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21.11.2025 à 11:08

Molly White : « Le secteur des cryptomonnaies est une composante majeure du mouvement techno-fasciste »

L'industrie américaine des cryptomonnaies s'est massivement ralliée à Donald Trump et à la droite MAGA. Alliance de circonstances ou affinités plus profondes ? Entretien avec Molly White, journaliste et chercheuse critique de ces technologies.
L'industrie des cryptos s'était déjà impliquée en politique auparavant, principalement pendant la campagne de 2020. Mais cet effort était principalement mené par la société FTX, qui s'est effondrée en 2022. Cela a vraiment freiné les choses pendant (…)

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Texte intégral (3768 mots)

L'industrie américaine des cryptomonnaies s'est massivement ralliée à Donald Trump et à la droite MAGA. Alliance de circonstances ou affinités plus profondes ? Entretien avec Molly White, journaliste et chercheuse critique de ces technologies.

L'année dernière, pendant les élections américaines, l'industrie des cryptomonnaies a massivement financé les campagnes de Donald Trump et des Républicains. Est-ce la première fois que le secteur des cryptos a ainsi investi la sa sphère politique et électorale ?

L'industrie des cryptos s'était déjà impliquée en politique auparavant, principalement pendant la campagne de 2020. Mais cet effort était principalement mené par la société FTX, qui s'est effondrée en 2022 [1]. Cela a vraiment freiné les choses pendant un certain temps. L'ampleur des financements électoraux était également très différente : on était très loin des centaines de millions de dollars qui ont été dépensés durant la campagne de l'année dernière. Et cet engagement politique n'était pas aussi ouvert, alors que l'année dernière, les financements à la campagne de Trump et des Républicains ont coïncidé avec une très forte campagne médiatique et de relations publiques de l'industrie des cryptos.

Dans quelle mesure le soutien apporté par le secteur des cryptos à Trump et aux Républicains est-il opportuniste et dans quelle mesure est-il idéologique ?

C'est un mélange. Dans une certaine mesure, ils essaient simplement de soutenir ceux qui, selon eux, seront le plus favorables à leurs affaires. Mais le secteur est aussi traversé par une idéologie libertarienne de droite. De fait, cette idéologie est à l'origine même de l'industrie des cryptomonnaies. Je pense que certaines de ces personnes étaient très désireuses de s'aligner sur Trump, non seulement parce qu'elles le considèrent comme un allié pour leurs entreprises, mais aussi parce qu'elles soutiennent son programme de manière beaucoup plus générale.

Le secteur des cryptomonnaies prétend généralement être très éloigné de la politique et des institutions. Comment concilient-ils cela avec le soutien qu'ils ont apporté à Trump ?

Les figures principales du secteur des cryptomonnaies continueraient sans doute à se prétendre apolitiques, même aujourd'hui. Certaines entreprises du secteur, en particulier les plus grandes, ont peur de paraître trop politiques. Elles craignent que cela puisse aliéner une partie de leur base. Mais quand on regarde leurs actions et même certaines de leurs déclarations, il est assez clair qu'elles sont très politiques. Coinbase, en particulier, a fait les gros titres lors des manifestations liées à l'assassinat de George Floyd [2] lorsque ses dirigeants ont publié un article disant qu'ils ne voulaient pas de politique sur le lieu de travail. À l'époque, cela a été largement perçu comme une tentative de faire taire les employés qui s'exprimaient en faveur des manifestations. Et ces deux dernières années, Coinbase s'est énormément impliqué en politique, contribuant à hauteur de dizaines de millions de dollars à la campagne électorale malgré ses déclarations antérieures selon lesquelles cette entreprise ne voulait pas faire de politique.

Le secteur des cryptomonnaies aussi traversé par une idéologie libertarienne de droite. De fait, cette idéologie est à l'origine même de cette industrie.

Cette posture n'est souvent qu'un moyen commode de censurer les revendications progressistes, tout en continuant à poursuivre leurs objectifs économiques et à soutenir leurs alliés politiques lorsqu'ils le jugent opportun. Bien sûr, les « Super PACs » du secteur des cryptos [3], qui ont dépensé des millions pour les élections de 2024, clamaient haut et fort qu'ils étaient bipartisans et ne sélectionnaient les candidats qu'en fonction de leur intérêt pour les cryptomonnaies. Mais quand on examine leurs dépenses effectives, on constate qu'ils ont soutenu de nombreux candidats républicains et qu'ils se sont opposés à de nombreux candidats démocrates. Bien sûr, ils ont soutenu quelques Démocrates. Mais ils ne l'ont fait que lorsqu'ils pensaient vraiment qu'il n'y avait aucune chance qu'un Républicain remporte le siège.

Les financements électoraux de l'industrie des cryptos signifient-elles simplement qu'elle est devenue une industrie comme les autres, comme l'industrie pétrolière ou pharmaceutique par exemple, ou y a-t-il quelque chose de différent ?

Les cryptomonnaies sont une industrie beaucoup plus petite que lé pétrole ou le médicament, qui a pourtant dépensé des sommes colossales

Il y a un peu de ça, mais je pense tout de même que les financements électoraux du secteur des cryptos sont inhabituels. Il suffit de regarder les chiffres. Les Super PACs pro-crypto ont dépensé plus que tous les autres Super PACs, à l'exception de celui de Trump et des partis. C'est de loin l'industrie qui a le plus accordé de financements électoraux en 2024. Et surtout, il faut mettre ces dépenses en regard du poids économique réel du secteur. L'industrie pétrolière ou l'industrie pharmaceutique sont énormes aux États-Unis, ce qui n'est pas le cas de l'industrie des cryptomonnaies. En termes de nombre d'entreprises, de capitalisation boursière, quelle que soit la façon dont on mesure, les cryptomonnaies sont une industrie beaucoup plus petite, qui a pourtant dépensé des sommes colossales.

Comment l'expliquez-vous ?

Pour la crypto, les élections de 2024 avaient une dimension existentielle.

Pour la crypto, les élections de 2024 avaient une dimension existentielle. Les autorités financières commençaient sérieusement à s'intéresser au secteur et aux malversations auxquelles il donnait lieu, en particulier après l'effondrement de FTX. Le sentiment général était que les régulateurs avaient failli à leur mission et n'étaient intervenus qu'après que beaucoup de gens aient perdu de l'argent. On a commencé à voir des procédures ciblant certains des plus importants noms du secteur, comme Coinbase, Gemini et Ripple. Je pense qu'ils ont estimé que si cette élection ne se déroulait pas comme ils le souhaitaient, cela pourrait signifier qu'ils étaient finis aux États-Unis. Ou du moins qu'ils devraient réduire considérablement leurs activités pour se conformer aux réglementations financières.

Il était donc avantageux pour eux de dépenser des sommes considérables dans l'espoir d'obtenir un environnement politique beaucoup plus favorable... et peut-être même de faire adopter de nouvelles législations qui non seulement mettraient fin aux procédures dont ils faisaient l'objet, mais qui seraient même favorables au développement de leur activité. Et c'est exactement ce qui s'est passé.

L'industrie des cryptomonnaies a-t-elle des alliés dans d'autres secteurs puissants ou reste-t-elle marginale ? Bénéficie-t-elle du soutien de Wall Street et des géants de la technologie, par exemple ?

Je dirais qu'elle est en train de se normaliser et de devenir « mainstream ». Une grande partie de l'industrie du capital-risque est alignée sur les cryptomonnaies. Andreessen Horowitz, par exemple, a beaucoup investi dans le secteur. Il y a également des alliances avec des entreprises de l'IA, et on commence à voir le secteur de l'IA reproduire leur stratégie pour les prochaines élections. Ils suivent les traces des Super PACs de la crypto, avec pour objectif explicite de soutenir des candidats favorables à l'IA, qui s'opposeraient à la régulation de leur activité. Et puis les cryptos ont beaucoup d'alliés dans le monde économique simplement parce qu'ils ont tous un intérêt commun à s'opposer aux réglementations en général.

On a beaucoup parlé des investissements de la famille Trump dans les cryptomonnaies. Était-ce déjà le cas avant les dernières élections, ou bien est-ce une conséquence de leur récente alliance politique avec cette industrie ?

C'était déjà le cas avant les élections, mais pas au même niveau. La famille Trump, Melania Trump en particulier, s'était essayée pour la première fois aux NFT vers 2021 ou 2022 [4]. C'était en quelque sorte le prolongement de la tradition familiale consistant à vendre des produits à l'effigie de Trump : des baskets, des bibles, des steaks... Pourquoi pas des NFT ? Je ne sais pas dans quelle mesure c'était vraiment motivé par un amour des cryptos ou un soutien à l'industrie. Cela a vraiment commencé à prendre une dimension plus idéologique juste avant les élections, lorsque la famille Trump a lancé World Liberty Financial, leur propre entreprise de crypto. À partir de ce moment-là, la famille Trump a également commencé à reprendre à son compte bon nombre des arguments idéologiques de l'industrie, par exemple que les cryptomonnaies vont empêcher la « débanquisation », c'est-à-dire de permettre l'accès aux services financiers à des personnes qui en sont exclues actuellement.

Qu'est-ce que l'industrie des cryptos a gagné depuis le retour de Trump à la Maison Blanche ?

L'administration Trump a truqué la balance pour qu'elle penche en faveur des cryptos.

D'emblée, il y a eu un énorme recul de de la régulation des cryptomonnaies. Les autorités financières ont abandonné ou suspendu la majorité des procédures en cours contre des entreprises du secteur. Elles ont commencé à revoir leur position quant à savoir si les cryptomonnaies relevaient ou non de leur compétence, et ont de fait donné leur feu vert à diverses activités qu'elles hésitaient auparavant à approuver. Il y a eu ensuite des mesures visant non seulement à mettre fin aux poursuites contre le secteur, mais à soutenir activement son expansion. Dans le milieu américain des cryptomonnaies, on parle beaucoup de la nécessité d'une réglementation claire et d'un cadre légal équitable pour l'exercice de leurs activités. Mais l'administration Trump est allée bien au-delà de ça, en truquant la balance pour qu'elle penche en leur faveur. Il y a eu l'annonce de la création d'une réserve stratégique de bitcoins ou d'un stock d'actifs numériques, qui n'avait d'autre but que de soutenir le secteur des cryptomonnaies. Cela a été un changement très soudain et majeur.

Qu'en est-il du Parti républicain et de la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants ? Soutiennent-ils autant le secteur des cryptomonnaies que Trump ?

Il y a tout un spectre. À une extrémité, on trouve des membres du Congrès très favorables à la cryptomonnaie, qui défendaient déjà ce secteur avant même l'arrivée de Trump. Une partie importante des Républicains est plus modérée sur le sujet, mais ils ont simplement choisi de laisser faire. Et puis il y a un petit nombre de Républicains qui, je dirais, y sont faiblement opposés à certains égards. Certaines décisions de Trump ont été critiquées, comme la grâce accordée à Changpeng Zhao [5] ou ses propres intérêts commerciaux dans la crypto. Deux ou trois Républicains ont voté contre le projet de loi sur les « stablecoins » [6] qui a finalement été adopté. Ils étaient prêts à rompre avec la ligne du Parti républicain, mais cela n'a pas été plus loin.

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Nous avons parlé de la façon dont le secteur des cryptomonnaies s'engageait à droite de l'échiquier politique, mais observe-t-on aussi le mouvement inverse ? Quelle est l'attitude du mouvement MAGA sur les cryptomonnaies ?

Il y a clairement eu un glissement du mouvement MAGA vers les cryptomonnaies. Ce phénomène est en partie antérieur à la réélection de Trump. Certains influenceurs MAGA particulièrement extrémistes avaient des difficultés à se financer, après s'être fait exclure de YouTube ou d'autres plateformes où ils tentaient de diffuser leurs idées et souvent en même temps de gagner leur vie. Un certain nombre d'entre eux se sont tournés vers les cryptomonnaies car c'était le seul moyen de continuer à recevoir des dons de leurs fans. Mais ensuite, le fait que Trump soit devenu si favorable aux cryptomonnaies pendant sa campagne de réélection et maintenant dans son administration a complètement ouvert les vannes, et les influenceurs MAGA ont fait des cryptomonnaies l'un de leurs principaux chevaux de bataille.

On comprend l'attrait des cryptomonnaies pour l'extrême droite libertarienne et anti-gouvernement. Moins pour l'extrême droite nationaliste et populiste. Comment justifient-ils les cryptomonnaies de ce point de vue ?

Trump réussit à présenter les cryptomonnaies comme un mouvement nationaliste.

Trump réussit à présenter les cryptomonnaies comme un mouvement nationaliste. Il a décrit l'industrie des cryptomonnaies comme « bonne pour l'Amérique », insistant fortement sur le fait que les États-Unis doivent être leaders dans ce domaine et ne peuvent pas laisser la Chine prendre de l'avance. En réalité, il a changé complètement d'avis sur ce sujet, car il avait précédemment déclaré que les cryptomonnaies constituaient une menace pour le dollar et déstabiliseraient le monde financier. Cela a aidé beaucoup de partisans de MAGA à rendre les cryptomonnaies compatibles à leurs positions idéologiques.

Pensez-vous que le niveau de dépenses politiques que l'on a vu en 2024 de la part l'industrie des cryptos va perdurer ?

Cela va certainement se poursuivre, principalement en 2026, année où nous aurons un nombre important d'élections pour le Congrès. Je pense que 2026 ressemblera beaucoup à 2024. Ils ont déjà commencé à collecter des fonds, ils ont déjà plus d'argent en banque qu'ils n'en ont dépensé en 2024. L'industrie de la crypto est très soucieuse de conserver une majorité au Congrès, car bon nombre des projets de loi qu'elle souhaite n'ont pas encore été adoptés. Elle a fait adopter le projet de loi sur les stablecoins, mais pas le projet de loi sur la structure du marché actuellement débattu [7]. Certains acteurs du secteur se rendent compte qu'ils devront peut-être composer avec un Congrès potentiellement moins favorable aux cryptos, en particulier maintenant que l'opinion publique associe étroitement les cryptomonnaies et Donald Trump.

Quel sont les projets à long terme du secteur des cryptomonnaies ? Diriez-vous qu'ils sont aussi ambitieux (et terrifiant) que celui de certains patron de la technologie, parfois qualifiés de « techno-fascistes » ?

Les Meta et Google attendent que la loi soit stabilisée. Et si celle-ci va dans le sens des cryptomonnaies, elles y iront à fond

Certains des leaders des cryptos, au moins, ont l'ambition de remplacer la Fed et de supprimer le dollar. Ceux-là ont clairement un projet politique plus vaste. De mon point de vue, le secteur des cryptomonnaies est une composante majeur du mouvement techno-fasciste. Il défend l'idée selon laquelle il faut soustraire l'argent du contrôle du gouvernement et le placer sous le contrôle d'entreprises, et que les cryptomonnaies devraient remplacer bon nombre des fonctions de la finance traditionnelle.

En parallèle, les grandes plateformes qui ont aujourd'hui un monopole sur des aspects importants de la vie quotidienne des gens, Meta et Google par exemple, cherchent à se développer dans le domaine des cryptomonnaies. Elles ne fournissent pas seulement des résultats de recherche, elles fournissent également des publicités, et elles souhaitent offrir toutes sortes de services, y compris des services financiers. Cela fait vraiment partie de leurs objectifs plus larges. Avec le projet de loi qui a déjà été adopté, les géants de la tech sont désormais autorisés à émettre des stablecoins. Mais ce sont les législations à venir qui détermineront dans quelle mesure les « Big Tech » pourront réellement s'impliquer dans des activités beaucoup plus vastes dans ce domaines. Ce sont souvent les plus petites entreprises de la crypto qui ont été prêtes à défier les limites de la législation existante. Les Meta et les Google attendent en quelque sorte que la loi soit stabilisée. Et si celle-ci va dans le sens des cryptomonnaies, je m'attends à ce que ces entreprises y aillent à fond.


[1] FTX était place de marché de cryptomonnaies créée en 2019 par Sam Bankman-Fried, rapidement devenue l'une des premières plateformes de ce type au niveau mondial, avant d'engager une procédure de faillite en 2022.

[2] L'assassinat de cet homme noir par un policier à Minneapolis en 2020 avait entraîné une vague d'indignation et de manifestations dans tout le pays, incarnée dans le mouvement « Black Lives Matter ».

[3] Les Super PACs sont des structures qui collectent de l'argent en vue de financements dans des campagnes électorales qui ne sont pas directement destinés à des candidats, mais les soutiennent de fait indirectement, par exemple en critiquant leurs opposants.

[4] Les NFT ou « jetons non fongibles » sont des actifs numériques – des œuvres d'art numérique par exemple – dont l'authenticité et la propriété sont garanties par la blockchain.

[5] Ancien patron de la plateforme Binance, il avait été condamné pour blanchiment en 2024.

[6] Les stablecoins ou cryptomonnaies stables sont conçues pour limiter la volatilité des cryptomonnaies pures, leur valeur étant liée à des devises comme le dollar ou l'euro, ou d'autres actifs financiers.

[7] Cette législation clarifierait, notamment, quels types de cryptoactifs relèvent de la régulation financière en place ou non.

19.11.2025 à 14:43

« Comment enquêter sur les multinationales » : formation les 6 et 7 janvier 2026 à Paris

L'Observatoire des multinationales propose une nouvelle session de formation sur deux jours à l'enquête sur les grandes entreprises, les 6 et 7 janvier 2026 à Paris.
Filiales, dirigeants, actionnaires, comptes, rapports annuels, social et environnement... Cette formation vise à donner un aperçu des sources d'informations disponibles pour enquêter sur les multinationales, leur structuration, leurs propriétaires et dirigeants, leurs implantations, leurs finances, leurs impacts écologiques, (…)

- Actualités
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L'Observatoire des multinationales propose une nouvelle session de formation sur deux jours à l'enquête sur les grandes entreprises, les 6 et 7 janvier 2026 à Paris.

Filiales, dirigeants, actionnaires, comptes, rapports annuels, social et environnement... Cette formation vise à donner un aperçu des sources d'informations disponibles pour enquêter sur les multinationales, leur structuration, leurs propriétaires et dirigeants, leurs implantations, leurs finances, leurs impacts écologiques, leurs pratiques sociales et leur lobbying.

Elle est conçue pour un public de journalistes et apprentis journalistes et de salariés et militants associatifs, et sera assurée par Olivier Petitjean et Olivier Blamangin.

Elle est proposée au tarif de 250€ pour deux jours, mais nous prenons en compte les situations personnelles. Une prise en charge au titre de la formation professionnelle est possible, merci de nous contacter.

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Programme prévisionnel

Première journée (10h-17h)

  • Qu'est-ce qu'une multinationale ?
  • Les sources
  • La structuration des multinationales : sociétés mères et filiales,
  • les actionnaires
  • les dirigeants
  • les financeurs
  • la chaîne de valeur : fournisseurs et clients

Deuxième journée (10h-17h)

  • Les informations financières : introduction aux comptes des entreprises
  • Les informations sociales et environnementales (et comment les exploiter)
  • Enquêter sur le lobbying (aperçu)

18.11.2025 à 10:15

« La France est un Socialistan » : sur YouTube, la sphère crypto française ouvre grand les portes à l'extrême droite

Nastasia Hadjadji

Apologie des libertés et de la souveraineté individuelle, critique féroce de l'impôt, mais aussi masculinisme et darwinisme social : en ligne, une partie de la sphère crypto francophone recycle les discours de l'extrême droite et n'hésite pas à donner la parole à certains de ses porte-paroles le plus enragés. Enquête sur les canaux « alternatifs » pro-crypto qui ont fait de YouTube et des réseaux leur champ de bataille et contribuent à ouvrir un nouveau marché politique pour des idées (…)

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Texte intégral (3450 mots)

Apologie des libertés et de la souveraineté individuelle, critique féroce de l'impôt, mais aussi masculinisme et darwinisme social : en ligne, une partie de la sphère crypto francophone recycle les discours de l'extrême droite et n'hésite pas à donner la parole à certains de ses porte-paroles le plus enragés. Enquête sur les canaux « alternatifs » pro-crypto qui ont fait de YouTube et des réseaux leur champ de bataille et contribuent à ouvrir un nouveau marché politique pour des idées libertariennes radicales.

« Nous accueillons des digital nomads, des réfugiés fiscaux, des amoureux de la liberté et de la souveraineté individuelle qui ont préféré les plages ensoleillées plutôt que les tranchées du Socialistan. » En ligne, sur YouTube, les plateformes de podcast et les réseaux sociaux, Le Bunker BTC, chaîne pro-crypto, déroule chaque semaine ses thématiques fétiches : expatriation, exil fiscal et Bitcoin.

Les deux hôtes de l'émission officient sous pseudonyme. « Gégé », podcasteur de 30 ans qui arbore fréquemment lors des émissions une casquette frappée de l'inscription « right-wing capitalist » (capitaliste de droite), officie aux côtés de « Science », 36 ans, consultant en marketing et ventes qui protège son anonymat derrière d'invariables lunettes de soleil. Tous deux sont français, et animent chaque semaine ce « talk show » basé sur des témoignages d'expatriés volontaires.

Devenir un « SDF capitaliste »

« La France est-elle devenue un pays du Tiers Monde ? », s'interroge ainsi depuis la Suisse, lors d'une émission, l'investisseur Sylvain Tiger, fondateur de la lettre économique « Les Incorruptibles ». Laurent Seiter, développeur informatique expatrié à Montréal explique de son côté comment « divorcer de l'État » grâce à Bitcoin. Louis Expatriation (un pseudonyme) vante quant à lui les mérites du Paraguay, un pays avec « 0% d'impôt » où la vie serait « paisible et libre ».

Les invités ont des profils variés et des positions sociales diverses, bien que la majorité soit des hommes. Tous déclinent la même trame narrative : la France serait un « Socialistan », un État hostile aux libertés individuelles et spoliateur en matière de fiscalité. « Il n'y a pas d'État qui ne soit pas parasitaire. (…) J'aime pas les taxes, j'aime pas qu'on m'emmerde », clame ainsi Laurent Seiter aka Viande Tiède, qui se présente comme sympathisant des idées anarcho-capitalistes et appelle les contribuables à entrer en « grève fiscale ». Pour échapper à ces tendances « totalitaires », les invités préconisent quasi-unanimement de multiplier les actes de sécession individuelle. Et avant tout de plier bagage et de s'expatrier loin de France.

J'aime pas les taxes, j'aime pas qu'on m'emmerde.

« La seule action politique conséquente c'est d'arrêter de filer du fric à l'État et se barrer », clame ainsi Laurent, expatrié nomade ayant posé ses valises à Hong Kong, puis en Russie. À la fois outil monétaire et véhicule idéologique, Bitcoin est présenté comme la solution pour mettre en oeuvre cette idéal de sécession. Celle qui rend possible de devenir un « SDF capitaliste en organisant sa propre insolvabilité », comme l'énonce « Gégé ». En clair, ne pas avoir de revenus traçables, comme avec un compte en banque, et donc susceptibles d'être soumis à la fiscalité, mais un patrimoine en cryptos, mobile et apatride.

Portes ouvertes à l'extrême droite

Comme souvent dans le cas des médias « alternatifs », la chaîne Le Bunker BTC est l'émanation d'une entreprise, ici, la bourse d'échange en crypto-actifs Bull Bitcoin, fondée au Canada par Francis Pouliot, un entrepreneur libertarien. Officiellement, il s'agit pour les hôtes de délivrer conseils et astuces pour « naviguer dans un monde étouffé par les taxes, la bureaucratie et les crises annoncées ». Mais au terme d'une année d'émissions hebdomadaires pilotées par « Gégé » et « Science », cette ligne éditoriale sécessionniste cohabite avec une autre orientation, nettement plus sombre, pour ne pas dire brune. Les personnalités invitées au « Bunker » ne sont en effet pas uniquement des amoureux des libertés individuelles. Certains sont aussi - et surtout - des figures de l'extrême droite française.

Les personnalités invitées au Bunker ne sont pas uniquement des amoureux des libertés individuelles. Certains sont aussi - et surtout - des figures de l'extrême droite française.

Le militant néonazi et figure du révisionnisme Vincent Reynouard est ainsi intervenu pour narrer les péripéties liées à sa « débancarisation » et raconter comment il a pu contourner les sanctions infligées par la justice en utilisant Bitcoin. Joël Gaborit aka Code Reinho, ancien militaire et influenceur pro-armes, auteur d'une vidéo dans laquelle il explique à l'influenceur zemmourien Papacito comment tirer sur un pantin à l'effigie de Jean-Luc Mélenchon, a lui aussi témoigné sur la chaîne pour délivrer ses conseils en matière de « défense de zone et de manipulation d'armes ».

Plus récemment, le militant survivaliste Piero Falotti aka Piero San Giorgio a pu y disserter sur les manières de « se blinder et préparer sa Base Autonome Durable (BAD) pour affronter l'effondrement économique et social ». Considéré comme un activiste du suprémacisme blanc en France, il a été lié par le passé à la figure de l'antisémitisme Alain Soral et au blogueur Daniel Conversano, fasciste revendiqué.

Sur la chaîne du « Bunker BTC », plutôt discrète puisqu'elle affiche un peu moins de 5000 abonnés au compteur sur YouTube et environ 10 000 sur X, les idéaux libertariens d'une sécession organisée voisinent donc avec la parole de tribuns identitaires, racistes et xénophobes, fanatiquement opposés à l'immigration.

Individu souverain

Bien qu'ils reconnaissent avoir « été biberonnés depuis qu'ils ont vingt ans par des soraliens », les deux hôtes du Bunker se défendent pourtant de toute forme d'affiliation avec l'extrême droite et leurs organisations politiques.

Nous considérons que le vote n'est qu'un sédatif émotionnel.

« Alain Soral est pour un État fort et plutôt critique envers le libéralisme économique, alors que je suis pour un État limité au régalien et favorable au libre-échange », avance « Gégé », au cours d'un échange par écrit. Et d'insister sur son insularisation revendiquée vis-à-vis des partis de l'extrême droite électorale : « On tacle régulièrement les droitards et les libéraux qui attendent l'avènement d'un homme providentiel, ou d'une femme providentielle comme Sarah Knafo. Pour ceux qui n'aiment pas leur vie en France, nous défendons l'idée qu'au lieu de se plaindre et d'attendre qu'on les sauve, ils peuvent reprendre le contrôle et s'expatrier. Nous n'avons d'affinité pour aucun parti politique. Nous considérons que le vote n'est qu'un sédatif émotionnel : il donne l'illusion d'agir tout en évitant de se remettre en question et de travailler sur soi. »

Pour lui, le dénominateur commun à toutes les personnalités invitées sur la chaîne serait l'idéal d'une liberté radicale, tel qu'on le retrouve dans la doctrine libertarienne de l' « individu souverain », du nom du pamphlet de William Rees-Mogg et James Dale Davidson publié aux États-Unis en 1997, et devenu l'un des livres de chevets des milliardaires techno-fascistes, dont Peter Thiel.

Pour « Gégé », s'il formait un manifeste politique, l'assemblage de témoignages rassemblé sur Le Bunker BTC devrait se lire comme un appel à exister en dehors des structures collectives (dont les partis politiques) plutôt qu'une invitation à glisser un bulletin Reconquête ! ou Rassemblement National dans l'urne. Et ce même si les jointures idéologiques avec une partie de l'extrême droite française semblent évidentes.

« Le programme du Rassemblement National est trop socialiste »

Cette défiance, voire cette hostilité vis-à-vis des affiliations aux cases traditionnelles de l'échiquier politique résonne aussi chez les hôtes de la chaîne HowToBitcoin, deux ingénieurs ayant exercé dans le conseil en France et en Suisse.

« Nous n'avons aucune aspirations politiques non plus, nous ne votons pas et pensons que le vote ne sert à rien. C'est pour cela que nous prônons avant tout la responsabilisation individuelle au détriment des solutions collectives dépendantes du politique », énoncent Victor Henrio et Alexandre Bensimon, les fondateurs de cette chaîne qui compte plus de 10 000 abonnés sur YouTube et fait la promotion active de l'adoption de Bitcoin auprès d'un public francophone. Dans une vidéo de « crossover » avec Le Bunker BTC, Alexandre Bensimon porte un t-shirt au message explicite : « Nique l'État. »

Malgré son agnosticisme politique revendiqué, la chaîne HowToBitcoin s'affichait en partenaire du Sommet des libertés, le grand raout des droites radicales et extrêmes.

Malgré cet agnosticisme politique revendiqué, la chaîne HowToBitcoin s'affichait pourtant en partenaire du Sommet des libertés, le grand raout des droites radicales et extrêmes qui s'est tenu en juin 2025 (lire notre article). Sur place, le stand de Victor Henrio et Alexandre Bensimon cohabitait avec celui de personnalités politiques en représentation, comme Éric Ciotti, transfuge de LR et figure du RN ou Sarah Knafo qui s'affiche en porte-étendard de la crypto en France.

Le duo insiste cependant : « Sarah Knafo s'est plusieurs fois positionnée comme favorable à Bitcoin, ce que nous saluons. Cependant, elle s'inscrit dans un système politique auquel nous ne croyons pas et nous n'attendons qu'un(e) politique améliore notre condition. » Emilien Boutang, figure française du secteur crypto et expatrié au Luxembourg, un invité régulier de leur chaîne, estime même que « le programme du Rassemblement National est trop socialiste ». Il préconise un choc économique austéritaire ainsi qu'une dérégulation maximum, en droite ligne avec la politique économique du président anarcho-capitaliste argentin Javier Milei.

« Je ne dis pas qu'on doit tuer les pauvres. »

Cet individualisme farouche, presque fanatique, se décline dans toutes les nuances de radicalité sur la chaîne HowToBitcoin qui s'adresse à un public jeune et masculin. « Je défends la liberté d'expression. Même si je ne suis pas d'accord, j'estime qu'en France on devrait pouvoir dire que les chambres à gaz n'ont pas existé », s'emporte ainsi Emilien Boutang dans une vidéo titrée « Peut-on encore tout dire en France ? ». Dans une autre vidéo, la rhétorique masculiniste d'une « population de cucks » (de l'anglais « cuckhold », cocu, un terme fréquemment utilisé par l'alt-right masculiniste pour discréditer les personnes faibles, en particulier les hommes, ndlr) aliénée volontaire d'un « esclavage fiscal » orchestré par l'État voisine avec des envolées confusionnistes sur la réalité du changement climatique.

j'estime qu'en France on devrait pouvoir dire que les chambres à gaz n'ont pas existé.

Plus frappant encore, certains propos font l'apologie de l'eugénisme, recyclant une pensée pseudo-évolutionniste, raciste et parfois complotiste. « Est-ce que t'es pro-vie humaine ou mieux vaut sacrifier des humains pour que Gaia s'en sorte ? », assène ainsi Victor Henrio. « Le socialisme inverse la sélection naturelle : il prend productif pour donner au non-productif. Il y a des gens, je dis pas qu'ils devraient mourir, mais ne devraient pas être aussi riches qu'ils le sont et ne devraient donc pas se reproduire », complète Alexandre Bensimon. Et de nuancer ce propos radical : « Mais je ne dis pas qu'on doit tuer les pauvres. »

La chaîne HowToBitcoin assume ce rôle de cheval de Troie pour ces idées eugénistes, racistes, climato-sceptiques, masculinistes. Son audience, comme celle de « Le Bunker BTC », peut sembler plutôt limitée, mais ces idées et les invités qui les portent circulent d'un canal à l'autre dans la sphère crypto, alimentant le confusionnisme. Elles se propagent à travers tout un écosystème de chaîne dédiées à l'éducation financière et la promotion des crypto-actifs. Comme la chaîne pro-crypto Grand Angle Bitcoin (115 000 abonnés sur YouTube) qui reçoit le financier d'extrême droite Charles Gave, mais aussi Pierre Noizat, le patron de la plateforme Paymium, proche de Reconquête ! (lire notre enquête). Ou encore la chaîne Café Viennois, de l'historien et idéologue du Bitcoin, Ulrich Fromy qui ne mâche pas ses mots pour évoquer l'euro qu'il qualifie de « scam ». Quant à la promotion de l'expatriation, elle se décline sur Sans Permission (249k abonnés), la chaîne d'un trio d' « entrepreneurs d' » — Oussama Ammar, Yomi Denzel et Antoine Blanco — des exilés ayant élu domicile à Dubaï d'où ils dénoncent l'« esclavage fiscal » propre, selon eux, à la France. On retrouve la même radicalité libertarienne sur la chaîne de l'Institut des libertés (411 000 abonnés), du financier d'extrême-droite Charles Gave et de sa fille Emmanuelle Gave, qui se sont récemment convertis à la cause des cryptos et comparent eux aussi le système français à un enfer collectiviste.

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Nouveau marché politique

À ce jour, ces chaînes pro-crypto qui offrent une tribune à des idées fascisantes n'ont pas la visibilité des cadors de l'influence d'extrême droite, comme les Papacito (qui totalisait jusqu'à 2 millions de vues sur ses vidéos YouTube avant la fermeture de sa chaîne en 2023), Le Raptor (quasi 700 000 abonnés sur YouTube), Valek (385 000 abonnés sur YouTube) ou encore Baptiste Marchais (230 000 abonnés sur YouTube). Elles ne sont pas adossées à une large base d'investisseurs privés, comme le titre Frontières d'Erik Tegner, ou à un puissant groupe de presse comme les médias de la sphère Bolloré. Mais, reprenant à leur compte une stratégie éprouvée de l'alt-right américaine, ces chaînes investissent les canaux « alternatifs » de l'influence en ligne. Ce faisant, elles contribuent à ouvrir un nouveau marché politique, auprès d'un public majoritairement composé de jeunes hommes, pour des idées radicales et libertariennes historiquement marginales en France.

Reprenant à leur compte une stratégie éprouvée de l'alt-right américaine, ces chaînes investissent les canaux « alternatifs » de l'influence en ligne.

Au sein de cet écosystème, ce n'est pas tant la solidité doctrinale qui compte, que la circulation d'un certain logiciel de pensée : la haine de l'État et de la redistribution, l'individualisme radical, la rhétorique anti-« woke » et le masculinisme. Le politiste Tristan Boursier confirme que l'extrême droite en ligne se nourrit d'idéologies composites, fragmentées nées d'hybridations entre plusieurs traditions politiques. Il observe toutefois une tendance qui se dessine, en particulier en Amérique du Nord où il travaille, marquée par une convergence idéologique nouvelle entre l'antiféminisme et le libertarianisme des crypto bros. « Historiquement, les masculinistes se considèrent comme le pendant des féministes. Ce courant valorise l'homme fort en tant qu'individu, jamais en tant que groupe, ce qui permet un point d'accroche avec le libertarianisme. » Un autre point d'accroche est la célébration de Bitcoin, opportunément présenté comme l'outil ultime pour atteindre la « liberté », concept-clé bien que flou, autant fétiche politique que passe-droit opportun pour justifier une rhétorique xénophobe quasi-complotiste.

« Parce qu'elle contient le mot de liberté, l'idéologie libertarienne semble indépendante de toute tradition politique, voire paraît émancipatrice. Mais ses affinités électives avec l'extrême-droite depuis un demi-siècle doivent de comprendre à la lumière du soleil californien : la haine libertarienne de l'Etat, c'est la haine de l'Égalité », écrit l'historienne Sylvie Laurent dans son essai La contre-révolution californienne (Seuil Libelle, 2025). Un « soleil californien » qui irradie jusqu'en Europe, où la sphère crypto française s'empare de ces idées radicales et reprend à son compte une partie du logiciel politique de l'extrême droite.

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