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03.12.2025 à 20:16

Vigilance scientifique en défaut : le sondage sur l'antisémitisme à l'Université

L'Observatoire des sondages ne peut que complimenter ceux qui relèvent les dérives sondagières. C'est le mérite du syndicat des enseignants FSU d'avoir signalé un sondage IFOP-Cevipof pour le ministère des Universités sur l'antisémitisme à l'université. En l'occurrence, sans doute naïvement, le sondage s'engageait un peu plus dans l'opération de renseignement politique à la fois du fait de questions intrusives posées, certaines approchant la délation, et de données d'identification protégeant mal l'anonymat des (...)

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L'Observatoire des sondages ne peut que complimenter ceux qui relèvent les dérives sondagières. C'est le mérite du syndicat des enseignants FSU d'avoir signalé un sondage IFOP-Cevipof pour le ministère des Universités sur l'antisémitisme à l'université. En l'occurrence, sans doute naïvement, le sondage s'engageait un peu plus dans l'opération de renseignement politique à la fois du fait de questions intrusives posées, certaines approchant la délation, et de données d'identification protégeant mal l'anonymat des sondés. L'alerte a eu un large écho dans la presse. Le soutien institutionnel du directeur de Sciences Po et du ministre des Universités n'a pas convaincu les Présidents d'Université qui ont annoncé qu'ils ne relieraient pas les questionnaires. Le questionnaire a disparu des sites de publication. Fin de partie ?

L'Observatoire se félicite du dénouement et de l'exemple. Faut-il appeler cela une démocratisation de la critique ? Celle-ci gagne en tout cas à ne pas être cantonnée à ses spécialistes. N'y a-t-il rien à ajouter ? La presse n'a pas semblé remarquer l'association entre une entreprise de sondage et une institution universitaire. Certes, Sciences Po et son laboratoire le Cevipof sont étroitement associés depuis longtemps au point de nourrir des connivences personnelles et épistémologiques comme l'avait souligné Patrick Champagne [1], il y a déjà longtemps. Mais si l'on voit ce que gagne un sondeur à se prévaloir de science, que gagne un laboratoire scientifique à se compromettre dans des opérations aussi peu scientifiques ? Comment des chercheurs ont-ils pu être pris en défaut sinon par une longue histoire qui réduit la vigilance ?


[1] Patrick Champagne, Faire l'opinion, Le nouveau jeu politique, Paris,, Editions de Minuit, 1990.

26.11.2025 à 19:10

Plaintes de l'Ifop

On conviendra que les sondeurs sont souvent critiqués. Souvent pour des motifs partisans et parfois pour des motifs scientifiques. C'est la rançon de la prolifération d'un outil approximatif mais central dans les luttes de pouvoir. Peu à peu, il semble que le niveau de conflictualité s'élève et cela est fort préoccupant. Le 24 novembre 2025, l'Ifop a annoncé une plainte contre deux députés LFI qui ont critiqué son sondage sur l'islamisme en France : « Un sondage taillé sur mesure pour fabriquer de la (...)

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Texte intégral (505 mots)

On conviendra que les sondeurs sont souvent critiqués. Souvent pour des motifs partisans et parfois pour des motifs scientifiques. C'est la rançon de la prolifération d'un outil approximatif mais central dans les luttes de pouvoir. Peu à peu, il semble que le niveau de conflictualité s'élève et cela est fort préoccupant. Le 24 novembre 2025, l'Ifop a annoncé une plainte contre deux députés LFI qui ont critiqué son sondage sur l'islamisme en France : « Un sondage taillé sur mesure pour fabriquer de la suspicion, de la stigmatisation et de la division » pour Bastien Lachaud, « une opération de stigmatisation de nos compatriotes musulmans pilotée par l'Ifop » pour Paul Vannier.

Le jugement des deux députés n'est sans doute pas très scientifique en postulant une intention et un plan même si on peut admettre que la stigmatisation procède de stratégies non coordonnées mais convergentes. Après tout on ne demande pas à des élus de faire œuvre de science. Cela aurait pu passer discrètement comme le plus souvent, si Frédéric Dhabi, directeur général de l'Ifop, n'avait violemment réagi : « Je regrette ces polémiques, je regrette ces calomnies, je regrette ces accusations qui mettent une partie de mon équipe en danger ».

Il n'est pas banale d'assigner en justice des parlementaires qui pourront se prévaloir de leur immunité. Cela est plus inquiétant pour d'autres qui pourraient être assignés sans cette garantie. En somme, la menace des poursuites bâillons se fait plus pressante. Longtemps exclues des rapports conflictuels dans l'univers de l'opinion, elles ont pointé le bout du nez avec les procès de l'affaire des sondages de l'Elysée. Dans la deuxième affaire portant sur un sondage Ifop-Fiducial publiée sur ce site, le Président de la 17 chambre s'était étonné que la plainte soit déposée par Fiducial et non par l'Ifop ; Une remarque lourde de sous entendus. Plusieurs années plus tard, l'Ifop assignait en justice l'universitaire Alexandre Dézé ayant commis l'impair de critiquer un échantillon trop réduit. L'Ifop se désista la veille du procès. L'incriminé s'était déplacé pour l'audience et s'y défendit sans accusateur, Le mal était fait. Pour quelques milliers d'euros, un sondeur pouvait dire à tout critique potentiel qu'il s'exprimait à ses risques et périls. Mais il ne s'agissait que d'universitaires encore qu'ils puissent se croire tout aussi visés par la plainte de l'Ifop. Quant à l'émoi de Frédéric Dabhi sur la sécurité de son équipe, ne s'est-il pas demandé s'il n'avait pas lui-même menacé ses cibles ?

26.11.2025 à 18:05

Les sondages, LFI et les autres

Pendant longtemps, LFI s'était distingué par son hostilité aux sondages. Non sans se prévaloir de critiques scientifiques. Son leader opérait un changement radical dont il se confiait lors d'une conférence à Sciences Po en octobre 2021 : « Nous avons changé de ligne, nous les insoumis. Il y a quelques années, avec les liens étroits que nous avions avec les disciples de Pierre Bourdieu, tout le monde était sur une ligne dure : l'opinion publique n'existe pas, le sondage crée sa propre réalité, donc on n'en (...)

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Texte intégral (659 mots)

Pendant longtemps, LFI s'était distingué par son hostilité aux sondages. Non sans se prévaloir de critiques scientifiques. Son leader opérait un changement radical dont il se confiait lors d'une conférence à Sciences Po en octobre 2021 : « Nous avons changé de ligne, nous les insoumis. Il y a quelques années, avec les liens étroits que nous avions avec les disciples de Pierre Bourdieu, tout le monde était sur une ligne dure : l'opinion publique n'existe pas, le sondage crée sa propre réalité, donc on n'en parle pas, ça ne nous intéresse pas, c'est une escroquerie. On a tenu un moment comme ça, mais comme ça a un pouvoir d'injonction absolument incomparable, il vaut mieux changer de tactique » [1].

L'auteur ne donne pas plus de précisions sur cet épisode passé inaperçu sur lequel s'ouvre son livre. L'annonce était bien placée dans une institution universitaire aux liens étroits avec les sondeurs. Passons sur l'inélégance à l'égard des « disciples de Bourdieu ». Ce qu'en a retenu Jean-Luc Mélenchon dans ces quelques lignes en dit long sur l'incurie des politiques en la matière. Il est vrai que pour eux un sondage ne vaut que par son utilité tactique. Est-il jugé favorable et le candidat s'en prévaut ; est-il défavorable et le même conspue le sondage voire les sondages en général.

LFI échappe-t-il à cette loi d'airain de l'interprétation à l'approche des élections municipales et présidentielles. Déjà, les militants sont abreuvés d'informations encourageantes censées venir des sondés et aussi bien des sondeurs. C'est ce qu'on appelle de « bons sondages ». Un sondage négatif est-il publié et la réaction est attendue. Devant un sondage Odoxa-Public Sénat qui donnait Jordan Bardella gagnant au deuxième tour de l'élection présidentielle quelle que soit son opposant, Jean-Luc Mélenchon fut le premier à réagir comme pour limiter une contagion médiatique. Une « fumisterie » fulmina-t-il en invoquant le bon sens [2] Assurément, les intentions de vote à un an et demi d'une échéance électorale ne valent pas grand-chose sinon pour partager les candidats pressentis engagés dans les opérations de sélection. Est-ce trop demander aux politiques de ne pas ajouter à l'absurdité par des commentaires stériles et des retournements seulement opportunistes ?


[1] Cité in Hugo Touzet, Produire l'opinion. Une enquête sur le travail des sondeurs, Editions EHESS, 2025, p. 10. L'auteur ne donne pas plus de précisions sur cet épisode passé inaperçu sur lequel s'ouvre son livre.

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