Au cours d'une rencontre à Harissa avec des religieux et travailleurs pastoraux de différentes communautés chrétiennes au Liban, le pape Léon XIV a mis particulièrement l'accent lundi sur la force de la foi au Liban, face aux crises et à la guerre, après avoir entendu des témoignages émus et émouvants sur la vie de personnes de différents horizons, allant d'un prêtre du Nord à une religieuse de Baalbeck, en passant par une travailleuse migrante originaire des Philippines.
Le pape Léon était arrivé en début d'après-midi à la basilique Notre-Dame du Liban, dans le sanctuaire dédié à la vierge, sous les acclamations de centaines de religieux et laïcs présents dans l'imposant édifice. Se trouvaient également sur place le président Joseph Aoun et son épouse Neemat, ainsi que le patriarche maronite Béchara Raï et plusieurs dignitaires. Il s'était avancé vers l'autel en serrant de nombreuses mains.
La foi face à la misère et aux persécutions
Le souverain pontife a écouté lors de cet événement le témoignage de Youhanna Fouad Fahd prêtre au diocèse de Tripoli, qui a évoqué l'importance de la foi face à la misère, la peur dans son village de Dbabiyé, au Liban-Nord, qui a accueilli de nombreux réfugiés syriens ayant fui le conflit dans leur pays, ainsi que les persécutions sur la côte alaouite après la chute du régime Assad. « J'ai rencontré des familles qui ont fui les persécutions et d'autres qui avaient tout vendu, » a-t-il raconté. « Dans leurs yeux j'ai vu une foi fragile, mais incroyablement vivante. Une foi qui a besoin d'être soutenue », a-t-il plaidé, après avoir raconté avoir trouvé dans le tronc de sa paroisse, parmi la monnaie libanaise, des livres syriennes offertes par des réfugiés.
Une religieuse des Saints-Cœurs de Baalbeck s'exprimant à son tour a, elle, estimé que « quand la guerre a éclaté » à l'automne dernier, « tout aurait pu s'arrêter. » Baalbeck a été bombardée à de nombreuses reprises pendant l'escalade israélienne entre septembre et novembre 2024, forçant des milliers d'habitants à fuir la ville, notamment en direction du village voisin à majorité chrétienne de Deir el-Ahmar. « Mais avec l'évêché, nous avons accueilli les familles chrétiennes et musulmanes » fuyant les frappes israéliennes, « nous avons partagé le pain, la peur et l'espérance », a-t-elle témoigné, avant d'expliquer que « lorsque des milices sont venues casser les caméras du couvent », elle a trouvé refuge « dans la prière, dans le silence. » « Avec les ONG restées à Baalbeck nous avons continué à servir sur place. j'ai reconnu le souffle du ressuscité qui apprend à aimer avec la peur. Au cœur de la guerre j'ai découvert la paix du Christ », a-t-elle poursuivi.
« Notre église est devenue un abri »
Loren, une travailleuse domestique migrante originaire des Philippines, vivant au Liban depuis des années, a pour sa part affirmé avoir « trouvé sa vocation, « pas seulement dans mon travail, mais aussi dans le bénévolat et au sein de ma paroisse » à Beyrouth. « Notre église est devenue un abri, je suis fière de la servir, j'ai rencontré des gens qui ont tout perdu », a-t-elle ajouté, racontant notamment l'histoire d'un couple de travailleurs migrants qui ont été abandonnés par leurs employeurs pendant la guerre : « Ils sont restés seuls, piégés, sans nulle part pour aller. Avec un nouveau-né, ils ont marché trois jours jusqu'à la paroisse ». « Nous les migrants, nous contribuons à ce pays, nous sommes des bâtisseurs. Nous apportons notre culture, ouvrons nos cœurs, nous occupons des enfants. J'ai été témoin de choses, de petites actions d'amour qui ouvrent les cœurs », a-t-elle affirmé, les larmes aux yeux.
Le père Tony Fayad, aumônier dans les prisons du Liban, a par la suite affirmé : « Derrière les barreaux nous rencontrons des hommes et des femmes que Dieu n'a jamais cessé d'aimer. » « Le contexte du Liban rend notre mission particulièrement difficile, avec la pauvreté, la surpopulation carcérale, la lenteur de la justice et les blessures personnelles », a-t-il poursuivi. « Dans les prisons du Liban la miséricorde prend vie lorsqu'un détenu prend conscience qu'il n'est pas seul. »
Responsabilité envers les jeunes
« C'est avec une grande joie que je vous rencontre dans ce voyage », a à son tour lancé Léon XIV, remerciant les personnes ayant témoigné. « Notre prière nous donne la force de continuer à espérer et à travailler, même lorsque le bruit des armes gronde alentours », a-t-il ajouté, saluant la foi solide des Libanais, malgré un présent difficile à affronter. Insistant sur l'importance de l’Église pour soutenir « l'espérance » au Liban, il a notamment souligné la « responsabilité » qu'elle a envers les jeunes, auxquels il faut offrir « de véritables opportunités et « des perspectives concrètes et viables de croissance ». Réagissant aux témoignages entendus, il a notamment demandé que les migrants « ne se sentent jamais rejetés » par l’Église, et invité à « reconnaitre la dignité de chaque personne, même dans des lieux marqués par la souffrance et l’échec » comme les prisons.
Léon XIV a enfin offert au sanctuaire de Harissa la Rose d'or, un ornement béni par le pape, destiné à honorer les souverains ou les sanctuaires catholiques.
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