Poursuivi dans plusieurs affaires au Liban et à l’étranger et remis en liberté en septembre dernier après avoir versé une caution record, l’ancien gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a réservé sa première apparition médiatique à la chaîne Al-Arabiya pour un long entretien au cours duquel il a répété qu’il avait été victime d’un processus de « diabolisation » dans le cadre d’un « complot » visant à faire « détruire le système bancaire et financier libanais ». « Le projet était de mettre les banques en faillite et d’en introduire d’autres. Or, en maintenant les banques, on maintient les droits des déposants sur leurs fonds », a-t-il assuré.
« Si j’ai une responsabilité, je l’assumerai, mais s’ils veulent être justes, il faut voir la responsabilité globale dans le pays et regarder la réalité en face », a-t-il insisté. Une ligne de défense qu’il avait employée avant d’être mis « injustement », selon lui, en détention provisoire pendant 13 mois dans le cadre des procédures lancées à son encontre au Liban, ce qui a beaucoup affecté sa santé, affirme-t-il.
Face au journaliste, l’ancien patron de la Banque centrale, qui a enchaîné cinq mandats de six ans, de 1993 à 2023, et dont les politiques monétaires sont considérées comme une des causes de la crise que le pays traverse depuis 2019, s’est dédouané de toute faute.
« Je ne suis pas le comptable du système », a-t-il fait valoir, affirmant que les fondements de la crise étaient principalement liés à l’absence de réformes et aux dépenses excessives engagées par les gouvernements et parlements successifs, ainsi qu’aux décisions prises par les banques et au drainage de milliards de dollars — « 4 à 6 milliards par an » — du système financier libanais vers la Syrie, en proie à un conflit interne depuis 2011 et sanctionnée par les États-Unis et ses alliés, entre autres. Il a attribué le déclenchement de la crise à une série de chocs allant de la fermeture de la Jammal Trust Bank pendant l’été 2019, suite à des sanctions du Trésor américain, au défaut sur les eurobonds, les titres de dette en devises de l’État libanais dans lesquels les banques avaient investi, en passant par les troubles liés au mouvement de contestation qui a commencé en 2019.
Ces explications minimisent ses décisions prises pendant près de trente ans pour continuer de financer un État dispendieux, à assurer des dollars à Électricité du Liban (EDL) et à servir aux banques des intérêts élevés ainsi que des «ingénieries financières» très rémunératrices, tout en maintenant longtemps un taux de change fixe extrêmement coûteux, autant de pratiques qui, in fine, ont été payées par les déposants. Selon plusieurs sources bancaires, l’ancien gouverneur monopolisait aussi le pouvoir de décision de plusieurs instances supposées réglementer le secteur bancaire comme la Commission de contrôle des banques ou la Commission spéciale d’investigation.
Lors de son entretien, Riad Salamé a aussi assuré qu’il avait demandé à pouvoir laisser la BDL limiter les retraits bancaires au début de la crise, lorsque les premiers échos concernant un défaut de paiement ont commencé à résonner, mais que le gouvernement de Saad Hariri et le Parlement n’ont pas donné suite à sa demande. « Des gens ont pu se protéger de la crise parce qu’on ne nous a pas donné les moyens de contrôler les capitaux », a-t-il encore défendu.
Libéré contre une caution de 14 millions de dollars, versée en septembre dernier, dans le cadre de l’affaire dite Optimum Invest, dans laquelle il est notamment soupçonné d’avoir bénéficié de commissions de plusieurs millions de dollars, Riad Salamé doit comparaître le 10 décembre dans l’affaire dite Forry Associates. À Al-Arabiya, il a assuré qu'il n'avait jamais pioché dans les fonds de la BDL et a attribué l'origine de sa fortune à des opérations faites avant 1993 lorsqu'il travaillait pour la banque américaine Merrill Lynch.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe président syrien Ahmad al-Chareh a reconnu jeudi certaines « revendications légitimes » après d’importantes manifestations plus tôt cette semaine, appelant à « l’unité » près d’un an après la chute de l’ancien pouvoir.
Des milliers de personnes ont manifesté mardi dans plusieurs villes de la côte syrienne pour dénoncer de récentes violences contre la minorité alaouite. Il s’agit du plus important mouvement de protestation de cette communauté depuis le renversement, en décembre 2024, de Bachar al-Assad, lui-même alaouite.
Ces manifestations interviennent après une flambée de violence dans la ville multiconfessionnelle de Homs (centre), déclenchée dimanche par le meurtre d’un couple de Bédouins sunnites, imputé à des Alaouites en raison de graffitis à caractère confessionnel découverts sur les lieux.
« Ces deux derniers jours, nous avons constaté de nombreuses revendications populaires légitimes, bien que certaines soient politiquement motivées », a déclaré M. Chareh lors d’un entretien téléphonique avec le gouverneur de Lattaquié, ville alaouite, et des responsables locaux, selon l’agence officielle Sana.
Le nouveau gouvernement est « pleinement disposé à écouter toutes les revendications et à les examiner sérieusement », a ajouté cet ex-jihadiste dont l’arrivée au pouvoir a renforcé les craintes des minorités syriennes.
« L’unité nationale est un pilier fondamental et indispensable (…) Le temps est désormais venu de mettre un terme aux divisions semées dans l’esprit des Syriens depuis plus de soixante ans », a-t-il poursuivi, en référence à la période durant laquelle la famille Assad a régné sur la Syrie.
En mars, des massacres sur le littoral syrien, bastion alaouite, avaient fait plus de 1 700 morts, essentiellement des Alaouites, après des affrontements entre les nouvelles forces de sécurité et les partisans d’al-Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
La « côte syrienne fait partie des priorités » du gouvernement, mais elle « ne peut être administrée par une autorité indépendante, isolée du reste des régions », car « une Syrie sans accès à la mer perdrait une part fondamentale de sa force stratégique et économique », a ajouté M. Chareh.
La guerre civile (2011-2024) a gravement endommagé les infrastructures en Syrie. Les nouvelles autorités cherchent actuellement des fonds pour la reconstruction du pays, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLe ministre israélien de la Sécurité nationale a apporté jeudi son "soutien total" aux policiers et aux soldats ayant tué deux Palestiniens à Jénine en Cisjordanie occupée, alors que ces derniers avaient les bras en l'air.
"Soutien total aux gardes-frontières et aux combattants de Tsahal (l'armée israélienne, NDLR) qui ont tiré sur des terroristes recherchés qui sont sortis d'un bâtiment à Jénine", a écrit Itamar Ben Gvir sur X.
"Les combattants ont agi exactement comme on l'attend: les terroristes doivent mourir!" a ajouté cette figure de l'extrême droite israélienne après que la diffusion d'images montrant des soldats israéliens tirant à bout portant sur deux hommes en train de se rendre et l'annonce par l'armée qu'elle examinait l'"incident".
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