26.11.2025 à 19:10
On conviendra que les sondeurs sont souvent critiqués. Souvent pour des motifs partisans et parfois pour des motifs scientifiques. C'est la rançon de la prolifération d'un outil approximatif mais central dans les luttes de pouvoir. Peu à peu, il semble que le niveau de conflictualité s'élève et cela est fort préoccupant. Le 24 novembre 2025, l'Ifop a annoncé une plainte contre deux députés LFI qui ont critiqué son sondage sur l'islamisme en France : « Un sondage taillé sur mesure pour fabriquer de la (...)
- Actualité / Ifop, Frédéric Dabi, Contrôle des sondages, Poursuite bâillonOn conviendra que les sondeurs sont souvent critiqués. Souvent pour des motifs partisans et parfois pour des motifs scientifiques. C'est la rançon de la prolifération d'un outil approximatif mais central dans les luttes de pouvoir. Peu à peu, il semble que le niveau de conflictualité s'élève et cela est fort préoccupant. Le 24 novembre 2025, l'Ifop a annoncé une plainte contre deux députés LFI qui ont critiqué son sondage sur l'islamisme en France : « Un sondage taillé sur mesure pour fabriquer de la suspicion, de la stigmatisation et de la division » pour Bastien Lachaud, « une opération de stigmatisation de nos compatriotes musulmans pilotée par l'Ifop » pour Paul Vannier.
Le jugement des deux députés n'est sans doute pas très scientifique en postulant une intention et un plan même si on peut admettre que la stigmatisation procède de stratégies non coordonnées mais convergentes. Après tout on ne demande pas à des élus de faire œuvre de science. Cela aurait pu passer discrètement comme le plus souvent, si Frédéric Dhabi, directeur général de l'Ifop, n'avait violemment réagi : « Je regrette ces polémiques, je regrette ces calomnies, je regrette ces accusations qui mettent une partie de mon équipe en danger ».
Il n'est pas banale d'assigner en justice des parlementaires qui pourront se prévaloir de leur immunité. Cela est plus inquiétant pour d'autres qui pourraient être assignés sans cette garantie. En somme, la menace des poursuites bâillons se fait plus pressante. Longtemps exclues des rapports conflictuels dans l'univers de l'opinion, elles ont pointé le bout du nez avec les procès de l'affaire des sondages de l'Elysée. Dans la deuxième affaire portant sur un sondage Ifop-Fiducial publiée sur ce site, le Président de la 17 chambre s'était étonné que la plainte soit déposée par Fiducial et non par l'Ifop ; Une remarque lourde de sous entendus. Plusieurs années plus tard, l'Ifop assignait en justice l'universitaire Alexandre Dézé ayant commis l'impair de critiquer un échantillon trop réduit. L'Ifop se désista la veille du procès. L'incriminé s'était déplacé pour l'audience et s'y défendit sans accusateur, Le mal était fait. Pour quelques milliers d'euros, un sondeur pouvait dire à tout critique potentiel qu'il s'exprimait à ses risques et périls. Mais il ne s'agissait que d'universitaires encore qu'ils puissent se croire tout aussi visés par la plainte de l'Ifop. Quant à l'émoi de Frédéric Dabhi sur la sécurité de son équipe, ne s'est-il pas demandé s'il n'avait pas lui-même menacé ses cibles ?
26.11.2025 à 18:05
Pendant longtemps, LFI s'était distingué par son hostilité aux sondages. Non sans se prévaloir de critiques scientifiques. Son leader opérait un changement radical dont il se confiait lors d'une conférence à Sciences Po en octobre 2021 : « Nous avons changé de ligne, nous les insoumis. Il y a quelques années, avec les liens étroits que nous avions avec les disciples de Pierre Bourdieu, tout le monde était sur une ligne dure : l'opinion publique n'existe pas, le sondage crée sa propre réalité, donc on n'en (...)
- Actualité / Présidentielle, LFI, Jean-Luc MélenchonPendant longtemps, LFI s'était distingué par son hostilité aux sondages. Non sans se prévaloir de critiques scientifiques. Son leader opérait un changement radical dont il se confiait lors d'une conférence à Sciences Po en octobre 2021 : « Nous avons changé de ligne, nous les insoumis. Il y a quelques années, avec les liens étroits que nous avions avec les disciples de Pierre Bourdieu, tout le monde était sur une ligne dure : l'opinion publique n'existe pas, le sondage crée sa propre réalité, donc on n'en parle pas, ça ne nous intéresse pas, c'est une escroquerie. On a tenu un moment comme ça, mais comme ça a un pouvoir d'injonction absolument incomparable, il vaut mieux changer de tactique » [1].
L'auteur ne donne pas plus de précisions sur cet épisode passé inaperçu sur lequel s'ouvre son livre. L'annonce était bien placée dans une institution universitaire aux liens étroits avec les sondeurs. Passons sur l'inélégance à l'égard des « disciples de Bourdieu ». Ce qu'en a retenu Jean-Luc Mélenchon dans ces quelques lignes en dit long sur l'incurie des politiques en la matière. Il est vrai que pour eux un sondage ne vaut que par son utilité tactique. Est-il jugé favorable et le candidat s'en prévaut ; est-il défavorable et le même conspue le sondage voire les sondages en général.
LFI échappe-t-il à cette loi d'airain de l'interprétation à l'approche des élections municipales et présidentielles. Déjà, les militants sont abreuvés d'informations encourageantes censées venir des sondés et aussi bien des sondeurs. C'est ce qu'on appelle de « bons sondages ». Un sondage négatif est-il publié et la réaction est attendue. Devant un sondage Odoxa-Public Sénat qui donnait Jordan Bardella gagnant au deuxième tour de l'élection présidentielle quelle que soit son opposant, Jean-Luc Mélenchon fut le premier à réagir comme pour limiter une contagion médiatique. Une « fumisterie » fulmina-t-il en invoquant le bon sens [2] Assurément, les intentions de vote à un an et demi d'une échéance électorale ne valent pas grand-chose sinon pour partager les candidats pressentis engagés dans les opérations de sélection. Est-ce trop demander aux politiques de ne pas ajouter à l'absurdité par des commentaires stériles et des retournements seulement opportunistes ?
[1] Cité in Hugo Touzet, Produire l'opinion. Une enquête sur le travail des sondeurs, Editions EHESS, 2025, p. 10. L'auteur ne donne pas plus de précisions sur cet épisode passé inaperçu sur lequel s'ouvre son livre.
26.11.2025 à 17:44
Manifestement l'Ifop aime à faire parler de lui. Il vient de porter plainte contre deux députés insoumis qui avaient vertement critiquer son sondage sur l'islam (Les Musulmans selon l'Ifop).
Après A. Dézé L'Ifop ne tolère plus la critique scientifique l'Ifop est-il en passe de se transformer en machine à procès ? Les critiques, d'où quelles viennent, ne sont plus de mise pour cette entreprise de sondage connue, au moins par les scientifiques, pour son manque de rigueur et d'errements à foison. La plainte à (...)
Manifestement l'Ifop aime à faire parler de lui. Il vient de porter plainte contre deux députés insoumis qui avaient vertement critiquer son sondage sur l'islam (Les Musulmans selon l'Ifop).
Après A. Dézé L'Ifop ne tolère plus la critique scientifique l'Ifop est-il en passe de se transformer en machine à procès ? Les critiques, d'où quelles viennent, ne sont plus de mise pour cette entreprise de sondage connue, au moins par les scientifiques, pour son manque de rigueur et d'errements à foison. La plainte à l'encontre de deux dépurés lfistes risque cependant de connaitre la même issue que la plainte contre A. Dézé. Mais En s'attaquant à des députés l'Ifop se soucie de fait comme d'une guigne des résultats du procès, s'il avait lieu (il avait retiré sa plainte 48 heures avant l'audience...).
L'objectif de l'Ifop est clair, menacer pour faire peur, c'est simple. Donc peu importe que le procès soit perdu ou qu'il n'ait pas lieu. L'Ifop est avant tout chose, ne l'oublions jamais, une entreprise marchande (comme tous les sondeurs en France) donc l'argent dépensé pour un dépôt de plainte en diffamation (15 000 euros) n'est qu'une broutille sans importance. C'est le principe même d'une poursuite bâillon.
25.11.2025 à 20:23
On ne compte plus les sondages sur les Musulmans et/ou l'islam notamment ceux réalisés par l'Ifop depuis des années. Avec toujours à la clef, les mêmes biais, les mêmes erreurs... les mêmes errements.
La « première » d'entre elles reste l'auto-déclaration. Qu'est-ce qu'un musulman ? Ou que signifie être « religieux » ? (terme, employé également dans le sondage). Les critères sont ils à chaque fois identiques, comparables, voire même compatibles, chez tous ceux qui se disent l'être. Par exemple chez les jeunes. Non (...)
On ne compte plus les sondages sur les Musulmans et/ou l'islam notamment ceux réalisés par l'Ifop depuis des années. Avec toujours à la clef, les mêmes biais, les mêmes erreurs... les mêmes errements.
La « première » d'entre elles reste l'auto-déclaration. Qu'est-ce qu'un musulman ? Ou que signifie être « religieux » ? (terme, employé également dans le sondage). Les critères sont ils à chaque fois identiques, comparables, voire même compatibles, chez tous ceux qui se disent l'être. Par exemple chez les jeunes. Non bien évidemment. Est-il bien utile de souligner dès lors l'insignifiance de l'effectif de l'échantillon, notamment dans la classe âge qui poserait le plus de problème les 15-24 ans (291 individus au total, dont 87% se disent religieux et 59% favorables à l'application de la charia dans les pays non musulmans) ?
Lorsque la déclaration des sondés ne sont corroborées par aucune donnée empirique toute enquête scientifique est impossible. Les données ethniques ou religieuses sont purement et simplement interdites en France. Fin de la discussion. Ce sondage n'est donc qu'une suite de naïvetés confondantes.
25.11.2025 à 19:16
Lyon Capitale et l'Ifop-Fididucial donnent J-M Aulas vainqueur des prochaines municipales. Elles auront lieu dans quatre mois... Qu'à cela tienne, l'ancien patron de l'Olympique lyonnais demeurerait largement favori pour accéder à la mairie, 61% contre 39% à G. Doucet, l'actuel maire.
Le milliardaire C. Latouche [1] (Pdg de Fiducial, propriétaire notamment de Lyon-Capitale, de Sud radio, et actionnaire du club rugby du Stade toulousain), tout comme V. Bolloré, paye les sondages qui lui sied, mais à (...)
Lyon Capitale et l'Ifop-Fididucial donnent J-M Aulas vainqueur des prochaines municipales. Elles auront lieu dans quatre mois... Qu'à cela tienne, l'ancien patron de l'Olympique lyonnais demeurerait largement favori pour accéder à la mairie, 61% contre 39% à G. Doucet, l'actuel maire.
Le milliardaire C. Latouche [1] (Pdg de Fiducial, propriétaire notamment de Lyon-Capitale, de Sud radio, et actionnaire du club rugby du Stade toulousain), tout comme V. Bolloré, paye les sondages qui lui sied, mais à la différence du patron de Canal plus et autres, avec qu'il partage ses goûts idéologiques et son « amour » pour la Bretagne [2], depuis bien plus longtemps.
14.11.2025 à 16:18
Un candidat avait-il anticipé la querelle en commandant en catimini un sondage où il apparaissait en tête des opposants au maire sortant ? En tout cas la situation à Bordeaux avant les municipales est en train de se transformer en « guerre des sondages » selon le quotidien régional Sud Ouest.
Thomas Cazenave a tiré le premier avec un sondage IFOP relayé par le journal où il apparaissait mieux placé que sa rivale Nathalie Delattre de la non majorité présidentielle (Cf. Municipales : bientôt la gueule de (...)
Un candidat avait-il anticipé la querelle en commandant en catimini un sondage où il apparaissait en tête des opposants au maire sortant ? En tout cas la situation à Bordeaux avant les municipales est en train de se transformer en « guerre des sondages » selon le quotidien régional Sud Ouest.
Thomas Cazenave a tiré le premier avec un sondage IFOP relayé par le journal où il apparaissait mieux placé que sa rivale Nathalie Delattre de la non majorité présidentielle (Cf. Municipales : bientôt la gueule de bois). Celle-ci a riposté en annonçant son propre sondage. Cela faisait-il mauvais genre ? Qui suggéra de s'entendre entre adversaires du même camp ou presque pour organiser un sondage commun ? Une réunion en visio (pour ne pas s'étriper ?) trancha le 10 novembre. Elle se conclut sur un désaccord entre les parties sur la formulation des questions et sur le test de leurs deux candidatures séparées. Explications des intéressés dans le registre langue de bois. Pour Nathalie Delattre, « Poser toutes les questions, sans en écarter aucune (…), permettra de clarifier les attentes locales et de préparer, dans la transparence, une candidature commune dès le premier tour », permettrait de « faire avancer l'union ». Pour sa part, Thomas Cazenave assure : « je ne souhaite pas tester la désunion parce que je défends mordicus l'union (…). Je ne cherche pas à savoir qui a le poids le plus important séparément ». Et pour conclure, « la réalité, c'est qu'il y aura plusieurs sondages », espérant qu'« à la fin, il va se dessiner quelque chose ».
Il n'est pas nouveau que les sondages soient conviés à départager les candidats. Une fonction implicite d'élections primaires. Encore faut-il pouvoir organiser celles-ci. Il semble que ce soit de plus en plus difficile. La querelle bordelaise a pris un autre tour en révélant la méfiance des candidats à l'égard des sondages. Cette méfiance est à un double niveau. Classique l'une concerne les "instituts" de sondages que les politiques soupçonnent souvent de partis pris. Mais ces doutes voire ces certitudes s'expriment rarement en public. On ne sait jamais. Une nouvelle méfiance transparaît dans l'affaire bordelaise. Une méfiance ou un aveu ? Les politiques semblent accepter que les questions ne soient pas forcément neutres et qu'il est important de commander les « bonnes questions ». On mettait en cause la neutralité des sondeurs, voilà que les commanditaires se préoccupent de méthodologie., chacun tenant à payer le sien. La querelle devrait déboucher sur une expérience intéressante avec les résultats annoncés fin novembre. Convergeront-ils ?
13.11.2025 à 15:09
France Info n'est certes pas (totalement) fâché avec les chiffres mais avec leur visualisation graphique. Ce qui n'est pas mieux, surtout lorsque l'on commet cette faute deux fois, la correction (tout aussi fausse) étant sensée corriger la première. Une question d'échelle ?
La chaine d'info en continu n'a pas de « chance » avec les sondages. La figuration du dernier sondage Elabe pour la présidentielle 2027 (un non sens absolu à deux ans de élection rappelons tout de même) présente quelque « anomalie » dont (...)
France Info n'est certes pas (totalement) fâché avec les chiffres mais avec leur visualisation graphique. Ce qui n'est pas mieux, surtout lorsque l'on commet cette faute deux fois, la correction (tout aussi fausse) étant sensée corriger la première. Une question d'échelle ?
La chaine d'info en continu n'a pas de « chance » avec les sondages. La figuration du dernier sondage Elabe pour la présidentielle 2027 (un non sens absolu à deux ans de élection rappelons tout de même) présente quelque « anomalie » dont Libération (13 novembre) a relevé l'existence sans pour autant critiquer sur le fond cette mesure absurde...Le plus drôle c'est que la chaine d'info a commis la même erreur dans la « correction » qu'elle y a apportée.
La première présentation mettait J-L Mélenchon (12%) et F. Hollande (6,5%) étaient représentés à « égalité », et X. Bertrand (5.5%) plus haut que E. Zemmour (6%).
Qu'à cela ne tienne on recommença.
Le « bon ». Cherchez l'erreur ...