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Directrice de publication : Aude Lancelin

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30.06.2025 à 22:00

« Comment reprendre le pouvoir » avec François Boulo et François Bégaudeau

Le pouvoir n’exécute même plus le résultat des urnes: il décide seul, dans une logique de plus en plus autocratique. Le vote devient un simulacre, nourrissant un sentiment d’impuissance civique. Le néolibéralisme, socle idéologique d’une Union européenne en déclin, a accentué les inégalités, provoqué la désindustrialisation et subordonné les États aux logiques du capital. Les … Continued
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Le pouvoir n’exécute même plus le résultat des urnes: il décide seul, dans une logique de plus en plus autocratique. Le vote devient un simulacre, nourrissant un sentiment d’impuissance civique. Le néolibéralisme, socle idéologique d’une Union européenne en déclin, a accentué les inégalités, provoqué la désindustrialisation et subordonné les États aux logiques du capital.

Les médias, en renonçant à leur rôle critique, favorisent la dépolitisation, tandis que l’oubli des trahisons passées progresse. Le discours technocratique prétend que l’économie ou le droit seraient trop complexes pour le peuple, l’excluant du débat démocratique. Face à cela, abstention, défiance et vote d’extrême-droite traduisent une profonde crise de représentation.

L’enjeu est de reconstruire une souveraineté populaire et d’assumer un projet de rupture sociale clair, y compris en direction des classes dominées qui votent aujourd’hui pour le RN. Une exigence qui implique de dépasser les postures morales, de parler franchement des sujets sensibles, et de redonner au peuple le contrôle.

Pour en parler, Aude Lancelin et François Bégaudeau ont reçu le lundi 30 juin sur QG, François Boulo, figure nationale des Gilets jaunes, partisan du Frexit, ex-avocat pour le tout dernier épisode de L’Explication de la saison !

26.06.2025 à 21:15

« Ni les bombes, ni les mollahs : ce que veulent les Iraniens » avec Rezvan Zandieh

Le 13 juin 2025, Israël a frappé l’Iran, déclenchant une nouvelle escalade guerrière au Moyen-Orient. Cette offensive a provoqué la panique, avec près de 10 millions de personnes appelées à fuir Téhéran. Pour beaucoup, c’est le cauchemar d’une guerre redoutée depuis des années qui se réalise. Comme toujours, ce sont les civils qui en paient … Continued
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Le 13 juin 2025, Israël a frappé l’Iran, déclenchant une nouvelle escalade guerrière au Moyen-Orient. Cette offensive a provoqué la panique, avec près de 10 millions de personnes appelées à fuir Téhéran. Pour beaucoup, c’est le cauchemar d’une guerre redoutée depuis des années qui se réalise. Comme toujours, ce sont les civils qui en paient le prix, tandis que les stratégies occidentales, loin d’affaiblir le régime iranien en place, n’ont jusqu’ici fait que le renforcer.

Qu’adviendra-t-il de ce régime répressif et théocratique, discrédité depuis le soulèvement « Femmes, Vie, Liberté » ? La majorité des Iraniens et Iraniennes rejettent à la fois la République islamique et les interventions étrangères — y compris le retour des héritiers du Chah, jugés peu crédibles. L’espoir d’un changement réel ne viendra que d’une seule source : le peuple iranien lui-même.

Pour en discuter, notre animateur David Libeskind a reçu ce jeudi 26 juin sur QG Rezvan Zandieh, artiste franco-iranienne, militante féministe et enseignante-chercheuse

24.06.2025 à 23:16

«Iran, US, France: faire entendre la voix des peuples» avec Aude Lancelin, Didier Maïsto et Harold Bernat

L’émission « Quartier Populaire » lancée en 2024 sur QG par Aude Lancelin, Didier Maïsto et Harold Bernat a désormais un an ! Merci pour votre fidélité et votre soutien. Nous étions partis d’un constat simple : comment faire pour redonner aux gens de la force collective, comment unir au-delà des postures, comment retrouver la … Continued
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L’émission « Quartier Populaire » lancée en 2024 sur QG par Aude Lancelin, Didier Maïsto et Harold Bernat a désormais un an ! Merci pour votre fidélité et votre soutien. Nous étions partis d’un constat simple : comment faire pour redonner aux gens de la force collective, comment unir au-delà des postures, comment retrouver la voie de ce qui est populaire au sens le plus noble du terme?

Dans un contexte international qui étouffe la voix des peuples cette émission était l’occasion de revenir sur ce qui nous fédère : faire entendre notre parole sans sectarisme ou esprit partisan. Déni démocratique manifeste, discours bellicistes effrayants, vacuité politique, recyclage de vieilles méthodes éculées, népotisme éhonté, propagandes médiatiques éculées, et entre-soi satisfait, nous sommes revenus sur cette année écoulée. Comment nous faire entendre, mieux et ensemble, comment renforcer nos liens et faire valoir des exigences populaires quand la guerre contre les peuples fait rage?

Nous étions en direct, et en réel depuis notre studio à Paris, le mardi 24 juin pour le dernier « Quartier Populaire » de la saison !

19.06.2025 à 21:15

« L’écologie a-t-elle vendu son âme ? » avec Clément Sénéchal

L’écologie, s’est-elle dévoyée en devenant l’instrument docile des pouvoirs et de la bourgeoisie ? Des ONG telle que Greenpeace jusqu’aux partis comme Europe Écologie Les Verts, des figures médiatiques comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili jusqu’aux gouvernements successifs de Hollande et Macron, l’écologie a été récupérée, aseptisée et transformée en outil de greenwashing. Une écologie … Continued
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L’écologie, s’est-elle dévoyée en devenant l’instrument docile des pouvoirs et de la bourgeoisie ? Des ONG telle que Greenpeace jusqu’aux partis comme Europe Écologie Les Verts, des figures médiatiques comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili jusqu’aux gouvernements successifs de Hollande et Macron, l’écologie a été récupérée, aseptisée et transformée en outil de greenwashing. Une écologie coupée des classes populaires, incapable de remettre en cause les fondements capitalistes de notre système. Passé ce constat, une question se pose : peut-on encore faire de l’écologie sans lutte des classes ? Que reste-t-il du combat initial face à une écologie devenue spectacle, carriérisme et communication ?

Pour en discuter, Haussman Vwanderday a reçu le jeudi 19 juin Clément Sénéchal, journaliste, ex-porte parole de Greenpeace, expert des enjeux climatiques et auteur de « Pourquoi l’écologie perd toujours » aux éditions du Seuil. Entre critique du néolibéralisme vert, dénonciation des ONG complices et appel à une écologie révolutionnaire, il propose une autre voie : anticapitaliste, antiraciste et populaire.

17.06.2025 à 22:15

« Les impostures de l’antiracisme » avec Kévin Boucaud-Victoire et François Bégaudeau

De Frantz Fanon à « Touche pas à mon pote », de Rosa Parks à l’élection de Barack Obama, l’antiracisme est bien souvent devenu un simple outil d’intégration au marché dans les sociétés occidentales contemporaines. Une façon pour la gauche de se donner les apparences du progressisme sans aborder la question sociale. Comment faire vraiment avancer le combat … Continued
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De Frantz Fanon à « Touche pas à mon pote », de Rosa Parks à l’élection de Barack Obama, l’antiracisme est bien souvent devenu un simple outil d’intégration au marché dans les sociétés occidentales contemporaines. Une façon pour la gauche de se donner les apparences du progressisme sans aborder la question sociale. Comment faire vraiment avancer le combat contre les discriminations et pour l’égalité réelle ?

Pour en débattre, Aude Lancelin et François Bégaudeau ont reçu le mardi 17 juin dans L’Explication #6, Kévin Boucaud-Victoire, rédacteur en chef de la rubrique Idées à Marianne, cofondateur du site Le Comptoir, notamment auteur de Mon antiracisme (Desclée de Brouwer), un essai qui mène la critique des deux grands courants antiracistes de la France contemporaine: l’antiracisme moral et le mouvement décolonial.

Au menu: récupération politique, trahisons historiques, pertinence ou non de la notion de racisme anti-blanc, nécessité de remettre la lutte des classes au premier plan pour éviter la division des classes populaires, et de autres nombreuses questions brûlantes.

16.06.2025 à 14:30

Samuel Bouron : « Les groupes identitaires sont un vivier pour le RN »

Les « brebis galeuses » (dixit Jordan Bardella) épinglées pour racisme, antisémitisme et sexisme semblent gambader en nombre dans le pré du Rassemblement National. Si son président dit les écarter sans avoir « la main qui tremble », elles servent plutôt de boucs émissaires pour éviter un ménage de fond au sein du parti. Issues des groupuscules identitaires, … Continued
Texte intégral (4778 mots)

Les « brebis galeuses » (dixit Jordan Bardella) épinglées pour racisme, antisémitisme et sexisme semblent gambader en nombre dans le pré du Rassemblement National. Si son président dit les écarter sans avoir « la main qui tremble », elles servent plutôt de boucs émissaires pour éviter un ménage de fond au sein du parti. Issues des groupuscules identitaires, elles infiltrent les cabinets parlementaires du RN ou les bureaux du parti d’extrême droite. Héritiers de la « nouvelle droite » des années 60 et de penseurs comme Alain de Benoist ou Dominique Venner, les groupes identitaires ont notamment perfectionné leurs outils politiques pour mener une réelle bataille culturelle afin de rendre leurs idées acceptables. Le Rassemblement National a capitalisé sur ce travail d’influence tout en se posant en parti de gouvernement. Dans un paysage médiatique dominé par l’émotion et les faits divers, la guerre des idées semble en partie gagnée pour le RN. Dans Politiser la haine (La Dispute), Samuel Bouron, sociologue, dévoile les liens entre ces groupes radicaux et le FN-RN, après une infiltration d’un an au sein des jeunesses identitaires. Pour QG, il plaide également pour un traitement médiatique fondé sur les faits, hors du cadrage imposé par le parti de Marine Le Pen

QG : Le sujet de votre livre est notamment la « métapolitique » utilisée par les groupes identitaires et les partis d’extrême droite. De quand date ce concept et quelles idées invoque-t-il ?

La métapolitique est née dans les années 1960 d’un groupe d’intellectuels qu’on appelle la « nouvelle droite », dont les idées réactionnaires étaient assez marginales à cette période. Le contexte des années 60 est l’avant Mai 68 avec une demande sociale, par une partie de la jeunesse, de libération des mœurs, de rupture avec la vieille société. Cette extrême droite se demande comment se faire entendre alors même que ses idées sont minoritaires. Elle va reprendre l’idée de « métapolitique » à Antonio Gramsci (membre fondateur du Parti Communiste Italien). La métapolitique est l’idée que gagner des élections et prendre le pouvoir nécessite d’abord de faire un travail pour rendre les idées consensuelles, qu’elles soient acceptées par une large partie de la population. La métapolitique amène cette extrême droite à se dire qu’il faut aussi mener une bataille culturelle au sens large, notamment dans les médias, pour propager ses idées. Le mouvement identitaire au début des années 2000 reprend donc cette théorie et cette méthode pour faire infuser ses idées et se faire connaître du plus grand nombre.

QG : Les identitaires sont organisés depuis plus de deux décennies mais ont connu de nombreuses transformations et restructurations. Quels sont les événements marquants pour comprendre leur évolution ?

Le Bloc Identitaire naît en 2002 sur les cendres d’un précédent groupe qui s’appelait Unité Radicale. Ce dernier avait dans ses rangs des militants antisémites ou proches du fascisme historique. Un militant, Maxime Brunerie, va tenter d’assassiner Jacques Chirac en 2002, ce qui va provoquer la dissolution d’Unité Radicale. Une partie du mouvement va refonder le groupe sous un autre nom : les identitaires, qui comprend un parti politique, le Bloc Identitaire, et un mouvement de jeunesse : les jeunesses identitaires. Le Bloc Identitaire est un parti politique, réservé aux militants adultes, qui tente de se faire une place au sein du champ politique, en concurrence avec le Front National. Les jeunesses identitaires vont quant à elle beaucoup mettre en œuvre l’idée de métapolitique. Elles utilisent notamment l’idée d’agitation et propagande (agit-prop) en faisant des actions pour attirer l’attention des médias, et placer leurs sujets, leurs thématiques, au cœur de l’agenda médiatique et politique. Comme le bloc identitaire ne parvient pas à concurrencer le Front/Rassemblement National, les jeunesses identitaires vont progressivement prendre l’ascendant au sein du mouvement, en devenant notamment Génération Identitaire en 2012. Si ce dernier est dissout en 2021, ses réseaux continuent d’exister localement et ses idées ont essaimé dans les médias conservateurs, au sein du RN et dans une certaine mesure dans les partis de gouvernement. François Bayrou, l’actuel Premier ministre, a par exemple parlé récemment de « submersion migratoire » qui est un terme emprunté à ces groupes identitaires.

QG : Vous avez suivi les Identitaires en vous infiltrant dans le groupe pendant près d’un an pour une enquête débutée en 2010. Quelles sont leurs méthodes pour attirer des militants dans leurs rangs et se faire entendre sur les scènes politiques et médiatiques ?

Ils reprennent des choses assez classiques des groupuscules d’extrême droite en ouvrant des locaux, les « maisons de l’identité », où l’on peut y trouver des cours de boxe, ou simplement boire un verre. Il se développe toute une camaraderie militante qui permet au groupe de progressivement occuper une place assez centrale dans le monde militant d’extrême droite. Ils attirent une jeunesse qui est en recherche de radicalité, de transgression à la fois dans les idées et dans l’expression d’une violence. Le recrutement des militants va se faire au sein de la jeunesse étudiante, des diplômés de l’enseignement supérieur, des petites classes moyennes et même y compris de certaines classes dominantes. Assez peu en réalité du côté de ceux qui seraient dans une misère sociale, au chômage ou issus des classes populaires. Le mode d’action politique ou métapolitique reste ces actions symboliques, qu’ils empruntent notamment à Greenpeace ou Act-Up. Ils créent un événement pour attirer l’attention des médias et mettre à l’agenda médiatique et politique leurs sujets. On peut se souvenir de Génération Identitaire qui monte au sommet de la mosquée de Poitiers en 2012, de la location en 2017 d’un navire, le C-STAR, pour naviguer en Méditerranée, de leurs actions au col de l’échelle en 2018. Ils vont apprendre à diffuser leurs idées sans proposer de discours politique idéologiquement très structuré, en faisant référence à des penseurs bien définis, ou en faisant avancer un programme politique structuré. À travers leurs actions, ils travaillent l’idée d’un « grand remplacement » (terme complotiste emprunté à l’écrivain Renaud Camus, NDLR), d’une population musulmane qui serait de plus en plus nombreuse sur le territoire et visible dans l’espace public, justifiant d’une urgence à reconquérir le territoire.

QG : Les identitaires sont connus pour être une des franges les plus extrême à droite, à l’héritage fondamentalement raciste et parfois antisémite. Quelle est leur vision du monde et leur souhait de société ?

Ils se présentent comme une alternative, notamment à la pensée historique de la gauche en termes de lutte des classes. Ils plébiscitent une lutte des races, l’idée d’un « nous », les Français de souche, contre ce qu’ils appellent les « allogènes », les personnes qui auraient des racines autres. Génération Identitaire est un mouvement racialiste qui prône une forme d’épuration de notre société en déportant une population qu’elle désigne comme incompatible avec ce qui serait la culture française, européenne, blanche. Elle se différencie de la pensée du FN-RN qui ouvre la porte à la possibilité d’une assimilation : il y aurait les « bons » français et les « mauvais » français, mais il est possible d’être noir et français. Chez les identitaires, ce n’est pas possible puisque le mélange des cultures affaiblirait la civilisation blanche, occidentale. Alain De Benoist, l’un des théoriciens de la « nouvelle droite », parle d’ethno-différentialisme, d’un droit à la différence qui devient un racisme culturel en réalité. La vision du monde des identitaires se déploie autour d’un antagonisme entre races au sens sociologique du terme, dont la rencontre ne pourrait que déboucher sur un « choc des civilisation », c’est-à-dire une guerre civile.

QG : Qu’est-ce qu’implique de mobiliser une « lutte des races » plutôt qu’une lutte des classes, notamment pour les classes populaires ou ouvrières ?

Leur façon de catégoriser, d’identifier ou de parler notamment des musulmans est une façon de désigner le mauvais pauvre, celui qui ne s’intègrerait pas. Très concrètement, le musulman est toujours assimilé, pour eux, à une « racaille ». C’est une façon de diviser les classes populaires et de désigner plus pauvre que soi pour se grandir socialement. Ces lignes de démarcation raciales sont produites par les identitaires, par l’extrême droite, avec l’idée de penser le monde à travers une lutte des races. Ils essaient de rigidifier ces frontières raciales et l’idée de reconfigurer le champ politique à travers l’idée du grand remplacement et non pas des inégalités ou oppositions sociales. Pour y parvenir, ils brouillent les repères politiques, essayent de se placer du côté du peuple, se disent « anti-système », alors même que le fond du programme politique du RN est lui-même potentiellement compatible avec les cadres du néolibéralisme. Leur vision de la lutte des classes permet en fait une alliance avec une partie du patronat, puisqu’il n’y a plus, selon eux, d’incompatibilité entre les intérêts des propriétaires des moyens de production et ceux des travailleurs. L’extrême droite, à travers ce logiciel racialisant, est alors rejointe par une partie des élites qui se radicalisent, en lui offrant une possible bouée de sauvetage afin de se maintenir au pouvoir. 

Dissous en 2021, le groupuscule a tout même fait exploser des figures d’extrême droite telles que Thaïs D’Escufon ou Damien Rieu, qui a été candidat aux européennes de 2024, sur la liste de Reconquête!, le parti d’Éric Zemmour

QG : Les identitaires ont rapidement saisi la puissance et l’arme qu’allait devenir internet et l’ont choisi comme canal principal pour diffuser leurs idées. Comment s’en sont-ils servis et dans quels buts ?

Le mouvement identitaire est contemporain de l’essor des réseaux sociaux et va très tôt comprendre comment les utiliser. Ils reprennent cette stratégie de Jean-Marie Le Pen qui pensait que l’essentiel était qu’on parle du FN, même si on en parlait en mal. Le mouvement identitaire reste petit en termes de nombre de militants, de moyens économiques, d’élus, et leurs seules ressources sont les réseaux sociaux. Ils leur permettent d’accroître leur visibilité pour propager leurs idées, mener cette bataille culturelle, métapolitique et faire grossir le mouvement. Damien Rieu (membre fondateur de Génération Identitaire, NDLR) a compris que le potentiel des réseaux sociaux était la viralité et une façon d’attirer les projecteurs médiatiques sur le mouvement et ses idées. Ils sont dans « la stratégie du buzz » et vont diffuser leurs actions perçues comme radicales pour attirer l’attention des opposants, ainsi que des personnalités politiques d’extrême droite et de droite qui ont plus de visibilité qu’eux et qui vont mettre en lumière leur sémantique, leur vision du monde. En 2010, ils mènent par exemple une action dans un Quick halal, à Villeurbanne. Des membres du groupe envahissent le fast-food, déguisés avec des masques de porcs, pour protester contre ce qu’ils perçoivent comme une offensive de l’islam, puis diffusent l’action sur leurs réseaux. Lors d’une réunion de débrief que j’ai observée, les identitaires se sont satisfaits du nombre de vues sur les réseaux sociaux, de reprises dans les médias locaux et nationaux, gagnées à moindres frais. Ils se sont aperçus qu’ils étaient plutôt de bons clients des médias qui trouvent un intérêt à médiatiser leurs actions spectaculaires, propices à l’audience. Ils trouvent dans les médias une sorte de haut-parleur, et plus encore avec l’émergence des médias financés par Bolloré. 

QG : En 2013, La Manif pour Tous a été un tournant marquant qui a permis aux identitaires de se rapprocher d’autres groupes militants moins radicaux. Comment a-t-elle joué un rôle de bascule pour les Identitaires et la droite conservatrice dans l’ensemble ? 

Au début des années 2000, il y avait encore des oppositions entre les néo-païens qui maintenaient une certaine distance vis-à-vis des institutions religieuses, et les catho-tradis qui ne déconnectent pas la foi du militantisme politique. La Manif pour tous est un moment important, qui a achevé un mouvement d’unification des différentes familles d’extrême droite. Les identitaires ont déjà fait une partie du chemin en mettant de côté leur antisémitisme, reconfigurant leur racisme pour le diriger vers les musulmans. Les Identitaires passent donc de l’antisémitisme à l’islamophobie et vont trouver à travers La Manif pour Tous des alliés dans la sphère catholique, qui voit dans l’islam une forme de concurrence civilisationnelle, culturelle. Les identitaires voient quant à eux dans la religion catholique les racines chrétiennes de la France qu’il faut défendre. De cette alliance naît par exemple Antigones, un groupe féminin non-mixte, qui s’oppose au féminisme des Femen et défend un ordre naturel dont l’équilibre reposerait sur la complémentarité entre hommes et femmes, un combat partagé par les différentes mouvances de l’extrême droite. Cette recomposition est aussi produite par Marion Maréchal, dont le parcours personnel l’a amené à figurer au cœur des réseaux d’extrême droite et qui, par sa participation au mouvement, devient un point de jonction entre réseaux catholiques et identitaires.

Proche de Génération Identitaire et de ses branches locales, l’eurodéputée Marion Maréchal leur a permis de brouiller les pistes politiques et de se légitimer. Elle leur a apporté son soutien en 2021, au moment de la dissolution du groupuscule, tout comme Jordan Bardella

QG : Des personnalités ou des groupes dits d’une gauche « laïque et républicaine » ont aussi été des alliés possibles pour les identitaires. Pourquoi ces mouvement se voient plébiscités par un groupuscule d’extrême droite et comment ont-il permis de brouiller les pistes politiques ? 

Il va y avoir dès 2010 une coalition avec Riposte laïque dans le cadre d’un « apéro saucisson-pinard ». Dans cette lignée, le mouvement identitaire évalue la possibilité d’alliances politiques avec une partie du centre et d’une gauche islamophobe, notamment avec ce qui deviendra le printemps républicain. Les principes de laïcité sont moins utilisés aujourd’hui par les politiques comme une simple séparation de l’église et de l’État que comme une façon d’identifier une menace qui viendrait en fait de l’islam. Caroline Fourest est citée régulièrement chez les identitaires, en interne, comme une des personnes qui disent défendre la laïcité et la République, et partager au moins une partie des mots d’ordre des identitaires. Ce que les identitaires définissent comme une « seconde gauche », non marxiste, est identifiée comme un levier pour faire grossir le mouvement. La lutte métapolitique s’apparente alors, pour l’extrême droite, à s’emparer de certains concepts et principes, qui sont au départ ceux de la gauche, comme la laïcité, la République, la liberté d’expression, en les vidant de leur sens originel.

QG : Le Bloc identitaire a été fondé dans l’optique de concurrencer le FN-RN sur la scène politique mais les rapports entre les deux partis n’étaient pas conflictuels. Quels sont aujourd’hui les liens entre le parti de Marine Le Pen et les identitaires ? 

Ils sont de deux natures. Le premier est un rapport direct puisque les identitaires vont servir de vivier au RN. Le parti des Le Pen a historiquement toujours eu du mal à former des militants, à faire monter des cadres au sein du parti. De manière générale, le parti n’a pas la même implantation dans le mouvement ouvrier et populaire que la gauche. Il voit chez les identitaires la possibilité d’avoir des militants qui ont déjà une expérience, qui sont formés idéologiquement et en matière de communication. Ensuite, s’instaure une division du travail entre identitaires et RN. Les identitaires vont mener cette bataille culturelle, cette stratégie métapolitique pour faire en sorte qu’à travers des faits divers, l’agit-prop ou la causerie permanente dans les émissions de plateau politique, les thématiques de l’immigration, de la sécurité, de l’islam soient portées en permanence dans l’espace médiatique, y compris dans des médias de grande audience. Ils vont apporter aux partis d’extrême droite cette compréhension qu’il vaut mieux passer par les faits divers et les affects plutôt que par une pensée politique bien structurée pour populariser ses idées. Cette façon d’aborder l’actualité politique place dans sa zone de confort le Rassemblement National, qui n’a alors plus qu’à appeler à davantage d’ordre, pour résoudre selon lui les problèmes d’insécurité et d’immigration. 

Dans l’écosystème médiatique Bolloré, la droite et l’extrême droite ont tapis rouge. Selon une étude, sur une semaine type, CNEWS a invité près de 75% d’intervenants (élus, journalistes, représentants) issus de ces deux familles, 7% seulement venant de la gauche

QG : Vous déplorez que les oppositions politiques du RN semblent s’aligner sur ses sujets et s’adaptent à son cadrage politique dans les médias. Comment le parti d’extrême-droite a-t-il réussi à gagner la bataille médiatique ? 

En 2024, le meurtre de Philippine à Paris, par une personne sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français, NDLR) est devenu un événement national. Tous les médias en ont parlé et tous les politiques se sont sentis obligés de réagir à ce fait divers en créant une course à celui qui sera le plus radical, qui demandera le plus de fermeté, d’ordre. On observe comment les politiques se saisissent de la loi et de l’ordre pour résoudre les maux sociaux. Le centre et même le PS vont se positionner sur ce terrain en espérant recueillir des bénéfices électoraux mais permettent à l’extrême droite de devenir maître du jeu sur le plan médiatique. Les partis ont alors tendance à courir après l’extrême droite et ne parviennent plus à être audibles sur leurs propres sujets, à proposer un autre modèle de société, à se distancer de ces cadrages dominants. 

QG : Vous proposez notamment la nécessité d’une « restructuration médiatique ». A quoi pourrait-elle ressembler ? 

La structuration actuelle de l’espace médiatique rend possible cette offensive identitaire, notamment par des modèles économiques qui se structurent sur des logiques d’audience. C’est pourquoi la proportion de faits divers, qui dopent l’audience, est bien plus importante que par le passé (+75% de sujets sur des violences entre 2014 et 2024), notamment dans l’audiovisuel. Les identitaires répondent à cette demande médiatique, se constituer en bons clients des médias, en les alimentant des faits divers et des paniques morales dont ils sont friands. Il faut donc se poser la question de l’espace médiatique que nous voulons, afin de sortir de cette spirale du pire qui nous enferme dans ces cadres identitaires. Si les médias Bolloré continuent de se structurer, c’est aussi parce qu’ils bénéficient des aides à la presse, de canaux de diffusion ou sont défiscalisés. On pourrait s’inspirer du modèle de la Belgique francophone qui très tôt a décidé que les partis d’extrême droite n’étaient pas des partis comme les autres, qu’ils étaient opposés à l’état de droit et qu’on ne pouvait pas, pour des questions de responsabilité et d’éthique journalistique, leur donner la parole en direct sans remise en contexte. Le cordon sanitaire a maintenu une forme d’ostracisation et maintenu à la marge les partis d’extrême droite au sein du champ politique. 

QG : Le gouvernement Bayrou avec Bruno Retailleau à l’Intérieur, Gérald Darmanin à la justice, semble totalement se tourner vers Marine Le Pen, autant pour éviter sa censure que par proximité idéologique. Pensez-vous que le RN a déjà gagné la bataille métapolitique ?

Aujourd’hui, Bayrou peut parler de submersion migratoire, reprenant la sémantique des identitaires, sans que cela soulève les foules. Il est devenu relativement ordinaire de parler ainsi de l’immigration, ce qui montre une certaine normalisation des visions du monde des identitaires. Si Bayrou avait dit qu’il fallait venir en aide aux migrants, la déclaration aurait été aujourd’hui complètement subversive. Malheureusement, dans certains domaines tels que la sécurité, l’immigration, l’islam, ce discours identitaire est devenu relativement consensuel, dominant. De la même manière que Retailleau qui se reconnaît dans Nemesis, un groupe clairement identitaire. En revanche, il faut faire attention au récit qu’essaye de faire l’extrême droite disant qu’elle serait en train de gagner la bataille culturelle puisqu’il y a encore un certain nombre de garde-fous. Vincent Tiberj montre que la droitisation de la société se fait plus par les médias que par le peuple. Les identitaires mènent la bataille dans les médias parce qu’ils ont encore peu de relais chez les militants. L’extrême droite reste beaucoup moins syndiquée que la gauche et peine à tisser des liens avec les universitaires parce qu’elle tend à distordre les faits, tout simplement. Il y a en outre un manque de connexion avec le monde artistique, même si les identitaires ont essayé de mettre en avant une extrême droite jeune, cool, branchée. Il y a encore une vraie mobilisation populaire, comme après la dissolution, et les idées de l’extrême droite sont surtout implantées comme des croyances pour les élites politiques et médiatiques plutôt que dans la société dans son ensemble. 

QG : Quel rôle doit jouer la gauche pour éviter une victoire de l’extrême droite tant culturelle que politique ?

L’urgence nous amène à développer un antifascisme ou un antiracisme relativement défensif pour que l’extrême droite ne prenne pas le pouvoir. Mais il y a une autre urgence qui est de ne pas être seulement sur la défensive mais de partir à l’attaque et de mettre en avant la société que l’on souhaite à gauche. Il faut que cette dernière arrive à se réapproprier ce que sont pour elle la liberté, l’égalité, qui sont des mots importants et des principes structurants historiquement à gauche. Il faut se défaire des lignes médiatiques de l’extrême droite et réussir à imposer nos propres thématiques pour reprendre l’ascendant.

Interview réalisée par Thibaut Combe

Samuel Bouron est sociologue, maître de conférence à Paris Dauphine-PSL et chercheur à l’IRISSO. Il a travaillé sur l’extrême-droite, le militantisme des groupes identitaires et leurs utilisations des réseaux sociaux. Il a produit une enquête sociologique en s’infiltrant chez les jeunesses identitaires pendant plusieurs mois et a raconté leur quotidien et leurs rites. Il a également participé au livre Extrême-droite : la résistible ascension, sorti chez La Boétie (2024) et coordonné par Ugo Palheta.

13.06.2025 à 12:26

Eric Berr: « On a une politique qui tape, une fois encore, sur les classes sociales les moins favorisées »

Le vent de la récession souffle de plus en plus. Les révisions à la baisse de la croissance pour la France se multiplient, tant de la part de la Banque de France que du Fonds monétaire international, dans le contexte de la politique commerciale menée par les États-Unis depuis le début du mois d’avril. Et … Continued
Texte intégral (2104 mots)

Le vent de la récession souffle de plus en plus. Les révisions à la baisse de la croissance pour la France se multiplient, tant de la part de la Banque de France que du Fonds monétaire international, dans le contexte de la politique commerciale menée par les États-Unis depuis le début du mois d’avril. Et l’annonce d’un plan d’austérité de 40 milliards d’euros pour 2026 de la part du ministre de l’Économie, Éric Lombard, a de quoi renforcer la tendance récessive. Sans même parler du symbole que constitue le fait que le patrimoine le plus important du gouvernement Bayrou est justement celui d’Éric Lombard, chargé de préparer ces coupes, ni du refus du Sénat de voter la « taxe Zucman » sur les grandes fortunes. Pour QG, l’économiste Eric Berr souligne cette volonté gouvernementale de cibler uniquement les dépenses publiques et l’illusion réitérée consistant à penser que les patrons accepteraient de faire du patriotisme économique sans la moindre contrainte. Interview par Jonathan Baudoin

Quel est votre analyse du plan d’austérité de 40 milliards d’euros pour 2026, annoncé par le gouvernement Bayrou?

Le plan de François Bayrou et de son ministre de l’Économie Éric Lombard s’inscrit dans la droite lignée de celui qui a été proposé par Michel Barnier et pour lequel il a été censuré. C’est-à-dire, faire une cure d’austérité drastique. Dans le budget voté en début d’année, il est déjà prévu 20 milliards d’euros « d’économies ». Il est envisagé pour 2026 de réduire les dépenses publiques de quarante milliards d’euros qui se répartissent comme suit: 14 milliards d’euros « d’économies » sur les dépenses de l’État; 8 milliards d’euros sur les dépenses des collectivités locales; 18 milliards d’euros sur les dépenses de la Sécurité sociale. 

L’effet va être une fois de plus d’amplifier la stagnation, voire la récession économique. D’après les débuts de piste qu’on a sur les mesures qui vont être prises, ce sont à nouveau les classes populaires et les classes moyennes qui seront pénalisées. Il y a toujours une ligne rouge chez Bayrou, comme chez tous les précédents gouvernements de Macron, c’est le refus d’augmenter les impôts. Par conséquent, il faut couper dans les dépenses publiques. Si on coupe dans les dépenses de la Sécurité sociale, cela signifie moins de protection sociale pour tous les Français. Si on coupe dans les dépenses de l’État, c’est moins de services publics pour les Français. Et cela touche principalement les catégories sociales les moins favorisées car on s’interdit de financer ça par les profits des entreprises ou le patrimoine. On reste dans la même logique, celle qui nous a amenée à la situation budgétaire actuelle, et les mêmes causes produiront donc les mêmes effets.

Est-ce que cela ne risque-t-il pas d’aggraver le risque de récession pour l’économie française, dans un contexte de tension économique globale avec les États-Unis sur la hausse des droits de douane?

Tout cela risque d’être cumulatif. On a une politique qui tape, encore, sur les classes sociales les moins favorisées. Avec une nouveauté, qui est de taper aussi sur les retraités, avec l’éventuelle mesure, encore en discussion, de supprimer l’abattement de 10% dont bénéficient les retraités. Ce qui reviendrait à faire en sorte que 500.000 retraités, qui ne payaient pas jusqu’ici d’impôt, en paieraient. Ce sont bien les retraités les plus pauvres qui seraient pénalisés dans l’histoire. Notons au passage que cette mesure entre en contradiction avec le refus d’augmenter les impôts.

Je rappelle que tout cela est fait pour réduire le poids du déficit public, rapporté au PIB, l’objectif étant de ramener le déficit public à 4,6% du PIB. On peut avoir un objectif de réduction du déficit public, mais ce qui pose problème, c’est la façon de le mettre en place. En l’occurrence, en ciblant uniquement la baisse des dépenses publiques. Ce qu’il faut voir, c’est que si ces dépenses sont un coût pour l’État, elles sont une recette pour les ménages et les entreprises. Et dans un environnement récessif, où la demande des ménages et des entreprises diminue, si l’État se serre également la ceinture, réduisant de fait la demande de biens et services, on aggrave la récession que l’on est censé combattre.

Le contexte international, avec les décisions de Trump, peut poser problème à des secteurs qui exportent aux États-Unis. Je ne nie pas cela, mais il faut voir que la France, en 2024, a un excédent commercial avec les États-Unis de 3 milliards d’euros. Les mesures de Trump seraient pénalisantes, mais nous ne sommes pas les plus dépendants du commerce avec les États-Unis. Au niveau de l’Union européenne, 60% du commerce international se fait entre pays membres. Les échanges avec les États-Unis représentent seulement 20%. Cela pourrait poser problème mais c’est l’occasion, précisément, pour l’UE, de changer son fusil d’épaule et d’avoir une politique qui défende vraiment les intérêts européens. Face à la Chine et aux États-Unis, qui ont des politiques visant à servir leurs intérêts, à se protéger, l’UE est le dindon de la farce avec son marché ouvert à tous vents.

Je rappelle que les pays les plus riches se sont toujours développés en utilisant des doses de protectionnisme. Ce n’est pas le protectionnisme, en lui-même, qui pose problème. C’est plutôt la manière dont Donald Trump le met en place, actuellement, car il mène une guerre d’agression commerciale et tout le monde va y perdre, à divers degrés, les États-Unis probablement en premier. Le protectionnisme qui pourrait être intéressant à mettre en place est ce qu’on appelle un protectionnisme solidaire. À savoir, passer des accords de coopération avec un pays où on importe les biens ou les services qu’on n’est pas en mesure de produire et à l’inverse, on exporte vers l’autre pays le bien ou service qu’on est en mesure de faire et où on est compétitif. En faisant cela, on est dans quelque chose de plus positif et potentiellement bénéfique pour tout le monde.

Dans un entretien, le ministre de l’Économie et des Finances appelle « au patriotisme des patrons ». Pensez-vous qu’ils joueront le jeu?

On a l’impression de retrouver la grande époque de Bruno Le Maire où il y avait sur les réseaux sociaux le hashtag « Bruno demande », quand Le Maire demandait aux entreprises d’embaucher, de ne pas trop augmenter les prix en période d’inflation, etc.. Maintenant, Éric Lombard demande une preuve de patriotisme économique aux patrons. Déjà, s’ils faisaient preuve de patriotisme fiscal, on aurait réglé une bonne partie des problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui en matière de déficit ! On peut bien sûr espérer une prise de conscience et un sursaut de patriotisme de la part des grands patrons français. Personnellement, je n’y crois pas du tout! Je rappelle que Bernard Arnault était à la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Il doit d’ailleurs peut-être un peu le regretter maintenant puisque les taxes de Trump vont aussi pénaliser LVMH.

Le président américain Donald Trump en compagnie du milliardaire français Bernard Arnault lors d’une visite de l’usine Louis Vuitton d’Alvarado, au Texas, le 17 octobre 2019

Dans un système capitaliste, il faut savoir que le but d’une entreprise, c’est de faire du profit. Si faire du patriotisme économique permettait d’avoir plus de profits, les entreprises le feront. Dans le cas contraire, le patriotisme économique passera au second plan. L’État a pourtant les moyens d’inciter, voire de contraindre, les entreprises d’adopter un comportement plus favorable aux intérêts du pays. On le fait bien pour les bénéficiaires du RSA ou pour les chômeurs inscrits à France Travail, à qui on impose des conditions toujours plus dures pour bénéficier de leur allocation ! Pourquoi les 200 milliards d’euros de subventions en direction des entreprises ne seraient pas versés sous condition de respect de clauses sociales, environnementales, ou de résultats en termes d’emploi ? L’État a les moyens de faire cela. Le problème est qu’il ne veut pas le faire, parce qu’il joue le rôle de supplétif du MEDEF, pour faire simple.

Propos recueillis par Jonathan Baudoin

Eric Berr est économiste, maître de conférences à l’Université de Bordeaux, membre du collectif les Économistes Atterrés, co-responsable du département d’économie de l’Institut La Boétie. Il est l’auteur de: Inflation. Qui perd? Qui gagne? Pourquoi? Que faire? (avec Sylvain Billot et Jonathan Marie, Le Seuil, 2024) ; La dette publique, Précis d’économie citoyenne (avec Léo Charles, Arthur Jatteau, Jonathan Marie et Alban Pellegris, Le Seuil, 2021) ; L’économie post-keynésienne (avec Virginie Monvoisin, Le Seuil, 2018) ; ou encore L’intégrisme économique (LLL, 2017)

12.06.2025 à 23:43

« Gaza : la faillite morale de l’Occident » avec Taoufiq Tahani, Alma Dufour et Véronique Bontemps

Un blocus impitoyable, des États occidentaux totalement défaillants, des médias internationaux interdits d’entrée, qui au bout de 600 jours continuent encore, pour beaucoup, à relayer la propagande du pouvoir israélien. Gaza se retrouve isolée, affamée, massacrée aux yeux du monde. Face à cette situation inédite, même pour un peuple palestinien déjà très éprouvé, des initiatives … Continued
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Un blocus impitoyable, des États occidentaux totalement défaillants, des médias internationaux interdits d’entrée, qui au bout de 600 jours continuent encore, pour beaucoup, à relayer la propagande du pouvoir israélien. Gaza se retrouve isolée, affamée, massacrée aux yeux du monde. Face à cette situation inédite, même pour un peuple palestinien déjà très éprouvé, des initiatives citoyennes comme la « Flotille de la liberté » se mettent en place, mais aucune solution politique viable ne se dessine encore à cette heure. Les États-Unis mettent même une pression colossale sur les pays, comme la France, qui entendraient reconnaître prochainement l’État palestinien. Pour continuer à vous informer, à espérer ensemble, Aude Lancelin et notre équipe ont reçu trois personnalités engagées pour renverser le cours de cette tragédie :

– Taoufiq Tahani, président d’honneur de l’Association France Palestine

– Alma Dufour, députée LFI

– Véronique Bontemps, chercheuse au CNRS, coordinatrice de « Gaza, une guerre coloniale » (Actes Sud)

10.06.2025 à 21:20

« Le problème c’est le viol, pas le féminisme » avec Giulia Foïs

Aux hommes on apprend à dominer, aux femmes à se taire. L’impunité des agresseurs prospère sur le silence des victimes, imposé par la suspicion. À chaque étape, il est exigé des femmes qu’elles « ferment leur gueule » pour que le système tienne. Dans une société où 97 % des violences sexuelles sont commises par … Continued
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Aux hommes on apprend à dominer, aux femmes à se taire. L’impunité des agresseurs prospère sur le silence des victimes, imposé par la suspicion. À chaque étape, il est exigé des femmes qu’elles « ferment leur gueule » pour que le système tienne. Dans une société où 97 % des violences sexuelles sont commises par des hommes, il devient urgent de penser la situation. Malgré les combats féministes, la justice reste défaillante – seuls 0,6 % des viols sont jugés aux assises ! On continue de déresponsabiliser les hommes, d’invoquer l’argument d’une « autre époque », de faire du viol un événement exceptionnel plutôt qu’un problème structurel. Ce qu’il faut désormais, ce n’est plus une prise de conscience : c’est une révolte sans concession, affirme Giulia Foïs, journaliste, spécialiste des violences sexistes et sexuelles et autrice de « Pas tous les hommes quand même ! » aux éditions La Meute. Notre animatrice Bénédicte Martin l’a reçue sur QG

05.06.2025 à 21:45

« Ukraine : la désinformation comme arme » avec Jacques Baud

Derrière le récit dominant du conflit en Ukraine se cache une autre réalité : dès 2022, Washington savait que l’adhésion de Kiev à l’OTAN était exclue, tandis que des tentatives de paix initiées par Zelensky ont été bloquées par les Occidentaux. Les conditions posées par les deux camps rendent tout accord de paix impossible à … Continued
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Derrière le récit dominant du conflit en Ukraine se cache une autre réalité : dès 2022, Washington savait que l’adhésion de Kiev à l’OTAN était exclue, tandis que des tentatives de paix initiées par Zelensky ont été bloquées par les Occidentaux. Les conditions posées par les deux camps rendent tout accord de paix impossible à ce jour.

Le soutien occidental repose autant sur l’aide militaire que sur une guerre de l’information, entre censure, désinformation et récits stratégiques. Ce conflit révèle les limites morales et stratégiques d’un leadership occidental en crise, où l’image importe autant que les armes.

Le 5 juin, Aude Lancelin recevait Jacques Baud, ex-membre du renseignement stratégique suisse et colonel d’état-major général, ancien chef de la doctrine des opérations de maintien de la paix à l’ONU et auteur de Guerres secrètes en Ukraine, un ouvrage révélant les opérations clandestines menées par les deux camps depuis trois ans. Une analyse rare dans les médias traditionnels.

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