Ils peinent à se frayer un chemin à travers la foule tant elle est compacte. Des dizaines de prisonniers palestiniens sont accueillis lundi par la liesse à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Certains esquissent un V de la victoire dessiné avec leur doigts, la plupart sourient en quittant le bus qui les a conduits d'une prison israélienne jusqu'à un centre culturel de la ville où siège l'Autorité palestinienne. « C'est un sentiment indescriptible, une renaissance », décrit Mahdi Ramadan à l'AFP, un prisonnier tout juste libéré, encadré par ses deux parents.
Embrassades front contre front et sanglots d'émotion lâchés dans une assemblée fébrile, pour beaucoup, ce sont les premières retrouvailles, hors milieu carcéral, depuis des années, voire des décennies.
Parmi les Palestiniens devant être relâchés, 250 sont des personnes « détenues pour des raisons de sécurité » dont de nombreux condamnés pour des attentats meurtriers anti-israéliens, mais aussi 1.700 Palestiniens arrêtés par l'armée israélienne dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
Israël a accepté de les relâcher en échange de la libération des otages retenus dans la bande de Gaza, le tout dans le cadre de la première phase du plan du président américain Donald Trump censé mettre un terme à la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, et qui a depuis ravagé la bande de Gaza.
Pas de célébration
Plutôt que des retrouvailles, ce sera une véritable rencontre pour Nour Soufan. A 27 ans, il est né quelques mois après l'arrestation de son père. La famille est venue de Naplouse et a passé la nuit dans sa voiture.
« Je suis très ému, bien sûr, c'est un grand bonheur, mais on ne peut pas vraiment se réjouir tant qu'il y a la guerre, personne n'aime la guerre, nulle part dans le monde, on espère la paix, pas seulement en Palestine, mais partout dans le monde », dit-il à l'AFP.
Comme lui, d'autres personnes sont venues de loin, peinant à atteindre Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie. Plusieurs personnes évoquent les difficultés de circulation dues aux nombreux barrages israéliens érigés dans ce territoire depuis le début de la guerre à Gaza.
Dimanche, des médias palestiniens s'étaient fait l'écho de familles de détenus affirmant avoir été contactées par les autorités israéliennes les sommant de ne pas organiser de célébrations massives autour des libérations. « Ils (Israël, NDLR) interdisent les rassemblements, les célébrations, l'accueil », a déclaré Alaa Bani Odeh, qui est venu retrouver son fils de 20 ans, dont quatre de détention.
Interrogés par l'AFP, plusieurs ex-prisonniers et proches décrivent le même programme pour les heures à venir : rentrer chez soi, et rester calmement en famille. Lors des précédentes libérations, les prisonniers avaient été examinés par des médecins, et les manifestations de joie avaient inondé des rues entières de Ramallah où des drapeaux palestiniens avaient été agités aux côtés de fanions de mouvements politiques, dont celui du Hamas.
« Tout l'or du monde »
Habillés du survêtement en molleton gris des prisons israéliennes, de nombreux prisonniers arborent également un keffieh noir et blanc autour du cou, le foulard traditionnel palestinien parfois revendiqué comme signe de ralliement par les membres du Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas.
Certains peinent à marcher sans y être aidés, et d'autres ont l'air surpris des environs qu'ils découvrent. Des secouristes évacuent plusieurs personnes ayant fait des malaises, aussi bien des proches de prisonniers que des prisonniers eux-mêmes.
« Les prisonniers vivent d'espoir... Rentrer chez soi, sur notre terre, vaut tout l'or du monde », commente un détenu libéré, Samer al-Halabiyeh, « maintenant je veux juste vivre ma vie. » Des nuées de journalistes se précipitent pour poser des questions aux prisonniers, mais la plupart déclinent immédiatement, précisant parfois qu'avant leur libération, il leur a été déconseillé de s'exprimer.
Dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès, la foule trépigne depuis le matin à proximité de l'hôpital Nasser. En début d'après-midi, les détenus libérés n'étaient toujours pas arrivés.
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