Alors que l'armée libanaise doit bientôt lancer ses opérations de désarmement au nord du fleuve Litani, après s'être attaquée ces derniers mois à la zone frontalière au sud du fleuve, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a tenu à rappeler dimanche au secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem que le désarmement des milices est prévu sur l'ensemble du territoire libanais conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Cheikh Naïm, ce n’est pas la première fois que vous affirmez que l’accord de cessez-le-feu se limite au désarmement au sud du Litani et laisse la question des armes au nord du fleuve entre les mains des Libanais. Par souci d’honnêteté intellectuelle, cette affirmation contredit totalement ce qui est stipulé par l’accord de cessez-le-feu », a affirmé le chef chrétien dans une lettre adressée au numéro un du parti jaune, son ennemi juré.
Dans son dernier discours le 13 décembre, à l'instar de ceux qui l'avaient précédé, Naïm Kassem avait réaffirmé que le Hezbollah refusait de remettre ses armes sur l'ensemble du territoire, bien qu'il ne se soit pas opposé au désarmement au sud du Litani, soulignant être « prêt aux plus grands sacrifices ». Il avait cependant réitéré son ouverture à un dialogue interne sur une « stratégie de défense ».
Dans sa missive, M. Geagea a souligné que le préambule de l’accord réaffirme la « mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », qui avait mis fin à la guerre en 2006 entre Israël et le Hezbollah, et exigé le désarmement de tous les groupes armés au Liban. Le paragraphe 8 de la résolution 1701 (et non le 7e comme l'écrit M. Geagea dans son texte), cite explicitement la zone au sud du Litani qui doit devenir une zone exempte d'armes hormis celles de la Force intérimaire de l'ONU (Finul) et de l'armée libanaise. Le texte enchaîne sur un rappel de plusieurs documents, dont l'accord de Taëf, qui prévoient que toutes les organisations armées hors du cadre de l’État doivent être dissoutes et que le gouvernement libanais doit « étendre son contrôle sur l'ensemble du territoire ».
Samir Geagea a en outre rappelé à Naïm Kassem que la résolution 1701 stipule qu'il n'y a « aucune vente ni fourniture d’armes et de matériel connexe au Liban, sauf autorisation du gouvernement ». Il a encore estimé qu’une « majorité » de Libanais soutient la « dissolution de toutes les organisations armées, en premier lieu le Hezbollah et les groupes armés palestiniens, sur l’ensemble du territoire national ».
Malgré l’accord de cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024, Israël poursuit ses attaques quasi quotidiennes contre le Liban, avec une recrudescence des frappes au cours des derniers mois, et son armée continue d’occuper au moins six positions dans le sud du pays. Le Hezbollah affirme pour sa part respecter le cessez-le-feu, mais refuse de déposer les armes tant que les attaques israéliennes se poursuivent et que l’armée libanaise n’est pas suffisamment équipée pour défendre le pays.
Vous avez déjà un compte? Connectez-vous ici
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsDeux frappes de drones israéliens ont ciblé dimanche Yater, dans le caza de Bint Jbeil, faisant un tué et un blessé, rapporte notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah. Une première frappe a touché une voiture dans cette localité, tuant Ali el-Hage Kamel Kourani. Une deuxième frappe sur un deux-roues a fait un blessé grave.
Par ailleurs, un drone de l'armée israélienne a largué une bombe sonore au-dessus de la plage de Naqoura (Tyr), tandis que des tirs de mitrailleuse ont atteint Kfarchouba (caza de Hasbaya) et Aïta el-Chaab (Bint Jbeil), rapporte aussi notre correspondant.
Dans un communiqué publié dimanche, l'armée libanaise a par ailleurs indiqué avoir « neutralisé un dispositif de surveillance israélien » dans un village du Liban-Sud. « Dans le cadre d'opérations de reconnaissance menées dans le sud du pays face aux attaques israéliennes persistantes, une unité militaire spécialisée a découvert et neutralisé un dispositif de surveillance israélien dissimulé et équipé d'une caméra, dans la localité de Yaroun-Bint Jbeil », a déclaré la troupe.
« Le commandement de l'armée exhorte les citoyens à se tenir à l'écart de tout objet suspect, à ne pas le toucher et à le signaler au centre militaire le plus proche afin d'assurer leur sécurité », conclut le communiqué.
Avant ces attaques, la matinée de dimanche avait été relativement calme. Samedi soir en revanche après 20 heures, une forte explosion avait été entendue dans le secteur ouest de la zone frontalière avec Israël, résultant d’un dynamitage effectué par l'armée israélienne à Labbouné, à la périphérie de Naqoura. Aucune information n'est jusque-là disponible sur les dégâts occasionnés.
L'armée israélienne a par ailleurs procédé à des tirs de mitrailleuse samedi après 23 heures en direction de Bastara, dans les environs de Kfarchouba (caza de Hasbaya). Des fusées éclairantes ont également été lancées au-dessus des environs de Kfarchouba, indique notre correspondant.
Israël poursuit ses attaques au Liban-Sud, affirmant prendre pour cible le Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation de la trêve. Des accusations portées aussi dimanche par le sénateur américain Lindsey Graham, qui était reçu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Outre ses frappes, l'armée israélienne continue d'occuper au moins six positions dans le sud du Liban. Selon le ministère de la Santé, plus de 330 personnes ont été tuées et 945 blessées depuis le cessez-le-feu de novembre 2024.
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