L'Union européenne a accordé une enveloppe de 132 millions d'euros au gouvernement libanais pour renforcer « la sécurité et la stabilité », selon un communiqué du ministère des Finances. Le ministre Yassine Jaber et l’ambassadrice de l’UE au Liban, Sandra De Waele, ont signé une partie des accords mettant en œuvre ce financement, soit 55 millions d'euros. Les autres accords seront conclus dans les semaines à venir.
« Ces accords représentent la continuité du chemin stable de coopération qui lie le Liban à l’Union européenne et un soutien direct aux capacités de nos institutions sécuritaires et administratives, à un moment où le Liban a besoin de tous les efforts pour renforcer sa résilience et sa stabilité », a déclaré Yassine Jaber. Le fait que le ministre signe ces accords, qui concernent des projets ne relevant pas uniquement de son ministère, signifie qu’il a en principe été habilité à le faire par le Conseil des ministres. Le communiqué ne précise cependant pas s’il s’agit de prêts ou de dons.
« Ces programmes répondent aux défis croissants auxquels notre pays est confronté, notamment en matière de gestion des frontières, de lutte contre la contrebande, de renforcement de l’état de droit et d’amélioration des capacités opérationnelles des institutions concernées », a ajouté le ministre.
De son côté, Sandra De Waele a déclaré que « la coopération se concentrera sur deux actions clés. Premièrement, 30 millions d’euros soutiendront les efforts visant à renforcer la sécurité et la stabilité au Liban, en améliorant la capacité des Forces de sécurité intérieure (FSI) à lutter contre la criminalité organisée et la cybercriminalité, et en renforçant le travail conjoint de toutes les agences de sécurité pour contrer le terrorisme, son financement et la contrebande. »
« Deuxièmement, 25 millions d’euros dans le cadre du programme ‘UE pour le renforcement de la sécurité aux frontières au Liban’ permettront d’améliorer la gestion intégrée des frontières terrestres et des aéroports, ainsi que la gouvernance, la sécurité et la sûreté dans le domaine maritime. Cela impliquera une coordination étroite avec le ministère des Travaux publics et des Transports, la marine libanaise et d’autres agences de sécurité, conformément aux normes de l’Organisation maritime internationale. »
« Dans les semaines à venir, nous signerons également un accord supplémentaire pour fournir des solutions énergétiques durables aux agences de sécurité libanaises, afin d’assurer le fonctionnement ininterrompu des installations vitales et d’améliorer la qualité des services à l’échelle nationale », a conclu Mme De Waele.
Lundi, l’UE avait indiqué qu’elle étudiait des options pour renforcer les FSI afin de permettre à l’armée libanaise de se concentrer sur le désarmement du groupe armé Hezbollah, selon un document consulté par Reuters.
Une trêve de 2024 entre le Liban et Israël reste fragile, Israël menant régulièrement des frappes sur le territoire libanais, affirmant viser les efforts de réarmement du Hezbollah. Le document, produit par le bras diplomatique de l’UE et diffusé aux 27 États membres, indiquait qu’il engagerait des consultations avec les autorités libanaises et qu’une mission d’évaluation aurait lieu début 2026 sur une éventuelle nouvelle assistance aux FSI du pays.
Par ailleurs, l’armée et les forces de sécurité libanaises ont annoncé plusieurs importantes opérations anti-drogue ces derniers mois, sous pression notamment de l’Arabie saoudite, qui avait interdit les importations de produits libanais après la saisie de plusieurs cargaisons de captagon.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsUn mouvement séparatiste du sud du Yémen, pourtant membre du gouvernement internationalement reconnu, s'est emparé la semaine dernière de vastes territoires dans l'est du pays, bouleversant l'équilibre du camp gouvernemental face aux rebelles houthis.
L'avancée territoriale éclair des forces du Conseil de transition du Sud (STC), soutenues par les Emirats arabes unis, dans une région pétrolifère du gouvernorat de Hadramout, a suscité la colère de ses alliés au sein du gouvernement, appuyés eux par l'Arabie saoudite. Le Yémen est déjà divisé entre les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et une grande partie du nord du pays, et les forces loyalistes, dont les représentants se sont provisoirement installés à Aden, dans le sud. Alors que le pays connaît une accalmie sur ce front depuis 2022, ces nouvelles tensions risquent de fragiliser un peu plus le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.
Dirigé par Aidarous al-Zoubaïdi, le STC regroupe les partisans d'une sécession du sud du Yémen, qui a été un Etat indépendant de 1967 à 1990. Ce mouvement a regagné en influence à la faveur de la guerre entre les Houthis, soutenus par l'Iran, et les forces appuyées par une coalition militaire arabe, incluant l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Proche d'Abou Dhabi, le STC fait partie du Conseil présidentiel qui chapeaute le gouvernement reconnu par la communauté internationale, aux côtés d'autres groupes contrôlant différents territoires. Les combattants séparatistes ont déjà affronté les forces loyalistes dans le passé, notamment entre 2018 et 2019, avant que les deux camps ne concluent un accord de partage du pouvoir négocié par Ryad.
Les forces du STC, jusque-là concentrées sur le littoral, se sont emparées de territoires dans le nord du gouvernorat de Hadramout - le plus grand du pays - qui comprend des champs pétroliers et s'étend jusqu'à la frontière saoudienne, sans rencontrer de véritable résistance. L'objectif affiché était de déloger un chef tribal et des forces loyalistes, présentées comme affiliées aux Frères musulmans, pour lutter contre la contrebande profitant aux Houthis et à des groupes terroristes, selon le STC. Dans la foulée, le mouvement a étendu son emprise dans le gouvernorat voisin de Mahra, bordant Oman. Il dit désormais contrôler la totalité du territoire de l'ancien Yémen du sud, suscitant des craintes d'une proclamation d'indépendance.
Lundi, le chef du Conseil présidentiel yéménite, Rashad al-Alimi, a fustigé « les actions unilatérales » du STC, y voyant une menace pour « l'unité et la stabilité » du pays.
Pour l'heure, il ne semble pas y avoir de volonté de contrer sur le terrain le STC, dont l'avancée rapide suggère « une coordination avec au moins certaines forces gouvernementales », affirme Elisabeth Kendall de l'université de Cambridge.
L'offensive a surtout révélé la faiblesse et les divisions qui minent le Conseil présidentiel et dont l'avenir semble désormais « incertain », poursuit cette spécialiste du Yémen, estimant que le STC envisage sans doute une sécession. Selon un haut responsable du gouvernement yéménite, s'exprimant sous couvert d'anonymat, « la déclaration d'un nouvel Etat n'est ni faisable, ni viable, ni possible », faute de « consensus national, régional et international ». Pour lui, le STC cherche à renégocier l'accord de partage de pouvoir conclu en 2019 et à renforcer son autorité dans le sud, alors que des informations ont fait état d'une potentielle reprise des négociations avec les Houthis sur un éventuel accord de paix.
Ryad a appelé au retrait des forces des STC et plaidé pour une désescalade, tandis qu'Abou Dhabi a dit soutenir le processus politique au Yémen « en ligne avec l'Arabie saoudite ».
Les deux pays du Golfe, qui soutiennent des camps différents dans plusieurs pays, partagent l'objectif de contrer les rebelles Houthis. Mais ils ont des intérêts divergents à long terme, souligne Elisabeth Kendall. Si le STC obtenait un Etat, les Emirats gagneraient un accès stratégique à des ressources énergétiques, ports et routes commerciales, tandis que Ryad se retrouverait « avec un Etat belliqueux dominé par les Houthis à sa frontière », dit-elle. Leur voisin omanais pourrait également avoir son mot à dire dans le gouvernorat de Mahra, avec lequel le sultanat entretient des relations historiques et qu'il considère comme son « arrière-cour », selon elle.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe chef de la communauté druze israélienne, le cheikh Mowafaq Tarif, a déclaré mercredi avoir exhorté les États-Unis à garantir la sécurité de la communauté druze en Syrie, afin d'éviter une nouvelle vague de violences semblable à celle survenue plus tôt cette année à Soueida, province à majorité druze située dans une Syrie à majorité sunnite.
Washington se devait de remplir son « devoir » de protéger les droits des minorités syriennes afin de favoriser la stabilité, a déclaré M. Tarif à Reuters mardi, lors d'une visite officielle à l'ONU à Genève. Il a ajouté que le soutien américain permettrait également d'éviter une intervention israélienne dans le sud de la Syrie. « Nous espérons que les États-Unis, le président Trump et l'Amérique, en tant que grande puissance, garantiront les droits de toutes les minorités en Syrie afin d'empêcher de nouveaux massacres », a-t-il affirmé.
Interrogé sur les propositions de l'influent cheikh druze syrien Hikmat al-Hajari visant à séparer Soueïda du reste de la Syrie, M. Tarif a insisté sur la nécessité de l'autodétermination, ainsi que sur les droits et la sécurité de toutes les minorités. « Il était inconcevable de demander aux druzes de rendre leurs armes », a-t-il déclaré. Les négociations visant à intégrer l'ancienne police de Soueïda à l'administration de Damas – tout en préservant une large autonomie locale pour les druzes – progressaient régulièrement jusqu'à ce que les affrontements sanglants de juillet dernier ne les fassent dérailler.
*Cette information est une traduction par L'Orient-Le Jour d'une dépêche Reuters parue en anglais.
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