24.06.2025 à 11:44
David Dufresne
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Aurel revient avec deux livres dont il a le secret. L’un pour voyager, l’autre pour se souvenir, les deux pour penser. Dans Charlie quand ça leur chante (Futuropolis), Aurel braque son crayon sur une décennie de silence et de désillusion. Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, que reste-t-il de l’esprit des dessinateurs tombés ? Peu de chose. Rire est devenu suspect, dessiner un risque.
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En parallèle, Aurel publie «Méditerranée» (Futuropolis) explore une la mer des mers, trop pleine d’histoires pour se laisser enfermer dans une seule. De port en port, de siècle en siècle, Omar le migrant croise les savants du passé, et l’auteur sculpte les multiples visages de cette mer frontière.
Dans la même eau, certains se baignent, d’autres se noient. Entre bande dessinée documentaire, récit initiatique et fresque géopolitique, Aurel tisse un fil entre les peuples, les siècles, les cultures. On est pas loin du chef d’œuvre. Avec lui, on a passé de belles heures. Merci Aurel!
En guerre contre les cons!
Aurel de son vrai nom Aurélien Froment est Au Poste en visio en direct depuis Montpellier avec ses deux nouveaux livres, Méditerranée et Charlie, quand ça leur chante. Il livre des récits dessinés aussi puissants que politiques. Et l’émission se transforme en conversation tendre et piquante, entre souvenirs de presse et rage de dessiner.
À travers ses mots comme à travers ses planches, le dessinateur trace une ligne claire : celle de la mémoire, de la nuance et du refus des évidences. Le tchat s’invite dans la danse, l’échange devient collectif, entre rires complices et tensions sourdes. C’est de la BD, mais c’est surtout du journalisme. C’est politique, mais c’est surtout de l’intime.
Dès les premières minutes, il affiche la couleur : pas question de flatter ou de plaire, mais de raconter. Le fil rouge, c’est son rapport au monde. « Dans Méditerranée, j’essaie de montrer les fragments d’un continent qu’on regarde trop souvent de loin », dit-il. Le projet, pensé comme une BD documentaire, épouse le format du kaléidoscope : un foisonnement d’histoires, de visages et de fragments visuels, sans jamais céder au spectaculaire.
Dufresne le dit d’entrée : « Peut-être un chef-d’œuvre », rien de moins. Aurel esquive, modeste. Mais la puissance du récit est là, page après page, dans ce qu’il appelle « le documentaire dessiné ». Pas une fiction, pas une chronique : un tissage. « J’ai mis trois ans à faire Méditerranée », explique-t-il et chaque case en porte la trace.
Pendant l’émission le tchat est très attentif, il sera plus actif lors de l’évocation du second livre.
Dans Charlie, quand ça leur chante, le réalisateur ne cherche pas la commémoration. Il veut comprendre. « Il y a eu dix ans de silence. Et dix ans de glissements aussi », dit-il. La BD revient sur les trajectoires des survivants, sur les silences embarrassés, sur l’impossibilité du rire libre dans un monde de plus en plus crispé. L’ouvrage prend le parti de l’analyse, pas de la nostalgie. Et la phrase revient : « Dessiner est devenu risqué ».
« Dessiner, c’est plonger dans le désordre du monde » « Charlie, c’est un peu le fantôme qu’on ne veut pas affronter »
Il se livre : « J’ai quitté Le Monde en avril 2024. Aujourd’hui, je travaille uniquement pour le Canard Enchaîné ». Un choix rare, un CDI d’exclusivité, et surtout une fidélité à un journalisme sans algorithmes.
La discussion glisse naturellement vers le statut du dessinateur de presse aujourd’hui. Le tchat réagit fort à une de ses phrases sur la difficulté de trouver sa place sans se travestir. Un certain Jean-Luc dans le tchat écrit : « On sent la lassitude mais aussi l’obstination. Merci pour ça ».
Et l’on revient à la Méditerranée : « Le mot qui a débloqué le livre, c’est kaléidoscope », raconte-t-il. L’idée ne vient pas de lui, mais d’un ami historien, Guillaume Calafat. À partir de là, tout se met en place : les récits éclatés, les styles graphiques qui se mêlent, les passages de pays en pays sans volonté d’unifier à tout prix. Pas de message, pas de leçon. Une attention aux voix et aux visages. « Le rire est devenu suspect »
Le plus frappant, c’est cette façon qu’il a d’être à la fois discret et profondément politique. Il ne joue pas les héros. Il regarde, il dessine, il écoute. Et il rend. « Ce que je fais, c’est de l’observation. Je ne cherche pas à convaincre », lâche-t-il. Mais ça percute. La violence de l’histoire de Charlie, les effacements successifs, le rôle ambigu des médias : tout est là, à peine suggéré, mais profondément ressenti.
On sent que le sujet reste à vif. À plusieurs moments, l’émotion affleure, il ne théorise pas. Il raconte ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu, ce qu’il continue de porter. À ce moment-là, on ne pouvait qu’être d’accord avec lui. Il ne s’agit pas d’être neutre. Il s’agit d’être juste.
Pourquoi Aurel parle-t-il de kaléidoscope à propos de la Méditerranée ?
Parce que ce mot résume l’idée de diversité, de fragmentation et d’interconnexion qu’il voulait transmettre dans sa BD documentaire.
Que s’est il passé à la rédaction de Charlie Hebdo?
Le 7 janvier 2015, deux hommes armés attaquent la rédaction du journal à Paris, tuant 12 personnes, dont plusieurs dessinateurs emblématiques comme Cabu, Charb, Wolinski et Tignous. Les frères Kouachi, auteurs de l’attentat, revendiquent leur geste au nom d’Al-Qaïda, reprochant au journal ses caricatures du prophète Mahomet. L’attaque provoque une onde de choc mondiale et relance un débat brûlant sur la liberté d’expression, la laïcité et le terrorisme.
Quelle est sa maison d’édition?
Les deux derniers livres sont publiés chez Futuropolis : Méditerranée en 2024 et Charlie, quand ça leur chante , en janvier 2025.
Cette maison d’édition est reconnue pour son engagement dans la bande dessinée de reportage et d’auteur.
Quel est le rôle du dessin de presse aujourd’hui selon Aurel ?
Un outil de documentation, de résistance, mais aussi une manière de continuer à interroger le réel là où les mots ne suffisent plus.
Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.
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22.06.2025 à 14:53
Euryale
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Ce dimanche, l'Après (Association pour la république écologique et sociale) tenait congrés constitutif. Prises de parole de Gérard Filoche, Raquel Garrido, Clémentine Autain, Alexis Corbière. Au Poste était dans la place.
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Autain a parlé du «déjà là», ces «forces vives du pays» qui ne se résignent pas. Garrido a fait chanter la salle du Solaris (Paris) et Corbière a tenté de vanter les mérites d’une «stratégie» qui pourrait non seulement porter la Gauche au second tour de 2027 mais «la faire gagner». Le but de l’Après: participer à l’union de(s) gauche(s), du PS au NPA, LFI inclus ; soit par discussion soit par primaire. Leur programme: celui du NFP. Ils étaient ce matin 250. Tondelier, Faure et Ruffin ont envoyé leur vidéo de soutien. A la fin, questions d’ambiance et questions qui piquent, aux participants, et à Autain et Corbière.
Sur scène comme dans la salle, les figures du mouvement, Clémentine Autain et Alexis Corbière, ont répondu aux critiques, précisé leur position et détaillé leur feuille de route.
Clémentine Autain a d’abord tenu à clarifier l’origine du mouvement : « Nous avons été exclus de LFI,ce n’est pas une invention. Nous avons pris des positions fortes, on les a assumées. Mais visiblement, il n’est pas possible d’être en désaccord avec la direction. »
Face à une question relayée du tchat, selon laquelle les fondateurs se seraient « auto-exclus », elle répond : « Je sais ce que j’ai vécu. On a tenté d’intervenir dans les débats, d’exister, de faire des propositions. On a été tenus à l’écart. »
Autain insiste sur le fait que L’Après n’est pas un projet de repli :
« Ce n’est pas du tout contradictoire que de créer un mouvement pour faire l’union. Il faut bien des partenaires organisés. On ne fait pas l’union en la décrétant. »
Elle évoque une diversité d’origines politiques : des anciens insoumis, des militants sans carte, des membres de Génération·s, ou de collectifs locaux. « C’est une maison commune, pas un groupe fermé. »
Sur la stratégie électorale, elle affirme : « L’objectif est que l’union tienne dans le temps. Pas juste pour une élection, mais pour incarner une alternative politique durable. »
Autain confirme que le programme du Nouveau Front Populaire reste la base commune, mais qu’il doit évoluer : « Ce texte a été rédigé en quelques jours dans l’urgence. Il doit être retravaillé. Dire que ce sera le même programme pour 2027, ce n’est ni réaliste ni souhaitable. »
« Il faut un projet qui donne envie, qui ait un peu d’odeur, un peu de saveur. C’est notre responsabilité. »
Clémentine Autain
Interrogée sur l’opportunité de travailler avec le Parti Socialiste, elle répond clairement : « J’ai manifesté contre le gouvernement Jospin, j’ai été en opposition avec Hollande. Mais aujourd’hui, la situation impose qu’on se rassemble largement. »
Elle cite Jaurès :« Ce qu’il faut exclure, c’est l’esprit d’exclusion. » pui précise :« Ce qui compte, ce n’est pas le logo ou le sigle. C’est le contenu, la ligne, la capacité à entraîner. »
Alexis Corbière, également interrogé par Au Poste après les discours, reprend les mêmes constats. Il évoque la fin de sa relation avec LFI : « Le débat n’est plus possible. Quand la contradiction devient une faute, ce n’est plus une organisation politique, c’est un dispositif fermé. »
Il défend L’Après comme un outil pour reprendre pied dans les classes populaires : « Il faut une organisation qui forme, qui débat, qui articule les batailles locales et les échéances nationales. »
Sur la stratégie unitaire, il souligne : « Le Nouveau Front Populaire a ouvert une brèche. Il faut la faire durer, pas juste s’y engouffrer pour une campagne. »
«La gauche, programmatiquement, n’a jamais été aussi proche: on est tous d’accord pour abroger la réforme des retraites, pour mettre un terme à la Ve République, pour mettre en place la taxe Zucman»
Alexis Corbière
Le congrès s’est terminé par l’adoption d’une charte commune, la mise en place d’un collectif d’animation provisoire et l’annonce de groupes locaux en cours de formation. Le mouvement se veut opérationnel d’ici l’automne.
Les deux figures du mouvement assurent que l’enjeu n’est pas d’incarner une « nouvelle boutique », mais d’être un point d’appui dans la construction d’un Front Populaire durable et démocratique. « On ne veut pas reproduire ce qu’on a critiqué. Il faut faire autrement, plus collectif, plus stable, plus clair. » Clémentine Autain
Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.
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21.06.2025 à 20:26
Balthazar Da Silva
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Lancé à l'initiative de la coalition Guerre à la guerre, ce samedi était l'occasion d'une grande manifestation partant de la bourse du travail de Bobigny (Seine-Saint Denis) pour aller vers la gare du Bourget, à un petit kilomètre du salon. On y était.
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Exposition mondiale des technologies guerrières, le Salon de l’armement du Bourget est l’occasion pour tous les marchands de canons de faire connaître leurs techniques d’armement, de s’échanger des conseils en matière de répression, de nouer des liens et, bien sûr, de faire du business.
À peine arrivés à la bourse du travail, place de la Libération à Bobigny, une bonne cinquantaine de membres des forces de l’ordre (CRS, gendarmes mobiles, Brav-m et police judiciaire) encercle l’établissement et tente de pénétrer dans les locaux.
«Les keufs ils perquisitionnent la bourse du travail» lance un passant au téléphone, choqué. Quand on leur demande le motif de cette intervention, la réponse est faiblarde. Un CRS: «C’est confidentiel, je ne peux rien vous dire». Pour Léo, membre de la coalition Guerre à la guerre, l’intention est claire : «Ça montre qu’ils ont peur, qu’ils sont prêts à tout pour que cette manif n’ait pas lieu». Et une de ses camarades de renchérir : «Malgré les intimidations de la police et de la préfecture, on va continuer, on va bien manifester cette aprem !». Parmi les prises de guerre des policiers : des ballons aux couleurs de la Palestine éclatés, des bouteilles de gaz saisis, des bonbonnes d’hélium (pour gonflage de ballons), des drapeaux et des banderoles arrachés. Un journaliste a également été interpellé.
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