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Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 15.11.2025 à 05:52

Manuel Pavard

« Si on m’avait demandé il y a un an [NDLR : de mener une campagne électorale, d’accepter de faire partie d’une liste], j’aurais dit que ce n’était pas pour moi. C’est une barrière à dépasser. » Le constat de Léonie Chamussy ne fait pas seulement écho à son histoire personnelle mais illustre également la raison d’être et l’ambition du Grenoble Alpes collectif (GAC). À savoir « redonner le pouvoir aux citoyennes et citoyens » afin que ceux-ci puissent décider ensemble de l’avenir de la ville. Ce qui implique un principe très simple, brandi en étendard par le collectif : « Tout le monde peut être lu. »

Assis dans leur local de campagne, sur l’avenue Félix-Viallet, Léonie Chamussy et Fabien Givernaud narrent tous deux des parcours différents mais aux motivations très proches. La jeune militante de 25 ans, ingénieure dans une Scop à 80 %, était « intéressée par la politique mais ne se reconnaissait pas dans les partis politiques ». Avec le GAC, elle a « découvert une façon de faire la politique plus collective et inclusive ».

Léonie Chamussy et Fabien Givernaud dans le local de campagne du GAC.

Le second est, lui, une personnalité reconnue de la scène culturelle grenobloise, directeur artistique de Mix’arts. Et l’un des co-fondateurs du Grenoble Alpes collectif. « L’idée est née, il y a un an et demi, d’un petit groupe de personnes ayant des désaccords sur pas mal de choses avec la mairie actuelle, raconte-t-il. À l’époque, à gauche, il ne se passait pas grand chose et en face, Carignon arrivait très fort. On s’est donc dit qu’il fallait proposer une alternative. »

« Le plébiscite renverse ce qui se fait traditionnellement. (…) Tous les Grenoblois ou les personnes impliquées dans la vie de la commune peuvent proposer des noms de citoyen-nes susceptibles de faire partie de la liste. »

Léonie Chamussy, militante du GAC

De fil en aiguille, le collectif s’étoffe pour atteindre aujourd’hui une trentaine de membres actifs qui se réunissent régulièrement, suivis par environ 400 personnes abonnées aux informations hebdomadaires. « Des profils plutôt jeunes » pour la plupart, confie Fabien Givernaud qui, du haut de ses 39 ans, fait presque figure de vétéran. Tous séduits par cette façon de « militer différemment » et cette ambition affichée « d’inclure les habitants dans les décisions ».

L’objectif est en effet de « sortir de ce format classique des élections avec un chef ou deux, souvent des hommes blancs de plus de 50 ans, qui demande aux gens de se rallier à eux », indique le militant. Lui comme ses camarades refusent catégoriquement ce type de schéma vertical et planchent donc sur un système plus horizontal et plus démocratique. « On a toujours eu cette idée de choisir la tête de liste avec une élection sans candidats. Après, même à l’heure actuelle, on ne sait pas vraiment comment la liste va se décider », reconnaît Fabien Givernaud.

Procédé phare du GAC, au cœur de toute sa stratégie, « le plébiscite renverse ce qui se fait traditionnellement, vante Léonie Chamussy. Ce n’est pas une personne qui se propose pour être sur la liste, mais une personne qu’on a proposée. » Le processus de désignation est ainsi ouvert à l’ensemble des habitants de la ville. « Tous les Grenoblois ou les personnes impliquées dans la vie de la commune peuvent proposer des noms de citoyen-nes susceptibles de faire partie de la liste », explique-t-elle. Libre à chacun d’accepter ou non de figurer sur la plateforme de plébiscite citoyen.

Le binôme de têtes de liste désigné les 6 et 7 décembre

Seules contraintes, il faut être « éligible à Grenoble et porter des valeurs concordant avec celles du Grenoble Alpes collectif », définies notamment dans une charte. Toutes les personnes plébiscitées à la date limite du 15 novembre (actuellement une quarantaine) se retrouveront pour le week-end de rencontre et formation prévu samedi 15 et dimanche 16 novembre, avec en point d’orgue le grand meeting festif organisé ce samedi soir au local. Une première étape avant le week-end des 6 et 7 décembre, qui verra les membres du GAC et les habitants plébiscités désigner la ou les deux têtes de liste ainsi que les autres candidats de la liste.

Le Grenoble Alpes collectif a signé un bail de six mois pour occuper ces locaux situés avenue Félix-Viallet, dans le centre de Grenoble.

Si le dispositif a déjà été expérimenté à Toulouse par l’Archipel citoyen, ce sera une grande première à Grenoble et plus gobalement en Isère. Un bon moyen de se démarquer lorsqu’on a « des moyens financiers et médiatiques bien plus faibles que ceux des autres candidats ». Pour Fabiern Givernaud, c’est aussi une question de cohérence : « Dans la Ve République, le maire ou le président ont tous les pouvoirs. Si on veut être crédible en prônant la sortie de la Ve République, il faut montrer que notre système fonctionne à l’échelle locale. »

Dans la même veine, les militant-es du Grenoble Alpes collectif prônent également la parité sociale, thème qui sera l’objet d’une soirée spéciale, le 4 décembre, en présence du sociologue Kevin Vacher. L’idée, là encore, est de démocratiser la politique, notamment grâce aux critères définis pour le plébiscite. « Ils sont beaucoup basés sur la classe sociale, l’origine géographique et ethno-raciale… Ce qui permet de présenter des personnes n’étant pas des professionnels de la politique », souligne le responsable de Mix’arts.

« Dans une autre logique que les partis politiques »

Naturellement, une question brûle les lèvres : comment se positionne politiquement le Grenoble Alpes collectif ? « On est une liste citoyenne et participative qui fait partie d’un réseau national, Actions communes, présentant plus de trois cents listes pour les municipales 2026, précise Léonie Chamussy. En fait, on est dans une autre logique que les partis politiques : on ne se définit pas de droite ou de gauche, on préfère parler de valeurs. » Alors bien sûr, celles-ci sont « plutôt des valeurs de gauche », admet Fabien Givernaud. « Mais comme la gauche institutionnelle ne les porte pas réellement, on n’a pas envie d’être étiqueté ainsi. »

Malgré tout, le GAC a déjà rencontré toutes les listes de gauche et continue à discuter avec tout le monde « hors Carignon et RN ». Mais pas question pour ses militants d’accepter les appels du pied et autres mains tendues aux airs de cadeau empoisonné. Car tous ont été échaudés par l’expérience du Réseau citoyen qui a, selon eux, sacrifié son autonomie et sa liberté en intégrant la municipalité Piolle.

« On veut désacraliser le statut des élus »

Pour les membres du collectif, tout cela découle de leur vision de l’élu, « différente de celle des autres partis ». Fabien Givernaud et Léonie Chamussy décryptent : « On veut désacraliser le statut des élus qui ne sont pas légitimes à prendre les décisions pour les habitants, mais qui sont là pour organiser les débats. L’argent public n’est pas le leur, c’est celui des gens ! »

Ce souci de contrôle démocratique se retrouve d’ailleurs dans le programme, en cours d’élaboration au sein des groupes de travail autonomes, qui réfléchissent sur diverses thématiques (culture, sécurité, alimentation, logement…). Durant plus de six mois, le Grenoble Alpes collectif a notamment travaillé sur le bilan des acteurs des politiques culturelles et sur celui des instances démocratiques — lequel a donné lieu à un épais dossier de plus de 70 pages.

« On s’est rendu compte à cette occasion qu’on avait encore quelques gros points de blocage avec la municipalité », relève Fabien Givernaud. « Mais ce n’est pas le cas sur tout », avoue-t-il honnêtement, citant les exemples de politiques positives sur « le vélo ou les cantines dans les écoles ».

Un budget citoyen géré à 100 % par les habitants

Dans le programme du GAC, l’un des points les plus emblématiques et symboliques concerne sans conteste le budget citoyen. Autrement dit, un budget municipal géré intégralement par une assemblée citoyenne, les Grenoblois décidant eux-mêmes de l’usage de chaque euro. « La majorité actuelle nous dit que c’est impossible mais on a rencontré Hakim Sabri [NDLR : l’ancien adjoint aux finances démissionnaire] pour qu’il nous donne son avis. Non seulement il a validé notre proposition mais en plus, il nous rejoint », se félicite Fabien Givernaud, ravi de cette « prise de guerre » conférant une réelle « légitimité » au collectif.

Hakim Sabri (alors adjoint aux finances) au conseil municipal en 2020, est aujourd’hui un renfort de choix pour le GAC.

Ce dernier entend également redonner toute sa place à la société civile, au terme d’une décennie durant laquelle « la ville a énormément municipalisé les choses », déplore le militant. Celui-ci regrette ainsi « le fossé qui s’est creusé dans les quartiers populaires » entre les associations et la mairie, sans compter la quasi-disparition des structures indépendantes (maisons des habitants, MJC…). Le GAC, lui, propose notamment de « supprimer les grands événements organisés par la ville, comme la Fête des Tuiles, Émergences ou la Biennale des villes en transition ». Autant de projets coûteux dont le budget pourrait être affecté au monde associatif.

« Quand les gens sortent de ce qu’on leur matraque à la télévision, on réalise qu’ils sont capables de réfléchir par eux-mêmes. »

Fabien Givernaud, co-fondateur du GAC

Très critique sur la politique culturelle sous les mandats d’Éric Piolle, le collectif n’épargne pas non plus l’édile sur la question de la sécurité, accusant « la majorité d’avoir laissé le champ libre à la droite ». « C’est un sujet central », acquiesce Léonie Chamussy, qui appelle à « renforcer les expérimentations en cours » sur la police de proximité ou à « recréer des espaces de discussion pour faire dialoguer les habitants des quartiers avec les professionnels de la sécurité (policiers, pompiers…) ». Et ce, pour faire remonter des propositions dans les CLSPD ou à la préfecture.

Tous sont en revanche très sévères sur les mesures défendues par la droite, comme le développement des caméras de vidéosurveillance ou l’armement des policiers municipaux. « C’est purement démagogique et ça n’aurait pas d’effet sur la délinquance », juge ainsi Fabien Givernaud.

Ce dernier n’élude pas non plus indispensables politiques environnementales, citant plus particulièrement la convention citoyenne pour le climat. Avec un constat empirique : « Quand les gens sortent de ce qu’on leur matraque à la télévision, on réalise qu’ils sont capables de réfléchir par eux-mêmes. » D’où sa conviction quant à l’importance de la démocratie directe, qui ne se résume pas aux référendums, processus largement faussé par « tous les biais médiatiques ».

« Faire un gros score au premier tour et gagner la prochaine fois »

Dans ce contexte, qu’espère le Grenoble Alpes collectif en mars prochain ? Premier point, ses membres tiennent à rassurer sur leur sens des responsabilités. « On garde quand même l’objectif de ne pas faire passer la droite. S’il y a un vrai risque d’une arrivée de Carignon à la mairie, on fera bien sûr ce qu’il faut », se projette Fabien Givernaud. Pour le reste, assène Léonie Chamussy, « on n’est pas là pour faire de la figuration mais pour avoir des élus et mettre en place l’expérimentation de la démocratie directe ».

Sur le long terme, le GAC espère « faire vivre ses valeurs hors des élections », indique-t-elle. Entrer dans les instances de décision pour « changer les choses de l’intérieur ». « Lucides », comme ils l’avouent eux-mêmes, ses militants entendent bien faire du scrutin une tribune et un tremplin pour populariser leurs idées. Fabien Givernaud dévoile ainsi ce qui serait le véritable objectif du collectif : « faire un gros score au premier tour, en 2026, et gagner la prochaine fois »

Meeting festif du GAC samedi 15 novembre

Le Grenoble Alpes collectif organise son premier meeting pour la campagne des municipales 2026, ce samedi 15 novembre au soir. Au menu : détails des premières grandes mesures du programme (sécurité, culture, logement, démocratie, etc) ; présentation du journal du GAC ; célébration du plébiscite ; concerts d’Arash Sarkechik (avec son projet Bladi Sound System) et de Non-Binary Beats.

Ouverture du meeting à 19h, concerts à partir de 20h30, au local du GAC, 20 avenue Félix-Viallet, à Grenoble. Plus d’informations sur l’évènement Facebook du meeting.

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Publié le 14.11.2025 à 22:29

Manuel Pavard

Les uns font partie de la majorité municipale actuelle, les autres siègent dans l’opposition. Ce vendredi 14 novembre pourtant, les représentant-e‑s des Écologistes, du PCF, de Génération.s, de l’ADES, de l’Après, du Parti animaliste et donc du PS sont assis à la même table. Devant les micros, Amandine Germain, désignée cheffe des file des socialistes en avril dernier, et Laurence Ruffin, tête de liste de l’union de la gauche écologiste et citoyenne depuis septembre, sont venues annoncer le ralliement de la première à la seconde.

Amandine Germain et Laurence Ruffin entourées de Cécile Cenatiempo (PS) et Marie Coiffard (Les Écologistes).

« Un moment historique et important pour Grenoble », se réjouit Laurence Ruffin. Les mots sont forts certes mais ce ne sont ni les militants ni les suiveurs de la vie politique locale qui la contrediront. C’est en effet un petit évènement dans l’histoire de la gauche grenobloise, jalonnée de ruptures, coups bas et divisions. Un véritable roman dont le principal chapitre serait certainement consacré aux relations houleuses entre socialistes et écologistes, du « je t’aime, moi non plus » des années Destot au divorce consommé sous la mandature d’Éric Piolle, en passant par le maintien de Jérôme Safar — qui lui avait valu une exclusion du PS — au second tour, en 2014.

« Ce n’est pas quelque chose de naturel » à Grenoble

Amandine Germain l’admet d’ailleurs sans peine : « Dans l’histoire grenobloise, une campagne commune entre écologistes et socialistes, ce n’est pas quelque chose de naturel. » Mais s’il n’est « pas question de nier le passé », la conseillère départementale estime toutefois que le PS et les autres partis de gauche sont « en capacité de dépasser les divergences passées. Car il y a beaucoup de similitudes entre nos projets », assure-t-elle.

Les militant-e‑s des différents partis et mouvements de la liste étaient présents à la conférence de presse.

Le rapprochement s’est opéré petit à petit, au fil des nombreuses discussions organisées ces dernières semaines, aussi bien entre les deux camps qu’en interne. « J’ai toujours défendu l’union de la gauche, affirme Laurence Ruffin. Nos méthodes sont différentes mais dans le fond, on défend tous des projets de société assez proches. » Ces rencontres ont permis aux deux femmes, qui ne se connaissaient pas, de se convaincre mutuellement. Depuis, Amandine Germain a « confiance en Laurence, qui a les qualités pour devenir maire et gérer une majorité ».

Une union « attendue » et une « responsabilité »

Toutes deux évoquent une alliance qui était « attendue par les électeurs de gauche ». Lesquels en ont « assez des batailles d’étiquettes », selon l’ex-cheffe de file du PS. « On a une responsabilité importante à Grenoble comme ailleurs, de se rassembler face à la montée des idées d’extrême droite et face à huit ans de macronisme qui ont aggravé les inégalités et fait reculer la question environnementale », poursuit-elle. « Responsabilité », c’est aussi le mot qu’emploie la candidate : celle de « porter les idées de justice sociale et fiscale ».

Chacune insiste en outre sur le fond et sur ces programmes respectifs a priori compatibles. « La question de la coopération, avec les habitants, les associations, les agents, est au cœur du projet », explique Laurence Ruffin. Celui-ci comporte d’une part, une dimension « sociale, dans une temporalité assez courte ». À savoir « l’amélioration du quotidien et la protection », dans des domaines comme les services publics, les transports, l’école, le logement, la sécurité. Ceci, dans « une ville antiraciste, féministe et républicaine ». Et d’autre part, à plus long terme, la nécessité « d’inventer et transformer la ville de demain, en anticipant le changement climatique ».

Des projets assez proches

Autant d’idées que reprend aisément à son compte Amandine Germain. « On le dit avec des mots un peu différents mais ce qu’on souhaite pour Grenoble va dans la même direction », souligne-t-elle. Et de dérouler à son tour les piliers du projet des socialistes, basés également sur la même méthode, sur le même impératif de « prendre soin » des habitants, notamment avec « des services publics forts », ainsi que sur « la transformation de la ville et son adaptation au changement climatique ». Sans oublier le défi de « faire mieux avec moins d’argent public ».

Désignée cheffe de file du PS à Grenoble en avril, Amandine Germain a finalement choisi de s’associer à la campagne de Laurence Ruffin.

Aux côtés d’Amandine Germain, la présence de Cécile Cenatiempo est particulièrement significative. Élue d’opposition au sein du groupe socialiste, celle-ci a eu en effet des mots parfois très durs envers Éric Piolle et la politique de la majorité. Mais pour elle, il était « grand temps » de solder ces comptes : « Je ne renie pas les positionnements qu’on a eus pendant six ans mais aujourd’hui, j’ai envie de regarder devant nous et non derrière. »

« Le passé est le passé »

« Le passé est le passé », abonde Amandine Germain. Les deux socialistes ne cachent pas « qu’il y a eu des divergences » parmi les militants PS grenoblois. Mais après « beaucoup de réunions et discussions internes », la majorité d’entre eux a fini par approuver le ralliement à la liste d’union de la gauche écologiste et citoyenne, précisent-elles. Un choix également validé par les états-majors nationaux des différents partis.

Marie Coiffard (Les Écologistes), Chloé Pantel (Génération.s) et Emeric Vibert (PCF) lors du lancement de campagne de la liste de Laurence Ruffin, le 5 octobre, au Palais des sports.

Avec cette alliance, Laurence Ruffin confirme sa volonté d’écrire une nouvelle page. Néanmoins, si le PS assume ses années passées dans l’opposition, les représentants de la majorité restent bien présents sur la liste. Et nuancent quelque peu le propos. « On est aussi là pour porter certaines des avancées de la municipalité, on n’est pas dans une logique de tout détricoter », prévient Marie Coiffard, co-secrétaire du groupe écologiste à Grenoble, qui voit le prochain mandat comme « une étape nouvelle ».

LFI et Place publique ont fait leur choix

Écologistes, socialistes, communistes, Génération.s, l’Après… Sur la photo de famille de la gauche grenobloise, il ne manque plus désormais que deux grandes composantes, aux deux bouts du spectre : la France insoumise et Place publique, toujours en course respectivement avec Allan Brunon et Romain Gentil.

Reste-t-il une petite chance de les voir rejoindre la liste ? Autour de la table, le pessimisme est de mise, du moins pour le premier tour. « C’est LFI qui a choisi de partir », recadre sèchement Laurence Ruffin. Amandine Germain évacue elle aussi la question sans prendre plus de gants : « Place publique a fait le choix de faire sa course en solitaire. » Les dés semblent donc jetés, place maintenant à la campagne.

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Publié le 14.11.2025 à 17:16

Luc Renaud

L’ Union syndicale départementale CGT santé action sociale de l’Isère appelle à « tenir des assemblées générales dans les établissements pour préparer une mobilisation de grande ampleur le 2 décembre 2025 ».

Le syndicat craint en effet que budget 2026 de la Sécurité sociale enregistre une baisse significative : « 7 milliards en moins pour la santé, 7 milliards en plus pour la guerre ! » De quoi déclarer « l’urgence sanitaire et sociale ».

La CGT met en relation cette perspective d’austérité budgétaire avec les réalités vécues partout dans le pays. « Des maternités ferment, menaçant la sécurité des femmes et des nouveau-nés ; dans la protection de l’enfance, des jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes, parfois poussés à la prostitution ; les urgences et le SAMU débordent, provoquant des morts évitables ; dans les Ehpad, des personnes âgées souffrent et meurent dans l’indifférence faute de personnel », constate le syndicat.

7 milliards de plus, 7 milliards de moins

Et de relever qu’il est « d’ailleurs cynique de constater que Mme Vautrin, ex-ministre de la Santé devenue ministre des Armées, a trouvé 7 milliards d’euros en changeant simplement de portefeuille ».

La CGT demande la suppression des franchises médicales, la prise en charge à 100 % des affections longues durées, le maintien de l’AME, l’arrêt des fermetures de lits, le maintien et la réouverture des services d’urgence, des embauches et la revalorisation des salaires, l’arrêt des exonérations de cotisations sociales, l’arrêt du développement du secteur lucratif, le développement d’un service public de santé et d’action sociale.

En conséquence, la CGT santé action sociale Isère appelle les parlementaires à rejeter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, actuellement en débat à l’Assemblée nationale.

Le syndicat rappelle que « les recettes de la Sécurité Sociale doivent être assises sur les cotisations sociales avec une répartition des richesses » et « réaffirme qu’il est bien l’heure d’ouvrir le débat sur le développement de la Sécurité Sociale basé sur une politique de revalorisation des salaires et de l’emploi ».

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Publié le 13.11.2025 à 18:43

Manuel Pavard

« Dans notre service, on est tous des passionnés de vélo et on est tous en pointe sur les mobilités alternatives. » La précision apportée par Jérôme Bertrand est loin d’être anodine. Pour le délégué syndical Sud Solidaires de Cykleo, la société opératrice du service de location Mvélo+ pour le compte du Smmag, cette particularité explique en partie l’ampleur de la mobilisation des salariés, en grève depuis ce jeudi 13 novembre.

Beaucoup refusent en effet d’accepter la récente mesure du Smmag qui a mis le feu aux poudres et qui constitue l’une des deux principales causes de ce mouvement : la suppression du tarif solidaire, depuis le 1er novembre, pour la location des vélos à assistance électrique (VAE), des vélos-cargos et des tandems. « On n’a pas du tout été concertés », déplore Jérôme Bertrand, qui dénonce une « décision totalement verticale ».

Les salariés sur le piquet de grève installé par le syndicat Sud Solidaires, devant l’agence Mvélo+ de la gare de Grenoble.

« Je suis en contact quotidien avec les usagers et je voyais bien que ce tarif bénéficiait aux mères isolées, aux gens en recherche d’emploi, aux jeunes précaires, explique-t-il. Aujourd’hui, on exclut toutes ces personnes à faibles revenus de l’accès à un moyen de locomotion qui leur permettait pourtant d’améliorer leur vie. »

« Pour nous, le 15, c’est la fin du mois »

L’autre grande revendication, plus classique, est liée aux conditions de travail des 49 salariés Mvélo+ de Cykleo. Lesquelles « se dégradent depuis la reprise du marché par Cykleo, le 1er janvier 2020 », affirme le syndicaliste Sud. Celui-ci cite ainsi, pêle-mêle, « les 40 % de turn-over, le management vertical, les outils de travail vieillissants et en nombre insuffisant, le logiciel de gestion de flotte inadapté » et ne permettant pas gérer efficacement les 13 500 vélos de Mvélo+.

Et que dire des salaires ? « Les salaires les plus bas sont seulement une centaine d’euros au-dessus du seuil de pauvreté », s’indigne Jérôme Bertrand. Et ce ne sont pas les revalorisations comprises « entre 0,4 et 1,2 % », lors des NAO, qui ont suffi à compenser les « vagues d’inflation successives », poursuit-il. Le constat est sans appel : « On en discute souvent entre collègues. Pour nous, le 15, c’est la fin du mois ! »

La grève reconduite le 14 novembre

Malheureusement, toutes les sollicitations adressées par les salariés à la direction de Cykleo pour trouver des axes d’amélioration se sont avérées vaines, regrette le délégué syndical, qui assure être ouvert au dialogue : « Dans un système capitaliste, une entreprise doit réaliser des bénéfices, on peut le comprendre. Mais tout dépend où on place le curseur… » Et dans le cas présent, les salariés sont clairement pénalisés.

La mobilisation est massive chez les 49 salariés Mvélo+, employés par Cykleo depuis janvier 2020.

Après s’être rassemblés toute la matinée sur le piquet de grève, devant l’agence Mvélo+ de la gare, les grévistes se sont rendus à vélo jusqu’au siège du Smmag. Sans avancée à ce stade. Réunis ce jeudi soir en assemblée générale, les salariés ont donc décidé de reconduire le mouvement de grève pour le vendredi 14 novembre.

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Publié le 13.11.2025 à 16:22

Manuel Pavard

« Au moment de l’interprétation de La Strasbourgeoise, les élu·e·s de l’opposition de gauche et écologiste du groupe S’unir pour Sassenage ont fait un pas de côté et ont déployé les trois drapeaux de la France, de l’Europe et de l’Allemagne) tandis que dans le public, nous avons tendu un second drapeau européen », raconte Michel Barrionuevo. Pour le militant communiste, tête de liste de Sassenage en commun pour les municipales 2026, la scène survenue ce mardi 11 novembre, devant le monument aux morts de Sassenage, était inévitable.

En cause, l’entêtement du maire Michel Vendra à maintenir le chant La Strasbourgeoise au programme de la cérémonie commémorative du 11 novembre. Une chanson de la revanche, composée après la défaite lors de la guerre franco-prussienne, dans un contexte marqué par la perte de l’Alsace-Lorraine. Un véritable hymne « revanchard et anti-Allemand », fustigent les élus de gauche, qui ne décolèrent pas.

« Rien ne justifie la présence de La Strasbourgeoise »

Ceux-ci ont en effet tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, en amont des commémorations. D’abord lors des questions diverses soumises au maire par le groupe d’opposition, au cours du conseil municipal du 6 novembre. Puis, via une lettre ouverte commune adressée le lendemain à Michel Vendra par les élus de S’unir pour Sassenage et la liste Sassenage en commun.

De fait, « rien ne justifie la présence de La Strasbourgeoise, aux côtés de l’hymne français La Marseillaise et aux côtés de l’hymne européen. Quelles graines d’espérance et d’amitié entre les peuples, en particulier en direction du peuple allemand, un tel chant peut-il semer en 2025 dans le cœur et l’esprit des jeunes Sassenageois ? », s’insurgent-ils.

L’hymne de l’UNI

Pour couronner le tout, La Strasbourgeoise est particulièrement connotée politiquement. « Les enfants des écoles qui ont préparé cette cérémonie, leurs familles et les Sassenageois rassemblés le 11 novembre savent-ils que ce chant d’un autre âge, est depuis une vingtaine d’années l’hymne de l’UNI, organisation universitaire proche des milieux d’extrême droite, antisémites et néonazis ? », s’indignent les militants de gauche et écologistes.

Le monument aux morts de Sassenage — devant lequel a été interprétée « La Strasbourgeoise » — après le dépôt de gerbes du 11 novembre.

Malheureusement, ces multiples alertes n’ont pas fait fléchir l’édile, qui a assumé jusqu’au bout ce choix aussi anachronique qu’inadapté. Ainsi, La Strasbourgeoise a été « interprétée par le premier adjoint, plusieurs fois candidat de Debout la France, et une membre du personnel communal », ce mardi 11 novembre, déplore Michel Barrionuevo.

Pourtant, concluent S’unir pour Sassenage et Sassenage en commun, « en ces temps où l’horizon géopolitique en Europe et ailleurs est au retour des conflits armés, il est bon de rappeler ce que nos aînés ont voulu pour les peuples au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ». Et de citer la devise de l’Unesco de 1946 : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »

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Publié le 13.11.2025 à 12:19

Régine Hausermann

Le récit est construit sur un retour en arrière de huit mois, le temps nécessaire à la fabrication d’une robe hors norme, la robe de mariée et le voile d’une princesse d’Angleterre, fixé au 6 juin 2025. Commande prestigieuse pour le styliste choisi et l’atelier de couture parisien qu’il sélectionne. La première d’atelier exulte. Pourtant le spectacle commence par sa tentative de sucide dans l’atelier où travaille aussi son mari et sa mère. Les secours arrivent, la première va s’en sortir. Scène que l’on revivra trois heures plus tard au terme de huit mois de stress pour parvenir à livrer la robe et le voile dans les délais.

Le décor est celui d’un atelier de haute couture parisien, étincelant de blancheur dans lequel chacun·e est à son poste : modéliste, patronnier … Grandes tables, rideaux blancs sur lesquels sont accrochés des portraits de belles dames riches, petites tables à cour servant à poser les accessoires et au changement de rôles des acteurs et actrices. A jardin, le mannequin recouvert de la robe en évolution. Un cadre présentant des modèles achevés devient l’écran d’une liaison par internet entre l’atelier parisien et les acteurs extérieurs. Un ensemble très ordonné, cadré selon les normes des donneurs d’ordre.

Les exigences de la cour et de la princesse d’Angleterre conduisent l’atelier parisien à travailler avec les dentellières d’Alençon, dépositaires d’un savoir-faire ancestral et les brodeurs de Mumbai — les meilleurs au monde – pour coudre les 230 000 perles sur le tissu. L’écran rend alors possible l’irruption de ces artistes de l’ombre. Passionné·es par leur métier, fier·es de leur habileté, ils et elles témoignent des larmes – « lacrima » — qui souvent les submergent devant les contraintes horaires qu’on leur impose. Absorbées par leur travail, les dentellières en oublient de respirer. Les brodeurs indiens perdent la vue. Scène émouvante et tragique du brodeur indien venu travailler à Paris et passant la visite médicale qui révèle l’étendue des dégâts : bientôt il sera aveugle. Tout cela pour qu’une princesse puisse porter une robe somptueuse pendant quelques heures ! On pense à la phrase de Montesquieu dans le célèbre texte sur L’Esclavage des nègres : « Tout cela pour que vous puissiez manger du sucre en Europe ! »

© Jean Louis Fernandez

Le texte et la mise en scène révèlent aussi la vie privée des ouvrièr·es. La première d’atelier est victime de la jalousie et de la violence de son mari. Une des dentellières est sollicitée par sa fille qui vit en Australie au sujet de la grave maladie dont sa fille est atteinte. N’y‑a-t-il pas un cas semblable dans la famille ? Le travail n’est pas tout ; pourtant la vie privée de ces femmes est reléguée au second plan pour le plaisir de ces riches qui nous dominent !

On salue le travail politique et sensible de Caroline Guiela Nguyen attachée à montrer les ravages du capitalisme et toute la grandeur des gens de peu, des invisibles. Dans Saïgon, déjà elle s’intéressait au petit peuple de la diaspora vietnamienne, au fossé qui se creuse entre les immigrés attachés à leurs pays d’origine et leurs descendants nés en France coupés de leurs racines. Et déjà le décor était celui d’un lieu de travail, un restaurant vietnamien en France, où la cuisine s’élaborait pendant le spectacle.

Caroline Guiela Nguyen © Manuel Braun

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Publié le 12.11.2025 à 17:39

Maryvonne Mathéoud

Cette famille vit depuis de trop longues années un parcours de précarité dans des hébergements successifs. De 2014 à 2016, elle a ainsi été hébergée par la Relève en tant que demandeuse d’asile. Puis menacée d’expulsion une première fois car déboutée de sa demande d’asile. Une mobilisation de soutien s’est alors mise en place à Fontaine, conduisant la municipalité communiste précédente à l’héberger dans des locaux vides, rue Yves-Farge, de 2016 à 2018.

Présente au rassemblement, Claudine Didier, candidate de la liste d’union de la gauche écologiste et citoyenne, est la marraine de la famille expulsée.

Malheureusement, à la suite du scrutin de 2020, la nouvelle équipe municipale de droite, conduite par Franck Longo, a demandé à la mère et à ses deux enfants de quitter les lieux. La famille s’est donc retrouvée occupante sans droit ni titre et sous la pression permanente d’une mise à la rue. Et en 2023, sous prétexte de détruire l’immeuble de la rue Yves-Farge, la mairie a relogé la famille dans un appartement contre une redevance d’occupation temporaire de 150 euros mensuels. Ceci, bien que la famille soit sans revenus.

Absence de volonté politique

Alors que les rentrées scolaires s’enchaînent, la situation des familles sans logis ne fait que s’aggraver. En 2025, il semble devenu normal pour les institutions de laisser des enfants naître, vivre et mourir à la rue. Dans l’agglomération grenobloise, 450 enfants et leurs familles vivent ainsi à la rue, en bidonville, en squat, hébergés chez des tiers ou dans des hébergements dont ils vont être expulsés.

La responsabilité de cette situation dramatique et scandaleuse incombe à l’absence de volonté politique à différents niveaux. Illustration à Fontaine où, à ce jour, tous les logements d’urgence ont été détruits. Dans une commune de 23 000 habitants, il n’y a plus de logements disponibles officiellement en cas de grande nécessité pour les Fontainois. (feu, dégâts des eaux…).

« Un toit, c’est un droit », rappelait la banderole des manifestants.

Néanmoins, les associations recensent près de 17 000 logements vacants dans l’agglomération grenobloise. Les solutions existent donc, pourtant l’État refuse de financer et d’ouvrir de nouvelles places d’hébergement, de créer des logements sociaux et très sociaux et de lutter contre le logement cher. Quant aux collectivités locales (métropole, mairies), celles-ci préfèrent ignorer la problématique et ne font rien ou trop peu pour assurer l’hébergement sur leurs territoires, tandis que la hiérarchie de l’Éducation nationale ne joue pas son rôle d’assurer le droit à une éducation de qualité pour tous les élèves.

La majorité stigmatise les demandeurs d’asile

Même dans ce sombre tableau, la ville de Fontaine parvient à se distinguer négativement, allant donc jusqu’à expulser elle-même une famille et arrêtant tout soutien aux personnes les plus précaires, à la rue ou menacées de l’être. À cela s’ajoutent en outre les politiques et lois austéritaires, racistes et anti-pauvres qui s’enchaînent sur le territoire communal.

Intervention de Marie, militante de RESF et de l’Intersyndicale enfants migrant.e.s.

Et que dire du communiqué indigne de Monique Kassiotis, adjointe à la solidarité, cohésion sociale et lutte contre les discriminations, publié sur le site de la ville ? « L’appartement a, par ailleurs, été fortement dégradé et rendu insalubre », ose-t-elle déclarer. Avant de poursuivre sur le même ton : « Depuis le printemps 2025 et contrairement à ce qui a pu être affirmé, personne n’a été ‘mis à la rue’. L’État a proposé à cette famille une solution d’hébergement d’urgence ainsi qu’un dispositif d’aide au retour dans son pays d’origine. Ces solutions ont été refusées par la famille qui a finalement quitté le logement avant la mise en œuvre de l’expulsion. »

Les témoignages de personnes suivant la famille démentent pourtant l’affirmation de « forte dégradation » des lieux. Par ces propos non documentés, l’adjointe soi-disant en charge de « cohésion sociale » contribue à attiser la haine sur les réseaux sociaux. Cela éclaire bien la volonté de l’équipe municipale de stigmatiser les demandeurs d’asile et de les renvoyer dans leur pays d’origine.

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