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17.11.2025 à 11:03

Les prélèvements obligatoires plombent l'activité économique ? Tout faux...

Équipe de l'Observatoire

Combien de fois avez-vous entendu cet argument selon lequel toute hausse du niveau de prélèvements obligatoires serait néfaste pour la croissance et pour l'activité économique ? Plutôt qu'un long développement, nous répondrons ici en deux temps en montrant que : 1/ c'est au sein des pays riches, même libéraux, que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé, 2/ la hausse du niveau des prélèvements obligatoires n'a pas nui à l'activité économique, au contraire.
** Les pays (…)

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Texte intégral (929 mots)

Combien de fois avez-vous entendu cet argument selon lequel toute hausse du niveau de prélèvements obligatoires serait néfaste pour la croissance et pour l'activité économique ? Plutôt qu'un long développement, nous répondrons ici en deux temps en montrant que :
1/ c'est au sein des pays riches, même libéraux, que le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé,
2/ la hausse du niveau des prélèvements obligatoires n'a pas nui à l'activité économique, au contraire.

Les pays pauvres présentent le taux de prélèvements obligatoires sur PIB les moins élevés

Rappelons le cœur du débat : lorsque le taux de prélèvements obligatoires (PO) est faible, ceci signifie que la couverture du système de protection sociale est faible et/ou que les services publics sont peu nombreux. Par conséquent, pour avoir le même niveau de couverture sociale ou accéder aux mêmes services que dans des pays comme la France, le niveau de cotisations payés aux acteurs privés (assurance santé privée, système éducatif privé, etc) est élevé.

• En 2022, le ratio moyen impôts/PIB (recettes fiscales totales, cotisations de sécurité sociale comprises, en pourcentage du PIB) des 36 pays africains couverts par l'étude de l'OCDE s'élevait à 16.0 %.

• En 2022, au sein de l'Union européenne, le moyen impôts/PIB s'élève à 40 %, précision étant apportée que la valeur du PIB y est beaucoup plus élevée.

Au-delà, à titre d'exemple, le taux de prélèvements obligatoires est d'environ 35 % aux États-Unis, le pays du néolibéralisme dont le système de sécurité sociale est géré très largement par le secteur privé. Mais globalement, dans les pays riches, le taux de prélèvements obligatoires rapporté au PIB est nettement plus élevé que dans les pays pauvres.

Depuis plus de 60 ans, la hausse du taux de prélèvements obligatoires a accompagné la croissance économique

Les deux courbes qui suivent sont également très instructives : elles montrent tout simplement que, historiquement, la hausse du taux de prélèvements obligatoires sur le PIB n'a pas bridé la croissance économique (nous reprenons ici le terme « croissance », bien connu de la population, sans ouvrir le débat sur la nature et l'impact de la croissance). Au contraire, elle l'a accompagnée.

Ceci s'explique aisément . Il est ici essentiel de rappeler le rôle des dépenses publiques dans la fameuse « croissance économique ». En effet, une hausse de l'investissement public engendre une hausse du revenu national plus importante. Les dépenses publiques se substituent également à la demande privée en période de crise, comme l'ont montré les plans de relance suite à la crise financière de 2008 et à la crise Covid. Lorsqu'elles financent l'éducation, elles permettent une hausse du capital humain et de la production (selon les théories dites de la croissance endogène). Il en va de même lorsqu'elles financent la recherche publique, puisque cela permet un développement du progrès technique.

Dit autrement, l'activité économique a besoin de travailleuses et travailleurs bien formé·es, ce qui est le rôle du système éducatif, assuré très majoritairement par le service public en France. Elle a également besoin de personnes en bonne santé, ce qui est possible grâce au système de santé géré par la Sécurité sociale. Elle a enfin besoin d'infrastructures (et d'investissements publics (et face au changement climatique, les besoins sont immenses) et de personnes qui consomment, ce qui est notamment rendu possible par le système de redistribution, qui assure un certain niveau de revenus, etc.

Le discours sur le « poids » des prélèvements obligatoires mérite mieux que des idées fausses ressassées dans le seul but d'appauvrir l'action publique et la protection sociale et de créer les conditions de leur prise en charge par le secteur marchand. Lequel se financera, bénéfice en plus, avec des prélèvements privés.

12.11.2025 à 08:29

Fraude fiscale : ces dizaines de milliards (toujours) perdus...

Équipe de l'Observatoire

La fraude fiscale, qui, désigne l'ensemble des actes illicites visant à échapper aux obligations fiscales, en omettant de payer les impôts dus ou en réduisant indûment le montant de la base à déclarer ou des impôts à payer, est un phénomène complexe et évolutif. Tous les travaux concordent cependant : quoiqu'en disent les pourfendeurs du « modèle social », elle se traduit par des pertes de recettes considérables.
Dans son rapport « L'état de la justice fiscale en 2025 », Tax Justice (…)

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Texte intégral (1111 mots)

La fraude fiscale, qui, désigne l'ensemble des actes illicites visant à échapper aux obligations fiscales, en omettant de payer les impôts dus ou en réduisant indûment le montant de la base à déclarer ou des impôts à payer, est un phénomène complexe et évolutif. Tous les travaux concordent cependant : quoiqu'en disent les pourfendeurs du « modèle social », elle se traduit par des pertes de recettes considérables.

Dans son rapport « L'état de la justice fiscale en 2025 », Tax Justice Network révèle ainsi qu'une ordonnance de bâillonnement soutenue par les États-Unis qui empêche les gouvernements de révéler les noms des multinationales ayant transféré des milliards vers des paradis fiscaux a fait perdre aux pays plus de 475 milliards de dollars américains en impôts sur les sociétés entre 2016 et 2021. Les plus grands perdants sont les États-Unis eux-mêmes, qui se privent de 158,5 milliards de dollars américains de recettes, et la France avec une perte estimée à 32,3 milliards de dollars américains, soit 27,3 milliards d'euros en matière d'impôt sur les sociétés (IS).

Cette étude apporte une nouvelle confirmation de l'ampleur de la fraude fiscale, estimée entre 80 et 100 milliards d'euros.

Pour estimer la fraude fiscale globale, il faut par ailleurs ajouter la fraude à la TVA,estimée entre 20 et 25 milliards d'euros par l'INSEE. La fraude à la TVA constitue en effet un autre « gros morceau » de la fraude fiscale globale. Au sein de l'Union européenne, « la TVA due mais non perçue par les autorités fiscales a été estimée à 134 milliards d'euros en termes nominaux et à 10.3% en pourcentage de la TVA totale exigible en 2019 » selon la Commission européenne. Le produit intérieur brut (PIB) français représente entre 16 et 17 % du PIB de l'Union européenne, ce qui signifie que la fraude à la TVA telle qu'estimée par l'Union européenne représente entre 21 et 22 milliards d'euros.

Au surplus, il faut ajouter à ces 48 à 49 milliards d'euros de fraude brute cumulée les autres formes de fraudes en matière d'IS, d'impôt sur le revenu, d'impôts sur le patrimoine, d'autres impôts sur la consommation ou encore les impôts locaux.

En matière d'IS en effet, il existe d'autres formes de fraudes : fraude au crédit d'impôt recherche ou aux autres niches fiscales des entreprises, fausses factures, sur ou sous facturation, etc.

Au-delà, il s'agit d'analyser l'impact de l'économie souterraine. Selon l'INSEE, le taux de travail dissimulé est de 8.8 % du PIB, ce qui se traduit par une perte de recettes sociales, mais également fiscales, puisque les revenus non déclarés ou sous déclarés échappent à l'impôt sur le revenu. Celui-ci fait également l'objet d'autres formes de fraudes, comme la fraude à certaines niches fiscales (soit le fait de bénéficier à tort de crédits ou de réductions d'impôt) ou la maximisation de charges déductibles, pour les commerçants, les professions libérales et les revenus fonciers notamment.

S'agissant des impôts sur le patrimoine, la fraude prend elle aussi diverses formes : non déclaration d'actifs détenus ou transmis (détenus à l'étranger, vie des sociétés écrans ou anonymement comme dans le cas de crypto-actifs par exemple), sous-déclaration de biens détenus ou transmis pour baisser artificiellement les droits de mutation à titre onéreux lors d'une vente, ou les droits de donation et de succession lors d'une transmission à titre gratuit ou encore l'impôt sur la fortune immobilière.

Les impôts locaux
également sont parfois fraudés, lorsque des travaux portant sur des agrandissements de biens immobiliers ne sont pas déclarés et qu'ils ne peuvent donc pas donner lieu à une actualisation de la base de la taxe foncière et/ou de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires.

Enfin, pour compléter le tableau de la fraude, précisons que les droits de douane, calculés sur l'origine et la valeur des marchandises ainsi que sur leur classement (pour appliquer le tarif douanier correct) font, eux aussi, l'objet de fraudes importants, par voie de falsification de l'un de ces facteurs lors de l'importation ou de l'exportation de marchandises ou encore en détournant certains régimes douaniers (comme la fraude au régime 42 (qui permet, lors de l'importation de marchandises en provenance d'un pays tiers, de bénéficier d'une exonération de la TVA au point d'entrée dans l'Union européenne, à la condition que ces biens soient immédiatement expédiés vers un autre État membre.

Certains montages touchent plusieurs impôts. Ainsi, pour éviter de payer tout à la fois l'impôt sur le revenu et les impôts sur le patrimoine, certains contribuables se déclarent résidents à l'étranger mais continuent de vivre en France. Chaque année, de nombreuses personnes font l'objet de redressements fiscaux pour « fausse domiciliation ». Certains acteurs du E-commerce fraudent tout à la fois la TVA, l'IS et les droits de douane, etc.

Il serait impossible de décrire en quelques mots la diversité et la complexité des fraudes fiscales. Mais à la lumière des récents travaux, un constat s'impose : tous confortent l'estimation selon laquelle la fraude fiscale représente un manque à gagner compris entre 80 et 100 milliards d'euros. Cette situation, qui perdure, est dévastatrice à tous points de vue. Les recettes manquent pour financer l'action publique, la protection sociale et les investissements face au changement climatique. La fraude plombe l'activité économique et aliment les injustices et les inégalités, surtout lorsqu'elle est le fait des agents économiques les plus aisés. Au surplus, elle nourrit la crise démocratique. La lutte résolue contre l'évasion et la fraude fiscales est donc un enjeu majeur.

03.11.2025 à 14:25

Vers un impôt improductif de fortune ?

Équipe de l'Observatoire

L'Assemblée nationale a adopté vendredi soir, la transformation de l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) en « impôt sur la fortune improductive ». L'objectif de ce nouvel impôt est d'inciter les contribuables les plus aisés à orienter placer leur richesse dans « l'économie réelle ». Mais il s'agit d'un impôt symbolique qui permettra aux milliardaires de continuer à payer moins d'impôts que le reste de la population.
** De l'IFI à l'IFI...
Rappelons avant tout que l'actuel IFI est (…)

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L'Assemblée nationale a adopté vendredi soir, la transformation de l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) en « impôt sur la fortune improductive ». L'objectif de ce nouvel impôt est d'inciter les contribuables les plus aisés à orienter placer leur richesse dans « l'économie réelle ». Mais il s'agit d'un impôt symbolique qui permettra aux milliardaires de continuer à payer moins d'impôts que le reste de la population.

De l'IFI à l'IFI...

Rappelons avant tout que l'actuel IFI est venu remplacer l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui, bien qu'imparfait, imposait les biens immobiliers, mobiliers et financiers. Tel n'est pas le cas de l'IFI, qui concerne les personnes physiques détenant un patrimoine immobilier dont la valeur nette est supérieure à 1,3 million d'euros, précision étant apporté qu'un abattement de 30 % est appliqué sur la valeur de la résidence principale. Une fois la valeur brute du patrimoine immobilier déterminée, les dettes afférentes à ce patrimoine étaient déduites pour établir la valeur nette du patrimoine sur laquelle est appliqué un barème progressif allant de 0,5 % à 1,5 % (ce taux s'appliquant à la part des patrimoines immobiliers nets dont la valeur est supérieure à 10 millions d'euros).

Officiellement, « l'impôt sur la fortune improductive » élargit l'assiette de l'IFI, puisqu'il s'applique non seulement à l'immobilier, mais également aux biens matériels dits « de valeur » (or, bijoux, œuvres d'art, voitures de collection, yachts, avions privés, meubles précieux…), aux actifs numériques (notamment les cryptomonnaies) ainsi qu'à certains contrats d'assurance-vie lorsque les sommes ne sont pas investies dans des supports productifs (comme les fonds en euros notamment).

L'abattement de 30 % sur la résidence principale est pour sa part remplacé par un abattement de 1 million d'euros que le foyer pourra appliquer à sa résidence principale ou au bien immobilier de son choix (une résidence secondaire de valeur supérieure par exemple). Des exonérations sont également prévues : les logements loués à long terme, ou répondant à des critères environnementaux, seront exonérés. Enfin, si le seuil d'entrée dans cet impôt demeure fixé à 1,3 million d'euros, le barème progressif est remplacé par un taux unique, de 1 %.

Un impôt bricolé qui s'annonce inefficace

Le vote de cet impôt est intervenu après le rejet de la taxe Zucman et après le rejet d'une proposition visant à instaurer un impôt sur les très hauts patrimoines présenté comme une version « light » de la taxe Zucman. Autrement dit, après ces deux rejets successifs de mesures plus consistantes, signe d'une intransigeance brutale du camp des droites, ce nouvel impôt ne pouvait qu'être symbolique. Le principal objectif de cette mesure est purement politique : monter que « quelque chose » a été fait en matière de taxation des riches. Mais ce « quelque chose » rime avec « bien peu de choses ».

Cet impôt comporte en effet de nombreux travers.
- Il s'annonce peu rentable : d'après l'évaluation de Bercy, le rendement de ce nouvel impôt serait de 500 millions d'euros de plus que le maigrelet IFI (2,2 milliards d'euros de rendement en 2025).
- Il allégera la facture de nombreux ultrariches dont une partie importante de leur patrimoine immobilier était imposé au taux marginal de 1,5 % et ne le sera plus qu'à 1%, et qui bénéficieront par ailleurs de l'abattement de 1 million d'euros. Si un abattement en montant est plus judicieux qu'un abattement en pourcentage, le montant de 1 million d'euros est toutefois très élevé. Au surplus, les contribuables choisiront le bien sur lequel il s'applique.
- Il ne taxera pas les actions : or, les milliardaires le sont parce qu'ils détiennent massivement des actions. Il s'agit donc un impôt qui épargnerait largement les milliardaires alors qu'il est démontré qu'ils paient moins d'impôts que le reste de la population.
- Il sera contourné via des mécanismes d'optimisation : les biens qu'il est censé imposer seront, comme c'est souvent le cas, considérés comme des biens d'entreprise (donc exonérés) et/ou logés dans des sociétés écrans dont il sera très difficile de prouver l'identité des bénéficiaires effectifs.
- Il sera difficile à contrôler, l'administration fiscale ayant perdu de nombreux emplois, alors qu'il lui faudra croiser les éléments déclarés avec les données des prix de marché, des évaluations d'assurance ou d'experts, des barèmes officiels pour les objets de collection.

Rien ne dit que cet impôt sera maintenu et appliqué. Les incertitudes sur l'avenir du projet de budget sont nombreuses. À ce jour, la seule certitude est que, s'il devait s'appliquer, cet impôt ne répondra pas aux enjeux de la période en matière de recettes publiques et de réduction des inégalités.
Il ne s'agit là que d'un nouvel « impôt symbole ». Or, la fiscalité a besoin de beaucoup plus qu'un nouveau symbole.

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