

Afin de poursuivre sa mission de co-conception et diffusion d'outils paysans, l'équipe R&D est à la recherche de deux nouvelles personnes !
Retrouvez le détail de chaque offre sur la page dédiée :
Conditions communes des offres : 📍 Basés en Isère (38), à Renage 🧾 CDI à temps plein – statut cadre 🟰 Salaire unique 😊 Une super équipe

En mars nous vous annoncions la recherche d'un nouveau local pour l'antenne Grand Ouest : nous avons trouvé ! Il s'agit d'un nouveau lieu à 10 min de Redon, à Peillac plus exactement, toujours dans le Morbihan.
Nous déménageons à la fois le bureau et le lieu de formations (hall technique avec tous ses équipements) Le chantier est colossal, et nous avons besoin de monde pour le concrétiser !
Le déménagement aura lieu tout le mois de juillet.
Les besoins sont variés : A Saint Nolff : de la mise en carton au démontage des installations électriques, en passant par la remise en état de l'atelier A Peillac : aménagement du local, réinstallation des équipement... Il y en a donc pour toutes les compétences et toutes les bonnes volontés !
Info pratiques :
- Le déménagement se déroulera en plusieurs étapes : chaque journée aura ses objectifs
- Les horaires sont 9h à 17h environ
- Vous pouvez vous inscrire à une ou plusieurs journées ici Vous inscrire en amont nous aide vraiment beaucoup à nous organiser, alors merci !
- Le midi, c'est repas partagé
- Vous pouvez venir à plusieurs : plus on est de fou/folles, plus on rit et... plus on sera efficaces !
- Adresses :
Saint Nolff (ancien lieu) : 4 rue Denis Papin, ZA de Kerboulard 56250 Saint Nolff
Peillac (nouveau lieu) : Lézurlot, 56 220 Peillac
- Contacts :
Pierre : 06.01.68.99.36 Mathilde 07.66.92.75.72
On a bien pensé à appeler les "Déménageurs Bretons" mais on s'est dit qu'on serait encore meilleurs qu'eux ;-) Pour que l'antenne Bretagne puisse prendre rapidement ses quartiers avant le début des formations, nous avons vraiment besoin de bras pour mener ce chantier !
On compte sur vous ?

La fascination pour le progrès technique, supposé bénéfique « par nature », s'incarne désormais dans l'engouement officiel pour l'IA. Comme toujours avec le numérique, les impacts de l'infrastructure matérielle qui sous-tend son déploiement semblent rester dans « le nuage ». Dans la région grenobloise, où ce mythe s'est déjà fracassé sur les usines de puces électroniques, c'est désormais un data center dédié à l'IA qui incarne ces nuisances.
Enfin une ministre de l'Agriculture qui s'inquiète du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) ? Annie Genevard a en effet fait part de certaines craintes lors d'une interview dans le JDD de Bolloré, le 25 mai. En cause, non pas la course à la sophistication électronique des matériels agricoles ou les outils d'aide à la décision qui collectent des informations à même de nourrir des modèles informatiques de spéculation sur les récoltes. Mais bien plutôt les milliers d'amendements que les député-es de gauche avaient déposé à l'Assemblée nationale concernant la proposition de loi Duplomb. « Il est urgent d'y répondre, car avec le développement de l'IA, il sera bientôt facile pour un député de déposer des millions d‘amendements sur un texte », s'inquiétait la ministre, qui demandait en fait à répondre à la guérilla parlementaire menée par les opposant-es à cette nouvelle loi en faveur de l'agriculture industrielle. Une volonté antidémocratique de « limitation du droit (constitutionnel) d‘amendement », comme le pointait Libération le lendemain [1].
En février 2024, celle qui était alors députée interpellait un intervenant favorable à l'IA en commission des affaires culturelles : « Comment expliquez-vous que certains pays qui sont allés très avant dans les outils numériques font aujourd'hui machine arrière ? » Mais il était alors question de pratiques éducatives. En revanche, quand il s'agit d'agriculture, la ministre est bien une promotrice de l'IA, évidemment présentée comme une alliée de l'écologie. « Il y a des machines qui peuvent traiter quasiment au brin d'herbe les mauvaises herbes qui perturbent les productions », expliquait-elle début novembre en vantant une réduction « de 70 à 80% [de] l'utilisation des produits phytosanitaires ». Elle avait tiré ces chiffres d'un article de presse, avait expliqué France Info qui avait montré que cette affirmation était, peut-être à son insu, mensongère. Elle s'inscrivait ainsi dans la droite ligne de ses prédécesseurs, aimant citer les chiffres des vendeurs de machines et sans aucune contre-expertise indépendante. L'IA, comme tout le déploiement du numérique, est toujours présentée comme une alliée des agriculteurs et agricultrices alors même que le pilotage par algorithmes pousse à la standardisation des pratiques et que la course à l'investissement alimente la capitalisation des fermes, qui cherchent à grandir pour amortir ces coûts et deviennent impossibles à transmettre. Dit autrement, l'ultra-sophistication électronique des matériels agricoles détruit les savoirs et savoir-faire paysans et participe activement à la concentration des exploitations. Un désherbeur à pulvérisation dite « de précision » guidée par IA, comme celui de la société Ecorobotix, coûte environ 120 000 euros auxquels il faut ajouter le coût annuel des licences pour les algorithmes, selon ses promoteurs. Pour un désherbeur qui identifie et brûle les adventices au laser, il faut compter un million d'euros [2]… Lorsqu'elle était encore députée, Annie Genevard avait « beaucoup aimé l'idée que "Il faut savoir faire avec ou sans" », propos tenu par un expert auditionné à l'Assemblée sur l'IA dans l'éducation. Devenue ministre, elle n'a aucun problème à favoriser des dépendances technologiques aussi extrêmes, ce qui revient justement à se priver de toute capacité de produire notre alimentation sans y avoir recours et achève la transformation de notre agriculture en unités de production pilotées par des agri-managers.
Fuite en avant
La promotion de l'IA est aujourd'hui érigée en politique prioritaire au plan national. Si une stratégie nationale pour l'IA existait depuis 2018, le « sommet pour l'action sur l'IA » en février dernier puis la nouvelle édition le 19 mai du sommet « Choose France » (destiné à séduire les grands investisseurs mondiaux) ont été l'occasion de grandes annonces en la matière. Les milliards saoudiens et émiratis pleuvent sur la Start Up nation, qui entend bien devenir la locomotive européenne de la guerre industrielle en cours avec les États-Unis et la Chine dans ce domaine. Le gouvernement se targue de recenser un millier de start-ups dans l'IA (deux fois plus qu'en 2021) et les projets de data-centers se multiplient en France : 35 sites pré-identifiés par le gouvernement en février pour ces supercalculateurs visant à développer et approfondir les « réseaux neuronaux » pour rechercher toujours plus de performance, et quelques projets monstrueux confirmés en mai.

Il n'est pas courant de pouvoir remercier les géants de l'agro-industrie pour leur promotion de notre travail sur les technologies paysannes. Et pourtant, l'occasion nous est offerte sur un plateau par un poids lourd du secteur : Kuhn.
La communication du groupe, relayée dans la presse spécialisée, vient de présenter en grande pompe un nouvel outil de sa gamme :le décompacteur-ameublisseur DT.
Une nouveauté ? Disons plutôt une réédition habilement maquillée. Car sous le vernis marketing, difficile de ne pas y reconnaître les traits familiers du Réhabilitator, cet outil de décompactage dont le premier prototype de l'Atelier Paysan a été construit fin 2018 avec un groupe réuni par Agrobio Périgord.
Quelques différences existent, certes, mais la ressemblance est criante.
Merci donc à Kuhn de remettre sur le devant de la scène cet outil resté confidentiel ces dernières années faute d'y avoir consacré des moyens de promotion et de développement suffisants !
Et tant pis si l'idée a été piochée discrètement dans notre catalogue ou dans les archives ouvertes laissées par les précurseurs de cet outil : c'est la preuve éclatante que les innovations issues du terrain, conçues par et pour les paysans, finissent par percoler jusque dans les bureaux d'étude des plus grands équipementiers.
Plus qu'un simple décomptacteur...Plus qu'un simple décompacteur, le Réhabilitator est un combiné qui assure une fissuration profonde grâce à ses dents profilées munies de socs à ailettes amovibles et un travail d'ameublissement près de la surface grâce au double rouleau à dents, rétractable.
L'inspiration initiale est plurielle, mais s'appuie notamment sur la longue expérience du biodynamiste australien Podolinsky, transposée au maraîchage par Darren Aitken et en France par Aurélien Prouillac. Les approches du keyline design, des outils comme la charrue Yeomans ou encore plus récemment des explorations pour mécaniser l'agriculture syntropique participent de cet ensemble de pratiques de fissuration destinées à favoriser les échanges d'air et d'eau et donc de vie plus en profondeur.
Initialement mis en plan pour la viticulture, il se révèle redoutablement polyvalent : maraîchage, arboriculture, PPAM…
Le Réhabilitator s'inscrit dans une approche globale de pratiques favorables au sol vivant : aération optimale du sol, apports de matières organiques, travail du sol superficiel, insertion intensive des couverts végétaux dans les rotations ou les inter-rangs pour les cultures pérennes.
Nul besoin de le passer tous les ans dans chaque parcelle : bien utilisé, à l'échelle collective, il révèle tout son sens. Mutualisé entre fermes, via une CUMA ou même sans structure formelle, il devient un levier puissant d'autonomie paysanne.
L'histoire du Réhabilitator ne fait que (re)commencer et elle vaut mieux qu'un coup de peinture rouge et un logo bien placé...
Envie de passer à l'action plutôt que de laisser les industriels vous dicter l'innovation ? Rejoignez-nous.

Et voilà ! Les paysannes et paysans sont de nouveau pleinement accaparés dans les travaux des champs, c'est les beaux jours, la pleine saison agricole.
Pour l'Atelier Paysan, c'est le moment de regarder en arrière et de préparer la suite. C'est le cas pour la campagne de formation qui s'achève doucement, mais aussi pour la campagne d'essaimage qui a battu son plein jusqu'au printemps ! Quinze journées d'animation de lancement d'essaim dans quinze départements au premier trimestre 2025 !
Les derniers actes de l'essaimage...- En avril une grande et belle Assemblée générale de Soudons, fermes !, l'association fédérant les essaims en activité au niveau national. Les quatorze essaims membres y étaient réunis pour la première fois avec l'Atelier Paysan.

- En mai une ultime journée « d'émergence » a lancé la dynamique dans les Corbières, propulsant l'essaim « Beauregard, Tiers Lieu paysan ».
Ces journées d'émergence ont réuni entre 30 et 80 personnes une vingtaine de fois depuis début 2024. Une journée entière, c'est long et exigeant mais nécessaire pour prendre le temps d'appréhender l'aventure collective qui est proposée et de faire se rencontrer les paysannes, paysans, artisans, citoyennes et citoyens participant.
Mais surtout il faut prendre le temps de préciser les attentes, les désirs, les besoins d'un territoire toujours singulier et de passer des rêves à leur réalisation : tout un travail d'organisation enthousiaste, qui s'appuie sur les associations alliées déjà présentes sur le terrain et les embarque dans un calendrier d'actions locales : des formations bien entendu, mais aussi de la conception de nouvelles solutions techniques, des ateliers d'entraides proches des fermes, des évènements publiques, des rencontres professionnelles, des cartographies de ressources artisanes et de savoir-faire, de l'outillage et des plateaux techniques disponibles de partout, et bien entendu de la politisation de la technique, contre l'emprise de l'agro-industrie, pour l'autonomie paysanne et la démocratie alimentaire !
Du nouveau dans l'équipe Atelier Paysan pour accompagner l'essaimageLa campagne hivernale a permis à Claire, Albin et Tom, sociétaires de l'Atelier Paysan, de se former à l'animation des journées émergences et le compagnonnage des essaims dans leurs premiers pas, prenant la suite d'Hugo pour la prochaine campagne.
Le réseau Soudons, fermes ! accueille Mathilde comme nouvelle coordinatrice nationale, prenant la suite d'Arina, qui vogue vers de nouvelles aventures, après avoir posé toutes les bases de cette première phase d'essaimage.
Et la suite ?Rendez-vous donc dès octobre pour la prochaine campagne d'essaimage de l'Atelier Paysan, en cours de finalisation ! Une douzaine de territoires se préparent à ces émergences : la Creuse, le Gard, le Gers, l'Indre, le Doubs, l'Ariège, l'Indre-et-Loire, l'Orne, la Picardie, les Pyrénées Orientales, la Seine et Marne ou encore… la Corse !
Vous êtes de ces territoires et voulez vivre ces lancements de dynamiques ? Faites-vous connaître dès maintenant ! Vous êtes d'un endroit où il n'y a pas encore d'essaims et vous pensez que l'Atelier paysan y est attendu ? Faites-le nous savoir aussi !
Une adresse pour cela : contact[at]soudons-fermes.org
Retrouvez ici la carte des essaims déjà lancés
Vivement l'automne !

« Le roto-laveur, la laveuse de vos raves ! »... ainsi est-elle surnommée par le groupe de maraichers et maraichères qui l'a co-conçue.
Cette laveuse permet de laver ses légumes racines, caisse par caisse, de manière efficace, ergonomique et économe en eau, tout en étant facile d'entretien et déplaçable... sans une éclaboussure et pour un coût d'achat raisonnable !
Désormais disponible au catalogue, pour une commande en kit ou une autoconstruction en formation !
La création de cet outil fait suite à un chantier prototypage et environ 1 an de co-conception pour le projet « Laveuse à légumes » porté par le GAEC Ferme Laporte, la MSA Gironde et l'Atelier paysan, et soutenu par la Fondation Au Nom de Sélène.
L'objectif était de repenser le pôle lavage des légumes - trop souvent jugé moins prioritaire lors de l'installation - en prenant en compte la durabilité, l'autonomie, l'écologie, et l'ergonomie.
Le processus de co-conception avec l'Atelier Paysan a été initié le 31 mai 2024 lors d'une rencontre avec les membres du groupe et la MSA (voir l'article dédié), et s'est poursuivie à distance avec des réunions en visio régulières afin de permettre à l'Atelier Paysan de dessiner (en 3D puis en plan) une première version de l'outil correspondant aux besoins du groupe.
Le premier prototype a été réalisé en février 2025 (voir l'article dédié). Les premiers essais et les premiers retours de fabrication et d'usage ont permis à L'Atelier Paysan de mettre à jour l'outil et d'en proposer une version disponible à la formation !
Et il reste encore à créer une option avec des équipements hydrauliques : lance d'arrosage, tuyau de raccordement, vanne d'alimentation, etc. (sachant que la bonde et le trop-plein sont compris dans l'outil de base)
Évidemment, comme avec tous les outils de L'Atelier Paysan, l'équipe de L'Atelier Paysan prendra en compte les premiers retours pour valider cette conception, l'améliorer au besoin et pour la proposer ensuite en kit et à la prochaine saison de formation.
Retrouvez la laveuse à légumes au catalogue de l'Atelier Paysan iciElle est désormais constructible en formation (dès octobre) ou commande en kit à assembler soi-même !$


La "loi Duplomb" commence à être discutée en commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, avec son cortège de régressions écologiques... au nom de la compétitivité de la "Ferme France" vis-à-vis de ses voisins européens. L'occasion de se questionner sur la concurrence intra-européenne et de se demander si un moyen d'empêcher les reculs environnementaux et la progression des idées d'extrême-droite n'est pas précisément de protéger l'agriculture française.
« La seule chose que vous récolterez, c'est que les agriculteurs ne seront plus agriculteurs et que les paysages ne seront plus ceux d'aujourd'hui. La seule chose que vous offrirez aux Français, ce sont des produits importés ! »
L'éleveur qui lance cet avertissement, le 27 janvier au Sénat, n'est pas n'importe quel agriculteur. Celui qui fut membre du Conseil de surveillance de la marque Candia, président de la coopérative laitière Sodiaal Massif Central et de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire [1] a dû quitter ces mandats et celui de maire de sa commune (Saint Paulien) il y huit ans pour entrer au Sénat [2]. Il y porte inlassablement « des valeurs et des convictions qu'il a au plus profond de lui »[3]… et qui correspondent exactement aux revendications de son pôle syndical historique, l'alliance FNSEA-JA (Jeunes Agriculteurs) [4].
Laurent Duplomb a ainsi été rapporteur au Sénat de la Loi d'orientation agricole (LOA), qu'il a pu durcir en matière de régressions pour l'agriculture paysanne. Il y a d'ailleurs, très symboliquement, obtenu l'effacement même du mot « agroécologie ». Mais cela ne suffit pas.
Ce mardi 13 mai, débute à l'Assemblée nationale l'examen d'une proposition de loi qu'il porte, dite « pour lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur ». L'exposé des motifs dénonce une « érosion brutale de [la] compétitivité » de l'agriculture française et s'alarme : « Le déficit commercial avec nos partenaires européens, constaté pour la première fois en 2015, se monte en 2023 à 2,6 milliards d'euros. L'heure n'est plus au constat, mais à l'action. » Pour la droite, l'extrême-droite et une large part du camp libéral macroniste, cette action suppose de s'en prendre aux réglementations environnementales et sociales, accusées d'entraver la course sans fin dans la compétition internationale. De quoi réjouir la FNSEA et les JA, mais aussi la Coordination Rurale, qui capitalise sur le désespoir paysan pour pousser des mesures en réalité propices à l'agro-industrie.
Les impacts du libre-échange intra-européen
En réponse à ces propositions réactionnaires, associations écologistes et mouvements de gauche tentent de sauver les meubles : en tentant de supprimer un article, d'en faire modifier le sens, voire de bloquer la loi… Car cette proposition de loi est vertigineuse : autorisation de drones pour les traitements et assouplissements réglementaires pour la commercialisation et l'usage de pesticides, facilitation de création de fermes-usines ou de mégabassines, ré-autorisation des néonicotinoïdes utilisés ailleurs dans l'Union européenne, etc. L'agriculture française serait victime avant tout de « surtransposition » du droit européen, avec des réglementations parfois plus contraignantes que dans les pays voisins. Un terme qui suggère habilement qu'il faudrait renoncer à toute ambition écologique et sociale au-delà de ce qui est obtenu à Bruxelles.
L'indécence du revenu agricole sert aujourd'hui de prétexte au détricotage de réglementations environnementales. Pour autant, Laurent Duplomb a raison de pointer la concurrence déloyale d'autres pays producteurs, y compris au sein même de l'Union européenne. Un article récent du Monde Diplomatique résumait la situation : « Les importations sont passées de 28 à 56 milliards d'euros depuis 2000, et représentent désormais 20 % de l'alimentation nationale, 45 % de la consommation de volailles, 56 % de celle de viande ovine, 63 % de celle de protéines issues d'oléagineux à destination des élevages, et 71 % de celle des fruits. La France dépend donc entre autres de partenaires européens à la main-d'œuvre moins coûteuse. Un tiers de la volaille et un quart du porc transformés industriellement en France proviennent des Pays-Bas, de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, ainsi que d'Ukraine, qui bénéficie de conditions d'exportation très avantageuses sans appartenir à l'Union européenne. »[5]
Le problème est que pour remédier à cette concurrence, la proposition de loi Duplomb cherche, comme toujours avec les libéraux, à accélérer la fuite en avant : devenir compétitif à tout prix, pour tenter d'écraser les autres avant d'être écrasé soi même.
Parallèlement, la guerre commerciale ouverte outre-Atlantique par Donald Trump, dans une pure logique de repli nationaliste, frappe les esprits. La sidération nous entraine collectivement dans une paralysie politique, en confondant causes et conséquences : pour s'opposer au trumpisme, lui aussi ravageur en termes écologiques et d'inégalités sociales, on serait supposé défendre le libre-échange…
Contre-attaquer : un protectionnisme solidaire
Ainsi, nous semblons coincé-es entre la vague du dégagisme d'extrême-droite et l'inexorable montée des eaux de la compétition agricole. Il est évidemment sain de chercher à contenir les coups de butoir de l'une et de l'autre. Mais il faut aussi se poser la question : on écope sans cesse, alors comment éviter la noyade ? Refuser de protéger notre agriculture au prétexte d'éviter tout amalgame avec le Rassemblement national, c'est prendre un double risque. Celui de ne bientôt plus avoir de paysans et paysannes, tant les politiques libérales poursuivent la « restructuration agricole » (moins de fermes, plus grandes, supposées plus compétitives) menée de façon permanente depuis 80 ans. Et celui de conduire au pouvoir l'extrême-droite, au nom du refus de toucher au dogme du libre commerce interne à l'Union européenne. Renoncer à questionner la concurrence intra-européenne, c'est en effet laisser se diffuser l'idée que la défense de l'agriculture française n'est le sujet que du Rassemblement national, dont les scores explosent précisément dans les campagnes et dont le projet politique menace clairement la construction d'une Europe politique.
Une proposition existe pourtant, formulée initialement par la Confédération paysanne : les prix minimum d'entrée sur le territoire national, basés sur les prix de revient en France. C'est-à-dire un niveau de prix intégrant un revenu décent, des protections sociales et des exigences écologiques comme le refus des néonicotinoïdes… ou de tout autre pesticide ! Il ne s'agit pas de droits de douane qui, en ajoutant une taxe forfaitaire ou proportionnelle lors de l'importation, poussent à produire à des coûts encore plus faibles de l'autre côté de la frontière – aggravant donc les impacts écologiques et sociaux dans les autres pays producteurs. Il s'agit d'un niveau de prix en-dessous duquel il est interdit d'importer, tout comme on interdit les stratégies commerciales de vente à perte destinées à étouffer la concurrence. Il s'agit en cela d'un protectionnisme internationaliste, car il offre la possibilité aux forces sociales (syndicats, associations...) des pays qui exportent vers la France de faire valoir leurs droits : comprimer encore les coûts de production ne peut en effet plus se faire via un chantage à l'emploi et au maintien de l'activité d'exportation...
On peut certes nous objecter que cela peut faire augmenter le coût de l'alimentation. Ce sera le cas si et seulement si nous renoncions à nous attaquer simultanément aux profits éhontés des acteurs qui captent une grande part de la valeur ajoutée dans notre système alimentaire (fourniture d'intrants, agro-équipement, transformation et grande distribution, etc.). Des propositions complémentaires aux prix minimum d'entrée existent, telles que l'instauration d'une Sécurité sociale de l'alimentation, pour sortir du piège consistant à aborder la question de l'accessibilité alimentaire sous l'angle du pouvoir d'achat.
Face au double risque évoqué ci-dessus – les reculs écologiques et sociaux au nom de la compétitivité et la poussée de l'extrême-droite, qui capitalise notamment sur le désespoir paysan pour gagner du terrain en zone rurale – il y a urgence à mettre à l'agenda des forces de gauche ce protectionnisme solidaire, loin des replis xénophobes que le libre-échange européen encourage.
Notes :
- Voir "Laurent Duplomb succède à Gilbert Bros à la chambre d'agriculture", Le Progrès, 22 février 2013.
- Voir "Élu il y a soixante jours sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb revient sur son début de mandat", L'éveil de la Haute-Loire, 24 novembre 2017 ; et "M. Laurent Duplomb", pappers.fr, consulté en mai 2025
- "Avec ses amendements clés en main, la FNSEA dicte sa loi au Sénat", Extrait de Complément d'enquête, France 2, février 2024
- Laurent Duplomb est d 'ailleurs en GAEC avec sa femme, leur neveu et leur fils, lui-même président départemental des JA et membre du nouveau bureau de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire.
- Morgan Burel, « Mercosur, bombe agricole », Le Monde Diplomatique, janvier 2025
Vignette d'illustration : L'Assemblée nationale en janvier 2024, crédit photo Laurent Grassin (CC BY 2.0)
Pour aller plus loin
« Fruits, légumes, miel... Argumentaire pour l'instauration de prix minimum d'entrée sur les produits importés », Confédération Paysanne, 2022 : lire en ligne ici.

Ces 29 et 30 avril, pour la dernière formation de la saison 2024-2025 dans le Grand Ouest (et la toute dernière dans notre atelier de St Nolff qui déménage cet été !), nous avons fait le choix de proposer une initiation soudure, sur deux jours, en ouvrant largement la formation à des publics non paysans.
Mais alors, nous direz-vous, les formations de l'Atelier Paysan ne sont ouvertes qu'aux paysan.nes, habituellement ? Pas du tout ! Mais avouons qu'avec un nom pareil, "L'Atelier Paysan", peu nombreux et nombreuses sont les profanes qui osent passer la porte de nos formations. Pour cette dernière donc, la communication a été pensée différemment, vers d'autres publics, afin de laisser la possibilité à chacun·e de mettre un pied dans la porte de l'Atelier.
Noémie, participante à la formation, est une habituée des Cafés Bricoles organisés par le centre social de son territoire. C'est à cette occasion qu'elle a entendu parler de la formation.
Bilan ?Une formation bien remplie, avec 5 personnes issues du monde agricole, et 4 qui ne l'étaient pas : deux salarié.es de ressourcerie, un informaticien, et une spécialiste de l'éco-conception. Nous n'en doutions pas, mais l'alchimie a très bien opéré entre ces neuf là. La curiosité des seconds pour le monde agricole ayant rencontré le souhait de partager et d'échanger des premiers.
Comme le dit Noémie, "c'est toujours très riche de rencontrer et d'échanger avec des personnes d'horizons variés, en particulier lorsque ces dernières sont engagées dans des dynamiques de type low-tech ou autoconstruction."
Certain.es de nos stagiaires non agricoles ont même pu repartir avec l'outil qu'ils et elles avaient choisi de fabriquer : paire de tréteaux pour l'un, et prototype de chariot pour ranger les serres-joints pour l'autre ! On aurait pu également imaginer une petite étagère, ou même une grelinette, outil indispensable pour toute personne en possession d'un carré potager.
Pourquoi à l'Atelier Paysan ?En tout cas, il est très appréciable d'avoir « un fil conducteur tout au long des 2 jours avec la réalisation d'un objet que l'on ramène chez soi », selon Brice, autre stagiaire de la formation.
Des tuto soudure, on en trouve sur la toile internet, bien sûr, mais nos 4 stagiaires ont préféré venir pratiquer dans un atelier. Mais s'ils ont choisi l'Atelier Paysan, c'est parce qu'ils et elles n'ont pas trouvé d'offre de formation identique dans le secteur, parce que l'idée de réaliser un projet au cours de la formation est motivante, ou encore « pour la réputation de l'Atelier Paysan », nous dit Cécile, salariée dans une recyclerie.
Cécile a également apprécié « les locaux et l'outillage, supers et très adaptés ». Les stagiaires ont aimé le fait que la formation ait levé leurs appréhensions, et sont reparti·es avec l'impression de savoir utiliser le poste à souder de manière sécuritaire, désormais capables de porter un regard sur leur pratique - est-elle safe, ou dangereuse ?. Certain.es ont déjà identifié d'autres formations qui pourraient les intéresser : l'Arduino, ou encore l'électricité. Et pourquoi pas l'entretien des moteurs 2 temps et les initiations bois ?

Pas grand-chose, si ce n'est que notre formatrice, Aude, reconnaît avoir dû porter une attention particulière dans les échanges, pour éviter les termes et acronymes propres au milieu agricole, que nos 4 stagiaires non agricoles n'auraient pas forcément compris.

Lundi 5 mai, une petite équipe composée de La Smalah (essaim des Landes) et de l'Atelier Paysan s'est réunie à la Ferme de Chaoulo à Ygos-Saint-Saturnin dans les Landes. Sur 2 hectares de terres sableuses, Mélina et Floran y cultivent depuis 8 ans une diversité de légumes biologiques qu'ils vendent aux consommateurs des environs.
L'objectif de cette journée ?Accompagner la prise en main d'une bineuse à étoiles guidée, qui viendra compléter cette saison les outils de travail dont dispose déjà la ferme. Floran, paysan bricoleur, a déjà converti sa quinzaine d'outils attelés il y a quelques années avec l'attelage rapide par triangle. Pour désherber, il disposait jusque là d'une bineuse sans guidage et d'une herse étrille, le reste du travail étant manuel ou facilité par l'usage de paillages plastiques. Mais pour certaines cultures, il souhaitait un binage plus précis, au plus près des plantes. Floran a saisi l'opportunité proposée par la Smalah de disposer pendant une saison, sous forme de prêt, d'une bineuse à étoiles avec guidage afin de valider sa pertinence et sa complémentarité avec les outils déjà utilisés.
Et c'est ainsi que les pommes de terre primeur cultivées en extérieur ont bénéficié des premiers passages tests de l'outil en ce début de mois de mai ! Après quelques réglages des écartements, profondeur de travail et angle des étoiles, l'outil et son guidage ont révélé une efficacité très satisfaisante.
Les années précédentes, Floran réalisait plusieurs passages de herse étrille après la plantation, puis dès que la végétation empêchait le passage de la herse, il procédait à plusieurs buttages successifs. Désormais, à la herse étrille suivront plusieurs binages de précision, avant de procéder au buttage, afin de sécuriser le contrôle des herbes spontanées. Plus tard dans la saison, la bineuse sera employée sur poireaux et choux, deux autres cultures plantées en 2 lignes par planche et dont la surface rend vite compliqué un rattrapage manuel d'une mauvaise maîtrise des herbes en début de cycle.
Dans quel cadre s'inscrit la démarche ?C'est le projet Outildem qui permet cette opération de prêt. Soutenu depuis 2024 par la fondation Daniel & Nina Carasso et par la Caisse des dépôts et consignation dans le cadre du Démonstrateur Territorial Territoires de maraîchers, il consiste à faire découvrir et tester des outils de maraîchage autoconstruits pour faciliter la diffusion d'une agroécologie paysanne. L'Atelier Paysan s'est entouré de différents partenaires sur les 4 territoires pilotes de cette initiative : Drôme et Pyrénées Atlantiques, rejoints par les Landes et les Alpes Maritimes en 2025. La Smalah, association de développement local et essaim de l'Atelier Paysan, assure le déploiement du projet dans les Landes. Avec ce premier outil, le parc de démonstration et de test est lancé sur son territoire d'actions et devrait se compléter en fin d'année et en 2026 d'une autre bineuse et d'un tryptique de travail du sol en planches permanentes.
A suivre !

Floran (g), Benjamin (La Smalah) et la bineuse à étoile sur Barre Porte Outils (BPO)

A gauche avant passage de la bineuse à étoile sur BPO. A droite après passage

Récit de sociétaire
Les 10 et 11 mai 2025 se sont tenues les 1ères Rencontres Interzbeulinette, intitulées "Subsistances subversives", à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Au nom de l'Atelier Paysan, nous étions plusieurs sociétaires présent·es pour y participer, avec le camion atelier de l'antenne Grand-Ouest. Notre implication à cet événement marque une étape importante pour l'Atelier Paysan : après avoir posé la nécessité et l'envie de participer à "outiller les luttes", cette intention se concrétise !
Cet événement était initié par le Réseau de Ravitaillement des Luttes de Rennes, sociétaire de l'Atelier Paysan, ainsi que par la Cagette des Terres de la ZAD. Le but du week-end était d'initier la rencontre entre des collectifs dont les activités gravitent autour du ravitaillement et plus généralement du soutien des luttes. Une trentaine de collectifs différents étaient représentés et nous étions plus de 80, l'objectif était bien rempli !
Les deux jours se sont articulés autour de différents fils. Concernant l'implication du l'Atelier Paysan, il a consisté principalement en l'animation d'ateliers sur des savoirs techniques sur des pratiques/outils pouvant en lien avec les actions portées par les luttes. Ces ateliers, fidèles à la pédagogie de chantier de l'Atelier Paysan, étaient autant des temps d'initiation que de fabrication. Durant les deux jours, les participant·es se sont attelé·es à la confection de différents outils à destination des collectifs qui contribueront à alimenter les luttes : un séchoir solaire, une grelinette, un démonte palette, des projecteurs « bazooka »...
Ces outils vont alimenter les pratiques techniques des collectifs qui vont les utiliser. Mais les intentions politiques derrière sont encore plus grandes. Ce sont des intermédiaires entre le monde paysan et les mouvements de résistance. Ce sont des occasions de faire ensemble et de se rencontrer, autour d'un tasseau ou d'un fer à souder. Ces personnes qui ont appris de nouveaux savoir-faire pourront, dans le futur, outiller les luttes et créer du lien entre paysan·nes, ouvrier·es, écologistes, etc.
Tous ces ateliers étaient portés par des sociétaires de l'Atelier Paysan et des collectifs essaims, très bien représentés, avec des personnes du Finistère, de l'Île et Vilaine, des Deux Sèvres, de la Loire et même nos voisins belges de la Fabriek Paysanne.
Notre présence était vraiment attendue et a été très bien accueillie. Nous avons profité des temps d'échange pour insister sur notre intention de participer plus amplement dans le futur à "outiller les luttes". Pour mieux mettre à disposition les moyens dont l'Atelier Paysan dispose, sans toutefois présumer de nos forces, dans un contexte actuel d'incertitudes et de réorganisation. Il reste plein de choses à imaginer pour continuer à contribuer aux différentes luttes, urbaines ou rurales, avec une envie renouvelée !




A retrouver dans "Je participe" >> "S'outiller pour les luttes"