Guillaume Gontard Sénateur de l' Isère
Permanences: 3, rue Gabriel Péri – 38000 Grenoble – Tél. 04 38 86 28 74Son activité au Sénat
Publié le 11.12.2025 à 17:45
Le 11 décembre, j’ai pris la parole au nom du groupe écologiste du Sénat sur le budget de la défense, le seul qui est en hausse, encore plus que prévu par la loi de programmation militaire. Si les menaces géopolitiques sont bien réelles et nécessitent des moyens pour renforcer notre défense, nous ne pouvons accepter que les plus riches ne contribuent pas à cet effort. Le renforcement de nos armées à un coût raisonnable passera aussi par le renforcement de programmes européens d’armement, permettant de répartir les coûts et de proposer une alternative aux armes américaines, alors que Trump s’éloigne toujours plus de l’Europe.
Vous pouvez retrouver mon intervention en vidéo et sous format texte ci-dessous :
DG Mission Défense du PLF
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Rapporteurs,
Madame la Ministre,
Contrairement à vos collègues, loin de gérer la pénurie, vous nous présentez un budget en hausse de 13 % porté à plus de 57 milliards d’euros. En y adjoignant les pensions, c’est même une enveloppe de 66 milliards d’euros. Le budget des Armées est désormais supérieur au budget de l’Education nationale. Le symbole est d’autant plus lourd que le président le plus jeune de l’histoire de la République a, comme aucun autre, abandonné notre jeunesse.
Du tri infâme de Parcoursup, à l’abandon dans la dépression d’une classe d’âge pendant le confinement, en passant par la destruction méthodique du service civique, rien n’a été fait pour accompagner notre jeunesse, première victime de l’explosion des inégalités, première inquiète du monde bientôt invivable que nous lui laissons. Rien, et pire encore, le seul avenir que dessine le président de la République pour toute une génération, c’est l’injonction à la procréation pour produire de soldats, c’est la guerre, l’uniforme et la soumission à l’autorité. Cette vision réactionnaire s’est traduite par un service national universel dont personne ne voulait qui deviendra service national volontaire dont nous voyons encore mal l’utilité et l’articulation avec la réserve opérationnelle. Là-dessus, le chef d’Etat major est venu jeter le trouble au sein de toute la Nation évoquant « la perte de nos enfants », dans un discours qu’un gradé de la Grande Muette ne devrait pas tenir en République. Que de maladresses !
Qu’on ne nous méprenne néanmoins pas. Nous partageons sans réserve le constat alarmant dressé par le pouvoir exécutif et le commandement militaire. Depuis 2022, les écologistes, portant le pacifisme au cœur de leur histoire, n’ont pourtant eu de cesse d’affirmer qu’aucune paix ne sera atteignable dans un monde régi par les rapports de force entre les empires. Nous consentons à ce rapport de force pour préserver notre sécurité, nos valeurs, nos idéaux. Et ce « nous » est naturellement un « nous » européen.
Notre soutien à l’Ukraine est et demeurera sans faille. Nous ne nous sommes pas opposés à la loi de programmation militaire, ni à aucune de ces itérations budgétaires. Et si ne nous ne pouvons pas la soutenir plus fermement c’est de votre fait. L’ambition du Gouvernement pour notre armée nous semble déraisonnable au regard de nos moyens et son articulation européenne insuffisante. Surtout, nous sommes de plus en plus consternés par votre facilité à décaisser les milliards pour notre armée en les retirant partout ailleurs. Votre facilité à appeler à la mobilisation nationale, voire à invoquer l’économie de guerre tout en refusant avec un dogmatisme virant à l’absurde de faire contribuer les plus aisés de nos compatriotes. Ceci est d’autant plus incompréhensible que nos milliardaires sont de plus en plus en nombreux à aller se pavaner à la Maison blanche – qui n’est plus une alliée – ou à laisser libre cours au confusionnisme pro-russe sur les antennes et les ondes en leur possession. Cet élan patriotique auquel vous appelez le pays, ne peut pas, ne doit pas, ignorer nos milliardaires. Il doivent y consentir ou tomber les masques. Contribuent-ils à la défense nationale ou préparent-ils l’arrivée aux pouvoir des marionnettes de Poutine du Rassemblement faussement national ?
Madame la Ministre, sans cela vous ne pourrez pas convaincre toutes les Françaises et tous les Français de l’urgence. Vous ne pouvez pas demander au peuple de choisir entre la défense de nos derniers services publics et la réponse à une menace, qui aussi réelle soit-elle à nos yeux, est encore endiguée à 3000 km d’ici sur les rives du Donbass par l’héroïsme ukrainien. C’est une faute devant l’Histoire. En 1914, l’Union sacré a eu un prix : la création de l’impôt sur le revenu. Personne ne comprendrait que face à une menace de même ampleur, notre réponse ne soit pas aussi ambitieuse.
Pour finir d’un mot car le temps me manque et que j’y reviendrai lundi lors du débat avec le Premier ministre.
Dans le contexte de menace hybride à laquelle l’Europe doit faire face, le fonctionnement ensiloté de notre cadre budgétaire et de nos politiques publiques est particulièrement handicapant. Comme l’imageait le psychologue Abraham Maslow : « il est tentant, si le seul outil dont vous disposeez est un marteau, de tout considérer comme un clou. »
Cependant, en aucune façon notre réponse ne peut être que militaire. Notre dépendance aux hydrocarbures, à l’uranium, aux engrais azotés de l’ennemi risque de nous tuer aussi certainement que la seringue d’héroïne tuera le corps dans lequel elle est logée. Renforcer notre défense en sabrant les budgets de la transition énergétique et agricole et en restant inactif face au démantèlement de notre appareil industriel est totalement vain.
Voilà quatre ans que nous vous interpellons inlassablement à ce sujet et une nouvelle fois encore, faute de la moindre réponse de votre part, nous sommes obligés de nous abstenir sur les crédits de la mission Défense que nous pouvons considérer indépendamment du reste du budget.
Je vous remercie
Publié le 08.12.2025 à 14:46
Dans le cadre de la loi de 2024 sur le « bien-vieillir » et l’autonomie, une fusion est en cours entre les services d’aides à domicile en milieu rural et ceux de soins infirmiers à domicile. Cette réforme pour une plus grande lisibilité de l’offre part d’une bonne intention. Néanmoins, son application soulève plusieurs enjeux, sur lesquels j’ai interrogé la ministre de la santé, à travers une question écrite, que vous trouverez ci-dessous :
M. Guillaume Gontard attire l’attention de Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées sur les difficultés relatives à l’application de la loi n° 2024-317 du 8 avril 2024 portant mesures pour bâtir la société du bien-vieillir et de l’autonomie dans plusieurs structures d’aides et de soins à domicile de son territoire.
Si les objectifs de cette réforme, et notamment celui d’offrir une meilleure visibilité de l’offre d’aide et du soin à domicile, sont louables, son application suscite de nombreuses inquiétudes dans les territoires, notamment ruraux, où l’offre de soins est déjà restreinte.
La rationalisation des moyens humains et financiers engendrée par l’obligation de fusion des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) prévue par la loi est à l’origine de nombreuses inquiétudes chez les professionnels et les bénéficiaires d’aide et de soins à domicile.
Dans un contexte de pénurie de personnel, et alors que la filière du soin est en perte d’attractivité, cette réduction des moyens alloués à ces structures viendra accentuer les difficultés de recrutement déjà existantes, notamment dans les territoires ruraux où les contraintes de déplacement sont les plus fortes. Cette centralisation de l’aide et des soins à domicile risque d’augmenter la difficulté d’accès aux soins dans des zones rurales déjà sous-dotées et mal desservies.
Également, certaines structures déplorent le déséquilibre financier entre les SSIAD (le plus souvent à l’équilibre) et les SAAD (majoritairement déficitaires) et s’interrogent sur la conciliation qui devra être faite au quotidien par leurs équipes entre patientèle et clientèle.
Enfin, plusieurs structures de soins à domicile font part de leurs inquiétudes concernant les conséquences d’un passage d’une gouvernance associative spécifique à une gouvernance uniformisée absorbée par une entité juridique unique, qui laisserait de côté les spécificités locales et ferait fit des valeurs associatives prônées par les structures et auxquelles les patients, les patientes et les professionnels et professionnelles sont très attachées.
Il l’interroge donc sur les conséquences de l’application de cette loi sur l’attractivité et le fonctionnement des nouveaux service d’autonomie à domicile (SAD) et lui demande si des dérogations peuvent être envisagées dans les territoires dont le schéma de soins à domicile serait impacté négativement par cette réforme.
Crédits photos en une : Jomarc Nicolai Cala
Publié le 02.12.2025 à 18:15
Le 2 décembre, j’ai interpellé le gouvernement sur l’abandon programmé de l’objectif de réemploi de 10% des cartons. D’importants investissements ont déjà été menés et cette matière peut facilement se réutiliser plutôt que de la recycler en consommant de l’eau, des produits chimiques et de l’énergie au passage, ou de les brûler. La réponse de la ministre a malheureusement été extrêmement évasive, entérinant un recul absurde.
Vous trouverez ci-dessous ma question en vidéo et sous format texte :
Madame la Ministre,
La loi Anti Gaspillage Économie Circulaire (AGEC) a fixé un cap de 10 % d’emballages réemployés d’ici 2027, applicable à tous les emballages, tous les matériaux et tous les secteurs d’activité. Cet engagement a structuré depuis 2020 de nombreux investissements publics et privés. De nombreuses solutions de réemploi sont déjà matures ou en cours de déploiement, en France et en Europe.
Pour le carton, qui représente la majorité des emballages professionnels de transport, le réemploi fait tout à fait sens. Même s’il est très largement recyclé aujourd’hui, cette opération implique d’ajouter de la matière neuve, ce qui a donc un impact sur nos forêts. Le recyclage suppose l’usage de produits chimiques, d’eau et d’énergie, alors que beaucoup de cartons sont encore en bon état et peuvent servir à nouveau. Réemployer 10% de ces emballages est donc tout à fait atteignable.
Malgré cette évidence environnementale et économique, et le volontarisme de la filière, le décret de la nouvelle filière à responsabilité élargie des producteurs des emballages professionnels et l’arrêté Cahier des Charges vont renoncer à l’objectif de réemploi de 10 % des emballages en carton.
Cette décision va totalement à l’encontre de la loi ! Ce changement de position est incompréhensible !
Le règlement européen PPWR prévoyant cette exemption, sur lequel la France veut s’aligner, ne sera applicable qu’en août 2026 et ne crée, d’ici là, aucune obligation. Surtout, les négociations avec la Commission européenne ne sont pas terminées et la France a défendu le maintien des ambitions nationales et a minima une flexibilité pour les États.
Au lieu de s’aligner sur un règlement pas encore applicable, la France doit envoyer un signal de continuité, préserver les acquis, consolider les transformations déjà engagées. Un recul serait très mal perçu par les entreprises qui ont investi dans des solutions de réemploi.
Madame la Ministre, y-a-t-il vraiment une volonté politique pour sauver les objectifs réemploi de la France ? Pourquoi ne pas maintenir la pression dans les négociations ?
Pourquoi abandonner le réemploi du carton, évident tant pour l’écologie que sur le plan financier, alors que ce matériau représente 40% des déchets ? Quelles garanties allez-vous donner aux entreprises qui ont déjà investi pour le réemploi ?
Crédit photo en une : Jon Moore
Publié le 25.11.2025 à 17:45
Alerte : le futur régime d’autorisation pour nos barrages hydroélectriques, prévu par les négociations entre le gouvernement et la Commission européenne, représente une menace de privatisation déguisée. Un « ARENH hydro » est également prévu, au seul service des spéculateurs. Dans une tribune publiée sur Mediapart que j’ai initié, co-signée par de nombreux parlementaires écologistes, nous proposons une alternative garantissant la propriété publique de nos barrages : le régime de la quasi-régie.
Depuis l’absurde décision européenne d’ouvrir les concessions hydroélectriques à la concurrence, l’avenir de nos barrages est incertain. Produisant 14% de notre électricité et essentiels à la gestion de l’eau et à la transition écologique (notamment grâce aux capacités de stockage qu’ils permettent), les barrages sont jusqu’à présent propriété de l’Etat et exploités principalement par EDF (75% du parc) et par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et la Société Hydro-Électrique du Midi (SHEM), propriétés d’ENGIE. Avec deux contentieux contre la France, la Commission européenne a empêché le renouvellement habituel de ces concessions, ce qui bloque tout investissement pour augmenter la production des barrages depuis des années. Un comble, alors que la France dispose d’un vaste potentiel en améliorant les installations existantes.
Ce statu quo n’a que trop duré, même s’ il permettait temporairement d’empêcher la privatisation de nos barrages, bien plus dangereuse. En effet, la privatisation auraitconduit à une gestion strictement financière, avec un entretien minimal et une production d’électricité lorsque les prix sont au plus haut, plutôt que de prendre en compte tous les usages de l’eau (agriculture, industrie, usage domestique, refroidissement des centrales nucléaires, tourisme, préservation de la biodiversité…). Pour les énergéticiens privés, les barrages français sont une poule aux œufs d’or : amortis depuis longtemps, ils procurent une rente sans effort. Nous nous sommes donc toujours fermement opposés à toute mise en concurrence et à toute privatisation de nos barrages, trop stratégiques pour les confier à des financiers.
Fin août, le gouvernement Bayrou a annoncé avoir trouvé un accord avec la Commission européenne pour sortir du blocage. Aussitôt présenté comme une victoire, cet accord, qui suit les recommandations du rapport parlementaire conduit par les députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Philippe Bolo (MODEM), n’est pas public. Ce manque de transparence et les propos contradictoires qui sont tenus à chaque fois que ce deal est évoqué trahissent sa véritable nature : il ne s’agit pas d’une victoire contre la privatisation des barrages, mais d’une capitulation devant les exigences absurdes de la Commission européenne, que d’autres pays européens, comme l’Allemagne, ont simplement choisi d’ignorer.
Que prévoit cet accord ? D’abord, le passage en régime d’autorisation, c’est-à-dire le transfert de la propriété des grands barrages de l’Etat vers diverses entreprises (la question de la propriété foncière étant incertaine à ce stade). EDF, déjà fortement endettée, devra-t-il racheter les barrages qu’elle exploite déjà ? Y aura-t-il des ventes aux enchères permettant à d’autres acteurs d’acquérir des barrages, ce qui équivaudrait donc à une privatisation ? La possibilité d’une propriété privée des barrages est en tout cas évoquée sans détour pour les nouveaux ouvrages dans le rapport Battistel-Bolo, tandis que le flou persiste pour ceux déjà existants. Même si les barrages actuels étaient repris par EDF, une future privatisation sera toujours possible, par exemple à l’occasion de co-investissements pour développer les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) auxquels participeraient des multinationales ou des fonds de pension.
Le flou entretenu autour de l’accord avec la Commission européenne nous fait donc craindre qu’il ne cache une privatisation déguisée. Par ailleurs, cette option n’apporte aucune sécurité juridique, les concurrents d’EDF pouvant multiplier les recours si l’exploitant historique obtient la plupart des ouvrages.
C’est pour répondre à cet “abus de position dominante” d’EDF que cet accord prévoit un dispositif de compensation. Concrètement, EDF devrait revendre 6GW d’électricité, soit un tiers de sa production hydroélectrique, à ses concurrents, à un prix qui n’est pas encore défini. Si celui-ci est inférieur aux coûts de production, cela signifiera une perte nette pour EDF. Dans le cas contraire, rien n’empêchera les acheteurs de revendre cette électricité virtuelle bien plus chère, empochant une belle marge au passage. Ainsi, EDF devrait partager sa rente avec ses concurrents, qui n’ont jamais dépensé un centime dans la construction d’un barrage ou exploité un seul ouvrage en France ! Cette usine à gaz rappelle le scandale de l’ARENH, qui a ruiné EDF et alourdi les factures des Français au seul bénéfice de spéculateurs qui n’ont jamais produit la moindre électricité !
Au vu des enjeux de souveraineté, de transition écologique et de gestion de la ressource en eau que présentent nos barrages, nous ne pouvons laisser passer un tel accord. Si nous exigeons en priorité d’en connaître les détails, nous rejetterons tout texte qui aboutirait à une privatisation, fusse-t-elle déguisée, et établirait un mécanisme financier byzantin au service des spéculateurs. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour garantir le monopole public de nos barrages.
Surtout, nous rappelons qu’une alternative existe : l’instauration d’une quasi-régie. Celle-ci répond à tous les enjeux liés à nos barrages : elle garantit leur propriété publique et donc notre souveraineté, permet un tarif réglementé basé sur les coûts réels de l’hydroélectricité – bas et stable pour les consommateurs et suffisant pour EDF pour financer les investissements nécessaires -, simplifie la coordination entre les barrages et les centrales nucléaires en évitant la multiplication des exploitants, apporte la sécurité juridique nécessaire pour mener les investissements et est compatible avec le maintien du statut des salariés. Déjà proposée au Sénat en 2021, cette option a été reconnue comme possible par la Commission européenne, mais a été écartée sans raison par la mission parlementaire Battistel-Bolo et le gouvernement. Nous exigeons donc un vrai débat de fond prenant en compte l’option de la quasi-régie, qui nous apparaît comme la plus simple et la plus complète à ce jour.
Credit photo en une : versgui (Wikimedia Commons)
Publié le 25.11.2025 à 14:48
En cette Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, j’ai déposé une question écrite pour interpeller le gouvernement sur les moyens mis en place pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes. Si plusieurs évolutions législatives positives ont eu lieu ces dernières années, tout dernièrement en inscrivant le non-consentement de la victime dans la définition du viol et des autres agressions sexuelles, un gros travail reste à faire en matière de justice pour les victimes de ces violences. En effet, la loi n’est rien sans moyens suffisants pour la faire vivre. Or, sur ce sujet, comme avec beaucoup d’autres, les moyens manquent encore cruellement. Vous trouverez ci-dessous le texte de ma question :
M. Guillaume Gontard interroge Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur les moyens supplémentaires que comptent mettre en oeuvre le Gouvernement pour lutter de manière structurelle et efficace contre les violences faites aux femmes.
En France, d’après l’association Nous Toutes, 152 femmes ont été tuées en raison de leur genre en 2025. La moitié d’entre elles habitaient en zone rurale et plus de la moitié d’entre elles avaient déjà déposé plainte pour dénoncer des violences.
D’après l’Observatoire national des violences faites aux femmes, près d’une femme sur trois subit des violences conjugales ou sexuelles au cours de sa vie. Les femmes en situation de handicap et les femmes exilées ont une probabilité deux fois plus élevée de subir ces violences.
En 2024, les équipes du 3919 ont reçu plus de 100 000 appels de femmes subissant des violences, psychologiques, physiques, économiques ou sexuelles. Dans sa dernière étude sortie le 24 novembre 2025, l’Ifop révèle que 24 % des femmes interrogées ont indiqué avoir déjà subi des violences économiques au sein de leur couple.
D’après les données de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences, 1 283 femmes ont été victimes de féminicide ou tentative de féminicide, direct ou indirect, en 2024. Elles sont 376 000 femmes majeures à déclarer avoir été victimes de violences au sein du couple en 2024. D’après le rapport du ministère de l’intérieur de 2022, la très grande majorité des violences conjugales sont commises sur des femmes par des hommes. En effet, sur plus de 117 000 personnes mises en cause dans des affaires de violences conjugales en 2022, 87 % d’entre elles étaient des hommes. Sur les 37 800 personnes condamnées en 2022 pour des violences au sein du couple, 94 % étaient des hommes.
Concernant les violences sexistes et sexuelles, 1 371 000 femmes majeures ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel, d’exhibition sexuelle ou d’envoi d’images à caractère sexuel en 2023. Elles étaient 277 000 femmes majeures à déclarer avoir été victimes de viol, de tentatives de viol ou d’agressions sexuelles en 2023. Pourtant, 94 % des plaintes pour viol sont classées sans suite et 95 % des mis en cause sont des hommes.
Parmi les 110 125 victimes de violences sexuelles enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2023, 91 % des victimes majeures de violences sexuelles enregistrées sont des femmes et 54 % des victimes de violences sexuelles sont mineures, dont 83 % de filles.
Il rappelle que ces violences sont un fait de société et non un fait privé. En conséquence, elles requièrent une réponse ferme de l’État et des pouvoirs publics.
Malgré l’explosion de ces violences genrées, systémiques et structurelles, les moyens consacrés aux politiques de prévention, d’éducation, à la justice, à la protection effective des victimes, à la poursuite et à la condamnation des auteurs ne cessent de diminuer.
Plus de 70 % des associations féministes déclarent faire face à une dégradation de leur situation financière, menaçant la continuité de leurs actions, d’après l’enquête « Ne leur fermons pas la porte » réalisée par la Fondation des Femmes auprès de 148 associations répondantes. Malgré les alertes répétées, le projet de loi de finances pour 2026 ne prévoit aucune hausse des crédits consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes, alors même qu’un budget de 3 milliards d’euros serait nécessaire.
Les associations qui prennent en charge les femmes victimes de violence, comme les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et l’association France Victimes, tirent la sonnette d’alarme.
Le 16 septembre 2025, le groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique chargé de suivre la mise en oeuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) a pointé les graves lacunes de la politique menée par la France en la matière.
Les experts ont notamment appelé l’État à « renforcer la réponse policière et judiciaire » et à « améliorer la coordination, le financement et l’évaluation des politiques de lutte contre les violences à l’égard des femmes ». Concernant l’élaboration et la mise en oeuvre de ces politiques, le comité a également appelé la France à prendre en compte les multiples discriminations subies par les victimes. Le comité a souligné la nécessité de s’assurer que les associations spécialisées « disposent de ressources suffisantes » pour fonctionner et a rappelé l’importance de « poursuivre le renforcement de la formation initiale et continue de toutes et tous les professionnel·les en contact avec les victimes et auteurs de violence à l’égard des femmes ».
Le comité a également recommandé que « des mesures supplémentaires soient prises pour assurer la sécurité des victimes de violences conjugales et de leurs enfants », notamment lors de la prise de décisions concernant les droits de garde et de visite.
Il l’interroge sur les moyens que compte déployer le Gouvernement pour appliquer ces recommandations et lutter efficacement contre les violences faites aux femmes.
Crédits photo en une : Mélodie Descoubes
Publié le 19.11.2025 à 11:02
Le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard et les conseillères départementales d’opposition Marie Questiaux et Pauline Couvent tirent la sonnette d’alarme concernant la protection des enfants. Au niveau national mais plus particulièrement en Isère, où les deux élues dénoncent des « dysfonctionnements » de l’Aide sociale à l’enfance, tout en regrettant de ne pas avoir accès aux données. Et d’appeler à la création d’une mission d’information et d’évaluation, qu’elles espèrent « transpartisane ».
Article à lire dans Place Grenet
Publié le 13.11.2025 à 11:09
Alerté par les syndicats de Teisseire sur la situation en interne de cette entreprise fabriquant des sirops depuis plus de trois siècles à Crolles (Isère), je me suis rendu sur place à deux reprises pour échanger avec les salariés, le 20 octobre et le 7 novembre 2025. Cette entreprise pourrait tout à fait être bénéficiaire si le groupe qui en est propriétaire, Carlsberg, lui passait suffisamment de commandes et n’avait pas fait disparaître la trésorerie. Encore une fois, une gestion strictement financière risque de condamner une activité économique importante, impactant plus de 200 familles.
J’ai déposé une question écrite au gouvernement, portant notamment sur l’action de l’Etat pour protéger les salariés et le remboursement des aides publiques perçues par Teisseire, que vous trouverez ci-dessous :
Monsieur Guillaume Gontard interroge M. le ministre de l’industrie sur l’avenir de l’usine de sirops Teisseire de Crolles (Isère) et sur l’action de l’Etat pour aider les salariés.
Ces derniers sont en grève depuis le 9 octobre, où la fermeture du site a été annoncée, menaçant 205 emplois. Or, beaucoup de salariés ont fait toute leur vie professionnelle dans cette entreprise et auront du mal à trouver un autre emploi vu l’effondrement industriel de la France.
D’après la direction, la fermeture de cette usine s’explique uniquement par les péripéties du marché. En réalité, la marque Teisseire est pourtant rentable et les pertes du site de Crolles sont sciemment organisées, la moitié de la production étant sous-traitée, ce qui divise mécaniquement les recettes par deux. D’ores-et-déjà, tous les volumes exportés sont produits par l’entreprise SLAUR SARDET au Havre, où la production de Crolles devrait bientôt être délocalisée.
Pourtant, les sirops Teisseire seront toujours dans tous les supermarchés, preuve de l’attachement à cette marque. Le groupe Carlsberg, propriétaire de Teisseire, entend en effet garder la marque mais sous-traiter intégralement la production, qu’importe si la qualité ne sera pas la même sans l’eau très pure des Alpes.
Par ailleurs, 144 millions d’euros de trésorerie se sont évaporés en un an depuis le rachat de l’ancien propriétaire, Britvic, par Carlsberg. Alors que Carlsberg a réalisé 500 millions d’euros de bénéfices au premier trimestre, les salariés et représentants du personnel demandent légitimement la transparence sur ces mouvements de fonds. Par ailleurs, Teisseire a touché environ 500.000€ par an de Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), des aides publiques qui n’ont au final pas du tout protégé l’emploi, puisque plus de 200 personnes sont aujourd’hui menacées de chômage.
Il interroge donc le ministre sur l’action que peut prendre l’Etat pour empêcher la disparition de cette entreprise de plus de trois siècles, riche en savoir-faire et sur l’aide qui sera apportée aux salariés si elle ferme. Il souhaite aussi que le gouvernement intervienne pour exiger la transparence sur les mouvements de trésorerie du groupe et pour obtenir le remboursement des aides publiques si la fermeture se confirme. Enfin, il souhaite savoir qui prendra en charge les coûts induits par la fermeture du site.
Publié le 29.10.2025 à 10:54
Interpellé par la CGT d’ENGIE, j’ai échangé avec des salariés à propos de la cession prévue de l’entité « Home Services » du groupe et ses lourdes conséquences. Acteur majeur de l’entretien et de l’amélioration des chauffages, en lien profond avec les collectivités, les bailleurs sociaux et des millions de Français, celle-ci est menacée en cas de vente. Cette entité est pourtant rentable, mais pas assez aux yeux des actionnaires d’Engie, héritier de l’ancien groupe public Gaz de France. Alors que la France conserve une part importante du capital d’Engie, cette cession doit être empêchée, ou, à minima, conditionnée à des critères stricts de maintien de l’emploi et de présence de proximité dans nos territoires. J’ai donc adressé une question écrite au ministre de l’économie, que vous trouverez ci-dessous :
M. Guillaume Gontard appelle l’attention de M. le ministre auprès du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’industrie et de l’énergie sur la cession de la filiale Engie Home Services par le groupe Engie, prévue au premier semestre 2026.
Cette entité joue en effet un rôle fondamental dans l’entretien et l’installation des systèmes de chauffage et de climatisation de près de 11 millions de foyers français, à travers un réseau de proximité de plus de 170 agences, employant plus de 4500 salariés en France, auxquels s’ajoutent 430 travailleurs en Belgique et en Italie. Au total, environ six millions d’interventions sont réalisées chaque année, non seulement pour entretenir le parc existant de chaudières, pompes à chaleur, adoucisseurs d’eau ou climatisation, mais aussi pour en installer de nouvelles, dans une démarche de rénovation énergétique des logements.
Outre les emplois directs, cette filiale fait vivre de nombreux partenaires, notamment les artisans chauffagistes, et travaille en lien étroit avec les bailleurs sociaux. Selon les estimations de la CGT Engie, chaque emploi supprimé chez Engie Home Services entraîne la suppression de trois emplois supplémentaires, portant le total de salariés affectés par cette future cession à 13.500 postes. Une telle opération est donc loin d’être anodine.
Justifiée par un prétendu recentrage stratégique, cette vente d’une filiale pourtant rentable suscite de très vives inquiétudes quant à ses conséquences sociales, industrielles et énergétiques, tant pour les salariés que pour les usagers. Elle risque en effet de fragiliser la continuité et la qualité de ce service de proximité essentiel à la sécurité et au confort énergétiques des concitoyens, dans un contexte où près de 15 millions de Français sont déjà confrontés à la précarité énergétique. Le tissu économique local serait également profondément touché, et de manière générale, c’est l’intégrité même du réseau gazier qui serait fragilisée.
Cette décision est d’autant plus préoccupante que le groupe Engie affiche des résultats financiers particulièrement solides : un chiffre d’affaires en hausse de 33 % en quatre ans (atteignant 73,8 milliards d’euros en 2024), un résultat d’exploitation (EBIT) multiplié par 2,25 (10,3 milliards d’euros) et un taux de profit désormais supérieur à 20 %. Dans le même temps, les effectifs ont été réduits de 42 % depuis 2020 et les dividendes versés aux actionnaires ont été multipliés par 2,8, pour atteindre 4,1 milliards d’euros annuels.
L’Etat, premier actionnaire d’Engie, avec 23,6% du capital et environ 32% des droits de vote, a une responsabilité majeure dans ce dossier. Pourtant, il semble pour l’heure se contenter de récolter sa part des bénéfices via l’Agence des Participations de l’Etat, en négligeant tous les enjeux stratégiques. Pourtant, au vu de la rentabilité financière d’Engie Home Services et des conséquences sur l’emploi, sur le service aux usagers, y compris publics, et sur la souveraineté énergétique de la France, cette cession n’est pas du tout souhaitable.
M. Gontard souhaite donc savoir quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour préserver l’emploi, le services aux usagers et la transition énergétique si cette cession a lieu. Il lui demande plus largement si le Gouvernement entend intervenir auprès du groupe Engie pour renoncer à cette vente.
Crédits photo en une : KWON JUNHO