LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues MÉDIAS
Orient XXI
Souscrire à ce flux
Quotidien en ligne gratuit sans publicité, du Maroc à l’Afghanistan

Accès libre

▸ les 26 dernières parutions

03.10.2025 à 14:30

La Lettre

Émission spéciale d'Horizon XXI « 7 octobre 2025. Deux ans de guerre israélienne permanente », en direct sur Au Poste, le 7 octobre à partir de 18h Deux ans après le début de la guerre génocidaire que mène Israël contre Gaza, nous faisons le point sur le plan de Donald Trump, la situation dans les territoires palestiniens, mais aussi à l'intérieur de la société israélienne et dans le reste de la région. Pour cette émission de rentrée d'Horizons XXI, nous parlerons du nettoyage ethnique (…)

- Archives
Texte intégral (4649 mots)

Émission spéciale d'Horizon XXI « 7 octobre 2025. Deux ans de guerre israélienne permanente », en direct sur Au Poste, le 7 octobre à partir de 18h

Annonce d

Deux ans après le début de la guerre génocidaire que mène Israël contre Gaza, nous faisons le point sur le plan de Donald Trump, la situation dans les territoires palestiniens, mais aussi à l'intérieur de la société israélienne et dans le reste de la région. Pour cette émission de rentrée d'Horizons XXI, nous parlerons du nettoyage ethnique tous azimuts à Gaza mais aussi en Cisjordanie, des autres fronts ouverts par Israël dans la région, de politique intérieure israélienne et de complicité internationale, de Washington jusqu'à Paris.

L'émission sera également l'occasion pour le public d'Orient XXI et d'Au Poste de poser toutes ses questions sur la situation dans les territoires occupés à nos trois invitées : Alain Gresh, directeur et fondateur d'Orient XXI et d'Afrique XXI ; Nitzan Perelman Becker, docteure en sociologie politique et membre du collectif de recherche Yaani ; et Muzna Shihabi, ex-conseillère de l'OLP, chargée de développement au Centre arabe de recherches et d'études politiques (CAREP) de Paris.

Vous pouvez dès à présent nous envoyer vos questions à cette adresse : contact@orientxxi.info

7 octobre 2025, de 18h à 20h,
En direct sur le site d'Au Poste ou sur sa chaîne Twitch
Informations

« La France et l'Algérie de Bugeaud à Retailleau » : rencontre en visio interactive avec Alain Ruscio et Fabrice Riceputi, le 3 octobre à 20h sur histoirecoloniale.net

En mars 2025, évoquant des « Oradour » en Algérie, le journaliste Jean-Michel Aphatie faisait éclater au grand jour un phénomène bien connu des historiens du colonial et du postcolonial : la persistance, en dépit de leurs nombreux travaux, d'un solide déni national sur ce que fut réellement l'histoire coloniale de l'Algérie et, plus largement, celle de la colonisation en général. Davantage, la polémique a vu ressurgir chez certains des tentatives de réhabilitation du colonialisme, dans des temps où, de Trump à Poutine en passant par Netanyahou, se produit dans le monde un inquiétant revival du colonialisme et de l'impérialisme.

Les historiens Alain Ruscio et Fabrice Riceputi, tous deux historiens du colonial et membres de la rédaction d'histoirecoloniale.net, échangeront sur ces questions en visio et en direct le vendredi 3 octobre à 20h.

L'inscription — à prix libre — est nécessaire. Elle se fait en cliquant sur ce lien. Vous recevrez alors une adresse électronique pour poser des questions à l'avance, puis vous pourrez également intervenir ensuite sur le tchat de Zoom.

Soutenez Orient XXI

Orient XXI est un média en libre accès et sans publicité.
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don défiscalisé. Orient XXI vous en remercie par avance.

Dans le journal de bord de Gaza

Rami Abou Jamous et sa famille ont dû fuir leur appartement à Gaza-ville dans la nuit du 24 au 25 septembre. Ils ont trouvé refuge à Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza.
Il poursuivra l'écriture de son « Journal de bord de Gaza » dès que les conditions le permettront.

Les derniers articles

Meriem Laribi, 3 octobre
Si la manifestation de la solidarité avec la Palestine est moins criminalisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, les poursuites judiciaires pour des actes qui ont eu lieu à l'époque ne s'arrêtent pas. Le cas de Jean-François Daniau, retraité vivant dans le centre de la France, témoigne du harcèlement disproportionné où une critique d'Israël se transforme en appel à la haine contre les juifs.
inserer_>
Chris Den Hond, 2 octobre
En Syrie, les négociations continuent entre les nouvelles autorités syriennes et des responsables des Forces démocratiques syriennes (FDS) de l'autre. Les sujets sont nombreux : armée, contrôle des frontières, retour des déplacés, institutions, éducation, énergie, rôle des femmes. Mais l'écart entre les deux camps reste profond.
inserer_>
Ahmed Nadhif, 1er octobre
Il y a 40 ans, le 1er octobre 1985, l'aviation israélienne bombardait le quartier général de l'Organisation de libération de la Palestine à Hammam Chatt, dans la banlieue sud de Tunis. Cette opération aérienne reste, à ce jour, la plus éloignée jamais menée par Tel-Aviv. Les attaques de drones contre la flottille pour Gaza, amarrée au large de Tunis début septembre 2025, ont ravivé ce souvenir.
inserer_>
Olivier Cyran, 30 septembre
À rebours de l'Allemagne, l'Autriche n'a jamais connu de « dénazification » à proprement parler, aussi incomplète fût-elle. Son extrême droite d'après-guerre n'a pas eu à défier les interdits moraux qui étaient de mise en Allemagne. Depuis plus de quarante ans, le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), longtemps dirigé par des néo-nazis patentés, est solidement installé sur la scène politique autrichienne, a participé à cinq gouvernements de coalition, et est arrivé en tête des élections législatives de septembre 2024.
Le FPÖ et l'AfD allemande ont bien des points communs, malgré une histoire différente. Les deux partis se sont tous deux consolidés depuis le début de la guerre génocidaire livrée par Israël contre Gaza. Par quels ressorts ont-ils tiré profit de la guerre au Proche-Orient et de sa réception par le monde politique et médiatique, malgré un lourd passé antisémite ? Comment leur idéologie islamophobe et xénophobe a-t-elle fini par éclabousser l'ensemble de la classe politique ? Pour le comprendre, Orient XXI publie deux grands reportages. Après l'Allemagne lundi 29 septembre, notre envoyé spécial rend compte de ce qu'il a vu et entendu en Autriche. Illustration Willem.
inserer_>
Olivier Cyran, 29 septembre
Au sein d'une Europe en proie à la montée des extrêmes droites, l'Allemagne a longtemps fait figure d'exception. Du fait de son histoire, elle semblait sinon immunisée contre la tentation identitaire, du moins capable de la maintenir sous cordon sanitaire. Depuis quelques années cependant, les digues de la vertueuse exception germanique paraissent s'affaisser devant la montée du parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), qui constitue désormais la deuxième force du pays. À rebours de l'Allemagne, l'Autriche n'a jamais connu de « dénazification » à proprement parler, aussi incomplète fût-elle, et son extrême droite d'après-guerre n'a pas eu à défier les interdits moraux qui étaient de mise chez sa puissante voisine.
Différentes, les trajectoires de l'AfD et du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) se rejoignent pourtant sur un point : elles se sont toutes deux consolidées depuis le début de la guerre génocidaire livrée par Israël contre Gaza. Par quels ressorts ces partis ont-ils tiré profit de la guerre au Proche-Orient et de sa réception par le monde politique et médiatique, malgré un lourd passé antisémite ? Comment leur idéologie islamophobe et xénophobe a-t-elle fini par éclabousser l'ensemble de la classe politique ? Pour le comprendre, Orient XXI publie deux grands reportages en Allemagne et en Autriche (publication le 30 septembre).
inserer_>

Sur Afrique XXI

Augustine Passilly, 30 septembre
Après deux ans et demi de guerre, le Soudan est divisé : l'Ouest est sous le contrôle des Forces de soutien rapide et le reste du pays est aux mains de l'armée. Les deux gouvernements parallèles récemment installés manquent cependant de légitimité, malgré une façade civile.
inserer_>

Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. La flottille a été attaquée dans la nuit du 1er au 2 octobre par l'armée israélienne dans les eaux internationales. Les plus de 400 militants qui la composaient sont actuellement détenus par Israël.

Épisode 6
Zukiswa Wanner, 2 octobre
Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Se préparant à une interception imminente, à 24 heures de navigation des eaux où les flottilles précédentes ont été stoppées, elle explique ici pourquoi elle a pris la mer.

Recevez la prochaine chronique directement dans votre boite e-mail en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire ici.
inserer_>
Épisode 5
Zukiswa Wanner, 30 septembre
Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Attaquée dans la nuit du 23 au 24 septembre, la flottille repart de Grèce pour son ultime étape et s'attend à être de nouveau prise pour cible.

Recevez la prochaine chronique directement dans votre boite e-mail en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire ici.
inserer_>

Pour vous abonner à la Lettre d'Orient XXI en arabe, c'est ici

En anglais

Rami Abou Jamous, 29 September
Rami Abu Jamous is keeping a diary for Orient XXI. The founder of GazaPress, an agency which helped and translated for western correspondents, he had to leave his Gaza City apartment with his wife Sabah, her children, and their three-year-old son Walid, in October 2023, under threat from the Israeli army. They took refuge in Rafah, they were displaced to Deir el-Balah and later to Nusseirat. A month and a half after the announcement of the January 2025 ceasefire – broken by Israel on March 18 – Rami returned home with Sabah, Walid, and their new son Ramzi. With the ground invasion of Gaza City that began on September 16, Rami and his family had to leave once again. They returned to Nusseirat. For this diary of his, he has received two awards, the Prix Bayeux for war correspondents in the printed press category, and the Prix Ouest-France. This space has been dedicated to him in the French section of the site since 28 February 2024.
inserer_>

En italien

Rami Abu Jamous, 30 settembre
Rami Abu Jamous scrive il suo diario per Orient XXI. Giornalista fondatore di GazaPress, un'agenzia di stampa che forniva aiuto e traduzioni ai giornalisti occidentali, Rami ha dovuto lasciare il suo appartamento a Gaza con la moglie e il figlio Walid di due anni e mezzo. Rifugiatisi a Rafah, la famiglia è stata poi costretta a un nuovo esilio prima a Deir al-Balah, poi a Nuseirat, bloccata come tante famiglie in questa enclave miserabile e sovraffollata. Un mese e mezzo dopo l'annuncio del cessate il fuoco, Rami è finalmente tornato a casa con la moglie, Walid e il figlio appena nato, Ramzi. Per il suo Diario da Gaza, Rami ha ricevuto tre importanti riconoscimenti al premio Bayeux per i corrispondenti di guerra. Questo spazio gli è dedicato dal 28 febbraio 2024.
inserer_>
Laurent Perpigna Iban, 25 settembre
À Bilbao et dans le Pays basque, la solidarité envers la Palestine se manifeste intensément à travers des mobilisations, des messages politiques et historiques, témoignant d'une sensibilité particulière aux luttes d'oppression.
inserer_>

En espagnol

Laurent Perpigna Iban, 2 de octubre
Durante el paso por Bilbao de la Vuelta a España, el pelotón de ciclistas fue detenido a escasos kilómetros de la llegada por una marea de banderas palestinas. La imagen es un recordatorio de que, en el País Vasco, la solidaridad con Palestina ocupa un lugar especial. Ambos pueblos sin Estado tejieron vínculos a partir de su lucha por la liberación, pero ahora la relación cobra una nueva intensidad ante la situación en Gaza.
inserer_>

En persan

رامي أبو جاموس، 29 سپتامبر
رامی ابو جاموس یادداشت های روزانه خود را برای «اوریان ۲۱» می نویسد. او که بنیانگذار «غزه پرس» - دفتری که در ترجمه و کارهای دیگر به روزنامه نگاران غربی کمک می کند- است، ناگزیر شده با همسر و پسر دو سال و نیمه اش ولید، آپارتمان خود در شهر غزه را تحت فشار ارتش اسرائیل ترک نماید. پس از پناه بردن به رفح، رامی و خانواده اش مجبور شدند مانند بسیاری از خانواده ها که در این منطقه فقیر و پرجمعیت گیر افتاده بودند، مجددا به تبعید داخلی خود ادامه دهند.. او رویداد های روزانه خود را در این فضا برای انتشار در «اوریان ۲۱» می نویسد.
رامی برای این گزارش‌های محلی، جایزه مطبوعات نوشتاری و جایزه Ouest-France را در کادر جایزه Bayeux برای خبرنگاران جنگ دریافت کرد. این فضا از ۲۸ فوریه ۲۰۲۴ به او اختصاص یافته است.
inserer_>
Arab Digest، 27 سپتامبر
عربستان سعودی روابط خود را با تل آویو از طریق صندوق سرمایه گذاری عمومی خود (FIP ) توسعه داده است ، آنها با سهیم شدن در شرکت های اسرائیلی از اشغال فلسطین حمایت می کنند. این معاملات مالی، بخشی از یک طرح گسترده برای عادی سازی روابط با اسرائیل محسوب می شد، که به دلیل پیامد نسل کشی در غزه با تنش روبرو شده است.
inserer_>

03.10.2025 à 06:00

France. Huit mois de prison pour un geste de solidarité avec Gaza

Meriem Laribi

Si la manifestation de la solidarité avec la Palestine est moins criminalisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, les poursuites judiciaires pour des actes qui ont eu lieu à l'époque ne s'arrêtent pas. Le cas de Jean-François Daniau, retraité vivant dans le centre de la France, témoigne du harcèlement disproportionné où une critique d'Israël se transforme en appel à la haine contre les juifs. « Israël assassin, France complice », « Gaza : 20 (…)

- Magazine / , , , , ,
Texte intégral (1978 mots)

Si la manifestation de la solidarité avec la Palestine est moins criminalisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, les poursuites judiciaires pour des actes qui ont eu lieu à l'époque ne s'arrêtent pas. Le cas de Jean-François Daniau, retraité vivant dans le centre de la France, témoigne du harcèlement disproportionné où une critique d'Israël se transforme en appel à la haine contre les juifs.

« Israël assassin, France complice », « Gaza : 20 000 morts », « Nétanyahou devant la CPI ». Ce sont les phrases qu'inscrit Jean-François Daniau, fin 2023, sur le mur d'une friche industrielle, dans une rue très peu fréquentée de la ville de Sens, en Bourgogne. Cet ancien professeur d'art plastique, illustrateur, féru d'histoire, est frustré par l'interdiction des manifestations en solidarité avec les Palestiniens, en dépit de la violence de la répression israélienne.

Les inscriptions sont effacées une première fois, mais le retraité de 68 ans recommence. Les services de la mairie finissent par installer une caméra de surveillance au milieu des ordures et des carcasses de bateaux qui jonchent le lieu pour trouver le « malfaiteur ». Daniau est rapidement identifié, retrouvé, son domicile est perquisitionné pendant deux heures. Il est placé pendant huit heures en garde à vue, les mains menottées dans le dos durant toute la durée de son interpellation. Une expérience qu'il qualifie de « traumatisante » et de « douloureuse » physiquement. « Je n'ai pas eu droit à un avocat commis d'office, j'ai été mis dans une geôle et déshabillé, laissé pieds nus, sans lunettes, sans rien, avec le néon dans les yeux pendant huit heures […] ça sentait les ordures. Pour aller boire, il fallait aller dans les toilettes à la turque où régnait une odeur pestilentielle », raconte l'intéressé avant de tempérer : « Bon, ce n'est rien à côté de ce qui se passe à Gaza. »

D'un tag sur Israël à la haine contre les juifs

Le maire de Sens, Paul-Antoine de Carville (Les Républicains) décide de poursuivre le retraité en justice. Sous le choc devant la tournure que prennent les évènements, le retraité écrit à l'édile pour lui présenter ses excuses, exprimer ses regrets et proposer de payer les frais d'effacement de ses tags. Mais rien n'y a fait. La mairie maintient sa plainte et se constitue partie civile. Au procès, son avocat David Kahn, qui est aussi président de l'association cultuelle israélite de l'Yonne, réclame des amendes de 2 000 euros pour le préjudice matériel, 10 000 euros pour atteinte à la ville de Sens et 2 000 euros pour les frais irrépétibles, c'est-à-dire pour les frais d'avocat. Selon un témoin présent au procès, Kahn s'est montré « particulièrement vindicatif, il faisait valoir que Jean-François Daniau ayant des biens — une maison et une voiture —, il pouvait très bien les vendre pour s'acquitter des amendes réclamées dans sa plaidoirie ». Il aurait d'autre part déclaré que désormais, « Monsieur Daniau n'est pas le bienvenu dans la ville de Sens », au motif du « risque encouru par le public auprès duquel il enseignait dans ses ateliers de dessin ».

Le 3 octobre 2024, le retraité est condamné pour « provocation publique à la haine ou à la violence, en raison de l'ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il écope de huit mois de prison avec sursis, de 1 000 euros d'amende et doit effectuer un « stage de citoyenneté ». À cela s'ajoutent 1 000 euros d'indemnités à verser à la ville de Sens et 2 500 euros de préjudice et de frais de nettoyage, sans compter les frais de procédure.

Pour étayer cette accusation, la mairie a mis en exergue les deux S de « Israël assassin » que l'auteur avait tagués en imitant le symbole des SS nazis de la Schutzstaffel. Pour le tribunal, l'emploi de cette police d'écriture est « caractéristique d'un message de provocation à la haine ou à la violence à l'égard de la communauté juive ».

« Je n'ai jamais employé le mot juif », conteste le condamné. « C'est un désastre ce qui se passe là-bas. Je ne suis pas fier de mon pays, qui soutient partiellement. J'ai honte. Tous ces morts, ce n'est pas la guerre, c'est du massacre. »

Acharnement de la ville

Depuis, Jean-François Daniau a été licencié par l'association Avenue Indigo qui l'embauchait pour des cours à la Maison des associations de Sens. Cette interruption de contrat aurait été demandée par le maire lui-même. Le retraité décide alors d'écrire à nouveau à l'édile pour lui demander des explications.

Dans sa réponse en date du 12 novembre 2024 que nous avons pu consulter, Paul-Antoine de Carville admet avoir pris la décision, à l'issue du jugement, de restreindre l'accès du professeur aux locaux municipaux dans le cadre de ses activités annexes. Plus surprenant, le maire de Sens reproche à Jean-François Daniau de recourir à son droit de faire appel de sa condamnation : « Je ne peux que regretter que vous ayez choisi de contester le jugement initial alors même que vous avez reconnu être l'auteur des tags à caractère antisémite en question. » Or, si l'intéressé a bien reconnu être l'auteur des tags, il n'a jamais été question pour lui d'un quelconque acte antisémite.

Depuis le 7 octobre 2023, la justice française a grandement été mise à contribution afin de faire taire les voix qui s'élèvent dans la société pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, à tous les échelons. Les poursuites pour apologie du terrorisme ont touché des centaines de personnes, du militant aux députés, en passant par des professeurs, des étudiants, des chercheurs.

Reprise de l'argumentaire pro-israélien

Lors de son procès en appel qui s'est tenu au Palais de justice de Paris le 25 septembre 2025, Jean-François Daniau a tenté d'expliquer à la Cour, avoir voulu alerter sur le niveau de cruauté dont fait preuve l'armée israélienne à l'égard des Palestiniens.

Lors de cette audience à laquelle nous avons pu assister, David Kahn a ouvert sa plaidoirie en demandant pourquoi Jean-François Daniau ne s'intéressait pas aux Ouïghours, avant d'affirmer que « c'est parce qu'il n'y a pas de juifs », reprenant ainsi à son compte l'argumentaire pro-israélien « No jews, no news » (pas de juifs, pas d'information), qui explique la solidarité avec la Palestine par une obsession des juifs. L'avocat de la ville de Sens qualifie l'accusé d'« historien de pacotille » et conclut sa tirade en assurant que « ce que fait Israël à Gaza est contesté » mais que « ce qui n'est pas contesté en revanche, c'est ce qu'il s'est passé le 7 octobre où un bébé a été mis dans un four ». Un brouhaha s'élève alors dans la salle en signe de protestation contre cette fausse information qui avait été largement relayée, à l'automne 2023, par les réseaux pro-israéliens.

Dans ses réquisitions, le procureur a lui aussi reproché à Jean-François Daniau de ne pas parler des Ouïghours, du Soudan et des otages israéliens, tout en affirmant qu'il avait le droit d'avoir ses sensibilités. S'il a rappelé qu'il n'y avait ni de délit d'opinion ni de délit politique, il a néanmoins ajouté en s'adressant à l'enseignant retraité : « Mais vous avez dépassé les limites. »

Venant enfin à la graphie SS dans « Israël assassin », le procureur a affirmé que Jean-François Daniau ne pouvait ignorer que ce signe renvoyait au génocide juif, comme si l'accusé faisait l'apologie du nazisme en l'employant. Ce dernier niant revendiquer une telle démarche, le procureur lui a signalé qu'il y avait des antisémites dans les manifestations où il se rendait, même si « ce n'est peut-être pas » son cas. L'homme se retrouve ainsi à devoir répondre même de l'éventuel antisémitisme des autres.

« Comment peut-on se détacher autant du message et du contexte pour arriver à dire que le seul usage de la police SS suffit à caractériser un appel à la haine ? », a demandé l'avocate de Jean-François Daniau à la Cour. « L'utilisation de la typographie SS pour accuser le gouvernement israélien devient, devant ce tribunal, une glorification du nazisme. Comment en est-on arrivé à lui reprocher de promouvoir les actes qu'il entend dénoncer ? », s'est étonnée Me Amel Delimi en demandant la relaxe de son client qui « paie cher » son engagement en étant « mis au ban de la société ».

Au procès en appel, le procureur a demandé la confirmation de la condamnation de Jean-François Daniau. Il a également souhaité que le stage de citoyenneté soit effectué au Mémorial de la Shoah, achevant de transformer le simple geste d'une solidarité avec Gaza en un acte antisémite. Le délibéré sera rendu le 30 octobre 2025.

02.10.2025 à 09:12

De Tunis à Gaza. « Pourquoi j'ai pris la mer »

Zukiswa Wanner

Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Se préparant à une interception imminente, à 24 heures de navigation des eaux où les flottilles précédentes ont été stoppées, elle explique ici pourquoi elle a pris la mer. Recevez la prochaine chronique directement dans votre boite e-mail en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire ici.

- Magazine
Lire plus (150 mots)

Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Se préparant à une interception imminente, à 24 heures de navigation des eaux où les flottilles précédentes ont été stoppées, elle explique ici pourquoi elle a pris la mer.

Recevez la prochaine chronique directement dans votre boite e-mail en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire ici.

15 / 26
  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
Le Canard Enchaîné
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE ‧ RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord ‧ Proche-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT ‧ INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Hors-Serie
L'Insoumission
Là-bas si j'y suis
Les Jours
LVSL
Médias Libres
Politis
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Curation IA
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
🌓