"Mon coeur est déchiré. Je suis inconsolable. Aucune mère ne veut voir ses enfants mourir avant elle", a lancé cette femme toute vêtue de blanc, devant plus de 6.200 personnes rassemblées pour rendre hommage à Mehdi, tué le 13 novembre.
"Je demande au gouvernement de prendre la mesure de tout ce qui se passe", a-t-elle dit, arborant une photo de Mehdi sur son tee-shirt.
"Il faut que ça s'arrête, pour toutes les familles frappées par ce fléau", a-t-elle poursuivi.
Elle s'exprimait peu après son arrivée au rassemblement, sur un rond-point de Marseille où son fils Mehdi, 20 ans, a été assassiné par deux hommes en moto. Elle était accompagnée de ses proches et notamment de l'un de ses autres enfants Amine, militant écologiste et anti-drogue de 22 ans.
Placé depuis plusieurs mois sous protection policière, sa présence au rassemblement n'avait pas été confirmée jusqu'aux derniers instants.
"Je demande la justice pour Mehdi. Je demande la justice pour Brahim, mon autre frère assassiné. Je demande la justice pour toutes les victimes. Je demande la sécurité pour ma famille", a lancé Amine.
En décembre 2020, Brahim avait été tué dans un triple homicide. Son corps avait été retrouvé calciné dans une voiture.
Et alors que l'ex-sénateur socialiste Jérôme Durain --un des initiateurs de la loi contre le narcotrafic-- a demandé qu'il soit décoré de la Légion d'honneur, Amine Kessaci a dit que sa "poitrine (était) trop lourde de douleur pour recevoir une quelconque décoration".
"Je ne cherche aucun honneur", a-t-il dit. "Ce sont les mamans des quartiers qui méritent une décoration pour leur courage, leur dignité, leur combat de chaque jour."
Ces derniers jours le militant a enchaîné les interventions médiatiques, exprimant son sentiment de "culpabilité" vis-à-vis de la mort de Mehdi, appelant à plus d'action face au narcotrafic.
"Depuis des années nous alertons, nous parlons parce que nous savons que le silence tue. Chacun des reculs des institutions a favorisé l'avancée du narcotrafic", a-t-il dit samedi.
"Bien sûr, nous avons besoin de policiers et de sécurité. Bien sûr, il faut renforcer les moyens de la lutte contre le narcotrafic. Mais nous avons besoin de justice sociale, d'engagement de l'État et des collectivités, de soutien aux associations qui font le boulot tous les jours avec très peu de moyens."