20.07.2025 à 00:34
Marc Endeweld
Pour son come-back médiatique, il pensait avoir tout préparé. Fin juin, Gabriel Attal accorde une interview au Monde, reprise deux jours plus tard dans un long papier de Libération, tout en dévoilant le lendemain à L’Opinion ses pistes de programme économique. Ces titres de presse ne semblent pas avoir été choisis par hasard pour celui qui veut hériter du « social-libéralisme » qu’Emmanuel Macron aurait porté au pouvoir dès 2017. Le message est clair : les militants peuvent compter sur moi pour 2027.
Come-back médiatique, car depuis la dissolution de juin 2024, Gabriel Attal n’est déjà plus « à la mode » dans le petit Paris. Son départ (ou plutôt, son renvoi) de Matignon l’a même relégué au second plan, après avoir profité d’une vraie « Attalmania » à partir de l’automne 2023 dans les couloirs du pouvoir et des rédactions. Sur ce point, Emmanuel Macron peut être satisfait de son coup d’éclat institutionnel. D’autant qu’à l’international, l’heure est au trumpisme et aux tumultes. Les faiseurs d’opinion se lancent désormais à la recherche d’un président martial pour y faire face, plutôt qu’un jeunot inexpérimenté comme Gabriel Attal.
Pour se donner un semblant d’envergure, l’ancien Premier ministre, le plus jeune à ce poste de toute la Vème République, n’a rien trouvé de mieux que de rencontrer à deux reprises Tony Blair… celui qui a précipité son pays dans la guerre américaine en Irak en 2003 en relayant les fake news de George W. Bush et de son administration néoconservatrice. D’abord, le 15 mai 2025 : « Échange passionnant ce matin avec Tony Blair sur l’avenir de la Défense européenne, les défis et opportunités de l’intelligence artificielle, la protection de nos démocraties ». Puis, nouvelle rencontre entre les deux hommes à Londres le 18 juin, et nouveau tweet. On passera sur la lourdeur du symbole…
À ce jeu de com’, Gabriel Attal s’est pourtant fait avoir comme un bleu. Samedi 5 juillet, lors du rassemblement au Cirque d’Hiver pour les dix ans des Jeunes avec Macron (désormais appelés les « Jeunes en marche »), Emmanuel Macron a réussi à voler la vedette à son ex Premier ministre en s’invitant par surprise, et surtout en annonçant assez clairement ses ambitions pour 2032, date à laquelle il pourra se représenter. C’est du moins son rêve comme je l’avais expliqué début mai. Profitant des applaudissements, le président a été jusqu’à affirmer à ses jeunes partisans qu’il aurait «besoin d’eux pour dans deux ans, pour dans cinq ans, pour dans dix ans».
Juste avant cette annonce tonitruante, Gabriel Attal a dit vouloir « proposer un chemin » aux Français pour 2027. L’occasion est donc trop belle pour Emmanuel Macron qui ne manque pas de recadrer son ancien collaborateur : «Si dans les deux ans qui viennent, on passe notre temps à parler de 2027, à ne rien faire, à être dans les calculs, à être dans les divisions, ce sera aucun d’entre nous dans deux ans». Bref, faites ce que je dis, pas ce que je fais. « Je suis le premier président de notre histoire qui n’a pas le droit, constitutionnellement, de se représenter », avait-il semblé regretter, le 13 mai sur TF1.