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Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 23.11.2025 à 18:06

Luc Renaud

« Je vous appelle à vous prendre en photo avec une bouteille de sirop Teisseire pour inonder les réseaux sociaux et à verser à la cagnotte en ligne de soutien aux salarié en grève de Teisseire. » D’emblée, Laurence Ruffin, candidate à l’élection municipale de Grenoble, avait placé la soirée de débats consacrée à l’industrie sous le signe de la solidarité avec les Teisseire. Et c’est un représentant des salariés en grève qui a ouvert les débats.

Teisseire, à l’image d’une industrie grenobloise qui se porte mal, et qui pourtant est riche de savoir faire dans la deuxième métropole industrielle de France. Ce qu’ont tour à tour illustré les trois intervenants de cette soirée organisée au siège du PCF à Grenoble.

Un public venu nombreux à des échanges qui se sont poursuivis deux heures durant.

« Lorsque je suis sortie de l’école et que je disais que je m’intéressais à l’industrie, on me regardait avec des yeux ronds ; l’industrie c’était ringard, on me conseillait d’aller travailler dans la finances », témoignait Laurence Ruffin. L’époque du début des années 2000, rappelée par Charles Fournier, de la théorie d’une France sans usines, tournée vers les services et la finance. Avec comme conséquence la disparition des unités de production, celle des turbines de General electric à Grenoble, par exemple.

Ce choix a été celui des actionnaires des grands groupes industriels avec leurs conséquences en cascade sur le tissu industriel de la sous-traitance. Au point que « la France est devenue le pays le plus désindustrialisé du G7 », rappelait Laurence Ruffin.

Stratégies de démantèlement industriel conduites sous le regard bienveillant de l’État. « Lorsque l’on rencontre un ministre de l’Industrie sur le sujet de ST Microelectronics, il nous répond qu’il n’y peut rien : les États français et italien sont pourtant actionnaires de référence de l’entreprise ». Bienveillance que l’on peut nommer complicité. « Les millions de subventions perçues par Michelin ne sont pas remboursés alors que le groupe a fermé deux usines et le gouvernement se refuse à les réclamer », s’indignait Eric Hours.

Laurence Ruffin, choisie par la gauche pour la représenter à l’élection municipale de Grenoble.

Contreparties en termes sociaux et environnementaux que les trois intervenants estimaient nécessaires, et que Laurence Ruffin proposait d’ailleurs de renforcer s’agissant des aides attribuées aux entreprises par la métropole grenobloise.

Autre point souligné par les trois intervenants, celui de l’indispensable intervention de l’État, d’un état stratège des choix industriels, d’une planification aux antipodes de l’ultralibéralisme qui sanctifie le pouvoir des actionnaires. Avec des points de débat. Lorsqu’Eric Hours, prenant l’exemple de Vencorex, propose des nationalisations qui peuvent être temporaires pour protéger des entreprises vitales pour l’industrie du pays, Charles Fournier évoque « la mise sous gestion publique temporaire ». « Cela revient à laisser les actionnaires propriétaires de l’entreprise, ces mêmes actionnaires dont les choix ont conduit dans le mur », relève Eric Hours.

Amandine Germain, conseillère départementale socialiste, co-listière de Laurence Ruffin, participait à la rencontre.

Ce que pourrait être l’intervention de l’État ? Outre la prise de contrôle directe, Laurence Ruffin citait un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. « Lorsque nous avons proposé un plan de reprise de Duralex par ses salariés, la Banque publique d’investissement à mis sur la table une aide de 750 000 euros ; en face, il y avait un projet privé traditionnel, moins favorable aux salariés et à l’entreprise, pour lequel la BPI était prête à verser plusieurs millions d’euros. » Banque publique d’investissement, directement placée sous le contrôle du gouvernement. Pourtant, indiquait Laurence Ruffin, les coopératives sont aujourd’hui des entreprises statistiquement plus solides que les sociétés par actionnaire…

Eric Hours, conseiller régional communiste.

Favoriser les projets des salariés – « les meilleurs experts d’une entreprise industrielle, ce sont ses salariés », insistait Eric Hours qui se prononçait pour des droits nouveaux des salariés dans la direction des entreprises –, mais aussi mobiliser l’épargne, proposait Laurence Ruffin – « nous avons des choses à faire à ce niveau au niveau local » – ou encore taxer aux frontières en fonction de l’impact social et environnemental, utiliser le décret Montebourg qui permet de bloquer des cessions dans des filières stratégiques, mobiliser l’outil de la commande publique… comptent parmi les propositions de la candidate à l’élection municipale grenobloise. De son côté, Charles Fournier voit beaucoup de choses possibles dans le partage des machines outils entre différentes entreprises, l’amplification des échanges locaux, la gestion locale du foncier…

Eric Hours reprenait la question sous l’angle régional. Pour constater l’ampleur de l’aide régionale aux entreprises : un milliard sur six ans au titre du plan régional d’aide à l’industrie, « plus tout le reste », des infrastructures à la dépollution des terrains, par exemple. Il notait que la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme d’autres, ne craint pas de jouer la carte du dumping. « Que gagne l’industrie et notre pays, lorsque l’on dépense des millions pour aller délocaliser une entreprise du Nord et la faire venir chez nous ? », s’interrogeait-il. Une planification des stratégies industrielles, la région pourrait y apporter sa pierre aux côtés de l’État, en soutenant des synergies territoriales au sein d’une filière… comme le propose le projet Axel sur l’imagerie médicale, à Moirans, que le conseil régional rechigne toujours à soutenir.

Charles Fournier, député écologiste d’Indre-et-Loire.

Le conseiller régional communiste rappelait par ailleurs les difficultés des collectivités locales, « pillées par les gouvernements successifs, celui de Hollande ayant été le pire en la matière ». Moins de moyens, une autonomie fiscale réduite à peau de chagrin… autant de difficultés supplémentaires à promouvoir des politiques économiques locales.

Défi que Laurence Ruffin n’en souhaite pas moins tenter de relever. « C’est bien sûr une grande question nationale et européenne, disait-elle, nous n’en avons pas moins des choses à faire pour une planification industrielle écologique et sociale au niveau du territoire. » Un « projet industriel de territoire », s’appuyant sur le potentiel de recherche pour revitaliser des filières industrielles, mettant en valeur les atouts d’une « Grenoble belle à vivre », soucieuse de ses services publics et de sa qualité de vie : « ce que demandent les entreprises qui viennent s’installer, c’est d’abord un cadre de vie pour ses salariés, des crèches, des écoles, une vie culturelle ».

Une soirée au cours de laquelle Laurence Ruffin ne manquait cependant pas de rappeler : « on va gagner, mais à condition de s’y mettre ». Ce jeudi soir, dans la grande salle de la fédération du PCF, a marqué une étape du dynamisme de la campagne électorale de Laurence Ruffin.

La soirée s’est conclue par des échanges avec la salle.

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Publié le 21.11.2025 à 19:25

Manuel Pavard

« Place publique va-t-elle s’allier avec la droite ? » Le titre du communiqué commun signé par le PCF, les Écologistes, Génération.s et L’Après est cinglant. Ces partis ont décidé d’interpeller directement Raphaël Glucksmann, profitant de sa venue en Isère ce vendredi 21 novembre. Le leader et fondateur de Place publique était en visite dans l’après-midi à Pont-de-Claix, auprès des porteurs du projet Exalia, avant de participer le soir au meeting de Romain Gentil, candidat du mouvement pour les municipales à Grenoble.

Référent local de Place publique, François Legrand apparaît (en bas à droite) parmi les soutiens de Franck Longo, sur le site de la liste. DR

Pourquoi une telle indignation ? « À l’approche des élections municipales, nous exprimons notre surprise en constatant la présence du référent local de Place publique, François Legrand, sur le matériel de campagne du maire de Fontaine, Franck Longo, qui conduit la majorité sortante de droite dans cette commune », expliquent les quatre partis de gauche. « Cette majorité qui par ailleurs inclut des figures connues pour leurs positions d’extrême droite et le partage de publications racistes sur les réseaux sociaux », ajoutent-ils.

Place publique doit « clarifier sans ambiguïté ses lignes rouges »

Tous rappellent pourtant avoir « fait front commun sous la bannière du Nouveau Front populaire » — avec Place publique — en juin 2024, « autour d’un cap clair : battre l’extrême-droite et les droites, afin de proposer une alternative sociale et écologique à notre pays ». Et de s’interroger : « Le nouveau ‘cap clair’ prôné par Place publique et Raphaël Glucksmann les conduit-il à assumer un renversement d’alliances et à se ranger derrière ce genre de ‘partenaires’ douteux et dangereux ? »

Les responsables communistes, écologistes, de Génération.s et de l’Après s’adressent à Raphaël Glucksmann, craignant que « ce type de configurations toxiques » se reproduise dans d’autres communes, lors des municipales 2026. D’où leur demande à Place publique de « clarifier sans ambiguïté ses lignes rouges concernant les alliances ».

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Publié le 21.11.2025 à 18:49

Manuel Pavard

Salah Mansouri, coordinateur logistique à Teisseire depuis 2009, résume un sentiment largement partagé par ses camarades : « Au niveau local, on a réussi à se faire entendre mais au niveau national, TF1 a fait un reportage en disant que l’augmentation du sucre nous avait mis dans la m… (sic), etc, alors que c’était l’inverse. On veut donc rétablir la vérité : notre site est totalement viable et si on ramène la sous-traitance, on peut très bien redémarrer la production en étant bénéficiaire. » Pour cela, tous misent beaucoup sur la venue à Crolles de François Ruffin, espérant que celle-ci apportera un « éclairage national » à leur lutte.

François Ruffin s’adressant aux salariés de Teisseire, rassemblés sur le piquet de grève.

De fait, en six semaines de grève contre la fermeture de l’usine, prévue en avril 2026 (avec 205 emplois supprimés à la clé), les salariés de Teisseire ont vu défiler sur le piquet de grève plusieurs élus et politiques isérois ainsi que la plupart des médias locaux. Mais le député de la Somme — ex-LFI siégeant désormais dans le groupe écologiste — est la première personnalité médiatique de dimension réellement hexagonale à se rendre sur place. Il est venu soutenir les grévistes, ce jeudi 20 novembre, au côté de sa sœur Laurence Ruffin, tête de liste de l’union de la gauche écologiste et citoyenne pour les municipales à Grenoble, à l’invitation de la CGT.

« Mille emplois en train de disparaître dans la vallée »

L’UL CGT du Grésivaudan et l’UD CGT Isère organisaient en effet un grand rassemblement devant l’usine de Crolles, avec les syndicats CGT de Teisseire mais également des voisines STMicroelectronics et Soitec. Des entreprises toutes concernées par la désindustrialisation progressive, les suppressions d’emplois et les « réorganisations qui brisent des vies », comme le rappellent les élus syndicaux se succédant au micro. « Chez Soitec, on entre en chômage partiel », confie ainsi Hela Sahli, déléguée syndicale CGT de la société basée à Bernin, qui fait du combat des Teisseire celui de tous les autres salariés.

Hela Sahli, déléguée syndicale CGT à Soitec.

« On paye les décisions de nos dirigeants », déplore-t-elle, insistant sur le rôle crucial des salariés : « Quand on nous demande de travailler, on est là ; quand on nous demande de faire des heures supplémentaires, on est là… Et du jour au lendemain, ils nous demandent de ne plus être là. Ça, c’est inacceptable ! » Son homologue chez STMicro, Alice Pelletier, est tout aussi remontée : « Si on met bout à bout ST, Soitec, Teisseire, Atraltec à Crolles, Stryker à Montbonnot, en réalité ce sont près de mille emplois qui sont en train de disparaître dans la vallée. Et mille emplois, ça va se voir, dans les familles, ça va être terrible ! »

Alice Pelletier, déléguée syndicale CGT à STMicroelectronics.

La syndicaliste fustige en outre les promesses faites en grande pompe par Emmanuel Macron en 2022 et ces 2,9 milliards d’euros accordés à STMicroelectronics « sans aucune contrepartie. Ils avaient dit qu’ils créeraient peut-être mille emplois et en fait que font-ils ? À ST, ils en suppriment mille en France. Cet argent, c’est le nôtre mais il va directement dans la poche des patrons et des actionnaires », s’indigne Alice Pelletier.

« Les fauves, ce sont les pilleurs en costume »

Un véritable « pillage » que subit également Teisseire, indique François Ruffin aux salariés, ciblant Carlsberg, qui a racheté le fabricant de sirops en 2024. Un groupe qui a détroussé intégralement sa victime et tout vidé, tout pillé : « les savoir-faire », « les volumes pour les envoyer ailleurs » et même « la trésorerie », passée de « 120 millions d’euros l’année dernière à moins 24 millions d’euros aujourd’hui ». Le député de la Somme compare le géant danois de la brasserie à « des fauves ». Mais « les fauves, il faut les mettre dans des cages, s’insurge-t-il. Les fauves, ce sont les pilleurs en costume. »

François Ruffin s’en est pris vivement aux « pilleurs » Carlsberg ainsi qu’à l’État et à Emmanuel Macron, ciblés pour leur inaction.

Malheureusement, malgré ce braquage organisé, on — sous-entendu l’État — « se laisse faire », accuse le fondateur de Fakir. « Maintenant, on demande un État qui protège et un président qui protège l’industrie, qui protège l’économie, ajoute-t-il. Pour la première fois dans notre histoire, la part de l’industrie dans notre PIB vient de passer sous la barre des 10 %. Du jamais vu ! Pourquoi ? Parce que l’État fait le choix de ne pas protéger. »

Fathi Ghiloufi, délégué syndical CGT à Teisseire, aux côtés de son camarade Florent Duc.

Pour François Ruffin, cette inaction est totalement délibérée. « Quand l’État veut, il peut », affirme-t-il, rappelant que le motif économique est inexistant. Et donc que les services de l’État, que ce soit la préfecture, le ministère du Travail ou la DDETS, ont des cartes en main pour « s’interposer » au profit des salariés. Ces cartes, c’est notamment « la possibilité de non-homologuer un plan social », expliquer le parlementaire.

« Il faut se battre pour maintenir notre savoir-faire »

Ce n’est pas sa sœur qui le contredira sur ce point. Appelant à « se battre pour maintenir notre savoir-faire » et « pour cette entreprise qui allait bien avant le rachat », Laurence Ruffin estime que « l’État devrait aussi le faire au nom de la réindustrialisation ». La candidate à la mairie de Grenoble souligne l’importance du symbole Teisseire : une entreprise vieille de trois siècles, une marque et des sirops connus de tous, un quartier grenoblois portant son nom… « Teisseire, c’est Grenoble », assène-t-elle. « C’est notre fierté. »

Laurence Ruffin, déjà venue à plusieurs reprises soutenir les salariés de Teisseire, était de retour avec son frère.

Laurence Ruffin s’appuie sur son propre parcours pour maintenir la flamme de l’espoir. Dirigeante pendant quinze ans de la Scop Alma, « une entreprise coopérative qui a travaillé pour l’industrie », elle a pu expérimenter un système où « tous les salariés étaient associés. Ce qu’on gagnait, soit on le réinvestissait dans l’outil de travail, soit on le redistribuait aux salariés. C’est ça le modèle d’entreprise qu’on doit défendre. »

Laurence Ruffin, « la meilleure pour Grenoble » selon son frère

La tête de liste de l’union de la gauche cite également deux entreprises. Deux cas emblématiques qu’elle a suivis de près — en tant que vice-présidente de la Confédération générale des Scop et des Scic. D’abord la coopérative Scop Ti 1336 (qui produit du thé et des infusions bio), héritière de Fralib, rachetée pour un euro symbolique par ses salariés en 2014. « Ils ont réussi à refaire vivre leur structure, et dix ans après, ils sont là, ils sont fiers, ils se battent », se félicite Laurence Ruffin.

Devant l’usine de Crolles où les salariés de Teisseire sont en grève depuis le 9 octobre.

« La deuxième structure qu’on a accompagnée, dans le mouvement coopératif, c’est Duralex, poursuit-elle. Duralex, personne n’y pensait. Personne ne croyait possible que ces verres — dans lesquels vos sirops iraient si bien — pouvaient être repris par les salariés. Or, on y est parvenus sans aide de l’État, on a levé près de 19 millions d’euros auprès de 20 000 personnes en trois jours ! » Un exemple à suivre pour Teisseire, selon Laurence Ruffin, convaincue qu’on peut « continuer à fabriquer un sirop local », grâce au savoir-faire et à l’eau des Alpes.

François et Laurence Ruffin ont échangé avec les salariés de Teisseire et d’autres entreprises voisines, comme ST et Soitec.

Des propos que son frère a salués, faisant l’éloge de cette sœur qui « parle d’expérience » lorsqu’elle aborde le sujet de l’industrie. Quel regard porte d’ailleurs François Ruffin sur sa candidature aux municipales ? « C’est la meilleure », sourit-il. La meilleure de la famille mais aussi « pour Grenoble ». Et de conclure en se tournant vers elle : « Si ce pays était fait correctement, elle serait déjà ministre de l’Industrie. »

Chaude ambiance sur le piquet de grève, malgré le froid glacial.

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Publié le 20.11.2025 à 18:19

Max Blanchard

Place des Géants, à Grenoble. Des marchands de sommeil occupent illégalement des appartements qu’ils louent à prix d’or à des familles sans abri. Le bailleur Actis demande le départ de celles-ci. La préfecture de l’Isère les fait alors expulser manu militari, le 28 octobre puis le 18 novembre. Des dizaines de familles à la rue. C’est le début de l’histoire. La suite est énergique.

Les familles ont été expulsées des logements vides qu’ils occupaient, à la demande du bailleur social Actis.

Déjà rompus à l’action antérieurement, les « livreurs à vélo » et leur syndicat CGT se mobilisent avec l’appui du DAL. Le droit est avec eux : si la trêve hivernale ne s’appliquent pas aux squats, la loi fait en effet obligation à l’État de reloger les expulsés. « Il faut donc faire pression sur l’État », clame Mohamed Fofana, président des livreurs à vélo et secrétaire général de leur syndicat. Mais l’État, lui, est aux abonnés absents. Pour déjouer les provocations, cap est mis, ce mercredi 19 novembre, sur la Métropole de Grenoble : « Elle connait les établissements publics désaffectés qui peuvent héberger des gens dans le besoin ! »

Venus nombreux, « les manifestants ont été accueillis par la Métro qui leur a affecté provisoirement une salle, tout en annonçant chercher des solutions », explique Anne Villegier (Cisem), qui rappelle l’engagement de son organisation « à l’égal accès de toutes et tous aux droits fondamentaux, dont le logement ».

De leur côté, dans un coin de la salle, des militants du DAL enregistrent fébrilement toutes les familles demandeuses, répondant de leur mieux aux multiples interrogations inquiètes, tandis que de nombreux enfants sillonnent la pièce sous le regard angoissé de leurs parents.

Une solution doit être trouvée

Pour Mohamed Fofana, cette occupation du siège de la Métropole n’est pas une fin en soi : « Il faut qu’un solution soit trouvée. Nous allons rencontrer des responsables de la Métro et d’Actis pour tenter de déboucher. » Et de préciser à tous ceux qui attendent entassés en cette salle : « Nous tiendrons une assemblée générale après la rencontre [NDLR : prévue ce jeudi 20 novembre au soir]. Il n’est pas sûr que nous pourrons satisfaire tout le monde, il n’y aura pas de favoritisme. En tout cas, nous n’accepterons pas d’être entassés dans un gymnase, solution très temporaire et malsaine. Ce qu’il faut, c’est rester unis et rester ensemble jusqu’à trouver une solution pour le plus grand nombre ! »

Mohamed Fofana, secrétaire général du syndicat CGT des livreurs à vélo.

De son côté, la Ville de Grenoble se dit, dans un communiqué diffusé mercredi 19 novembre, « particulièrement préoccupée par l’emprise de ces réseaux criminels [NDLR : des marchands de sommeil] ainsi que par la sécurité des personnes. À cet égard, elle a alerté l’État et a réalisé un signalement en avril 2025 auprès du procureur de la République, mentionnant l’ensemble des adresses concernées. »

La municipalité précise qu’elle « continue et continuera à demander à l’État d’affecter au territoire grenoblois des moyens d’enquête et des forces de police supplémentaires, nécessaires pour démanteler ces réseaux criminels. Concernant les ménages évacués, elle regrette le manque de places d’hébergement d’urgence sur le territoire malgré les efforts de l’État local avec qui la Ville a pu trouver des solutions pour les premières familles concernées. »

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Publié le 19.11.2025 à 19:23

daniel Oriol

Après plusieurs réunions, la gauche roussillonaise s’est mise d’accord pour s’adresser à la population de cette ville de l’Isère rhodanienne.

Un tract a ainsi été distribué ces jours derniers appelant la population à s’investir dans la rédaction d’un programme, de s’impliquer dans la constitution de la liste.

Toutes les composantes de la gauche ont réussi après de multiples discussions à se mettre d’accord sur les thèmes retenus.

On en trouvera ci-après le contenu.

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Publié le 19.11.2025 à 18:02

Edouard Schoene

Les représentants de l’association, Patricia Ospelt et Hervé Derriennic, annoncent fièrement le chiffre de 1382 signataires de la pétition (en ligne et papier) pour ce projet, à ce jour. Selon eux, le budget 2025 adopté par la ville de Grenoble pour un centre de santé devrait par ailleurs être engagé sur le projet de Saint-Bruno (600 000 euros dont 500 000 euros pour l’investissement).

L’association invoque les arguments suivants pour défendre cette offre de soins de proximité :

  • Il est difficile de trouver un médecin.
  • Nombre de médecins vont partir à la retraite.
  • Défendre l’accès aux soins est un droit commun indispensable.
  • Un centre de santé améliorerait la cohésion sociale dans le quartier.
  • Ceci permettrait d’alléger les urgences.

« Une démarche d’avenir »

Les intervenants soulignent en outre l’important travail mené par l’association depuis le 8 février 2024, avec des débats publics (en octobre 2024, mars 2025, octobre 2025), des rencontres avec les habitants, les professionnels de santé, les associations de quartier, les élus de Grenoble… Un centre de santé qui apparaît donc clairement justifié sur la base de toutes ces rencontres ainsi que des documents d’analyse des besoins sociaux réalisés par le CCAS.

L’Espace Saint-Bruno, situé sur la place éponyme, pourrait accueillir le centre de santé, selon l’association, qui a déjà entamé les négociations avec la paroisse et le diocèse.

S’appuyant sur une rencontre récente avec le Dr Schoene, l’association écrit d’ailleurs : « En créant un centre de santé communautaire, il s’agit de mettre en place une approche de la santé qui place le patient, le citoyen, non comme le bénéficiaire d’un système de soins, mais comme un acteur dans le projet de santé communautaire (OMS : Charte d’Ottawa, 1984). »

« L’action qu’engage l’association Centre de santé Saint-Bruno est une démarche d’avenir », poursuit cette dernière. En effet, « la démarche de santé communautaire permet de concevoir la santé de manière totalement différente de celle qui est aujourd’hui pratiquée dans notre pays, où le système de santé est en panne, et où la prévention est le parent pauvre. Les usagers, les citoyens ne sont absolument pas ou très peu associés aux questions et aux décisions qui les concernent », déplore-t-elle.

L’ouverture espérée pour la fin 2027

L’association annonce également disposer d’un dossier solide pour concevoir une ouverture possible d’un centre de santé fin 2027 si la ville se positionne vite pour le soutenir. Des pourparlers sont ainsi en cours avec un gestionnaire potentiel qui s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire, à but non lucratif.

Autre avancée, un bâtiment qui pourrait accueillir le centre de santé à l’issue de travaux a été identifié : l’Espace Saint-Bruno (situé au 20 place Saint-Bruno), construit en 1882 et propriété de l’Église, patrimoine social de Grenoble. « Les échanges entre l’association, la paroisse et le diocèse ont permis un accord de principe pour l’acquisition de l’Espace Saint-Bruno selon un calendrier échelonné sur quinze ans », se félicitent Patricia Ospelt et Hervé Derriennic.

Ces derniers évoquent aussi le diagnostic de santé réalisé actuellement par l’association. Un travail conduit durant plusieurs mois, en étroite concertation avec les acteurs du quartier.

Une demande de rencontre avec la municipalité

Particulièrement déterminés, les responsables partagent aujourd’hui une conviction. Selon eux, « l’association Centre de santé Saint-Bruno peut engager sans tarder la conversion de l’Espace Saint-Bruno en centre de santé. La prévision budgétaire décidée par la municipalité couvre la quasi-totalité de la première phase des travaux, expliquent-ils. Les ressources complémentaires seront sollicitées auprès de différentes collectivités ou organismes qui soutiennent la création de centres de santé. »

Pour finaliser la deuxième phase des travaux, les militants associatifs comptent, outre des demandes de subvention, « organiser une action de mécénat auprès de fondations, d’entreprises et des divers organismes liés au secteur 1 et donc au quartier Saint-Bruno de Grenoble », indique l’association Centre de santé Saint-Bruno. Laquelle demande officiellement « une rencontre avec la municipalité afin d’examiner la réalisation du centre de santé communautaire sur le quartier Saint-Bruno ».

Le Travailleur alpin tiendra ses lecteurs informés du positionnement des candidats aux élections municipales de Grenoble, sur le dossier du centre de santé communautaire Saint-Bruno.

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Publié le 19.11.2025 à 18:00

Régine Hausermann

La scène de l’accouchement ouvre le spectacle devant l’entrée d’un lieu de plaisir. Rodolphe Poulain – au gabarit imposant — dans le rôle de la parturiente en costume de stripteaseuse, implore le secours de sa patronne — sage-femme à ses heures – au gabarit plus modeste, en robe rouge, interprétée par Christian Heck qui nous régale d’un jeu outré, transformant son corps en marionnette vivante. L’accouchement est traité en théâtre d’ombre et donne lieu à de nombreux effets comiques qui ne s’embarrassent pas de bienséance ! Enfin des pleurs se font entendre. Stupeur ! Deux fillettes apparaissent. Des jumelles ! Mais non, elles sont liées au niveau de la colonne vertébrale : des « monstres » ! des siamoises !

Christian Hecq dans le rôle de la Tantine. © Fabrice Robin

La mère annonce qu’elle ne veut pas de ces créatures. Immédiatement, Mary Hilton la sage-femme y voit une aubaine et les adopte. Devenue leur Tantine, elle élève les filles pour pouvoir les exhiber dans les foires dès l’âge de trois ans, moyennant quelques pennies.

© Fabrice Robin

Elle les fait éduquer, leur apprend la danse et le chant. Leur destin est tracé, d’autant qu’elles deviennent de très jolies jeunes filles. L’Amérique les attend. En ce début de 20ème siècle, les cirques itinérants sont nombreux. Elles partent en tournée, sont invitées à Broadway. Le succès est énorme. En 1932, elles jouent leur propre rôle dans le film Freaks de Tod Browning.

D’abord tenues à l’écart du public qui ne peut les voir qu’en payant, leur notoriété et leur programmation, leur font découvrir les autres. D’autres « monstres » comme elles : l’homme-tronc, Hercule de foire, et même Houdini le magicien qui leur apprend à se « séparer » mentalement, alias Rodolphe Poulain ; le pétomane alias Christian Hecq.

Valérie Lesort et Céline Milliat-Baumgartner changent de voix, de mimique, de robes, au cours des presque deux heures que durent le spectacle. Vient l’époque des premières amours. Violet est amoureuse de Maurice. Couple impossible ! Beau moment de poésie où Maurice (Christian Hecq) lui déclare son amour. Les sœurs découvrent aussi le terme « exploitation » car elles sont complètement sous la coupe de leur Tantine.

Deux hommes, deux femmes, deux duos éblouissants, complétés au niveau musical par le pianiste Renaud Crols, perché au-dessus des rideaux de l’entrée, quelquefois rejoint par les deux comédiens pour des airs de jazz, de swing, de charleston souvent accompagnés par les pas de danse des deux sœurs. Les tableaux se succèdent au rythme de la musique et des gags. Le public vibre. Si le dialogue et les situations évoquent aussi les souffrances et les difficultés psychologiques et sociales des deux jeunes femmes, c’est la joie qui domine, dans un décor de cirque, de fête foraine, de comédie musicale ou de cabaret. D’autant qu’elles ont gagné leur indépendance juridique et financière.

© Fabrice Robin

Mais le succès s’émousse avec l’arrivée du cinéma parlant et les sœurs en sont réduites à s’exhiber dans une boîte de strip-tease. Puis elles en sont réduites à travailler dans une épicerie. Tableau où on les voit accomplir des gestes mécaniques, harcelées par la voix impatiente de leur patronne. Janvier 1969, elles succombent à la grippe de Hong-Kong, Violet survivant de trois jours à Daisy. Dernier tableau émouvant.

Valérie Lesort a écrit les dialogues. Christian Heck (de la Comédie française) en a assuré la mise en scène. A cinq, ils recréent sur scène un monde en s’inspirant du surréalisme et du burlesque. Sans oublier les technicien·nes du son, de la lumière, du maquillage et du costume qui sont six à venir saluer à la fin de la représentation. Un splendide travail artistique où les individualités se nourrissent du collectif.

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