
02.12.2025 à 10:21
David Dufresne
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L'inconnu de la Grande Arche est une histoire vraie, et redoutable. En 1983, François Mitterrand lance un concours d'architecture pour le projet phare des «grands travaux» de sa présidence: la Grande Arche de la Défense, dans l'axe du grand Lenôtre, du Louvre à l'Arc de Triomphe. A la surprise générale, un architecte danois remporte le concours. L'inconnu débarque à Paris où il est propulsé à la tête de ce chantier pharaonique. C'est l'objet du film de Demoustier --- à qui l'on doit, entre autres, le formidable Borgo. Comment concilier argent, architecture et art (de la politique).
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Entre un Mitterrand lâche, des conseillers courtisans, et des rivaux prêts à tout, L’inconnu de la Grande Arche détricote les (en)jeux du pouvoir.
Stéphane Demoustier rappelle que l’histoire se déroule dans «un monde qui s’est éteint», celui des années 80, marqué par un romantisme politique disparu et des moyens culturels «infinis» sous Mitterrand.
Il explique que Spreckelsen, architecte totalement inconnu, passe «de l’anonymat le plus complet à la gloire en rien de temps», devenant l’incarnation d’un destin foudroyant.
Le réalisateur assume mêler réel et fiction, affirmant : «toute œuvre, tout récit est une recréation», tout en respectant une éthique : «de pas diffamer».
Il raconte la résistance farouche de Spreckelsen face à l’informatique, disant qu’il «a peur que le dessin ou la construction soit formaté à cause de l’informatique».
Demoustier analyse la chute de l’architecte : «il est enfermé dans l’idée», incapable de réinventer son projet pour l’adapter au réel.
Sur la part de Mitterrand dans cet abandon, il confirme : «à un moment, Mitterrand abandonne Spreckelsen», tout en soulignant la complexité et la vision esthétique du Président.
Il décrit l’ambition technique folle du chantier, un «défi constructif inouïe», nécessitant les premiers usages massifs de l’informatique dans le bâtiment.
Le film montre aussi la brutalité du libéralisme incarnée par Le Loup, symbole d’un monde où existe «une brutalité, une violence dans les rapports».
Demoustier révèle les coulisses du tournage, notamment la scène majeure tournée sur les Champs-Élysées qui coûte «400 000 euros», une opération quasi militaire.
Il conclut sur la question politique au cœur du film : «on manque d’une vision commune», regrettant la disparition de «l’idéal européen» qui animait les années 80.
01.12.2025 à 09:11
David Dufresne
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Un adolescent de 17 ans a enfariné Jordan Bardella à Vesoul, déclenchant une tempête médiatique savamment orchestrée par le RN. Désigné par la famille du jeune homme, Arié Alimi démonte la charge pénale, l’instrumentalisation politique et le récit victimisant du parti d’extrême droite. L’avocat replace l’acte dans une tradition française de contestation symbolique et rappelle que la jeunesse, souvent, sonne l’alarme quand les adultes renoncent. Entre analyse juridique, rappel républicain et avertissement politique, il éclaire ce que ce geste dit de l’époque : une France inquiète, mais encore capable de sursauts.
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Chaque lundi matin, Au Poste tente de mettre un peu de trouble dans l’ordre médiatique dominant. «France Déter» accueille des invité·e·s, tient des revues de presse particulières, donne le temps des nuages et des luttes, explore le passé, étrille le présent.
On n’oublie pas le jeune héro de Vesoul
C’est en direct, c’est fait maison. Préparez le café!
25.11.2025 à 10:29
David Dufresne
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Le nouveau film de Dominik Moll cartonne. Dossier 137 attire le public, reçoit un bel accueil presse, et l'imprimatur d'anciennes patronnes de l'IGPN. Sa convocation Au Poste fut un plaisir. On a causé cinéma, et réalité, messages et morale, actions et opinions. Sortez les pop corns!
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L’histoire: le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie (Léa Drucker), enquêtrice à l’IGPN. Une manifestation des Gilets Jaunes, à Paris, en décembre 2018, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité. Et la police des polices devient (enfin) un sujet de fiction.
Pour écrire son film, Moll a suivi un stage d’observation à l’IGPN, lu des paquets de dossiers, rencontré des chercheurs. Dans cet entretien intense, le réalisateur revient sur la genèse de Dossier 137, son film-enquête. Entre immersion auprès des inspecteurs, analyse des images filmées par les citoyens et exploration des zones grises du maintien de l’ordre, il dévoile comment se fabriquent les récits policiers — et leurs silences. Il raconte les résistances, les blocages institutionnels, les relaxes judiciaires et les discours politiques qui nourrissent l’impasse actuelle.
Dominik Moll explique que Dossier 137 raconte l’enquête d’une commandante de l’IGPN chargée de comprendre «dans quelles circonstances un jeune manifestant a été grièvement blessé par un tir de LBD», et comment elle «va se heurter aux limites et aux contraintes de son métier» (Dominik Moll).
Il précise que l’affaire du film est une construction hybride issue «d’un assemblage d’éléments de plusieurs enquêtes», notamment celle concernant la famille Pontonnier, dont il détaille le parcours traumatique.
Il raconte avoir assisté au procès Pontonnier et dit que la relaxe du CRS ne l’a «pas étonné plus que ça», tout en la trouvant «terrible pour la famille» et révélatrice d’un système où l’on refuse aux blessés «le statut de victime».
Dominik Moll insiste sur la responsabilité politique : «Quand on est incapable d’admettre qu’il y a des policiers qui commettent des violences illégitimes […] ça devient vraiment problématique»
Il cite les propos tenus par Macron, Darmanin et Nunez pour montrer la stratégie gouvernementale de refus : «Quand Macron il dit il est inacceptable de parler de violences policières», ou encore «quand Darmanin dit « quand j’entends le mot violence policière je m’étouffe »».
Il évoque l’affaire Angelina à Marseille, révélant l’omerta policière : un policier avait dénoncé les auteurs, mais «son supérieur lui a dit tu te tais» puis «le syndicat Alliance lui a dit tu te tais».
Il décrit en détail ses cinq jours d’immersion à l’IGPN, les réunions, les auditions, et les enquêteurs «curieux ou moins curieux» selon leur perception de sa présence.
Il explique que les enquêteurs «connaissent aussi la difficulté du maintien de l’ordre» et que cela crée un biais : ils se mettent «plus facilement à la place des policiers», notamment dans les zones grises.
Il revient sur la manière dont il a filmé les manifestations : utilisation de véritables smartphones, reproduction des angles des images citoyennes, construction de fausses vidéos avec «un sentiment de véracité».
Le réalisateur affirme que sa démarche n’est pas le “un partout, balle au centre”, mais la recherche de compréhension : «Dire “c’est les méchants policiers”, c’est un peu court. […] Il faut comprendre comment on peut en arriver là.»