
12.12.2025 à 12:52
Déborah Yapi
Vendredi 5 décembre, Netflix annonçait le rachat de Warner Bros Discovery pour 82,7 milliards de dollars. Lundi 8 décembre, Paramount Skydance ripostait avec une offre hostile de 108,4 milliards, entièrement en cash. À première vue, une bataille classique de titans hollywoodiens pour s’emparer des franchises Harry Potter, DC Comics et HBO. En réalité, cette guerre cache un enjeu bien plus politique : qui contrôlera CNN, la bête noire de Donald Trump ? Car derrière les communiqués lénifiants sur la « valeur actionnariale » et la « synergie des contenus », se joue une partie d’échecs dont Trump tire déjà les ficelles. Et le président a tout à y gagner, quel que soit le vainqueur final. L’offre Netflix : CNN n’est pas dans le paquet Dans la proposition de Netflix, il n’est pas question d’acheter CNN. La chaîne d’information, avec les autres chaînes de télévision linéaires (TNT, Discovery Channel), sera séparée dans une entité indépendante baptisée « Discovery Global » avant la finalisation du rachat. CNN deviendra donc une société cotée en bourse, détachée de Warner Bros et de Netflix. Mais cette mise à l’écart de CNN ne protège nullement Netflix de Donald Trump. Le président a déjà fait savoir que l’union Netflix-Warner « pourrait être un problème » en raison de la position déjà dominante sur le marché du streaming de Netflix. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a immédiatement dénoncé un « cauchemar anti-monopole ». En abandonnant CNN, Netflix pensait s’épargner des ennuis. Il pourrait bien découvrir que Trump a d’autres plans. L’offre Paramount : CNN sur un plateau pour la Maison-Blanche L’offre de Paramount Skydance ne fait aucune concession : 108,4 milliards de dollars pour racheter l’intégralité de Warner Bros Discovery, CNN inclus. Et c’est précisément là que les choses deviennent explosives. Qui finance cette offre pharaonique ? Larry Ellison, deuxième fortune mondiale avec 270 milliards de dollars et ami personnel […]
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Vendredi 5 décembre, Netflix annonçait le rachat de Warner Bros Discovery pour 82,7 milliards de dollars. Lundi 8 décembre, Paramount Skydance ripostait avec une offre hostile de 108,4 milliards, entièrement en cash. À première vue, une bataille classique de titans hollywoodiens pour s’emparer des franchises Harry Potter, DC Comics et HBO. En réalité, cette guerre cache un enjeu bien plus politique : qui contrôlera CNN, la bête noire de Donald Trump ?
Car derrière les communiqués lénifiants sur la « valeur actionnariale » et la « synergie des contenus », se joue une partie d’échecs dont Trump tire déjà les ficelles. Et le président a tout à y gagner, quel que soit le vainqueur final.
L’offre Netflix : CNN n’est pas dans le paquet
Dans la proposition de Netflix, il n’est pas question d’acheter CNN. La chaîne d’information, avec les autres chaînes de télévision linéaires (TNT, Discovery Channel), sera séparée dans une entité indépendante baptisée « Discovery Global » avant la finalisation du rachat. CNN deviendra donc une société cotée en bourse, détachée de Warner Bros et de Netflix.
Mais cette mise à l’écart de CNN ne protège nullement Netflix de Donald Trump. Le président a déjà fait savoir que l’union Netflix-Warner « pourrait être un problème » en raison de la position déjà dominante sur le marché du streaming de Netflix. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a immédiatement dénoncé un « cauchemar anti-monopole ». En abandonnant CNN, Netflix pensait s’épargner des ennuis. Il pourrait bien découvrir que Trump a d’autres plans.
L’offre Paramount : CNN sur un plateau pour la Maison-Blanche
L’offre de Paramount Skydance ne fait aucune concession : 108,4 milliards de dollars pour racheter l’intégralité de Warner Bros Discovery, CNN inclus. Et c’est précisément là que les choses deviennent explosives.
Qui finance cette offre pharaonique ? Larry Ellison, deuxième fortune mondiale avec 270 milliards de dollars et ami personnel de Trump. Son fils David Ellison, patron de Skydance, qui a obtenu en juillet le feu vert de la FCC pour racheter Paramount après avoir promis « une modification de la ligne éditoriale de CBS ». RedBird Capital. Et surtout, selon le Wall Street Journal, Affinity Partners – la société d’investissement de Jared Kushner, gendre de Donald Trump – accompagnée de plusieurs fonds souverains du Moyen-Orient : Arabie saoudite, Qatar, Abu Dhabi.
Autrement dit : l’argent saoudien, les amis de Trump, et la promesse explicite de « changements radicaux au sein de CNN ». David et Larry Ellison ont mené, selon le WSJ, « une campagne de plusieurs semaines pour convaincre Donald Trump » de soutenir leur offre. Leur argument massue ? Ils promettent de « refondre la programmation » de la chaîne détestée par le président.
Trump, interrogé lundi, a joué l’innocent : « Aucun d’eux n’est un de mes amis proches. Je veux faire ce qui est juste. » Il prétend n’avoir pas parlé à Kushner du dossier Warner. Personne à Washington n’est dupe.
Le vrai jeu de Trump : il gagne dans tous les cas
Voilà le génie pervers de cette configuration. Si Paramount l’emporte, le 47e président des États-Unis obtient directement ce qu’il veut : CNN sous contrôle de ses alliés financiers et politiques, avec une ligne éditoriale « refondue » – autrement dit, muselée.
Mais si Netflix l’emporte ? Trump ne perd rien. Au contraire. Il peut user de son pouvoir de nuisance réglementaire pour mettre Netflix sous pression. « Vous avez une position dominante. Cela pourrait être un problème antitrust. À moins que… vous ne rachetiez finalement CNN à Discovery Global, cette nouvelle entité indépendante. Et que vous acceptiez quelques ajustements éditoriaux. » Netflix, acculé, pourrait bien finir par céder – soit en rachetant CNN malgré tout, soit en facilitant son acquisition par un tiers ami de l’administration.
Elizabeth Warren a beau dénoncer un « trafic d’influence, du favoritisme politique et des risques pour la sécurité nationale », elle prêche dans le désert. Les républicains contrôlent le Congrès. La FCC est aux ordres. Le ministère de la Justice appliquera la politique antitrust selon les desiderata présidentiels. Et les fonds souverains moyen-orientaux, déjà sous influence trumpiste depuis les Accords d’Abraham et le rapprochement avec Riyad, sont des partenaires dociles.
Une prise d’otage politique
Arrêtons de nous raconter des histoires. Cette bataille pour Warner Bros n’a rien d’une guerre industrielle classique. C’est une prise d’otage politique orchestrée depuis la Maison-Blanche, avec l’argent saoudien et les réseaux trumpistes comme bras armés. CNN, symbole d’une presse indépendante que Donald Trump rêve de voir disparaître depuis 2015, est le véritable trophée de cette partie d’échecs.
Que Paramount ou Netflix l’emporte, Trump a compris que le contrôle des médias passe désormais par le contrôle des plateformes de streaming et des studios. CNN aujourd’hui, demain HBO, Warner Bros, et pourquoi pas Netflix si l’entreprise ne se montre pas coopérative ?
Nous verrons qui remporte la mise. Mais le Donald, lui, a déjà gagné.
Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.
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12.12.2025 à 11:58
Déborah Yapi
Forte d’une croissance économique soutenue, d’avancées technologiques majeures et d’une diplomatie d’influence de plus en plus affirmée, Pékin s’impose désormais comme un acteur central d’un ordre international en recomposition. À travers la Belt and Road Initiative, qui redessine les routes du commerce mondial, et l’élargissement du cadre des BRICS, la Chine cherche à promouvoir un modèle alternatif de gouvernance et de coopération. Cette trajectoire ascendante se heurte toutefois à des vulnérabilités internes et à une compétition stratégique croissante avec les États-Unis. Dans quelle mesure la Chine peut-elle s’imposer comme première puissance mondiale, selon quelles modalités, dans quels domaines, et avec quelles implications pour la structure même de l’ordre international ? Valérie Niquet, maîtresse de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu à nos questions à l’occasion de la première édition des Géopolitiques de Grenoble organisées par l’IRIS et Grenoble École de Management, des conférences et débats sur les enjeux géopolitiques d’aujourd’hui :
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Forte d’une croissance économique soutenue, d’avancées technologiques majeures et d’une diplomatie d’influence de plus en plus affirmée, Pékin s’impose désormais comme un acteur central d’un ordre international en recomposition. À travers la Belt and Road Initiative, qui redessine les routes du commerce mondial, et l’élargissement du cadre des BRICS, la Chine cherche à promouvoir un modèle alternatif de gouvernance et de coopération. Cette trajectoire ascendante se heurte toutefois à des vulnérabilités internes et à une compétition stratégique croissante avec les États-Unis. Dans quelle mesure la Chine peut-elle s’imposer comme première puissance mondiale, selon quelles modalités, dans quels domaines, et avec quelles implications pour la structure même de l’ordre international ?
Valérie Niquet, maîtresse de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu à nos questions à l’occasion de la première édition des Géopolitiques de Grenoble organisées par l’IRIS et Grenoble École de Management, des conférences et débats sur les enjeux géopolitiques d’aujourd’hui :
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11.12.2025 à 14:49
admn_iris
This ARES Group commentary examines how Spain perceives and approaches armament cooperation within the European Union (EU) level, asking “Which type of armament cooperation do we want and need?”. It argues that Spain views armament cooperation as a means to strengthen European strategic autonomy, industrial competitiveness and interoperability while improving cost efficiency. It finds that Spain’s performance in research cooperation under the European Defence Fund has been strong, but translating these successes into major joint procurement programmes remains a challenge. Persistent obstacles include a fragmented industrial coordination, limited managerial capacity and regulatory divergences. The commentary concludes that Spain seeks pragmatic but ambitious cooperation: capability-led, lifecycle-oriented and financially sustainable, with fair industrial returns and alignment between EU and NATO priorities. For EU joint defence procurement to be a success for Spain, Madrid must align its national strategy with EU instruments and strengthen domestic capacity to lead future cooperative programmes.
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This ARES Group commentary examines how Spain perceives and approaches armament cooperation within the European Union (EU) level, asking “Which type of armament cooperation do we want and need?”. It argues that Spain views armament cooperation as a means to strengthen European strategic autonomy, industrial competitiveness and interoperability while improving cost efficiency. It finds that Spain’s performance in research cooperation under the European Defence Fund has been strong, but translating these successes into major joint procurement programmes remains a challenge. Persistent obstacles include a fragmented industrial coordination, limited managerial capacity and regulatory divergences. The commentary concludes that Spain seeks pragmatic but ambitious cooperation: capability-led, lifecycle-oriented and financially sustainable, with fair industrial returns and alignment between EU and NATO priorities. For EU joint defence procurement to be a success for Spain, Madrid must align its national strategy with EU instruments and strengthen domestic capacity to lead future cooperative programmes.
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