
1Se dit d'une puissance qui domine sans partage.
2« An unrestrained Israel is reshaping the Middle East », The Economist, 26 mars 2025.
3Il est composé de la Jordanie, de l'Égypte, du Qatar, de l'Arabie saoudite, du Nigeria, de l'Indonésie, de la Palestine, de la Turquie ainsi que des secrétaires généraux des deux organisations.
4India-Middle East-Europe Economic Corridor est un projet de couloir logistique décidé lors du sommet du G20 de 2023 à New Delhi, destiné à relier l'Inde, le Proche-Orient et l'Europe par le chemin de fer, des lignes maritimes, des oléoducs et des câbles à haut débit.
5Andrew Hammond, « Why Saudi Arabia's future now depends on 'zero problems with neighbours' », Middle East Eye, 20 septembre 2024.
30.06.2025 à 06:00
Driss Rejichi
Dans le cadre de la Marche mondiale vers Gaza censée briser le siège imposé par Israël via l'Égypte, la caravane Soumoud est partie le 9 juin de Tunis, avec plusieurs centaines de militants maghrébins dans ses rangs. Mais le voyage a tourné court en Libye. Après la récupération politique du clan de Abdel Hamid Dbeibah, est venu le temps du blocage imposé par les forces du maréchal Khalifa Haftar, allié du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. Les images sont impressionnantes : le 9 (…)
- Magazine / Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Égypte, Libye, Gaza 2023-2025Dans le cadre de la Marche mondiale vers Gaza censée briser le siège imposé par Israël via l'Égypte, la caravane Soumoud est partie le 9 juin de Tunis, avec plusieurs centaines de militants maghrébins dans ses rangs. Mais le voyage a tourné court en Libye. Après la récupération politique du clan de Abdel Hamid Dbeibah, est venu le temps du blocage imposé par les forces du maréchal Khalifa Haftar, allié du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi.
Les images sont impressionnantes : le 9 juin aux aurores, sur l'avenue Habib Bourguiba au cœur de Tunis, des milliers de personnes agitent des drapeaux palestiniens autour de dizaines d'autobus et de voitures. La foule est venue célébrer le départ de la caravane Soumoud1 un convoi humanitaire à destination du poste-frontière de Rafah. « Nous allons nous dresser contre l'entité sioniste et faire entrer l'aide dans Gaza », explique sur Mosaïque FM un porte-parole de la Coordination pour l'action commune pour la Palestine, une organisation créée fin 2024 et à l'origine du projet.
Comme pour la Flottille de la liberté, la caravane Soumoud avait l'ambition d'attirer l'attention sur le blocus humanitaire imposé par Israël aux Gazaouis. Traversant la Libye, le convoi devait rejoindre les participants à la Marche mondiale vers Gaza censés arriver simultanément au Caire par avion, avant de se diriger vers le poste-frontière de Rafah qui sépare l'Égypte de la bande de Gaza. Un objectif ambitieux au regard des divisions politiques qui traversent le Maghreb et de la politique du Caire. Sur les 1 700 participants au départ de Tunis le 9 juin, il y avait environ 200 Algériens, en plus de quelques ressortissants marocains et mauritaniens, rejoints par la suite par quelques Libyens.
« J'étais persuadée qu'on nous arrêterait avant de rejoindre Rafah », explique Souad (le prénom a été modifié), une Tunisienne ayant participé au convoi, même si elle se souvient que « d'autres participants étaient sûrs qu'on atteindrait la frontière, et espéraient même entrer à Gaza ». La jeune femme anticipait une réaction hostile du régime égyptien du président Abdel Fattah Al-Sissi, connu pour sa proximité avec Israël — même si des tensions émergent depuis le début de l'année. En réalité, la caravane Soumoud ne quittera même pas le territoire libyen : après une traversée mouvementée de la Tripolitaine, elle est bloquée à Syrte par l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle l'Est et le Sud du pays.
Les premières images de l'entrée en Libye sont pourtant encourageantes. Après avoir traversé la Tunisie du nord au sud en étant rejoint par d'autres militants à chaque étape, le convoi passe le poste-frontière de Ras Jedir le 10 juin. Complètement acquise à la cause palestinienne à l'Ouest comme à l'Est, la population libyenne lui réserve un accueil chaleureux. Les scènes de liesse s'enchaînent dans les différentes villes de la Tripolitaine. « Les gens sur la route nous donnaient des packs de jus de fruits et des bouteilles d'eau, ils nous jetaient des pétales ou aspergeaient les voitures d'eau de rose », se souvient Souad.
Le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah publie également un post Facebook le 11 juin où il explique être « fier de son peuple » et de « cette initiative humanitaire fraternelle ». Un acte loin d'être dénué d'arrière-pensées, alors que les manifestations s'enchaînent depuis un mois pour réclamer sa démission. Des combats ont même repris quelques jours avant l'entrée de la caravane à Tripoli et Sabratha, les 6 et 8 juin, entre des groupes armés opposés au premier ministre et des milices affiliées au gouvernement. S'il est célébré, le convoi Soumoud traverse donc un territoire sous tension, et avec une lourde escorte.
Souad se souvient « avoir vu une panoplie d'uniformes et d'unités impressionnantes », notamment des véhicules de la Force antiterroriste (Counter Terrorism Force, CTF), une milice de Misrata. Puissants soutiens du clan Dbeibah, les groupes armés de cette ville côtière située à 180 km à l'est de Tripoli sont vivement critiqués par les opposants au Gouvernement d'union nationale (GUN). « Il y a eu une tentative d'instrumentalisation politique », déplore un représentant de l'assemblée communale de Souq Al-Jomaa. Ce quartier populaire de Tripoli, épicentre de la contestation contre le premier ministre, a été contourné par l'itinéraire de Soumoud. Pourtant, la population de cette zone « soutient avec force ce convoi » selon le représentant communal qui regrette de ne pas avoir pu se rendre lui-même à la rencontre des militants.
Lors de son arrivée à Misrata le 12 juin, la caravane est également accueillie par des banderoles où l'on peut lire « La ville de la résistance accueille la caravane de la résistance ». Quatre chamelons sont sacrifiés pour un grand banquet auquel sont conviés tous les militants du convoi. « C'était exceptionnel. C'est la ville où l'on a été accueilli de la manière la plus organisée et la plus institutionnelle », se souvient Souad. Après ce dernier point d'étape en Tripolitaine, direction Syrte le soir même.
La ville marque l'entrée en Cyrénaïque, région contrôlée par l'ANL. Mais le convoi n'a même pas le temps de l'atteindre : il est bloqué par un barrage de soldats, une vingtaine de kilomètres avant. Il fait nuit, un bouchon énorme se forme, les véhicules de la caravane se mettent sur le bas-côté. Les soldats annoncent vouloir simplement vérifier les papiers des militants. La veille, le ministère des affaires étrangères basé à Benghazi a publié un long communiqué expliquant « prendre note » de la position du gouvernement égyptien qui, de son côté, a invoqué « la nécessité d'obtenir des autorisations préalables pour des visites » dans « la zone frontalière avec Gaza ». Allié au clan Haftar depuis 2014 et la guerre contre les groupes islamistes en Libye, Abdel Fattah Al-Sissi continue d'apporter un important soutien politique et militaire à Benghazi, notamment en entraînant des unités de l'ANL, tandis que les entreprises égyptiennes se jettent depuis 2023 sur les marchés de reconstruction de la Cyrénaïque.
Dans les faits, des hommes de l'ANL en armes encerclent le convoi. La tension commence à monter. Finalement, les militants n'ont d'autre choix que de planter leurs tentes là, en plein désert. La caravane va passer deux nuits dans ce campement improvisé, sans possibilité d'être ravitaillée par l'extérieur ou de continuer sa progression. « Les conditions étaient horribles, sans toilettes ni douches », décrit Souad, « le réseau internet et de téléphonie était coupé à 50 kilomètres à la ronde ». Le 13 juin, une dizaine de membres du convoi sont même interpellés et détenus par des soldats de l'ANL, tandis que son porte-parole Wael Naouar assure avoir été frappé.
Le blocage du convoi coïncide avec les premières arrivées de militants à l'aéroport du Caire, où la police égyptienne arrête et expulse de nombreux voyageurs, notamment tunisiens et algériens, venus participer à la Marche vers Gaza. Pour justifier cette répression, l'Égypte invoque dans un communiqué « l'importance de respecter les lois et les réglementations régissant l'entrée sur son territoire », un argument également utilisé par les autorités de Benghazi pour bloquer le convoi. « Nous avons négocié plus de cinq heures avec les organisateurs », explique une source diplomatique de l'Est libyen, tout en assurant que « les voyageurs du convoi ne disposaient pas d'autorisations sécuritaires », un document que le gouvernement de Benghazi exige en temps normal pour tout visiteur étranger, même exempté de visas.
Fait rare, un rassemblement est organisé à Benghazi le 15 juin pour dénoncer les crimes israéliens et soutenir la population de Gaza, mais confirmant le refus de voir la caravane Soumoud entrer dans cette région du pays. « Les gens ici n'y sont pas favorables, car la caravane n'a pas respecté les procédures de sécurité », explique un journaliste de Benghazi. Une source diplomatique précise que cette réaction se comprend aussi par « l'attachement profond du peuple de l'Est à la paix et à la stabilité en Libye », la région étant encore marquée par les stigmates des dernières guerres civiles. Sur les réseaux sociaux libyens, plusieurs publications et commentaires accusent même le convoi Soumoud d'avoir cherché à « détériorer les relations entre Libyens ».
Une fois lancées, ces accusations permettent de légitimer le blocage du convoi à Syrte, malgré l'alignement de l'opinion sur la cause palestinienne. « Des gens ont commencé à dire que la frontière israélienne commence à Syrte », rapporte Souad. Selon elle, la publication de fausses informations a participé à la montée des tensions. Après trois jours de bras de fer, la caravane fait demi-tour à contrecœur le 14 juin au soir, tout en exigeant la libération complète des détenus avant de rentrer en Tunisie. Ils le seront trois jours plus tard.
En Algérie comme en Tunisie, deux régimes officiellement soutiens de la Palestine, aucune déclaration officielle sur les cas de citoyens arrêtés, que ce soit au Caire ou à Syrte. Le président tunisien, Kaïs Saïed, affiche pourtant régulièrement un soutien ferme à la cause palestinienne. Quelques jours après le 7 octobre 2023, le chef d'État avait d'ailleurs assuré que « le soutien aux Palestiniens ne devrait pas se limiter aux déclarations »2. Des manifestations pour exiger la libération des détenus et le passage du convoi ont lieu pourtant le samedi 14 juin dans différentes villes tunisiennes. Dans la capitale, des centaines de personnes interpellent le chef de l'État sur son manque de soutien à la caravane. Rien de tel en Algérie, où les appels à la mobilisation populaire sont d'habitude fermement réprimés.
La diplomatie tunisienne n'est d'ailleurs pas plus engagée sur le dossier de la Marche vers Gaza au Caire, où des citoyens tunisiens ont également été arrêtés. Depuis son premier déplacement en Égypte en avril 2021, Kaïs Saïed affiche une proximité constante avec Al-Sissi, et le président tunisien n'a jamais critiqué la position égyptienne sur le conflit.
Sur les réseaux sociaux égyptiens, l'on crie au « complot » contre le pays et accuse de « traîtrise » ceux qui soutiennent la caravane Soumoud. Même son de cloche du côté des défenseurs du régime marocain : à Rabat, qui entretient depuis 2021 des relations officielles avec Israël, le président de la très officielle Ligue marocaine pour la défense des droits de l'homme (LMDH), Adel Tchikitou, a déploré « la présence d'infiltrés téléguidés par des régimes comme celui de l'Algérie, qui manipule la cause palestinienne », après que la photo d'un véhicule de Soumoud arborant une carte du Maroc sans le Sahara a été diffusée en ligne. La LMDH, réputée pour sa proximité avec le régime, ne doit pas être confondue avec l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), qui avait au contraire publiquement critiqué « la répression des autorités égyptiennes » contre les initiatives populaires pour Gaza.
L'absence de soutien officiel aux initiatives populaires pour Gaza témoigne de la dérive des régimes d'Afrique du Nord vers l'autoritarisme. Au Maroc comme en Égypte, les appels à manifester contre la politique de normalisation des gouvernements sont surveillés avec attention. En Algérie et à Benghazi, la société civile dispose depuis des années d'un espace d'expression extrêmement réduit, sur tous les sujets. Même en Tunisie, où d'importantes manifestations rassemblant les différents courants politiques ont été organisées dès octobre 2023, les activistes propalestiniens sont désormais soumis à une répression croissante. Wael Naouar avait d'ailleurs déjà fait l'objet d'une perquisition violente fin 20243. S'il affirme aujourd'hui vouloir relancer l'initiative Soumoud à l'avenir, ses chances de succès semblent toujours aussi minces sans un réel réveil démocratique dans la région4.
1NDLR. Le terme soumoud n'a pas d'équivalent exact en français. Il renvoie au fait de tenir bon dans la résistance.
2« Kaïs Saïd : “Notre soutien aux Palestiniens ne devrait pas se limiter aux déclarations” », L'Économiste Maghrébin, 9 octobre 2023.
3Nesrine Zribi , « “Ce sera votre dernière manifestation” : la répression des activistes pro-Palestine en Tunisie », Inkyfatada, 29 novembre 2024.
4« Wael Nawar : Il y aura un Soumoud 2, 3… jusqu'à la levée du blocus », La Presse de Tunisie, 19 juin 2025.