Son exil volontaire l'amènera mercredi à l'aéroport de Francfort, à quelques kilomètres de son domicile, où cette réalisatrice dans le cinéma de 56 ans a réservé une chambre d'hôtel pour passer une nuit "détendue et au calme" avec son canidé, raconte-elle à l'AFP.
Comme les hôpitaux ou les maisons de retraite, les abords des aéroports sont en effet une zone d'interdiction des explosifs, ce qui en fait un havre de paix pour les animaux en proie au stress des détonations, éclats lumineux et odeurs de fumée.
Anja Gerauer se souvient du premier réveillon allemand de sa chienne, qui "a aboyé toute la nuit et tremblé sous le lit. Je ne referai pas ça, je craignais qu'elle fasse une crise cardiaque".
Joy "n'est pas seule", souligne sa propriétaire : l'hôtel où elle prévoit de dépenser environ 200 euros la nuit a réservé une centaine de chambres sur 300 pour des clients accompagnés de chiens, a indiqué l'établissement à l'AFP.
Le Sheraton, établissement voisin, a flairé l'affaire : son site internet invite les clients avec chien à y passer un réveillon "sans stress".
Cinq décès accidentels
Option plus économique, certains viennent même "s'installer sur les bancs" des terminaux avec leurs bêtes, indique l'aéroport de Düsseldorf (ouest) à l'AFP.
Autorisé mercredi et jeudi, le recours aux pétards et fusées, en vente légale depuis lundi, s'annonce massif : entre janvier et septembre, plus de 42.000 tonnes de feux d'artifice ont été importées en Allemagne, soit 62% de plus par rapport à l'année précédente, selon les statistiques officielles.
Des chiffres qui n'incluent pas les importations illégales, jugées particulièrement accidentogènes, de la perte de vision et des dommages auditifs aux amputations.
L'opposition aux engins pyrotechniques, d'où qu'ils proviennent, s'est renforcée après la mort accidentelle de cinq personnes dans le pays au dernier Nouvel An, et 300 interpellations à Berlin, où 30 policiers avaient été blessés.
Toujours dans la capitale, l'explosion d'un engin pyrotechnique avait endommagé les ouvertures d'une quarantaine de logements d'un même bloc.
Les touristes étrangers y sont souvent surpris par l'atmosphère de chaos créée par l'intensité des détonations sourdes, fumées âcres et sirènes d'ambulance.
"Nuit d'horreur"
"Tout le monde est au bout de ses forces" avec ces pétards "anxiogènes, beaucoup trop bruyants et dangereux", s'émeut Christine Ryck, croisée devant un magasin de feux d'artifice.
Cette Berlinoise de 65 ans peut témoigner d'une enfance où fusées et cierges magiques faisaient déjà partie du spectacle, mais ces engins n'étaient alors "pas dangereux".
Initiée début janvier par la division berlinoise du syndicat policier Gewerkschaft der Polizei (GdP), une pétition pour une interdiction nationale des feux d'artifice se rapproche désormais des 3 millions de signatures en ligne.
Mais le chancelier Friedrich Merz, investi en mai, est resté sourd à cet appel, et les interdictions restent très limitées localement : la porte de Brandebourg et quelques autres lieux de rassemblement à Berlin, ou les centres historiques des villes anciennes...
Pas de quoi satisfaire les opposants, qui redoutent une nouvelle "nuit d'horreur" d'une ampleur "inédite", a averti Jürgen Resch, directeur général de l'ONG environnementale Deutsche Umwelthilfe (DUH).
L'ordre des médecins et la fédération des hôpitaux ont rejoint le concert de critiques, ces derniers recensant 100 blessés graves - total en "hausse brutale" - liés aux feux d'artifice lors du dernier réveillon.
Tradition
Des accidents graves "pratiquement exclusivement liés aux feux d'artifice illégaux", tandis que ceux légaux sont "strictement contrôlés et fortement limités en taille et en effet", a répondu à l'AFP Christoph Kröpl, le directeur générale de la Fédération allemande de pyrotechnie et des feux d'artifice artistiques (bvpk).
Avec 12,7 millions d'acheteurs au dernier Nouvel An, les feux d'artifice restent un loisir très populaire et "une magnifique tradition en Allemagne", souligne de son côté la Fédération de l'industrie pyrotechnique (VPI).
Vivre cette "expérience" en famille et entre amis, en "faisant attention" et sans "exagérer" : c'est l'intention d'Erdogan, un Berlinois de 54 ans, rencontré par l'AFP à la sortie d'un magasin berlinois.
"J'ai été jeune, je comprends aussi": Emren, son fils de 12 ans, fusées sous le bras, doit "aussi pouvoir goûter un peu à cela", estime le père.