- Qui sont les suspects ?
Selon le parquet de Paris, les suspects les plus jeunes ont un peu plus de 20 ans, les plus âgés, près de 70 ans. Un tiers (sept) était déjà connu pour des faits de nature sexuelle envers des mineurs.
Des interpellations ont eu lieu dans les ressorts des juridictions d'Orléans, Annecy, Mulhouse, Nevers, Tarbes, Nice, Sables d'Olonne, Lorient, Lille, Verdun, Rouen, Nancy, Roanne, Chambéry, Avesnes-sur-Helpe, Toulouse, Toulon et Cambrai.
- Qu'ont découvert les enquêteurs ?
Au domicile de l'un des suspects interpellés en Alsace, ont été découvertes "plus d'une quinzaine de poupées sexuelles en latex dont huit d'apparence enfantine, présentant des orifices vaginaux et oraux, vêtues de vêtements d'enfants et portant chacune un pendentif avec un prénom différent", a expliqué le procureur de Mulhouse, Nicolas Heitz. Le suspect de 58 ans a reconnu avoir acquis ces poupées depuis 2017 sur internet et "avoir eu des pratiques masturbatoires avec ces dernières".
Au domicile d'un deuxième suspect arrêté en Alsace et âgé de 54 ans, deux poupées ayant l'apparence de mineures ont été trouvées, de même que "des supports de stockage informatique révélant des contenus à caractère pédopornographique", qu'il a affirmé avoir générés "avec l'intelligence artificielle". Il a reconnu lui aussi des pratiques masturbatoires avec les deux poupées.
Au domicile d'un employé de 43 ans, interpellé à Gilette (Alpes-Maritimes), ont été découvertes "plusieurs poupées présentant un caractère pédopornographique, des vêtements pour les habiller et différents objets à caractère sexuel". L'exploitation du téléphone du suspect a permis "de retrouver des images de poupées mais aucune consultation ou détention d'autres photos ou films à caractère pédopornographique".
A Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), un quadragénaire, condamné une fois pour vol, a été interpellé. Sa poupée n'a pas été retrouvée : il a expliqué l'avoir achetée "car il se sentait seul", utilisée puis jetée, a retracé le parquet de Rouen. Les policiers ont trouvé chez lui des "vidéos datées visiblement de 2024 sur lesquelles le mis en cause, visible, commettait des agressions sexuelles, à l’encontre d’une femme adulte et d’enfants bien réels".
- Que risquent les suspects ?
Les prévenus encourent une peine de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende, pour "acquisition et détention de l'image ou de la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique".
Les deux quinquagénaires alsaciens, qui ne présentent pas d'antécédents judiciaires, comparaîtront à Mulhouse le 6 février. Un homme né en 1959, "inconnu des services", sera de son côté jugé à Annecy le 21 janvier, a indiqué à l'AFP la procureure Line Bonnet.
Dans le ressort de Cambrai (Nord), un homme de 27 ans, inconnu des services judiciaires, comparaîtra le 28 avril, selon la procureure Ingrid Gorgen. La poupée commandée n'a pas été retrouvée à son domicile, mais les enquêteurs y ont découvert des images pédopornographiques générées via l'IA.
Dans le même département du Nord, un homme a été placé en garde à vue pour avoir "tenté d’acquérir" l'une de ces poupées. Il sera jugé le 6 janvier et restera en détention provisoire jusque là, a précisé le procureur Laurent Dumaine.
L'habitant de Gilette est déféré vendredi devant un magistrat à Nice. Une expertise psychiatrique a mis "en exergue des déviances sexuelles pédophiliques et fétichistes".
Celui de Saint-Etienne-du-Rouvray doit être mis en examen, et le parquet a demandé son placement en détention.
- Au moins trois suspects relâchés
Au moins trois suspects ont été relâchés.
Un homme interpellé dans la Nièvre a vu sa garde à vue levée car "la perquisition n'a pas permis de découvrir d'objets dont la détention serait incriminée", selon le parquet.
Un individu arrêté dans la Loire a "été remis en liberté jeudi soir par manque de charges suffisantes", a expliqué à l'AFP le procureur de Roanne Xavier Laurent, aucune poupée sexuelle aux traits enfantins n'ayant "été retrouvée lors de la perquisition à son domicile". Selon une source proche de l'enquête, cet homme de 32 ans est inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Le procureur de Chambéry Xavier Sicot a également fait état de la levée jeudi de la garde à vue d'un suspect.
- Quelles suites pour l'enquête ?
Si aucun suspect d'acquisition de poupées n'a été identifié dans le ressort de la capitale, le parquet de Paris reste en charge des investigations confiées à l'Office mineurs de la police (Ofmin) et relatives aux conditions dans lesquelles les plateformes ont pu diffuser des images ou représentations de mineurs à caractère pornographique.
Les interpellations ont pu être menées grâce au travail d'investigation de 60 enquêteurs, selon le parquet de Paris.