Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un « nouvel élan », mais qui nécessitent encore « du travail » selon Kiev et l'UE. Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré en premier lieu comme largement favorable à Moscou.
L'Ukraine, qui lutte depuis plus de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'intenses échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. « La Russie doit être présente à la table (des négociations) », a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable « une percée » diplomatique cette semaine.
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymir Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa « dernière offre ».
Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers dimanche, mais savoir que des « modifications » avaient été apportées. Si M. Zelensky a salué lundi des avancées à Genève, il a estimé qu'il fallait « beaucoup plus » pour parvenir à une « paix réelle » avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
« Dans les étapes que nous avons coordonnées avec la partie américaine, nous avons réussi à inclure des points extrêmement sensibles », a-t-il dit. Il a cité la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de « tous-contre-tous » et des civils, ainsi que le retour des « enfants ukrainiens enlevés par la Russie ». « Pour parvenir à une paix réelle, il faut plus, beaucoup plus », a-t-il néanmoins jugé.
Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev ont tenu le même discours. « Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer », a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un « nouvel élan ».
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les « progrès significatifs » réalisés à Genève. Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.
« Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas », a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un « moment critique ».
Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. « Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine ??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche « très optimiste » sur la possibilité de conclure « très vite » un accord, estimant que « les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables ». Les Russes auront « leur mot à dire », avait-il aussi assuré.
Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait « servir de base à un règlement de paix final ». La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.
Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv. La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsDes diplomates et des résidents en Arabie saoudite ont indiqué à l'AFP que le pays avait assoupli les règles permettant à certains étrangers détenteurs d'un permis de séjour spécial d'acheter de l'alcool, dernier signe d'ouverture dans le royaume conservateur. L'AFP a interrogé deux diplomates et deux résidents, qui ont affirmé que depuis au moins vendredi, les détenteurs non-musulmans de visas spéciaux peuvent se procurer de l'alcool. Il leur est désormais possible de s'approvisionner dans le premier et unique magasin de boissons alcoolisées du pays, ouvert en janvier 2024 et jusqu'ici réservé aux diplomates non-musulmans, situé dans le quartier diplomatique de Riyad, à l'ouest du centre-ville.
Les autorités saoudiennes n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP à ce sujet. En 2024 déjà, elles n'avaient pas communiqué sur l'ouverture de ce magasin. Le royaume, qui abrite deux des lieux les plus saints de l'islam, interdit la consommation d'alcool depuis le début des années 1950, au nom de son caractère illicite dans l'islam. « J'en ai entendu parler par des amis qui l'ont essayé. Je m'y suis rendu (vendredi) et ça a effectivement fonctionné », raconte à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un résident étranger disposant d'un « golden visa ». « Ça m'a fait économiser beaucoup d'argent au lieu d'acheter sur le marché noir. Les prix sont raisonnables et nous pouvons enfin acheter de l'alcool », se réjouit-il.
Les « golden visas » saoudiens, appelés Premium Residency, offrent aux bénéficiaires une résidence privilégiée moyennant des frais pouvant atteindre 800.000 rials saoudiens (près de 200.000 euros). Ils permettent de vivre, travailler et investir librement dans la riche monarchie du Golfe, sans avoir recours à un « sponsor » local, contrairement aux autres étrangers.
« Je me suis rendu au magasin un peu hésitant (...), c'est très facile » en réalité, témoigne auprès de l'AFP un autre détenteur du titre. Un diplomate occidental a déclaré à l'AFP que certaines de ses connaissances titulaires de la résidence premium avaient pu acheter de l'alcool depuis vendredi. « Les groupes WhatsApp d'expatriés sont inondés de messages à ce sujet », sourit-il. Le lendemain de l'assouplissement, « le magasin était bondé », confie à l'AFP une diplomate, ajoutant avoir vu des clients « sortir avec 30 bouteilles ».
Le prince héritier et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Salmane, voit dans le tourisme une composante clé de son ambitieux programme de réformes Vision 2030, visant à diversifier l'économie du premier exportateur mondial de pétrole. Ces réformes et l'accueil prévu de grands événements comme l'Expo 2030 ou la Coupe du monde de football 2034, alimentent les spéculations sur une possible levée des restrictions sur l'alcool, du moins dans des zones spécifiques, bien que les autorités excluent tout changement à ce stade.
Pour l'heure, la majorité des quelque 35 millions d'habitants est officiellement au régime sec: la détention ou la consommation d'alcool sont passibles d'amendes, de peines de prison et, pour les étrangers, d'expulsion. Certains contournent néanmoins l'interdit en fabriquant leur propre vin, tandis que le marché noir prospère: une bouteille de whisky peut s'y vendre plusieurs centaines de dollars.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe secrétaire d'État américain Marco Rubio s'est dit dimanche « très optimiste » sur la possibilité de conclure un accord « très vite » sur l'Ukraine, après une journée de pourparlers à Genève avec des responsables ukrainiens et européens.
« Nous avons fait d'énormes progrès » et « je suis donc très optimiste quant à la possibilité que nous allons y arriver dans un délai très raisonnable, très vite », a-t-il déclaré aux journalistes.
Les États-Unis et l'Ukraine ont affirmé dimanche soir dans un communiqué de la Maison-Blanche qu'un « futur accord » de paix pour mettre fin au conflit avec la Russie « devra pleinement respecter la souveraineté » de Kiev, à l'issue de pourparlers à Genève entre Américains, Ukrainiens et Européens.
Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a estimé que ces pourparlers ont constitué « un pas en avant significatif » vers un règlement de paix dans ce pays en guerre depuis 2021, se disant « très optimiste » sur la possibilité de conclure « très vite » un accord. Les discussions de Genève, officiellement closes dimanche soir, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points du président américain Donald Trump visant à mettre fin au conflit provoqué par près de quatre ans d'invasion russe commencée le 24 février 2022.
À Genève, le négociateur ukrainien Andriï Iermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, avait également fait état « de très bons progrès » dans les discussions, après que le président ukrainien eut indiqué que la nouvelle version du plan américain reflétait « déjà la plupart des priorités clés » de Kiev.
M. Trump avait donné jusqu'au 27 novembre à M. Zelensky pour donner une réponse, avant d'indiquer samedi que ce plan ne constituait pas sa « dernière offre ». La version initiale du document avait suscité l'opposition de Kiev et de ses alliés européens, venus dimanche à Genève pour éviter une paix en forme de capitulation.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi déclaré dimanche qu'il était « personnellement » reconnaissant envers Donald Trump, après la publication par le président américain d'un message sur les réseaux sociaux accusant une nouvelle fois Kiev de ne faire preuve « d'aucune gratitude ».
« L'Ukraine est reconnaissante envers les États-Unis, envers chaque cœur américain et personnellement envers le président Trump pour l'aide qui, à commencer par les Javelin, a sauvé des vies ukrainiennes », a affirmé M. Zelensky dans un message sur X. Les Javelin sont des missiles antichar de fabrication américaine que l'Ukraine a utilisés dans le conflit qui l'oppose à la Russie, depuis l'invasion de son territoire par les forces russes en février 2022.
Dans un message sur Truth Social, le président américain s'en est également pris aux Européens, « qui continuent d'acheter du pétrole à la Russie », ainsi qu'à son prédécesseur Joe Biden, qu'il accuse d'inaction au début du conflit. « J'ai hérité d'une guerre qui n'aurait jamais dû arriver, perdante pour tout le monde », écrit le président en lettres majuscules sur son réseau social.
Et d'ajouter : « Les responsables ukrainiens n'ont exprimé aucune gratitude pour nos efforts, et l'Europe continue d’acheter du pétrole à la Russie », poursuit-il.
Sur le terrain, les frappes russes n'ont toutefois pas faibli. Dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque russe nocturne sur la ville ukrainienne de Kharkiv, la deuxième plus peuplée du pays avant l'invasion lancée par Moscou en février 2022, a fait quatre morts et 17 blessés, a annoncé son maire dans la nuit de dimanche à lundi.
« On dénombre 17 blessés. Quatre personnes ont trouvé la mort », a déclaré Igor Terekhov, maire de cette ville proche de la frontière russe. « Malgré les négociations » de paix concernant l'Ukraine, « les troupes russes ont attaqué (...) des immeubles d'habitation », a-t-il ajouté.
D'après les services d'urgence, les frappes ont été conduites au moyen de drones, ont détruit des bâtiments et provoqué des incendies dans trois immeubles résidentiels et une infrastructure civile.
La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un rude hiver en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.
Des responsables ukrainiens, américains et européens se sont retrouvés dimanche en Suisse pour discuter du plan de Donald Trump pour mettre fin au conflit en Ukraine. La version initiale du document avait suscité l'opposition de Kiev et de ses alliés européens.
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