Son gouvernement est sous pression pour réduire l'immigration irrégulière face à la montée du parti d'extrême droite Reform UK. Il a promis de lutter contre les traversées de la Manche vers le Royaume-Uni, dont le nombre atteint un niveau record depuis le début de l'année, avec plus de 31.000 arrivées.
L'homme renvoyé est arrivé en Angleterre en août à bord d'une petite embarcation, selon un communiqué du ministère britannique de l'Intérieur.
Il est d'origine indienne, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale française, et a été expulsé à bord d'un vol commercial d'Air France.
Conclu en juillet lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron au Royaume-Uni et entré en vigueur début août, cet accord prévoit le retour en France de migrants arrivés à bord de petits bateaux au Royaume-Uni, en échange de l'envoi outre-Manche de migrants se trouvant en France, sur le principe du "un pour un".
Très critiqué par les ONG, cet accord, prévu pour durer jusqu'en juin 2026, est censé dissuader les traversées.
"C'est une avancée importante", s'est félicité Keir Starmer, après ce premier renvoi, lors d'une conférence de presse avec Donald Trump, au deuxième et dernier jour de la visite d'Etat au Royaume-Uni du président américain.
"Nous devons maintenant intensifier le processus, ce qui a toujours été envisagé dans le cadre du programme, mais il est très important que nous ayons pu prouver qu'il fonctionne", a-t-il ajouté devant son interlocuteur, qui a lancé aux Etats-Unis une vaste politique d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière.
Donald Trump a toutefois appelé le Royaume-Uni à lutter plus fermement contre l'immigration, quitte à "faire appel à l'armée".
D'autres vols transportant des migrants vers la France sont prévus cette semaine et la prochaine, a précisé le Home Office.
Dans l'autre sens, de premiers migrants autorisés à venir au Royaume-Uni arriveront "dans les prochains jours" depuis la France, selon la même source.
Mais "les autorités françaises sont très frileuses et passent au crible les profils des personnes qu'on veut lui renvoyer", ont indiqué plusieurs sources à l'AFP.
Recours
Mardi, le gouvernement britannique a subi un revers quand la Haute Cour de Londres a temporairement bloqué l'expulsion prévue le lendemain d'un migrant érythréen, qui a contesté son renvoi en se disant victime de trafic d'êtres humains.
Le gouvernement a décidé de faire appel et annoncé qu'il allait "examiner" la législation sur l'esclavage moderne pour éviter qu'elle soit "mal utilisée" afin d'éviter des expulsions.
La justice a en revanche autorisé jeudi l'expulsion d'un autre migrant érythréen qui avait déposé un recours. Arrivé au Royaume-Uni début août après avoir traversé la Manche, il devrait être renvoyé en France vendredi matin.
Les ONG s'organisent pour aider les migrants à déposer des recours.
L'association française l'Auberge des migrants a notamment dénoncé "un marchandage cynique de vies humaines".
Pour sa porte-parole, Stella Bosc, l'accord est voué à l'échec. "C'est de l'affichage politique et de la communication avant tout", a-t-elle dit.
Selon les médias britanniques, deux avions qui devaient acheminer des migrants vers la France en début de semaine ont décollé sans aucun migrant.
Depuis début août, le Royaume-Uni a commencé à placer en détention des migrants dans le cadre de cet accord. Selon le journal The Guardian, 92 personnes étaient détenues en début de semaine en attendant leur renvoi en France.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le gouvernement travailliste, qui a abandonné le projet des conservateurs d'expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda, agit sur divers fronts pour tenter de réduire l'immigration irrégulière.
Il a signé plusieurs accords de coopération avec d'autres pays dont l'Allemagne et l'Irak, renforcé les moyens de la police aux frontières pour lutter contre les réseaux de passeurs. Quelque 35.000 migrants ont été expulsés, une hausse de 13% sur un an.