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Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 25.11.2025 à 13:11

daniel Oriol

Le syndicat CGT Trédi Salaise s’est réuni au foyer Henri-Barbusse, à Roussillon, en présence de vingt-sept adhérents, quatre représentants du syndicat CGT Trédi Saint-Vulbas (autre entité de la SAS Trédi appartenant à Séché Environnement), du secrétaire général de l’UL Roussillon Beaurepaire, Anthony Martinez, et d’une représentante de l’union départementale, la FNIC-CGT étant excusée. Au menu, un ordre du jour très chargé.

Adrien Poirieux , secrétaire du syndicat, a ainsi présenté un rapport d’ouverture mêlant actualités et retour sur le bilan de l’ensemble des actions que la CGT Trédi Salaise a menées au cours des trois dernières années. Il a relevé une implication importante dans le fonctionnement global et les structures de la CGT (UL, UD, fédération) où des membres du syndicat siègent dans les instances décisionnaires.

Un syndicat devenu majoritaire et des luttes victorieuses

Le trésorier a, lui, détaillé les comptes du syndicat. Un exercice particulièrement difficile, chaque euro dépensé devant être issu d’une décision collective préalable, avec un justificatif associé de manière systématique. La commission financière de contrôle a toutefois constaté que tout était parfaitement en ordre et que les dépenses s’inscrivaient toutes dans des démarches de luttes, de formation ou de participation aux évènements organisés par les structures.

Le site Trédi de Salaise-sur-Sanne, dans le Nord-Isère. © Séché Environnement

Le syndicat a également fait un point quant aux objectifs qu’il s’était fixé trois ans auparavant. À savoir gagner les élections professionnelles, avoir une vie syndicale régulière, réaliser des plans de formation ambitieux, gagner sur les luttes internes sur les salaires et conditions de travail (liste non exhaustive).

À ce niveau, la CGT Trédi Salaise n’a pas à rougir. Déjà car elle est devenue majoritaire. Ensuite pour son dynamisme : quatorze AG et cinq CE se sont ainsi tenus sur la période, montrant une envie de réaliser des échanges réguliers, tandis que les plans de formations ont pu être réalisés à plus de 85 %. Quant aux luttes internes, celles-ci ont accouché d’un bilan là aussi positif, avec près de 400 euros d’augmentation collective obtenue sur la même période et beaucoup d’améliorations sur les postes de travail et leurs conditions.

Continuer la lutte

Même si ce tableau semble parfois idyllique, beaucoup de choses restent néanmoins à conquérir. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’une nouvelle commission exécutive (CE) et un nouveau secrétariat ont été désignés pour continuer la lutte. Comme on l’apprend en effet en formation « Participer à la vie de la CGT », il faut toujours recommencer.

Le temps ne fut en revanche pas suffisant pour aller au fond des débats qui traversent le syndicat telles les prises de positions politiques ou la lutte contre l’extrême droite. Mais d’ores et déjà, des dates sont fixées pour prendre le temps nécessaire à ces discussions. Pour couronner le tout, Anthony Martinez, secrétaire de l’UL, a remarqué positivement l’activité de cette base syndicale, souhaitant que d’autres prennent exemple sur leurs camarades de Trédi Salaise.

Cet article Salaise-sur-Sanne. Retour sur le troisième congrès de la CGT Trédi est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 25.11.2025 à 12:02

Luc Renaud

« Supprimer les cotisations sociales sur le salaire pour redonner du pouvoir d’achat, c’est ce que veut le RN ; j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit que c’était une bonne idée, quand je lui ai demandé comment il allait payer l’hôpital s’il en avait besoin, il m’a répondu qu’il présenterait sa carte vitale. » Un résumé en forme d’anecdote, présenté par Claude Farge lors du débat qui a eu lieu le 24 novembre à Voiron.

Un résumé de la soirée, somme toute. La part du salaire versée à la Sécurité sociale sous forme de cotisation, c’est ce qui finance l’accès aux soins pour tous. Au médecin, à l’hôpital, à la retraite aussi. Ce que l’on ne répétera jamais assez.

Claude Farge.

L’intervention de Thierry Braillon, militant de la CGT et administrateur de la mutuelle Solimut ne disait pas autre chose. Un exposé détaillé, riche d’informations, qui remontait aux origines de la solidarité face à la maladie, et à la création de la Sécurité sociale par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, dans laquelle le ministre communiste Ambroise Croizat a joué un rôle déterminant. « Un parti communiste à 29 % et une CGT forte de cinq millions d’adhérents, ça aide », constatait-il.

Thierry Braillon rappelait les principes constitutifs de la Sécurité sociale. La répartition, tout d’abord. Les cotisations sont immédiatement reversées sous la forme de prestations, ce qui évite tout risque de défaillance d’un intermédiaire financier. La cotisation, ensuite : destinée aux prestations, elle n’est pas un impôt qui serait susceptible d’être utilisé pour d’autres dépenses – « on a vu ce que ça pouvait donner en Angleterre ». L’unicité, autrement dit des droits égaux pour tous à une prestation selon ses besoins : le bon moyen de garantir l’adhésion de tous, de faire société autour d’un système commun. L’universalité enfin : l’accès à la santé, aux prestations sociales et à la retraite est garanti à tous.

Thierry Braillon, administrateur de la mutuelle Solimut et militant CGT.

Un système qui, dès son origine, a fait l’objet d’attaques conduites par la droite et le patronat. Les ordonnances du 21 août 1967 en constituent une des étapes : c’est la fin de l’élection des administrateurs représentant les salariés – les cotisants – pour gérer la Sécurité sociale et l’instauration du paritarisme : une moitié d’administrateurs désignés par les syndicats de salariés et une autre moitié par les employeurs – avant cette date, la gestion de la sécu était assurée des directions composées de salariés à 75 %. Thierry Braillon en profitait pour rappeler que « ce qu’on appelle les charges patronales est prélevé sur la richesse créée dans l’entreprise… par les salariés ». Les administrateurs patronaux n’ont par conséquent pas de légitimité particulière : l’argent ne sort pas de leur poche, à l’inverse des cotisations des salariés.

Une soirée qui fera l’objet d’un reportage vidéo.

Du plan Veil de 1975, à celui de Raymond Barre qui, en 1980, crée les dépassements d’honoraires, au plan Juppé de 1995… les remises en cause sont nombreuses. Celle de 2019 n’est pas la moins importante : la loi de financement de la Sécurité sociale adoptée par la majorité macroniste supprime l’obligation pour l’État de compenser les exonérations de cotisations sociales patronales décidées par les gouvernements – exonérations d’ailleurs à l’origine d’un déficit proclamé.

Aujourd’hui, que reste-t-il de la sécu ? Beaucoup de choses, pourtant, soulignait Thierry Braillon.

Des principes de solidarité auxquels les citoyens sont attachés et une structure, une organisation, des fondamentaux, qui représentent un atout pour envisager les défis à venir que sont le vieillissement de la population, le changement climatique et les interactions entre la santé humaine et l’environnement. Défis qui imposent le renforcement de la solidarité et non pas le repli sur soi dans un individualisme promu par l’ultralibéralisme.

Damien Bagnis, secrétaire de l’USD santé CGT.

Thierry Braillon proposait ainsi d’axer la défense de la Sécurité sociale sur des luttes offensives : la dénonciation des exonérations des cotisations patronales – « le sénateur communiste Fabien Gay a montré que l’aide aux entreprises était le premier budget de l’État » –, le projet d’une Sécurité sociale intégrale assurant des remboursements à 100 %, d’une sécu gérée par des représentants élus des salariés cotisants, aux champs d’activité élargis à la perte d’autonomie, aux situations de handicaps, mais aussi au logement social ou au chômage.

Le débat qui a suivi l’exposé a parfois pris des allures très techniques, démontrant la connaissance des participants des rouages de la protection sociale dans notre pays.

Technique, mais aussi revendicatif. Damien Bagnis, secrétaire de l’Union syndicale départementale CGT santé, montrait combien sont liés les combat pour la défense de l’hôpital, la lutte contre les déserts médicaux « y compris à Grenoble » et la promotion de la Sécurité sociale. Il notait également que « ce sont des firmes multinationales qui fixent le prix du médicament » et réitérait la proposition de la CGT de création d’un pôle public du médicament.

Nicolas Benoit, secrétaire de l’union départementale CGT.

Nicolas Benoit, secrétaire de l’union départementale CGT, appelait les salariés à se rapprocher de la CGT pour saisir l’opportunité du renouvellement des représentants des salariés à la Sécurité sociale qui aura lieu l’année prochaine et à participer à la journée d’action du 2 décembre.

Depuis sa création, la Sécurité sociale a toujours été une affaire de luttes.

La réflexion pouvait se poursuivre avec les livres et la documentation disponible dans les stands partenaires.
Un exposé et des débats suivis par plus de cent personnes.
Une exposition sur la Sécurité sociale était présentée aux participants.
Un apéritif dinatoire a conclu la rencontre.

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Publié le 24.11.2025 à 19:33

Manuel Pavard

« Des logements maintenant ! » Le slogan, affiché sur les banderoles et scandé par le cortège défilant ce lundi midi entre le siège de Grenoble Alpes Métropole et la mairie de Grenoble, illustre autant la « simplicité » des revendications que l’urgence de la situation. De fait, les familles dormant depuis mercredi 19 novembre dans les locaux de la Métropole ne font « que » demander un toit sur leur tête, chose à laquelle celles-ci ont droit au vu du « caractère inconditionnel » de l’hébergement. Mais les conditions d’accueil de plus en plus précaires, place André-Malraux, rendent la quête d’une solution particulièrement pressante.

Les familles devant le siège de la Métropole, avant le départ de la manifestation en direction de la mairie de Grenoble, lundi midi.

Le premier jour, ils étaient en effet quelques dizaines, pour la plupart des livreurs à vélo et leurs familles, expulsés à la demande du bailleur social Actis, les 28 octobre et 18 novembre, des logements qu’ils occupaient, place des Géants, à la Villeneuve. Un nombre qui a très vite gonflé, pour atteindre aujourd’hui près de 180 personnes, entassées dans une salle de réunion du siège métropolitain. Parmi eux, « des femmes enceintes, des bébés, beaucoup d’enfants », détaille Kadiatou, l’une des occupantes. Quant aux conditions d’hygiène, « impossible de se laver ou prendre une douche », déplore Mohamed Fofana, secrétaire général du syndicat CGT des livreurs à vélo et président de l’association Adali. « Beaucoup de gens sont tombés malades », constate-t-il.

Malgré la pluie continue, les manifestants ont défilé dans les rues jusqu’à l’hôtel de ville, interpellant l’ensemble des collectivités (préfecture, métropole, municipalités).

Dans de telles conditions, les militants de Droit au logement (DAL), du syndicat des livreurs et des autres associations soutenant l’occupation ont décidé d’organiser une déambulation jusqu’à la mairie de Grenoble, ce lundi 24 novembre. La préfecture étant comme toujours aux abonnés absents, ceux-ci ont décidé d’interpeller les maires, à commencer par celui de la ville-centre. « On est venu demander au maire de Grenoble des actions rapides », explique Raphaël Beth, du DAL 38. « Il s’est engagé en mai 2025 à réquisitionner des logements vides privés appartenant à des multipropriétaires. Mais ça traîne beaucoup ! »

« Emboîter le pas à la mairie de Saint-Martin-d’Hères »

Le DAL avait également identifié des immeubles appartenant au patrimoine municipal, lesquels se sont finalement avérés inadaptés, comme l’ont indiqué les services de la ville à la délégation reçue en mairie. Cette réunion, menée avec l’élue à la grande précarité Céline Deslattes, le directeur de cabinet du maire et la directrice du CCAS, a accouché d’un « bilan en demi-teinte », estime Raphaël Beth. Côté « positif », la municipalité va « déclencher un travail contre les expulsions à la Villeneuve ».

Concernant les demandes de réquisition, c’est pour l’instant le statu quo. Néanmoins, tout pourrait se décanter à partir de ce mardi 25 novembre au soir. « On leur a demandé [NDLR : aux représentants de la ville de Grenoble] de revenir avec des propositions à l’issue de la réunion prévue demain soir, à l’initiative de la Métro, entre les maires », précise le militant du DAL, qui espère que les édiles pourront « emboîter le pas à la mairie de Saint-Martin-d’Hères ».

Parmi les occupants du siège de la Métropole, de nombreuses familles avec des enfants en bas âge.

La Métropole a en effet demandé aux maires du territoire de « mettre à disposition leurs logements », ajoute-t-il. « Le maire de Saint-Martin-d’Hères a répondu qu’il était d’accord pour jouer le jeu, notamment dans un hôtel vide de la commune, si les autres maires s’y mettaient. » Dans ce dossier, la position de David Queiros, maire de Saint-Martin-d’Hères, et des autres élus communistes est clairement affichée : ok pour héberger des occupants mais, souligne un militant PCF, « il faut une solidarité intercommunale pour éviter de concentrer la misère » en un même point.

Une « préfecture politisée »

Quid des services de l’État ? Pour Raphaël Beth, « avec un gouvernement bien à droite et ayant repris la plupart des idées d’extrême droite », difficile de compter dessus. Toutefois, Christophe Ferrari, président de la Métropole, et Jérôme Rubes, vice-président au logement, ont bien interpellé la préfète de l’Isère Catherine Séguin, dans une lettre datée du samedi 22 novembre, l’implorant « d’ouvrir un dialogue » pour trouver une solution. Car « l’État, en charge de l’hébergement d’urgence, ne peut pas être absent », assènent-ils.

L’inaction et le silence de la préfecture depuis le début de l’occupation questionnent cependant. Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF Isère, n’hésite pas ainsi à pointer le rôle trouble joué par l’institution : « L’hébergement d’urgence et la lutte contre le mal-logement relevant des compétences de l’État, c’est inadmissible que la préfecture se défausse sur les collectivités et crée elle-même des tensions. »

Les manifestants — parmi lesquels beaucoup de livreurs à vélo — sur le parvis de l’hôtel de ville de Grenoble.

Il accuse cette dernière de « complicité objective avec les marchands de sommeil ». Lesquels ont pourtant exploité la misère des familles en leur relouant à prix d’or les logements vides qu’ils s’étaient appropriés illégalement. Et en les menaçant. Mais au lieu de sévir contre ces individus, « l’État a préféré expulser les victimes », s’indigne le responsable communiste, constatant que cette position n’est « pas nouvelle » — référence au module de prise de rendez-vous en ligne pour le renouvellement des titres de séjour.

Métropole et mairies incitées à « envoyer la facture à l’État »

Jérémie Giono s’interroge en outre sur les réels objectifs poursuivis par les services préfectoraux à quelques mois des élections municipales, allant jusqu’à évoquer une « préfecture politisée. Elle ne gère pas les problèmes, fabrique des crises, attise les divisions et le racisme », égrène-t-il. Tout cela, assure le secrétaire départemental, « pour déstabiliser la gauche ».

De son côté, Raphaël Beth incite les mairies qui se montreraient hésitantes à « prendre les devants et financer les hébergements, puis derrière envoyer la facture à l’État. Les tribunaux suivent », affirme-t-il. La ville de Grenoble l’a déjà expérimenté, tout comme, de manière plus importante, « la ville de Rennes et surtout la communauté d’agglomération du Pays basque qui a fait un recours et a vu l’État condamné à lui reverser un million d’euros ».

Au mégaphone, Mohamed Fofana, secrétaire général du syndicat CGT des livreurs à vélo et président de l’association Adali.

Les quelque 180 occupants sont plus que jamais déterminés à ne pas céder d’un pouce. « Tant que les bâtiments vides ne seront pas réquisitionnés, on ne bougera pas de la Métro », prévient ainsi Mohamed Fofana. Il en va, selon le livreur, de « la dignité et du respect des droits humains » de ces familles.

Appelant la population à la solidarité, Raphaël Beth rappelle quant à lui une évidence : les Grenoblois sont bien contents de trouver ces femmes pour faire le ménage dans les bureaux ou ces hommes (en majorité livreurs à vélo pour les plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo) pour leur livrer des repas à domicile à toute heure, « qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige ».

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Publié le 24.11.2025 à 12:16

Manuel Pavard

« Mehdi est mort pour rien ». Des mots prononcés par Amine Kessaci et repris par Amandine Demore, ce samedi 22 novembre, devant les personnes réunies sur le parvis de l’hôtel de ville. La maire PCF d’Échirolles avait, comme ses homologues de Grenoble ou Meylan, tenu à répondre à l’appel du militant écologiste marseillais Amine Kessaci, qui souhaitait voir se tenir des rassemblements partout en France, en hommage à son petit frère Mehdi et à toutes les victimes du narcotrafic. Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné par deux hommes à moto, le 13 novembre, à Marseille, mais la justice étudie la piste d’un « crime d’intimidation » dont la véritable cible serait son frère, figure médiatique de la lutte contre le narcobanditisme.

Ne pas se laisser « enfermer dans le piège du narcotrafic »

Aujourd’hui, aucun territoire ne semble épargné par le phénomène, comme l’a souligné Amandine Demore dans son discours. « Il est grand temps que l’État agisse car à chaque nouveau mort, à chaque nouvelle victime innocente, nous voyons la même émotion, la même colère, parfois la même désespérance, a‑t-elle déploré. Mais il faut que notre pays ne se laisse pas enfermer dans le piège du narcotrafic, comme d’autres pays. Il est encore temps. »

Amandine Demore a appelé l’État à agir dès maintenant, dans son discours. © Salima Nekikeche / Communication ville d’Echirolles

L’édile a insisté sur sa détermination et son refus de « la résignation ». Hors de question « de baisser la tête », a‑t-elle affirmé. « Nous refusons qu’un assassinat efface la voix de ceux qui se battent pour la dignité, pour la paix, pour le vivre ensemble. Nous serons là, nous ne lâcherons rien », a prévenu Amandine Demore, avant une minute de silence, qui a ponctué cet émouvant rassemblement solennel.

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Publié le 23.11.2025 à 18:06

Luc Renaud

« Je vous appelle à vous prendre en photo avec une bouteille de sirop Teisseire pour inonder les réseaux sociaux et à verser à la cagnotte en ligne de soutien aux salarié en grève de Teisseire. » D’emblée, Laurence Ruffin, candidate à l’élection municipale de Grenoble, avait placé la soirée de débats consacrée à l’industrie sous le signe de la solidarité avec les Teisseire. Et c’est un représentant des salariés en grève qui a ouvert les débats.

Teisseire, à l’image d’une industrie grenobloise qui se porte mal, et qui pourtant est riche de savoir faire dans la deuxième métropole industrielle de France. Ce qu’ont tour à tour illustré les trois intervenants de cette soirée organisée au siège du PCF à Grenoble.

Un public venu nombreux à des échanges qui se sont poursuivis deux heures durant.

« Lorsque je suis sortie de l’école et que je disais que je m’intéressais à l’industrie, on me regardait avec des yeux ronds ; l’industrie c’était ringard, on me conseillait d’aller travailler dans la finances », témoignait Laurence Ruffin. L’époque du début des années 2000, rappelée par Charles Fournier, de la théorie d’une France sans usines, tournée vers les services et la finance. Avec comme conséquence la disparition des unités de production, celle des turbines de General electric à Grenoble, par exemple.

Ce choix a été celui des actionnaires des grands groupes industriels avec leurs conséquences en cascade sur le tissu industriel de la sous-traitance. Au point que « la France est devenue le pays le plus désindustrialisé du G7 », rappelait Laurence Ruffin.

Stratégies de démantèlement industriel conduites sous le regard bienveillant de l’État. « Lorsque l’on rencontre un ministre de l’Industrie sur le sujet de ST Microelectronics, il nous répond qu’il n’y peut rien : les États français et italien sont pourtant actionnaires de référence de l’entreprise ». Bienveillance que l’on peut nommer complicité. « Les millions de subventions perçues par Michelin ne sont pas remboursés alors que le groupe a fermé deux usines et le gouvernement se refuse à les réclamer », s’indignait Eric Hours.

Laurence Ruffin, choisie par la gauche pour la représenter à l’élection municipale de Grenoble.

Contreparties en termes sociaux et environnementaux que les trois intervenants estimaient nécessaires, et que Laurence Ruffin proposait d’ailleurs de renforcer s’agissant des aides attribuées aux entreprises par la métropole grenobloise.

Autre point souligné par les trois intervenants, celui de l’indispensable intervention de l’État, d’un état stratège des choix industriels, d’une planification aux antipodes de l’ultralibéralisme qui sanctifie le pouvoir des actionnaires. Avec des points de débat. Lorsqu’Eric Hours, prenant l’exemple de Vencorex, propose des nationalisations qui peuvent être temporaires pour protéger des entreprises vitales pour l’industrie du pays, Charles Fournier évoque « la mise sous gestion publique temporaire ». « Cela revient à laisser les actionnaires propriétaires de l’entreprise, ces mêmes actionnaires dont les choix ont conduit dans le mur », relève Eric Hours.

Amandine Germain, conseillère départementale socialiste, co-listière de Laurence Ruffin, participait à la rencontre.

Ce que pourrait être l’intervention de l’État ? Outre la prise de contrôle directe, Laurence Ruffin citait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. « Lorsque nous avons proposé un plan de reprise de Duralex par ses salariés, la Banque publique d’investissement à mis sur la table une aide de 750 000 euros ; en face, il y avait un projet privé traditionnel, moins favorable aux salariés et à l’entreprise, pour lequel la BPI était prête à verser plusieurs millions d’euros. » Banque publique d’investissement, directement placée sous le contrôle du gouvernement. Pourtant, indiquait Laurence Ruffin, les coopératives sont aujourd’hui des entreprises statistiquement plus solides que les sociétés par actionnaire…

Eric Hours, conseiller régional communiste.

Favoriser les projets des salariés – « les meilleurs experts d’une entreprise industrielle, ce sont ses salariés », insistait Eric Hours qui se prononçait pour des droits nouveaux des salariés dans la direction des entreprises –, mais aussi mobiliser l’épargne, proposait Laurence Ruffin – « nous avons des choses à faire à ce niveau au niveau local » – ou encore taxer aux frontières en fonction de l’impact social et environnemental, utiliser le décret Montebourg qui permet de bloquer des cessions dans des filières stratégiques, mobiliser l’outil de la commande publique… comptent parmi les propositions de la candidate à l’élection municipale grenobloise. De son côté, Charles Fournier voit beaucoup de choses possibles dans le partage des machines outils entre différentes entreprises, l’amplification des échanges locaux, la gestion locale du foncier…

Eric Hours reprenait la question sous l’angle régional. Pour constater l’ampleur de l’aide régionale aux entreprises : un milliard sur six ans au titre du plan régional d’aide à l’industrie, « plus tout le reste », des infrastructures à la dépollution des terrains, par exemple. Il notait que la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme d’autres, ne craint pas de jouer la carte du dumping. « Que gagne l’industrie et notre pays, lorsque l’on dépense des millions pour aller délocaliser une entreprise du Nord et la faire venir chez nous ? », s’interrogeait-il. Une planification des stratégies industrielles, la région pourrait y apporter sa pierre aux côtés de l’État, en soutenant des synergies territoriales au sein d’une filière… comme le propose le projet Axel sur l’imagerie médicale, à Moirans, que le conseil régional rechigne toujours à soutenir.

Charles Fournier, député écologiste d’Indre-et-Loire.

Le conseiller régional communiste rappelait par ailleurs les difficultés des collectivités locales, « pillées par les gouvernements successifs, celui de Hollande ayant été le pire en la matière ». Moins de moyens, une autonomie fiscale réduite à peau de chagrin… autant de difficultés supplémentaires à promouvoir des politiques économiques locales.

Défi que Laurence Ruffin n’en souhaite pas moins tenter de relever. « C’est bien sûr une grande question nationale et européenne, disait-elle, nous n’en avons pas moins des choses à faire pour une planification industrielle écologique et sociale au niveau du territoire. » Un « projet industriel de territoire », s’appuyant sur le potentiel de recherche pour revitaliser des filières industrielles, mettant en valeur les atouts d’une « Grenoble belle à vivre », soucieuse de ses services publics et de sa qualité de vie : « ce que demandent les entreprises qui viennent s’installer, c’est d’abord un cadre de vie pour ses salariés, des crèches, des écoles, une vie culturelle ».

Une soirée au cours de laquelle Laurence Ruffin ne manquait cependant pas de rappeler : « on va gagner, mais à condition de s’y mettre ». Ce jeudi soir, dans la grande salle de la fédération du PCF, a marqué une étape du dynamisme de la campagne électorale de Laurence Ruffin.

La soirée s’est conclue par des échanges avec la salle.

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Publié le 21.11.2025 à 19:25

Manuel Pavard

« Place publique va-t-elle s’allier avec la droite ? » Le titre du communiqué commun signé par le PCF, les Écologistes, Génération.s et L’Après est cinglant. Ces partis ont décidé d’interpeller directement Raphaël Glucksmann, profitant de sa venue en Isère ce vendredi 21 novembre. Le leader et fondateur de Place publique était en visite dans l’après-midi à Pont-de-Claix, auprès des porteurs du projet Exalia, avant de participer le soir au meeting de Romain Gentil, candidat du mouvement pour les municipales à Grenoble.

Référent local de Place publique, François Legrand apparaît (en bas à droite) parmi les soutiens de Franck Longo, sur le site de la liste. DR

Pourquoi une telle indignation ? « À l’approche des élections municipales, nous exprimons notre surprise en constatant la présence du référent local de Place publique, François Legrand, sur le matériel de campagne du maire de Fontaine, Franck Longo, qui conduit la majorité sortante de droite dans cette commune », expliquent les quatre partis de gauche. « Cette majorité qui par ailleurs inclut des figures connues pour leurs positions d’extrême droite et le partage de publications racistes sur les réseaux sociaux », ajoutent-ils.

Place publique doit « clarifier sans ambiguïté ses lignes rouges »

Tous rappellent pourtant avoir « fait front commun sous la bannière du Nouveau Front populaire » — avec Place publique — en juin 2024, « autour d’un cap clair : battre l’extrême-droite et les droites, afin de proposer une alternative sociale et écologique à notre pays ». Et de s’interroger : « Le nouveau ‘cap clair’ prôné par Place publique et Raphaël Glucksmann les conduit-il à assumer un renversement d’alliances et à se ranger derrière ce genre de ‘partenaires’ douteux et dangereux ? »

Les responsables communistes, écologistes, de Génération.s et de l’Après s’adressent à Raphaël Glucksmann, craignant que « ce type de configurations toxiques » se reproduise dans d’autres communes, lors des municipales 2026. D’où leur demande à Place publique de « clarifier sans ambiguïté ses lignes rouges concernant les alliances ».

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Publié le 21.11.2025 à 18:49

Manuel Pavard

Salah Mansouri, coordinateur logistique à Teisseire depuis 2009, résume un sentiment largement partagé par ses camarades : « Au niveau local, on a réussi à se faire entendre mais au niveau national, TF1 a fait un reportage en disant que l’augmentation du sucre nous avait mis dans la m… (sic), etc, alors que c’était l’inverse. On veut donc rétablir la vérité : notre site est totalement viable et si on ramène la sous-traitance, on peut très bien redémarrer la production en étant bénéficiaire. » Pour cela, tous misent beaucoup sur la venue à Crolles de François Ruffin, espérant que celle-ci apportera un « éclairage national » à leur lutte.

François Ruffin s’adressant aux salariés de Teisseire, rassemblés sur le piquet de grève.

De fait, en six semaines de grève contre la fermeture de l’usine, prévue en avril 2026 (avec 205 emplois supprimés à la clé), les salariés de Teisseire ont vu défiler sur le piquet de grève plusieurs élus et politiques isérois ainsi que la plupart des médias locaux. Mais le député de la Somme — ex-LFI siégeant désormais dans le groupe écologiste — est la première personnalité médiatique de dimension réellement hexagonale à se rendre sur place. Il est venu soutenir les grévistes, ce jeudi 20 novembre, au côté de sa sœur Laurence Ruffin, tête de liste de l’union de la gauche écologiste et citoyenne pour les municipales à Grenoble, à l’invitation de la CGT.

« Mille emplois en train de disparaître dans la vallée »

L’UL CGT du Grésivaudan et l’UD CGT Isère organisaient en effet un grand rassemblement devant l’usine de Crolles, avec les syndicats CGT de Teisseire mais également des voisines STMicroelectronics et Soitec. Des entreprises toutes concernées par la désindustrialisation progressive, les suppressions d’emplois et les « réorganisations qui brisent des vies », comme le rappellent les élus syndicaux se succédant au micro. « Chez Soitec, on entre en chômage partiel », confie ainsi Hela Sahli, déléguée syndicale CGT de la société basée à Bernin, qui fait du combat des Teisseire celui de tous les autres salariés.

Hela Sahli, déléguée syndicale CGT à Soitec.

« On paye les décisions de nos dirigeants », déplore-t-elle, insistant sur le rôle crucial des salariés : « Quand on nous demande de travailler, on est là ; quand on nous demande de faire des heures supplémentaires, on est là… Et du jour au lendemain, ils nous demandent de ne plus être là. Ça, c’est inacceptable ! » Son homologue chez STMicro, Alice Pelletier, est tout aussi remontée : « Si on met bout à bout ST, Soitec, Teisseire, Atraltec à Crolles, Stryker à Montbonnot, en réalité ce sont près de mille emplois qui sont en train de disparaître dans la vallée. Et mille emplois, ça va se voir, dans les familles, ça va être terrible ! »

Alice Pelletier, déléguée syndicale CGT à STMicroelectronics.

La syndicaliste fustige en outre les promesses faites en grande pompe par Emmanuel Macron en 2022 et ces 2,9 milliards d’euros accordés à STMicroelectronics « sans aucune contrepartie. Ils avaient dit qu’ils créeraient peut-être mille emplois et en fait que font-ils ? À ST, ils en suppriment mille en France. Cet argent, c’est le nôtre mais il va directement dans la poche des patrons et des actionnaires », s’indigne Alice Pelletier.

« Les fauves, ce sont les pilleurs en costume »

Un véritable « pillage » que subit également Teisseire, indique François Ruffin aux salariés, ciblant Carlsberg, qui a racheté le fabricant de sirops en 2024. Un groupe qui a détroussé intégralement sa victime et tout vidé, tout pillé : « les savoir-faire », « les volumes pour les envoyer ailleurs » et même « la trésorerie », passée de « 120 millions d’euros l’année dernière à moins 24 millions d’euros aujourd’hui ». Le député de la Somme compare le géant danois de la brasserie à « des fauves ». Mais « les fauves, il faut les mettre dans des cages, s’insurge-t-il. Les fauves, ce sont les pilleurs en costume. »

François Ruffin s’en est pris vivement aux « pilleurs » Carlsberg ainsi qu’à l’État et à Emmanuel Macron, ciblés pour leur inaction.

Malheureusement, malgré ce braquage organisé, on — sous-entendu l’État — « se laisse faire », accuse le fondateur de Fakir. « Maintenant, on demande un État qui protège et un président qui protège l’industrie, qui protège l’économie, ajoute-t-il. Pour la première fois dans notre histoire, la part de l’industrie dans notre PIB vient de passer sous la barre des 10 %. Du jamais vu ! Pourquoi ? Parce que l’État fait le choix de ne pas protéger. »

Fathi Ghiloufi, délégué syndical CGT à Teisseire, aux côtés de son camarade Florent Duc.

Pour François Ruffin, cette inaction est totalement délibérée. « Quand l’État veut, il peut », affirme-t-il, rappelant que le motif économique est inexistant. Et donc que les services de l’État, que ce soit la préfecture, le ministère du Travail ou la DDETS, ont des cartes en main pour « s’interposer » au profit des salariés. Ces cartes, c’est notamment « la possibilité de non-homologuer un plan social », expliquer le parlementaire.

« Il faut se battre pour maintenir notre savoir-faire »

Ce n’est pas sa sœur qui le contredira sur ce point. Appelant à « se battre pour maintenir notre savoir-faire » et « pour cette entreprise qui allait bien avant le rachat », Laurence Ruffin estime que « l’État devrait aussi le faire au nom de la réindustrialisation ». La candidate à la mairie de Grenoble souligne l’importance du symbole Teisseire : une entreprise vieille de trois siècles, une marque et des sirops connus de tous, un quartier grenoblois portant son nom… « Teisseire, c’est Grenoble », assène-t-elle. « C’est notre fierté. »

Laurence Ruffin, déjà venue à plusieurs reprises soutenir les salariés de Teisseire, était de retour avec son frère.

Laurence Ruffin s’appuie sur son propre parcours pour maintenir la flamme de l’espoir. Dirigeante pendant quinze ans de la Scop Alma, « une entreprise coopérative qui a travaillé pour l’industrie », elle a pu expérimenter un système où « tous les salariés étaient associés. Ce qu’on gagnait, soit on le réinvestissait dans l’outil de travail, soit on le redistribuait aux salariés. C’est ça le modèle d’entreprise qu’on doit défendre. »

Laurence Ruffin, « la meilleure pour Grenoble » selon son frère

La tête de liste de l’union de la gauche cite également deux entreprises. Deux cas emblématiques qu’elle a suivis de près — en tant que vice-présidente de la Confédération générale des Scop et des Scic. D’abord la coopérative Scop Ti 1336 (qui produit du thé et des infusions bio), héritière de Fralib, rachetée pour un euro symbolique par ses salariés en 2014. « Ils ont réussi à refaire vivre leur structure, et dix ans après, ils sont là, ils sont fiers, ils se battent », se félicite Laurence Ruffin.

Devant l’usine de Crolles où les salariés de Teisseire sont en grève depuis le 9 octobre.

« La deuxième structure qu’on a accompagnée, dans le mouvement coopératif, c’est Duralex, poursuit-elle. Duralex, personne n’y pensait. Personne ne croyait possible que ces verres — dans lesquels vos sirops iraient si bien — pouvaient être repris par les salariés. Or, on y est parvenus sans aide de l’État, on a levé près de 19 millions d’euros auprès de 20 000 personnes en trois jours ! » Un exemple à suivre pour Teisseire, selon Laurence Ruffin, convaincue qu’on peut « continuer à fabriquer un sirop local », grâce au savoir-faire et à l’eau des Alpes.

François et Laurence Ruffin ont échangé avec les salariés de Teisseire et d’autres entreprises voisines, comme ST et Soitec.

Des propos que son frère a salués, faisant l’éloge de cette sœur qui « parle d’expérience » lorsqu’elle aborde le sujet de l’industrie. Quel regard porte d’ailleurs François Ruffin sur sa candidature aux municipales ? « C’est la meilleure », sourit-il. La meilleure de la famille mais aussi « pour Grenoble ». Et de conclure en se tournant vers elle : « Si ce pays était fait correctement, elle serait déjà ministre de l’Industrie. »

Chaude ambiance sur le piquet de grève, malgré le froid glacial.

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