L'armée israélienne a accusé mercredi soir le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaires dans le village libanais de Beit Lif (caza de Bint Jbeil), à quelques kilomètres de la frontière nord d’Israël, dénonçant une « violation flagrante » du cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024. Quelques heures après ces accusations, l'armée libanaise s’est rendue sur place, selon les informations de notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah.
Le parti chiite « s'efforce de reconstruire ses capacités dans le village de Beit Lif, dans le sud du Liban en violation flagrante » des termes de la trêve parrainée par les Etats-Unis et la France, indique un communiqué militaire. L'armée israélienne a « identifié des dizaines de sites d'infrastructure terroriste dans la région du village, notamment des quartiers généraux et des dépôts d'armes », ajoute l'armée, affirmant que le Hezbollah les dissimule « dans des maisons des civils », et pour certains « à proximité » d'une école, un hôpital ou encore une mosquée.
Après les accusations de l'armée israélienne, les habitants de Beit Lif ont lancé un appel urgent au commandement de l'armée libanaise, au président libanais, au Premier ministre et au chef du Parlement, afin de déployer rapidement des troupes pour protéger les civils. « Nous, habitants de Beit Lif, femmes, hommes, enfants et personnes âgées, sommes revenus sur nos terres et avons repris notre vie, sommes retournés à l'école et au travail, nous nous levons avant le soleil et courons après notre main quotidien. Nous n'accepterons pas que nos terres nous soient enlevées sous un prétexte fallacieux. C'est ici que nous avons grandi, c'est ici que nous resterons et c'est ici que nous mourrons », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Le président du conseil municipal, Izzat Hammoud, a pour sa part contacté le commandant en chef de l’armée, le général Rodolphe Haykal, pour demander l’envoi de patrouilles afin de rassurer la population. Peu après, des unités de l’armée libanaise ont été déployées dans la localité, rejointes par les Casques bleus, a confirmé à L’Orient-Le Jour la porte-parole de la Finul.
Plus tôt dans la journée, l’armée israélienne avait frappé les villages de Deir Kifa, Chahour, Aïnata et Tayr Felsay, affirmant viser des infrastructures du Hezbollah.
Israël mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant cibler le parti chiite, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, conclu après plus d’un an d’hostilités. Le Hezbollah, très affaibli par le conflit, fait face à une pression accrue des États-Unis sur les autorités libanaises pour procéder à son désarmement, ce qu’il refuse. Malgré la trêve, Israël maintient par ailleurs des troupes dans au moins cinq zones du Liban-Sud, ce que Beyrouth considère, avec la poursuite des frappes, comme des violations de l’accord.
Mercredi à l’aube, le ministère libanais de la Santé a fait état d’un mort et de 11 blessés dans une frappe israélienne contre un véhicule à Tiri. Israël a affirmé avoir tué un membre du Hezbollah, tandis que l’Agence nationale d'information (Ani, officielle) rapporte que la victime travaillait pour la municipalité. L’attaque a eu lieu au moment où un bus transportant des étudiants passait, plusieurs d’entre eux ayant été blessés.
La veille, l’armée israélienne avait frappé ce qu’elle présentait comme un camp d’entraînement du Hamas dans le camp de réfugiés palestiniens deAïn el-Héloué, faisant 13 morts selon le ministère libanais de la Santé.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLa rencontre prévue mercredi à Ankara entre l'envoyé spécial américain Steve Witkoff et le négociateur du Hamas dans la bande de Gaza, Khalil Hayyé, aurait été annulée sous la pression directe d’Israël, ont indiqué des sources palestiniennes à la chaîne panarabe Al-Mayadeen. Cette annulation intervient alors que la première phase du plan de paix du président Donald Trump touche à sa fin, tandis que la seconde phase se heurte à de nombreux obstacles, notamment le désarmement du mouvement islamiste, la mise en place d’une force internationale de stabilisation et les conditions du retrait des troupes israéliennes.
Selon Al-Mayadeen, cette décision fait suite à un mécontentement croissant au sein des institutions sécuritaires israéliennes, après la divulgation de la tenue prévue de cette rencontre. De son côté, le site israélien Walla a rapporté que les services de sécurité israéliens avaient exprimé leur « vive colère », estimant que la rencontre constituerait une reconnaissance du statut du Hamas et compliquerait les négociations israéliennes avec le mouvement palestinien.
L’expert en affaires palestiniennes Hani al-Dali avait annoncé mardi à Al-Mayadeen que la rencontre devait se tenir mercredi à Ankara, confirmant une information déjà évoquée par le New York Times vendredi dernier, sans en préciser la date. Selon le média américain, l’entretien devait porter sur le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.
Une précédente rencontre entre Steve Witkoff et Khalil Hayyé avait eu lieu en octobre dernier à Charm el-Cheikh, quelques instants avant la signature de l’accord de cessez-le-feu, en présence de Jared Kushner, gendre du président Trump. Dans une interview diffusée également en octobre sur CBS dans le cadre de l’émission 60 Minutes, Steve Witkoff a indiqué avoir présenté ses condoléances au responsable palestinien pour la mort de son fils lors d’une attaque israélienne au Qatar.
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Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsLa Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mercredi la mort de 11 personnes dans des bombardements israéliens à travers le territoire où l'armée israélienne a indiqué mener des frappes contre le Hamas en riposte à ce qu'elle a présenté comme une violation de la trêve.
Les frappes israéliennes ont fait six morts à Gaza-ville, et cinq, dont deux enfants, dans la région de Khan Younès, dans le sud du territoire, selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien Hamas.
L'armée israélienne a accusé « plusieurs terroristes [d'avoir] ouvert le feu [mercredi] en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès ». Ces tirs n'ont fait aucun blessé mais constituent « une violation de l'accord de cessez-le-feu », indique un communiqué militaire, ajoutant qu' »en réponse [l'armée israélienne avait] commencé à frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza ».
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