08.12.2026 à 11:59
L'Autre Quotidien

At the Cafe. 3 March 2015 © Farshid Tighehsaz
James Blake - My Willing Heart
さてどちらへ行かう
風が吹く
et maintenant
de quel côté aller ?
le vent souffle
Santoka
La maison où manque la mère, même si la lampe l'éclaire, il y fait nuit.
Proverbe kabyle
Un jour tu auras droit à la parole.
Que feras-tu de l'énorme cadavre du silence ?
Chawki Abdelamir (Irak, 1949; poète et traducteur en français de Adonis)
16.12.2025 à 11:43
L'Autre Quotidien

En tant que photographe de rue, je suis attiré par l'énergie brute et spontanée des gens réels qui se déplacent dans des espaces réels. Les portraits de rue sont ma façon de documenter la vie telle qu'elle se déroule, et au fil des ans, j'ai appris que photographier avec ou sans permission entraînait des conséquences différentes. Lorsque je demande la permission, la dynamique change. Le sujet prend conscience de l'appareil photo et ajuste souvent sa posture, son expression ou son attitude. Dans ces moments-là, l'image devient une collaboration. Le portrait gagne en intimité et le sujet peut se sentir valorisé en participant au processus. Cet effort de coopération conduit souvent à des portraits riches en émotions et consciemment expressifs, même si cela se fait parfois au détriment de la spontanéité.
D'un autre côté, photographier sans permission préserve l'authenticité de la scène. La personne est simplement elle-même, inconsciente de l'objectif. Cette approche candide apporte une vérité documentaire à l'image : honnête, sans filtre et pleine de vie. Ces moments sont souvent les plus puissants, car ils ne sont pas mis en scène.
Je marche constamment sur la ligne entre le respect et l'impulsion artistique. En fin de compte, le portrait de rue est un exercice d'équilibre entre la connexion et l'observation. Que je m'engage avec mon sujet ou que je capture tranquillement le moment à distance, mon objectif reste le même : refléter l'esprit de la rue et la beauté du quotidien. Chaque portrait, demandé ou pris au passage, est un témoignage de la présence humaine, un instantané d'une histoire qui, sans cela, pourrait être oubliée.
Jeff Schewe est un photographe renommé et primé basé à Chicago, dans l'Illinois, qui compte près de 50 ans d'expérience dans la photographie commerciale et artistique. Après avoir suivi une formation de peintre, Schewe s'est tourné vers la photographie, apportant une sensibilité picturale à ses images et apportant une contribution significative à l'imagerie numérique et à l'impression artistique.
John Agfa le 16/12/2025
Jeff Schewe : la vérité dans la rue
16.12.2025 à 11:30
L'Autre Quotidien

Tout commence dans la ferme Estância Silvânia, au cœur de l’État de São Paulo. Camila Almeida, la propriétaire, voulait créer un produit unique qui raconte une histoire locale. Elle s’est alors inspirée d’une tradition culinaire indigène ancienne : la dégustation des fourmis içá (Atta laevigata), de grandes fourmis coupe-feuille récoltées une fois par an et très appréciées pour leur goût délicat rappelant l’amande et la châtaigne. Ces insectes sont parfois surnommés « le caviar brésilien » tant ils sont recherchés.
Plutôt que de les servir seules comme en-cas, Camila a décidé de les intégrer à un fromage fermier au lait cru A2, fabriqué à partir de vaches Gir nourries à l’herbe. Le résultat est à la fois surprenant et raffiné : une pâte douce et souple ponctuée de petites fourmis grillées, qui apportent une touche croquante et un parfum unique, entre noisette et fenouil sauvage.
Présenté en 2021 au prestigieux Mondial du Fromage et des Produits Laitiers, à Tours, le Taiada Silvania – c’est le nom de ce fameux fromage aux fourmis – a décroché une médaille de bronze. Pas mal pour un fromage parsemé d’insectes !
Le jury a salué l’équilibre entre originalité et qualité gustative. Ce succès a ouvert à Camila les portes du Salon du Fromage à Paris, où son produit a continué à étonner les visiteurs, aussi bien les gastronomes que les simples curieux.
Cette réussite rappelle que l’univers culinaire adore les mélanges inattendus. Après tout, qui aurait parié sur le succès du café aux excréments de jacú, une autre spécialité brésilienne née d’une idée improbable ? Ou sur la notoriété planétaire du pule, le fromage le plus cher du monde ?
Le secret de ce fromage aux fourmis ne réside pas dans une recette complexe, mais dans le moment précis où les fourmis grillées sont incorporées au caillé. En les ajoutant au moulage, elles conservent leur texture croustillante et libèrent des arômes délicats lorsqu’on croque dedans. Le contraste entre la douceur lactée et le petit “pop” croquant sous la dent est assez déroutant au début, mais la subtilité des saveurs finit souvent par convaincre.
Ce mélange entre tradition et innovation n’est pas sans rappeler d’autres curiosités culinaires qui jouent avec les frontières du goût. Les amateurs de fromages étonnants connaissent peut-être déjà le Milbenkäse, ce fromage allemand aux acariens, oui, aux acariens vivants.
Si le fromage aux fourmis séduit autant, c’est parce qu’il coche plusieurs cases à la fois. Il raconte une histoire profondément ancrée dans la culture locale tout en proposant une expérience sensorielle inédite. Ce n’est pas seulement un produit “bizarre” pour réseaux sociaux en quête de buzz : c’est un vrai fromage, artisanal et travaillé avec soin, qui a su convaincre un jury international.
Bien sûr, ce type de produit bouscule nos repères culinaires. Certains hésiteront sans doute à croquer dans une fourmi – même bien grillée. D’autres seront freinés par le prix, plus élevé qu’un fromage ordinaire, en raison de la récolte saisonnière des fourmis et de la production limitée. Mais pour les curieux, l’expérience est mémorable. En savoir plus : ici et là
Tom de Savoie, le 16/12/2025
Taiaida Silvania : c