10.10.2025 à 10:10
Pour un nouvel ordre global
zabrahams
Texte intégral (1898 mots)
Déclaration de Jean-Luc Mélenchon, vendredi 10 octobre 2025
Après le tohu-bohu confus des visiteurs de Matignon, il y aura aujourd’hui le défilé à l’Élysée dont Emmanuel Macron nous a dispensés. Pourtant, dans quelques heures, le président de la République va annoncer une décision essentielle.
Elle ouvrira une nouvelle saison politique. Soit en nous enfonçant dans la voie sans issue d’une nouvelle combinaison politicienne censurée d’avance, soit en permettant à notre pays de se reprendre en main lui-même par ses votes.
Avant cet évènement, nous voulons montrer son importance décisive, peser sur lui et ainsi sur ce que chacun fera alors. Affirmer l’urgence de travailler avec un pouvoir légitime à la lutte contre le déclassement de la France, contre la pauvreté et la précarité qui ravagent notre pays, contre l’irresponsabilité écologique qui le met en danger.
On pensera ce que l’on veut des Insoumis, mais la vie a prouvé qu’ils ne sont ni changeant d’avis à la première bourrasque, ni compromis dans les tractations folkloriques de ces derniers jours.
Comme vous le savez, pour nous, la responsabilité du chaos n’est pas à l’Assemblée, elle est à l’Élysée.
En accord avec ce diagnostic, au contraire de tous les autres partis, nous n’avons participé à aucun des nombreux conciliabules avec Monsieur Lecornu depuis sa nomination. Car nous savions qu’il s’agissait d’une perte de temps pour le pays, et peut être davantage encore d’une tentative malsaine de combinaison des contraires.
Je le dis fermement en notre nom collectif : nous ne sommes donc engagés par aucun des arrangements qui s’y sont discutés. Et à plus fortes raisons, nous ne sommes impliqués dans aucune des convergences dans le mystérieux « secret des conversations » évoqués à plusieurs reprises par monsieur Lecornu à plusieurs reprises et sans doute est-ce pourquoi nous sommes dispensés de visite à l’Élysée . Nous sommes restés à distance comme nous avions déjà refusé tout pacte avec François Bayrou, pour deux raisons. La première ? Cela revenait à légitimer le coup de force du président refusant depuis un an et trois premiers ministres le résultat des élections de juin 2024. La seconde ? Après avoir fait partir messieurs Barnier et Bayrou l’Assemblée n’a toujours pas de majorité pour accepter un budget cohérent si le mandat donné aux députés par les votes populaires est respecté, car ce n’est pas pour cela qu’ils ont voté.
Les députés n’ont pas été élus pour s’entendre entre copains mais pour assumer le mandat qui leur a été confié. Nous avons un mandat exigeant et non négociable. : le programme du Nouveau Front Populaire, le triomphe de la justice sociale et de la responsabilité écologique. Pour nous la volonté des votes ne se marchande pas entre partis politiques opposés.
Nos députés n’ont pas été élus pour s’entendre avec la macronie, ni le RN, ni la droite, mais au contraire pour rompre avec leur politique comme cela est dit dès la deuxième ligne du programme choisi par ceux qui les ont élus.
Aujourd’hui, un quatrième premier ministre n’aura pas davantage de majorité pour voter un budget politiquement cohérent qu’hier messieurs Michel Barnier ou bien François Bayrou n’en avaient.
A quoi servirait-t-il alors ? Juste à faire peser, et qui sait exécuter, la menace de passer son budget tel quel, par ordonnance si la discussion dure plus de 70 jours, ce qui est peu par rapport a la tradition, comme le prévoit la Constitution. En effet avec cela pas besoin de 49.3 pour ça !
Pour nous qui avons bataillé sans succès des semaines durant et souvent seuls pour un gouvernement de tout le Nouveau Front populaire et sa candidature commune pour le poste de premier ministre, nous refusons, seize mois et trois premiers ministres après, en pleine crise démocratique, de renoncer à la fois à la dissolution et à la présidentielle anticipée. Pourquoi sauverions-nous ainsi Emmanuel Macron le soldat perdu dans ses aberrations et le naufrage de son mandat ? Pourquoi renoncer à revenir aux urnes ?
Pour rendre la parole au peuple, une seule alternative se présente à cette heure : ou bien une nouvelle dissolution de l’Assemblée ou une présidentielle anticipée et rien d’autre.
Nous sommes prêts dans les deux cas. Mais regardons cela de plus près. Une dissolution permet-elle vraiment au pays de sortir de l’impasse ? Cette question est décisive. Car la solution présente trois risques majeurs.
Le premier : que la composition de l’assemblée reste la même. Car le vote se fait dans les conditions lourdement déséquilibrées et déformées par le découpage en 577 circonscriptions et deux tours de vote. Le second : nous n’avons aucune garantie que le président qui en a montré déjà le mauvais exemple ne rejette une nouvelle fois le résultat s’il ne lui convient pas. Dans la confusion renouvelée , il recommencerait la valse des premiers ministres, les palabres de palais et les coups de force. Le dernier inconvénient et non le moins grave le voici : dans le cas d’une dissolution pour rien l’impasse durerait cette fois encore un an, car aucune nouvelle élection législative n’est permise par la constitution avant cela. Et même en cas ensuite de présidentielle anticipée ! Ce qui serait un comble !
Dans ces conditions, pour nous, seule une élection présidentielle anticipée permet l’adoption d’une loi dite « spéciale » pour adopter un budget par l’assemblée toujours là. Et cela tout en permettant l’élection présidentielle.
Cette présidentielle permettrait l’expression de la volonté du peuple de la façon la moins déformée dans le cadre actuel puisque qu’elle a la France entière pour circonscription unique au lieu de 577 duels. Elle permet la possibilité ensuite de nouvelles élections législatives pour permettre à la nouvelle majorité présidentielle de donner au pays une majorité à l’Assemblée nationale et sur un programme conforme au vote qui viendra de s’exprimer.
Ce choix de la présidentielle anticipée, dont nous voulons souligner l’importance par elle-même et non du fait de telle ou telle candidature, fusse celle de l’un d’entre nous. Ce choix est bien partagé bien au-delà des rangs Insoumis.
Le peuple n’a-t-il pas rejeté Emmanuel Macron à trois reprises dans les élections qui ont eu lieu depuis son élection contrainte en 2022 ? Deux de ses anciens premiers ministres ne l’ont-ils pas condamné, soit pour son acharnement à « vouloir garder la main », comme l’a dit monsieur Attal soit pour demander franchement sa démission comme monsieur Edouard Philippe?
Nombre d’autres responsables de tous bords ont demandé également sa démission. Signée par cent quatre députés de plusieurs groupes, la motion de destitution du président n’a été repoussée deux fois que grâce au vote du RN. Enfin, 70% de sondés, c’est-à-dire au-delà de toutes les marges d’erreurs envisageables demande le départ d’Emmanuel Macron.
C’est ainsi ! L’importance des pouvoirs qu’il a, interdit à un président de les exercer sans limite comme l’a montré le départ du Général de Gaulle, pour une majorité bien moindre d’opposants. Mais la cinquième république ne donne aucun recours contre un président qui bloque sciemment la démocratie dont il est censé être le garant.
Le départ d’Emmanuel Macron est donc une exigence légitime. Elle porte en elle non seulement une exaspération populaire générale mais peut être davantage encore le refus du coût terrible pour le pays d’une présidence aussi dégradée.
Loin de s’en effrayer puisque nous ne pouvons plus rien contre le blocage actuel, mieux vaut au contraire y trouver une opportunité extraordinaire. Laquelle ?
Pouvoir définir par nos votes avec cette élection présidentielle anticipé un nouvel ordre global et sortir du néfaste et absurde « en même temps » des macronistes. Quand il faut trancher, et il le faut et d’urgence, entre « oui et non ».
Oui ou non, un nouvel ordre des institutions pour le libérer de la monarchie présidentielle comme tant le réclament désormais, pour une sixième république et faire que plus jamais une seule personne confisque pour le ridicule de ce peuple et de ce pays, tous les pouvoirs.
Oui ou non, un nouvel ordre écologique en tranchant une bonne fois pour reconnaitre ou non la priorité à la planification contre les causes et les conséquences du changement climatique.
Oui ou non, un nouvel ordre économique pour affronter le nouveau système impérial et militaire décidée par les États-Unis face à la France, la Palestine ou la zone Asie Pacifique. Et reconnaitre oui ou non la faillite du modèle qui donne la priorité au seul enrichissement individuel.
Oui ou non, un nouvel ordre fiscal en les privilèges de la fortune et en l’obligeant à contribuer équitablement à l’intérêt du pays.
Oui ou non, à un nouvel ordre humain libéré du racisme, du sexisme, et de la guerre de religion.
Ce nouvel ordre global et les choix clairs exigés dorénavant sont la véritable urgence.
Pas de nouveau bricolage politicien !
Une élection présidentielle anticipée est le seul moyen de respecter la dignité de notre peuple et notre pays. Le moyen de le libérer de son impuissance actuelle. Cette impuissance lui ôte le souffle et l’audace dont il a toujours fait preuve dans les moments d’impasse de son histoire, j’jusqu’aux plus désespérés.
À l’heure ou droite et extrême droite se rapprochent au point de se confondre le plus souvent, nous appelons les partis et les députés signataires du programme du NFP à se ressaisir, et à renoncer aux exclusives contre les insoumis, et à faire le choix du retour au programme qui nous a rendu victorieux en 2024.
En conclusion, avec toute la solennité que nous pouvons par notre présence conjointe ce matin donner à ce que nous avons à dire. Oui, il faut que Macron s’en aille pour que le peuple et le pays soit libéré de l’entrave qu’il représente à sa dignité.
Voilà ce que nous voulions dire ce matin avant qu’il ne prenne sa décision et avec l’espoir de peser sur elle. Nous le disons devant vous faute de pouvoir le lui dire directement, mais en définitive qu’est-ce que cela change puisque ce n’est pas discutable.
08.10.2025 à 21:50
TIC TAC, TIC TAC
zabrahams
Texte intégral (1726 mots)
Ici je parle du retour de nos camarades enlevés et séquestrés par Netanyahu, puis je traite de l’actuelle comédie du pouvoir en perdition qui veut se perpétuer après trois défaites électorales et trois motions de censure. Issue inéluctable. Après l’intervention de Lecornu ? Tic tac, tic tac.
Les femmes et hommes embarqués sur la première vague de la flottille pour rompre le siège de Gaza n’ont pas de raison d’être fiers de leur pays, la France. À l’aller : pas d’escorte militaire comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la Turquie l’ont fait pour protéger les leurs. Kidnappés et séquestrés, brutalisés et frappés sous les yeux du ministre raciste Ben-Gvir venu les insulter, ils n’ont pas eu droit à un mot du gouvernement français, ni de la présidence de l’Assemblée nationale française, ni de la Commission européenne ou de la présidence du Parlement européen en défense des parlementaires participant à l’action. Au retour, renvoyés en Grèce sans papiers ni argent, ils ne reçoivent aucune aide des services français pour le retour à Paris, au contraire des autres pays. Le député Insoumis Hadrien Clouet s’est donc rendu sur place pour organiser l’hébergement et le retour. Nous aussi, nous avons honte de notre pays étalant sa médiocrité apeurée devant Netanyahu aux yeux du monde. Mais nos six parlementaires embarqués sont notre fierté : ils sont l’autre voix, l’autre visage de la France. Celui de l’insoumission à l’ordre qui produit et permet un génocide.
Les événements politiques français paraissent fous. C’est donc que leurs acteurs le seraient. C’est parfois vrai. Mais cela n’explique vraiment pas tout. D’une façon générale, rien ne survient sans venir de loin. Et quand un événement fortuit fait exploser à lui seul la scène, c’est que celle-ci y était déjà disposée. Le hasard est l’agent de la nécessité. Elle règne toujours sur la réalité. Les Insoumis le savent. Leur plan calculé avance donc inexorablement depuis ce mois d’août 2024 où les responsables du mouvement publièrent leur tribune demandant la destitution du président de la République. Je veux pointer ici les éléments qui forment la base de l’inextricable situation actuelle.
Évacuons d’abord l’accessoire. Lecornu s’en va. Qu’a-t-il réalisé ? Rien. Juste une pauvre comédie pour prolonger le déni du résultat de 2024. Que propose-t-il ? Un gouvernement du socle commun. Résumé : dorénavant, c’est comme auparavant. Cela revient à un coup de force : on prend les mêmes et on recommence la même chose. Que va-t-il se passer ? Tic Tac, tic tac. Le moment est commandé par des tendances de fond plus fortes que les facéties de l’instant.
Mieux vaut le mot juste. On parle de « crise » pour nommer ce que nous vivons. En langue commune, pourquoi pas. Mais pour bien nommer, je trouve ce mot souvent trompeur. Le mot crise laisse entendre qu’on pourra revenir à la situation d’avant, sitôt « la crise » passée. Il n’en est rien. Parler de « bifurcation » me semble plus efficace pour décrire ce qui se passe quand une trajectoire d’évènements change de direction, comme à un carrefour. C’est le cas présentement. La séquence en cours, avec ses trois Premiers ministres en un an, dont l’un pour moins de quatorze heures et son ubuesque sortie de route finale, est une bifurcation. Elle change la nature du régime. Une autre façon de le dire : « Il y aura un après et un avant » comme le déclare le gaulliste Henri Guaino à juste titre. Dorénavant tout le monde sait que la Vᵉ République rend possible une présidence de coup de force permanent, comme celui en cours depuis la dissolution de juin 2024, jusqu’à l’absurde et le ridicule actuel d’un Premier ministre démissionnaire 14 heures après la formation de son gouvernement. C’est pourquoi la situation actuelle est non seulement une impasse tumultueuse dans le présent, mais aussi une lourde déformation durable du futur.
Les événements actuels expriment davantage que le loufoque de leur apparence. Ici s’exprime surtout la puissance d’une logique profonde. La secousse ne vient pas réellement de l’intérieur du système institutionnel lui-même, mais de son contexte. Si Macron perd toutes les élections depuis sa réélection sous la contrainte du second tour de 2022, c’est parce que le pays ne veut plus de la politique qu’il incarne. Une lapalissade ? Mais alors actons-le ! L’homme voulait faire une « révolution » (titre de son livre pour la présidentielle de 2017) pour « attaquer au pic à glace » (selon ses termes) une France « irréformable »… La réforme des retraites est un symbole exemplaire de ce programme général. C’est là le fond de l’affaire. Le peuple en France ne décroche donc pas avec Macron parce que sa communication est mauvaise et son comportement souvent aberrant, mais parce que sa politique n’est pas acceptée et qu’il s’obstine à la maintenir. Ce fond de scène n’est pas nouveau, il a déjà coûté leur présidence à Nicolas Sarkozy et François Hollande. Le néolibéralisme épuise les gouvernements qui le mettent en œuvre. Cet effet s’aggrave avec le refus d’entendre son message. Surtout quand il va jusqu’à l’extrême, c’est-à-dire jusqu’à la négation des votes les plus massifs des Français. Ce fut le cas en 2005 avec le « non » au référendum sur la Constitution néolibérale de l’Europe, trahi en 2008. Puis ce fut le vote de 2012 pour le programme Hollande « mon ennemi, c’est la finance » immédiatement trahi, et les législatives anticipées de 2024 donnant la victoire du NFP immédiatement niées. Mais si l’on veut aller au fond sur ce point, on devra regarder dans les institutions. L’élection du président au suffrage universel n’était pas prévue dans la rédaction initiale de la Constitution de 1958. Elle a été rajoutée en 1962. Ainsi a été importé le risque d’une contradiction entre la légitimité du vote pour le président et celle pour l’Assemblée. Et cela d’une façon générale entre n’importe quel vote général et celui incarné par le président. Ce conflit de légitimité était tranché par François Mitterrand puis Jacques Chirac en donnant raison au dernier vote intervenu et justifiant une cohabitation assumée. C’est ce dont Macron n’a pas voulu en nommant successivement des gouvernements directement liés politiquement à son propre programme.
La profondeur de la crise actuelle mettant tout le pays à la merci d’un caprice comme celui de Retailleau à propos de Lemaire est donc dans ce double verrouillage non assumé : une politique décriée en profondeur et une ambiguïté institutionnelle interprétée dans le sens le plus violent.
Comment empêcher la volonté populaire d’être entendue ? C’est là qu’intervient le rôle de l’extrême droite qui est convoquée pour faire barrage. Elle le fait, d’une part, en divisant le peuple par le racisme et en proposant comme réponse aux problèmes, non la satisfaction des demandes, mais une politique xénophobe d’État. Cela ne peut non plus être supporté. Notre pays n’est ni raciste ni d’extrême droite. Cette attraction est celle de la partie de la classe médiatique islamophobe et des « élites » mondaines et politiciennes comme l’a montré Vincent Tiberj.
La situation actuelle ne peut se dénouer autrement que sur ses causes de fond : respecter la volonté générale et changer la Constitution. Sinon, elle durera encore, et cela jusqu’à ce que soient jugulées les causes ou anéantis ceux qui les expriment.
Diverses brèves
Pendant que l’atlantisme français s’échoue dans des opérations aussi pitoyables que la une du « Point » où je figure en veste chinoise, la réalité continue son chemin. Plutôt que de coopérer de manière raisonnable, les « élites » et la classe médiatique assument l’attitude de fermeture agressive, absurde et sans horizon face à la Chine que recommandent les agences d’influence étasuniennes. Quand toute l’Afrique sort du système mondial de transaction financière dominé par l’Europe et les USA (Swift), la France n’a plus de diplomatie effective sur le continent africain sinon le sauve-qui-peut.
La machine à confusion est lancée à plein régime. Du soir au matin : « la gauche ceci, la gauche cela » pour désigner les acrobaties d’Olivier Faure au secours de Macron. Ainsi quand le charabia du PS à la sortie de Matignon s’approprie la gauche. De quel droit ? Olivier Faure parle d’« élucubrations » à propos de sa volonté de gouverner avec la macronie. Mais lui-même, trois heures avant, envisageait en personne de gouverner avec Lecornu à la Défense et Barrot aux Affaires étrangères. Citation de Faure : « ça ne serait pas absurde de dire que ces deux-là pourraient rester et que nous gouvernerions ». LFI n’a rien à voir avec cette mauvaise comédie ! Mais pour le réseau social-démocrate de la presse, l’idée est qu’en assimilant la gauche au PS, celui-ci rejaillira de ses cendres. Plus rude sera le vote !
Dans ce moment glauque à bien des égards, il est lamentable d’entendre sur les plateaux revenir les mille nuances du « tous pourris » et les refrains anti-partis et les globalisations aux relents du passé : « il faut préférer son pays à son parti », phrases tirées directement du discours de l’extrême droite des années 1930.
06.10.2025 à 18:18
Un moment sans précédent
zabrahams
Texte intégral (1351 mots)
Nous sommes entrés dans un moment politique sans précédent historique dans la Vᵉ République : trois gouvernements, en l’espace d’un an, à la suite d’un président de la République battu dans toutes les élections depuis la sienne. Plutôt qu’à l’addition de ces mésaventures, c’est au tableau général qu’il faut réfléchir.
Cette situation est le symptôme de l’impasse dans laquelle plonge inéluctablement la Vᵉ République, dès lors qu’il y a une contradiction entre la légitimité de l’élection présidentielle et celle des élections législatives. À quoi s’est ajoutée l’incapacité du président de la République à maîtriser une telle situation.
Il en résulte une confusion dans les esprits, dans les institutions, parmi les acteurs économiques et dans les rangs des décideurs politiques qui aggravent le tout. Il faut donc, pour répondre à ce moment, prendre à bras-le-corps le cœur du problème. C’est-à-dire le président de la République, sa légitimité à continuer à décider dans de telles circonstances. Il est l’origine du chaos ! Parce qu’il a convoqué des élections législatives anticipées dont il n’a pas voulu assumer le résultat. Et depuis cette heure, la République, la démocratie sont faussées ! Ce type de situation se paie toujours. La vie politique d’un peuple passe par ses institutions. Et le respect du fonctionnement de ses institutions suppose le respect scrupuleux de la volonté du peuple. Sinon, ce n’est plus une démocratie. Et puis après cela, il y a eu un acharnement du président de la République à vouloir décider le contraire. Je dis bien le contraire, l’exact contraire de ce qui avait été dit par les élections. Bien sûr, personne n’avait la majorité absolue à l’issue des élections ! Mais enfin, un bloc était arrivé en tête. Tout ce qui a suivi a été la négation méthodique, acharnée, de ce résultat. Les gouvernements choisis ont eu pour Premier ministre des personnalités figurant sur les bancs les plus minoritaires de l’Assemblée nationale ! Ils se sont obstinés à prendre des décisions qui sont à l’exact opposé de ce qui avait été souhaité par le vote. Et pour finir, tandis que se multipliaient les signaux d’alerte et de mobilisation, il n’y a eu aucune réponse donnée à la mobilisation spontanée du 10 septembre, aucune réponse à la mobilisation intersyndicale massive du 18 septembre, ni non plus à celle du 2 octobre. À chaque étape, tout le monde a eu le sentiment d’avancer toujours plus loin dans un système de monarchie présidentielle dont personne ne veut dans ce pays, que l’on soit de droite ou que l’on soit de gauche.
Il faut donc, pour répondre à cette situation, aller au cœur du problème, c’est-à-dire en revenir au peuple. Il faut mettre en cause la légitimité du président de la République dans les formes que notre démocratie parlementaire permet. Je me répète : dans les formes institutionnelles dont nous disposons. Quelles sont-elles ? Il y en a une. C’est la destitution du président de la République, telle qu’elle est prévue par la Constitution elle-même. Cette destitution, elle est souhaitable et dès lors, elle doit être possible. Déjà, elle est demandée par 104 députés à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire la large majorité absolue des élus du Nouveau Front Populaire. Mais depuis, d’autres voix se sont élevées pour dire que quoi qu’en pensent les uns les autres, en définitive, c’est par là que passe la réponse claire dont on a besoin. Car telle est la culture politique de notre peuple.
À cette étape, après tout ce que nous venons de vivre, avec la confusion qui règne, l’absurdité serait d’imaginer quelque combinaison que ce soit reposant sur l’Assemblée nationale telle qu’elle est. Tout a été essayé sans succès : notre proposition, à l’époque, de nommer un Premier ministre issu du NFP, puis l’échec d’à peu près toutes les formations politiques de droite.
Il faut donc en revenir à la décision du seul souverain que connaît ce pays : le peuple. Le retour au peuple est la réponse que les démocraties apportent lorsqu’elles se trouvent dans une impasse. Nous sommes dans une impasse, personne ne peut le nier. Aussi longtemps qu’on tardera à régler le cœur du problème, tout ne fera qu’empirer et s’aggraver. Plus on imaginera des combinaisons, des accords contre nature pour parvenir à on ne sait quelle solution gouvernementale, plus on aggravera la crise aux yeux du monde, aux yeux de tous ceux qui nous regardent à cette heure.
On a besoin d’une solution claire, nette, franche et massive.
En France, le peuple est et doit rester, son propre maître ! Quoi qu’il arrive, nous autres qui avons été élus sur un même programme et qui siégeons et votons pour l’essentiel de la même manière au fil des discussions et des votes à l’Assemblée nationale, notre devoir, conformément au mandat que nous avons reçu dans cette élection de 2024, est de nous retrouver pour examiner tous les moyens qui nous permettent de faire face à la nouvelle situation. Et en particulier à la suite que nous comptons donner ensemble à la motion de destitution, aussi longtemps que le président de la République ne se sera pas exprimé, puisqu’il est, dans cette circonstance, le maître des événements.
Il nous appartient de répondre à ce que nous voyons. Et ce que nous voyons appelle notre demande de sa démission ou de son départ par un vote des assemblées. Et ensuite, nous verrons. Mais il faut le faire avec le sens des responsabilités et, quoi qu’il ait pu se produire, de la volonté d’apporter une réponse qui soit une issue gouvernementale claire pour notre peuple.
Le peuple est son propre maître. À tous ceux qui m’écoutent, je le rappelle : nous nous sommes toujours, nous autres Français, tirés d’affaire, chaque fois que nous avons fait sans barguigner appel au peuple pour qu’il décide lui-même de ce qui doit être fait. Il n’y a donc pas à avoir peur du vote populaire. Au contraire, il faut le solliciter en lui donnant les moyens de prendre la décision jusqu’au bout. Voilà pourquoi nous nous prononçons comme je suis en train de le faire, au nom de tous mes camarades, que chacune et chacun se dise qu’elle est le maître de l’Histoire de France. Il n’en est pas l’objet. Il en est l’acteur. Chacune, chacun, tant et si bien que je ne saurais conclure à cet instant sans inviter chacun, chacune à prendre sa part de responsabilité.
Qu’il aille vérifier, qu’elle aille vérifier, qu’il, qu’elle, est correctement inscrit sur les listes électorales et s’il n’y est pas, qu’il s’inscrive. Parce que d’une manière ou d’une autre, incessamment, le peuple français sera de nouveau convoqué à donner son avis. Il faut qu’on l’y autorise. Il faut qu’il lui soit permis d’aller au bout de sa démarche. Voilà notre voix à cette heure.
Aucune combinaison, aucune magouille, aucune entente de derrière les rideaux ne peut se substituer à l’exigence que le peuple se prononce. Il est le seul maître de ce pays. Tel est le fond de toute notre philosophie politique.
06.10.2025 à 10:21
Démission de Lecornu : LFI demande la destitution de Macron
zabrahams
06.10.2025 à 08:35
La farce de trop ?
zabrahams
04.10.2025 à 11:07
Je soupçonne Lecornu de se ficher de nous !
zabrahams
03.10.2025 à 10:16
Ne croyez pas aux arnaques de M. Lecornu !
zabrahams
03.10.2025 à 10:14
« Nouveau peuple, nouvelle gauche » – Conférence de Jean-Luc Mélenchon
zabrahams
01.10.2025 à 10:12
Conférence de Jean-Luc Mélenchon sur le moment politique
zabrahams
27.09.2025 à 20:45
Lecornu le « taiseux » s’est fait bavard
lise
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