03.07.2025 à 15:44
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Force est de constater qu’à la veille du 17e sommet des BRICS, le contexte international est marqué par une résurgence des conflits armés. De la persistance de la guerre en Ukraine à l’embrasement du Proche-Orient, le positionnement des pays membres, bien qu’accordé sur le respect du droit international et de la souveraineté nationale, n’est pas à la hauteur de leurs engagements. À cela s’ajoute l’absence des présidents russe et chinois, dirigeants des nations fondatrices de l’alliance, qui laisse planer le doute sur la teneur des décisions qui seront approuvées. Pourtant, le sommet brésilien, résolument tourné vers l’aide au développement et la transition écologique, accueille un grand nombre d’invités. Parmi eux, les nouveaux venus comme l’Indonésie et l’Iran, mais également les États progressistes d’Amérique latine. Reste à savoir si ce sommet, malgré les absences de poids et un contexte sous tension, saura dépasser les déclarations d’intention pour engager des actions à la hauteur des enjeux globaux. Nouvelle chronique de l’Amérique latine avec Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe.
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Force est de constater qu’à la veille du 17e sommet des BRICS, le contexte international est marqué par une résurgence des conflits armés. De la persistance de la guerre en Ukraine à l’embrasement du Proche-Orient, le positionnement des pays membres, bien qu’accordé sur le respect du droit international et de la souveraineté nationale, n’est pas à la hauteur de leurs engagements. À cela s’ajoute l’absence des présidents russe et chinois, dirigeants des nations fondatrices de l’alliance, qui laisse planer le doute sur la teneur des décisions qui seront approuvées. Pourtant, le sommet brésilien, résolument tourné vers l’aide au développement et la transition écologique, accueille un grand nombre d’invités. Parmi eux, les nouveaux venus comme l’Indonésie et l’Iran, mais également les États progressistes d’Amérique latine. Reste à savoir si ce sommet, malgré les absences de poids et un contexte sous tension, saura dépasser les déclarations d’intention pour engager des actions à la hauteur des enjeux globaux.
Nouvelle chronique de l’Amérique latine avec Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe.
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02.07.2025 à 18:24
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Pascal Boniface · Réveiller la France ! Avec Dominique de Villepin | Entretiens géopo Dans un contexte de délitement de l’ordre international, la force prenant peu à peu le pas sur la diplomatie, la place et le rôle de la France sur l’échiquier mondial sont remis en cause. Traditionnellement, sa politique étrangère s’est toujours caractérisée par une singularité au sein du monde occidental et par son attachement à des principes forts. Dès lors, la position de la France est scrutée lorsque la Russie envahit l’Ukraine, lorsque le Proche-Orient s’embrase après le 7 octobre 2023, ou lorsque Donald Trump déroge au droit international en s’impliquant militairement en Iran. Mais depuis plusieurs années, la diplomatie française marque le pas et peine à se distinguer. Un constat duplicable à l’échelle de l’Union européenne qui, malgré son potentiel, ne cesse de faire preuve de divisions face aux grands défis qui s’imposent à elle.Quels leviers la France doit-elle mobiliser pour restaurer la singularité de son action diplomatique ? Quels facteurs expliquent la montée en puissance du militarisme à l’échelle internationale ? Quels sont les principaux freins à la consolidation d’une Europe stratégique, unie et influente sur la scène mondiale ? Autant d’enjeux abordés par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères français, auteur de l’ouvrage « Le pouvoir de dire non » (édition Flammarion).
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Dans un contexte de délitement de l’ordre international, la force prenant peu à peu le pas sur la diplomatie, la place et le rôle de la France sur l’échiquier mondial sont remis en cause. Traditionnellement, sa politique étrangère s’est toujours caractérisée par une singularité au sein du monde occidental et par son attachement à des principes forts. Dès lors, la position de la France est scrutée lorsque la Russie envahit l’Ukraine, lorsque le Proche-Orient s’embrase après le 7 octobre 2023, ou lorsque Donald Trump déroge au droit international en s’impliquant militairement en Iran. Mais depuis plusieurs années, la diplomatie française marque le pas et peine à se distinguer. Un constat duplicable à l’échelle de l’Union européenne qui, malgré son potentiel, ne cesse de faire preuve de divisions face aux grands défis qui s’imposent à elle.
Quels leviers la France doit-elle mobiliser pour restaurer la singularité de son action diplomatique ? Quels facteurs expliquent la montée en puissance du militarisme à l’échelle internationale ? Quels sont les principaux freins à la consolidation d’une Europe stratégique, unie et influente sur la scène mondiale ?
Autant d’enjeux abordés par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères français, auteur de l’ouvrage « Le pouvoir de dire non » (édition Flammarion).
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02.07.2025 à 16:11
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Ils sont Bangladais, Afghans, Sénégalais, Ivoiriens, Syriens, Égyptiens, Somaliens, Guinéens… Ils représentent un infime pourcentage des millions de personnes qui, chaque année, sont poussées à quitter leur domicile à cause des dégradations environnementales, de la guerre ou de l’extrême pauvreté. Trois mécanismes souvent intimement liés. Ces personnes se retrouvent côte à côte dans des embarcations de fortune, composant un équipage improbable et fluctuant, à l’image du « Sud global » dont elles sont originaires.Ils viennent frapper aux portes d’une Europe qui semble nier leur existence, comme le devoir de leur porter une vitale assistance humanitaire. Les mécanismes qui poussent des individus à tenter un périlleux voyage qui a coûté la vie à plus de 30 000 personnes depuis 2014 font partie des enjeux plus universels de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025. Cette conférence a des objectifs ambitieux, que tous les clignotants semblent pourtant mettre en péril : elle proposera de doubler l’enveloppe annuelle de l’aide publique au développement (APD) et de tripler le montant des prêts octroyés par les banques multilatérales de développement[1]. Ces propositions faisant partie du « Compromis de Séville » qui sera soumis pour approbation à la fin de la conférence. Début 2025, l’effondrement des financements états-uniens destinés à l’aide internationale, celle de l’action humanitaire d’urgence, représente environ 15 % de l’aide publique au développement et aura constitué en amont de la rencontre de Séville une déflagration aux conséquences désastreuses pour les populations les plus exposées. Les États-Unis contribuaient à environ un tiers (67 milliards de dollars) à l’enveloppe annuelle mondiale[2]. Leur désengagement avait été précédé en 2024 de premiers signaux avant-coureurs. On avait ainsi déjà assisté à un recul de 7 % de l’enveloppe globale[3] de l’APD. Mais la réduction de l’aide n’est pas le fait […]
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Ils sont Bangladais, Afghans, Sénégalais, Ivoiriens, Syriens, Égyptiens, Somaliens, Guinéens… Ils représentent un infime pourcentage des millions de personnes qui, chaque année, sont poussées à quitter leur domicile à cause des dégradations environnementales, de la guerre ou de l’extrême pauvreté. Trois mécanismes souvent intimement liés.
Ces personnes se retrouvent côte à côte dans des embarcations de fortune, composant un équipage improbable et fluctuant, à l’image du « Sud global » dont elles sont originaires.
Ils viennent frapper aux portes d’une Europe qui semble nier leur existence, comme le devoir de leur porter une vitale assistance humanitaire.
Les mécanismes qui poussent des individus à tenter un périlleux voyage qui a coûté la vie à plus de 30 000 personnes depuis 2014 font partie des enjeux plus universels de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient à Séville du 30 juin au 3 juillet 2025.
Cette conférence a des objectifs ambitieux, que tous les clignotants semblent pourtant mettre en péril : elle proposera de doubler l’enveloppe annuelle de l’aide publique au développement (APD) et de tripler le montant des prêts octroyés par les banques multilatérales de développement[1]. Ces propositions faisant partie du « Compromis de Séville » qui sera soumis pour approbation à la fin de la conférence.
Début 2025, l’effondrement des financements états-uniens destinés à l’aide internationale, celle de l’action humanitaire d’urgence, représente environ 15 % de l’aide publique au développement et aura constitué en amont de la rencontre de Séville une déflagration aux conséquences désastreuses pour les populations les plus exposées. Les États-Unis contribuaient à environ un tiers (67 milliards de dollars) à l’enveloppe annuelle mondiale[2]. Leur désengagement avait été précédé en 2024 de premiers signaux avant-coureurs. On avait ainsi déjà assisté à un recul de 7 % de l’enveloppe globale[3] de l’APD. Mais la réduction de l’aide n’est pas le fait des seuls États-Unis.
Avant même les décisions couperets prononcées par les États-Unis, d’autres pays avaient annoncé leur intention de réduire leur contribution à la solidarité internationale : France[4], Royaume-Uni[5], Allemagne[6], Belgique[7] pour n’en citer que quelques-uns déjà connus.
La brutalité et l’absence de négociation sur les modalités et les cibles des désengagements opérés par l’équipe gouvernementale de M. Trump rendent cette baisse cumulée des financements particulièrement dramatique. C’est dire combien les objectifs annoncés dans le projet de « Compromis de Séville » paraissent difficiles à atteindre.
L’illusion d’un monde cloisonné
Par touches successives, il s’initie ainsi, parmi les États les plus riches, une dynamique qui signe une folle indifférence face à la pauvreté, mais aussi aux dégradations environnementales et aux anthropozoonoses qui peuvent en découler du fait des dommages infligés aux forêts primaires. Aucune frontière ne saurait pourtant servir d’illusoire « Ligne Maginot » étanche et infranchissable pour contenir les dangers mondialisés qui caractérisent aujourd’hui les interdépendances d’un monde globalisé[8].
On ne peut être indifférent, en Europe, en Amérique du Nord comme partout dans les pays à revenus élevés, aux multiples outrages portés à la planète, bientôt aggravés par la relance d’une industrie extractive mutilante et prédatrice. Pas plus qu’on ne peut être indifférents aux stratégies de survie que traduisent les déplacements massifs – actuels et à venir- de populations ni aux conflits que peuvent générer ces différents phénomènes.
Deux chiffres disent d’emblée le fossé abyssal déjà en place face aux inégalités mondiales. L’enveloppe de l’APD mondiale alimentée par les pays de l’OCDE représentait 230 milliards de dollars en 2023, tandis que les « remises migratoires » – sommes transférées par les migrants vers leurs pays d’origine – se sont élevées cette année-là à 830 milliards, dont 650 à destination de pays à revenus faibles ou moyens[9]. Ces sommes constituent la bouée de sauvetage des populations les plus déshéritées. Elles traduisent, de fait, l’indissociable équilibre, pour la survie des populations, entre ici et là-bas.
Il n’est pas possible d’accepter l’idée que, face à ces interdépendances sans frontières, nous pourrions, dans les pays les plus riches, nous désintéresser des différents mécanismes qui détruisent l’égalité des chances partout dans le monde. Qu’une réaffirmation décomplexée du chacun pour soi, dans la consommation comme dans la solidarité mondiale, pourrait désormais servir de nouveau mantra politique. Et que cela serait sans conséquence, à long terme, sur une paix durable…
Ainsi, dans un monde où, à horizon 2100, la population du continent africain pourrait représenter 40 % de l’humanité[10], il ne peut être question, sans séismes à venir, de détourner le regard des réalités en construction. Sur ce continent, comme ailleurs où existent des fragilités majeures, nous ne pouvons pas nous affranchir de cette attention à l’Autre, par réalisme si ce n’est par générosité.
Nous devons collectivement résister à la stratégie du chacun-pour-soi et à la loi du plus fort que promeuvent les nouveaux dirigeants des États-Unis et leurs affidés en Europe et ailleurs. Il faut résolument œuvrer à inventer un nouveau modèle de solidarité. Ce qui implique de créer les conditions d’un élargissement notable du nombre de pays contributeurs pour les fonds gouvernementaux, comme la diversification des sources pour les fonds privés.
S’impose dès lors une nouvelle répartition du pouvoir d’agir et de décision au sein de la gouvernance d’un système à rebâtir. Il émerge, dans les prolongements du séisme en cours, de nouveaux combats pour refondre en profondeur les stratégies et modalités de la solidarité internationale. Là est le véritable enjeu de la Conférence de Séville pour qu’elle n’accouche pas de formules incantatoires, d’emblée irréalistes et sans lendemain, sans définir concrètement les bases d’un nouveau système financier reconfiguré dans sa surface comme dans son pilotage.
Sans cela, il est illusoire d’empêcher des migrations à tout prix, traduisant une logique de désespérance là d’où partent les migrants. Ce qu’illustre la formulation poignante de la poétesse d’origine somalienne Warsan Shire[11] :
« Il faut que tu comprennes
Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau
À moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre ferme ».
[1] UN News. « Sevilla Conference On Development Financing Shows Optimism For Multilateralism » 25 juin 2025. https://news.un.org/en/story/2025/06/1164936
[2] IDDRI. « Aide publique au développement européenne : un démantèlement sous les radars ? », s. d. https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/billet-de-blog/aide-publique-au-developpement-europeenne-un
[3] OCDE, Données préliminaires de l’aide publique au développement en 2024, 17 avril 2025. https://one.oecd.org/document/DCD(2025)6/fr/pdf
[4] Ricard, Philippe, et Julien Bouissou. « En France, la Chute des Aides Au Développement Consterne les ONG et Complique Encore la Diplomatie Présidentielle » . Le Monde.fr, 6 décembre 2024. https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/14/en-france-la-chute-des-aides-au-developpement-consterne-les-ong-et-complique-encore-la-diplomatie-presidentielle_6393784_3234.html
[5] « GB-Démission de la Ministre Au Développement Après la Réduction du Budget Consacré À L’aide Internationale ». Boursorama, 28 février 2025. https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/gb-demission-de-la-ministre-au-developpement-apres-la-reduction-du-budget-consacre-a-l-aide-internationale-c7cab59f68a5928df7629bdc24d224ee
[6] Riegert, Bernd, et Reliou Koubakin. « La Diplomatie Allemande Économise Sur L’aide Humanitaire ». dw.com, 26 novembre 2024. https://www.dw.com/fr/berlin-veut-reduire-l-aide-humanitaire-de-moitie-dans-le-monde/a-70351971
[7] Kiesel, Par Véronique. « Le Secteur Belge de L’aide Au Développement Catastrophé Par la Baisse de 25 % de Son Budget ». Le Soir, 6 février 2025. https://www.lesoir.be/653734/article/2025-02-06/le-secteur-belge-de-laide-au-developpement-catastrophe-par-la-baisse-de-25-de
[8] « # 4 – Le défi de la sécurité globale – Éditions Parole ». Éditions Parole | MAISON D’ÉDITION DE LIVRES, 8 janvier 2024. https://www.editionsparole.fr/produit/4-le-defi-de-la-securite-globale/
[9] Ratha, Dilip. « Les envois de fonds des migrants ont ralenti en 2023 — et cela mérite toute notre attention ». Banque mondiale | Blogs (blog), 10 juillet 2024. https://blogs.worldbank.org/fr/voices/les-envois-de-fonds-des-migrants-ont-ralenti-en-2023-cela-merite-toute-notre-attention
[10] Statista. « Forecast : World Population, By Continent 2100 », 13 février 2025. https://www.statista.com/statistics/272789/world-population-by-continent/
[11] Vielle, Laurence, et Laurence Vielle. « La poétesse Warsan Shire donne une voix forte et émouvante au drame des migrants qui quittent leur maison – RTBF Actus ». RTBF, 16 octobre 2020. https://www.rtbf.be/article/la-poetesse-warsan-shire-donne-une-voix-forte-et-emouvante-au-drame-des-migrants-qui-quittent-leur-maison-10604652
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02.07.2025 à 12:03
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Ce samedi 28 juin 2025 a été signé un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous l’égide étasunienne. Après de nombreuses tentatives de pacification infructueuses, un consensus semble avoir été trouvé entre les deux États alors que la situation se dégradait, sur les plans humanitaire, politique et diplomatique. Dans quel contexte le processus de négociation s’inscrit-il ? Quelle fut l’influence américaine dans la résolution du conflit ? Cet accord est-il voué à se pérenniser ? Le point avec Bruno Aubert, directeur de recherche à l’IRIS, ancien ambassadeur de France en République démocratique du Congo.
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Ce samedi 28 juin 2025 a été signé un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous l’égide étasunienne. Après de nombreuses tentatives de pacification infructueuses, un consensus semble avoir été trouvé entre les deux États alors que la situation se dégradait, sur les plans humanitaire, politique et diplomatique. Dans quel contexte le processus de négociation s’inscrit-il ? Quelle fut l’influence américaine dans la résolution du conflit ? Cet accord est-il voué à se pérenniser ?
Le point avec Bruno Aubert, directeur de recherche à l’IRIS, ancien ambassadeur de France en République démocratique du Congo.
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01.07.2025 à 12:30
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Chaque mardi, je reçois un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, autour des conséquences des frappes israéliennes et américaines sur l’Iran. Ces offensives avaient comme objectif mal dissimulé d’affaiblir le régime en place. Qu’en est-il aujourd’hui ?
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Chaque mardi, je reçois un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, autour des conséquences des frappes israéliennes et américaines sur l’Iran. Ces offensives avaient comme objectif mal dissimulé d’affaiblir le régime en place. Qu’en est-il aujourd’hui ?
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01.07.2025 à 10:46
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Depuis le printemps 2024, le dollar américain connaît une baisse significative sur les marchés des changes, perdant progressivement de sa valeur face aux principales devises mondiales. Cette dépréciation du billet vert soulève de nombreuses questions : quelles en sont les causes ? Qui en tire avantage ou en subit les conséquences ? Quelles sont les répercussions à l’échelle mondiale ? Ce phénomène, à la fois conjoncturel et stratégique, soulève également la question de la pérennité de la suprématie du dollar dans l’ordre monétaire international. Le point avec Émilie Laffiteau, macroéconomiste, chercheuse associée à l’IRIS. Pourquoi le dollar chute-t-il ? La baisse du dollar depuis avril 2024 résulte de la conjonction de deux facteurs. D’une part, un assouplissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale des États-Unis (FED). À l’instar des autres banques centrales à travers le monde, la FED avait adopté une politique monétaire restrictive entre 2022 et 2024, dans le but de contenir l’inflation provoquée par les effets post-Covid-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine. Avec le retour de l’inflation sous contrôle à la mi-2024, la FED a amorcé une baisse de ses taux directeurs. D’autre part, les déclarations et les prises de position de Donald Trump et de son administration, tant sur le plan commercial que géopolitique, ont accentué l’incertitude. Cette instabilité a nourri la défiance des marchés financiers envers les actifs américains, entraînant une baisse de leur demande. Cette situation n’est en rien contradictoire avec la vision économique de la nouvelle administration. Selon la doctrine de Mar-a-Lago et les prises de position répétées de l’actuel conseiller économique Stephen Miran, un dollar plus faible est nécessaire pour réduire le déficit commercial, enjeu central du programme de Donald Trump. Conformément au slogan souverainiste bien connu « America First », il vise à diminuer les importations, relocaliser […]
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Depuis le printemps 2024, le dollar américain connaît une baisse significative sur les marchés des changes, perdant progressivement de sa valeur face aux principales devises mondiales. Cette dépréciation du billet vert soulève de nombreuses questions : quelles en sont les causes ? Qui en tire avantage ou en subit les conséquences ? Quelles sont les répercussions à l’échelle mondiale ? Ce phénomène, à la fois conjoncturel et stratégique, soulève également la question de la pérennité de la suprématie du dollar dans l’ordre monétaire international. Le point avec Émilie Laffiteau, macroéconomiste, chercheuse associée à l’IRIS.
Pourquoi le dollar chute-t-il ?
La baisse du dollar depuis avril 2024 résulte de la conjonction de deux facteurs. D’une part, un assouplissement de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale des États-Unis (FED). À l’instar des autres banques centrales à travers le monde, la FED avait adopté une politique monétaire restrictive entre 2022 et 2024, dans le but de contenir l’inflation provoquée par les effets post-Covid-19 et le déclenchement de la guerre en Ukraine. Avec le retour de l’inflation sous contrôle à la mi-2024, la FED a amorcé une baisse de ses taux directeurs. D’autre part, les déclarations et les prises de position de Donald Trump et de son administration, tant sur le plan commercial que géopolitique, ont accentué l’incertitude. Cette instabilité a nourri la défiance des marchés financiers envers les actifs américains, entraînant une baisse de leur demande.
Cette situation n’est en rien contradictoire avec la vision économique de la nouvelle administration. Selon la doctrine de Mar-a-Lago et les prises de position répétées de l’actuel conseiller économique Stephen Miran, un dollar plus faible est nécessaire pour réduire le déficit commercial, enjeu central du programme de Donald Trump. Conformément au slogan souverainiste bien connu « America First », il vise à diminuer les importations, relocaliser la production et les chaînes de valeur aux États-Unis, tout en favorisant une expansion des exportations américaines à l’échelle mondiale.
Cette approche marque un tournant par rapport aux précédentes administrations, qui ne s’étaient jamais véritablement préoccupées du déficit commercial, celui-ci étant traditionnellement compensé par un excédent de la balance des capitaux. Autrement dit, les sorties nettes en dollars sur le plan commercial (biens et services) étaient équilibrées par des entrées nettes en capitaux (bons du Trésor, actions d’entreprises, etc.). Mais Donald Trump, lui, ambitionne un double excédent : commercial et financier. Cela suppose une dépréciation du dollar afin de rendre l’économie américaine plus compétitive à l’international, sans toutefois remettre en cause la suprématie du billet vert comme monnaie de réserve mondiale.
La chute du dollar remet-elle en cause sa suprématie au niveau international ?
On assiste, ces dernières années, à une montée des velléités de « dédollarisation », notamment de la part des pays membres des BRICS. Plusieurs accords bilatéraux ont été conclus, en particulier par la Chine avec des partenaires comme le Brésil, la Russie ou l’Arabie saoudite, en vue de régler une partie de leurs échanges commerciaux dans leurs monnaies nationales. Cette démarche vise explicitement à contourner le dollar américain, ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions hostiles de la part de l’administration américaine. Parallèlement, certaines banques centrales, notamment en Chine et en Russie, ont entrepris de réduire la part du dollar dans leurs réserves de change, lui préférant d’autres devises ou des actifs tels que l’or. Ces dynamiques, combinées à une baisse récente de la demande pour les actifs étasuniens, ont contribué à une érosion progressive du rôle du dollar, tant comme intermédiaire des échanges internationaux que comme réserve de valeur mondiale.
Cependant, les questions monétaires sont soumises à une inertie de long terme. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la mise en place du système monétaire international basé sur le dollar, celui-ci reste la principale devise de référence au niveau mondial. À titre d’exemple, lorsque Air France achète des avions à Airbus — pourtant un constructeur européen — les contrats sont toujours établis en dollars. Par ailleurs, les bons du Trésor américain restent considérés comme les actifs les plus sûrs et les plus liquides au monde. À ce jour, le dollar représente encore environ 60 % des réserves de change mondiales, tandis que l’euro représente environ 20 %, le yen 5 %, la livre sterling 4 %, et le yuan, malgré la puissance économique de la Chine, seulement 2 à 3 %.
Aucune alternative crédible ne semble aujourd’hui en mesure de détrôner le dollar comme ancre monétaire internationale. L’euro n’a pas profité de son récent recul : la baisse de la demande pour les actifs américains s’est plutôt reportée sur l’or et sur des actifs émergents, notamment asiatiques. De plus, pour que l’euro puisse sérieusement rivaliser avec le dollar, il faudrait que l’Union européenne soit capable d’émettre des titres de dette souveraine mutualisés (bons du Trésor européens), à grande échelle et de façon pérenne. Or, cela impliquerait la création d’un budget européen, perspective à laquelle les États membres restent pour l’instant très largement réticents.
À qui cette tendance monétaire bénéficie-t-elle ? Qui en pâtit ? Plus généralement, est-ce que cette baisse du dollar est inquiétante à l’échelle mondiale ?
La faiblesse actuelle de la valeur du dollar profite principalement aux exportateurs étasuniens, dont la compétitivité-prix s’est mécaniquement améliorée sur les marchés internationaux. Par ailleurs, le service de la dette des pays émergents et en développement, contractée en dollars, s’est allégé une fois converti en monnaie nationale, offrant ainsi des marges de manœuvre bienvenues pour leurs finances publiques. En outre, on observe récemment un report de la demande en actifs libellés en dollars vers des valeurs refuges telles que l’or, ou vers des obligations émises par des pays émergents, jugées plus attractives dans le contexte actuel.
À l’inverse, les importateurs américains sont confrontés à une hausse significative du coût de leurs intrants. Les capacités de substitution et de reconfiguration des chaînes de valeur n’étant pas immédiates, du moins à court terme, ce sont les consommateurs qui risquent d’en faire les frais, à moins qu’une politique de compensation ne soit mise en place. De même, les investisseurs étrangers percevant des dividendes en dollars voient la valeur de leurs revenus diminuer une fois ceux-ci convertis dans leur propre monnaie.
Mais la principale inquiétude liée à cette baisse du dollar réside dans le risque d’alimenter une « guerre des monnaies ». Les turbulences actuelles autour de la devise américaine contribuent à une double fragmentation du système monétaire mondial. D’une part, elles accentuent la logique de formation de « blocs », à l’image des tensions commerciales et géopolitiques, faisant ainsi peser un risque accru de crise financière mondiale. D’autre part, elles renforcent la confrontation entre les monnaies souveraines (émises par des banques centrales) et les monnaies privées, telles que le bitcoin. Or, face à cette seconde forme de fragmentation, le système monétaire international apparaît encore insuffisamment outillé pour garantir une stabilité durable.
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30.06.2025 à 18:38
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« Berceau de la vie il y a 3,8 milliards d’années, l’océan a permis à l’atmosphère de devenir respirable, à la vie de coloniser la forasphère, et continue aujourd’hui à maintenir la planète habitable. Il absorbe plus de 90 % de la chaleur excédentaire générée par nos activités, produit la moitié de l’oxygène que nous respirons, nourrit 40 % de la population mondiale, et génère environ 5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial à travers l’économie bleue (pêche, aquaculture, biotechnologie, transport maritime…) selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais l’océan joue aussi un rôle sanitaire souvent ignoré. Il abrite des molécules thérapeutiques d’avenir – anticancéreuses issues de tuniciers, antivirales extraites d’éponges caribéennes, antalgiques puissantes issues de venins marins – et un réservoir microbiologique largement inexploré. Pourtant, cet océan vital est menacé, surexploité, pollué, et vidé de sa biodiversité… »
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« Berceau de la vie il y a 3,8 milliards d’années, l’océan a permis à l’atmosphère de devenir respirable, à la vie de coloniser la forasphère, et continue aujourd’hui à maintenir la planète habitable. Il absorbe plus de 90 % de la chaleur excédentaire générée par nos activités, produit la moitié de l’oxygène que nous respirons, nourrit 40 % de la population mondiale, et génère environ 5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial à travers l’économie bleue (pêche, aquaculture, biotechnologie, transport maritime…) selon l’Organisation des Nations unies (ONU).
Mais l’océan joue aussi un rôle sanitaire souvent ignoré. Il abrite des molécules thérapeutiques d’avenir – anticancéreuses issues de tuniciers, antivirales extraites d’éponges caribéennes, antalgiques puissantes issues de venins marins – et un réservoir microbiologique largement inexploré. Pourtant, cet océan vital est menacé, surexploité, pollué, et vidé de sa biodiversité… »
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30.06.2025 à 15:14
stagiairedecomm@iris-france.org
Le 27 juin 2025, un accord de paix a été signé à Washington entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), sous la pression du président américain. Cet accord met fin à un conflit vieux de plus de vingt ans, qui a causé la mort de plus de six millions de personnes. Pour la première fois, deux présidents ennemis, Paul Kagame pour le Rwanda et Félix Tshisekedi pour la RDC, se sont assis à la même table. Mais cette paix sera-t-elle durable ? Rien n’est moins sûr, tant les précédentes tentatives ont échoué À l’origine, Kigali justifiait ses violations de l’intégrité territoriale de la RDC par la traque des génocidaires hutus réfugiés dans le Nord-Kivu, à l’est du pays. Ce prétexte a servi à légitimer le soutien du Rwanda à des milices locales, en particulier le M23, dans le but de piller les ressources naturelles congolaises. La RDC illustre la malédiction des ressources naturelles. Bien que dotée d’une richesse minérale exceptionnelle, elle est souvent qualifiée de scandale géologique, sa population demeure parmi les plus pauvres du monde. L’État congolais est affaibli : armée désorganisée, institutions fragiles, corruption endémique… Le pays reste donc largement exposé aux prédations extérieures. Si l’implication du président Trump a permis la signature d’un accord, elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées : un partenariat économique a été simultanément signé entre Washington et Kinshasa, facilitant l’accès des États-Unis aux ressources du pays. Une paix, donc, qui pourrait bien servir davantage les intérêts des multinationales américaines que ceux du peuple congolais. Reste à savoir si Kinshasa saura défendre ses intérêts, reconstruire un État fort et transformer cette paix fragile en véritable opportunité pour sa population. On ne peut que se réjouir de la signature de cet accord, mais la vigilance reste de mise. https://youtu.be/2GXtUnsgPEo
L’article RDC – Rwanda : Assurer la paix, éviter le pillage est apparu en premier sur IRIS.
Le 27 juin 2025, un accord de paix a été signé à Washington entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), sous la pression du président américain. Cet accord met fin à un conflit vieux de plus de vingt ans, qui a causé la mort de plus de six millions de personnes. Pour la première fois, deux présidents ennemis, Paul Kagame pour le Rwanda et Félix Tshisekedi pour la RDC, se sont assis à la même table. Mais cette paix sera-t-elle durable ? Rien n’est moins sûr, tant les précédentes tentatives ont échoué
À l’origine, Kigali justifiait ses violations de l’intégrité territoriale de la RDC par la traque des génocidaires hutus réfugiés dans le Nord-Kivu, à l’est du pays. Ce prétexte a servi à légitimer le soutien du Rwanda à des milices locales, en particulier le M23, dans le but de piller les ressources naturelles congolaises.
La RDC illustre la malédiction des ressources naturelles. Bien que dotée d’une richesse minérale exceptionnelle, elle est souvent qualifiée de scandale géologique, sa population demeure parmi les plus pauvres du monde. L’État congolais est affaibli : armée désorganisée, institutions fragiles, corruption endémique… Le pays reste donc largement exposé aux prédations extérieures.
Si l’implication du président Trump a permis la signature d’un accord, elle n’est pas dénuée d’arrière-pensées : un partenariat économique a été simultanément signé entre Washington et Kinshasa, facilitant l’accès des États-Unis aux ressources du pays. Une paix, donc, qui pourrait bien servir davantage les intérêts des multinationales américaines que ceux du peuple congolais. Reste à savoir si Kinshasa saura défendre ses intérêts, reconstruire un État fort et transformer cette paix fragile en véritable opportunité pour sa population. On ne peut que se réjouir de la signature de cet accord, mais la vigilance reste de mise.
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30.06.2025 à 14:52
stagiaire-comm@iris-france.org
Alors que l’Amérique s’apprête à célébrer le 4 juillet, une autre célébration se joue en coulisses, plus inquiétante : celle d’un pouvoir personnel de plus en plus affirmé. Car à presque mi-parcours de sa première année de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne fait pas qu’avancer à grands pas : il fonce, pied au plancher. Après une « victoire » facile et surtout politique en Iran (voir ma correspondance précédente), après un sommet de l’OTAN qui s’est apparenté à une session d’hommages au nouvel empereur d’Occident, voilà que la Cour suprême, à majorité conservatrice, lui offre dans la même semaine un cadeau inespéré : une jurisprudence sur mesure pour neutraliser l’un des derniers freins à son autoritarisme et à celui de son très ambitieux dauphin JD Vance. Par six voix contre trois — les six juges ultraconservateurs contre les trois progressistes —, la plus haute juridiction des États-Unis a estimé vendredi 27 juin que les juges fédéraux n’avaient plus à bloquer à l’échelle nationale les décisions de l’exécutif qu’ils jugeraient illégales. En clair : un juge fédéral ne pourra plus suspendre une mesure présidentielle pour tous, mais seulement pour les quelques plaignants concernés par son tribunal. L’époque où une seule décision judiciaire pouvait faire reculer le président est donc terminée. L’affaire du moment, celle qui a servi de prétexte à cette décision, concerne un décret signé dès le 20 janvier, jour de l’investiture de la nouvelle administration. Un décret qui revient sur le droit du sol, consacré par le 14ᵉ amendement, vieux de plus de 150 ans, garantissant que tout enfant né sur le sol américain est citoyen états-unien. Désormais, les enfants nés de mères sans papiers ou présentes temporairement — si le père n’est ni citoyen ni résident permanent — ne pourront plus obtenir passeport ni certificat de citoyenneté. Une […]
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Alors que l’Amérique s’apprête à célébrer le 4 juillet, une autre célébration se joue en coulisses, plus inquiétante : celle d’un pouvoir personnel de plus en plus affirmé. Car à presque mi-parcours de sa première année de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump ne fait pas qu’avancer à grands pas : il fonce, pied au plancher.
Après une « victoire » facile et surtout politique en Iran (voir ma correspondance précédente), après un sommet de l’OTAN qui s’est apparenté à une session d’hommages au nouvel empereur d’Occident, voilà que la Cour suprême, à majorité conservatrice, lui offre dans la même semaine un cadeau inespéré : une jurisprudence sur mesure pour neutraliser l’un des derniers freins à son autoritarisme et à celui de son très ambitieux dauphin JD Vance.
Par six voix contre trois — les six juges ultraconservateurs contre les trois progressistes —, la plus haute juridiction des États-Unis a estimé vendredi 27 juin que les juges fédéraux n’avaient plus à bloquer à l’échelle nationale les décisions de l’exécutif qu’ils jugeraient illégales. En clair : un juge fédéral ne pourra plus suspendre une mesure présidentielle pour tous, mais seulement pour les quelques plaignants concernés par son tribunal. L’époque où une seule décision judiciaire pouvait faire reculer le président est donc terminée.
L’affaire du moment, celle qui a servi de prétexte à cette décision, concerne un décret signé dès le 20 janvier, jour de l’investiture de la nouvelle administration. Un décret qui revient sur le droit du sol, consacré par le 14ᵉ amendement, vieux de plus de 150 ans, garantissant que tout enfant né sur le sol américain est citoyen états-unien. Désormais, les enfants nés de mères sans papiers ou présentes temporairement — si le père n’est ni citoyen ni résident permanent — ne pourront plus obtenir passeport ni certificat de citoyenneté. Une rupture majeure, un coup porté à un pilier historique du droit américain.
Mais ce n’est pas tant le contenu du décret, déjà vertement critiqué par une majorité de juristes et retoqué par plusieurs juridictions inférieures, qui importe ici. C’est l’architecture du pouvoir. Ce que la Cour suprême a validé, c’est un changement profond de la dynamique institutionnelle américaine : le président agit, les juges s’indignent — mais désormais, sans pouvoir empêcher quoi que ce soit. Le bras armé de l’exécutif passe, et les contre-pouvoirs lèvent mollement la main, pour la forme.
Évidemment, Trump a salué sur son réseau Truth Social une « gigantesque victoire ». Et il a raison. C’en est une. Une victoire sur les garde-fous, sur les mécanismes de contrôle et sur l’idée même que la loi puisse ralentir la volonté présidentielle.
J’en ai vu, j’en ai entendu, à l’automne dernier, répéter à l’envi que Donald Trump, revenu au pouvoir, serait plus modéré. Les mêmes, il y a encore quelque temps, soutenaient que jamais le 47ᵉ président américain n’oserait envoyer la Garde nationale en Californie, que jamais il ne s’en prendrait à un amendement aussi fondamental que le 14ᵉ et que la Cour suprême serait un garde-fou. On voit ce qu’il en est.
Je repense à tous ces débats, sur les plateaux ou ailleurs : « non, Trump ne s’en prendra pas aux universités. Jamais Columbia n’acceptera de mettre certains départements sous tutelle », « Trump n’osera pas fermer les médias publics, les agences de santé, le ministère de l’Éducation », « il ne pourra pas aller aussi loin », « le système l’en empêchera ». Mais le système, c’est lui désormais. Ou du moins, c’est lui — entouré de membres de la droite la plus radicale — qui en tient les manettes principales : la Maison-Blanche, le Congrès, une Cour suprême alignée, et bientôt, peut-être, encore plus d’États sous contrôle républicain.
La prochaine étape : les élections de mi-mandat. Et là encore, ainsi que je l’ai également expliqué dans une précédente correspondance, tout est prêt. Une offensive sur le droit de vote est en cours et la cartographie électorale est reconfigurée dans de nombreux États. Tout ce qui faisait de la démocratie américaine un modèle est lentement démantelé, pièce par pièce.
Trump ne se contente plus d’agir dans les marges. Il réécrit le cadre. Il impose sa lecture. Il transforme les exceptions en règles. Et chaque nouvelle victoire renforce cette dynamique. Nous ne sommes plus dans la dérive. Nous sommes dans la consolidation — et qu’on ne vienne pas encore me dire que je suis trop alarmiste.
En cette veille de 4 juillet, alors que l’Amérique s’apprête à célébrer son indépendance, sa liberté, sa Constitution, peut-être mes concitoyens américains devraient-ils s’interroger sur ce qu’il est en train d’advenir de tout cela. Une présidence forte, déterminée, capable d’imposer son rythme, désormais presque hors de portée des contre-pouvoirs — ce n’est plus une fiction. C’est notre réalité. Et elle s’enracine, jour après jour, dans un pays qui, en grande partie, préfère détourner le regard.
Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.
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