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Directrice de publication : Aude Lancelin

▸ Les 10 dernières parutions

18.12.2025 à 21:15

« Marleix : le testament d’un incorruptible » avec Romain Marleix et Aude Lancelin

La mort d’Olivier Marleix a foudroyé et sidéré sa famille, ses soutiens et la France entière. Ex-président du groupe parlementaire Les Républicains, député d’Eure et Loire, figure très respectée sur tous les bancs de l’Assemblée nationale, il avait reçu le prix Anticor en 2020 pour sa mission à la tête de la commission d’enquête sur … Continued
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La mort d’Olivier Marleix a foudroyé et sidéré sa famille, ses soutiens et la France entière. Ex-président du groupe parlementaire Les Républicains, député d’Eure et Loire, figure très respectée sur tous les bancs de l’Assemblée nationale, il avait reçu le prix Anticor en 2020 pour sa mission à la tête de la commission d’enquête sur la vente d’Alstom. Lorsque la mort l’a emporté, il achevait le manuscrit d’un réquisitoire contre le pouvoir en place. Ce livre, « Dissolution française. La fin du macronisme », a paru aux éditions Robert Laffont dans une version quasi achevée. Il est aujourd’hui classé dans les meilleures ventes, en dépit du faible écho que lui donnent les médias mainstream. Le frère du député, Romain Marleix, collaborateur du Sénat, a accepté de venir sur notre antenne, afin de faire vivre sa mémoire et de faire connaître les combats pour la souveraineté de la France qui étaient les siens.

18.12.2025 à 16:06

« L’écologie doit prendre le dessus sur l’économie »

Usus tyrannus (« L’habitude est un tyran »). Citant ainsi le poète romain Horace, Anselm Jappe attire l’attention sur le confort qui sert de moyen de survie du capitalisme, en dépit de la capacité de ce mode de production à détruire la planète. Dans son nouvel essai Écologie ou économie, il faut choisir (L’Échappée), il … Continued
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Usus tyrannusL’habitude est un tyran »). Citant ainsi le poète romain Horace, Anselm Jappe attire l’attention sur le confort qui sert de moyen de survie du capitalisme, en dépit de la capacité de ce mode de production à détruire la planète. Dans son nouvel essai Écologie ou économie, il faut choisir (L’Échappée), il se montre critique à l’égard de diverses pensées alternatives (écosocialisme, décroissance, technocritique, primitivisme, etc.), leur reprochant leur manque de profondeur critique à l’égard du système capitaliste. Jonathan Baudoin a lu son essai pour QG

« L’état de ce livre est celui du pamphlet ». Dès l’introduction, le ton est donné par Anselm Jappe dans son nouveau livre Écologie ou économie, il faut choisir. Pour le philosophe allemand, appartenant au courant marxiste de la critique de la valeur, il est évident que le capitalisme – qu’il nomme également économie dans le livre -, quelle que soit la forme qu’il ait pu prendre dans son histoire, vieille de plus de deux siècles, est par définition destructeur pour la planète, pour tout espace vivant. Pour expliquer cela, Jappe souligne que la valeur, le travail (abstrait), la marchandise et l’argent – « Les quatre cavaliers de l’Apocalypse » – ne peuvent pas être distingués et affichent une indifférence structurelle quant à leurs effets concrets, poussant à une accumulation continue de richesses, et d’utilisation d’énergie dans la production.

En parallèle, toute politique de « transition écologique » est vouée à l’échec selon Jappe car l’écologie est, par ce biais, toujours subordonnée à l’économie, autrement dit, au capitalisme qui a « colonisé les imaginaires ». « L’écologie sera toujours le pot de terre contre le pot de fer de l’économie » affirme-t-il, développant par ailleurs l’idée que le travail et le capital sont complices de la crise écologique en cours. Ce qui prend à rebrousse-poil l’analyse marxiste orthodoxe, basée sur l’antagonisme capital/ travail.

Des alternatives partielles

Mais l’essentiel du livre est consacré aux courants de pensée alternatifs comme l’écosocialisme, la décroissance, la technocritique, le primitivisme, ou encore le catastrophisme. Si le philosophe allemand accorde des points de réflexions bienvenus, il considère que leurs solutions sont partielles, ne s’attaquant pas à la question de la valeur, car trop focalisées sur la lutte contre les énergies fossiles. Et même, concernant les tenants de l’écosocialisme ou de la décroissance, Jappe les accuse de soutenir un « altercapitalisme », semblable au capitalisme keynésien des 30 glorieuses, en donnant un rôle clé à l’État via la planification écologique. De quoi les décrire comme des « écoléninistes » pour le théoricien de la critique de la valeur. Même s’il se défend de « vouloir leur chercher des poux » et qu’il serait erroné de lire son livre de la sorte.

Pour certaines d’entre elles, comme le catastrophisme ou la cybernétique, Jappe indique des passerelles potentielles avec le technosolutionnisme, le transhumanisme d’une part; et le sentiment de fatalisme d’autre part. Ce qui conduit à renforcer les tenants de l’ordre capitaliste actuel – néolibéral -, voire à faire preuve de cécité sur les dérives liberticides avec l’État ou les services ayant une technologie très sophistiquée, au nom de la sauvegarde de la planète. L’exemple du crédit social en Chine ou de la gestion autoritaire du Covid en France lors du confinement du printemps 2020 sont des signaux d’alerte à garder en tête pour le philosophe.

D’ailleurs, en parlant du Covid, Jappe considère que le confinement a été une occasion manquée de se révolter contre le modèle capitaliste car la pandémie a montré combien la planète pouvait (encore) se régénérer, avec une dé-pollution observée dans beaucoup d’endroits. Pour ne pas avoir à en passer à nouveau par une catastrophe sanitaire de ce genre afin d’ouvrir à l’homme un avenir durable sur cette planète, il faudrait en arriver à des mesures drastiques visant le numérique, le transport aérien, ou plus brutalement encore, à la mise à mort du capitalisme.

Jonathan Baudoin

« Écologie ou économie, il faut choisir », Anselm Jappe, L’Échappée, 18 euros

16.12.2025 à 21:15

« Sortir de l’UE : une question de survie » avec Jacques Nikonoff et François Boulo

Depuis des décennies, le dogme règne : « Notre avenir, c’est l’Europe ! ». Critiquez ce totem et vous voilà hérétique. Quitter l’euro ? Une « catastrophe économique ». L’Union Européenne? « La paix ». Et l’inusable mantra : « Ensemble on est plus fort ». Ce catéchisme est martelé en boucle sur toutes les … Continued
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Depuis des décennies, le dogme règne : « Notre avenir, c’est l’Europe ! ». Critiquez ce totem et vous voilà hérétique. Quitter l’euro ? Une « catastrophe économique ». L’Union Européenne? « La paix ». Et l’inusable mantra : « Ensemble on est plus fort ». Ce catéchisme est martelé en boucle sur toutes les antennes des médias officiels.

Pour Jacques Nikonoff, confondateur d’ATTAC, le vrai « cataclysme », c’est d’y rester. Sortir de l’UE n’a rien d’une promenade, mais c’est pour lui la condition indispensable pour rompre avec le néolibéralisme et pour que la France reprenne son destin en main. Ouvrier devenu délégué CGT, puis énarque et professeur d’économie, acteur clé du « Non » au référendum en 2005, il fonde en 2016 le Parti de la démondialisation (ParDem). Restauration de la souveraineté, sortie unilatérale de l’euro et de l’UE sont au cœur de ce Quoi qu’il en coûte animé par François Boulo

11.12.2025 à 23:09

« Les perversions du bloc bourgeois » avec Dany-Robert Dufour, Aude Lancelin et Harold Bernat

Brigitte Macron, se fait « baiser la main » par un courtisan sur un tapis rouge avant de lancer, alors que des militantes féministes manifestent dehors : on « foutra dehors » ces « sales connes ». La scène devient virale. Pour Dany-Robert Dufour, c’est ce qu’on appelle une « cassade », en hommage à … Continued
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Brigitte Macron, se fait « baiser la main » par un courtisan sur un tapis rouge avant de lancer, alors que des militantes féministes manifestent dehors : on « foutra dehors » ces « sales connes ». La scène devient virale. Pour Dany-Robert Dufour, c’est ce qu’on appelle une « cassade », en hommage à Sade. Dans Sadique époque (2025, Cherche Midi), il montre comment la perversion alimente les sociétés marchandes: le « bloc bourgeois », « largement séditieux », « sadise » la société, défait les vertus communes et « baise » le peuple, tout en occupant le centre « démocratique ». Le triptyque perversion–spectacle–argent mène au « devenir cloaque » du capitalisme, où l’indistinction rentable l’emporte sur la décence, alors même que se profile le pire des mondes possibles pour l’humain et le vivant. Pour en discuter, Aude Lancelin et Harold Bernat ont reçu en direct Dany-Robert Dufour dans Quartier Populaire

09.12.2025 à 21:45

« La gauche s’est-elle perdue ? » avec Nathalie Heinich, François Bégaudeau et Aude Lancelin

Dans le dixième épisode de l’Explication, Aude Lancelin et François Bégaudeau ont reçu le 9 novembre, la sociologue Nathalie Heinich. Une figure intellectuelle passée de Pierre Bourdieu à Pierre Nora, qui prend régulièrement position sur les sujets brûlants du débat public. Contre le mariage pour tous, contre le néo-féminisme, contre l’islamo-gauchisme, contre le wokisme, Nathalie … Continued
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Dans le dixième épisode de l’Explication, Aude Lancelin et François Bégaudeau ont reçu le 9 novembre, la sociologue Nathalie Heinich. Une figure intellectuelle passée de Pierre Bourdieu à Pierre Nora, qui prend régulièrement position sur les sujets brûlants du débat public. Contre le mariage pour tous, contre le néo-féminisme, contre l’islamo-gauchisme, contre le wokisme, Nathalie Heinich prend parti, signe des tribunes, lance des observatoires. En 2025, elle publie aux éditions Gallimard « Penser contre son camp », un essai dans lequel elle revendique la liberté de s’opposer aux idées du milieu progressiste dont elle se revendique pourtant encore. Ses prises de position, souvent situées à contre-courant de la gauche dite « radicale », sont au cœur d’un échange franc pour tenter de se comprendre

05.12.2025 à 12:34

Lauren Bastide : « La solitude, nouvelle conquête des femmes »

Les femmes seules ont le droit d’être heureuses clame haut et fort Lauren Bastide dans Enfin seule (Allary éditions). Encore faut-il qu’elles puissent se départir des peurs – celles d’être une mauvaise fille, d’être célibataire, de devenir folle…-  qui leur ont été inculquées au fil des siècles. Dans une invite à ses sœurs en solitude, … Continued
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Les femmes seules ont le droit d’être heureuses clame haut et fort Lauren Bastide dans Enfin seule (Allary éditions). Encore faut-il qu’elles puissent se départir des peurs – celles d’être une mauvaise fille, d’être célibataire, de devenir folle…-  qui leur ont été inculquées au fil des siècles. Dans une invite à ses sœurs en solitude, car le livre est aussi celui de sa propre histoire, l’essayiste les déboulonne une à une, et plaide pour « l’enfinsolitude« , néologisme désignant la cohabitation sereine avec soi-même. 

À quoi les mots « femme seule » renvoient-ils ? 

On parle tout d’abord d’une réalité massive. En France aujourd’hui, 11 millions de personnes vivent seules. Parmi elles, 6 millions sont des femmes. Or, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre, il existe un décalage entre cette réalité et ses représentations, lesquelles continuent de renvoyer la solitude des femmes à une forme d’échec convoquant immédiatement l’imaginaire de la célibataire malheureuse attendant le prince charmant. Le temps est venu d’éradiquer ces représentations. 

La définition du féminin par l’intime n’explique-t-elle pas leur persistance ? 

Aux femmes, la sphère intime, aux hommes, la sphère publique, c’est en effet la fracture originelle. Tous les ressorts sexistes reposent sur l’injonction à la reproduction et au soin, mais aussi sur une privation de l’espace public, renvoyées aux femmes. Quand on tape « homme seul » dans un moteur de recherche, on va trouver quantité d’articles vantant la solitude d’artistes, d’explorateurs, de scientifiques. Peu importe qu’ils soient mariés ou qu’ils aient des enfants. Ils sont dans leur bulle créative, cela, en soi, suffit à affirmer qu’ils sont seuls. C’est très intéressant. On ne parvient pas encore à imaginer que les femmes seules peuvent aussi être occupées à tisser du lien avec le monde et à créer des choses plus grandes qu’elles.

Quid des droits qui aujourd’hui sont pourtant les mêmes pour tous ?

Bien sûr, mais les droits sont récents, tandis que les représentations sont ancrées dans les mentalités depuis des siècles. C’est pour cela du reste que les références historiques sont nombreuses dans le livre. Il me semblait intéressant de mettre les choses en perspective. On a parfois tendance à oublier que les droits pour une femme d’avoir un compte en banque, d’être propriétaire de sa maison, de travailler, de gagner sa vie, ou encore de divorcer, n’ont que quelques décennies. Il est bon, de même, de rappeler que l’imaginaire de la vieille fille et la construction de la femme au foyer comme idéal féminin, ne sont pas si lointains. Aujourd’hui, les femmes ont une opportunité historique à saisir. Elles ont, comme jamais, le droit d’être seules comme elles l’entendent. Pour autant, la menace n’a pas disparu. Dans l’imaginaire et les discours de l’extrême droite, l’envie de naturaliser les femmes n’est jamais loin. Nous devons être extrêmement vigilantes. 

Le premier enjeu de « l’enfinsolitude », cette solitude sereine, que vous appelez de vos vœux,  n’est-il pas celui de l’égalité ?

L’égalité sur le plan matériel est en effet le premier enjeu. On pense immédiatement à Virginia Woolf qui dans Une chambre à soi écrit que pour qu’une femme puisse penser par elle-même, il faut qu’elle ait un lieu à elle et un revenu de 500 livres par an, ce qui représente environ 41.000 euros contemporains. Aujourd’hui, faute d’autonomie financière, beaucoup de femmes ne peuvent quitter un foyer où elles sont malheureuses. Cet aspect matériel ne peut être éludé. Mais je pense qu’il existe aussi une dimension psychique. C’est ce que révèlent les travaux de la sociologue Erika Flahault. Beaucoup de femmes sont autonomes, elles ont un travail, une maison, et n’ont plus ou pas l’obligation de prendre soin d’autres, et pourtant, elles peinent à se créer leur propre espace. C’est la chambre en soi autant que la chambre à soi qu’il faut arriver à construire. 

Pour revenir à l’histoire, pouvez-vous nous parler de cette étonnante pionnière du féminisme qu’était Gabrielle Suchon ?

C’est une femme incroyable. Elle a publié en 1700 un ouvrage intitulé Du célibat volontaire, ou La vie sans engagement. Au 17ème siècle, pour les femmes appartenant à la petite bourgeoisie, ce qui était son cas, il n’y avait que deux options : le mariage forcé ou le couvent. Elle a préféré être envoyée au couvent. Mais à la quarantaine, elle s’en est échappée. La légende veut qu’elle soit allée trouver le pape en personne pour se faire relever de ses vœux. Elle a passé ensuite le reste de sa vie à écrire et à s’instruire dans la campagne près de Dijon. Et elle a donc écrit ce texte que l’on pourrait qualifier de pamphlet, mais qui, en même temps, est très calme et rationnel, ce qui le rend particulièrement touchant. Elle dit voyez comme je suis utile à ma communauté, certes je ne suis pas bonne sœur, je ne suis pas mère, mais je donne des cours de catéchisme, j’aide des bonnes œuvres, j’instruis, j’écris des textes, laissez moi vivre ma vie. Elle construit un argumentaire logique et implacable dans lequel elle démontre ce que Simone de Beauvoir dénoncera deux siècles et demi plus tard, à savoir qu’il n’y a aucune raison biologique de penser qu’une femme est moins capable d’écrire, de penser, et de s’instruire. Ce qui est un peu triste en revanche, c’est que ce texte a été publié à l’époque avec le cachet du roi. Cela montre qu’elle ne faisait pas peur. Personne ne voyait la subversion et la révolution politique qu’elle était en train de suggérer. 

Ce chemin vers « l’enfinsolitude », c’est aussi le vôtre. La maison, et dans son sillage « la cabane », dont vous faites l’éloge, y occupent une place de choix. Quelle est cette maison rêvée ? 

En commençant l’écriture de ce livre, je ne pensais pas passer autant de temps à réfléchir à la maison. Pourtant, il n’y a rien de plus logique puisque j’observe la solitude résidentielle et que j’habite moi-même seule. Historiquement, la maison est un lieu décrié dans les combats féministes. Dans les années 70, les féministes dénonçaient à juste titre l’enfermement domestique dans lequel les femmes se trouvaient. Mais aujourd’hui, la maison est aussi lieu où on va s’émanciper et apprendre à vivre seule.  On ne peut donc pas complètement se départir des gestes du quotidien domestique. Il y au contraire une nécessité à les regarder différemment et à leur redonner une sorte de noblesse. Je cite des exemples tirés de la littérature avec entre autres des textes d’Annie Ernaux, de Maya Angelou, de Joan Didion. Ces femmes cuisinent, font le ménage, et en même temps, ces gestes s’insèrent dans leur pensée, leurs émotions, leur vécu. 

Et la cabane ?

Je voulais réinventer ce concept de maison pour en faire quelque chose de plus ouvert, la cabane donc, qui n’est pas un lieu que l’on ferme à double tour, mais un lieu où on laisse entrer les amis, l’imaginaire, la nature. C’était aussi une façon de retourner vers l’enfance. J’ai eu ce déclic en voyant un jour une petite fille jouer chez moi et faire ce geste qu’enfant je faisais moi-même d’étendre un drap entre deux chaises et de se mettre en dessous avec son gouter et sa bande dessinée. J’ai compris que ce geste était existentiel. C’est celui d’avoir le droit d’être dans sa bulle et de se dérober au regard adulte. Il me semble que c’est cette cabane qu’il faut réussir à construire plutôt que cet idéal du foyer composé de la famille nucléaire qui au fond est plutôt un siège de violences pour les femmes et les enfants. 

Vous avez longtemps pensé que la solitude était à la fois une cachette mais aussi une punition – avec en creux, cette idée de la folie associée, aussi, à la femme seule – puis vous avez compris qu’être seule, c’était se soigner. Pouvez-vous nous expliquer ? 

Camille Claudel, Sylvia Plath, Virginia Woolf, Zelda Fitzgerald… on ne compte pas le nombre de femmes célèbres assignées à la folie parce qu’elles voulaient écrire, créer et être seule dans leur atelier. Je pense que j’ai été imbibée de cela. J’avais l’impression qu’il fallait que je me cache, et que ce besoin de me dérober au regard de l’autre était pathologique et révélait un dysfonctionnement. Or, en faisant des recherches, j’ai vu que la solitude, quand elle était choisie, pouvait être une possibilité de rencontre apaisée avec soi-même. Il y a cette très belle phrase célèbre d’Hannah Arendt que je cite dans le livre : « Quand je suis seule, je ne suis pas seule, nous sommes deux, parce que je me parle à moi-même ». Il est d’autant plus important pour les femmes de créer cet espace de dialogue avec un soi authentique qu’elles sont encouragées – notamment à partir de l’adolescence, la psychologue et philosophe Carol Gilligan le dit très bien – à effacer leur voix authentique au profit d’une voix sociale conforme aux attentes patriarcales. 

Cette solitude-là est le contraire de l’isolement. Vous écrivez qu’elle renouvelle, régénère le lien aux autres…

« L’enfinsolitude » est un ancrage dans le monde. Elle donne la possibilité de s’ouvrir aux autres de façon beaucoup plus saine, mature, et joyeuse que dans les relations de dépendance. Aujourd’hui, cette faculté d’être seule et de m’auto-suffire sur le plan émotionnel et affectif me permet de nouer des relations amoureuses et amicales évidentes et fructueuses.

Propos recueillis par Anne-Sophie Barreau

Lauren Bastide a créé le podcast féministe « La Poudre » (2016-2023) dans lequel elle faisait place aux voix des femmes (écrivaines, artistes, chercheuses, militantes). Elle anime aujourd’hui le podcast « Folie Douce » sur la santé mentale. Elle est l’autrice de: « Présentes » (Allary Éditions 2020) et « Futur.es » (Allary Éditions 2022)

04.12.2025 à 16:34

L’affaire Jean de la Rochebrochard : une omerta médiatique

Depuis l’affaire Weinstein fin 2017, naissance du mouvement Me Too, de nombreux médias et journalistes montent volontiers au créneau dès qu’il s’agit de documenter et de dénoncer les violences sexuelles et sexistes. Il n’en est que plus surprenant d’assister à une omerta spectaculaire depuis la publication de l’enquête exclusive de QG, jeudi 20 novembre 2025, … Continued
Texte intégral (1398 mots)

Depuis l’affaire Weinstein fin 2017, naissance du mouvement Me Too, de nombreux médias et journalistes montent volontiers au créneau dès qu’il s’agit de documenter et de dénoncer les violences sexuelles et sexistes. Il n’en est que plus surprenant d’assister à une omerta spectaculaire depuis la publication de l’enquête exclusive de QG, jeudi 20 novembre 2025, dévoilant les témoignages de victimes présumées de Jean de la Rochebrochard, figure influente de la Tech française et proche collaborateur de Xavier Niel.

En 15 jours, aucun journaliste, aucune agence de presse, aucun média, qu’il soit généraliste ou familier de l’écosystème des start-ups, n’a donné le moindre écho à cette enquête qui révèle pourtant de graves accusations et même une plainte pour viol déposée en 2024. Le managing partner de Kima Ventures, le fonds d’investissement de Xavier Niel, qui finance de très nombreuses structures à hauteur de centaines de milliers d’euros, a pourtant été entendu par la police le 4 novembre dernier à ce sujet, ainsi que nous l’avons révélé. Jean de la Rochebrochard avait longuement répondu à nos questions envoyées dans le cadre du contradictoire.

Xavier Niel investit dans les médias via sa société NJJ Presse, fondée en 2010

Ces informations exclusives ont au demeurant été directement transmises aux rédactions susceptibles d’y consacrer un travail approfondi, tant le sujet relève de l’intérêt général. De nombreux pôles d’enquêtes spécialisés dans les violences sexistes et sexuelles ont ainsi été informés de l’existence de ces témoignages. Quelques journalistes nous ont même contactés après la publication, certains surpris, d’autres nullement étonnés. Mais à l’heure où nous écrivons, aucun d’entre eux n’a publié la moindre ligne à ce sujet. Selon nos informations, un grand média national enquêtant depuis des mois de certaines des accusations visant Jean de la Rochebrochard, n’avait pas été jusqu’à sortir un article au motif qu’aucune plainte n’avait encore été déposée. Ce même titre de presse demeure discret à ce jour malgré la parution de nos informations.

Fort heureusement, plusieurs associations féministes engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes et certains comptes très populaires ont diffusé ces révélations sur leurs réseaux sociaux, parmi lesquels la Fondation des Femmes, via sa présidente Anne-Cécile Mailfert, NousToutes ou encore Balance Ta Start-up, qui travaille à la libération de la parole dans ce milieu très masculin.

S’agissant d’un personnage aussi puissant dans l’écosystème de la Tech, proche collaborateur de la 7ème fortune de France, comment expliquer dès lors un tel désintérêt des médias d’information ? Tous les mois des affaires touchant des personnalités dotées d’une influence bien moindre, sont pourtant révélées par ces mêmes rédactions, parfois même hors de l’existence de toute plainte. Une telle rétention d’information est-elle à relier au poids de l’empire de Xavier Niel dans la presse ?

On le sait, ce dernier investit en effet massivement dans le secteur de l’information. Il est actionnaire à titre individuel du groupe Le Monde comprenant Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama, Courrier International et La Vie, mais aussi de journaux d’investigation comme l’Informé. Le fondateur de Free détient également des parts dans Le HuffPost et Nice-Matin, et a investi des centaines de milliers d’euros aux débuts de Mediapart (il ne figure plus parmi les actionnaires du titre en 2025), Brut, ou Les Jours. Du côté de la télévision, il a cofondé en 2015, avec Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton, le groupe Mediawan, producteur de nombreuses émissions à l’instar de C à Vous sur France 5 ou Hot Ones sur Canal +.

L’émission Hot Ones, diffusée sur Canal+, a été adaptée des États-Unis en 2022 par le groupe de production Mediawan pour la France

Outre ses nombreuses participations financières, Xavier Niel alimente notoirement tout un réseau de médias en informations exclusives, ouvrant la voie à une certaine dépendance informationnelle. L’homme d’affaires bénéficie aussi, en termes d’image, de sa relation avec Delphine Arnault, PDG de Christian Dior, la fille de Bernard Arnault avec laquelle il forme un « couple de pouvoir » particulièrement influent. Involontairement ou non, ce rayonnement peut inciter certaines rédactions à l’auto-censure. Le groupe LVMH, propriété de Bernard Arnault, pèse en effet lourdement sur les budgets publicitaires d’une presse nationale en grande difficulté comme le démontrait L’Informé, le 15 novembre 2024. Nous savons, de source sûre, que l’affaire « Jean de la Rochebrochard » a ainsi été refusée par un média national, dont la publicité LVMH assure la viabilité économique, la direction craignant de perdre des budgets, à cause de la relation familiale entre les deux milliardaires. 

Face à la gravité des accusations portées, il était légitime de s’attendre à ce que les révélations de QG soient reprises par nos confrères et consoeurs, y compris dans des médias proches du patron de presse qui finance Jean de la Rochebrochard, puisque cela leur permettait de les relayer sans prendre le risque d’enquêter eux-mêmes.

À ce jour, Xavier Niel n’a pas réagi à la publication de notre enquête, ni à l’existence d’une plainte pour viol contre son collaborateur

Pendant que l’enquête de QG circule dans de nombreuses boucles, reprise et commentée par l’ensemble du réseau de la Tech, et que de nombreux acteurs du milieu s’étonnent de son faible écho médiatique, l’investisseur poursuit ses activités. Jean de la Rochebrochard donne encore des conférences aux Etats-Unis et se met en scène à Saint-Barthélémy, non sans aplomb, dans un silence médiatique complet qui ne laisse pas de sidérer. Xavier Niel, lui, ne s’est toujours pas exprimé.

Louison Lecourt

02.12.2025 à 22:52

« La France à la veille du jugement dernier » avec Emmanuel Todd et Aude Lancelin

Avec la complicité du pouvoir et de ses oppositions politiques, notre pays est entré en état de décomposition terminale. Perte de souveraineté à tous égards, déclassement international, gérontocratie irresponsable qui verbalise même désormais l’idée de « perdre ses enfants » dans des guerres ingagnables à l’échelle monstrueuse, nous approchons du point où nous ne pourrons … Continued
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Avec la complicité du pouvoir et de ses oppositions politiques, notre pays est entré en état de décomposition terminale. Perte de souveraineté à tous égards, déclassement international, gérontocratie irresponsable qui verbalise même désormais l’idée de « perdre ses enfants » dans des guerres ingagnables à l’échelle monstrueuse, nous approchons du point où nous ne pourrons plus nous raconter d’histoires sur nous-même. Quand et comment éclatera cette bulle d’irréalité qui nous conduit au désastre dans tous les domaines ?

Pour évoquer la situation critique qui se précise pour la France, Aude Lancelin a reçu Emmanuel Todd pour un long entretien le mardi 2 décembre en direct. Historien, démographe, auteur de nombreux best-sellers, parmi lesquels « La Défaite de l’Occident » (Gallimard) et figure du débat d’idées français traduite dans le monde entier.

26.11.2025 à 23:43

« Macron : la stratégie du chaos » avec Aude Lancelin, Marc Endeweld et Harold Bernat

Dans ce clair-obscur où surgissent les monstres, Emmanuel Macron, fils légitime de Nicolas Sarkozy le multirécidiviste condamné et de François Hollande, héritier d’un socialisme zombie, trouve toute sa place. Alors que la France perd les clés de son destin, nous assistons au spectacle affligeant d’une fin de régime prête à tout, jusqu’au chantage à la … Continued
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Dans ce clair-obscur où surgissent les monstres, Emmanuel Macron, fils légitime de Nicolas Sarkozy le multirécidiviste condamné et de François Hollande, héritier d’un socialisme zombie, trouve toute sa place. Alors que la France perd les clés de son destin, nous assistons au spectacle affligeant d’une fin de régime prête à tout, jusqu’au chantage à la guerre contre une puissance nucléaire. Affaiblie par les choix délétères d’une élite indigne, la France est piégée dans les nouveaux affrontements géopolitiques, tandis que les Français subissent les manipulations macronistes — un piège national dans celui, plus vaste encore, d’une mondialisation qui n’a plus rien d’heureuse.

Pour en parler, Aude Lancelin et Harold Bernat ont reçu le 26 novembre Marc Endeweld, journaliste d’investigation reconnu. Ils ont évoqué ensemble la stratégie du chaos d’un Macron en bout de course.

24.11.2025 à 21:20

« L’histoire face à la police des opinions » avec Olivier Le Cour Grandmaison et Aude Lancelin

Le grand blacklash réactionnaire à l’œuvre en France depuis plus d’une vingtaine d’années se poursuit à un rythme effréné : glorification d’un passé français présenté comme émancipateur pour les peuples colonisés, appel au sursaut moral des « honnêtes gens », et chasses aux sorcières lancées contre des chercheurs, intellectuels et journalistes rétifs à ces discours … Continued
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Le grand blacklash réactionnaire à l’œuvre en France depuis plus d’une vingtaine d’années se poursuit à un rythme effréné : glorification d’un passé français présenté comme émancipateur pour les peuples colonisés, appel au sursaut moral des « honnêtes gens », et chasses aux sorcières lancées contre des chercheurs, intellectuels et journalistes rétifs à ces discours régressifs, relayés abondamment par les médias d’extrême droite. Pour en parler, Aude Lancelin a reçu lundi 24 novembre Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant en sciences politiques et philosophie à l’université Paris-Saclay. Il publie cet automne « La fabrique du roman national-républicain » (Amsterdam) et « Oradour coloniaux français » (LLL), inspiré par l’éviction violente de Jean-Michel Aphatie de RTL pour avoir rappelé des vérités incontestables sur les massacres commis par l’armée française lors de la conquête de l’Algérie.

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