10.03.2025 à 16:35
Florian Chaaban

Lors de la première réunion de son cabinet gouvernemental, mercredi 26 février 2025, Donald Trump a décrit l’intégration européenne, un projet encouragé depuis des décennies par Washington, comme étant enraciné dans une tentative de contrer le pays de l'Oncle Sam. "L’Union européenne a été conçue pour entuber les Etats-Unis. C’était l’objectif et ils y sont […]
L’article [Fact-checking] Quel rôle les Etats-Unis ont-ils joué dans la création de l'Union européenne ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Lors de la première réunion de son cabinet gouvernemental, mercredi 26 février 2025, Donald Trump a décrit l’intégration européenne, un projet encouragé depuis des décennies par Washington, comme étant enraciné dans une tentative de contrer le pays de l'Oncle Sam. "L’Union européenne a été conçue pour entuber les Etats-Unis. C’était l’objectif et ils y sont parvenus", a lancé le président républicain. Une phrase sans équivoque et une hostilité qui remet en cause les fondements mêmes de la relation transatlantique. Car dès l'origine, les deux parties ont entretenu des rapports étroits.
En d'autres termes, si la construction européenne est avant tout un projet porté par les Européens eux-mêmes, son histoire ne saurait être dissociée de l’influence, parfois bienveillante, parfois intéressée, des Etats-Unis.
L’implication américaine dans la construction européenne prend racine dans l’immédiat après-guerre. Confrontés à une Europe dévastée et divisée, les Etats-Unis voient le Vieux Continent comme un rempart stratégique contre le communisme et une opportunité économique pour asseoir son modèle libéral.
Sous la présidence du Démocrate Harry S. Truman, les Américains déploient en 1948 le Plan Marshall, officiellement appelé "Programme de rétablissement européen". 17 milliards de dollars sont alors injectés dans les économies européennes pour relancer des modèles particulièrement essoufflés après six ans de conflit. Mais cette aide financière n’est pas sans contrepartie : Washington conditionne son soutien à une coopération économique entre les Etats européens.
En imposant une logique de planification concertée, les Etats-Unis posent les premières pierres d’une Europe intégrée. Une vision alors partagée par Jean Monnet, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Europe. Admirateur de la Constitution fédérale américaine, il voyait dans ce modèle un exemple à suivre et plaidait pour la création d'"Etats-Unis d’Europe" sur cette base.
Cette intervention s’inscrit dans une volonté géopolitique claire : stabiliser un continent fragilisé, éviter le retour des nationalismes et surtout, contenir l’influence soviétique. "Il y avait un contexte qui a fait que les Etats-Unis avaient un rôle de 'protecteur', notamment en raison de l’existence, à l’Est de l’Europe, d’un Etat qui s’appelait l’Union soviétique. Ce danger commun, qui était perçu par beaucoup de responsables, a favorisé le rapprochement entre les Etats-Unis et l’Europe à cette époque", analyse le politologue et historien, Eric Roussel.
L’Europe unie devient ainsi un pilier des ambitions américaines, visant à créer une ligne de front politique et économique dans la guerre froide naissante.
L’influence américaine dépasse largement le cadre des relations diplomatiques ou de l’aide économique. Dès les années 1950, le modèle capitaliste américain s’exporte en Europe, porté par les échanges inter-entreprises et la diffusion des techniques de production initiées outre-Atlantique par Henry Ford quelques décennies plus tôt.
Son nom, associé à la naissance d'un désormais célèbre constructeur automobile, est aussi rattaché au "fordisme", une méthode industrielle alliant un mode de production en série fondé sur le principe de lignes d’assemblage, et un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. En Italie par exemple, Fiat adapte son organisation industrielle aux standards américains après des séjours d’observation aux Etats-Unis.
Cette "américanisation" du tissu productif accompagne la naissance de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en avril 1951, dont l’esprit libéral doit beaucoup à la vision économique des Etats-Unis.
Ceux-ci voient dans l’intégration européenne l'occasion de structurer un vaste marché unique favorable à leurs intérêts économiques. Paul Hoffmann, administrateur de l’Economic Cooperation Administration qui gère le plan Marshall, plaide dès 1949 pour la formation d’un marché commun européen sans barrières douanières, un objectif parfaitement aligné avec les ambitions commerciales américaines. Celui-ci faciliterait alors la circulation des produits importés des Etats-Unis, tout en consolidant l'influence des technologies et des méthodes de production américaines en Europe.
Quelques années plus tard, le 25 mars 1957, les traités de Rome donnent notamment naissance à la Communauté économique européenne (CEE). Celle-ci a pour mission, par l'établissement d'un marché commun et le rapprochement progressif des politiques économiques des Etats membres, de promouvoir un développement harmonieux des activités économiques dans l'ensemble de la Communauté. Elle encourage aussi une expansion continue et équilibrée, une stabilité accrue, un relèvement accéléré du niveau de vie, et des relations plus étroites entre les Etats qu'elle réunit. Moins sujet aux résistances nationales, le secteur économique apparaît alors comme un champ consensuel de coopération.
Ainsi, la construction européenne n’a jamais été pensée contre les Etats-Unis. Au contraire, elle repose sur des intérêts communs entre les deux parties. Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont soutenu l’unification politique de l’Europe pour assurer sa stabilité et limiter l’influence soviétique.
Le Vieux Continent a aussi adopté le modèle économique libéral américain, notamment à travers la CECA et la CEE, renforçant ainsi son alignement avec les idées diffusées outre-Atlantique. Loin d’être un rival, l'Europe se révèle être un partenaire clé des Etats-Unis, partageant une vision commune du monde occidental.
L’article [Fact-checking] Quel rôle les Etats-Unis ont-ils joué dans la création de l'Union européenne ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
06.03.2025 à 11:10
Boran Tobelem

Propos hostiles du vice-président américain J.D. Vance durant la Conférence de Munich, suspension de l'aide à l'Ukraine, rapprochement avec la Russie… depuis février 2025, le changement de ton de l’administration américaine est clair. La menace d'un désengagement militaire des Etats-Unis sur le Vieux Continent n'a jamais été aussi prégnante. De quoi illustrer la dépendance de […]
L’article [Fact-checking] La défense européenne n'est-elle rien sans l'Otan ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Propos hostiles du vice-président américain J.D. Vance durant la Conférence de Munich, suspension de l'aide à l'Ukraine, rapprochement avec la Russie… depuis février 2025, le changement de ton de l’administration américaine est clair. La menace d'un désengagement militaire des Etats-Unis sur le Vieux Continent n'a jamais été aussi prégnante.
De quoi illustrer la dépendance de l'Europe vis-à-vis de Washington et son incapacité à se défendre elle-même ? Bien sûr, les Etats-Unis jouent un rôle déterminant dans la protection des Européens à travers l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), où ils occupent une position centrale. Car l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord, signé par les 32 membres de l'organisation, prévoit une assistance mutuelle si l'un d'entre eux était agressé. Mais affirmer que la défense européenne n'est rien sans l'Alliance atlantique apparaît comme une simplification des réalités militaires en Europe, qu'elles soient nationales ou communes.
Souvent considérée comme la plus puissante au monde, l'armée américaine compte plus d'1,3 million de militaires d'active, avec près de 800 000 réservistes. Elle est par ailleurs dotée d'une puissance de frappe atomique très importante. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), 5 244 ogives nucléaires seraient en possession des Etats-Unis. Sans compter du matériel et des équipements militaires très développés et à la pointe de la technologie.
Depuis la création de l'Otan en 1949, ce gigantisme de l'armée des Etats-Unis a su convaincre les Européens, de l'Ouest d'abord, puis de l'Est après la Guerre froide, du bien-fondé du parapluie militaire américain pour garantir leur sécurité. Rien d'étonnant donc à ce que 30 pays européens, dont 23 Etats membres de l'Union européenne, en fassent aujourd'hui partie.
Dernier venus, la Finlande en 2023 et la Suède en 2024. En réaction à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, et à la menace que fait peser Moscou sur leur sécurité, ces pays ont ainsi rompu avec leur neutralité historique. Deux adhésions qui témoignent de l'importance accordée par les Européens à l'Alliance atlantique pour assurer leur défense.
Si leur taille est modeste en comparaison avec l'armée américaine, les forces nationales de défense en Europe sont loin d'être dérisoires. Parmi les Etats membres de l'Union européenne, quatre comptent plus de 150 000 militaires d'active : la Pologne (202 100), la France (200 000), l'Allemagne (181 600) et l'Italie (165 500).
Surtout, la France fait partie des rares puissances nucléaires dans le monde. Elle disposerait de 290 ogives nucléaires. Une quantité bien inférieure à celle des Etats-Unis et de la Russie, avec ses 5 889 ogives. Mais l'Hexagone se classe tout de même au quatrième rang mondial, derrière la Chine (410 ogives). Ce qui permet aux Vingt-Sept, liés depuis le traité de Lisbonne en 2009 par une clause de défense mutuelle (article 42.7) analogue à l'article 5 du traité de l'Otan, d'être aussi associés à une force européenne de dissuasion nucléaire.
La France est également la seule parmi les Vingt-Sept à être membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, instance au cœur des questions de sécurité internationale, aux côtés des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Royaume-uni. Ce dernier a quitté l'UE en 2020, mais reste un proche partenaire des Vingt-Sept. Et il tient une place particulière en Europe en matière de défense : membre de l'Otan et pourvu de l'arme atomique, le Royaume-Uni possède l'une des armées les plus puissantes au monde.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, les Etats membres de l'UE ont par ailleurs fortement augmenté leur budget militaire et ainsi musclé leur sécurité collective.
La menace russe et le détournement des Etats-Unis de ses alliés historiques ont précipité la réflexion autour d'une véritable politique européenne de défense, complémentaire de l'Otan. Des initiatives communes en ce sens ont toutefois vu le jour dès la fin des années 1990.
A partir de 2003, l'UE a mené des missions militaires de gestion des crises dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Les Etats membres ont ainsi dépêché hors des frontières européennes des soldats agissant au nom de l'Union. 37 opérations de ce type ont ainsi été lancées depuis plus de 20 ans, que ce soit en Bosnie-Herzégovine, au large des côtes somaliennes ou encore dans la mer rouge. Mais, comme le souligne la Fondation Schuman, l’effectif des opérations de l’Union européenne tourne autour de 5000 personnes, contre plusieurs dizaines de milliers pour les grandes opérations de l'Otan. Depuis le début de la guerre en Ukraine, 40 000 soldats internationaux ont ainsi été déployés sur le flanc est de l'Alliance, de la Finlande à la Bulgarie. La fondation rappelle aussi que la plupart des missions européennes sont des missions civiles ou civilo-militaires.
En parallèle de ces missions européennes, les Vingt-sept cherchent aussi à renforcer leurs capacités militaires et leur industrie de défense. Des objectifs formulés dans la Boussole stratégique de l'Union européenne, un livre blanc sur la défense adopté en 2022. C'est en ce sens que le Fonds européen de défense a vu le jour en 2021. Doté de 7,3 milliards d'euros, il vise à soutenir des projets transnationaux en stimulant la coopération entre industriels du secteur. Le contexte de la guerre en Ukraine a aussi poussé les Européens, pour la première fois de leur Histoire, à financer en commun des livraisons d'armes à un pays en guerre. 11,1 milliards d'euros ont été collectivement pris en charge à ce jour à travers la Facilité européenne pour la paix, un instrument finançant les actions de l'UE en matière de défense.
Pour contrer les menaces qui pèsent sur l'intégrité du continent et muscler la défense des Etats européens, la Commission a également proposé le 4 mars 2025 le plan "ReArm Europe" ("Réarmer l'Europe"), un programme qui devrait permettre de mobiliser près de 800 milliards d'euros, dont 150 milliards sous forme de prêts à disposition des Vingt-Sept.
Bien que la défense européenne se construise petit à petit, elle est toutefois loin de remplacer l'Otan et agit pour l'instant plutôt en complémentarité. Comme le résumait l'historienne spécialiste des questions de défense Nicole Gnesotto en 2022, "l’Otan reste le forum prioritaire pour la défense de l’Europe, alors que la politique de défense européenne consiste à gérer les crises extérieures à l’Europe". Et la spécialiste d'affirmer : "La vraie condition pour que l’Europe soit un acteur militaire efficace, c’est que les pays de l’UE en soient d’accord. Ce qui manque, c’est très souvent la volonté politique et non les capacités".

L’article [Fact-checking] La défense européenne n'est-elle rien sans l'Otan ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
05.03.2025 à 12:25
Juliette Verdes

La contribution des Etats membres de l'alliance atlantique au budget de l'Otan prend en compte les contributions directes des pays (ou quote-part) ainsi que les dépenses indirectes, qui correspondent au budget alloué à la défense au niveau national. Dans les deux cas, les Etats-Unis sont le plus gros contributeur. Leur quote-part correspond à près de […]
L’article [Fact-checking] Qui des Etats-Unis ou de l'Union européenne contribue le plus au budget de l'Otan ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

La contribution des Etats membres de l'alliance atlantique au budget de l'Otan prend en compte les contributions directes des pays (ou quote-part) ainsi que les dépenses indirectes, qui correspondent au budget alloué à la défense au niveau national.
Dans les deux cas, les Etats-Unis sont le plus gros contributeur. Leur quote-part correspond à près de 16 % du budget de l'Otan (au même niveau que l'Allemagne), tandis que leurs dépenses de défense nationale sont les plus élevées parmi les 32 pays membres de l'alliance.
Les budgets et programmes annuels de l'Otan représentent environ 4,6 milliards d'euros, ce qui correspond à environ 0,3 % des dépenses de défense totales des pays de l'alliance. Cette somme sert essentiellement à financer la structure de commandement militaire permanente de l'Otan, les opérations et missions en cours et les infrastructures militaires essentielles.
Le financement commun du budget de l'Otan se compose de quotes-parts attribuées à chacun des 32 Etats qui en sont membres. La quote-part des Etats-Unis et de l'Allemagne s'élève ainsi à 15,88 %, contre 10,96 % pour le Royaume-Uni ou 10,19 % pour la France, indique l'organisation sur son site Internet.
A eux seuls, les Etats-Unis ont dépensé près de 970 milliards de dollars dans la défense en 2024, ce qui représente deux tiers des dépenses totales de l'ensemble des pays de l'Otan pour la défense. Les 31 autres pays membres ont, à eux tous, dépensé 506 milliards de dollars pour leur défense l'an passé.
A titre de comparaison, l'Allemagne est au deuxième rang de ce classement de dépenses militaires au sein de l'Otan, avec un budget de 97 milliards de dollars, devant le Royaume-Uni (82 milliards de dollars) et la France (64 milliards de dollars). Enfin, les dépenses des 23 Etats membres de l'UE qui appartiennent à l'Otan atteignent, en cumulé, 360 milliards de dollars en 2024.
Alors que Donald Trump exhorte les Européens à porter leurs dépenses militaires à hauteur de 5 % de leur PIB national, la Pologne (4,12 %) et l'Estonie (3,43 %) devancent les Etats-Unis (3,38 %) concernant cet indicateur.
En 2024, la majorité des 27 pays de l'Union européenne ont consacré plus de 2 % de leur PIB dans le domaine militaire, comme en République tchèque où une loi adoptée en 2023 fixe à 2 % le niveau minimal d'investissement dans la défense. La majorité des pays membres de l'UE et de l'Otan respecte désormais la "règle des 2 %", fixée au sein de l'alliance depuis 2006 mais très peu respectée jusqu'alors.
Ces dernières années l'augmentation la plus spectaculaire a eu lieu en Pologne, qui partage une longue frontière avec la Russie et l'Ukraine. Le pays consacrait 1,88 % de son PIB à la défense il y a dix ans, contre 4,12 % désormais.
Une part qui devrait continuer d'augmenter partout en Europe. Le Danemark a par exemple annoncé le 19 février qu'il dépenserait 3,2 % de son PIB pour sa défense d'ici la fin de l'année 2025, contre 1,1 % il y a dix ans.
Dans un entretien au Figaro le 2 mars, Emmanuel Macron a abondé dans ce sens. Appelant "à tirer rapidement les conséquences du désengagement américain, en investissant lourdement dans l'Europe de la défense", le président français plaide pour fixer un objectif autour de 3 à 3,5 % du PIB.
Une idée partagée par le Premier ministre britannique, Keir Starmer, pour qui une "coalition de pays volontaires" en Europe doit augmenter ses dépenses militaires et accentuer la pression économique sur la Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine.
L’article [Fact-checking] Qui des Etats-Unis ou de l'Union européenne contribue le plus au budget de l'Otan ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
04.03.2025 à 19:00
Rédaction Toute l'Europe

Les membres de l'Otan contribuent de deux manières au budget de l'alliance, via un financement direct (quote-part) et de manière indirecte par leurs dépenses de défense nationales. Si la quote-part des pays européens est relativement élevée, des écarts subsistent quant au niveau des dépenses militaires, qui compte dans leur contribution au budget de l'alliance. Ce […]
L’article [Fact-checking] Otan : que paient les Etats de l'Union européenne ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
Les membres de l'Otan contribuent de deux manières au budget de l'alliance, via un financement direct (quote-part) et de manière indirecte par leurs dépenses de défense nationales.
Si la quote-part des pays européens est relativement élevée, des écarts subsistent quant au niveau des dépenses militaires, qui compte dans leur contribution au budget de l'alliance. Ce qui explique pourquoi le président américain Donald Trump a exhorté de nombreuses fois les Etats membres de l'Otan à augmenter ces budgets à hauteur de 5 % du PIB.
Les membres de l'Otan financent l'organisation via trois budgets communs.
Le plus important est le budget militaire de fonctionnement, doté de 2,37 milliards d'euros pour l'année 2025. Le budget civil est quant à lui fixé à 483,3 millions d'euros. Cela représente respectivement une hausse de 10 % et 9 % des dépenses par rapport à 2024. Le dernier budget est le programme d'investissement au service de la sécurité (infrastructure et capacités militaires).
La contribution directe des membres de l'alliance, ou quote-part, est calculée selon une formule prenant en compte le revenu national brut (RNB) des Etats. Elle est fixée pour deux ans. En 2023 et 2024, les principaux contributeurs de l'UE étaient l'Allemagne, avec une participation à hauteur de 15,88 % du budget commun, la France (10,19 %), l'Italie (8,53 %) et l'Espagne (5,82 %). Les autres Etats membres ont tous une quote-part inférieure à 5 % du budget, voire à 1 % le plus souvent.
Les Etats-Unis, qui auparavant avaient la contribution la plus importante, contribuent désormais à la même hauteur que les Allemands : 15,88 %.
En 2006, les alliés au sein de l'Otan ont fixé la "règle des 2 %", ce qui signifie que chaque Etat doit consacrer au moins 2 % de son PIB à ses propres dépenses de défense chaque année.
Après avoir critiqué les trop faibles dépenses militaires de certains pays européens lors de sa campagne, le prochain président américain Donald Trump a appelé, le 7 janvier 2025, à ce que celles-ci passent à 5 % du PIB. En 2024, quinze des vingt-trois Etats de l'UE membres de l'Alliance atlantique respectaient la règle des 2 %, selon la CIA. Ils étaient seulement neuf en 2023. La Pologne a fourni l'équivalent de 4,1 % de son PIB en dépenses militaires, suivie de l'Estonie (3,4 %) et de la Grèce (3,1 %). La France est loin de ce podium, avec 2,1% de son PIB consacré aux dépenses militaires, en compagnie de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la République Tchèque.
Les forces armées des Etats membres de l'Otan peuvent être engagées dans des opérations communes. Et cet engagement est, en vertu de l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord, obligatoire si l'un des Etats membres de l'Otan est attaqué. C'est également cette clause que Donald Trump, lorsqu'il était candidat à la présidence des Etats-Unis en 2024, a menacé de ne pas respecter vis-à-vis des pays qui ne consacreraient pas une part suffisante de leur budget à la défense.
Si le ton adopté par Donald Trump est particulièrement agressif, les critiques américaines sur la trop faible contribution des Européens à l'Otan ne sont pas nouvelles. Le débat relatif au "burden sharing" (partage du fardeau) remonte à des décennies et s'est accentué après la fin de la Guerre froide, lorsque les Européens ont progressivement réduit leurs dépenses de défense.

L’article [Fact-checking] Otan : que paient les Etats de l'Union européenne ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
04.03.2025 à 10:43
Hugo Palacin

300 à 350 milliards de dollars. C'est un montant que Donald Trump met régulièrement en avant lorsqu'il évoque les aides apportées par les Etats-Unis à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, en février 2022. Un argument qu'il utilise notamment pour faire pression sur Volodymyr Zelensky et lui arracher des concessions, tant sur les ressources […]
L’article [Fact-checking] Les Etats-Unis ont-ils apporté 350 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine depuis le début de la guerre ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

300 à 350 milliards de dollars. C'est un montant que Donald Trump met régulièrement en avant lorsqu'il évoque les aides apportées par les Etats-Unis à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, en février 2022. Un argument qu'il utilise notamment pour faire pression sur Volodymyr Zelensky et lui arracher des concessions, tant sur les ressources minières ukrainiennes que sur un accord de paix avec la Russie de Vladimir Poutine. Mais ce chiffre de 350 milliards de dollars d'aides américaines à l'Ukraine est faux.
Les Etats-Unis ont accordé 114,1 milliards d'euros d'aides à l'Ukraine entre le 22 février 2022, début de l'invasion russe, et le 31 décembre 2024. Ce chiffre est issu du Kiel Institute, un institut de recherche économique allemand spécialisé dans le suivi du soutien militaire, financier et humanitaire à l'Ukraine. Cela représente, selon le taux de change moyen établi début mars 2025, quasiment 120 milliards de dollars. Soit presque trois fois moins que le montant de 350 milliards de dollars (soit 333 milliards d'euros), régulièrement mis en avant par Donald Trump.
Dans le détail, toujours selon le Kiel Institute, Washington aurait fourni à Kiev 64,1 milliards d'euros d'aide militaire, 46,6 milliards d'euros d'aide financière et 3,4 milliards d'euros d'aide humanitaire. Ces montants placent les Etats-Unis au premier rang des pays fournisseurs d'aide à l'Ukraine. Mais si l'on compare ces chiffres avec l'ensemble de l'Europe, et même lorsqu'on les rapporte au PIB national, l'aide américaine ne se détache pas particulièrement de celle des Européens.
Selon les calculs du Kiel Institute, les aides à l'Ukraine venues d'Europe depuis le début de l'invasion russe atteignent 132,3 milliards d'euros. Un montant qui s'avère donc supérieur aux aides américaines. Dans le détail, 49 milliards d'euros ont été directement alloués par les institutions de l'Union européenne, essentiellement en aide financière, tandis que les 83,3 milliards d'euros restants proviennent d'aides militaires essentiellement fournies par des Etats membres de l'UE.
Par exemple, l'Allemagne, deuxième pays ayant le plus aidé l'Ukraine, a fourni pour 17,26 milliards d'euros d'aides depuis février 2022, contre 8,05 milliards pour le Danemark, 7,33 milliards pour les Pays-Bas, 5,4 milliards d'euros pour la Suède ou 4,89 milliards pour la France. Parmi les pays européens qui ne sont pas membres de l'UE, on retrouve le Royaume-Uni, troisième donateur mondial avec 14,8 milliards d'euros, ou encore la Norvège, qui a soutenu l'Ukraine à hauteur de 3,35 milliards d'euros depuis le début de la guerre.
Si l'écart reste faible entre l'aide apportée par les Etats-Unis d'une part et par l'ensemble de l'Europe d'autre part, il risque de s'agrandir considérablement dans les mois et années à venir. 115 milliards d'euros d'aides supplémentaires devraient être engagés par les pays européens dans un futur proche. Et c'est sans compter un potentiel accroissement du soutien suite au plan de défense de 800 milliards d'euros annoncé le 4 mars 2025 par Ursula von der Leyen. Quelques heures avant, le président américain décidait de couper les vannes de l'aide à Kiev. Selon les chiffres de l'institut Kiel de décembre 2024, 4,8 milliards d'euros d'aide étaient encore censés être versés prochainement par les Etats-Unis.
En rapportant le montant de son aide à son PIB national, là aussi, l'engagement des Etats-Unis en faveur de l'Ukraine n'est pas le plus important parmi les alliés de Kiev. Cette aide représente ainsi 0,53 % du PIB américain, selon les données du Kiel Institute. A titre de comparaison, un certain nombre d'Etats européens font mieux, en incluant dans ce calcul leur participation de 0,2 à 0,3 % du PIB à l'aide commune de l'UE.
L'Estonie et le Danemark figurent en tête de ce classement : ils ont consacré l'équivalent de 2,5 % de leur PIB national pour soutenir l'Ukraine. Ils devancent la Lituanie (2,1 %), la Lettonie (1,8 %) ou encore la Finlande (1,3 %). Les "grands" pays européens, eux, se rapprochent des Etats-Unis : 0,72 % pour l'Allemagne, 0,52 % du PIB pour la France, 0,51 % pour le Royaume-Uni (qui n'est pas membre de l'UE).
L’article [Fact-checking] Les Etats-Unis ont-ils apporté 350 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine depuis le début de la guerre ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
25.10.2024 à 18:34
Vincent Lequeux

Ces dernières années, l'Union européenne a continué d'être un pôle d'attraction pour des millions de personnes en quête de sécurité, d'opportunités ou de meilleures conditions de vie. 5,1 millions de personnes ont migré vers l'UE en 2022, un chiffre qui souligne l’ampleur de la mobilité humaine vers le continent européen. Plus de 1,1 million de […]
L’article [Fact-checking] Les (vrais) chiffres de l'immigration dans l'Union européenne est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Ces dernières années, l'Union européenne a continué d'être un pôle d'attraction pour des millions de personnes en quête de sécurité, d'opportunités ou de meilleures conditions de vie. 5,1 millions de personnes ont migré vers l'UE en 2022, un chiffre qui souligne l’ampleur de la mobilité humaine vers le continent européen. Plus de 1,1 million de demandes d'asile ont été enregistrées en 2023, reflétant l'intensification des conflits et crises mondiales.
L'UE compte désormais 27 millions de résidents non-européens, ce qui représente près de 6 % de sa population. Malgré la grande majorité de mouvements légaux, Frontex a signalé plus de 385 000 entrées irrégulières en 2023, mettant en lumière les défis sécuritaires et humanitaires que pose la gestion des frontières extérieures de l'Union.
CE QUE VOUS ALLEZ APPRENDRE DANS CET ARTICLE
En 2022, ce sont 5,1 millions de personnes qui ont migré vers un pays de l'Union européenne depuis un pays tiers (excluant donc les migrations d'un pays de l'UE à un autre), selon Eurostat.
Il s'agit nettement d'un record, en grande partie causé par l'afflux d'Ukrainiens vers l'Union européenne depuis l'invasion russe en février 2022. Le chiffre de migrants a donc plus que doublé par rapport à l'année précédente (2,4 millions en 2021), ou même la période pré-Covid (2,7 millions en 2019). Parmi eux, on compte aussi plusieurs centaines de milliers de citoyens européens revenus dans leur pays d'origine.
L'Allemagne a enregistré le plus grand nombre total d'immigrants parmi les Etats membres de l'UE en 2022, avec 2,1 millions d’arrivées. La France est troisième, avec environ 400 000 personnes. Au regard de sa population, c'est Malte qui a enregistré le taux d'immigration le plus élevé : près de 66 immigrants pour 1 000 habitants.
En 2022 toujours, 1 million de personnes a effectué le chemin inverse en émigrant depuis un pays de l'Union européenne vers un pays tiers. Un chiffre relativement stable d'année en année.
Cette année-là, 1,5 million de personnes qui résidaient déjà dans un Etat membre de l'UE ont migré vers un autre Etat membre. Enfin, 400 000 personnes dont le pays de résidence antérieur est inconnu ont également migré vers l'UE. Ainsi, en 2022, on obtient un total de 7 millions d'arrivées résultant de l'immigration internationale au sein de l'UE, et un solde migratoire de 6 millions de personnes, en soustrayant les personnes ayant quitté l'UE.
L'Organisation des nations unies (ONU) estimait le nombre de migrants à 281 millions en 2020, soit environ 3,5 % de la population mondiale. Un chiffre en augmentation régulière depuis près d'un demi-siècle.
Cette donnée inclut les personnes déracinées ayant fui leur pays d'origine, ainsi que les migrations par choix, souvent pour des motifs économiques. En revanche, elle ne prend pas en compte le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays en raison de guerre, de conflit ou de persécutions.
1 142 618 personnes ont demandé l'asile dans un pays de l'Union européenne (ou en Norvège et en Suisse) en 2023, selon l'Agence européenne de l'asile. Il s'agit d'une augmentation de 18 % par rapport à 2022.
La grande majorité de ces demandes ont été déposées en Allemagne (29 %), en France (15 %), en Espagne (14 %) et en Italie (12 %). Les Syriens constituent la première nationalité en nombre de demandes d'asile l'an passé, devant les Afghans, les Turcs, les Vénézuéliens et les Colombiens.
491 000 personnes ont vu leur demande acceptée cette année-là, soit moins de la moitié même s'il s'agit du taux le plus élevé depuis 2016. Cette reconnaissance du statut de réfugié varie fortement selon l'Etat d'origine - il est beaucoup plus important pour les Afghans que pour les Syriens par exemple - mais aussi selon l'Etat d'accueil.
Le chiffre des demandes d'asile ne comprend pas la protection temporaire accordée aux plus de 4 millions d'Ukrainiens qui ont fui leur pays à la suite de l'invasion russe.
Au total, le nombre de personnes étant effectivement reconnues comme réfugiées atteint 7,4 millions dans l'Union européenne à la fin 2023, selon les chiffres du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés. L'Allemagne est de loin le principal pays d'accueil, avec 2,6 millions de réfugiés sur son sol, suivie de la Pologne (970 000) et de la France (660 000).
En vertu du système de Dublin, les personnes souhaitant obtenir un statut de réfugié doivent, sauf exception, déposer leur demande d'asile dans leur premier pays d'arrivée pour que celui-ci la traite.
S'ils dérogent à cette règle en déposant leur demande dans un autre pays de l'UE, ils peuvent être transférés vers leur pays d'arrivée. 13 300 personnes ont été concernées par ces transferts en 2022.
Selon Frontex, 385 771 entrées irrégulières dans l'Union européenne ont été constatées en 2023. C'est plus qu'en 2022 (326 335), mais beaucoup moins que le record atteint en 2015 en raison de la crise migratoire liée à la guerre en Syrie (1,82 million).
La traversée de la Méditerranée centrale reste la plus empruntée et la plus meurtrière des quatre principales routes migratoires vers l'Europe, avec environ 1 400 personnes décédées ou portées disparues en 2022.
En 2023, 83 370 ressortissants de pays tiers ont été renvoyés hors de l'Union européenne, selon Eurostat. Un chiffre qui ne correspond qu'à 19 % des 435 000 décisions de retour prises au cours de l'année par les Etats membres de l'UE, les autres personnes attendant une nouvelle décision suite à un recours ou vivant dans la clandestinité.
Avec 10 625 renvois (sur 138 000 décisions de retour), la France est le pays qui a expulsé le plus de ressortissants non-européens, juste devant l'Allemagne. Les personnes sommées de quitter le territoire de l'UE étaient principalement originaires du Maroc, d'Algérie, d'Afghanistan, de Syrie et de Turquie.
Sur près de 450 millions d'habitants au 1er janvier 2023, l'Union européenne compte 27 millions de citoyens non-européens, soit 6 % de sa population, selon Eurostat. Une part comparable à celle des Etats-Unis, mais qui représente une nette augmentation par rapport à l'année précédente.
Si leur nationalité n'est pas toujours recensée par Eurostat (certains Etats ne transmettant pas ces informations), les données laissent entendre que beaucoup d'entre eux sont des Ukrainiens ayant fui l'invasion russe.
Par ailleurs, le nombre de citoyens de l'UE vivant dans un autre Etat membre que le leur est de 14 millions au 1er janvier 2023, soit 3 % de la population de l'UE.
L'Allemagne compte le plus de non-nationaux (européens ou non) dans sa population au sein de l'UE, avec 12 millions de personnes au 1er janvier 2023. L'Italie, la France et l'Espagne comptent 5 à 6 millions d'étrangers chacune. En France, ils représentent 8 % de la population.
A l'inverse, on trouve moins de 3 % d'étrangers en Roumanie, en Slovaquie, en Pologne, en Bulgarie, en Croatie et en Hongrie.
Enfin, ce sont les citoyens roumains, italiens et polonais que l'on retrouve le plus souvent dans un autre Etat membre. Les Français sont 0,6 % à avoir fait ce choix.
L’article [Fact-checking] Les (vrais) chiffres de l'immigration dans l'Union européenne est apparu en premier sur Touteleurope.eu.