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03.10.2025 à 06:00

France. Huit mois de prison pour un geste de solidarité avec Gaza

Meriem Laribi

Si la manifestation de la solidarité avec la Palestine est moins criminalisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, les poursuites judiciaires pour des actes qui ont eu lieu à l'époque ne s'arrêtent pas. Le cas de Jean-François Daniau, retraité vivant dans le centre de la France, témoigne du harcèlement disproportionné où une critique d'Israël se transforme en appel à la haine contre les juifs. « Israël assassin, France complice », « Gaza : 20 (…)

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Texte intégral (1978 mots)

Si la manifestation de la solidarité avec la Palestine est moins criminalisée aujourd'hui qu'elle ne l'était dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, les poursuites judiciaires pour des actes qui ont eu lieu à l'époque ne s'arrêtent pas. Le cas de Jean-François Daniau, retraité vivant dans le centre de la France, témoigne du harcèlement disproportionné où une critique d'Israël se transforme en appel à la haine contre les juifs.

« Israël assassin, France complice », « Gaza : 20 000 morts », « Nétanyahou devant la CPI ». Ce sont les phrases qu'inscrit Jean-François Daniau, fin 2023, sur le mur d'une friche industrielle, dans une rue très peu fréquentée de la ville de Sens, en Bourgogne. Cet ancien professeur d'art plastique, illustrateur, féru d'histoire, est frustré par l'interdiction des manifestations en solidarité avec les Palestiniens, en dépit de la violence de la répression israélienne.

Les inscriptions sont effacées une première fois, mais le retraité de 68 ans recommence. Les services de la mairie finissent par installer une caméra de surveillance au milieu des ordures et des carcasses de bateaux qui jonchent le lieu pour trouver le « malfaiteur ». Daniau est rapidement identifié, retrouvé, son domicile est perquisitionné pendant deux heures. Il est placé pendant huit heures en garde à vue, les mains menottées dans le dos durant toute la durée de son interpellation. Une expérience qu'il qualifie de « traumatisante » et de « douloureuse » physiquement. « Je n'ai pas eu droit à un avocat commis d'office, j'ai été mis dans une geôle et déshabillé, laissé pieds nus, sans lunettes, sans rien, avec le néon dans les yeux pendant huit heures […] ça sentait les ordures. Pour aller boire, il fallait aller dans les toilettes à la turque où régnait une odeur pestilentielle », raconte l'intéressé avant de tempérer : « Bon, ce n'est rien à côté de ce qui se passe à Gaza. »

D'un tag sur Israël à la haine contre les juifs

Le maire de Sens, Paul-Antoine de Carville (Les Républicains) décide de poursuivre le retraité en justice. Sous le choc devant la tournure que prennent les évènements, le retraité écrit à l'édile pour lui présenter ses excuses, exprimer ses regrets et proposer de payer les frais d'effacement de ses tags. Mais rien n'y a fait. La mairie maintient sa plainte et se constitue partie civile. Au procès, son avocat David Kahn, qui est aussi président de l'association cultuelle israélite de l'Yonne, réclame des amendes de 2 000 euros pour le préjudice matériel, 10 000 euros pour atteinte à la ville de Sens et 2 000 euros pour les frais irrépétibles, c'est-à-dire pour les frais d'avocat. Selon un témoin présent au procès, Kahn s'est montré « particulièrement vindicatif, il faisait valoir que Jean-François Daniau ayant des biens — une maison et une voiture —, il pouvait très bien les vendre pour s'acquitter des amendes réclamées dans sa plaidoirie ». Il aurait d'autre part déclaré que désormais, « Monsieur Daniau n'est pas le bienvenu dans la ville de Sens », au motif du « risque encouru par le public auprès duquel il enseignait dans ses ateliers de dessin ».

Le 3 octobre 2024, le retraité est condamné pour « provocation publique à la haine ou à la violence, en raison de l'ethnie, la nation, la race ou la religion ». Il écope de huit mois de prison avec sursis, de 1 000 euros d'amende et doit effectuer un « stage de citoyenneté ». À cela s'ajoutent 1 000 euros d'indemnités à verser à la ville de Sens et 2 500 euros de préjudice et de frais de nettoyage, sans compter les frais de procédure.

Pour étayer cette accusation, la mairie a mis en exergue les deux S de « Israël assassin » que l'auteur avait tagués en imitant le symbole des SS nazis de la Schutzstaffel. Pour le tribunal, l'emploi de cette police d'écriture est « caractéristique d'un message de provocation à la haine ou à la violence à l'égard de la communauté juive ».

« Je n'ai jamais employé le mot juif », conteste le condamné. « C'est un désastre ce qui se passe là-bas. Je ne suis pas fier de mon pays, qui soutient partiellement. J'ai honte. Tous ces morts, ce n'est pas la guerre, c'est du massacre. »

Acharnement de la ville

Depuis, Jean-François Daniau a été licencié par l'association Avenue Indigo qui l'embauchait pour des cours à la Maison des associations de Sens. Cette interruption de contrat aurait été demandée par le maire lui-même. Le retraité décide alors d'écrire à nouveau à l'édile pour lui demander des explications.

Dans sa réponse en date du 12 novembre 2024 que nous avons pu consulter, Paul-Antoine de Carville admet avoir pris la décision, à l'issue du jugement, de restreindre l'accès du professeur aux locaux municipaux dans le cadre de ses activités annexes. Plus surprenant, le maire de Sens reproche à Jean-François Daniau de recourir à son droit de faire appel de sa condamnation : « Je ne peux que regretter que vous ayez choisi de contester le jugement initial alors même que vous avez reconnu être l'auteur des tags à caractère antisémite en question. » Or, si l'intéressé a bien reconnu être l'auteur des tags, il n'a jamais été question pour lui d'un quelconque acte antisémite.

Depuis le 7 octobre 2023, la justice française a grandement été mise à contribution afin de faire taire les voix qui s'élèvent dans la société pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, à tous les échelons. Les poursuites pour apologie du terrorisme ont touché des centaines de personnes, du militant aux députés, en passant par des professeurs, des étudiants, des chercheurs.

Reprise de l'argumentaire pro-israélien

Lors de son procès en appel qui s'est tenu au Palais de justice de Paris le 25 septembre 2025, Jean-François Daniau a tenté d'expliquer à la Cour, avoir voulu alerter sur le niveau de cruauté dont fait preuve l'armée israélienne à l'égard des Palestiniens.

Lors de cette audience à laquelle nous avons pu assister, David Kahn a ouvert sa plaidoirie en demandant pourquoi Jean-François Daniau ne s'intéressait pas aux Ouïghours, avant d'affirmer que « c'est parce qu'il n'y a pas de juifs », reprenant ainsi à son compte l'argumentaire pro-israélien « No jews, no news » (pas de juifs, pas d'information), qui explique la solidarité avec la Palestine par une obsession des juifs. L'avocat de la ville de Sens qualifie l'accusé d'« historien de pacotille » et conclut sa tirade en assurant que « ce que fait Israël à Gaza est contesté » mais que « ce qui n'est pas contesté en revanche, c'est ce qu'il s'est passé le 7 octobre où un bébé a été mis dans un four ». Un brouhaha s'élève alors dans la salle en signe de protestation contre cette fausse information qui avait été largement relayée, à l'automne 2023, par les réseaux pro-israéliens.

Dans ses réquisitions, le procureur a lui aussi reproché à Jean-François Daniau de ne pas parler des Ouïghours, du Soudan et des otages israéliens, tout en affirmant qu'il avait le droit d'avoir ses sensibilités. S'il a rappelé qu'il n'y avait ni de délit d'opinion ni de délit politique, il a néanmoins ajouté en s'adressant à l'enseignant retraité : « Mais vous avez dépassé les limites. »

Venant enfin à la graphie SS dans « Israël assassin », le procureur a affirmé que Jean-François Daniau ne pouvait ignorer que ce signe renvoyait au génocide juif, comme si l'accusé faisait l'apologie du nazisme en l'employant. Ce dernier niant revendiquer une telle démarche, le procureur lui a signalé qu'il y avait des antisémites dans les manifestations où il se rendait, même si « ce n'est peut-être pas » son cas. L'homme se retrouve ainsi à devoir répondre même de l'éventuel antisémitisme des autres.

« Comment peut-on se détacher autant du message et du contexte pour arriver à dire que le seul usage de la police SS suffit à caractériser un appel à la haine ? », a demandé l'avocate de Jean-François Daniau à la Cour. « L'utilisation de la typographie SS pour accuser le gouvernement israélien devient, devant ce tribunal, une glorification du nazisme. Comment en est-on arrivé à lui reprocher de promouvoir les actes qu'il entend dénoncer ? », s'est étonnée Me Amel Delimi en demandant la relaxe de son client qui « paie cher » son engagement en étant « mis au ban de la société ».

Au procès en appel, le procureur a demandé la confirmation de la condamnation de Jean-François Daniau. Il a également souhaité que le stage de citoyenneté soit effectué au Mémorial de la Shoah, achevant de transformer le simple geste d'une solidarité avec Gaza en un acte antisémite. Le délibéré sera rendu le 30 octobre 2025.

02.10.2025 à 09:12

De Tunis à Gaza. « Pourquoi j'ai pris la mer »

Zukiswa Wanner

Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Se préparant à une interception imminente, à 24 heures de navigation des eaux où les flottilles précédentes ont été stoppées, elle explique ici pourquoi elle a pris la mer. Recevez la prochaine chronique directement dans votre boite e-mail en vous abonnant gratuitement à notre lettre hebdomadaire ici.

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Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Se préparant à une interception imminente, à 24 heures de navigation des eaux où les flottilles précédentes ont été stoppées, elle explique ici pourquoi elle a pris la mer.

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02.10.2025 à 06:00

Les Kurdes au cœur des tensions en Syrie

Chris Den Hond

En Syrie, les négociations continuent entre les nouvelles autorités syriennes et des responsables des Forces démocratiques syriennes (FDS) de l'autre. Les sujets sont nombreux : armée, contrôle des frontières, retour des déplacés, institutions, éducation, énergie, rôle des femmes. Mais l'écart entre les deux camps reste profond. Le 10 mars 2025, le président syrien Ahmed Al-Charaa et Mazloum Abdi, dirigeant militaire des Forces démocratiques syriennes, avaient signé un accord prévoyant (…)

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Texte intégral (2136 mots)

En Syrie, les négociations continuent entre les nouvelles autorités syriennes et des responsables des Forces démocratiques syriennes (FDS) de l'autre. Les sujets sont nombreux : armée, contrôle des frontières, retour des déplacés, institutions, éducation, énergie, rôle des femmes. Mais l'écart entre les deux camps reste profond.

Le 10 mars 2025, le président syrien Ahmed Al-Charaa et Mazloum Abdi, dirigeant militaire des Forces démocratiques syriennes, avaient signé un accord prévoyant des avancées concrètes sur le statut et la place des Kurdes. Six mois plus tard, sa mise en œuvre se fait toujours attendre. La Turquie et Israël tentent activement de bloquer ce processus : Ankara pousse pour un État syrien centralisé, Tel-Aviv préfère un morcellement du pays. Les États-Unis, eux, donnent l'impression de changer de cap au gré des événements. Les Kurdes et leurs alliés plaident pour une autonomie dans une Syrie unifiée, un équilibre complexe.

Le 12 juillet 2025, Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie et le Liban, a reproché aux FDS leur lenteur à s'intégrer à l'armée. Il a rappelé que la Syrie est « un seul pays, une seule nation avec une seule armée ». Les dirigeants kurdes ont immédiatement répondu : « Un retour à la situation antérieure à 2011 n'est pas négociable, c'est exclu. » Pas question d'un retour à la centralisation d'avant-guerre. Les FDS acceptent de rejoindre l'armée, mais comme force autonome en coordination avec Damas.

Volte-face étatsunienne

Changement de ton un mois plus tard : lors d'une réunion à Amman, le 12 août, Barrack plaide pour une Syrie décentralisée et affirme que les Unités de protection du peuple (YPG) ne sont pas liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mais alliés des États-Unis. Pour Patrice Franceschi, auteur de Avec les Kurdes (Gallimard, 2020), la raison est limpide : « Les États-Unis ne comprennent pas grand-chose de la situation en Syrie, c'est comme en Afghanistan. Leur politique varie comme une girouette. Le massacre des Druzes les a fait changer d'avis. »

« Quant à la Turquie, poursuit-il, elle veut liquider toute autonomie kurde en Syrie et transformer la nouvelle Syrie en un État centralisé à la turque. Si cela échoue, elle va reprendre son intervention militaire, peut-être à travers l'Armée nationale syrienne qu'elle équipe et entraîne. » Selon lui, les Kurdes le savent très bien et ils se préparent. « Depuis la chute de Bachar Al-Assad, Ankara est à la manœuvre. C'est le projet turc qui se met en place actuellement. Ahmed Al-Charaa ne peut rien faire sans l'accord de la Turquie. Il a tout au plus 20 000 combattants. »

Le journaliste Sylvain Mercadier renchérit :

Les États-Unis ont changé de ton suite aux violences entre les Druzes d'un côté et les forces tribales soutenues par des milices du gouvernement de Damas de l'autre. Ces dernières sont responsables des massacres à Soueïda. Cela a certainement influencé la politique étatsunienne et démontre que Tom Barrack et Washington naviguent à vue dans leurs efforts de sortie de crise. C'est l'amateurisme et le court-termisme classique de la politique extérieure de Trump.

Les retombées du massacre des Druzes

Un rapport d'Amnesty International Syrie1 confirme la responsabilité des forces gouvernementales et de leurs alliés dans l'exécution de dizaines de Druzes les 15 et 16 juillet 2025 :

Le 15 juillet, les forces gouvernementales avaient annoncé être entrées dans la ville de Soueïda. (…) L'escalade de la violence n'a pris fin qu'avec le retrait des forces gouvernementales tard dans la nuit du 16 juillet, laissant derrière elles plusieurs dizaines de corps assassinés. Sur certaines vidéos authentifiées, on peut voir des hommes armés en uniforme, sans insigne, circuler à bord de camions portant clairement le logo du ministère de l'intérieur.

Les Druzes, communauté issue d'une branche du chiisme, sont en première ligne depuis ces massacres. Leur chef spirituel syrien, Hikmat Al-Hijri, a réclamé une séparation administrative d'avec Damas. Mais Walid Joumblatt, leader du Parti socialiste progressiste et de la communauté druze au Liban, nous a déclaré s'y opposer farouchement :

Je suis contre la séparation des Druzes de l'État syrien, car cela signifierait la dislocation du pays. Le projet initial israélien, sioniste, c'est de disloquer toute la région, en partant de la Syrie. (…) Les Druzes vivent ensemble avec les Bédouins dans la même région depuis des siècles, on ne peut pas les séparer.

En mai 2025, Joumblatt s'était rendu à Damas pour dialoguer avec Al-Charaa et des responsables druzes :

Il faut œuvrer à une réconciliation entre les Druzes et le gouvernement de Damas, ce qui a été le cas tout au long de l'histoire. (…) Je ne suis pas pour tout centraliser à Damas, mais pour que les habitants de Soueïda, Druzes et Bédouins, restent dans une Syrie unifiée avec une nouvelle formule de gouvernement, non centralisé comme avant, mais avec une gestion conjointe de la police, de l'armée et aussi de l'économie.

Quelle autonomie ?

La participation de milices pro-régime aux massacres des Alaouites en janvier 2025 puis des Druzes en juillet 2025 a creusé la méfiance. Et les propos récents d'Al-Charaa n'ont rien arrangé. Le 12 septembre 2025, il déclarait que « les FDS ne représentent pas tous les Kurdes, que la région qu'elles contrôlent est à majorité arabe ». La réplique d'Aldar Khalil, un dirigeant des FDS, lancée sur une place de Qamishili le 17 septembre, a été cinglante :

Qui représentes-tu ? Qui t'a amené à Damas ? La côte syrienne, le nord-est de la Syrie et Soueïda ne t'acceptent pas, et les Alaouites, les Druzes, les Yézidis, les Arméniens et les sunnites ne t'acceptent pas non plus. Aucune élection n'a eu lieu, qui représentes-tu ?

Al-Charaa ne semble prêt qu'à concéder une autonomie communautaire limitée dans certaines zones kurdes comme Kobané ou Qamishli, assortie de quelques postes symboliques. Les Kurdes, eux, rejettent une logique ethnique ou confessionnelle à la libanaise et défendent une décentralisation régionale inspirée de l'Espagne, de la Suisse ou de la Belgique.

Shahrazad Al-Hussein Al-Jasem de Deir ez-Zor, membre de Zenobia, une association de femmes arabes basée à Raqqa, explique qu'elle ne fait pas partie des Arabes qui veulent se séparer des Kurdes.

Nous ne voulons pas le retour de Damas dans notre région, parce que le gouvernement de Damas est un gouvernement d'une seule couleur, ce n'est pas un gouvernement inclusif. Les gens de Deir ez-Zor soutiennent les FDS. Nous voulons rester avec eux. Nous voulons une gouvernance décentralisée.

Georgette Barsoum, représentante de l'Union des femmes syriaques, confirme :

Après la bataille contre l'Organisation de l'État islamique nous avons créé nos propres organisations et nous avons obtenu des acquis, pas seulement pour les femmes, mais au niveau du fonctionnement démocratique de la société. Nous avons de fortes craintes que ce gouvernement autoproclamé de Damas veuille casser nos acquis. Ils ne veulent pas de notre projet d'autogouvernement.2.

L'appel d'Abdullah Öcalan

Malgré tout, les discussions se poursuivent sur des sujets précis. À Damas, Îlham Ahmed, la ministre des affaires étrangères de l'Administration autonome dans le nord et l'est de la Syrie (AANES), a rencontré le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani. Ils ont abordé le contrôle des frontières, en envisageant une gestion conjointe ainsi que la réouverture de l'aéroport de Qamishli. Les diplômes des universités de Kobané, Qamishli et Raqqa sont aussi désormais reconnus par Damas, et la langue kurde est de facto acceptée.

Le retour des déplacés reste en suspens : environ 350 000 personnes, chassées lors des offensives turques à Afrin en 2018 puis à Tal Abyad et Ras al-Aïn en 2019, survivent toujours dans des camps. L'accord du 10 mars 2025 prévoit leur retour, mais les milices pro-turques refusent de quitter ces zones. « Le retour des déplacés d'Afrin est lié à un accord global sur l'armée. La Turquie veut d'abord un désarmement des FDS avant de donner l'ordre à ses proxys de quitter la zone (…) », explique Hozan Ahmed, secrétaire du bureau Rojava Europe. Le dossier énergétique, lui, paraît plus simple : les Kurdes contrôlent les champs pétroliers et gaziers du nord-est et de Deir ez-Zor, mais affirment que ces ressources appartiennent à tous les Syriens.

Depuis sa prison, Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, observe avec impatience l'évolution sur le terrain. Le 27 février 2025, il avait annoncé la dissolution du parti, hors Rojava, mais attend toujours un geste d'Ankara. En septembre 2025, il a mis en garde :

Si on désarme les FDS maintenant, les Kurdes subiront le même sort que les Druzes et les Alaouites. Si Damas ou Ankara exigent le désarmement des FDS, on arrête tout le processus de paix en Turquie. (…) Ankara et Damas ont intérêt à accepter l'offre de paix des Kurdes, car notre but est le vivre ensemble, c'est la coexistence. Si cette offre échoue, ce seront les États-Unis et Israël qui vont modeler la région. Et leur but est la division entre les peuples.


1«  Une nouvelle enquête révèle que les forces gouvernementales et affiliées ont exécuté de manière extrajudiciaire des dizaines de Druzes à Soueïda  », Amnesty International, 2 septembre 2025.

2Ces propos ont été recueillis lors de la fête de L'Humanité, le 13 septembre 2025.

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