01.10.2025 à 18:54
Human Rights Watch
Mardi, l'ancien Premier ministre Moussa Mara se tenait calmement debout au tribunal de Bamako, la capitale du Mali, tandis que les juges rejetaient la demande de mise en liberté provisoire déposée par ses avocats. Le parquet a plutôt requis une peine de deux ans de prison, une mesure qui résume la répression menée par la junte militaire contre l'opposition politique et la dissidence.
Les forces de sécurité ont arrêté Moussa Mara, premier ministre pendant huit mois entre 2014 et 2015, le 1er août, à la suite d'un message qu'il avait publié sur les réseaux sociaux exprimant sa solidarité avec des prisonniers politiques maliens et promettant de leur rendre justice.
Les autorités ont accusé Moussa Mara d'avoir porté atteinte au crédit de l'État, d'opposition à l'autorité légitime, d'incitation au trouble à l’ordre public et de publication et diffusion de fausses nouvelles. Son procès s'est ouvert le 29 septembre devant un tribunal de lutte contre la cybercriminalité et le verdict est attendu pour le 27 octobre. De sérieuses inquiétudes subsistent quant à l'équité de son procès.
Les accusations semblent à première vue violer le droit à la liberté d'expression. « Ces accusations n'ont rien à voir avec le message publié par Mara sur X », a déclaré un membre de son équipe de défense. « Il s'agit d'un procès contre le droit à la liberté d'expression », a ajouté le bâtonnier Mounkaïla Yayé, un autre membre de l'équipe de la défense de Moussa Mara. « Cela peut créer un précédent dangereux. »
Depuis son arrivée au pouvoir lors d’un coup d'État en 2021, la junte militaire dirigée par le général Assimi Goïta a réprimé l'opposition politique et l'espace civique et médiatique au Mali, interdisant tous les partis politiques et intimidant, emprisonnant ou faisant disparaître de force des journalistes et des activistes des droits humains. Le général Goïta a consolidé son pouvoir sans tenir d’élections, retardant le retour à un régime civil démocratique.
La junte a également ignoré les appels à tenir les auteurs d’abus responsables de leurs actes, et n'a pas respecté ses obligations juridiques internationales d'enquêter sur les violations graves des droits commises par les forces de sécurité et de traduire les responsables en justice. En janvier, le Mali, ainsi que le Burkina Faso et le Niger, ont officiellement quitté la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), privant ainsi leurs citoyens de la possibilité de réclamer justice pour des violations des droits humains devant la Cour de justice de la CEDEAO. En septembre, ces trois pays ont également annoncé leur intention de se retirer du traité de la Cour pénale internationale, une décision qui compromettra aussi l'accès à la justice pour les victimes d’atrocités de masse.
L'arrestation de Moussa Mara montre que même exprimer sa solidarité avec les personnes réprimées est maintenant interdit au Mali. Elle montre également l'intolérance de la junte à l'égard de toute dissidence. Les autorités maliennes devraient immédiatement abandonner toutes les charges retenues contre Moussa Mara et le libérer, relâcher aussi tous les autres prisonniers détenus arbitrairement, et respecter le droit à la liberté d'expression.
30.09.2025 à 21:57
Human Rights Watch
La semaine dernière, les talibans ont ordonné l'interdiction d'Internet dans plusieurs provinces du nord de l'Afghanistan. Le 30 septembre, ils ont complètement coupé l'accès à Internet, tant mobile que par fibre optique, dans tout le pays.
Les talibans affirment que cette interdiction vise à « prévenir l'immoralité ». En Afghanistan, les autorités utilisent depuis longtemps le prétexte de la « moralité » comme un outil d'oppression appliqué principalement envers les femmes et les filles, qui sont traditionnellement considérées comme les garantes de la dignité, de la fierté et de l'honneur de leur famille. Les femmes et les filles afghanes ont été définies essentiellement dans le cadre de leur relation aux hommes : en tant que mère, sœur, épouse ou fille d'un homme. Lorsque les talibans parlent d'« immoralité », cela signifie souvent pour eux une « immoralité » causée, perçue ou encouragée par les femmes, ou parfois la corruption de certains hommes provoquée par des femmes.
L'interdiction d'Internet est un nouveau moyen pour les talibans de contrôler les femmes et les filles. Depuis leur prise de contrôle de l'Afghanistan en août 2021, les talibans ont déjà sévèrement restreint l’accès des femmes aux espaces physiques ou elles pourraient exprimer une résistance, qu’il s’agisse des rues, des universités ou des lieux de travail.
En conséquence, les femmes qui ont accès à Internet s'en servent pour résister à ce que de nombreux experts appellent « l'apartheid de genre » imposé par les talibans. Les militantes utilisent Internet pour documenter les abus et entrer en contact avec d’autres activistes à l'étranger, alors que la communauté internationale accorde moins d’attention aux abus.
L’Internet offre également aux filles et aux femmes un moyen de poursuivre leur éducation, les talibans leur ayant interdit de poursuivre leur scolarité au-delà de la sixième année. Pour beaucoup d’entre elles, la perte d’accès aux cours en ligne est une source d'immense détresse. Les organisations qui proposent des cours en ligne craignent que les élèves et étudiantes afghanes ne perdent ainsi leur dernier moyen d'accéder à l'éducation, et de maintenir un contact avec le monde extérieur.
Une amie que j’ai connue au lycée, « Meena » (pseudonyme), gérait jusqu’à récemment un site de vente de vêtements en ligne en Afghanistan. « Les talibans imposeraient un apartheid numérique de genre, s'ils trouvaient un moyen de couper l'accès à Internet uniquement pour les femmes », m'a-t-elle dit la semaine dernière. Meena a ajouté que la perte d'accès à Internet lui ferait perdre des sources de revenus essentielles, nuirait à son autonomie et à son identité, et couperait ses liens avec d’autres personnes en Afghanistan, ainsi qu’à l'étranger.
Je n'ai pas réussi à joindre à nouveau Meena depuis que les talibans ont complètement déconnecté le pays.
Les coupures d’Internet imposées par les talibans ne visent pas seulement à contrôler politiquement la société afghane ; elles reflètent également un acte délibéré d'autoritarisme patriarcal. Elles nuisent aux femmes et aux filles qui étaient déjà systématiquement réduites au silence, sapant davantage encore leur capacité à étudier ou à percevoir un revenu ; elles ébranlent leur sentiment d'identité et d'appartenance à une communauté, et toute possibilité de mobiliser la résistance féministe.
Les talibans devraient d’urgence de lever leur interdiction d’Internet, qui constitue lien vital des Afghanes avec le monde extérieur.
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29.09.2025 à 17:54
Human Rights Watch
(Berlin, 29 septembre 2025) – Les autorités tadjikes ont injustement emprisonné un avocat défenseur des droits humains pendant 10 ans pour avoir exercé ses droits fondamentaux, ont déclaré aujourd'hui 11 organisations. Buzurgmehr Yorov purge une peine de 23 ans de prison pour avoir représenté des leaders de l'opposition politique.
Les autorités tadjikes devraient annuler la condamnation de Buzurgmehr Yorov et la peine prononcée contre lui, et le libérer immédiatement. Elles devraient également libérer tous les autres prisonniers, y compris d’autres avocats, qui sont détenus de manière arbitraire et injustifiée pour avoir exercé pacifiquement leurs droits.
Âgé de 54 ans, Buzurgmehr Yorov s'est forgé au Tadjikistan une réputation d'intrépide avocat des droits humains après avoir accepté de défendre des personnes poursuivies par le gouvernement sur la base de motifs politiques, dans le cadre d’affaires médiatisées. Début septembre 2015, Yorov avait commencé à représenter plusieurs membres du Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan. Ce parti était l'un des rares partis d'opposition officiellement enregistrés dans le pays, mais il a été qualifié d'« organisation terroriste » et interdit en septembre 2015.
Le 28 septembre 2015, la police a arrêté Buzurgmehr Yorov, et a effectué sans mandat une perquisition de son cabinet d'avocat et de son domicile ; il a ensuite été inculpé de falsification, de fraude, d'« incitation à l'hostilité nationale, raciale, locale ou religieuse » et d'extrémisme. Ces accusations semblent avoir été motivées par une interview accordée par Yorov peu avant son arrestation, dans laquelle il déclarait qu'un de ses clients avait affirmé avoir été torturé pendant sa détention provisoire, et appelait une coalition d'avocats à se joindre à lui pour défendre les membres détenus du Parti de la renaissance islamique.
Buzurgmehr Yorov a été maintenu en détention provisoire pendant huit mois, lors desquels il a été battu et détenu à l'isolement. Le 6 octobre 2016, à l'issue d'un procès entaché de violations des règles de procédure régulière, il a été condamné à 23 ans de prison. À deux reprises, en 2019 et 2021, sa peine a été réduite dans le cadre d'amnisties générales. Cependant, les autorités ont ensuite porté de nouvelles accusations fallacieuses contre lui, la dernière fois en juillet 2023. Les condamnations qui ont suivi ont à nouveau prolongé sa peine et repoussé sa date de libération prévue à septembre 2043 ; il aura alors 72 ans.
Tout comme le premier procès de Buzurgmehr Yorov, les procès qui ont suivi ont été entachés de nombreuses violations des règles de procédure régulière, notamment l'interdiction de communiquer librement avec son avocat afin d’être correctement représenté, ou de présenter sa propre défense.
Buzurgmehr Yorov a été gravement maltraité en prison, notamment par des actes de torture, et a été détenu au secret. Les autorités ont restreint les visites de sa femme, et auraient fait pression sur sa famille pour qu'elle s’abstienne d’actions exigeant sa libération. En mai 2019, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a publié un avis déclarant que la détention et le traitement de Yorov par le Tadjikistan violaient le droit international, et appelant à le « libérer immédiatement ». Cependant, Buzurgmehr Yorov demeure en prison.
La détention et les mauvais traitements infligés à Buzurgmehr Yorov s’inscrivent dans le cadre d'une crise des droits humains au Tadjikistan. Sous le régime du président Emomali Rahmon, au pouvoir depuis plusieurs décennies, l'état de droit a été affaibli dans le pays et les autorités ont accru leur répression. Ce déclin s'est accéléré après novembre 2021, lorsque les autorités ont lancé une campagne violente pour réprimer les manifestations dans la région autonome du Gorno-Badakhshan, agissant contre la société civile et supprimant les médias indépendants dans cette région.
Au cours des dernières années, des dizaines d'avocats, d’activistes civiques, de journalistes, de leaders communautaires et d'autres personnes ont été arrêtés et persécutés au Tadjikistan sur la base de motifs politiques ; parmi ces personnes figurentles journalistes Ulfatkhonim Mamadshoeva, Mamadsulton Mavlonazarov et Ruhshona Khakimova, ainsi que le défenseur des droits humains Manuchehr Kholiknazarov.
Les autorités tadjikes devraient libérer Buzurgmehr Yorov ainsi que tous les autres prisonniers incarcérés pour des motifs politiques, immédiatement et sans condition. Le gouvernement devrait respecter ses obligations en vertu du droit international, selon lesquelles il devrait protéger la capacité de chaque personne à exercer librement et pacifiquement ses droits humains.
Les partenaires internationaux du Tadjikistan, dans le cadre de leurs liens diplomatiques bilatéraux et multilatéraux avec ce pays, devraient soulever le cas de Buzurgmehr Yorov et insister sur sa libération.
Organisations signataires
Amnesty InternationalAramintaCIVICUS : World Alliance for Citizen Participation (Alliance mondiale pour la participation citoyenne)Civil Rights Defenders (Défenseurs des droits civils)Freedom NowHelsinki Foundation for Human Rights (HFHR - Fondation Helsinki pour les droits de humains)Human Rights WatchInternational Bar Association’s Human Rights Institute (IBAHRI - Institut des droits humains de l'Association internationale du barreauInternational Partnership for Human Rights (Partenariat international pour les droits humains)Lawyers for Lawyers (L4L -Avocats pour avocats)Norwegian Helsinki Committee (Comité norvégien d'Helsinki)…………………..
29.09.2025 à 09:00
Human Rights Watch
(Nairobi) – Le gouvernement tanzanien a intensifié sa répression politique, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à la transparence et à la régularité des élections générales prévues le 29 octobre, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Les autorités ont exercé leur répression contre des opposants politiques et des personnes ayant critiqué le parti au pouvoir, muselé les médias et ont failli à leur devoir de garantir l’indépendance de la commission électorale.
« Les autorités tanzaniennes devraient prendre des mesures immédiates pour protéger l’intégrité des élections du 29 octobre, dont la transparence est gravement menacée », a déclaré Nomathamsanqa Masiko-Mpaka, chercheuse auprès de la division Afrique à Human Rights Watch. « Elles devraient cesser de museler les voix dissidentes et les médias, et entreprendre des réformes significatives permettant la tenue d’élections libres, justes et crédibles. »
De juillet à septembre 2025, Human Rights Watch a mené des entretiens par téléphone ou en personne avec 24 personnes – 16 activistes de la société civile, avocats, leaders religieux, universitaires, journalistes et membres de partis d’opposition, ainsi que 8 victimes de violations –en Tanzanie continentale et dans l’archipel de Zanzibar. Le 19 septembre, Human Rights Watch a transmis à la Police tanzanienne, à la Commission électorale nationale indépendante, à l’Autorité de régulation des communications et au ministère tanzanien des Affaires étrangères des courriers résumant ses conclusions et sollicitant davantage d’informations, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour.
« Le droit à la vie des personnes qui expriment des opinions différentes de celles du gouvernement est menacé », a déclaré à Human Rights Watch un leader religieux, qui a affirmé avoir été agressé en raison de son activisme. « Les gens devraient pouvoir critiquer le gouvernement. Cela ne devrait pas mettre leur vie en danger. Il y a des enlèvements, des disparitions et des meurtres inexpliqués. Et on ne peut pas obtenir d’explications de la part du gouvernement. »
Human Rights Watch a documenté 10 cas d’agressions, de harcèlement, d’enlèvement et de torture à motivation politique, ainsi que l’impact des restrictions sévères imposées aux médias traditionnels et aux réseaux sociaux.
Dans l’un de ces cas, le 2 mai, des individus non identifiés ont agressé et enlevé Mpaluka Nyagali (surnommé « Mdude »), un activiste de l’opposition bien connu ; cela s’est passé à son domicile à Mbeya, dans le sud-ouest de la Tanzanie, ainsi que l’a expliqué sa femme aux médias. Le 9 juillet, la Haute Cour de Mbeya a rejeté la requête en habeas corpus (recours judiciaire contestant la légalité d’une détention) déposée par sa femme ; aucune information sur le sort de Mdude n’a été divulguée. La police a nié toute implication dans son enlèvement.
Le 16 juin, à Dar es Salaam, des agresseurs non identifiés ont frappé Japhet Matarra, un activiste ayant souvent critiqué le gouvernement sur X, avec une barre métallique jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Une source crédible a expliqué à Human Rights Watch que Japhet Matarra se trouvait ce jour-là dans une chambre d’hôpital, dans l’attente d’une intervention chirurgicale, quand des hommes déguisés en médecins ont fait irruption dans sa chambre et l'ont agressé. Japhet Matarra s’est mis à crier, et ses agresseurs ont pris la fuite. Des photographies examinées ultérieurement par Human Rights Watch montraient des blessures à sa mâchoire ; plus d'un mois après l'agression, il avait encore du mal à parler.
Les recherches de Human Rights Watch ont corroboré les conclusions d'organisations tanzaniennes de défense des droits humains. Le Centre juridique et des droits humains (Legal and Human Rights Centre, LHRC) a recensé une centaine de cas d'enlèvements et de disparitions forcées entre 2015 et février 2025. La Coalition tanzanienne des défenseurs des droits humains (Tanzania Human Rights Defenders Coalition, THRDC) a recensé 48 attaques contre des défenseurs des droits humains, des activistes et d'autres personnes en 2024.
En juin, la police a réagi au nombre croissant de personnes disparues en publiant une déclaration comprenant les noms de plusieurs personnes qu'elle accusait d'avoir orchestré leurs propres enlèvements. La liste excluait toutefois de nombreux cas très médiatisés de membres de l’opposition et de la société civile, renforçant les inquiétudes quant à la crédibilité et à l’impartialité des enquêtes gouvernementales.
Le gouvernement a aussi accru sa répression contre les partis d'opposition et leurs membres. En avril, les autorités ont arrêté Tundu Lissu, le leader du principal parti d'opposition, le Chadema (Chama Cha Demokrasia na Maendeleo en swahili - Parti pour la démocratie et le progrès), lors d'un rassemblement. Il fait l’objet d’un procès sur la base d’accusations fallacieuses, notamment de haute trahison, un crime passible de la peine de mort. Un membre du Chadema ayant assisté à quelques audiences du procès de Tundu Lissu a déclaré : « À plusieurs reprises, notamment lorsque je me rends aux audiences du procès de notre président [Lissu], je suis harcelé : on m'empêche d'entrer dans le tribunal, on me frappe. »
Un autre membre d'un parti d'opposition a déclaré : « Je ne me sens pas en sécurité en tant que politicien en Tanzanie. Je ne me sens pas libre de critiquer le gouvernement… Nous sommes constamment harcelés par la police. »
En avril, la Commission électorale nationale indépendante (Independent National Electoral Commission, INEC), qui, malgré son nom, est nommée par le président et dont les décisions ne peuvent être contestées en justice, a exclu le Chadema des élections, pour non-signature du controversé code de conduite électoral. Puis en juin, le Tribunal de grande instance de la Tanzanie a suspendu toutes les activités politiques du Chadema, suite à un autre différend. En septembre, la commission électorale a disqualifié Luhaga Mpina, en tant que candidat de l'Alliance pour le changement et la transparence (Alliance for Change and Transparency, ACT-Wazalendo) à l’élection présidentielle.
En juin, au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, le représentant du gouvernement de la présidente Samia Suluhu a souligné l’engagement de la Tanzanie à respecter les droits humains et les principes démocratiques, notamment lors la période électorale. Toutefois, depuis son discours, le gouvernement n'a toujours pas mis en œuvre les réformes nécessaires.
Les décisions de la commission électorale excluant la participation de partis d'opposition et de leurs candidats à l’élection présidentielle a de fait éliminé toute concurrence au parti au pouvoir, le CCM (Chama Cha Mapinduzi en swahili - Parti de la Révolution), a indiqué Human Rights Watch,
Le gouvernement a poursuivi sa répression envers les médias avant les élections, restreignant la liberté d'expression et d'information, et aggravant le climat d’intimidation subi par les organes de presse et autres médias.
Ces derniers mois, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP), des experts des Nations Unies en matière de droits humains, ainsi que le Parlement européen ont également exprimé leurs préoccupations concernant le climat politique en Tanzanie avant les élections. Ces institutions ont dénoncé la répression des rassemblements et des manifestations pacifiques, les disparitions forcées, la torture et les arrestations arbitraires, les restrictions d'accès à l'information et à la liberté d'expression, ainsi que le blocage des réseaux sociaux.
« La disqualification de candidats à la présidence et de partis politiques par la commission électorale soulève la question : les élections en Tanzanie reflèteront-elles la volonté des électeurs ? », a observé Nomathamsanqa Masiko-Mpaka. « Le gouvernement devrait cesser immédiatement de réprimer l'opposition politique ; il devrait aussi mener des enquêtes impartiales sur les agressions et les enlèvements de défenseurs des droits humains, de membres de l'opposition, d'avocats et de leaders religieux, et garantir l'indépendance de la commission électorale. »
Suite plus détaillée en anglais, au sujet de la répression préélectorale en Tanzanie.
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Articles
Six Actualités
26.09.2025 à 23:59
Human Rights Watch
(Washington) – Le mémorandum signé le 25 septembre par le président des États-Unis, Donald Trump, qui ordonne aux forces de l'ordre d'enquêter sur un prétendu complot visant à fomenter la violence politique dans ce pays, constitue une grave menace pour les droits humains et les institutions démocratiques, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le président Trump a ordonné aux agences fédérales de rechercher activement des liens entre d’une part des organisations philanthropiques et des groupes d'activistes, et d’autre part des efforts décrits en termes vagues, visant à fomenter la violence, l'intimidation et la répression de la liberté d'expression.
« L'ordre du président Trump mobilisant les forces de l'ordre fédérales pour enquêter sur des présumés opposants à son administration est une déformation de la réalité », a déclaré Federico Borello, directeur exécutif par intérim de Human Rights Watch. « Il invente un complot inexistant pour justifier la répression de la liberté d’exprimer des opinions et des idées au sein de divers camps politiques aux États-Unis. »
Le mémorandum du président Trump évoque une forte hausse de la violence politique aux États-Unis, attisée par des « campagnes sophistiquées et organisées d'intimidation, de radicalisation, de menaces et de violence » visant à réprimer la liberté d'expression et à imposer des changements de politiques. Cependant, aucune preuve n’est fournie pour étayer ces allégations. Selon le mémorandum, ces « campagnes » sont liées à des mouvements « autoproclamés “anti-fascistes” » ayant conçu une « stratégie globale pour atteindre leurs objectifs politiques par la radicalisation et par l'intimidation violente ». Dans ce cas aussi, aucune preuve n'est fournie pour corroborer cette affirmation.
Sur cette base, le mémorandum du président Trump affirme qu'un nombre important d'acteurs de la société civile et du secteur philanthropique pourraient être impliqués dans ces « campagnes », de diverses manières non précisées. Dans ce document, le président ordonne aux forces de l'ordre et aux autorités fiscales de prioriser les enquêtes sur les crimes et autres infractions liés à ces prétendus complots. Le mémorandum demande spécifiquement que soient menées des enquêtes sur les organisations philanthropiques et non gouvernementales.
Le directeur du FBI, Kash Patel, présent lors de la signature du mémorandum, a annoncé des plans visant des organisations et des individus. Patel a déclaré que les forces de l'ordre allaient « suivre la trace de l’argent » (« follow the money ») et « pourchasser » ainsi ces « terroristes internes » (« domestic terrorists »).
Ce mémorandum a été rendu public peu après la publication par les médias, également le 25 septembre, d’articles selon lesquels le département de la Justice américain envisagerait la possibilité de poursuivre en justice la Fondation Open Society (« Fondation pour une société ouverte »). Cette fondation, créée par le philanthrope George Soros, soutient divers groupes de militants des droits civils et organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch. George Soros est depuis longtemps une cible de la vindicte politique de l'administration Trump.
« Lorsque le président américain viole les droits fondamentaux et les principes démocratiques dans son propre pays, cela risque d’être perçu comme un feu vert par des dictateurs partout dans le monde », a observé Federico Borello. « Les gouvernements préoccupés devraient dénoncer publiquement les graves atteintes aux droits civils et politiques aux États-Unis, et exhorter l'administration Trump à changer de cap. »
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