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14.10.2025 à 10:37

En Colombie, les aidantes des personnes âgées ont besoin de soins, elles aussi

À 4h45 du matin, Sandra Moreno est déjà debout. Elle se déplace sans bruit pour ne pas réveiller ses parents, se prépare en vitesse avant d'affronter la circulation de Bogota pour se rendre au centre de soins pour personnes âgées où elle travaille depuis trois ans. Après des études en pédagogie de la petite enfance, son parcours l'a menée vers les soins aux personnes âgées, une tâche qu'elle assume aujourd'hui avec dévouement et patience.
La journée commence par un « tinto » (café) ou une (…)

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À 4h45 du matin, Sandra Moreno est déjà debout. Elle se déplace sans bruit pour ne pas réveiller ses parents, se prépare en vitesse avant d'affronter la circulation de Bogota pour se rendre au centre de soins pour personnes âgées où elle travaille depuis trois ans. Après des études en pédagogie de la petite enfance, son parcours l'a menée vers les soins aux personnes âgées, une tâche qu'elle assume aujourd'hui avec dévouement et patience.

La journée commence par un « tinto » (café) ou une « agua aromática » (tisane) servis aux résidents. « Il leur arrive de se disputer rien que pour ça », dit Mme Moreno. Les heures s'écoulent entre routines, exercices physiques et activités récréatives. Une vigilance constante est de mise pour prévenir les chutes ou gérer les crises. Beaucoup sont atteints de la maladie d'Alzheimer, de démence ou de dépression. D'autres cherchent simplement quelqu'un qui les écoute.

Puis, arrive la fin de service, mais toujours pas de repos pour Mme Moreno. De retour à la maison, elle est attendue par ses parents, tous deux âgés et à la santé fragile. Elle s'occupe des rendez-vous médicaux, récupère les médicaments, organise les examens. « Tout repose sur moi », dit-elle. Comme elle n'a pas de voiture, pour emmener son père chez le médecin, il faut souvent payer des taxis. « C'est compliqué », confie-t-elle.

« On se sent des fois comme des machines à soigner. On oublie que nous sommes aussi des personnes, avec nos besoins et nos émotions propres. Parfois, j'ai l'impression d'aligner une double, voire une triple journée de travail. »

Bien qu'elle ait un emploi stable et bénéficie de la sécurité sociale, elle estime que ni le salaire ni la reconnaissance ne sont à la hauteur des efforts qu'elle fournit dans le cadre de son travail. Jour après jour, lorsqu'elle entame sa journée à l'aube, Mme Moreno confirme une vérité inconfortable : en Colombie, les soins aux personnes âgées incombent principalement aux femmes comme elle, qui elles aussi vieillissent, elles aussi se fatiguent et elles aussi ont besoin qu'on s'occupe d'elles.

Les soins, un fardeau historique et culturel pour les femmes

En Amérique latine et dans les Caraïbes, au moins 8 millions de personnes âgées nécessitent une aide pour des activités aussi élémentaires que manger, s'habiller et se laver, selon une étude de l'Organisation panaméricaine de la santé et de la Banque interaméricaine de développement (BID). Ce chiffre pourrait tripler d'ici à 2050 du fait du vieillissement de la population.

Derrière cette demande croissante, on observe une constante : la majorité des soignants sont des femmes. Ainsi, en Colombie, 6,2 millions de personnes (de tous âges) ont besoin de soins directs, et les femmes assument 76,2 % ces tâches non rémunérées au sein des foyers.

Pour Diana Cecilia Gómez, responsable chargée des questions de genre auprès de la Confederación de Trabajadores de Colombia (CTC), le pays a pris des mesures importantes pour rendre ce travail plus visible. « L'une des étapes importantes a été l'évaluation de la part de cette activité dans l'économie nationale, et donc de sa contribution réelle à l'économie », explique-t-elle.

Le travail non rémunéré représente, à lui seul, environ 20 % du PIB de la Colombie. S'il était rémunéré, il serait le secteur économique le plus important du pays, avant le commerce ou l'administration publique.

Cependant, le problème de l'inégalité reste entier. Alors que les hommes consacrent en moyenne deux à trois heures par jour aux tâches de soins, les femmes y consacrent jusqu'à sept heures par jour. Pour Mme Gómez, cet écart se traduit par un épuisement physique et émotionnel, mais aussi par des parcours de vie marqués par un investissement personnel constant, souvent non reconnu.

Susana Barria, secrétaire sous-régionale de l'Internationale des services publics (ISP) pour la région andine, parle d'une crise structurelle. Pour elle, le problème réside dans le fait que les soins sont considérés comme relevant de la responsabilité des familles et, au sein de celles-ci, des femmes. « Nous ne pouvons pas continuer à en faire une question exclusivement familiale [privée] ; il s'agit d'une question sociétale, et l'État a un rôle essentiel à jouer en ce sens », a-t-elle déclaré.

Cette réalité, Mme Moreno la vit personnellement. « Parfois, on a l'impression de n'exister que pour s'occuper des gens. Mais nous avons nous aussi des familles, et nous les laissons de côté pour faire ce travail. Cela, la société ne le voit pas. »

Un fardeau qui n'est pas individuel, mais culturel. Selon María Yolanda Castaño, secrétaire chargée des questions de genre à la Confederación General del Trabajo (CGT) : « Historiquement, le machisme a assigné la responsabilité des soins aux femmes, avec une très faible participation des hommes. Il s'agit d'un modèle culturel qui a perpétué les inégalités et limité le développement personnel et professionnel des femmes. »

La politique nationale des soins, un engagement durable ?

En approuvant, en février 2025, la première politique nationale de soins (CONPES 4143), la Colombie a franchi une étape importante. Le pays a, pour la première fois, reconnu les soins comme un droit, et ce non seulement pour les personnes qui en bénéficient – enfants, personnes âgées ou personnes en situation de handicap – mais aussi pour les personnes qui les dispensent, dont la plupart sont des femmes.

Cette politique prévoit une approche intégrée : redistribution des soins entre l'État, les familles et la société ; renforcement des services publics et communautaires ; et transformation des modèles culturels qui ont historiquement placé cette responsabilité sur les épaules des femmes. Il s'agit d'un engagement ambitieux, avec un investissement projeté jusqu'en 2034.

Mais au-delà de l'annonce, des questions demeurent : comment la politique sera-t-elle mise en œuvre dans les territoires ? Quelles ressources réelles y aura-t-il pour mettre en pratique les changements promis ? Comment garantir que les travailleuses comme Mme Moreno voient des améliorations concrètes dans leurs conditions de travail ?

Mme Gómez se félicite des progrès accomplis :

« Il est essentiel que le rôle des soins communautaires soit reconnu. Mais la visibilité ne suffit pas : le travail doit être rémunéré, avec des garanties pour les personnes qui l'exercent. C'est un travail qui exige du temps, des formations et des ressources. »

À l'échelle internationale, Mme Barria rappelle que la Cour interaméricaine des droits de l'homme a déjà reconnu les soins comme un droit à part entière. Cela oblige les États à garantir des conditions dignes aux personnes qui les prodiguent.

Pour des travailleuses comme Sandra Moreno, un tel soutien est indispensable : « Il y a énormément de choses à améliorer : les horaires, les salaires et la formation, pour pouvoir continuer à progresser. Parfois, j'ai l'impression que nous sommes considérées uniquement comme des aides-soignantes, et non comme des professionnelles. »

Et Mme Castaño, de la CGT, d'ajouter : « La politique nationale de soins (CONPES 4143) a été approuvée, mais nous ne savons toujours pas comment elle sera mise en œuvre. [Aussi] il est urgent que le mouvement syndical assume un rôle critique vis-à-vis du gouvernement et exige des mécanismes clairs d'articulation avec les organisations syndicales pour en garantir l'application. »

Bien que cette politique représente une avancée importante, sa mise en œuvre ne fait que commencer. Pour qu'elle ne reste pas lettre morte, il faudra une volonté politique, une participation sociale et l'engagement actif de l'État.

Réalités et défis

Alors que la politique est toujours en cours de mise en œuvre, la réalité des personnes soignantes reste marquée par le surmenage, l'informalité et l'absence de garanties en matière d'emploi. Au niveau régional, une enquête de la BID montre que de nombreuses personnes soignantes travaillent sans formation adéquate, ce qui accentue la précarité et nuit également à la qualité des soins.

Selon Mme Barria, même dans les institutions publiques, jusqu'à 80 % des contrats sont des contrats de prestation de services (OPS), sans stabilité ni sécurité sociale. « Les conditions sont très précaires, et cela a été rendu invisible dans le débat public », avertit-elle.

Cette précarisation est aussi le reflet d'inégalités internes. La responsable syndicale de la CTC l'explique clairement : « Dans une maison de repos semi-privée, il se peut que l'administratrice et l'une ou l'autre infirmière bénéficient de certaines prestations. Par contre, la femme de ménage – qui prodigue elle aussi des soins – ne bénéficiera probablement pas des mêmes conditions. »

En tant que travailleuse du secteur, il s'agit d'une réalité que Mme Moreno connaît bien : nombre de ses collègues travaillent sans contrat stable ni prestations, et elle sait ce que représente la charge des soins. « On est débordé par tout ce que l'on vit [au travail]. Il m'arrive de rentrer chez moi frustrée par des problèmes que je n'ai pas pu résoudre, et il n'y a personne pour nous écouter. Nous devrions bénéficier d'un soutien [psychologique] professionnel, de quelqu'un qui nous soutienne. Parce que ce travail est également épuisant sur le plan émotionnel. »

Leur expérience révèle un aspect passé sous silence : la charge émotionnelle des soins. Au manque de reconnaissance professionnelle s'ajoute le manque d'attention et d'accompagnement pour les aides-soignantes.

Aux yeux de Mme Castaño, il est essentiel de professionnaliser le secteur des soins. « Il ne suffit pas de formaliser. Nous devons avancer dans la certification et la reconnaissance des prestataires de soins. Nous devons identifier les obstacles, concevoir des stratégies durables et comprendre réellement les besoins des personnes qui travaillent dans ce secteur », insiste-elle.

Une responsabilité partagée

Au-delà de l'absence de politiques ou de ressources, une idée profondément ancrée persiste : celle que les soins relèvent de la responsabilité naturelle des femmes. Mme Gómez, de la CTC, le résume ainsi : « Être infirmière, enseignante ou aide-soignante est considéré comme une extension du rôle de mère. Et, de même que le féminin est sous-évalué, les soins sont sous-évalués. »

La remise en cause de cette vision passe par la transformation des pratiques quotidiennes. Mme Gómez souligne que les syndicats peuvent impulser le changement en soutenant, par exemple, le congé de paternité. « Montrer que les hommes ont eux aussi des responsabilités en matière de soins est un moyen concret de construire l'égalité », dit-elle. Et d'ajouter : « Le travail à la maison ne se fait pas tout seul. Le reconnaître, c'est assumer qu'il s'agit d'une responsabilité partagée. »

Mme Moreno parle en connaissance de cause. « J'aimerais pouvoir dire “Je ne veux pas m'occuper de vous aujourd'hui”. J'aimerais sentir que j'ai le droit de me reposer, le droit qu'on s'occupe de moi. Mais ça, personne n'y pense. Alors, quelle est ma place en tant qu'être humain ? »

Avec sa longue expérience de syndicaliste, Mme Castaño reconnaît qu'il n'existe toujours pas de proposition claire pour formaliser le travail de soins non rémunéré au sein des ménages.

Cette omission interpelle même les syndicats, qui ont longtemps laissé les soins en marge de leurs priorités. Rompre avec cette inertie implique, selon la CGT, d'ouvrir le débat, de renforcer l'articulation sociale et d'avancer vers une réelle coresponsabilité. Il s'agit d'éviter de tomber dans des visions qui perpétuent les stéréotypes de genre, tout en exigeant des services publics et des politiques qui reconnaissent les soins comme un axe central de la vie sociale.

Le rôle des syndicats dans la valorisation du travail de soins

Pendant des années, les soignantes – à l'intérieur et à l'extérieur du foyer – ont travaillé en silence, assumant dans la solitude une responsabilité rarement remise en question. Aujourd'hui, les syndicats commencent à ouvrir des espaces pour que leurs voix soient entendues, reconnaissant que les soins sont aussi un terrain de lutte politique.

« En Colombie, un long travail de réflexion doit encore être mené pour dépasser l'assistanat et parvenir à de véritables politiques de qualité de vie pour les personnes âgées et les personnes qui prennent soin d'elles », affirme Mme Gómez.

Pour sa part, Mme Barria, de l'Internationale des services publics, souligne l'importance de l'organisation collective.

« Beaucoup de travailleuses du soin se sentent seules. La solidarité internationale permet de s'assurer que leurs revendications ne se cantonnent pas au niveau local ; lorsqu'un conflit devient visible à l'extérieur, il génère une pression politique », explique-t-elle.

Le défi, insiste María Yolanda Castaño de la CGT, est avant tout politique. Pour que la politique de soins ne reste pas lettre morte, les syndicats doivent jouer un rôle actif vis-à-vis de l'État. Sans cette participation, souligne-t-elle, il sera difficile d'obtenir des changements concrets.

Qui prend soin des aidantes des personnes âgées ?

L'avenir de la politique de soins en Colombie est en jeu : elle peut soit se transformer en un outil permettant de rendre des vies dignes, soit être reléguée au rang des promesses non tenues. Enfin, les soins ont fait leur entrée dans l'agenda politique, avec des responsabilités qui ne peuvent plus être reportées.

Pour Susana Barria, de l'ISP, la région andine a une dette historique à la fois envers les personnes âgées et envers celles qui s'occupent d'elles. Selon la syndicaliste, ni le secteur public ni le secteur privé n'offrent actuellement des services suffisants ou des conditions décentes à ces travailleuses essentielles. La pandémie a, par ailleurs, mis en évidence le fait que les soins ne peuvent plus être considérés comme une marchandise.

« Il s'agit de vies humaines, de personnes vulnérables. Cela ne peut être laissé aux mains du marché, mais doit être reconnu comme un bien public et un droit », insiste-elle.

Bien que dans certains pays la prestation des services de soins ait été confiée à des entreprises privées, dans une grande partie du continent américain, les services de soins restent inégaux et limités. C'est pourquoi la Colombie se voit confrontée au défi de reconnaître que garantir les soins relève de la responsabilité de l'État.

Sans un leadership public clair et engagé, avertit la représentante de l'ISP, l'inégalité continuera à déterminer qui reçoit des soins et qui est laissé de côté.

Pendant ce temps, des femmes comme Sandra Moreno continuent de se lever avant l'aube. « Je suis une oreille attentive aux histoires, une gardienne de la mémoire et une facilitatrice de moments de paix dans l'étape la plus sage : la vieillesse », dit-elle.

Ses paroles nous ramènent à la question fondamentale : qui est là pour s'occuper des aides-soignantes ?

Valoriser les soins, rémunérés ou non, c'est reconnaître une vérité souvent ignorée mais qui sous-tend tout le reste : sans les personnes soignantes – dans les foyers, les maisons de repos, les hôpitaux et dans tant d'autres espaces où la vie est protégée – c'est simple, rien ne fonctionnerait. Le travail de soin n'a rien d'ordinaire, il permet à la vie de suivre son cours et est « essentiel à tout autre travail ».

13.10.2025 à 09:59

Le droit de grève va-t-il disparaître ? D'où vient la menace ?

Le droit de grève et le droit à la négociation collective sont les instruments les plus importants dont les travailleurs disposent pour se défendre contre les abus au travail. Entre 1948 et 2012, ces droits humains étaient considérés comme implicitement protégés par l'ONU (à travers les conventions de l'Organisation internationale du travail, l'OIT). Pourtant, ces dernières années, la pression qui pèse sur ces deux droits s'est intensifiée partout dans le monde et s'accompagne d'un nombre (…)

- L'explication / , , , , , , ,
Texte intégral (1760 mots)

Le droit de grève et le droit à la négociation collective sont les instruments les plus importants dont les travailleurs disposent pour se défendre contre les abus au travail. Entre 1948 et 2012, ces droits humains étaient considérés comme implicitement protégés par l'ONU (à travers les conventions de l'Organisation internationale du travail, l'OIT). Pourtant, ces dernières années, la pression qui pèse sur ces deux droits s'est intensifiée partout dans le monde et s'accompagne d'un nombre croissant de violations et d'actes d'intimidation. La montée en puissance des politiques néolibérales incite de nombreux gouvernements à tenter de les entraver par de nouvelles lois, limitant ainsi les effets perturbateurs des grèves, ce qui les rend pratiquement inopérantes comme outil de pression et de défense des classes populaires.

  • Pourquoi cette détérioration depuis 2012 ?

La reconnaissance unanime de ces droits a commencé à évoluer en 2012, lorsque le syndicaliste britannique Guy Ryder a été nommé directeur général de l'OIT. Ce dernier s'est engagé à réformer cet organisme des Nations unies afin de lui conférer une plus grande autorité pratique dans la protection internationale des droits des travailleurs dans le monde entier.

Le fonctionnement de l'OIT repose sur un système tripartite, articulé autour d'un dialogue social constant entre les représentants des 187 États membres et, au travers d'associations internationales, le patronat (les entreprises) et les syndicats (les travailleurs) du monde entier. En juin de chaque année, l'organisation organise la Conférence internationale du travail et, depuis la session de 2012, le patronat conteste l'idée que la Convention 87 de l'OIT garantit implicitement le droit de grève, ce qui était pourtant le cas depuis 64 ans. L'organisation fait donc l'objet d'un boycott de la part des employeurs, car le principal mécanisme permettant de veiller au respect des principes normatifs de l'OIT, à savoir la Commission de l'application des normes (CAN), est paralysé : chaque fois que des travailleurs signalent des violations concrètes du droit de grève dans un pays (c.-à-d. une violation implicite de la Convention 87), le patronat nie le principe même (que ce droit est reconnu par l'OIT), et toutes les procédures de plainte sont suspendues. La situation en est arrivée à un point tel que cela fait 13 ans que l'OIT n'est même plus en mesure d'élaborer ses rapports annuels sur la situation mondiale des droits des travailleurs. La Confédération syndicale internationale (CSI) propose le sien depuis 2014, mais sans la reconnaissance tripartite implicite dont bénéficiaient ceux de l'OIT.

  • Comment l'offensive contre le droit de grève se fait-elle sentir ?

Quinze ans d'attaques préméditées ont fini par détériorer le droit de grève partout dans le monde. Selon les données de l'Indice CSI des droits dans le monde de 2025, le droit de grève a été mis à mal dans 131 pays (soit 87 % des 151 pays étudiés dans le rapport), soit 44 pays de plus qu'en 2014, année où l'indice avait étudié 119 nations. Par ailleurs, le droit des travailleurs à négocier collectivement de leurs conditions de travail a été gravement restreint ou est inexistant dans 121 pays (soit 80 %, c'est-à-dire 34 pays de plus qu'en 2014).

La tendance qui se dessine est claire : examiné par région, en 2025, le droit de grève a été violé dans 95 % des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, 93 % des pays d'Afrique, 91 % des pays d'Asie-Pacifique, 88 % des pays d'Amérique et 73 % des pays d'Europe, région où (même si elle est celle où ce droit est le plus ancré en principe) on observe une tendance croissante à l'obstruction juridique et à la criminalisation des grèves de la part des gouvernements de droite, ainsi qu'à la stigmatisation sociale des grévistes eux-mêmes.

  • Quels sont les moyens utilisés par les États pour restreindre politiquement ce droit ?

L'Europe, qui, au cours de la dernière décennie, a connu la plus forte détérioration des droits du travail de toutes les régions du monde, tente de plus en plus de limiter juridiquement la portée et les conditions dans lesquelles il est permis de déclencher une grève.

Ces revirements politiques, d'influence néolibérale, visent à établir une définition excessivement large de ce qui est considéré dans chaque pays comme des « services essentiels », de manière à neutraliser, dans la pratique, le recours à la grève dans un nombre croissant de secteurs du travail. L'OIT stipule que les « services essentiels » sont uniquement « les services dont l'interruption mettrait en danger, dans l'ensemble ou dans une partie de la population, la vie, la sécurité ou la santé de la personne ». Pourtant, un nombre croissant de parlements légifèrent pour étendre cette définition à des secteurs tels que les transports, l'éducation et la santé, tout en élargissant la proportion de services minimums à assurer à un point tel que la capacité de perturbation sociale qui sous-tend la force de la grève en tant que moyen de pression est pratiquement éliminée.

  • De quelle manière cela affecte-t-il concrètement le droit de grève ?

« Ce qui fait le succès éventuel d'une grève, c'est sa capacité à perturber le système économique », explique à Equal Times l'historien français Stéphane Sirot, spécialiste de la sociologie des grèves, du syndicalisme et des relations sociales. « Donc, si vous adoptez une législation dont l'objectif est de faire en sorte qu'une grève perturbe le moins possible, c'est un peu comme si vous lui déniez son droit d'existence, au fond, parce que la lettre juridique permet la grève, mais elle a tendance à la tuer dans son esprit », continue-t-il.

Cette situation s'aggrave encore davantage en raison des règles qui donnent le ton de cette offensive conservatrice contre les droits des travailleurs, à l'instar de la Loi sur les grèves (niveaux de service minimum) adoptée au Royaume-Uni en 2023 et sur le point d'être abrogée aujourd'hui. Elle permet d'obliger les travailleurs de certains secteurs stratégiques à ignorer une grève, même s'ils en sont les initiateurs, sous peine de licenciement. Elle permet également de réprimer les protestations et les manifestations syndicales et de remplacer les grévistes par d'autres employés temporaires.

  • Comment défendre ces droits face à l'offensive néolibérale ?

Politiquement, la réponse tient à la capacité des classes travailleuses à prendre conscience de la situation et à voter pour des partis qui défendent leurs droits en tant que travailleurs. Socialement, en n'oubliant pas que l'union fait la force : si les travailleurs n'unissent pas leurs forces et ne se soutiennent pas mutuellement dans un esprit de solidarité, il leur sera impossible de se défendre contre les abus.

D'un point de vue juridique, malgré l'opposition du patronat international, au sein de l'OIT, les représentants des travailleurs et d'une grande partie des 187 États membres (y compris ceux de l'UE et des États-Unis, avant Trump) ont voté pour porter l'affaire devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, sous la forme d'une demande d'avis consultatif, afin qu'elle se prononce (et fasse ainsi jurisprudence) sur la question de savoir si les droits de grève et de négociation collective sont protégés ou non par les conventions de l'OIT. La procédure est en cours.

Un avis négatif aurait pour conséquence de renforcer la volonté du patronat de négocier un protocole spécifique sur la grève (inexistant jusqu'à présent) qui limiterait la protection internationale de ce droit, telle qu'elle était implicitement reconnue par toutes les parties jusqu'en 2012. En cas de réponse positive de la CIJ, le patronat serait à court d'arguments pour continuer à boycotter l'OIT de l'intérieur, même si, sur le plan politique, l'opposition néolibérale continuera son bras de fer avec les droits des travailleurs acquis dans tous les pays.

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Plongée dans l'histoire de la construction d'un droit international à la grève (Le Monde Diplomatique) et l'histoire des grèves depuis l'Antiquité (RFI)

Campagne de la CSI Pour la démocratie

07.10.2025 à 15:33

Dépenses sociales vs. défense : « On ne peut protéger un mode de vie en le privant de financement », souligne Todd Brogan de la CSI

Le rapport Ces entreprises qui menacent la démocratie 2025 examine la menace grandissante que sept entreprises mortifères (Amazon, Meta, Palantir, Anduril, Northrop Grumman, SpaceX, Vanguard) font peser sur les droits et libertés des citoyens, en s'impliquant dans la militarisation rapide de l'économie mondiale et en soutenant des partis d'extrême droite.
Le journaliste Arthur Neslen s'est entretenu avec l'auteur du rapport, Todd Brogan, directeur des campagnes et de la mobilisation au (…)

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Texte intégral (2693 mots)

Le rapport Ces entreprises qui menacent la démocratie 2025 examine la menace grandissante que sept entreprises mortifères (Amazon, Meta, Palantir, Anduril, Northrop Grumman, SpaceX, Vanguard) font peser sur les droits et libertés des citoyens, en s'impliquant dans la militarisation rapide de l'économie mondiale et en soutenant des partis d'extrême droite.

Le journaliste Arthur Neslen s'est entretenu avec l'auteur du rapport, Todd Brogan, directeur des campagnes et de la mobilisation au sein de la Confédération syndicale internationale (CSI), au sujet de ce qu'il décrit comme le « tournant dystopique » que prend la démocratie mondiale.

Votre précédent rapport, publié en septembre 2024, sur les entreprises qui menacent la démocratie, ne se focalisait pas sur un secteur particulier. Pourquoi vous être concentré sur le secteur militaire cette fois-ci ?

Cette année marque le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et, dans le même temps, le 80e anniversaire de la dernière fois qu'une arme nucléaire a été utilisée. Cette commémoration intervient à un moment où nous assistons à une forte poussée vers le réarmement en Europe, aux États-Unis et dans le monde, ce qui se traduit par un transfert important de ressources depuis des programmes sociaux et de protection vers l'industrie de l'armement. Nous avons donc estimé que le moment était opportun.

Les pays européens déclarent devoir détourner leurs dépenses sociales vers la défense, car la Russie représente une menace existentielle. Que répondez-vous à cela ?

Qu'il est impossible de protéger un mode de vie en le privant de financement. Cette idée qui veut que la Russie, huitième économie mondiale, est tellement puissante et représente une telle menace que l'Union européenne et le Royaume-Uni sont contraints de supprimer les éléments mêmes qui font de ces pays des endroits où il fait bon vivre pour beaucoup (pas tous) et que cela permettrait d'une manière ou d'une autre de réduire la menace existentielle… est de la folie.

J'ai vécu aux États-Unis pendant presque toute ma vie, un pays qui a investi des sommes absurdes dans la production d'armes en invoquant le même prétexte que cela nous protégerait de l'Union soviétique, ou pendant la guerre contre le terrorisme, ou maintenant de la Chine. La réduction des investissements dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la Sécurité sociale, au profit de l'armement, a entraîné une détérioration de l'économie, un déclin de la démocratie et une population asphyxiée par la désinformation, avec des syndicats brisés et détruits.

Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un voudrait suivre ce modèle.

La course aux armements n'a généralement pas permis d'améliorer le logement, les soins de santé ou l'éducation des classes populaires ni d'augmenter le niveau de vie de la grande majorité des travailleurs. Les menaces belliqueuses et l'attitude va-t-en-guerre sont les derniers recours politiques d'une classe dirigeante qui a renoncé à améliorer la société par d'autres moyens.

Certes, la militarisation croissante de l'économie mondiale détourne des fonds destinés aux dépenses sociales, mais en quoi cela menace-t-il la démocratie ?

Le détricotage des filets de sécurité sociale constitue une attaque directe contre la démocratie, car il déstabilise des sociétés déjà instables. Nous assistons à une augmentation rapide et spectaculaire des inégalités entre les très riches et le reste de la population. Or, historiquement, lorsque de telles circonstances se produisent, les populations ont tendance à se tourner vers des formes de gouvernement autoritaires pour tenter de faire bouger les choses.

Malheureusement, au cours des deux dernières décennies, la démocratie n'a pas réussi à apporter les progrès matériels dont les travailleurs ont besoin. Le transfert de richesses des classes populaires, déjà insuffisamment soutenues, vers quelques entreprises détenues par les personnes les plus riches de la planète (et le fait de permettre à ces entreprises et à leurs PDG de réinvestir directement cet argent dans des factions et des partis politiques d'extrême droite qui rêvent d'un monde sans démocratie) menace considérablement la démocratie au travail, dans la société et dans les institutions mondiales.

Quel impact le génocide mené par Israël à Gaza a-t-il eu sur cette question ?

On observe une relation symbiotique troublante entre les gouvernements d'extrême droite et l'industrie mondiale de l'armement. Des gouvernements comme celui d'Israël privilégient le contrôle coercitif plutôt que la démocratie ou les droits humains. Cette relation est particulièrement préoccupante, car Amazon Web Services a conclu un accord de 1,2 milliard de dollars US (environ 1 milliard d'euros) avec Google et le gouvernement israélien pour surveiller les territoires palestiniens illégalement occupés.

La rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a cité Amazon pour son soutien à l'infrastructure cloud dans cette région. Les responsables militaires israéliens ont décrit cette infrastructure comme « une arme dans tous les sens du terme », utilisée pour la surveillance ciblée. Il faut également mentionner Palantir, dont les contrats avec le gouvernement israélien font l'objet d'un examen attentif. Un investisseur norvégien a renoncé à investir dans cette entreprise en raison de son implication dans des violations du droit international humanitaire. Les choses prennent une tournure dystopique.

Trois des entreprises citées — Amazon, Meta et Vanguard — figuraient déjà dans votre rapport de l'année dernière. Comment avez-vous choisi ces sept-là ?

Les grands ensembles de données collectés auprès de nos partenaires et nos propres rapports internes ont été notre point de départ. Nous avons recensé dans la colonne A des centaines et des centaines d'entreprises qui se sont vu infliger des amendes importantes pour violation des lois sur l'environnement, la protection des consommateurs et le droit du travail. Nous avons ensuite examiné les études existantes réalisées par des organismes de surveillance des entreprises et, dans la colonne B, nous avons examiné une base de données des acteurs d'extrême droite (leaders de réseaux, orateurs, politiciens, hommes d'affaires). Nous avons ensuite développé un outil permettant de parcourir le Web afin de cartographier les connexions entre la colonne A et la colonne B.

Des milliers de connexions, de notes et de liens vers des rapports et des articles ont ainsi été générés. Grâce à toutes ces données, nous avons dressé une liste succincte d'entreprises présentant des connexions plus fortes et ne faisant aucun effort pour améliorer leur comportement.

Pourquoi sept, me direz-vous ? À vrai dire, nous aurions pu dresser une liste de 70 ou 700 entreprises. Le choix est emblématique. Ce sont les pires parmi leurs pairs, mais les mauvais acteurs sont nombreux, c'est pourquoi nous établissons cette liste chaque année. Il se trouve que, cette année, ce sont les mêmes entreprises que l'année dernière qui apparaissent dans cette liste.

C'est un cercle vicieux. Les mêmes entreprises avec lesquelles nous négocions et contre lesquelles nous faisons grève nous répètent sans cesse qu'elles n'ont pas les moyens d'offrir de meilleurs salaires ou avantages sociaux à leurs employés, alors qu'elles engrangent des bénéfices démesurés et versent des primes scandaleuses à leurs PDG milliardaires. Ces entreprises investissent également une partie de cet argent dans un lobbying agressif visant à s'offrir une tribune ou soutenir une réglementation laxiste des mêmes forces politiques d'extrême droite qui, une fois au pouvoir, s'opposent farouchement aux syndicats et accordent d'importants cadeaux fiscaux à ces mêmes milliardaires.

Parmi les trois sociétés que nous avons à nouveau choisies cette année, Vanguard est un pilier de l'investissement institutionnel mondial. Dès qu'une importante pression de l'extrême droite s'est exercée sur elle pour qu'elle abandonne les règles ESG [environnementales, sociales et de gouvernance], autrement qualifiées de « wokes », elle s'en est complètement détournée. Elle est connue pour ne pas dialoguer avec les investisseurs activistes. C'est également le plus grand investisseur mondial dans la production d'armes nucléaires.

La société Meta est l'une des rares entreprises à avoir répondu l'année dernière lorsque nous l'avons nommée. Elle a évoqué de nombreuses politiques qui, au moment où nous avons commencé nos recherches cette année, avaient déjà été écartées afin de s'attirer les faveurs de l'extrême droite. À nos yeux, cela signifiait que nous devions nous pencher à nouveau sur leur cas et, dès que nous l'avons fait, nous avons constaté qu'ils s'étaient encore davantage déplacés vers l'extrême droite et s'étaient ouverts à plus de contrats militaires.

La façon dont les services Web d'Amazon sont mis en action pour faciliter la guerre est particulièrement choquante. Tout en aidant les militaires à mettre en œuvre l'intelligence artificielle (IA), l'entreprise a simultanément fait pression pendant au moins une décennie pour qu'aucune réglementation ne soit appliquée à l'IA. Elle est donc favorable à un déploiement irresponsable et non réglementé de l'IA à des fins militaires. Contrairement à d'autres entreprises, Amazon a été pénalisé au Brésil, au Canada, en Espagne, en France, en Italie, au Japon et en Pologne, et les lobbyistes de l'entreprise sont désormais interdits d'accès au Parlement européen.

Laquelle de ces sept entreprises autorise les syndicats ?

La seule entreprise notablement antisyndicale est Northrop Grumman, troisième fabricant d'armes au monde, mais premier fabricant d'armes nucléaires. Alors que certains de ses concurrents affichent un taux de syndicalisation de 20 %, le sien n'est que de 4 %. Il s'agit d'un secteur industriel traditionnel, mais, même parmi ses pairs, son taux de syndicalisation est très faible. Par ailleurs, l'entreprise délocalise ses activités des régions fortement syndiquées vers les États-Unis, dans les États avec les pires lois du travail, ce qui réduit encore davantage son taux de syndicalisation au fil du temps.

Comment ces sept entreprises sont-elles parvenues à contourner le système décisionnel normal pour influencer, voire déterminer, les résultats politiques ?

Ces entreprises possèdent des actifs qui dépassent de loin ceux de nombreux pays. Leur décision d'installer (ou non) leurs activités à un endroit peut affecter considérablement l'économie de nations entières. Dans des zones plus étendues, comme l'UE ou les États-Unis, nous constatons comment elles transforment leurs activités commerciales en une forme de lobbying. Elles inaugurent des installations dans certaines circonscriptions électorales pour s'attirer des faveurs ou offrent des récompenses. Elles financent des think tanks, des « alliances » ou des associations afin de produire des rapports favorables à leurs positions. Ces derniers sont ensuite présentés lors de tables rondes avec des élus, et ces rapports et leurs statistiques sont cités comme étant les conclusions d'un tiers par les élus pour expliquer leurs décisions législatives.

Les fonds considérables disponibles à cette fin et l'affaiblissement des lois relatives aux dépenses des entreprises, aux études bidon, au lobbying et à l'accès aux représentants élus… tout cela forme une déferlante dont la hauteur dépasse largement celle des digues en présence. Et ces éléments commencent à apparaître comme des fatalités, car les autres données sont sous-financées et ne peuvent exercer la même influence.

Voyez-vous une menace explicite peser sur la démocratie représentative, comme dans les années 1930 lorsque Ford et d'autres ploutocrates avaient financé des fascistes, ou plutôt une continuation du processus d'érosion de la démocratie auquel nous assistons depuis des décennies ?

Je pense que les deux tendances convergent. Nous avons vu des menaces explicites. Le président des États-Unis [Donald Trump] en profère tout le temps. « Peut-être que les gens aimeraient avoir un dictateur. » Mais je constate également une accélération de l'érosion. Nous n'observons pas encore une volonté d'abandonner la démocratie, mais vous voyez des penseurs de premier plan au sein de ces mouvements, notamment Peter Thiel de Palantir, déclarer ouvertement qu'il ne pense pas que la démocratie et la liberté soient compatibles tout en se présentant comme un combattant pour la liberté. L'idée de devenir ouvertement autoritaire fait son chemin, mais je trouve l'érosion tout aussi insidieuse.

D'une certaine manière, c'est encore pire, car cela permet de maintenir une façade démocratique, comme l'a fait Saddam Hussein avec ses scrutins de 90 % des voix ou comme la Biélorussie et la junte birmane aujourd'hui. Même les champions de la démocratie libérale traditionnelle ne défendent pas la démocratie économique sur le lieu de travail, ni la représentation au sein des conseils d'administration, ni un contrôle accru par les travailleurs par l'intermédiaire de coopératives. La démocratie que réclament les membres de nos syndicats est le désir de contrôler collectivement tous les aspects de leur vie, avec les autres travailleurs de leur communauté, de leur lieu de travail et de leur pays.

Certaines entreprises dont vous parlez disposent de plus d'argent que certains gouvernements. Comment peut-on à nouveau contrôler leur pouvoir ?

L'une des opportunités qu'offre le système multilatéral réside dans les négociations qui auront lieu l'année prochaine en vue de conclure une convention fiscale des Nations unies visant à créer un système auquel les entreprises ne peuvent pas simplement recourir à la coercition ou à la menace de grèves du capital, comme elles le font lorsque les pays tentent d'augmenter leurs recettes pour scolariser leurs enfants ou offrir une certaine protection sociale.

Il en va de même pour la convention de l'Organisation internationale du Travail dans l'économie des plateformes. Nous n'essayons pas de remplacer la réglementation nationale. Les gouvernements nous disent que des normes internationales de base leur seraient extrêmement utiles pour leur donner la marge de manœuvre nécessaire pour adopter des lois nationales, sans que ces entreprises ne fassent pression. Le système international, aussi imparfait soit-il, reste le meilleur atout dont disposent les pays pour empêcher ces entreprises d'exercer une influence indue.

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