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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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10.05.2024 à 17:48

Allemagne : Un médecin britanno-palestinien interdit de séjour dans l’espace Schengen

Human Rights Watch

Click to expand Image Le docteur Ghassan Abu Sittah, un chirurgien esthétique palestino-britannique spécialisé dans la médecine de guerre, lors d'un entretien avec l'agence Associated Press à l'Institut d'études palestiniennes à Beyrouth, au Liban, le 9 décembre 2023. 

(Londres, le 10 mai 2024) – Le gouvernement allemand devrait indiquer publiquement s’il a imposé une interdiction de séjour dans toute la zone de l’Union européenne couverte par les accords de Schengen à un éminent chirurgien et universitaire britanno-palestinien, le docteur Ghassan Abu Sittah, et, si c’est le cas, expliquer pourquoi, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces dernières semaines, le Dr Abu Sittah s’est vu refuser l’entrée en Allemagne et en France et, le 9 mai 2024, des responsables néerlandais ont informé le Représentant permanent de la Palestine aux Pays-Bas que le Dr Abu Sittah ne serait pas autorisé à entrer dans le pays le 15 mai pour participer à un événement prévu à la Mission palestinienne à La Haye.  

Le 4 mai 2024, le Dr Abu Sittah s’est vu refuser l’entrée en France, où il devait participer à un colloque au Sénat au sujet des événements de Gaza. Il a indiqué sur les réseaux sociaux, ainsi qu’à Human Rights Watch, que les autorités françaises à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle l’avaient informé qu’il ne pouvait pénétrer dans l’espace Schengen à cause d’une interdiction de séjour d’un an imposée par l’Allemagne. Son avocat à déclaré à Human Rights Watch que les autorités allemandes ne l’avaient pas informé de cette interdiction, et n’avaient pas non plus divulgué pour quelles raisons elles avaient pris cette décision. Un responsable français a déclaré à l’agence Associated Press que l’interdiction d’entrée imposée par l’Allemagne s’applique sur tout l’espace Schengen, une zone de 29 pays dont les frontières internes ont été pratiquement supprimées. 

« Le Dr Ghassan Abu Sittah a vu lui-même les atrocités qui se produisent à Gaza », a déclaré Yasmine Ahmed, directrice pour le Royaume-Uni à Human Rights Watch. « L’Allemagne devrait immédiatement expliquer pourquoi elle lui a refusé l’entrée et a ainsi imposé à un éminent professionnel de la santé une interdiction de séjour d’une grande portée qui l’empêche de s’exprimer à Berlin, à Paris et à La Haye sur ce dont il a été témoin à Gaza. »  

Les tentatives de l’empêcher d’évoquer publiquement son expérience lorsqu’il soignait des blessés à Gaza risquent de saper les engagements pris par l’Allemagne de protéger et faciliter les libertés d’expression et de réunion et le droit à la non-discrimination, a déclaré Human Rights Watch. 

Le 24 avril, Human Rights Watch a écrit au gouvernement allemand, lui demandant d’expliquer comment ses actes peuvent être conformes aux obligations internationales et nationales de l’Allemagne de protéger et faciliter ces libertés et ce droit. Human Rights Watch n’a pas reçu de réponse.

Le Représentant permanent de la Palestine aux Pays-Bas a invité le Dr Abu Sittah à prendre la parole lors d’un événement prévu pour le 15 mai à La Haye à l’occasion du 76ème anniversaire de la Journée de la Nakba, qui commémore le déplacement de plus de 700 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés de leurs maisons et la destruction de plus de 400 villages lors des événements ayant suivi la création de l’État d’Israël en 1948. Le directeur général de l’Organisation intergouvernementale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye, a également invité le Dr Abu Sittah en mai afin qu’il fasse un exposé sur l’utilisation d’armes au phosphore blanc par les forces israéliennes à Gaza. Le Dr Abu Sittah a affirmé avoir été témoin de l’utilisation de munitions au phosphore blanc, qui causent des blessures particulièrement graves, alors qu’il travaillait à Gaza. 

Le Dr Abu Sittah a affirmé que les responsables néerlandais avaient informé le Représentant de la Palestine aux Pays-Bas qu’il ne serait pas autorisé à entrer aux Pays-Bas pour l’événement relatif à la Journée de la Nakba,  mais qu’ils pourraient lui permettre d’entrer pour rencontrer le directeur général de l’OIAC, à condition qu’il se contente de participer à cette réunion et qu’il reparte immédiatement après. Le 9 mai, la Mission palestinienne aux Pays-Bas a annoncé avoir annulé l’événement, en raison de l’interdiction d’entrée dans l’espace Schengen imposée au Dr Abu Sittah. Dans cette annonce, elle précisait que le chirurgien devait aussi rencontrer des organisations internationales, des acteurs de la société civile, des parlementaires néerlandais et des universitaires. 

Le Dr Abu Sittah avait prévu de prendre la parole à Paris devant le Sénat français, à l’invitation des membres du parti écologiste des Verts, lors d’un colloque sur la responsabilité de la France dans l’application du droit international en Palestine. Il a finalement pu s’adresser aux participants grâce à un lien en visioconférence. 

L’Allemagne a empêché le Dr Abu Sittah d’entrer sur son territoire le 12 avril pour prononcer un discours à Berlin lors d’une conférence sur la Palestine. Le Dr Abu Sittah a indiqué que des responsables allemands l’ont averti que s’il tentait de participer à cette conférence à distance ou s’il envoyait aux participants un message vidéo, cela constituerait une infraction criminelle pour laquelle il pourrait être frappé d’une amende ou emprisonné pour une période pouvant aller jusqu’à un an. Il a affirmé à Human Rights Watch que les autorités de l’aéroport lui ont dit qu’elles lui refusaient l’entrée pour des raisons liées « à la sécurité des participants à la conférence et à l’ordre public ». Le Dr Abu Sittah a déclaré son intention de contester en Allemagne l’interdiction d’entrée dans la zone Schengen.

Les libertés d’expression et de réunion pacifique ne peuvent être restreintes que dans des circonstances limitées et la jouissance de ces droits ne peut être l’objet d’aucune discrimination, par exemple sur la base de l’appartenance ethnique, de la religion ou des opinions politiques. Toute restriction imposée doit l’être sans remise en cause du droit lui-même. 

Les autorités du Royaume-Uni et de l’Écosse devraient insister auprès du gouvernement allemand pour qu’il explique la légalité d’une mesure d’interdiction d’entrée sur son territoire à l’encontre du chirurgien britannique et de l’imposition d’une interdiction de visa pour tout l’espace Schengen, a déclaré Human Rights Watch. Le gouvernement allemand devrait aussi clarifier immédiatement les raisons pour lesquelles il a imposé une telle interdiction, ainsi que la procédure suivie.

Le Dr Abu Sittah a soigné des blessés dans les hôpitaux al-Shifa et al-Ahli à Gaza en octobre et novembre 2023. Il a fourni des preuves de ce qu’il a vu à Gaza à l’unité des crimes de guerre de la Police métropolitaine de Londres. La police britannique a déclaré qu’elle transmettrait, le cas échéant, toute information pertinente à la Cour pénale internationale (CPI).

Le Procureur de la CPI a confirmé en novembre 2023 que son bureau avait ouvert, en mars 2021, une enquête sur des présumés crimes graves commis dans la bande de Gaza et en Cisjordanie depuis 2014, et que ce bureau avait compétence pour examiner les crimes commis en violation du droit international par toutes les parties lors des hostilités actuelles entre Israël et les groupes armés palestiniens.  

L’interdiction de voyager dans l’espace Schengen apparemment imposée au Dr Abu Sittah est susceptible d’entraver sa capacité de fournir des informations sur des crimes commis à Gaza à d’autres autorités et organes judiciaires à travers l’Europe, a déclaré Human Rights Watch. 

En réaction aux attaques perpétrées sous la conduite du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui ont consisté notamment en des meurtres délibérés de civils et des prises de civils en otages, actes qui constituent des crimes de guerre, les forces israéliennes ont effectué à plusieurs reprises des attaques apparemment illégales, y compris contre des établissements et des personnels médicaux et des hôpitaux à Gaza. Les forces israéliennes continuent de faire obstacle à l’apport de services de base et d’aide humanitaire à Gaza, actes qui constituent des crimes de guerre, notamment l’utilisation de la famine imposée à des civils comme arme de guerre.

« Dans le contexte des atrocités qui se poursuivent à Gaza, les pays du monde devraient en priorité mettre fin à toute éventuelle complicité de leur part et promouvoir l’obligation de rendre des comptes », a affirmé Yasmine Ahmed. « Au lieu de cela, l’Allemagne, en empêchant le Dr Abu Sittah de partager ses expériences, tente d’empêcher des citoyens d’entendre parler des graves abus qui se produisent à Gaza. Le gouvernement du Royaume-Uni devrait immédiatement évoquer cette interdiction présumée avec son homologue allemand. »

 

 

09.05.2024 à 06:00

Soudan : Nettoyage ethnique au Darfour occidental

Human Rights Watch

Click to expand Image Décombres de l'école Imam al-Kazem, à El Genaina (Darfour occidental), au Soudan, qui a été incendiée en avril 2023. Cette école servait de site de rassemblement pour des personnes déplacées par le conflit.  © 2023 Roots for Human Rights and Monitoring Violations Les attaques menées par les Forces de soutien rapide et des milices alliées à El Geneina, capitale de l’État du Darfour occidental au Soudan, ont fait au moins plusieurs milliers de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes.Les Nations Unies et l’Union africaine devraient imposer d’urgence un embargo sur les ventes d’armes au Soudan, sanctionner les responsables de crimes graves et déployer une mission pour protéger les civils.Les graves violations commises qui ont ciblé les Massalits et d’autres communautés non arabes dans le but manifeste, au minimum, de les expulser définitivement de la région constituent un nettoyage ethnique.

(Nairobi) – Les attaques menées par les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF) et des milices alliées à El Geneina, capitale de l’État du Darfour occidental au Soudan, entre avril et novembre 2023, ont fait au moins plusieurs milliers de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre généralisés ont été commis dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique contre l’ethnie Massalit et d’autres populations non arabes à El Geneina et dans ses environs.

9 mai 2024 “The Massalit Will Not Come Home”

Le rapport de 218 pages, intitulé « “The Massalit Will Not Come Home”: Ethnic Cleansing and Crimes Against Humanity in El Geneina, West Darfur, Sudan » (« “Les Massalits ne rentreront pas chez eux” : Nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité à El Geneina, dans le Darfour occidental, au Soudan » - résumé et recommandations en français),  documente comment les Forces de soutien rapide, une force militaire indépendante en conflit armé avec l’armée soudanaise et leurs alliés – des milices principalement arabes et le groupe armé Troisième Front-Tamazouj – ont ciblé les quartiers majoritairement massalits d’El Geneina lors de vagues d’attaques incessantes entre avril et juin 2023. Les abus se sont de nouveau intensifiés au début du mois de novembre. Les assaillants ont commis d’autres abus graves tels que des actes de torture, des viols et des pillages. Plus d’un demi-million de réfugiés du Darfour occidental ont fui vers le Tchad depuis avril 2023. À la fin du mois d’octobre 2023, 75 % de ces réfugiés étaient originaires d’El Geneina.

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« Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU et les gouvernements se réveillent devant la catastrophe qui se profile à El Fasher, les atrocités à grande échelle perpétrées à El Geneina devraient être considérées comme un rappel des atrocités qui pourraient survenir en l’absence d’action concertée », a indiqué Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch. « Les gouvernements, l’Union africaine et les Nations Unies devraient agir maintenant pour protéger les civils. »

Le ciblage des Massalits et d’autres communautés non arabes en commettant des violations graves à leur encontre dans le but manifeste, au minimum, de les expulser définitivement de la région constitue un nettoyage ethnique. Le contexte particulier dans lequel les massacres généralisés ont eu lieu soulève également la question d’une possible intention des RSF et de leurs alliés de détruire en totalité ou en partie les Massalits, au moins dans le Darfour occidental, ce qui indiquerait qu’un génocide y a été et/ou y est commis.

Entre juin 2023 et avril 2024, Human Rights Watch s’est entretenu avec plus de 220 personnes au Tchad, en Ouganda, au Kenya et au Soudan du Sud, ainsi que d’autres entretiens à distance. Les chercheurs ont également examiné et analysé plus de 120 photos et vidéos des événements, des images satellites ainsi que des documents transmis par des organisations humanitaires pour corroborer les récits d’abus graves.

Les violences à El Geneina ont commencé neuf jours après le début des combats à Khartoum, la capitale du Soudan, entre les Forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces, SAF), l’armée soudanaise, et les RSF. Dans la matinée du 24 avril, les RSF ont affronté un convoi militaire soudanais qui traversait El Geneina. Puis les RSF et des groupes alliés ont attaqué des quartiers à majorité massalit, se battant contre des groupes armés principalement massalit qui défendaient leurs communautés. Au cours des semaines suivantes, et même après que les groupes armés massalits ont perdu le contrôle de leurs quartiers, les RSF et les milices alliées ont systématiquement pris pour cible des civils non armés.

Les violences ont atteint leur apogée avec un massacre à grande échelle qui s’est déroulé le 15 juin, lorsque les RSF et leurs alliés ont ouvert le feu sur un convoi, long de plusieurs kilomètres, de civils qui tentaient désespérément de fuir, escortés par des combattants massalits. Les RSF et les milices ont poursuivi, rassemblé et abattu des hommes, des femmes et des enfants qui couraient dans les rues ou tentaient de traverser à la nage le flot rapide de la rivière Kajja. Beaucoup se sont noyés. Les personnes âgées et les blessés n’ont pas été épargnés.

Un garçon de 17 ans a décrit le meurtre de 12 enfants et 5 adultes de plusieurs familles : « Deux membres des RSF… ont arraché les enfants à leurs parents et, comme les parents se sont mis à crier, deux autres membres des RSF ont tiré sur les parents et les ont tués. Puis ils ont empilé les enfants et leur ont tiré dessus. Ils ont jeté leurs corps dans la rivière et leurs affaires après eux. »

Ce jour-là et les jours suivants, les attaques se sont poursuivies contre des dizaines de milliers de civils qui tentaient d’entrer au Tchad, laissant la campagne jonchée de cadavres. Les vidéos publiées à l’époque montrent des foules de civils courant pour sauver leur vie sur la route reliant El Geneina au Tchad.

Human Rights Watch a également documenté le meurtre d’habitants arabes et le pillage de quartiers arabes par les forces massalit, ainsi que l’utilisation par les Forces armées soudanaises d’armes explosives dans des zones peuplées, causant des préjudices inutiles aux civils et aux biens civils.

Les RSF et des milices alliées ont de nouveau intensifié leurs attaques en novembre, visant les Massalits qui avaient trouvé refuge à Ardamata, une banlieue d’El Geneina, rassemblant des hommes et des garçons massalits et, d’après l’ONU, tuant au moins 1 000 personnes.

Au cours de ces exactions, des femmes et des filles ont été violées et ont subi d’autres formes de violences sexuelles, et des détenus ont été torturés et soumis à d’autres mauvais traitements. Les assaillants ont méthodiquement détruit des infrastructures civiles essentielles, ciblant des quartiers et des sites, y compris des écoles, dans des communautés déplacées principalement massalits. Ils se sont livrés à des pillages à grande échelle, et ont brûlé, bombardé et rasé des quartiers, après les avoir vidés de leurs habitants.

Ces actes ont été commis dans le cadre d’attaques généralisées et systématiques visant les Massalits et d’autres populations civiles non arabes des quartiers à majorité massalit et, en tant que tels, constituent également les crimes contre l’humanité de meurtres, de tortures, de persécutions et de transferts forcés de la population civile, a déclaré Human Rights Watch.

La possibilité qu’un génocide ait été et/ou soit en train d’être commis au Darfour exige une action urgente de la part de tous les gouvernements et institutions internationales pour protéger les civils. Ceux-ci devraient mener des enquêtes pour déterminer si les faits démontrent une intention spécifique de la part des dirigeants des RSF et de leurs alliés de détruire en totalité ou en partie les Massalits et d’autres communautés ethniques non arabes au Darfour occidental, c’est-à-dire une intention de commettre un génocide. Si tel est le cas, des mesures devraient être prises pour stopper sa perpétration et s’assurer que les responsables de sa planification et de son exécution sont traduits en justice.

La communauté internationale devrait soutenir les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI), tandis que les États parties à la Cour devraient veiller à ce qu’elle dispose des ressources financières nécessaires dans son budget ordinaire pour s’acquitter de son mandat au Darfour et dans toutes ses affaires.

Human Rights Watch a identifié le commandant des RSF, Mohammed « Hemedti » Hamdan Dagalo, son frère Abdel Raheem Hamdan Dagalo, et le commandant des RSF au Darfour occidental, Joma’a Barakallah, comme ayant la responsabilité du commandement des forces qui ont perpétré ces crimes. Human Rights Watch a également désigné des alliés des RSF, dont un commandant du groupe armé Tamazouj et deux chefs tribaux arabes, comme portant la responsabilité des combattants qui ont commis des crimes graves.

Les Nations Unies, en coordination avec l’Union africaine, devraient déployer de toute urgence une nouvelle mission pour protéger les civils en danger au Soudan. Le Conseil de sécurité devrait imposer des sanctions ciblées aux personnes responsables de crimes graves au Darfour occidental, ainsi qu’aux individus et aux entreprises qui ont enfreint et enfreignent actuellement l’embargo. Le Conseil devrait élargir l’embargo actuel sur les transferts d’armes au Darfour, pour couvrir l’ensemble du Soudan.

« L’inaction mondiale face à des atrocités d’une telle ampleur est inexcusable », a conclu Tirana Hassan. « Les autres gouvernements devraient veiller à ce que les responsables soient amenés à rendre des comptes, notamment par des sanctions ciblées et en renforçant la coopération avec la CPI. »

……..

Médias

Le Monde    Courrier international   France24

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TV  France24  France24/itw J.-B. Gallopin

08.05.2024 à 21:34

Cisjordanie : Les forces israéliennes ont illégalement tué des Palestiniens

Human Rights Watch

Click to expand Image Israeli forces enter the Balata refugee camp in the occupied West Bank city of Nablus during a large-scale search-and-arrest operation on November 23, 2023.  © 2023 Sipa via AP Images Les forces de sécurité israéliennes ont utilisé illégalement la force meurtrière contre des Palestiniens en Cisjordanie, notamment en exécutant délibérément des Palestiniens qui ne représentaient aucune menace apparente pour la sécurité, selon l’analyse de plusieurs incidents survenus depuis 2022.Les Nations Unies ont rapporté que le nombre de Palestiniens tués a atteint un niveau sans précédent récent, dans un environnement dans lequel les responsables n'ont pas à craindre que le gouvernement israélien leur demande des comptes.Les autres gouvernements devraient soutenir l'enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes graves commis en Palestine, et imposer des sanctions ciblées contre les individus responsables de graves abus.

(Jérusalem, 8 mai 2023) – Les forces de sécurité israéliennes ont recouru illégalement à la force meurtrière en tuant par balles des Palestiniens en Cisjordanie, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, suite à des recherches menées sur plusieurs incidents.  Lors de quatre incidents survenus entre juillet 2022 et octobre 2023, les forces israéliennes ont abattu ou exécuté délibérément huit Palestiniens qui ne représentaient aucune menace apparente pour la sécurité, selon les conclusions de Human Rights Watch.

Cela fait plusieurs années que Human Rights Watch et d’autres organisations de défense des droits humains documentent le recours illégal et excessif à la force meurtrière par les forces israéliennes en Cisjordanie, ainsi que le manquement du gouvernement israélien à son devoir de sanctionner les individus responsables. En 2023, selon les Nations Unies, le nombre de Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes était plus du double du nombre enregistré en n’importe quelle autre année depuis le début de la collecte systématique de ces données par l’ONU en 2005 ; durant les trois premiers mois de 2024, ce nombre a continué de croître à un rythme élevé.

« Les forces de sécurité israéliennes tuent illégalement des Palestiniens non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, où elles ont exécuté délibérément des Palestiniens qui ne représentaient aucune menace apparente », a déclaré Richard Weir, chercheur senior auprès de la division Crises et conflits à Human Rights Watch. « Le nombre de meurtres a atteint un niveau sans précédent récent, dans un environnement où les forces israéliennes n’ont pas à craindre que leur gouvernement les demande des comptes. »

Entre mai et novembre 2023, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 14 témoins et 6 proches de victimes de tirs mortels perpétrés par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie. Human Rights Watch s'est également entretenu avec des membres du personnel médical en Cisjordanie, a examiné des dossiers médicaux, et a vérifié des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ainsi que des reportages parus dans les médias. Le 8 août 2023 et à nouveau le 23 avril 2024, Human Rights Watch a écrit aux Forces de défense israéliennes (FDI, ou IDF en anglais) en posant des questions sur les huit décès et sur les règles concernant le recours à la force par l’armée israélienne, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour.

8 mai 2024 Israël/Cisjordanie : Questions et réponses

Questions et réponses sur le droit international applicable au recours à la force en Cisjordanie, territoire occupé

Human Rights Watch a également publié un document de questions-réponses sur le cadre juridique international applicable au recours à la force en Cisjordanie, et aux violences dans ce territoire.

Dans un incident sur lequel Human Rights Watch a enquêté, survenu à Jénine le 28 décembre 2022, les forces israéliennes ont tiré sur Sidqi Zakarneh, le blessant ; puis, alors qu’il rampait par terre, elles ont à nouveau tiré sur lui, le tuant. Des vidéos montraient qu’il ne participait pourtant pas à des violences et ne semblait pas être armé. Dans un autre incident, survenu à Jaba (nord de la Cisjordanie) le 6 juillet 2022, Rafiq Ghannem est sorti de sa maison tôt dans la matinée, apparemment sans arme, pour enquêter sur des bruits forts qui pouvaient être entendus ; selon des membres de sa famille, il s’est alors retrouvé face à des forces israéliennes, qui l’ont abattu quand il a tenté de fuir.

En 2023, les forces israéliennes ont tué 492 Palestiniens, dont 120 enfants, en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Ce chiffre est plus du double de celui en n’importe quelle autre année depuis que l’ONU a commencé à documenter systématiquement les décès dans cette région. Au cours des trois mois qui ont suivi les attaques menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, environ 300 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie. Entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, les forces israéliennes ont tué 131 Palestiniens en Cisjordanie.

En 2023, des Palestiniens ont tué 25 civils israéliens en Cisjordanie – chiffre le plus élevé depuis au moins 15 ans – ainsi que 5 membres des forces armées israéliennes, également selon l’OCHA.

Dans toute la Cisjordanie, les Palestiniens peuvent être exposés au risque d’être tués par les forces de sécurité israéliennes, même en allant au travail ou en revenant dans leur quartier. Des enfants palestiniens ont été abattus alors qu’ils se rendaient à l’école, comme l’a documenté Human Rights Watch en août 2023. Le journal israélien Haaretz a constaté que parmi les incidents au cours desquels des Palestiniens ont été tués en 2022, l’armée israélienne n’a allégué que les victimes étaient armées ou qu’il y avait eu un « échange de tirs » que dans 45 % des cas.

Entre le 7 octobre 2023 et le 18 mars 2024, les forces israéliennes ont mené en moyenne 640 opérations de « recherche et arrestation » par mois en Cisjordanie, soit presque le double de la moyenne mensuelle (340) enregistrée durant les neuf premiers mois de 2023, selon l’OCHA. Les opérations menées du 7 octobre 2023 au 18 mars 2024 ont entraîné la mort de 304 Palestiniens, sur un total de 409 Palestiniens tués par les forces israéliennes durant cette période.

Le 19 octobre 2023, lors d’une opération de « recherche et arrestation » menée près de la ville de Tulkarem en Cisjordanie, les forces israéliennes ont abattu Taha Mahamid, 15 ans, et, quelques minutes plus tard, ont blessé son père, Ibrahim, qui était accouru pour transporter le corps de son fils. Visiblement ni l’un ni l’autre n’était armé, selon une vidéo et d’autres éléments de preuve. Quatre mois après cet incident, Ibrahim Mahamid est décédé des séquelles de ses blessures. Des témoins ont affirmé que les tirs du 19 octobre ont eu lieu à un moment où il n'y avait aucun affrontement actif dans le quartier, et que ni Taha ni son père ne représentaient une menace imminente pour les forces israéliennes ; des séquences vidéo confirment ces déclarations.

Les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie sont soumises au droit international des droits humains. Les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois précisent que ceux-ci « ne recourront intentionnellement à l'usage meurtrier d'armes à feu que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines ».

Israël n’a pas rendu publiques les règles sur l'usage de la force diffusées à son armée. Cependant, dans les incidents documentés par Human Rights Watch, des soldats israéliens responsable de l'application des lois ont eu recours à la force meurtrière alors que cela n'était pas strictement inévitable pour protéger des vies, notamment en tirant sur des personnes qui fuyaient ou qui ne semblaient pas liées à des affrontements ou à d'éventuels actes de violence.

Les homicides illégaux répétés et l’impunité endémique s’inscrivent dans un contexte d’apartheid et de persécution – des crimes contre l’humanité – que les autorités israéliennes commettent contre les Palestiniens, selon Human Rights Watch et d’autres organisations de défense des droits humains.

Les gouvernements d’autres pays devraient suspendre leurs ventes d’armes à Israël, et d’autres formes de soutien militaire, en raison du risque de complicité dans de graves abus en Palestine. Ces pays devraient aussi agir en faveur de l’obligation de rendre des comptes, notamment en soutenant l'enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes graves commis en Palestine, et imposer des sanctions ciblées contre les individus responsables de graves abus.

« Les pratiques permissives et discriminatoires du gouvernement israélien en matière de recours à la force et l’impunité endémique sont une facette de l’apartheid et de la violence structurelle à laquelle les Palestiniens sont confrontés chaque jour », a déclaré Richard Weir. « Les homicides illégaux en Cisjordanie se poursuivront aussi longtemps que durera la répression systémique des Palestiniens par les autorités israéliennes contre les Palestiniens. »

Suite en anglais, avec des informations plus détaillées sur les incidents.

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