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17.06.2025 à 13:29

Une commission d'enquête pour rien

Alain Garrigou

La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a donné lieu à un étrange spectacle de duel tempéré entre son Président et son rapporteur. Cela ne changera pas l'image traditionnelle des commissions d'enquête où chacun poursuit ses buts partisans plus qu'une quelconque vérité. Selon une division du travail classique des commissions, le calme tranchait avec les coups de sang des séances parlementaires. Malgré le sujet qui intéressait également les élus, on pouvait supposer que (...)

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Texte intégral (641 mots)

La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a donné lieu à un étrange spectacle de duel tempéré entre son Président et son rapporteur. Cela ne changera pas l'image traditionnelle des commissions d'enquête où chacun poursuit ses buts partisans plus qu'une quelconque vérité. Selon une division du travail classique des commissions, le calme tranchait avec les coups de sang des séances parlementaires. Malgré le sujet qui intéressait également les élus, on pouvait supposer que certaines divergences existaient entre Thomas Cazenave, membre du parti présidentiel, et son rapporteur Antoine Léaument, à l'origine de cette commission, membre de LFI. Elles n'apparaissaient guère. Mais...

L'enquête se focalisa rapidement sur les sondages en donnant à son titre une définition fort restrictive. Le rapporteur s'attachait obstinément à faire la preuve d'un désavantage systématique des sondages sur les intentions de voix contre son leader Jean-Luc Mélenchon en se focalisant sur la question des redressements et en donnant ainsi au débat un tour technique, plutôt ennuyeux et très secondaire dans les critiques scientifiques des sondages. Quant au Président, il présidait en se chargeant surtout de passer la parole. Significativement, les questions des députés aux personnes auditionnées étaient souvent des exposés de leurs propres idées plus que des questions. Il n'est pas si facile de questionner quand la politique consiste à donner des réponses.

Le modus vivendi se brisa finalement quand à la suite de la présentation du rapport, le Président livra enfin un avis totalement opposé à celui du rapporteur : « Rien ne m'a convaincu dans les auditions, longues, que nous avons faites qu'il y avait un biais des sondeurs », avant de rappeler qu'« il y a une grande diversité chez les sondeurs, il y a finalement une grande concurrence, il y a des techniques professionnelles, il y a une commission des sondages qui les vérifie ». Cet avis sans motif ni démonstration, sinon la conviction, est une opinion comme une autre. Pas tout à fait cependant car il vient d'un commanditaire de sondages. Pendant les travaux de la commission d'enquête, le parti Renaissance, autrement dit Thomas Cazenave, commandait un sondage sur les candidats potentiels à l'élection municipale de Bordeaux. Proposant aux enquêtés un choix partiellement arbitraire de candidats, le sondage désignait Thomas Cazenave comme le candidat le mieux placé pour affronter le maire sortant Pierre Hurmic. Il était peut-être surtout mieux placé que sa rivale interne du parti présidentiel, Nathalie Delattre, sénatrice et ministre déléguée chargée du tourisme. Sous l'apparence de la neutralité factuelle, le quotidien régional Sud Ouest (18 avril 2025) se fit l'écho plutôt complice de ce sondage performatif visant à imposer la candidature de Thomas Cazenave.

Le mélange des genres qui fait d'un président de commission parlementaire le défenseur des sondeurs dont il est le client en plein travaux parlementaires sur le sujet posera à certains des doutes déontologiques. Cette dérive n'est pourtant qu'une métaphore de la transaction systémique entre les sondeurs et leurs clients politiques. Pour cette raison, il ne faut pas beaucoup espérer de la critique des sondages. Celle-ci concerne trop les intérêts des dirigeants politiques pour qu'ils ne cherchent pas les bonnes grâces des sondeurs. Comme d'habitude la commission des sondages n'y vit pas malice. Finalement, après beaucoup d'heures d'auditions, le Président avouait avoir perdu son temps. Et le nôtre ?

AG

17.06.2025 à 13:28

Le diable se cache dans les détails

Alain Garrigou

Ecouter les heures d'audition d'une commission d'enquête est assez austère pour prendre en défaut. La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a pourtant retenu l'attention de la presse à cause d'une absence, celle de l'homme d'affaires Pierre-Edouard Stérin, exilé fiscal en Belgique mais financier en France de think tanks d'extrême droite (Hexagone, Périclès). Il aurait craint pour sa sécurité physique au Palais Bourbon. Le portail de l'Assemblée Nationale garde en mémoire les deux (...)

- L'opinion « ça se travaille » / , , , , , , , ,
Texte intégral (742 mots)

Ecouter les heures d'audition d'une commission d'enquête est assez austère pour prendre en défaut. La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a pourtant retenu l'attention de la presse à cause d'une absence, celle de l'homme d'affaires Pierre-Edouard Stérin, exilé fiscal en Belgique mais financier en France de think tanks d'extrême droite (Hexagone, Périclès). Il aurait craint pour sa sécurité physique au Palais Bourbon. Le portail de l'Assemblée Nationale garde en mémoire les deux rendez vous non honorés. Depuis lors, les auditions sont closes dans les limites légales du temps d'une commission parlementaire d'enquête. On ne sait si des sanctions seront prises à l'encontre du milliardaire comme le président de la Commission Thomas Cazenave en a brandi la menace.

Un épisode analogue a eu lieu sans défrayer la chronique. A l'occasion de l'audition du Président et du secrétaire général de la Commission des sondages, le rapporteur Antoine Léaument a signalé le refus du sondeur CSA d'être auditionné au motif qu'il ne faisait pas de sondages électoraux. Il est vrai que pour l'heure, l'ancien sondeur a été acheté par le groupe Bolloré et après une inactivité de quelques années, en quelque sorte en réserve du groupe, il publie régulièrement des sondages sur les opinions des Français, aux sujets et libellés soigneusement choisis pour donner des majorités acquises aux positions très conservatrices dument relayées par les médias du groupe Bolloré (Europe 1 Cnews, JDD, etc). Ce qui fait ce beaucoup de monde. En outre le sondeur ne se prive pas de faire des sondages de popularité sur les dirigeants politiques français pour lesquels il est impossible de ne pas identifier des manœuvres préélectorales. L'attention de la commission des sondages aurait été récemment alertée par cette anomalie corrigée selon son Président lors d'une réunion de mars 2025. Pourtant, la commission des sondages avait été interpellée jusque dans son sein sur cette définition restrictive des sondages électoraux. Sans vouloir entendre. Il suffisait de se rapporter à l'article 1 de la loi de 1977 modifié par la loi n°2016-508 du 25 avril 2016 :
« Un sondage est, quelle que soit sa dénomination, une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d'une population par l'interrogation d'un échantillon.
Sont régis par la présente loi les sondages publiés, diffusés ou rendus publics sur le territoire national, portant sur des sujets liés, de manière directe ou indirecte, au débat électoral ».

On est surpris que des juristes du Conseil d'Etat aient besoin d'une réunion pour décider d'appliquer un texte datant de neuf ans. Remarquablement, dans leur appétence pour le légalisme, les conseillers d'Etat citant les textes légaux à foison, ont oublié l'article définissant le périmètre de leur compétence. Il est pourtant clair que le législateur avait élargi sciemment le champ de compétence de la commission des sondage et que la commission a préféré ignorer au cours de plusieurs années. Les sondages entrent donc dans le champ de contrôle de la commission. Conclusion implicite, le sondeur devait déférer à la convocation d'une audition. La encore, on ne sait si des pénalités seront prononcés contre les récalcitrants. Encore plus que pour le cas Stérin, elles devraient prendre en compte une autre faute, un mensonge devrait-on dire puisque, s'il est bien vrai que CSA ne fait plus guère de sondages électoraux, il en fait tout de même comme le révèle la liste des notices techniques enregistrées par la Commission des Sondages. Par une lettre du 19 février 2025, le Président de CSA envoyait à la commission des sondages une notice technique d'un sondage sur « L'organisation d'un référendum sur l'Immigration » diffusé sur CNews, Europe et le Journal du Dimanche.

AG

25.05.2025 à 19:34

Sondage toc

Qui répond à ce genre de sondages ? [1]
Sondeur Bolloré, sondés Bolloré tout simplement .

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Qui répond à ce genre de sondages ? [1]

Sondeur Bolloré, sondés Bolloré tout simplement .


[1] Cnews : télé Bolloré

18.05.2025 à 18:09

Présidentielle pour du beurre ?

Depuis 20 ans les élections et notamment la présidentielle donnent lieu à l'un des exercices les plus « remarquables », et au bas mot les plus contestables, de la part des sondeurs : des intentions de vote, c'est comme cela qu'ils continuent de les appeler, alors qu'aucun scrutin de ce type n'est prévu ci n'est dans un avenir lointain, voir très lointain.
Deux ans, les derniers sondages en la matière, qu'il s'agisse de J. Bardella testé seul, avant que M. Le Pen « obtienne » aussi « son » un sondage, de (...)

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Texte intégral (545 mots)

Depuis 20 ans les élections et notamment la présidentielle donnent lieu à l'un des exercices les plus « remarquables », et au bas mot les plus contestables, de la part des sondeurs : des intentions de vote, c'est comme cela qu'ils continuent de les appeler, alors qu'aucun scrutin de ce type n'est prévu ci n'est dans un avenir lointain, voir très lointain.

Deux ans, les derniers sondages en la matière, qu'il s'agisse de J. Bardella testé seul, avant que M. Le Pen « obtienne » aussi « son » un sondage, de J.L. Mélenchon, d'E. Philippe, B. Retailleau, G. Attal, M. Tondelier, R. Glusksmann, etc. Tous les sondeurs s'y sont mis, ou presque. Qu'il soit encore une fois bien clair qu'il ne s'agit nullement d'intentions de vote. Les sondeurs le savent bien mais ils n'en démordent pas. Ils continueront à appeler « intentions de vote » alors que tout le monde sait, où devrait savoir, que les résultats de ces sondages ne sont ni plus ni moins que des artefacts, parmi les plus représentatifs de la notion, pour rester poli. Et avec eux, on ne va pas les oublier, les médias et les politiques qui les commandent le cas échéant.

On pose une question et on obtient une réponse. C'est aussi simple que cela. La question posée est-elle pertinente (au moment où elle posée, par exemple) ?, l'échantillon est-il représentatif ? Les candidat(e)s sont ils connu(e)s ?, pour se limiter à des questionnements que l'on espère un peu familiers des lecteurs.

Non ! Bien sûr. Alors pourquoi ? Pour apporter une information comme le prétend une fois encore B. Teinturier (commission parlementaire sur l'organisation des élections en France), ? Pour alimenter le fil de l'actualité politique, des chaines d'info notamment ? Pour tenter de peser sur les états majors des partis ? Comme a tenté de le faire T. Cazenave, à titre d'exemple symptomatique, le Président de la commission parlementaire des élections en France, qui a commandé un sondage - un an avant les élections municipales de Bordeaux -, on est à peine surpris...

Rien n'est trop bon pour sélectionner le personnel politique et réduire à la portion congrue le « choix » des électeurs. En délivrant des nouvelles imparfaites encore à affiner comme les prétendent les sondeurs ? Non, il n' y a rien d'imparfait à cela, c'est tout juste faux, les inconnues étant multiples et de différentes natures. Il s'agit donc bien de fausses nouvelles.

12.05.2025 à 07:34

Sondages : Qui commande ?

Point longtemps obscur de l'économie des sondages : qui paie ? On faisait comme si les sondages publiés étaient commandés et payés par les médias qui les publiait. Les réticences à lever le voile sont compréhensibles. On sait que les médias ne paient généralement pas les sondages qu'ils publient. Reconnaître leur caractère gratuit ou plutôt l'échange de service entre un sondeur et un journal aurait jeté un doute sur la fiabilité. A plus forte raison si le sondage était financé par un commanditaire discret et (...)

- Actualité / ,
Texte intégral (1071 mots)

Point longtemps obscur de l'économie des sondages : qui paie ? On faisait comme si les sondages publiés étaient commandés et payés par les médias qui les publiait. Les réticences à lever le voile sont compréhensibles. On sait que les médias ne paient généralement pas les sondages qu'ils publient. Reconnaître leur caractère gratuit ou plutôt l'échange de service entre un sondeur et un journal aurait jeté un doute sur la fiabilité. A plus forte raison si le sondage était financé par un commanditaire discret et intéressé directement intéressé à produire certains résultats comme un candidat ou un parti. Ainsi la presse publiait elle des sondages avec la double mention sondeur – journal. La commission des sondages s'en accommodait. Il a fallu insister pour que ce régime d'opacité change. Le parlement a finalement adopté une proposition de loi qui imposait avec d'autres modifications de mentionner le nom du commanditaire (loi du 25 avril 2016, art. 2). Et nourrie de scepticisme sur la bonne exécution du changement, la réforme précisait que le nom du payeur devait être indiqué si le commanditaire n'était pas le payeur. Manière d'anticiper des intermédiaires de façades. On a donc vu apparaître dans la presse des sondages où le nom du sondeur était indiqué, avec celui du commanditaire mais pas celui du journal sauf s'il était censé avoir participé financièrement ou pratiquement au sondage.

La réforme du 25 avril 2016 imposait aussi la publicité des questions et l'accès généralisé aux notes techniques. Il aurait été possible de faire une enquête sur celles-ci. Encore aurait-fallu en avoir les moyens. La boite noire de la fabrication des sondages restait encore obscure quant à la formulation des questions. Publier ces questions est une chose, savoir comment elles sont imposées, au terme de quelles transactions entre le sondeur et le commanditaire, est difficile à savoir. Les sondeurs ont inlassablement répété que les commanditaires posent leurs questions et qu'eux-mêmes les formulent ou reformulent pour être conformes à des critères méthodologiques. Ils disposent d'ailleurs d'anecdotes parfois plaisantes pour corroborer leur propos. Ne pas les croire eut été de toute façon impoli.

Dans de tels cas, il faut attendre l'événement propice pour briser la glace de l'inconvenance. Le journal Le Monde (8-9 mai 2025) s'est fait l'écho d'un incident concernant la publication d'un sondage Ifop commandité par un think tank Hexagone. Portant sur les intentions de vote pour les élections présidentielles de 2027, celui-ci testait l'hypothèse d'une candidature Bardella mais pas de Marine Le Pen. La connaissance du commanditaire réel Hexagone, financé par Edouard Louis Stérin, un milliardaire d'extrême droite, éveillait plus que des soupçons. Marine Le Pen s'en émut et demanda au commanditaire de faire un sondage supplémentaire pour tester l'hypothèse de sa candidature. Sa condamnation à l'inéligibilité, quoique suspendue par l'interjection en appel, fut invoquée pour justifier l'oubli. Le sondage supplémentaire fut bien effectué.

Nul n'était dupe de cette manipulation relativement banale dans l'univers des sondages. Certaines ont laissé une trace comme les candidatures initiées par les sondages relayés par les médias, comme avec Ségolène Royal et 2006-2007, ou Eric Zemmour en 2022. Au moins la révélation légale de l'identité du commanditaire permet-elle aujourd'hui de mieux dévoiler.

Opportunément, une commission d'enquête parlementaire poursuivait ses travaux sur l'organisation des élections et se penchait notamment sur les sondages. Elle avait justement décidé de l'audition du directeur du think tank Périclès dont Horizon était une émanation. L'épisode du sondage offrait un cas spécialement intéressant pour aborder la question de l'action d'un think tank financé par un riche activiste au regard de la législation sur le financement politique, Le moins qu'on puisse dire est que le directeur du think tank n'a pas apporté de réponses probantes mais des formules générales et des protestions de bonne foi (Commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections,, 6 mai 2025). Le hasard du calendrier voulut que le sondeur fut auditionné le lendemain. On sait que les sondeurs sont préparés à ce genre d'exercice et les observateurs peuvent deviner par avance les arguments. En l'occurrence comment Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, allait-il justifier l'absence de Marine Le Pen et cet étrange opération d'un sondage correctif ? La réponse fut à nouveau lénifiante : il ne voyait pas en quoi il était gênant pour lui de faire un nouveau sondage puisque le commanditaire le lui demandait (Commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections, 7 mai 2025). Autrement dit, le commanditaire commandait les questions, en omettant un nom dans un premier temps d'abord, en le rajoutant ensuite.

Contre l'apparence, il n'était pas anodin de dissiper le flou sur la réalisation d'un questionnaire. Le maître d'œuvre était le payeur et le sondeur un simple prestataire de service. Autrement dit, le commanditaire des sondages l'est doublement : il paie les sondages et il décide des questionnaires. Or les sondages d'intentions de vote contribuent à définir l'offre politique comme nul ne peut plus l'ignorer. Sinon, on comprendrait mal que des candidats s'y intéressent au point de les payer quand ils le peuvent. Ce constat a été longtemps dénié par les sondeurs qui voulaient éviter les accusations d'ingérence avant qu'ils acceptent plus volontiers ce rôle en plaidant leur utilité démocratique. Mais qu'en est-il s'ils participent délibérément à des opérations manipulatoires ? On ne peut suivre les plaidoyers de bonne foi habituels – l'instrument n'est pas parfait mais on s'applique à l'améliorer - prononcés devant la commission d'enquête parlementaire. Ce serait faire injure à leur intelligence de croire qu'ils ne savent pas ce qu'ils font en payant ou en étant payés. Par leur objectif évident et plus ou moins avoué, ces sondages biaisés échappent aux règles sur le financement politique et participent à un espace de désinformation. Encore faut-il que l'on cesse de fermer les yeux sur ces entorses au fair play démocratique.

06.04.2025 à 14:26

Une communauté autiste

Ils sont venus, ils étaient tous là, les sondeurs invités à être auditionner devant la commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections. Trois heures de catéchisme ont été infligés à la commission.
Pas un soupçon de désaccord entre des « instituts » qu'on aurait pu croire concurrents. Pas un soupçon de doute non plus. Ils se connaissent bien et s'appellent tous par leur petit nom et se tutoient. Imperturbablement, ils disent la même chose depuis une trentaine d'années. Les sondages (...)

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Ils sont venus, ils étaient tous là, les sondeurs invités à être auditionner devant la commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections. Trois heures de catéchisme ont été infligés à la commission.

Pas un soupçon de désaccord entre des « instituts » qu'on aurait pu croire concurrents. Pas un soupçon de doute non plus. Ils se connaissent bien et s'appellent tous par leur petit nom et se tutoient. Imperturbablement, ils disent la même chose depuis une trentaine d'années. Les sondages contribuent à la démocratie avec, au passage, un petit coup de pied sans risque contre les régimes autoritaires où l'on ne fait pas de sondages (c'est faux mais tant pis). El la contribution aux régimes pluralistes ?

Décisive. Comment ferait-on s'il n'y avait pas des sondages sur les intentions de vote pour choisir les candidats (même si on l'a fait pendant un siècle par le vote des militants) ? Qui inviterait-on sur les plateaux ? Des questions sur les échantillons ? Ils sont bien fait et nous travaillons à les améliorer. La transparence ? Ce serait ajouter à la confusion. Comment caractériser une communauté professionnelle aussi unanime ? Une communauté autiste ? Un bel exemple d'objet sociologique qui trouvera bientôt son chercheur.

03.04.2025 à 17:10

Le RN pris à son propre piège

Le sondage de l'Ifop, à défaut de transporter d'aise M. Le Pen, ne pouvait cependant que lui plaire et la conforter dans sa situation de victime du « système » (le Jdd, 30 mars 2025). Selon les hypothèses, elle totalise entre 34 et 37% des voix au premier tour de la présidentielle de 2027. « Soit 14% de plus qu'en 2022 » précise (avec gourmandise ?) F. Daby (DG de l'Ifop). Peu importe qu'à deux ans du premier tour de tels sondages ne valent strictement rien, ou que les sondés qui ne se prononcent pas (...)

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Le sondage de l'Ifop, à défaut de transporter d'aise M. Le Pen, ne pouvait cependant que lui plaire et la conforter dans sa situation de victime du « système » (le Jdd, 30 mars 2025). Selon les hypothèses, elle totalise entre 34 et 37% des voix au premier tour de la présidentielle de 2027. « Soit 14% de plus qu'en 2022 » précise (avec gourmandise ?) F. Daby (DG de l'Ifop). Peu importe qu'à deux ans du premier tour de tels sondages ne valent strictement rien, ou que les sondés qui ne se prononcent pas représentent 30% de l'échantillon final. Quand il s'agit de compter et de mobiliser ses voix, les questions qui obèrent la validité d'un sondage n'importent jamais. Le problème, car il y en a « un », c'est que M. Le Pen, n'avait, peut-être, pas prévu qu'Elabe en ferait lui aussi un sur la décision de justice. Les « joies » du sondage en ligne (Elabe, BFMTV, 31 mars).

« 57% des Français estiment que la décision de justice est normale aux vues des faits reprochés à M. Le Pen ». La « volonté du peuple » n'a marché, si l'on peut dire, que quelques heures. Pour se contredire, plus exactement, pour être battu en brèche par un autre sondage tout aussi...« valable ». L'application de inéligibilité de 5 ans étant exécutoire immédiatement malgré l'appel de la décision (c'est la loi). Ce n'est donc à tout le moins pas une condamnation politique, bien évidemment. Rappelons que même le FN d'alors n'avait pas manqué de voter avec l'ensemble des députés, cette disposition législative. Quoi de plus représentatif en effet qu'une décision « anti-élite » aux yeux du FN (réduit en nombre mais pas en voix, M. L. Pen était députée) que cette mesure aujourd'hui honnie.

Ne reste que la violence qui n'a pas tardé à éclater. Des incitations aux meurtres des juges concernés, aussitôt suivies en réponses par l'ouverture d'enquêtes du parquet. Les réactions des politiques n'ont pas manquées également, au premier rang desquels celle E. Macron. « La justice est indépendante et doit être protégée » (Le Monde, 2 avril). J-L. Mélenchon quant à lui continue son long naufrage. Il a rejoint les critiques de M. Le Pen. « La décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». « L'appel au peuple » comme toujours. Qui se ressemble se rejoigne à défaut de s'assembler. Mais les ennuis judiciaires qui s'accumulent sur la tête du leader de LFI ne sont sans doute pas étranger à cette déclaration.

Des manifestations de colère (de protestation) sont prévues ses prochains jours. « On ne va pas faire le 6 février 1934 » ironisait-on au RN en référence, ce jour là, aux actions violentes organisées par des ligues d'extrêmes droites. « Ce n'est pas un coup de force » se défendait J. Bardella mercredi 2 avril (Le Monde 2 avril). On verra bien. L'entreprise dé-diabolisation menée avec maints efforts, et d'atermoiements, va-elle enfin compte se dégonfler ? On verra là encore, mais le RN n'est pas composé que de ses électeurs potentiels, loin s'en faut. Les sondeurs l'ont-ils oublié ?

17.03.2025 à 13:37

Des nouvelles de la Commission des sondages

La commission des sondages n'intervient pour ainsi dire jamais dans l'espace publique ou dans la presse. Aussi son audition récente par la commission d'enquête parlementaire sur les élections créée juste après les législatives de 2024 nous est apparu utile. Précisons toutefois qu'un tableau (très) critique de son activité avait été dressé juste avant son intervention, par Jean Pierre Sueur (ancien ministre, ancien sénateur), Luc Bronner (Le Monde) et Alexandre Dézé (professeur science politique) toujours (...)

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Texte intégral (523 mots)

La commission des sondages n'intervient pour ainsi dire jamais dans l'espace publique ou dans la presse. Aussi son audition récente par la commission d'enquête parlementaire sur les élections créée juste après les législatives de 2024 nous est apparu utile. Précisons toutefois qu'un tableau (très) critique de son activité avait été dressé juste avant son intervention, par Jean Pierre Sueur (ancien ministre, ancien sénateur), Luc Bronner (Le Monde) et Alexandre Dézé (professeur science politique) toujours devant la même la commission.

Rappelons que pour un organisme public chargé avant tout « d'assurer l'objectivité et la qualité » on pourrait s'étonner qu'elle n'est jamais donné lieu à une condamnation, si petite soit elle, alors qu'elle en a la possibilité légale.

Les réponses de la commission sont toujours marquées par son juridisme et son légalisme. La mention et son rappel (encore et toujours), à la loi et ses diverses amendements intervenus depuis son adoption. Pour le « reste », à savoir le travail concret, au jour le jour de l'organisme, composé essentiellement de personnes incompétentes en matière des sondages, aucun mot. Qui sont les deux experts qui oeuvrent de fait pour son compte dans leurs bonnes relations avec les sondeurs ? Non plus.

La commission, aujourd'hui (comme hier), n'est donc qu'une chambre de blanchiments de leur « bonne volonté ». A en croire son président et son secrétaire général, les sondages, contrairement aux assertions de J-P. Sueur (ancien ministre et ancien sénateur), L. Bronner, et encore plus de A. Dézé, sont de bien meilleure qualité qu'avant (au temps du face à face ou du téléphone). Et ce grâce à son contrôle. Ils se sont même « permis » de ne pas répondre à certaines questions.

Un petit scoop pourtant. Pour améliorer, encore plus si l'on peut dire (à l'impossible nul n'est tenu) la qualité des sondages, une rencontre avec les critiques des sondages est prévue. D'ici peu ? Ce serait une première en plus de cinquante ans d'existence. Faut-il s'attendre à qu'A. Garrigou soit entendu ?

https://videos.assemblee-nationale.fr/video.16393675_67d2959b916ff.organisation-des-elections-en-france--m-jean-gaeremynck-president-de-la-commission-des-sondages--13-mars-2025

https://videos.assemblee-nationale.fr/video.16389317_67d1c26cbe42d.organisation-des-elections-en-france--m-alexandre-deze-professeur-de-science-politique-a-l-univer-12-mars-2025

https://videos.assemblee-nationale.fr/video.16384052_67d19146cb198.organisation-des-elections-en-france--m-jean-pierre-sueur-ancien-ministre-et-m-hugues-portelli-12-mars-2025

07.01.2025 à 05:32

J.J. Goldman encore et toujours

Comme tous les ans à pareille époque l'Ifop établit son palmarès des personnalités de l'année. Comme tous les ans, ou presque, c'est J.J. Goldman qui figure en tête de liste, Quelques apparitions ou remontées ci et là, mais c'est toujours ce chanteur de variétés, qui n'officie plus depuis au moins 20 ans qui tient la place (à son corps défendant faut-il le rappeler).
Parmi les promis on notera la présence de quelques couronnés des derniers jeux olympiques, le judoka Teddy Riner (3e) ou le nageur Léon (...)

- La fabrique des sondages
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Comme tous les ans à pareille époque l'Ifop établit son palmarès des personnalités de l'année. Comme tous les ans, ou presque, c'est J.J. Goldman qui figure en tête de liste, Quelques apparitions ou remontées ci et là, mais c'est toujours ce chanteur de variétés, qui n'officie plus depuis au moins 20 ans qui tient la place (à son corps défendant faut-il le rappeler).

Parmi les promis on notera la présence de quelques couronnés des derniers jeux olympiques, le judoka Teddy Riner (3e) ou le nageur Léon marchand (5e). Les « anciens » tels F. Pagny, un autre chanteur de variétés (à la retraite lui aussi), ou S. Marceau sont (pourrait-il en être autrement ?) sont toujours là, bien sûr. Des nouveautés ? Oui, la dixième et onzième places sont occupées par J. Bardella et M. Le Pen. Comme quoi ce palmarès serait bien, du moins d'après son DG F. Daby, en phase avec la société française.

Gageons qu'il s'agit plus vraisemblablement d'un palmarès dressé par une frange d'internautes plutôt « congelée » et « peu soucieuse » du temps qui passe, ou plus simplement encore sans imagination ou volonté de contradiction (n'oublions pas qu'une pré-liste est soumise à ces sondés). Qui voudrait sérieusement, si c'est possible, participer à ce type palmarès, si ce n'est la France que l'on dit profonde, c'est à dire en grande partie imaginaire ou fantasmée.

29.12.2024 à 06:53

Faire l'opinion

Pour donner de la consistance au titre du livre classique de Patrick Champagne, un récent sondage après bien d'autres suffit à illustrer comment s'y prendre. Le JDD publie un sondage de CSA, tous les deux propriétés de M. Bolloré, qui établit que près des deux tiers jugent la justice partiale
Que connaissent les sondés à la justice pour la juger partiale ? Avec un tel sondage, un petit test de connaissance serait intéressant. A côté de cette objection, les critiques techniques sont peut-être secondaires. (...)

- L'opinion « ça se travaille »
Lire plus (121 mots)

Pour donner de la consistance au titre du livre classique de Patrick Champagne, un récent sondage après bien d'autres suffit à illustrer comment s'y prendre. Le JDD publie un sondage de CSA, tous les deux propriétés de M. Bolloré, qui établit que près des deux tiers jugent la justice partiale

Que connaissent les sondés à la justice pour la juger partiale ? Avec un tel sondage, un petit test de connaissance serait intéressant. A côté de cette objection, les critiques techniques sont peut-être secondaires. Néanmoins...

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