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02.07.2025 à 06:00

La stratégie israélienne, le chaos sécuritaire

Rami Abou Jamous

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l'armée israélienne. Réfugiée depuis à Rafah, la famille a dû ensuite se déplacer vers Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse (…)

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Texte intégral (2133 mots)

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l'armée israélienne. Réfugiée depuis à Rafah, la famille a dû ensuite se déplacer vers Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Un mois et demi après l'annonce du cessez-le-feu, Rami est enfin de retour chez lui avec sa femme, Walid et le nouveau-né Ramzi. Pour ce journal de bord, Rami a reçu le prix de la presse écrite et le prix Ouest-France au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.

Dimanche 30 juin

Pour comprendre le chaos qui est en train de s'instaurer à Gaza, je vais prendre exemple sur une séquence d'événements parmi d'autres, celle qui s'est déroulée mercredi 25 et jeudi 26 juin. Quarante-huit heures de chaos ordinaire dans la bande de Gaza.

Tout commence bien, pourtant. Mercredi, des grandes familles, des clans de la bande de Gaza prennent l'initiative de protéger un des rares convois d'aide humanitaire à destination des ONG internationales, pour éviter que les camions ne soient dévalisés par des habitants affamés. Le convoi entre par le terminal de Zikim, au nord. Presque tous atteignent les entrepôts de plusieurs ONG locales, qui stockent la nourriture. Le lendemain, jeudi, les ONG internationales envoient des SMS aux familles qui sont sur leurs listes, en commençant par les familles les plus nombreuses, leur disant de venir chercher les colis ou les sacs de farine. Cette initiative démonte les accusations israéliennes affirmant que l'aide alimentaire est systématiquement détournée.

Cela ne plaît pas aux Israéliens. Le jeudi, un nouveau convoi entre dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom, au sud. Au premier rond-point, des hommes armés appartenant à un clan local l'attendent, sans que les Israéliens interviennent. Ils commencent à piller les camions. La police du Hamas intervient. Un des assaillants est grièvement blessé. Les policiers emportent de l'aide qu'ils ont récupérée pour la distribuer sur le marché le plus proche. C'est au retour qu'ils sont ciblés par un drone israélien, qui frappe une Jeep et une moto. Cinq policiers sont tués.

Une centaine d'hommes cagoulés

Un peu plus tard, les membres du clan qui ont eu un blessé attaquent l'hôpital Nasser, le seul qui fonctionne encore un peu dans le sud, où le blessé est soigné. Ils veulent s'assurer que leur homme est prioritaire pour les soins, et ils pensent y trouver des policiers du Hamas. Les hommes armés saccagent l'entrée des urgences, tirent des rafales de kalachnikov, et brûlent deux voitures de police.

Le même jour, au marché de Deir El-Balah, une patrouille de police fait le tour des étals pour vérifier les prix et demander aux commerçants de les baisser. Cela ne plaît pas non plus à l'armée israélienne. Un drone tire. Bilan : quinze morts, des policiers et des gens qui tentaient de trouver quelque chose à manger sur le marché.

Vers la même heure, au grand étonnement de la population, un défilé militaire a lieu en plein jour et au milieu d'une rue de Zawaida, au centre de la bande de Gaza. Une centaine d'hommes cagoulés et armés de Kalachnikov marchent en bon ordre. Les Gazaouis ont l'habitude de ces parades, mais elles sont toujours organisées par les différentes factions politiques. Cette fois, pour la première fois, c'est une famille qui défile. Elle accuse le Hamas d'avoir tué un de ses membres. En tête, un porte-parole muni d'un mégaphone clame : « Que le Hamas retire ses policiers, sinon nous prendrons les choses en main ! » La vidéo du défilé est diffusée sur les réseaux sociaux, avec un montage élaboré.

Cette parade militaire n'aurait pas pu avoir lieu sans l'autorisation tacite des Israéliens. Leurs drones surveillent Gaza vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si trois hommes cagoulés et armés apparaissent sur l'écran, ils sont visés et tués immédiatement. Et là, on avait une centaine d'hommes, visage masqué et brandissant des kalachs.

Ce même jeudi encore, vers 11 heures du soir, nouvelle attaque contre l'hôpital Nasser. Cette fois, ce sont les hommes de la milice de Yasser Abou Chabab, dont j'ai déjà parlé, qui sèment la terreur pendant deux heures, tirant dans tous les coins. Apparemment dans le seul but d'entretenir le désordre. Abou Chabab, qui se présente lui-même comme le chef d'un « mouvement populaire » luttant contre le Hamas, n'aurait jamais pu sortir à cette heure-là, à bord de plusieurs véhicules, sans l'aval de l'armée israélienne. Et la partie de Khan Younès où il s'est implanté est désignée comme « zone rouge » par les Israéliens, théoriquement personne ne peut y avoir accès.

L'armée tue les protecteurs des convois

Le lendemain, Abou Chabab publie un communiqué affirmant qu'il avait attaqué les hommes du Hamas qui se trouvaient à l'intérieur de l'hôpital. Des policiers du parti sont souvent présents dans les hôpitaux, où ils tiennent un petit bureau pour enregistrer les plaintes, et autres tâches administratives.

La loi des clans

Il est vrai que la majorité des Gazaouis ne souhaitent pas que le Hamas reste au pouvoir. Ils veulent que la guerre s'arrête et qu'une administration prenne les choses en main. Mais personne ne veut la loi de la jungle, le pouvoir des clans et l'injustice partout. Certes, le Hamas gouvernait Gaza d'une main de fer. Mais il y avait la police, il y avait des tribunaux, on pouvait porter plainte, les voleurs et les meurtriers étaient arrêtés. La loi était appliquée. Maintenant, cela va être la loi des clans.

Autour de moi, personne n'en veut, et tout le monde la redoute. Chaque famille va essayer de se militariser, de renforcer son pouvoir. Ceux qui n'appartiennent pas à l'un de ces clans n'auront aucun recours. C'est exactement ce que cherchent les Israéliens.

Chaque grande famille est en train de consolider son territoire, chacune aura sa forteresse, par laquelle l'aide humanitaire sera obligée de passer. En même temps, les pièges mortels de la prétendue aide humanitaire américaine (en fait une aide « inhumanitaire ») continuent à fonctionner. Ces aumônes distribuées par le bourreau sont chaque jour le théâtre de tueries, l'armée d'occupation visant les civils venus chercher des colis, sur ordre des officiers, comme l'a décrit un article du quotidien israélien Haaretz1.

L'arme de la famine a déjà un résultat plus profond. Elle détruit les fondements mêmes de la société, son architecture. Nous sommes passés d'une société soudée à une société fragile comme une toile d'araignée, puis à une société du chacun pour soi. Aujourd'hui, le vol est considéré comme acceptable. Il est normal de piller les convois. Cette opinion est très présente chez les jeunes. Un nouveau phénomène est apparu : le racket de ceux qui ont réussi à attraper un colis ou sac de farine dans les centres de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Les bénéficiaires font souvent des détours de plusieurs kilomètres à pied pour éviter de traverser le territoire d'une grande famille. Mais ils peuvent se faire agresser au détour d'une ruelle par deux ou trois jeunes armés de couteaux.

Le butin est revendu au bord des routes. En fin de journée, sans se cacher, de jeunes hommes lancent à la cantonade : « Aide américaine ! » Ils proposent le sac de farine à 50 shekels (12 euros environ), qui revient en fait à 100 shekels (25 euros), les changeurs prenant 50 % de commission pour donner du cash. Les Israéliens veulent créer dans l'avenir de nouvelles générations déstructurées, sans repère, sans culture politique, uniquement préoccupées de leur survie individuelle. Et j'espère qu'on ne va pas arriver à une guerre civile parce que ce serait la pire des choses, une guerre civile entre les Palestiniens pour un sac de farine, pour continuer à vivre.

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L

Journal de bord de Gaza
Rami Abou Jamous
Préface de Leïla Shahid
Présentation de Pierre Prier
Éditions Libertalia, collection Orient XXI
29 novembre 2024
272 pages
18 euros
Commander en ligne : Librairie Libertalia


1Nir Hasson, Yaniv Kubovich et Bar Peleg, «  “It's a Killing Field” : IDF Soldiers Ordered to Shoot Deliberately at Unarmed Gazans Waiting for Humanitarian Aid  », Haaretz, 27 juin 2025.

02.07.2025 à 06:00

Syrie. Et si les minorités renonçaient à la « revanche historique » ?

Nadine Méouchy

Depuis le 8 décembre 2024 et la chute du régime de Bachar Al-Assad, la question de l'unité nationale a suscité de nombreux débats en Syrie et à l'étranger. Soit pour dénoncer une menace provoquée par les tentations autonomistes des minorités, soit pour mettre en garde contre le péril qui pèse sur celles-ci. Les massacres perpétrés dans la région alaouite puis dans la montagne des Druzes et l'attentat du 22 juin contre une église de Damas ont avivé les polémiques. Pour comprendre ce qui se (…)

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Texte intégral (4451 mots)

Depuis le 8 décembre 2024 et la chute du régime de Bachar Al-Assad, la question de l'unité nationale a suscité de nombreux débats en Syrie et à l'étranger. Soit pour dénoncer une menace provoquée par les tentations autonomistes des minorités, soit pour mettre en garde contre le péril qui pèse sur celles-ci. Les massacres perpétrés dans la région alaouite puis dans la montagne des Druzes et l'attentat du 22 juin contre une église de Damas ont avivé les polémiques.

Pour comprendre ce qui se joue en Syrie autour de la question des minorités, il faut remonter au moins au XIXe siècle. Jusque-là, dans les empires musulmans, les « protégés » chrétiens et juifs bénéficiaient d'un statut de reconnaissance qui était inexistant pour les communautés dites dissidentes de l'islam, c'est-à-dire globalement issues de la vague de sécessions chiites qui débuta au VIIe siècle. Elles étaient alors uniquement définies par leur statut. Les musulmans sunnites pour leur part, appartenant à la majorité dans l'empire, ressentaient une proximité avec le pouvoir central. Le concept d'égalité n'existait pas encore.

Au XIXe siècle, la situation change lorsque l'empire ottoman décrète deux trains de réformes « modernistes » (1839, 1856) et proclame l'égalité de tous les sujets du Sultan-Calife. Dans le même temps, sous l'influence de l'Europe, la promotion de l'idée nationale et la valorisation de la modernité militaire, administrative et politique ouvrent à des minorités confessionnelles et ethniques (Kurdes, Arméniens) la possibilité de se constituer en communautés nationales pour revendiquer leur État. Ce long XIXe siècle s'achève à la fin de la Grande guerre avec la chute de l'empire ottoman en 1922.

Carte historique des territoires du Moyen-Orient et d

L'échec des révoltes contre la France

Après l'entrée des troupes françaises à Damas en juillet 1920, la tutelle coloniale de Paris délimite des frontières : informé des revendications autonomistes ou nationales des minorités religieuses, Paris s'emploie à fragmenter la Syrie selon des lignes communautaires : création du Grand Liban, création de l'État alaouite et du Gouvernement des Druzes, et attribution d'un statut particulier au sandjak d'Alexandrette1.

L'échec des révoltes anti-françaises (1919-1927) conduit les nationalistes arabes syriens à brandir sur la scène politique la revendication de l'unité et de l'indépendance. C'est en 1936 que le principe de l'unité du territoire syrien est obtenu. Dans les deux communautés, druze et alaouite, quand la France annonce le retour de ces deux entités à « l'unité syrienne », des chefs religieux et civils traditionnels se prononcent pour le maintien de leur statut séparé. Des notables alaouites demandent même leur rattachement à la France ou au Liban. Chez les Alaouites, comme dans d'autres communautés minoritaires, les partisans du rattachement à Damas viennent en majorité des nouvelles générations éduquées, principalement issues des professions libérales. Derrière les inévitables compétitions pour les postes dans l'État s'affirme une vision du monde différente, d'autres horizons intellectuels et politiques promus par ces jeunes générations nationalistes.

Carte géographique représentant des routes et des régions au Moyen-Orient, avec des légendes.
Carte de Syrie et du Liban 1926 / B.T Bureau Topographique de l'A.F.L. Armée française du Levant (cliquer pour agrandir).
Divisions politiques et administratives de l'État du Grand Liban, l'État du Jabal Druze, (province autonome) et de l'État des Alaouites
Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE D-27494

En 1946, le dernier soldat français quitte le territoire syrien. Dans la vie politique après l'indépendance et dans le sillage des courants panarabiste et panislamiste en plein essor, les « unités » concurrentes — unité arabe, unité grand-syrienne, unité nationale syrienne — finissent progressivement par s'entrecroiser voire se superposer pour définir une Syrie arabe syrienne, toujours dans les frontières de 1946.

L'appel du nationalisme arabe

L'arrivée de Gamal Abdel Nasser, le héros de la guerre de Suez (1956) et le héraut du nationalisme arabe, propulse la Syrie dans les bras de l'Égypte au temps de la République arabe unie (1958-1961). Quel autre pays que la Syrie aurait ainsi renoncé à sa souveraineté au nom d'une aspiration unitaire arabe devenue alors une donnée de sa culture politique ?

Le régime des Assad (1971-2024) qui prend le contrôle du pays porte, au nom de la nation arabe, les coups les plus graves à l'unité de la société, en jouant sur les différences confessionnelles. Pourtant, lorsque se lève la révolte (thawra) en mars 2011, les manifestants pacifiques en appellent à l'unité de la société et du pays comme pour conjurer le sort funeste que le régime lui destine.

Alors que s'est-il passé pour que quatorze années plus tard, Druzes, Alaouites, mais aussi Kurdes et chrétiens se drapent dans une méfiance vis-à-vis des libérateurs du pays qui cherchent à réunir ce que la dictature a fragmenté ? Pour le comprendre, il faut saisir la profondeur historique de ce « passé qui ne passe pas » chez les minoritaires. La communauté druze dont le ralliement constitue un enjeu majeur en constitue un bon exemple.

L'histoire prestigieuse des Druzes

La farouche volonté des Druzes de vivre de manière autonome se construit dans la montagne libanaise et le Wadi Al-Taym (sud de la Bekaa) où la communauté se réfugie au XIe siècle pour fuir les persécutions. Société fermée dont les propres dynasties gouvernèrent l'émirat du Mont-Liban sous les Ottomans (XVIe-XVIIe siècles), les Druzes se sont forgé une histoire prestigieuse et une réputation de paysans-guerriers jamais démentie. Leur rapport au pouvoir central d'Istanbul ou de Damas fut toujours celui d'une rivalité qu'il s'agisse de la gouvernance de leur montagne ou de l'intégration de leurs combattants dans l'armée officielle. Dans le cadre de luttes internes entre clans druzes du Mont-Liban, la bataille de Aïn Dara (1711) signa la défaite des clans dits « yéménites » qui s'exilèrent dans le Jabal Hauran (devenu ensuite Jabal Druze). Les Druzes du Jabal Hauran, hors, donc, de l'émirat autonome du Mont-Liban, se trouvèrent de fait placés pour la première fois sous l'autorité directe du gouverneur (wali) de Damas, ordonnateur du prélèvement fiscal et de la conscription pour le compte d'Istanbul.

C'est ici que l'histoire des Druzes de Syrie prend une voie différente de celle de leurs coreligionnaires du Mont-Liban. Alors qu'au XIXe siècle dans le Mont-Liban, les Druzes se heurtèrent aux Maronites, une autre minorité, dans des conflits confessionnels, les Druzes de Syrie se confrontèrent directement au pouvoir central ottoman, en la personne de son représentant, le gouverneur de Damas. À la fin du XIXe siècle, le refus de fournir des hommes pour des combats qui ne sont pas les leurs constitue une des raisons des répressions qui s'abattirent sur eux.

Les prises de parole récentes de Hamoud Al-Hennawi, l'un des cheikhs Al-Aql de la communauté2, s'inscrivent, souvent avec une symbolique semblable, dans la mémoire de la Grande révolte syrienne (1925-1927) contre l'occupant français, comme un gage de fidélité aux combats communs d'hier et aux combats de 2024 aux côtés des sunnites pour la libération du pays. Mais cette voix ne fait pas l'unanimité. Comme la plupart des communautés dites minoritaires, les Druzes — ou à tout le moins une partie d'entre eux — eurent et ont la tentation de la protection étrangère, qu'elle soit britannique puis française et actuellement israélienne.

Dans la Syrie à majorité sunnite, les Druzes du Jabal entretiennent une relation de méfiance avec la capitale Damas, d'autant plus que la province druze a mis à profit l'affaiblissement du pouvoir des Assad pour gagner en autonomie. Un autre cheikh al-Aql, Hikmat Al-Hajari, considère le repli identitaire comme une nécessité existentielle pour la communauté : « Pour nous maintenant, il s'agit d'être ou de ne pas être » (nahnu al-ân fî marhaleh an nakûn aw lâ nakûn, avril 2025).

C'est pourquoi, depuis le 8 décembre 2024, date à laquelle le pouvoir central est passé aux mains de sunnites islamistes, la tentation de la séparation est grande chez une partie des Druzes. Il est vrai que, depuis 1936, maladresses, incompréhension et mauvaise gestion de la part de Damas envers les minorités ont marqué leur histoire.

Le modèle de l'État-nation

La création de l'État moderne en 1920, au Liban comme en Syrie, devait garantir l'égalité des hommes et des communautés. Le modèle de l'État-nation, importé par le mandat français, ne pouvait pas permettre de transformer, par un coup de baguette magique, une société de communautés en société de citoyens. La mission était donc contradictoire et les minorités crurent d'autant moins en cet État que la tutelle coloniale — comme aujourd'hui celle des Occidentaux — reprenait le discours sur leur nécessaire « protection ». Tout au long de la période contemporaine, les communautés minoritaires syriennes s'adaptèrent à l'État moderne, mais sans jamais abandonner cette mémoire de l'époque ottomane construite sur le thème de la victimisation.

Certaines minorités pensent encore que leur sécurité se trouve en dehors de l'État central ou bien passe par leur contrôle de l'État et de la force armée. Les exemples récents, alaouite en Syrie et chiite au Liban, en sont une démonstration.

Le régime des Assad (1971-2024) entreprit de distiller dans l'esprit des communautés minoritaires la peur d'un islam menaçant, désincarné et atemporel. En raison de l'appartenance des Assad à la communauté alaouite, celle-ci est sans conteste la plus touchée par l'entreprise systématique de déshumanisation des sunnites. Les Alaouites forment une communauté longtemps défavorisée et marginalisée, caractérisée par une forte concentration dans la montagne qui a fini par porter leur nom. Bien que de composition et d'histoire très différentes, Druzes et Alaouites sont attachés à leur aristocratie religieuse et sociale dont l'influence dépend aussi du niveau d'autonomie de la communauté — une autonomie que le mandat français avait offerte aux minorités en échange de leur adhésion à son action.

Un fonctionnement minoritaire

La communauté alaouite est pointée du doigt depuis 1970 par la société sunnite pour sa proximité avec la dictature des Assad et les nombreux bénéfices en découlant ; elle a été particulièrement stigmatisée pendant la révolte (thawra) et la guerre civile (2011-2024). Dans un contexte de déferlante meurtrière du régime contre la population sunnite, la majorité de celle-ci opère un repli identitaire. Ce mouvement progresse depuis le début des années 1980, favorisé par le recul du nationalisme arabe et, entre autres, par les massacres commis par le régime des Assad dans la ville sunnite de Hama (1982).

A l'automne 2013, le passage de la majorité des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL) sous les étendards de l'islam radical et du djihadisme se fait sans douleur et sans renoncer à l'idée fondatrice de l'unité. Mais cette fois-ci, une unité dont les sunnites syriens se veulent les promoteurs et les garants face aux minorités dont ils contestent le statut de victimes et reprochent le silence devant les crimes du régime. Ce sont, pensent-ils tout haut, les sunnites qui ont été les victimes du pouvoir de Damas. Il est donc normal que la libération se fasse à leurs conditions comme en témoignent les premiers mois de la gouvernance d'Ahmed Al-Charaa.

Désormais, pour les sunnites, le terme « chaab » (peuple), renvoie à eux-mêmes : « Il fallait libérer notre peuple des prisons » affirme Jamil al-Saleh, un officier commandant la division 74 de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) dans la marche sur Damas, à Syria TV, le 27 avril 2025. « La libération des gens de la ville est la libération des nôtres », poursuit-il en évoquant les villes de Hama et Homs. Pourtant, ce fonctionnement identitaire de type minoritaire, loin de se construire sur le rejet de l'Autre, repose sur la volonté de conquérir l'État et de contrôler l'armée pour assurer leur sécurité. En témoigne la campagne qui a permis à HTC et à des factions islamistes-djihadistes de s'emparer du pouvoir et qui évita de porter le feu contre des civils chrétiens, et même contre des soldats de l'armée du régime en déroute.

Réparer le tissu social et national

S'il est vrai que dans un contexte régional et interne déstabilisant, la tentation de se réfugier dans le cadre communautaire est grande, l'urgence de construire l'avenir d'une Syrie pacifiée pour tous l'est bien plus encore. On voit poindre, dans la présidence de Charaa, un quasi-retour à l'État réformateur ottoman des Tanzimat3 dans l'armée, les institutions, l'éducation, le développement économique et les relations avec les chefs religieux communautaires. Mais ce pouvoir est monochrome et identitaire, et il se méfie de certaines libertés individuelles. Son principal atout : il a le soutien d'une population sunnite ultra paupérisée, habitée par le deuil des siens et le souvenir des humiliations. C'est une population à laquelle la libération a rendu, croit-elle, son rêve historique d'unité et son État et qui se regroupe autour d'Ahmad Al-Charaa.

Alors que le nationalisme arabe, négateur de toutes les réalités communautaires et tribales, est moribond, que l'actuel régime syrien semble s'inscrire dans le sillage des débats réformistes musulmans sur la compatibilité de l'islam avec la modernité, que ce même régime anciennement djihadiste proclame son acceptation des frontières de la Syrie indépendante et sa volonté de paix, le temps est venu pour les minorités d'être à la hauteur du tournant historique que vit la Syrie.

Face au profond traumatisme collectif sunnite et aux blessures de leur mémoire du présent, il revient désormais aux communautés minoritaires syriennes d'inverser leur approche et de sortir de l'éternelle revanche historique contre un empire musulman disparu. Elles doivent regarder le présent en face et considérer enfin l'État de droit moderne, à reconstruire, pour ce qu'il se veut être en Syrie : un garant de l'égalité de tous. Il leur revient de tirer les leçons de l'histoire du XXe siècle : depuis 1918, les minorités ne sont pas des victimes, mais bien des acteurs de leur histoire contemporaine.

Dans l'Orient menacé de tant de déstabilisations violentes, l'intérêt des minorités n'est pas dans la « revanche », mais rejoint celui des sunnites : il est de défendre l'unité nationale et d'établir une relation de confiance avec les actuels gouvernants sunnites. C'est la condition pour qu'elles puissent se positionner avec force sur la scène politique et joindre leurs voix à celles des sunnites désireux d'inventer une nouvelle manière de faire nation, en conformité avec les slogans de la thawra de 2011.

De la conquête française à la chute de Bachar Al-Assad

  • 1918 : Après le retrait des Ottomans de la Syrie, les troupes françaises débarquent en octobre pour occuper la côte syro-libanaise.
  • 1920 : Le 8 mars, le Congrès général syrien proclame l'indépendance du royaume arabe de Syrie. Fayçal Ier roi de Syrie. Le 4 juillet la Constitution est proclamée et le 24 juillet les Français conquièrent Damas.
  • 1925-1927 : Grande révolte syrienne contre le Mandat français. Elle est dirigée par le chef druze Sultan Pacha Al-Atrache rejoint par les nationalistes de Damas.
  • 1936 : Traité franco-syrien qui promeut le rattachement des territoires autonomes (druze et alaouite, ainsi que le sandjak d'Alexandrette) à Damas.
  • 1946 : Le dernier soldat français quitte le territoire syrien. 17 avril, fête de l'indépendance.
  • 1949-1951 : Suite à la création de l'État d'Israël et à la guerre de 1948, trois coups d'État militaires conduisent à une dictature militaire jusqu'en 1954.
  • 1958-1961 : L'Égypte et la Syrie sont unies dans la République arabe unie (RAU).
  • 1970 : Le général Hafez Al-Assad prend le pouvoir.
  • 1981 : Annexion du Golan par Israël.
  • 1982 : Insurrection de Hama, lancée par des Frères musulmans ; répression impitoyable : des dizaines de milliers de sunnites tués en trois jours.
  • 2000 : Mort de Hafez Al-Assad le 10 juin. Son fils Bachar Al-Assad lui succède. Le régime maintient l'option sécuritaire dans le pays.
  • 2011 : Début en mars d'un vaste mouvement de protestation contre le régime. C'est la thawra (révolte/révolution) séculière et pacifique qui est réprimée avec une violence inouïe.
  • Septembre 2013 : Après que le régime Assad ait dépassé les lignes rouges données par le président étatsunien Barack Obama, le recul américain dans le soutien à la thawra marque l'entrée en scène des groupes islamistes et djihadistes soutenus par des pays du Golfe et par la Turquie.
  • 8 décembre 2024  : Chute du régime des Assad. Hayat Tahrir al-Cham (HTC) et des factions islamistes alliées prennent le pouvoir sous la direction d'Ahmad Al-Charaa.

1Un sandjak est une ancienne division administrative de l'empire ottoman. Le sandjak d'Alexandrette a été cédé par la France à la Turquie en 1938 et est devenu le Hatay.

2Dans la communauté druze, seuls les hommes initiés à la doctrine ont accès aux textes sacrés, sont garants de l'identité religieuse du groupe et sont considérés comme des Sages. Aucune famille ne devant prétendre au monopole de la direction spirituelle de la communauté, le cheikh Al-Aql est une autorité religieuse lorsqu'il est reconnu par tout ou partie des initiés et des non-initiés  ; des concurrences familiales et/ou politiques peuvent donc conduire deux ou trois cheikhs Al-Aql à coexister.

3«  Réorganisation  » en turc ottoman. Le terme désigne un ensemble de réformes modernisatrices entamées en 1839 par l'empire ottoman.

01.07.2025 à 06:00

L'Arabie saoudite menacée par l'hégémonie israélienne au Proche-Orient

Umer Karim

Malgré d'indéniables succès stratégiques, l'Arabie saoudite est désormais confrontée à une remise en cause de sa doctrine sécuritaire en raison de l'émergence d'Israël comme seule puissance dominante de la région. Depuis la guerre de juin 1967, le Proche-Orient est marqué par la supériorité militaire du seul acteur régional non arabe, Israël. Cette supériorité, combinée à ses ambitions coloniales et territoriales, a assigné à Tel-Aviv un rôle d'acteur de premier plan, mais sans modifier à (…)

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Texte intégral (2176 mots)

Malgré d'indéniables succès stratégiques, l'Arabie saoudite est désormais confrontée à une remise en cause de sa doctrine sécuritaire en raison de l'émergence d'Israël comme seule puissance dominante de la région.

Depuis la guerre de juin 1967, le Proche-Orient est marqué par la supériorité militaire du seul acteur régional non arabe, Israël. Cette supériorité, combinée à ses ambitions coloniales et territoriales, a assigné à Tel-Aviv un rôle d'acteur de premier plan, mais sans modifier à lui seul l'équilibre des forces, y compris après les accords de paix avec l'Égypte (1979) et la Jordanie (1994).

Dans la péninsule arabique, Israël est resté politiquement insignifiant. Même les accords d'Abraham (2020) qui ont mené à la normalisation d'Israël avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et, à un moindre niveau, le Soudan, n'ont pas permis de l'intégrer dans les dynamiques régionales avec un véritable impact stratégique. Les tentatives de la plupart des États du Golfe de se rapprocher de l'Iran, et la réconciliation entre celui-ci et l'Arabie saoudite le prouvent.

Mais les attaques lancées par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël ont entériné un changement de la position israélienne dans le paysage politique régional. Cela est dû à la capacité d'Israël à projeter sa toute-puissance militaire et à imposer son autonomie stratégique, non seulement au Levant mais aussi des deux côtés, arabe et iranien, des voies maritimes du Golfe. La dernière attaque d'Israël contre l'Iran, qui a débuté le 13 juin 2025, est l'aboutissement de sa supériorité stratégique dans la région, entérinée par les États-Unis. Cette évolution a des conséquences évidentes pour l'équilibre régional, en particulier pour l'Arabie saoudite, qui veut conquérir une position de leader régional.

Le tournant syrien

L'Arabie saoudite a conquis un rôle régional prépondérant depuis la fin de l'Égypte nassérienne en 1970. Malgré l'apparition de « challengers » arabes occasionnels, comme la Libye de Mouammar Kadhafi ou l'Irak de Saddam Hussein, la place dominante du royaume saoudien dans le monde arabe sunnite, grâce à sa puissance financière fondée sur le pétrole et à son soft power religieux, n'a jamais été vraiment contestée. Il a toutefois été confronté à un test après les révolutions arabes de 2011, quand l'Iran a réussi à étendre son influence sur quatre capitales régionales — Beyrouth, Damas, Sanaa et Bagdad — tandis que le Qatar et la Turquie défiaient également, mais en vain, son influence régionale. Surtout, la faiblesse militaire de l'Arabie saoudite est apparue au grand jour avec son intervention militaire au Yémen (2015) et son incapacité à déloger les Houthistes de la capitale yéménite, Sanaa.

Avec la chute du régime de Bachar Al-Assad le 8 décembre 2024 et la prise de pouvoir des rebelles sunnites en Syrie, Riyad a acquis à Damas un nouvel allié, renforçant son influence, cette fois aux dépens de l'Iran. Toutefois, comme en 1967 quand elle a profité du coup porté par Israël à l'Égypte et à la Syrie, sa nouvelle position est le résultat indirect des opérations militaires israéliennes. Mais aujourd'hui Israël ne se contente plus d'influer épisodiquement sur l'architecture sécuritaire de la région. Il veut dicter ses conditions en tant qu'unique hégémon1 régional grâce à sa force militaire et technologique incontestée. L'attaque contre l'Iran est un exemple éclatant de cette stratégie. Or son hégémonie ne peut que menacer la gouvernance économique des États du Golfe ainsi que les tentatives d'intégration régionale de l'Iran2.

Ces dernières années, l'Arabie saoudite a tenté un début d'engagement avec Israël tout en dénonçant fermement ses actions dans la région, critiques qui se sont accentuées depuis le 7 octobre 2023. Elle préside le groupe de contact arabe sur Gaza mandaté lors d'une session extraordinaire par la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) pour dialoguer avec les parties prenantes internationales afin de mettre fin à la guerre3. De même, Riyad a dirigé les efforts arabes pour proposer en mars 2025 une contre-initiative de reconstruction du territoire palestinien — financée par les États du Golfe — comme solution de rechange au plan du président américain Donald Trump de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Proche-Orient », un projet qui signifierait le nettoyage ethnique de ses habitants.

Peser sur l'administration américaine

La plus grande victoire politique de Riyad vis-à-vis d'Israël est sans doute advenue le 13 mai 2025, lorsque le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) a réussi à convaincre Donald Trump de lever les sanctions imposées à la Syrie. Ainsi, en utilisant judicieusement son levier économique et celui de ses investissements, l'Arabie saoudite a, pour la première fois, réussi à peser sur une administration américaine afin qu'elle change un pilier de sa politique régionale dans un sens contraire aux intérêts d'Israël. C'est précisément ce qui manque à Israël dans ses relations avec les États-Unis : elles restent en grande partie une voie à sens unique même si la dynamique perdure.

L'Arabie saoudite a bien compris que la stabilité et la paix dans la région étaient primordiales pour atteindre les objectifs de son plan Vision 2030, attirer des investissements à grande échelle et faire du royaume un hub pour des projets de connexion inter et intra-régionaux comme le Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC)4. Ce qui a contraint l'Arabie saoudite à adopter l'approche « zéro problème »5 avec tous les acteurs de la région, d'où son rapprochement avec le Qatar, la Turquie, l'Iran, et la trêve avec les rebelles houthistes au Yémen.

Violation de la souveraineté aérienne du Qatar

L'attaque israélienne contre la République islamique a déclenché une cascade d'événements ayant abouti au bombardement par les États-Unis, dans la nuit du 21 au 22 juin, des installations nucléaires iraniennes, suivi de tirs symboliques de missiles, en riposte, contre une base américaine au Qatar. Pour l'instant, cette confrontation n'a pas dégénéré en une guerre régionale qui aurait pu entraîner le ciblage des infrastructures pétrolières à la fois en Iran et dans le Golfe, ainsi qu'une éventuelle tentative iranienne de bloquer le trafic maritime dans le détroit d'Ormuz, un passage stratégique. Cela dit, elle a conduit à la violation par Téhéran de la souveraineté aérienne d'un État du Golfe, le Qatar. Un tel épisode a le potentiel de saboter les efforts de l'Arabie saoudite pour parvenir à un rapprochement avec l'Iran.

Il est également certain que le bénéfice politique que l'Arabie saoudite a obtenu avec la chute de Bachar Al-Assad et l'affaiblissement de l'Iran, et qu'elle tente d'exploiter pour engranger des dividendes politiques et économiques grâce à la paix et à la stabilité régionales, est mis à l'épreuve. Avec le risque d'une reprise des hostilités entre l'Iran et Israël toujours à l'horizon, l'ambitieuse stratégie saoudienne de transformer le royaume en un hub de connexion et d'investissements pourrait devenir difficile à atteindre. En outre, le relatif affaiblissement du régime iranien encouragera davantage Israël à imposer sa vision de l'ordre régional dans tout le Proche-Orient. On a pu en avoir un exemple lorsque le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a exigé des États arabes du Golfe et des Européens qu'ils partagent les coûts de la guerre contre l'Iran, des propos vivement condamnés par les Émirats arabes unis.

En outre, en cas de futures tensions avec Israël, l'armée de l'air saoudienne, même si elle est bien mieux équipée et plus professionnelle que son homologue iranienne, reste dépendante des États-Unis. Et puisque Washington continue de soutenir l'ascension d'Israël comme l'hégémon de la région, l'Arabie saoudite devra diversifier ses relations en matière de sécurité. Si l'on tire les leçons des exemples de l'Iran et de l'Ukraine, on constate que leur faille principale a été l'absence de dissuasion crédible de leur part.

Tandis que l'Arabie saoudite est confrontée à cette nouvelle réalité régionale, elle devra aussi réviser son approche sécuritaire. Il lui faut chercher de nouveaux partenaires pour sa sécurité qui ne l'assisteront pas seulement dans le secteur de la défense mais qui pourront aussi l'aider à atteindre un niveau de dissuasion minimum crédible.

Cependant, ces choix vont forcément compliquer les relations entre Riyad et Washington. Ils plongent les dirigeants saoudiens dans un dilemme stratégique sans précédent : si la menace systémique contre le royaume s'est réduite, le nouvel hégémon régional, Israël, ne saurait être considéré comme un véritable partenaire.

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Traduction de l'anglais par Philippe Agret


1Se dit d'une puissance qui domine sans partage.

2«  An unrestrained Israel is reshaping the Middle East  », The Economist, 26 mars 2025.

3Il est composé de la Jordanie, de l'Égypte, du Qatar, de l'Arabie saoudite, du Nigeria, de l'Indonésie, de la Palestine, de la Turquie ainsi que des secrétaires généraux des deux organisations.

4India-Middle East-Europe Economic Corridor est un projet de couloir logistique décidé lors du sommet du G20 de 2023 à New Delhi, destiné à relier l'Inde, le Proche-Orient et l'Europe par le chemin de fer, des lignes maritimes, des oléoducs et des câbles à haut débit.

5Andrew Hammond, «  Why Saudi Arabia's future now depends on 'zero problems with neighbours'  », Middle East Eye, 20 septembre 2024.

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